22.9.23

le grand Ailleurs

à C.E. & CE

  Une analogie d'abord.
  Le dérèglement climatique est aujourd'hui une certitude, comme le fait qu'il soit essentiellement dû à l'activité humaine. S'il y a néanmoins toujours des gens pour le nier, de diverses façons, il y a aussi diverses façons de l'admettre, et de multiples comportements découlant de cette acceptation:
- certains, qui avaient auparavant une attitude écoresponsable, vont estimer que ça n'en vaut plus la peine, et compenser leurs restrictions passées par une débauche d'énergie;
- certains vont ne rien changer;
- certains vont faire des efforts pour diminuer leur empreinte carbone, à des degrés divers;
- certains vont s'investir à fond dans l'activisme écologique, et là encore les options sont multiples...

  Si la question climatique est importante, il en est une encore plus essentielle, The Question, celle de l'Être, de la Réalité, de la Conscience...
  Or, dans ce domaine aussi, les dernières décennies ont apporté des informations cruciales, que chacun devrait connaître avant de se risquer  à un avis sur La Question.

  D'abord, il faut rappeler que toute information procède de la conscience, en principe subjective, et qu'employer le terme "objectivité" est un parti pris nécessaire, sans lequel tout discours serait inutile.

  Deux livres français importants sont parus en 2022, et je commence par Cette vie... et au-delà, du psychiatre Christophe Fauré.
  Fauré était l'invité de Sous le soleil de Platon le 18 août dernier, où il exposait comme dans son livre l'état actuel des recherches sur les Expériences de Mort Imminente (EMI, NDE) et phénomènes apparentés, recherches qui sont passées au stade universitaire aux USA, et font l'objet de publications dans des revues "sérieuses", comme The Lancet.
  Je m'intéresse à la question depuis longtemps, ayant connu quelques expériences analogues, et j'étais donc déjà convaincu, mais je le suis bien plus après la lecture de ce livre, au point qu'il me semble inconcevable que quiconque puisse encore nier les aspects déroutants des EMI (et pourtant il y a toujours des négateurs, de même que des climatosceptiques).

  C'est que, parmi les millions d'expérienceurs (12% parmi les réanimés, soit déjà 2 millions aux USA), il en est des centaines, des milliers, qui "reviennent" avec des informations qui ne peuvent avoir été acquises de façon normale.
  Ceci concerne souvent l'autoscopie. Juste après un accident, ou pendant la réanimation, la conscience "voit" de haut le corps dont elle est issue. Je n'ai pas de peine à l'accepter car j'ai connu à 21 ans cette expérience, hors de toute circonstance traumatique; elle m'était apparue comme une hallucination.
  Mais des expérienceurs rapportent des détails précis sur des incidents survenus alors qu'ils étaient en état de mort clinique. Dans certains cas, la conscience désincarnée s'éloigne du lieu où git son corps, et va par exemple visiter d'autres secteurs de l'hôpital, la personne réanimée donnant ensuite des précisions inouïes.

  Un aspect courant des EMI est la "rencontre" de l'expérienceur avec des proches décédés, or, parmi la multitude des cas, certains concernent des décès ignorés de l'expérienceur, soit qu'il s'agisse de morts récentes, soit de secrets de famille.
  Je rappelle que lors de son EMI de 1944, presque un modèle du genre à une époque où le phénomène était inconnu, Jung a rencontré son médecin Haemmerli dans l'Ailleurs, et qu'il a eu l'intuition que ce pouvait être un signe funeste. Haemmerli informé en a ri, s'est déclaré en parfaite santé, mais est tombé malade au moment où Jung était jugé tiré d'affaire, et est mort au moment où Jung quittait l'hôpital...

  Il y a d'autres curiosités, comme les aveugles de naissance qui découvrent la vision lors de leurs EMI...
  Si l'EMI est aujourd'hui un phénomène connu de tous, sauf des enfants en bas âge, et que cela pourrait influencer les témoignages, les EMI d'enfants en bas âge sont analogues à celles de leurs aînés.

  Chaque cas extraordinaire mériterait d'être cité, mais il y en a tant. Et c'est leur abondance, ainsi que le sérieux des études, qui montrent qu'il se passe "quelque chose".
  Les milliers de cas attestant que l'expérience n'est pas uniquement subjective montrent qu'il en est probablement de même pour les millions de cas où les expérienceurs n'ont pas rapporté de leurs EMI des éléments vérifiables.

  Si l'éthique interdit de provoquer volontairement des EMI, le phénomène est fort proche de l'OBE, ou EHC, Expérience Hors du Corps. J'ai eu une OBE à 19 ans, que j'ai longtemps occultée tant elle était alors dérangeante. Je pensais l'avoir déjà relatée sur Quaternité, mais je n'en trouve pas trace. J'y reviendrai plus loin.
  Certaines personnes se disent familières du phénomène, sinon pouvoir le provoquer à leur gré. Ceci pourrait se vérifier par les expériences de vision à distance, menées par divers parapsychologues, dont les résultats sont rejetés, ou ignorés, par la science "officielle".
  Le récent Voyage aux confins de la conscience (2016) de Sylvie Dethiollaz étudie le cas de Nicolas Fraisse. Charlatan? Expérimentateurs naïfs? Serait-il possible d'établir un protocole permettant de vérifier les formidables allégations de ce livre? Et ce n'est encore qu'un cas parmi une multitude.

  Christophe Fauré étudie aussi les "souvenirs de vies antérieures". Là encore les cas sont multiples, et je ne cite que celui d'un garçon de 3 ans qui dit se nommer James Huston et avoir été un pilote abattu lors de la bataille d'Iwo Jima, avec d'autres précisions vérifiées par le pédopsychiatre Jim Tucker qui en conclut:
Face à tant de preuves, l’explication la plus évidente est que le petit James a, avant cette présente vie, vécu une existence en tant que James Huston.
  J'ai déjà parlé de ce cas dans Etranges échanges, où je livrais mes réticences sur la réincarnation, hypothèse simpliste. L'inconscient collectif, concept jungien, rend aussi compte de ces phénomènes.

  Fauré étudie aussi les EFV, Expériences de Fin de Vie. Jusqu'à 80% selon les études, les personnes en fin de vie connaissent des états particuliers, jadis pris pour des hallucinations. C'est le plus souvent un sentiment de présence de proches décédés.
  C'est aussi la "lucidité terminale", où un mourant très diminué se voit recouvrer ses facultés intellectuelles. Une des dernières paroles, sinon la dernière, de ma femme, assommée de morphine, a été "Je sais ce qui m'arrive."
  Un autre cas est les expériences de mort partagée, où les proches assistant un mourant partagent certains éléments de son EMI.
  Ceci a été particulièrement étudié par Raymond Moody, celui qui a révélé au grand public le phénomène de l'EMI avec Life after life (1975).
  Après avoir évoqué la "réincarnation", je rappelle que Moody est né le 30 juin 1944, le jour de la mort de Haemmerli, le docteur qui n'avait pas pris au sérieux l'EMI de Jung.
  Ceci me semble un peu parallèle à l'enquête de Stéphane Allix dans Lorsque j'étais quelqu'un d'autre (2017), où il se découvre être la réincarnation d'un officier SS mort sur le front de l'Est en 1941, antithèse de sa personnalité présente.

  Fauré obéit à la quaternité avec l'étude d'un quatrième phénomène, les VSCD, ou vécus subjectifs de contact avec un défunt.
  Là encore l'abondance des cas est effarante, car le phénomène toucherait près de 50% des personnes en deuil, sous de multiples formes.
  Il s'agit souvent d'un simple ressenti, mais le phénomène peut avoir des manifestations physiques, ou livrer des informations vérifiables. Ainsi, comme dans les EMI, les proches morts très récemment peuvent se manifester, en-dehors de toute connaissance d'un état critique, parfois à l'instant même de leur décès.
  Ce ne sont pas obligatoirement les proches qui sont concernés, et les contacts peuvent concerner de parfaits inconnus, dans des récits fort proches des histoires de fantômes.
  Jung relate dans Ma vie... un cas personnel que j'ai repris ici. Un voisin récemment décédé de Jung lui apparaît, et l'invite à le suivre en imagination chez lui, où il lui désigne un livre précis dans sa bibliothèque. Jung va voir la veuve, et demande à voir la bibliothèque, où il n'a jamais mis les pieds. Elle est bien celle de sa vision, et le livre désigné a un titre significatif.
  Jung commente: Si ça ne prouve rien, ça donne à penser.
  Effectivement.

