1.6.23

du triangle TRES au losange FOUR (la magie)

à JC et CJ

  J'ai donc vécu en 2023 ma première année où Pâques tombe le 9 avril, de même qu'en 1944 où s'est produit l'événement fondateur de ce blog, l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44, mardi de la Semaine sainte.
  Comme je l'avais expliqué ici, cette Semaine sainte 1944 était loin d'être quelconque, car elle était la première du calendrier grégorien à offrir les conditions exactes de celle de 30, l'année supposée de la crucifixion de Jésus, la veille de la Pâque juive, précisée être un samedi. La prochaine occurrence ne reviendra qu'en 2479.
  JC (Jésus Christ) et CJ (Carl Jung) seraient "ressuscités" en cette rare semaine...

  A souligner que ce n'est sans doute pas par hasard si ce miracle de la résurrection est survenu lors de la fête juive la plus importante. Une nouvelle religion se doit d'utiliser les fêtes de celle qu'elle entend remplacer, et c'est ainsi qu'on a ensuite fait naître Jésus au solstice d'hiver, pour remplacer la fête romaine du Sol invictus, et Saint Jean au solstice d'été.
  A croire qu'on ait comploté pour remplacer le christianisme par le jungisme, mais il est plus facile de vérifier ce qui s'est passé voici 80 ans à la clinique Hirslanden de Zürich que voici 2000 ans en Palestine.

  Je nourrissais quelque espoir qu'il se passe quelque chose en cette semaine si particulière, et le 3 avril a été marqué par une découverte bachienne importante, dont la pleine signification m'est apparue au réveil le lendemain, le 4/4, et elle concernait les 4 lettres BACH.
  J'ai laissé mûrir un autre dessillement survenu le soir du 9 avril, Pâques.
  Il y a longtemps que je m'intéresse à la Zwi Migdal, l'association de proxénètes juifs ayant essentiellement sévi dans la première moitié du 20e siècle en Argentine, mais aussi dans les deux Amériques. C'est le film Meurtres en cascade (1979) qui m'a appris son existence, dans les années 90, mais ce n'est que vers 2007 que j'ai fait le lien avec la nouvelle de Borges La mort et la boussole, où il est question des bordels du quartier juif de Buenos Aires, qu'on appelait couramment des "zwi migdal", ce qui signifie littéralement "cerf tour", et la nouvelle se déroule entre l'Hôtel du Nord (en français dans le texte, et Borges connaissait certainement le film de Carné, dont les personnages essentiels sont la putain Raymonde et son souteneur Edmond), "tour qui a l'apparence générale d'une maison close", où est tué un rabbin, et le mirador de la villa Triste-le-Roy, au Sud, où est tué le détective Lönnrot, tombé dans le piège de son ennemi Red Scharlach qui avait complété le premier crime, purement crapuleux, par deux autres incidents criminels, à l'Ouest et à l'Est, avec des indices métaphysiques propres à faire deviner à Lönnrot qu'un autre crime allait survenir dans la nuit du 3 au 4 mars à Triste-le-Roy.

  Comme le rabbin avait écrit avant sa mort La première lettre du Nom a été articulée, Scharlach a complété ses autres incidents par les messages La deuxième lettre... et La dernière lettre... Un message envoyé à la police signale que les lieux des trois crimes commis le 3 du mois formaient "les sommets parfaits d'un triangle équilatéral et mystique", et qu'en conséquence il n'y aurait pas de nouveau crime le 3 mars.
  Divers indices, en partie subliminaux, comme les costumes d'Arlequins des hommes qui ont enlevé Gryphius le 3 février, amènent Lönnrot a soupçonner que le schéma ternaire est en fait quaternaire. Les incidents ont eu lieu après le coucher du soleil, or "le jour hébreu commence après le coucher du soleil". Par ailleurs, le Nom est la désignation du Tétragramme, JHVH en 4 lettres.
  Ainsi la boussole mène Lönnrot au Sud, au 4e sommet d'un losange.
  Ce schéma avec les noms des victimes

m'avait fait lire MYGDAEL dans leurs initiales, MYGDAL en omettant le prénom Erik.
  Aujourd'hui 30 mai, une consultation du texte original m'a fait remarquer que, dans la description de l'Hôtel du Nord qui réunit "la haïssable blancheur d'une clinique, la divisibilité numérotée d'une prison et l'apparence générale d'une maison close", la dernière proposition est en espagnol
y la apariencia general de una casa mala
et une réorganisation de ces mots livre
una casa Mala Y General De Apariencia La
una casa MYGDAL, une maison migdal, un bordel...


  J'imagine que certains verront dans ces deux MYGDAL et leur contextualité une évidente intention de Borges, ce qui est bien possible, mais difficile à prouver, et pour ma part l'éventuelle intentionnalité ne résoudrait en rien les multiples coïncidences associées à La mort et la boussole, celles déjà vues, j'y reviendrai, et les nouvelles.
  Le soir du dimanche de Pâques, il m'est venu que la traduction de zwi migdal, "cerf tour", était composée des mêmes phonèmes que tserouf, le terme kabbalistique désignant divers procédés métatextuels, comme l'anagramme, ou l'acrostiche dont je viens de donner des exemples, le second étant d'ailleurs un acrostiche anagrammatique.