  De même, Fauré admet que la multitude des cas étudiés ne prouve aucune hypothèse, mais elle est suffisante pour l'avoir convaincu d'une continuité de la conscience après la mort.
  C'est certes tentant, et le livre est remarquablement argumenté en ce sens, mais j'ai deux remarques...
  Les manifestations physiques lors de certains VSCD (contacts avec un défunt) semblent aussi bien documentées, et ne sont pas contestées par Fauré, mais il n'en est plus question dans la conclusion, et ceci va bien au-delà du problème de la conscience.
  L'actualité s'en mêle, avec un témoin de marque, Amélie Nothomb (no tomb!), dont le dernier livre, Psychopompe, est autobiographique. Elle y confie que son défunt père communique avec elle, avec parfois des manifestations physiques.
   Une citation de son livre:
  De tels phénomènes, chacun les interprète à sa manière. Ce qui me frappa, ce fut la certitude de ceux qui y voyaient de l’autosuggestion.
  Ainsi, lors du Sous le soleil de Platon, Michel Onfray assène sa certitude que la conscience s'éteint avec la vie. Est-il déjà mort pour afficher cette outrecuidance?

  Enfin Fauré déclare avoir limité son étude à quatre phénomènes, et s'en justifie de manière convaincante, mais voilà: peut-on tirer une conclusion valide d'une analyse limitée?
  Précisément, l'autre livre signalé au départ cite Stanley Krippner:
  Chaque fois qu'on est près de comprendre quelque chose dans le domaine du paranormal, quelque chose de nouveau se manifeste pour remettre tout à plat et nos espoirs à zéro.
  Cet autre livre, c'est Phénomènes, recueil d'essais de divers chercheurs, chapeauté par Laurent Kasprowicz et Romuald Leterrier.
  Ici, l'ensemble des phénomènes zarbis est étudié, tant que faire se peut en 360 pages, avec une approche commune: l'intervention du trickster, l'archétype malicieux qui semble s'ingénier à égarer toute recherche par l'aberrant ou le ridicule.
  La préface essentielle de Bertrand Méheust est accessible ici dans son intégralité.

  J'ai eu affaire au trickster dès mes premières recherches dans la Bible hébraïque, ce qui me faisait dire à qui voulait m'écouter: "ça" se fout de nous. Plus tard, le motif 5-13 trouvé chez Rabelais m'a conduit à le baptiser l'éon Napol (AO/NPL = 15/39 = 5/13 dans l'alphabet d'alors).
  Bref, chaque fois que je me suis senti proche d'une découverte littéraire qui me procurerait une certaine reconnaissance, il est arrivé quelque chose qui réduisait à néant la possibilité d'en rendre compte honnêtement.

  Car les milieux "autorisés" exigent un cadre normatif où insérer les faits, et je soupçonne que bien des théoriciens établissent leurs thèses en omettant, plus ou moins consciemment, les faits dérangeants. Lors de mon début de 3e cycle dans un labo de chimie du CNRS en 1971, je me suis aperçu que la "science" était loin d'être aussi rigoureuse que je me l'imaginais, et que les bizarreries non répétitives étaient ignorées.

  Un fait illustre parfaitement la différence d'approche entre Cette vie... et Phénomènes, où une même étude est commentée. Le Dr Janice Holden a étudié 93 cas d'EMI où l'expérienceur a décrit sa réanimation, vue "de l'extérieur" par sa conscience décorporalisée. 86 témoignages sont entièrement corrects, 6 contiennent des erreurs, 1 est complètement erroné.
  Fauré comme Holden utilisent l'approche scientifique usuelle pour estimer l'étude fortement en faveur de la conscience indépendante du corps, tandis que Sharon Hewitt Rawlette, dans sa collaboration à Phénomènes, pointe sur les erreurs:
Comment expliquer que des éléments faux soient rapportés par les expérienceurs?
  De même, lorsque l'équipe du projet Blue Book déclarait Circulez, y'a rien à voir après avoir annoncé qu'elle pouvait expliquer 95% des cas d'observations d'OVNIs, Jacques Vallée pointait que l'essentiel, c'étaient les autres 5%, ce qui représentait tout de même des centaines de cas.
  Les choses ont tout de même évolué, et des instances officielles admettent aujourd'hui de nombreux cas inexpliqués.

  Phénomènes est donc un livre essentiel à mon sens, mais je doute qu'il change beaucoup les choses, car Human kind cannot bear very much reality, comme disait St Eliot, et personne n'a envie d'accepter que la réalité soit truquée, à moins de l'avoir soi-même expérimenté, et d'avoir pleinement intégré cette expérience.
  L'idée de la continuité de la vie après la mort terrestre est bien plus tentante... mais elle n'est pas exclue, bien au contraire, par l'approche jungienne, selon laquelle la "réalité" doit demeurer un mystère, d'où l'intervention du trickster (lui-même fort mystérieux).

  Les rationalistes purs et durs auront tôt fait d'avancer que certains des phénomènes étudiés dans Phénomènes sont douteux, sinon charlatanesques, pour en conclure à la nullité de l'ensemble.
  Il me semble plutôt que, parmi la multitude des phénomènes zarbis, il suffit qu'un seul soit avéré pour faire s'effondrer le paradigme matérialiste. 

  Si j'ai un "don" particulier, c'est celui de découvrir des harmonies cachées dans des créations diverses, essentiellement littéraires. C'est pour moi quelque chose d'apparenté aux bizarreries étudiées dans Phénomènes, mais il s'y ajoute une certaine beauté intrinsèque, hélas pas forcément perceptible par tous.
  Le 19 septembre, passant en revue mes multiples découvertes, il m'est revenu une touchant au langage lui-même, avec les huit premiers nombres de Fibonacci exprimés en anglais, offrant ce chiasme:
ONE+ONE+TWO+THREE+FIVE+EIGHT = 13x21
1x1x2x3x5x8  = THIRTEEN+TWENTYONE
Vérification sur le Gématron.
  Je l'ai aussi écrit ainsi:
1+1+2+3+5+8 = 13x21 (=273)
1x1x2x3x5x8  = 13+21 (=240)
  Ce n'est qu'en y repensant, plus de 8 ans après la découverte, qu'il m'est venu un dessillement. La somme des huit premiers nombres de Fibonacci est 273+240, soit 513, or j'ai baptisé mon trickster personnel Napol, à partir du motif 5-13 rencontré chez Rabelais, or le motif fait aussi coïncidence dans le langage, grec cette fois.
  Les nombres 30 et 78 apparaissent à diverses reprises chez Rabelais, avec finalement les 108 "degrés tétradiques" menant au Temple de la Dive, correspondant au double de la "psychogonie de Platon", soit le lambda pythagoricien formé des premières puissances de 2 et 3.
(1+2+4+8) / (3+9+27) = 15/39 = 5/13,
or la lettre Λ utilisée pour cette représentation se lit Λαμβδα, avec selon les valeurs des lettres grecques
Λ/Λαμβδα = 30/78 = 5/13.
PANURGE (=78) est saisi de terreur en arrivant à la 78e marche des escaliers.
  Jung, à la suite de Rudolf Otto, évoque souvent la terreur devant les mystères divins, la Bible aussi (terribilis est locus iste).

  En parlant plus haut de "pleinement intégrer une expérience zarbi", je pensais à moi, et plus particulièrement au cas Elleswer. Dans le billet éponyme, je citais ce rêve du 4 août 2009:
Je lis la revue Elleswer n° 29. J'y trouve une coïncidence dans un poème contraint.
  La seule certitude* était ce titre, la maquette de la revue rappelait fortement celle de Planète, et je me suis procuré le Planète  n° 29.
*en note: ma certitude du titre, ça m'étonne! (d'après un palindrome d'Alain Hupé)

  Je ne vois pas comment j'aurais pu savoir que elleswer était une vieille forme de elsewhere, "ailleurs", or un article du Planète concerne la maison de Guernesey de Victor Hugo. Il y est question de la formule qu'il avait gravée sur un étrange meuble de sa maison, la Chaire des Ancêtres: Hic nihil, alias aliquid. "Ici rien, ailleurs quelque chose".
  Ci-contre la Chaire, dans la salle à manger de la maison.
  J'avais bien sûr apprécié la coïncidence en 2010, mais je n'avais pas souligné que j'avais découvert cette formule significative grâce à un "ailleurs" venu d' "ailleurs"...
  J'avais peut-être cherché en 2010 des harmonies dans les quelques vers de Hugo donnés dans Planète. Je me suis aussi penché sur diverses études voyant des schémas numériques dans ses oeuvres, sans y trouver d'intérêt, mais en 2012 Robert Rapilly a fait une magnifique trouvaille: avant le fameux premier vers des Contemplations, "Ce siècle avait deux ans, ...", Hugo avait écrit un quatrain, qu'il a biffé, et ce quatrain avait pour valeur 1802.
  Ce quatrain concernait le "guerrier suprême", Napoléon, et c'est évidemment avec cette arrière-pensée que j'avais jadis forgé "éon Napol".

  Ailleurs... J'ai depuis 40 ans Les Yeux géants, de Michel Jeury, dans la collection Ailleurs et Demain, roman d'ailleurs initié par les recherches de Bertrand Méheust (préfacier de Phénomènes).
  J'en ai parlé récemment ici, avec diverses citations dont celle-ci:
C’est que nous ne savons pas encore ce qu’est la réalité; et quand nous le saurons, nous découvrirons sans doute que sa nature nous interdit également toute certitude.
  Je me suis demandé quel était le n° 29 de la collection Ailleurs et Demain. Elle n'était pas numérotée, mais selon les ordres de parution, ce serait Zone Zéro, de Herbert Franke (1973).
  Il n'y en a pas eu d'autre édition papier. J'ai trouvé un e-book en ligne, et c'est un très curieux roman, où la question de la réalité est déjà au premier plan. Quelques citations: 
Le système était sur le point – mais nous ne le savions pas encore à l’époque – de porter l’évolution sur le plan de l’information pure.

Calculs infinitésimaux, simulations, modèles… Le moment vient où ils remplacent la réalité, le présent, l’avenir.

Ce qui vous tient lieu de passé, c’est ce qui est engrangé dans votre mémoire. Les souvenirs qui vous servent de référence dans votre vie présente. La question n’est pas de savoir si les références sont vraies ou si elle sont fausses. En revanche, il importe qu’elles soient efficientes, c’est-à-dire sûres et utiles.

Vous aviez donc perdu tout espoir de retrouver vivants vos camardes ?
  La dernière est évidemment une coquille, la seule que j'ai repérée, peut-être déjà présente dans l'édition d'origine, en tout cas j'ai retrouvé la citation ici (non créditée). L'accolement de "vivants" et "camardes" m'évoque mes récents développements sur mon rêve "1La vie 2mortelle".

  Mon OBE, brièvement. Après avoir marché près d'une heure par une nuit froide, sans doute pendant l'hiver 1969-70, j'ai pris mon pouls qui était curieusement bas. Couché, je me suis senti entraîné à grande vitesse, dans un bourdonnement intense. Puis ça a ralenti, le bruit s'est atténué, jusqu'à mon arrivée dans un lieu noir, où je flottais dans le vide, conscient néanmoins d'une présence. Une voix formidable a retenti, dans une langue inconnue dont je comprenais cependant le sens: "Je ne suis pas ce que l'on croit."
  Ce souvenir est une reconstruction, car j'ai longtemps fait l'impasse sur cette expérience qui me dérangeait profondément, après m'être débarrassé de l'éducation catholique inculquée par mon entourage.




  Lors de la lecture de Cette vie..., j'ai tenté de visualiser ma conscience sortir de mon corps, sans succès...
  J'ai cependant fait un rêve étrange, dans la nuit du 28 au 29 août.

  Une jeune femme, du nom de Eau, disait m’avoir connu dans son « premier caractère », ce qui me semblait signifier sa première incarnation. Elle disait avoir eu une fille avec moi.
  Il était assigné à chacun une image pixellisée, du genre de celles expérimentées alors sur la liste Oulipo, dont j'ai donné quelques exemples dans les billets récents.
   J’ai vu quelque chose fort proche de ceci, sans me souvenir qui ça concernait.

  A peu près réveillé, je me suis dit que character en anglais signifie « personnage », « rôle », mais aussi « lettre », et que FIRST CHARACTER a 14 lettres, de quoi inspirer un sonnet acrostiche.
  Je n’ai pas respecté l’image de départ, devenue ceci, parce qu'il est difficile d'écrire un alexandrin de valeur 256. Il m'a semblé qu'elle pouvait exprimer l'idée d'une âme se ramifiant en plusieurs réincarnations, ce qui est proche du concept du guilgoul.
Follement ramifié par ce songe éphémère,
Il m'est venu le nom de mon ange échu, Eau,
Réceptive jadis, de notre enfant la mère,
Soeur câline ou amie, invitée ou cadeau...

Tu m'eus trouvé dès ton tout premier caractère,
Cabotant de tout temps, tout lieu, tout haveneau,
Hôte inconstant, parfois oison d'une autre Terre,
Audacieuse ou poltronne, archiviste ou pourceau.

Rêver est périlleux, rêver est prophétique,
Aux esprits endurcis dans un délire orphique,
Cela peut entraîner vers un injuste jour.

Tu te révélerais dans ta nouvelle niche...
Eau, je ne rêve pas, je saisis ton retour,
Revenante effective en mon espoir fétiche.
  La 1e version publiée sur la liste Oulipo le 29 août était légèrement différente. Le 5e vers était
Tu m'eus connu depuis ton premier caractère,
plus conforme à mon idée, mais il manquait un pixel à l'image. C'est Gef qui a trouvé l'autre possibilité, permettant de récupérer le pixel manquant.

  J'ai appris ensuite que Christophe Fauré avait publié en 2021 un roman, Mourir n'est pas te perdre, où un couple se reforme au fil des réincarnations. Le premier couple était Inanna et Anzû, en 4700 avant J.-C., en Mésopotamie, ce qui me rappelle l'apparition fortuite de Inanna Mar(duk) dans une colonne de la grille de Cyril.

  Le roman de Sinoué qui a joué un rôle essentiel dans mon intuition sur le 4/4/44, Des jours et des nuits, a aussi une intrigue similaire, et il se trouve qu'une coïncidence concernant Ishtar, autre nom de la déesse Inanna, a joué un rôle dans la genèse (RAShIT en hébreu, IShTAR...) de ce roman.
  Encore pas mal de développements en perspective...

8.9.23

Chi va chiasmo va pazzo

à André & Xavier du Batiscop

  389e billet de Quaternité, 3-8-9 équivaut à C-H-I, Chi ou Khi, la lettre grecque X ayant donné son nom au chiasme.

  L'X a ses lettres de noblesse en littérature, avec de multiples titres, The tragedy of X d'Ellery Queen (1932), X v. Rex de Philip Macdonald (1933), et la liste serait longue jusqu'à X de Davey Davis (2022). 
  La littérature à contrainte y participe, avec L'art du X de Ricardou (1983), hommage à Perec auquel j'ai consacré plusieurs billets.

  Le cinéma n'est pas de reste, et la palme revient probablement à Roger Corman, lequel a choisi Ray Milland pour incarner "X" the man with the X-ray eyes, (1963): le docteur Xavier a transformé sa vision pour pouvoir traverser la matière...
  Comment ne pas citer X-Files, dont la première saison avait 24 épisodes (X est la 24e lettre). En 2022 est aussi sorti le film d'horreur X.

  Le chiasme est une figure de rhétorique, et ses applications sont multiples en littérature. Je pense encore en premier lieu à Perec.
  L'outil récemment mis en ligne par Gef permet de transformer des textes en images pixellisées, selon diverses options. J'ai aussitôt pensé à l'utiliser avec des textes de Perec, comme l'ont fait les brodeuses de Perecofil (ci-dessus le "sonnet" de Métaux avec deux diagonales isogrammes, en M et U).
  Précédemment, Marylin Rolland avait utilisé les textes de Perec pour ses créations, par exemple Alphabets, et l'image ci-contre n'est qu'une petite portion de la représentation des 176 onzains, en lignes de 121 cases colorées correspondant aux 11x11 lettres de chaque onzain. Le flou des couleurs est dû à l'utilisation d'une imprimante avec un ruban usagé.
  Je suis fasciné par Alphabets, et notamment par la formule L'usine à troc qui gouverne la série en C, donnée dans ce billet contenant un poème contraint en hommage au recueil. J'ai aussi imaginé le 11/11/11 une série de 11 onzains basés sur la séquence LUSINECARDO, 11 lettres de valeur 11x11, reprenant les mêmes contraintes que la série de Perec.
  La série de Perec est encadrée par deux onzains, l'un dont la dernière rangée et la dernière colonne forment LUSINEATROC, formule retrouvée dans la première rangée et la première colonne de l'autre.
  Voici ce que ça donne selon l'option "gématries des lettres" avec l'outil de Gef:
 

  J'ai inscrit, entre les dernière et première lignes, identiques, des deux onzains, les correspondances binaires en lettres. Un peu de patience permettrait de reconstituer les poèmes...

  Les onzains en B et C donnent 42 pixels par ligne, ceux en D, F, et G, 43 pixels. Perec a donné en 4e de couv' d'Alphabets le onzain 43 en exemple,

LANGESOURIT   LANGESOURIT
ALORSGEINTU   AL
NGLASTIREOU   N L
GRELOTASUNI   G  L
ERSALUTONGI   E   L
SAITOLURNEG   S    L
OURANTLESIG   O     L
UIGNARTLESO   U      L
RTISANGELUO   R       L
INTEUGRASLO   I        L
TIONASURGEL   T         L

et les tenants de l'hypothèse 11-43 pourraient trouver significative sa traduction en 11x43 pixels:
 

   A ces L de l'ange correspond la valeur binaire 1100.

  De H à M on passe à 44 pixels par ligne, ainsi 4 onzains totaliseraient 44x44 pixels, 1936, année de naissance de Perec, ce qui a peut-être compté pour la décision de composer un recueil de 176 onzains, totalisant 1936 vers.
  Les romans de Gilbert Sinoué et Paul Halter ont joué un rôle certain dans mon intuition sur le 4/4/44 jungien. Je me suis avisé en 2010 que les noms HALTERSINOU(E) formaient un parfait énoncé hétérogrammatique ESARTINULO+H, correspondant aux 121 vers de la série en H d'Alphabets, et qu'il suffisait que l'un de ces vers soit suivi ou précédé d'un E pour avoir une parfaite anagramme.
  Il y a 10 cas, parmi lesquels seuls 2 sont composés de mots complets: le premier vers du premier poème, suivi du E du vers suivant, livre
Hélas ! Ni route (...)
  Ensuite, l'avant-dernier vers du quatrième poème, suivi du E du vers suivant, livre
Sait-on l'heure ?
  Sans Perec, je n'aurais probablement jamais su que, grâce à "Sinoué-Halter", "on sait l'heure" d'un fabuleux événement, l'échange Jung-Haemmerli le 4/4/44 à midi (dont la position aux exacts 4/5es de la vie de Jung m'est apparue  il y a exactement 15 ans, le 8/9/2008).

  Aujourd'hui, je m'avise que les 4 premiers onzains de la série en H, du premier vers où débute Hélas ! Ni route, jusqu'au dernier où s'achève Sait-on l'heure ?, forment avec l'outil de gématrie binaire un carré de 44x44 pixels, que voici (y a-t -il une route pour sortir de ce labyrinthe?):
 
 
  Les autres séries, de P à Z, se traduisent par des lignes de 45 pixels.
  Sachant que mon heure viendra en 2025, 45x45, il m'est venu l'idée de réaliser un centon de "vers" de Perec, tel qu'un même motif 3x3 y apparaisse 15 fois dans les deux diagonales, en X.
  Je ne suis guère satisfait du résultat, il eût certainement mieux valu choisir un motif 5x5, voire 9x9, mais voici:
 

(par facilité, je me suis servi des mêmes vers lorsque la symétrie le permettait)

  Ceci m'a donné envie de réaliser quelque chose de plus net, et je suis arrivé à ce "gag":
gag
X c
je
di
bu
aqa
go

  Bon, ça ne veut rien dire, et je suis parvenu à la même figure selon les gématries par mots, avec

Justement,
X ab-
outit,
magique
encodeur,
à codage
foisonnant.

  Gef est parvenu à représenter cet échiquier par un dizain de disyllabes rimé. Il a obtenu la même figure selon les gématries par lettres, avec un galimatias comparable à ce que je donnais plus haut.

  L'option la plus simple est la gématrie par lignes, mais elle demande des textes bien plus longs, ainsi un alexandrin codera usuellement 9 bits.
 
  J'ai eu l'idée d'un sonnet donnant deux fois ce motif, et, le X étant devenu ce que l'on sait, d'y donner dans le porno.
  Il faut savoir qu'un colistier de la liste Oulipo joue au "serial cocu", ayant entrepris un pot-pourri de 100 sonnets contant les frasques de sa bien-aimée Gabrielle, avec des contraintes diverses. Son site en offre actuellement 71.
  J'ai suivi d'assez près ses contraintes, sauf en ce qui concerne "l'érotisme discret"...
  Chacun de ses sonnets est introduit par une illustration adéquate, et une chanson de Bashung m'a fourni l'identité de l'amant de Gabrielle pour mon plagiat.
---

Comme il osa hurler dans un refrain minable,
Gaby la magnifique est folle de Bashung...
Ce qui la fait gicler, la garce insatiable,
son x* rose est percé d'un anneau de packfung.

L'abdomen affalé sur un divan pliable,
elle fripe bien bas sa jupe de shantung,
exhibant ses deux x* au rocker increvable:
il vante les succès de sa Weltanschauung.

Elle épile sa x*, à ses sept chats de même,
ranime le fier x*, lui dédie un poème,
le digère à nouveau dans son corps épanoui.

Hélas, hélas, hélas ! le pâle tréponème
a trouvé le chemin dans le dédale inouï:
elle regrettera d'avoir à tel point joui.

---
* censuré

  Incidemment, la gématrie des vers 1-7-8-14 est 387 (110000011), et il suffirait de déplacer un bit pour obtenir 389 (110000101), soit C-H-I, ainsi ci-contre le "rocker increvable" est devenu "détestable". J'ai préféré conserver la symétrie.
  Il y a tout de même un 389 dans mon sonnet, où les deux vers d'introduction totalisent 69 lettres. Les autres 24 (X) hémistiches totalisent 389 (CHI) lettres.

  Incidemment encore, la fin moralisante de mon sonnet (Gaby chope la syphilis) m'a fait prendre conscience d'un probable jeu de Ricardou, dans sa nouvelle Supercherie, où les trois sirènes d'une fontaine se nomment
Lison - Tootsie - Philis.

  J'ai tenté un sonnet entier en gématries par mots, et j'ai choisi une nouvelle parodie de Voyelles, un poème où on peut aligner les vocables les plus inattendus sans risquer d'être beaucoup plus abscons que Rimbaud.
  Voici l'image correspondant au sonnet:
 

  Elle n'est pas tout à fait identique à ce qui était prévu au départ, en partie à cause d'erreurs en cours de réalisation, en partie parce qu'il a fallu procéder à des modifications afin de pouvoir inclure E et U. Voici le poème:
---

soit A flux clérical, soit O perçu prouvant,
ç'urgerait récemment, naître astral en voyelles:
A typique, A tension, lu mousquet, ru, camelle,
A classieux, seul frottoir, blé de sable accédant;

cet I jaune gredin, I du Râ rutilant,
(A secours des terreurs, djinn quartzeux à séquelles);
on code envoi magique, E vainqueurs, éternelles,
et l'ivoirin, ci dé, E sulfureux, tringlant;

dû, l'intrant a râlé: « O, tungstique à blâmer,
ode insoucieuse, O, Ha! bel en do décimé,
ce bleu né coactif en aide l'oubliable...

en Eden caduc or, facial O, anel O »;
vil U, lac opalin, un plasma réformable,
je cristallise O, Dieux! je ruse avec, Salop!
 
---
  Certaines couleurs ont été respectées, A de sable, E ivoirin, O bleu, mais I est jaune et U opalin.
  Il a été avancé que la série de l’Alpha à l’Oméga désignait Dieu (remplacé par "bleu" dans les jurons), les majuscules de Ses Yeux le démontrant. C’était peut-être pour Rimbaud un calembour "O dieu" que j’ai actualisé dans le dernier vers.

  J'ai évoqué plus haut Paul Halter, et j'avais relevé dans son roman La montre en or (2019) un chiasme original. On y suit en alternance une enquête en 1911, en Angleterre, concernant Andrew Johanson et sa femme Alice, et une enquête en 1991, en France, concernant André Lévêque et sa femme Célia.
  Le X est la croix de Saint-André, et les auteurs à lire en diagonale ont parfois recours pour les noms de leurs personnages à des mots évoquant la pièce qui se déplace en diagonale, le fou, l'évêque, l'archer. Dans L'adversaire de Queen, il y a un Tom Archer et une Ann Drew, dans The Bishop murder case de Van Dine, il y a un "Bishop Arnesson".
  Le lecteur est donc conduit à imaginer une correspondance entre les couples Johanson et Lévêque, Célia étant l'anagramme d'Alice, mais le réel équivalent d'André Lévêque est Daren Bellamy, amant caché d'Alice dans le récit de 1911 (Daren est l'anagramme d'André).

  Les images pixellisées brutes peuvent sembler un tantinet répétitives pour certains...
  Marylin Rolland a imaginé des techniques de floutage qui adoucissent ces représentations.
  Voici une double image qu'elle a conçue à partir de mon centon perecquien de 2025 pixels donné plus haut:
 




31.8.23

388 !!!

pour phrère Sam

l'arbre BA cachait la forêt baCHch  388e billet de Quaternité, ce qui me semble imposer de le consacrer à Bach.
  J'ai récemment lu sur JSTOR une série d'articles d'Artur Hirsch (un Cerf...) sur la numérologie bachienne, et une autre de Randolph Currie. C'est plein de belles trouvailles, mais accompagnées de commentaires du genre "Tant de coïncidences ne peuvent être dues au hasard", or de tels commentaires me donnent envie de répliquer "388!", nombre clé d'une formidable architecture trouvée chez Bach, mais qui ne doit évidemment rien à Bach.
  J'y reviendrai, car j'en ai parlé il y a peu, pour un formidable rebondissement (et j'ai une petite nouveauté à ajouter), mais je veux d'abord examiner une autre curiosité bachienne.

  J'ai publié un billet le 28/7 dernier, parce que je l'avais achevé ce jour, et je me suis ensuite avisé que c'était le 273e anniversaire de la mort de Bach, 273 nombre qui m'est particulièrement cher, notamment valeur de l'hébreu arba', "quatre".
  Le nouveau venu dans la phamille, Samuel, est hébraïsant et fibonaccisant. Il avait déjà vu que son prénom Shmouel  avait en hébreu la même valeur que sheva'a, "sept", 377, nombre de Fibonacci, et autre chose m'était venu, que je lui ai communiqué ce 28/7:
14e Fibo, 377 = "שבעה"
14e Lucas, 843 = "ארבע עשר"
pas très correct mais usité.
J’ai rencontré ces nombres chez Bach (=14), mort un 28/7, il y a 273 ans (ארבע).
  La première relation est donc celle sur "sept", שבעה, de valeur 377, 14e Fibo. La suite de Lucas est la seconde suite additive "intéressante", ayant de nombreux liens avec la suite de Fibonacci, par exemple
F2n = Fn x Ln ,
ainsi pour 377,
F14 = F7 x L7 = 13 x 29 = 377.
  L'autre relation souligne que "quatorze", qui peut se dire ארבע עשר en hébreu, a pour gématrie 843, 14e nombre de Lucas.

  Phrère Sam parle couramment l'hébreu moderne, et est gématre instinctif. Il m'a répondu le lendemain:
C'est drôle qu'il soit mort un 28/7 alors que la guematria de son nom fait 287 :
יוהאן סבסטיאן באך
  J'ai vérifié que c'était bien exact car c'est plutôt frappant pour ceux qui connaissent les spéculations de Van Houten et Kasbergen (ce dont Sam n'avait aucune idée).
  Dans leur Bach et le nombre, ils avancent que Bach avait eu la prescience de la date exacte de sa mort, ce qu'il a codé de diverses manières dans sa musique. Les auteurs ont trouvé tant de corrélations que "ce ne peuvent être des hasards"...
  Le dernier exemple avec lequel ils concluent leur premier livre est effectivement frappant. Il s'agit du choral luthérien Vor deinen Thron tret' ich hiermit, dont Bach a composé une adaptation pour orgue vers la fin de sa vie.
  VH & K avaient précédemment souligné que les 4 lignes mélodiques du cantus firmus, correspondant aux 4 vers d'une strophe du choral, totalisaient 41 notes, ce qui correspond à JS BACH (selon l'alphabet alors en usage pour ces codages), et voici les prolongements:
 

  Mieux, en associant les lignes paires et les lignes impaires, on obtient les nombres 112 et 175, soit
2.8.7 et 175(0), le 28/7 1750!
  VH & K consacrent 8 pages à ce cas, dénombrent les notes dans chacune des 4 autres voix d'accompagnement, analysent les gématries d'autres groupes particuliers de notes, et trouvent des tas de choses formidables, du genre de celles qui "ne peuvent être dues au hasard", mais... 
...388!

  Avant d'y revenir, j'ai quelques remarques personnelles sur ce choral BWV 668, qu'on peut entendre ici, tout en regardant la partition.
  41 notes de valeur 287, ça signifie que chaque note a la moyenne 7, soit g, sol, et la pièce est en Sol majeur, débutant et finissant par un sol.
  L'accord de Sol majeur est sol-si-ré, g-h-d. Le cantus firmus compte 10 g, 10 h, et 2 d, soit 22 notes de valeur 158, valeur de
JOHANN SEBASTIAN BACH = 58+86+14 = 158.
  Il reste 19 notes de valeur 129, un nombre qui serait très évocateur pour VH & K, lesquels considèrent que Bach était un initié rosicrucien. Il aurait codé à plusieurs reprises les 8 mots de l'épitaphe de Rosencreutz dans sa musique (et j'avoue que la correspondance qu'ils ont découverte entre les valeurs de ces mots et les mesures des Sinfonien est particulièrement frappante, mais 388...)
  L'un de ces mots est sepulchrum, "tombeau", de valeur 129, et je ne doute pas que VH & K n'auraient pas manqué de s'extasier devant cette autre interprétation de 287, "Bach dans la tombe", s'ils l'avaient trouvée.

  Dans une approche moins ésotérique, 19 notes pourraient évoquer la valeur 19 des notes g-h-d de l'accord de Sol majeur. C'est aussi le nombre de lettres de JOHANN SEBASTIAN BACH.

  Bach pourrait avoir de la suite dans les idées, car il avait précédemment proposé une autre adaptation de ce choral, sous son titre alternatif Wenn wir in höchsten Nöten sein (autre choral avec la même métrique), et il avait considérablement ornementé le cantus firmus, comptant 158 notes.
 

 VH & K ne font que le mentionner, peut-être parce que c'est une vieille trouvaille de Henk Dieben. J'ai eu la curiosité de calculer la valeur des 158 notes, 1180, 530 pour les 78 notes g-h-d, rien d'évocateur.
  Je livre mon relevé pour ceux qui voudraient approfondir:
gahagafisgagaagahedeahahhahcagahgfisgagahchedchagg
defisghahchaghachcdchhcdcdeachgfisefisfisgfisggfisga
dedchahgcdchcdhaahagfisgfisgfisegfisgagfisgaheded
hdchecedisehahachaddg  hahcdefisghaagag
  On peut écouter ce BWV 641 ici, tout en regardant la partition.

  Et maintenant 388, avec un bref résumé de Bachissimo du 4/4 dernier.
  Il y a 8 tonalités Bach dans le Clavier Bien Tempéré, dit WTC, 4 tonalités majeures B-A-C-H, 4 tonalités mineures b-a-c-h, 16 tons en considérant les deux cahiers de 1622 et 1644.
  En additionnant les mesures des deux cahiers pour chaque tonalité, on trouve 3 rapports dorés parfaits entre tonalités prises 2 à 2, b/a, H/c, et h/C, mais rien de tels pour A et B, totalisant ensemble 388 mesures.
  Et puis j'ai découvert que l'ensemble des tonalités totalisait 1642 mesures, dont la section d'or entière est 1015. La section de 1015 est 627, et ensuite il vient 388.
  Ceci m'a permis d'arriver à ce schéma (où les rapports dorés sont signifiés par les couleurs bleu/rouge), en ne scindant que les tonalités a et b en tons a1-a2 et b1-b2:


  C'est prodigieux et déjà fort peu envisageable pour l'époque, et puis je me suis avisé près de 14 ans plus tard que les nombres en jeu appartenaient à cette suite additive de type Fibonacci,
3-28-31-59-90-149-239-388-627-1015-1642-...,
dont les termes d'ordres 1, 2, 3, et 8, sont des "nombres bachiens" (composés des seuls chiffres 1-2-3-8):
31-282-313-594 -905-1496-2397-3888

  Mieux, c'est la seule suite où deux nombres bachiens de 2 chiffres, contenant à eux deux les 4 chiffres différents, ont pour différence un nombre bachien.
  Il devient strictement inimaginable de voir ceci forgé intentionnellement du temps de Bach, et pourtant on trouve des "indices" qui pourraient l'accréditer.
  Parmi les 48 diptyques Prélude-Fugue des deux cahiers, certains ont des préludes à reprises, ce qui ne modifie en principe pas le compte des mesures de la musique écrite. Parmi les 16 tons BACHbach, seuls 4 sont concernés, les tons B2-a2-c2-h1, dont les préludes totalisent 194 mesures écrites, et donc 388 jouées.

  Il n'y a à ma connaissance dans toute cette musique, des dizaines de milliers de notes en tout, qu'une seule succession des notes b-a-c-h dans une même voix, dans cet ordre ou à rebours, et c'est dans l'alto de la première fugue du second cahier, C2, où apparaît la succession h-c-a-b à l'alto, aux mesures 9-10:


  Ce sont les notes 28 à 31 de l'alto de cette fugue à 3 voix, où l'exposition ressemble à une double signature Bach: le medium compte 21 notes du thème + 38 notes, la basse 21 notes, l'alto 38 notes.
  Il est fort possible que ce soit voulu (mais 388!), et il est évident que Bach n'alignait pas les notes b-a-c-h sans en être conscient, mais ces notes 28 à 31 dans la voix haute de la première fugue du second cahier m'évoquent la suite 3-28-31-... qui gouvernerait l'architecture dorée des tonalités BACH, et la forme rétrograde est aussi celle qui est donnée par les préludes à reprises, h1-c2-a2-B2. De plus, C2 est exactement entre h1 et c2.

  Voilà pour le résumé. Je me suis demandé depuis s'il existait des transpositions des notes b-a-c-h ou h-c-a-b dans d'autres tons, dans les deux cahiers du WTC. La succession chromatique qui vient d'être vue n'a rien d'exceptionnel chez Bach, et je me suis vite souvenu qu'il y en avait une double dans la fugue A2 (BWV 888) dont j'ai jadis fait une transcription pour guitare:
 

  C'est aux mesures 7-8-9, et une autre occurrence, simple, est aux mesures 17-18 (ça fait partie des 388 mesures).

  Je n'ai pas la patience d'examiner les 5132 mesures du WTC, mais une chose est au moins sûre: il n'y a pas de succession b-a-c-h transposée dans les thèmes des 48 fugues, étudiés récemment, sauf peut-être...
...la dernière fugue du premier cahier, offrant donc une symétrie avec la première fugue du second cahier dans l'ensemble du WTC, ou h1, la seule du premier cahier avec un prélude à reprises. Elle est considérée par beaucoup comme la plus riche, et est notamment associée ici à une fabuleuse coïncidence.
  Son thème a 21 notes, sur 3 mesures, et les notes 1-2 et 5-6 de la seconde mesure pourraient être considérées comme un contrepoint de la montée fa#-sol-si-do-ré en tête des autres groupes de notes:
 
  Vues comme une seconde voix, ces notes correspondent aux notes BACH transposées de 3 tons, tandis que les autres notes 3-4-7-8 de la mesure forment BACH transposé d'un ton.
  Ces 8 notes sont encore 8 demi-tons successifs, on n'est pas loin de l'invention du sérialisme avec deux siècles d'avance...

  L'analyse de cette fugue n'a plus de lien direct avec l'affaire 388, pour l'instant du moins. J'y compte 19 entrées du thème, mais 4 sont des thèmes écourtés à 10 notes, et le thème final a 12 notes.
  Il y a ainsi 14 thèmes complets, le nombre bachien idéal (2 de ces thèmes s'achèvent sur un mélisme, au lieu d'une note simple).
  Ces 14 thèmes se répartissent en 5 en si mineur, 4 en fa# mineur, 3 en mi mineur (et majeur), 1 en Ré majeur, 1 en La majeur.
  Ce dernier mérite de s'y intéresser, car une exacte transposition conduirait aux exactes notes b-a-c-h dans la ligne mélodique principale, et c'est la 14e entrée parmi les 19, à la basse, mesure 47. Il y a cependant des surprises:
 
  La 5e note n'est pas un mi comme il serait attendu selon une exacte transposition, mais un ré, et tout ce qui suit est un ton en-dessous, donc le thème commencé en La s'achève en Sol. C'est le seul cas parmi les 14 thèmes complets, sinon parmi les 19 (il y a une autre entrée d'un thème avorté en La, mesure 43, dont la 5e note est bien un mi).
  C'est aussi le seul des 14 thèmes où le groupe médian de 8 notes n'est pas constitué de 8 demi-tons successifs, car au lieu d'avoir selon une stricte transposition sol#-sol-si♭-la, b-a-c-h un ton plus bas, on a
la-sol#-si♭-la. C'est tout de même le seul des 14 thèmes où le groupe médian de 8 notes contient b-a-c-h.
  Les 21 notes de ce thème particulier sont
d cis a fis d g fis c h a gis d cis b a gis a fis d e d
de gématrie 276 (vérification sur le Gématron), soit l'un des multiples bachiens les plus immédiats:
276 = 2.138.
  Une version de ce BWV 869 ici, avec une partition aux 4 voix séparées.

  Parmi mes anciennes pages Bach, certaines s'inscrivent dans la lignée des travaux de VH&K (avec quelque recul), comme celle-ci. Je vois que j'y parlais des 41 notes du choral en Sol majeur, G-dur en allemand avec
G DUR = 7 41 et 7 fois 41 = 287.
  Il y était question aussi d'autres pièces où VH&K avaient vu 287 correspondre à 158+129,
JOHANN SEBASTIAN BACH + SEPULCHRUM.

  Le 31 août est une date que je privilégie pour la publication de mes billets, pour des raisons maintes fois données, et je l'ai donc choisie pour ce billet bachien, que j'achève d'ailleurs ce 31/8/23, en m'avisant que 8-23-31 est le début bachien d'une suite additive de type Fibonacci, dont le 7e terme est
208 = 2.13.8.
  Ce 388e billet est le 28e de cette année 2023, en passe d'être la plus féconde depuis la création du blog.

28.8.23

tsevi, la suite

à Kos & Change

  Pas mal de choses sont restées en plan dans les billets de ces derniers mois, tant que celui-ci ne suffira pas à les épuiser.
  A propos du cerf, l'indispensable çoeur dp m'a informé de ce relief en bois peint de Hans/Jean Arp, Der Hirsch (Le cerf). Par Arp commence ce billet...
  Or Arp intervient dans l'histoire réelle de la famille Rabinovitch, contée par Anne Berest dans La carte postale, lue en janvier. La seule rescapée de la famille, Myriam, grand-mère d'Anne, doit son salut à un passage rocambolesque en zone non-occupée, serrée contre Jean Arp dans le coffre d'une voiture.

  J'avais été marqué par le chapitre 7 du livre, où les Rabinovitch ont émigré à Migdal, en Palestine. Ils ne s'y plaisent pas, et Ephraïm contacte son frère Emmanuel qui vit à Paris avec sa fiancée, la peintre Lydia Mandel.
  J'ai lu ceci le 16 janvier, 5 jours après la coïncidence Mandel-Migdall-Cerf du 11, 26 après celle Mydagel-Hellequin du 21/12.
  Je n'ai pas eu alors la curiosité de chercher le mot "cerf" dans La carte postale, et j'en trouve aujourd'hui une occurrence, chapitre 39:
  Anne posa son cahier de musique et elle se mit à regarder les tomates, les choux et les poires. De l’autre côté, une rue de petites maisons basses et cinq paires de chaussettes noires qui séchaient en travers.
— Il paraît, dit Anne en écoutant la ville, que les premiers convois d’Anglais arriveront demain. Il y a déjà un petit état-major au Grand Cerf. Ils sont très chics tu sais.


  L’héroïne du roman de Noémie s’appelait Anne.
  Anne Berest vient de recevoir des cahiers ayant appartenu à sa grand-tante Noémie, déportée en 1942. Personne n'avait jamais lu ces cahiers, et elle découvre que l'un d'eux est le début d'un projet de roman de Noémie, laquelle avait baptisé son héroïne Anne.
  Ma coïncidence "cerf" s'inscrit dans le contexte de la coïncidence "Anne".

  Les précédents billets m'ont fait envisager un nouveau mot équivalent au Unus Mundus, concept jungien essentiel. Après ADAM et MIDI, j'ai pensé à DAIM, autre cervidé.
  Phrère Sam, nouveau venu dans la phamille, m'a suggéré l'homophonie avec D'UN.
  Il était question d'un Sam dans le roman Le cercle magique étudié dans ce billet, et de sa relation avec une Bambi. Phrère Sam m'a rappelé que l'ami de Bambi chez Disney est le lapin Panpan. Unus nundus est un équivalent latin du grec En to pan, "l'Un est le Tout".

  Le 15 juillet, j'ai écouté l'épisode Elles et Bébel de la série La Bébel époque rediffusée cet été par France Inter. Il y a été question de Joyeuses Pâques, que je n'ai jamais vu, n'ayant guère de goût pour le vaudeville, mais j'aime malgré tout Bébel et Pâques est un de mes sujets de prédilection.
  J'ai donc commencé à regarder, et abandonné au bout d'une demi-heure, car c'est bien du vaudeville sans originalité. J'avais cependant toujours envie de voir Bébel, et j'ai choisi Le magnifique dont Laurent Delmas venait de parler avec enthousiasme, et que je n'avais vu qu'une fois il y a fort longtemps.
  Je n'ai pas tenu plus d'une demi-heure non plus, mais un rebond survint quelques jours plus tard, le 19.
  Le cerf est en anglais stag, et le mot hébreu est translittéré tsbiy par Strong. Il m'est venu de confronter le renversement de stag, gaTS avec TSby, et Gatsby s'est imposé, Gatsby le magnifique...
  Tiens, le vrai nom de Jay Gatsby est James Gatz, soit
JAMES GATZ = 48+54 = 102,
gématrie de tsevi en hébreu.

  STAG m'a rappelé son anagramme Gast, nom du personnage principal de Sens interdits de Stona Fitch (Senseless, 2001, 2002 pour l'édition française), roman qui avait attiré mon attention car en 2001 étaient parus 5 polars convoquant les sens, alors que j'avais imaginé en 2000 les 5 sens intervenant dans les morts des 5 héritiers Twenty.
  Mon projet de Roman du siècle était en partie inspiré par un livre de Perec, et son roman La Disparition pourrait être un autre lien entre Gast et Gatz-Gatsby, car sa première édition affichait en couverture un "e" rappelant le "sens interdit", or l'entreprise de Perec était inspirée par le lipogramme Gadsby, roman de plus de 50000 mots sans E publié par EV Wright en 1939 (un personnage de Perec se nomme Gadsby V. Wright).

  L'un des polars sensuels de 2001 était 5 , recueil de nouvelles policières, dont l'une fait partie des 5 polars couvrant exactement une Semaine sainte.
  Un autre était Abel Brigand, où des événements aux 4 coins d'un rectangle de 10x20 km concernent 4 sens, formant par acrostiche le nom d'un suspect, VOGT. J'ai été conduit ici à voir dans le nom de l'auteur, Jean-Marie Villemot, l'anagramme de "ma vie mortelle", une formule qui m'est apparue en rêve il y a près de 50 ans, les lettres résiduelles pouvant former le sanscrit jina, "vainqueur", ce qui m'a rappelé nikê, "victoire" en grec, et NIKE Hatzfeld, le principal personnage de la Tétralogie du Monstre (1995-2007), d'ENKI Bilal. Depuis, j'ai appris que l'un des sens du mot arabe bilal est précisément "victorieux".
 
  J'ai tenté à nouveau de lire cette tétralogie, mais je n'y comprends toujours rien pas grand-chose. C'était supposé au départ être une trilogie, centrée sur trois orphelins de Sarajevo réunis par le sort, Nike, Amir et Leylah. Tiens, l' "orfelin" Perec est aussi présent avec ce poster d'une case de la planche 35 (dont l'original a été vendu 35.000 €).
  Bilal a opté en cours de route pour une tétralogie, avec une énigme dans le titre du dernier tome, Quatre? Le numéro 4 pourrait être Sacha, la petite amie d'Amir, mais plutôt Optus Warhole, une incarnation du mal qui sévit dans le premier tome sous ce nom, puis ressuscite en Jefferson Holeraw dans les deux suivants, et son dernier avatar est Sutpo Rawlhoe, en compagnie des trois orphelins sur la couverture de Quatre?, de parfaites anagrammes.
 

  Jefferson anagramme de Sutpo? Oui, car Jefferson est l'un des premiers POTUS, acronyme usuel désignant le président US, President Of The United States, mais je n'ai pas trouvé mention de cette évidence en ligne, à croire que les amateurs de Bilal ne regardent que les images... Marianne St-Jacques ne l'a pas vu dans sa thèse, accessible ici, largement consacrée à Warhole.
  A noter que Sutpo est le renversement d'Optus, et que ce dernier avatar se dit vouloir maintenant oeuvrer pour le bien.

  Ainsi Optus Warhole a deux avatars anagrammatiques, et j'y vois pour ma part la possibilité
TSEROUPH + WAOL,
le tserouf, "anagramme", et 4 lettres résiduelles. Je rappelle que ce sont les 4 lettres résiduelles de l'anagramme de "Jean-Marie Villemot" qui m'ont conduit au NIKE d'Enki Bilal. Ici, WAOL pourraient former O LAW "ô loi!", ou A(n) OWL, "un hibou". En hébreu, le mot de 4 lettres ÇRWP, tserouf, "anagramme", est l'anagramme de ÇPWR, tsippor, "oiseau".

  Que le numéro 4 soit Sacha ou Sutpo, il permet avec le trio Leylah-Amir-Nike l'acrostiche SLAN, évocateurs pour les amateurs de SF, l'un des romans les plus connus de van Vogt, dont je me souviens des circonstances où je l'ai lu la première fois, d'une traite, fin 1971, dans le labo Felkin du CNRS de Gif.
  Ainsi le cerf tsevi, via l'anglais stag, m'a conduit au personnage Gast de Sens Interdits, HoSTage ("otage") d'activistes qui lui ôtent les 5 sens, Taste Smell Touch Hearing Sight, adéquation qui m'avait évoqué le personnage VOGT de Jean-Marie Villemot, dont le nom m'a amené récemment à Bilal, via JINA et NIKE, et Bilal me conduit à SLAN, puis VOGT...
  Reprendre le roman de van Vogt amène d'autres échos. Les Slans sont des humains améliorés, créés par Samuel Lann, lequel les a baptisés de son nom, S. Lan(n). Ceci s'accorde avec le passage de la trilogie LAN, Leylah-Amir-Nike, à la tétralogie avec S, Sacha ou Sutpo.
  Les Slans ont des sens plus développés, et sont télépathes.
  Leur longévité moyenne est de 150 ans, or il m'était important que
MAVIE MORTELLE = 50+100 = 150.

  Les lettres SLAN peuvent aussi former LANS, un lieu important pour Perec.
 

  L'événement essentiel du second album de la tétralogie, 32 décembre, est le happening artistique organisé par Jefferson Holeraw à Bangkok, nommé Red Der Decompression:


  J'ai déjà envisagé ce palindrome RED DER, à propos de la ville canadienne Red Deer, dont le nom signifie "cerf" ("cerf élaphe" pour être précis).
  Je me suis intéressé un temps aux crop circles, spécialement ici aux crops dessinant un "château de Sisak", un triangle équilatéral avec 3 cercles aux sommets, ainsi qu'à ceux dessinant une Etoile de David. Le plus simple de ce dernier type est apparu le 2 septembre 2001 à Red Deer.
  C'était en lien avec les châteaux triangulaires de Sisak et Wewel, dont les noms évoquent BaBeL et son codage atbash SiSaK dans la Bible. Il m'était essentiel qu'un lieu d'apparition d'un crop "Etoile de David" soit Oliver's Castle, OLIVER étant constitué de trois couples atbash dans notre alphabet (EV, IR, OL), et RED DER est un autre type de renversement.

  Je ne peux qu'inviter à lire au moins ce billet de 2009. La fin de cette année 2009 a été marquée par des coïncidences touchant le hibou, en hébreu kos, un nom évoquant aussitôt Jung (avec son basileus de Kos), se renversant en sok, "oindre", synonyme de masha'h qui a donné Messie.
  Il était question dans ce dernier billet de 2009 du précédent, qu'à nouveau je dois conseiller de lire dans son intégralité. Il était largement consacré à un rêve où m'était apparu le mot allemand salben, "oindre", ce qui m'avait conduit à découvrir une correspondance atbash entre les mots hébreux "argent" et "sable", vus comme les couleurs héraldiques "blanc" et "noir", "d'argent" et "de sable".
  KSP, "argent", a pour atbash LHW, permutation circulaire de HWL, "sable" (HOL dans le billet), et une représentation circulaire m'avait permis de passer outre cette anicroche:
  Des explications sont données sur le billet de 2009, mais j'ai alors manqué un vertigineux prolongement.
  KWS, kos, serait donc dans la Bible le hibou, animal impur. Or il s'agit de 3 lettres de mon cercle KSP-HWL, et l'atbash de KWS est LPH, dont une permutation circulaire est HLP, halaf, "changer" (les mêmes lettres lues hillef signifient "échanger" en hébreu moderne).
  Lors de sa NDE de 1944, Jung s'est vu rappelé sur terre par son médecin Haemmerli, sous la forme archétypale de basileus (roi, prince) de Kos, auréolé d'une couronne d'or (Hippocrate, père de la médecine, est né à Kos). Cette forme archétypale lui a fait penser que Haemmerli était proche de la mort, et allait échanger sa vie avec la guérison de Jung.
  Ainsi le tserouf livre ce jeu remarquable entre "Kos" et "échanger", même si l'île Kos s'écrit קוס, QWS en hébreu moderne, et je ne l'aurais probablement jamais vu si le changeant Optus Warhole n'avait pour anagramme "tserouph a owl".

  Piètre hébraïsant, j'ai dû chercher dans mes dictionnaires KWS et les anagrammes de son atbash LPH, mais j'avais ces mêmes dictionnaires en 2009, où j'aurais eu plus de motivations pour faire cette recherche. Je constate que je donnais les références Strong pour KWS et SWK, et que je n'avais certainement pas regardé attentivement le Sander & Trenel qui envisage aussi le sens de "pélican" pour kos; or le "die Salbe" de mon rêve m'avait conduit au peintre animalier Basil Ede, spécialisé dans les oiseaux, et le choix de ce pélican dans le contexte de l'Etoile de David a été à plusieurs reprises souligné comme coïncidentiel, dernièrement ici.

  Des "hiboux mutins" s'étaient invités en 2006 dans mon anagramme du sonnet de valeur 6272 de Perec, avant que je découvre que Jung avait vécu 6272 jours après le 4/4/44.

  Mon dictionnaire d'hébreu moderne donne aussi à HLP, vocalisé hellaf, le sens de "couteau", et ceci peut renvoyer aux couteaux Gefro et Gimel...

  Une autre piste suivie à partir de JINA m'a conduit à ANJI. C'est le titre sous lequel est répertoriée la pièce de guitarpicking Angi créée par Davey Graham en 1961, ensuite enregistrée par Bert Jansch en 1965 sous le titre Angie, puis par Paul Simon sous le titre Anji.
  Roger Mason me l'a apprise en 1968 chez Lionel Rocheman, le Daddy Shlomo auquel était dédié le billet auquel je renvoyais dans l'antépénultième paragraphe.
  Je n'ai évoqué Davey Graham, vu jadis en nocturne aux Cousins à Londres, qu'une fois sur Quaternité, dans le billet du 12/05/09 qui lui était dédié, peu après avoir appris son décès. Il y avait un croisement avec Borges, via l'acteur James Fox.

  Je contais dans le billet du 14 août un rêve où j'avais vu une silhouette filiforme de Borges, accompagnée des lettres Y YO, ce qui m'avait amené au court texte Borges y yo, que je n'étais pas sûr de connaître.
  Depuis, je me suis rendu à la médiathèque de Manosque, et j'y ai trouvé L'auteur et autres textes, le recueil où figure Borges et moi, et Borges y yo, car c'est une édition bilingue, et je me suis souvenu l'avoir emprunté jadis à Digne, et lu à Mézel.
  Donc je connaissais Borges y yo, et je retrouve dans ce recueil un poème qui me frappe particulièrement après la lecture du thriller Le maître des énigmes, où l'artisan Gaston LaMoriette, qui signe GLM, anime une poupée grâce à un cercle magique d'Aboulafia, formé de 72 lettres hébraïques codant pour une forme particulière du Tétragramme YHWH, secret transmis par les descendants du Maharal de Prague, lequel aurait créé le Golem au XVIe siècle.
  La mystique juive associe souvent le nombre 72 au Nom secret de Dieu. C'est par exemple la valeur "yodatée" des lettres du Tétragramme:
YWD HY WYW HY = 72.

  Le poème de Borges est El Golem (1958), Le Golem, composé de 18 quatrains, soit 72 vers. Il y est à plusieurs reprises question du Nom, d'abord dans le second quatrain:
Y, hecho de consonantes y vocales,
habrá un terrible Nombre, que la esencia
cifre de Dios y que la Omnipotencia
guarde en letras y sílabas cabales.
  Le quatrain compte 26 mots, valeur de YHWH, et il en va de même de la traduction française de Roger Caillois (avec un seul mot pour "Toute-Puissance"):
Alors, fait de consonnes et de voyelles,
Doit exister un Nom terrible qui condense
L'être de Dieu et sa Toute-Puissance
En lettres et syllabes essentielles.
  Je ne fais que remarquer ces 72 vers et 26 mots, sans préjuger d'une intentionnalité, et je note aussi que ce seul quatrain débute par Y, "et", ce qui peut amener divers commentaires.
  Y est la première lettre de YHWH, et désigne YHWH lui-même dans L'adversaire de Queen, roman vraisemblablement inspiré par La mort et la boussole de Borges.
  L'une des manières d'écrire le Tétragramme est YY (car l'interdit ne touche pas que sa prononciation).
  Une très grande partie des versets de la Bible débute par un "Waw conversif". La lettre W seule, agglutinée au mot suivant, est la copulative "et", mais dans le cas d'un verbe elle ne se traduit en principe pas et change le temps du verbe, et la phrase hébraïque débute en principe par le verbe..

  Manosque avait aussi Anthologie personnelle, une sélection de 48 textes que Borges a faite en 1961, qui n'est parue en français qu'en 2016. Je suis épaté que le premier texte soit La mort et la boussole, probablement le seul autre texte de Borges où il est question du Nom, YHWH (ou JHVH). Le 13e est Le Golem, dans une nouvelle traduction, en alexandrins, de JP Bernès et N Ibarra; voici le second quatrain:
Un Nom terrible existe donc, par quoi l'essence
De Dieu même est chiffrée - et c'est un mot humain,
Qu'épelle l'alphabet, que peut tracer la main;
Celui qui le prononce a la Toute-Puissance.
  La traduction de Caillois semble plus fidèle, mais j'apprécie le "chiffre", même s'il n'est pas respecté (36 ou 37 mots)...

  Je rappelle que Le maître des énigmes offrait au début une version incomplète du cercle d'Aboulafia, où ce groupe de lettres isolé m'avait fait l'effet d'un boulet de canon, יבצ, soit ÇBY, tsevi, "cerf", dont l'atbash est HSM, HaShem, "Le Nom", désignation de YHWH, alors que HaShem, explicitement présent, était le coeur de l'énigme.

  Les mots tsevi et tserouf semblent particulièrement s'imposer dans les récents développements de ma recherche, et ils ont pour autre point commun de débuter par la 18e lettre, צ, Tsade.
   Mon précédent billet m'a fait évoquer une représentation de l'arbre des sefirot que j'avais imaginée il y a 30 ans, où Tsade correspond à la 10e sefira, Malkhout (la Royauté), or le cercle d'Aboulafia, faisant partie d'une série de 10, est dit lié à cette 10e sefira.

  En juin, je m'intéressais au personnage Stéphane de L'anneau de Moebius, communiquant avec son "moi" du futur, Stéfur, anagramme de tseruf. L'autre personnage principal du roman est VIC, or une transcription possible de יבצ est ÇVI. Je l'ai envisagée ici à partir de la valeur 3229, lue 3-22-9, de mon losange codé par un résumé de La mort et la boussole.
  Il y a un cerf dans le roman de Thilliez, ou plutôt il n'y en a pas, car Stéphane a fait une sortie de route aux conséquences dramatiques, provoquée par une influence inconsciente de Stéfur. Stéphane prétexte avoir voulu éviter un cerf.

  Comme prévu, je n'ai pu aborder tous les sujets programmés au départ, et il faut tout de même au moins que je dise quelques mots de celui qui a donné son titre au billet.
  Il était jadis admis de considérer comme équivalentes pour les anagrammes les lettres I-J et U-V, confondues dans l'alphabet latin, ainsi des anagrammes valides de TSEVI seraient SUITE et JUSTE.
  J'avais été frappé que Perec ait consacré une page entière de La Vie mode d'emploi à la descendance de Juste Gratiolet (1839-1917), semblant inspiré par un personnage presque mythique de sa famille adoptive, Jacques Bienenfeld. Juste a eu 5 fils, de 1870 à 1880, Emile, Louis, Gérard, Olivier, et Ferdinand. Perec connaissait l'allemand, et il est sans doute intentionnel que les 5 initiales de ces fils forment le mot FOLGE, "suite", juste prolongement de JUSTE.
  Je ne sais plus où j'ai développé cela, et je me souviens que l'oiseau allemand y jouait un rôle, Vogel, anagramme phonétique de Folge. Aujourd'hui, je rappelle que, en hébreu, le mot de 4 lettres ÇRWP, tserouf, "anagramme", est l'anagramme de ÇPWR, tsippor, "oiseau".