  Ceci à condition que le F de CERF soit sonore. Ceci a longtemps été le cas, et Littré donnait au 19e siècle les deux prononciations. Ces deux prononciations existent encore actuellement au Canada.
  Ce mot m'est essentiel depuis longtemps, il peut être transcrit de différentes façons, comme serouf, et j'avais ainsi baptisé en 2000 un personnage de roman Michel Sérouf, à partir de mon nom.
  Un auteur qui m'est très proche par certains côtés (et très éloigné par d'autres), Jean Ricardou, a introduit le tserouf dans une nouvelle de 1963, sous forme d'anagramme dans une grille de mots croisés:

Il ne serait point trop malaisé, notamment, de partir des trois groupes ou - sixième rangée, er -sixième colonne -, et tsf - dixième colonne - et de retrouver une combinaison de leurs lettres telle que le vocable hébreu tserouf soit figuré.
  Ricardou, grand amateur d'anagrammes, avait une amie kabbaliste (à qui cette nouvelle était dédiée). Il avait transformé ses initiales JR en une signature en forme de patte d'oiseau. Ursula lui avait elle-dit qu'en hébreu, "oiseau" était l'anagramme de tserouf ?
Ceci m'avait conduit à proposer l'anagramme "très fou" dans ma communication à Cerisy.

  La découverte du 9 avril m'a fait chercher des anagrammes de zwi migdal en hébreu, de "cerf tour" dans des langues plus proches...
  Ce n'est que le soir du 24 mai que l'illumination est venue: si "tserouf" donne "très fou", alors "tserrouf" donne "tres four", en lisant tres comme "trois" espagnol et four comme "quatre" anglais. C'est précisément le point crucial de la nouvelle, où plusieurs langues sont convoquées: Red Scharlach (anglais allemand) doit convaincre Lönnrot (suédois) que les 3 apparents cachent des 4, pour l'attirer à Triste-le-Roy (français), au moyen d'un livre en latin, où le passage sur le jour hébreu a été souligné, et d'un mot grec, Tetragrammaton.
  A nouveau, je ne suis pas sûr du tout, et même je doute fort, que Borges ait pensé à ce passage de "cerf tour" à "tres four", mais ça fait sens, et d'autant plus que cette nouvelle de Borges aurait pu être son premier texte traduit à l'étranger, en anglais.

  J'ai déjà indiqué que Anthony Boucher en avait effectué une traduction pour le Ellery Queen Mystery Magazine dirigé par Fred Dannay (l'un des cousins signant Ellery Queen). J'ai jadis lu la lettre de refus de Dannay à Boucher, proposée il y a bien des années sur eBay, mais je ne m'intéressais pas particulièrement alors à la nouvelle et j'ai négligé de prendre copie de la lettre, où d'ailleurs Dannay ne faisait que déclarer que la nouvelle ne convenait pas aux lecteurs d'EQMM, mais je regrette de n'avoir pas la date exacte. C'était sans doute en 1947, car Boucher fit d'autres traductions de Borges, et Dannay accepta Le jardin aux sentiers qui bifurquent, paru en août 1948 dans EQMM (première traduction en anglais de Borges).
  Or cette nouvelle est bien moins policière que La mort et la boussole,  et le refus de Dannay pourrait bien avoir été motivé par le fait qu'il avait en chantier un roman où un plan criminel faisait intervenir le Tétragrammaton JHWH et l'anagramme, La décade prodigieuse, qui paraîtrait en 1948.

  Dans le genre cerf, je serais plutôt dans l'espèce "cerveau lent", car ce n'est que ce 30 mai qu'il m'est apparu quelque chose que j'aurais pu voir il y a 25 ans, où j'avais remarqué ceci.
  Le Tétragramme JHWH a cette particularité qu'il est interdit de le prononcer, et qu'il est remplacé dans la lecture synagogale par un autre tétragramme, ADNY, adonaï, "Seigneur". Dans l'adaptation en 1945 de Dix petits nègres par René Clair, chaque Nigger est devenu un Indian, un mot composé des mêmes lettres que la translittération ADNI (ou ADNY).
  Or La décade prodigieuse est en quelque sorte une réponse à Dix petits nègres, dont le succès en 1940 avait empêché la parution du nouveau Queen, Il était une vieille femme, également basé sur les comptines. Dannay a donné une dimension métaphysique à son roman en basant son intrigue sur la violation des Dix Commandements, dont la profanation du Nom sacré de Dieu.
  Comment n'avais-je pu voir que DANNAY est aussi formé des lettres ADNY, et comment, lorsque j'en suis venu à associer La décade prodigieuse et La mort et la boussole, que l'instigateur du plan JHVH y est surnommé DANDY?
  Daniel Nathan a choisi à sa majorité de s'appeler Frederic Dannay, le nom étant une sorte d'acrostiche, formé des deux syllabes initiales de ses prénom et nom de naissance. Il est probable que ce nom lui rappelait aussi son diminutif courant, DANNY. A remarquer que la seconde victime chez Borges est Daniel Azevedo, suriné par Scharlach le Dandy (Acevedo était le nom de la mère de Borges).
  Le mot Dandy apparaît deux fois chez Borges, au début de la nouvelle où le second surnom du gangster est dit être Scharlach el Dandy, puis après le 3e incident, l'enlèvement de Gryphius par les Arlequins, où Dandy Red Scharlach fait savoir que de tels crimes ne pourraient se produire dans son district du Sud.

  Deux autres choses à propos de ce nom. L'identité de "Gryphius" est confuse, il est aussi appelé Ginzberg ou Ginsburg, et son rôle était tenu par Red Scharlach, lequel le revendique lors du dénouement: Gryphius-Ginzberg-Ginsburg soy yo. Ces trois noms débutent par la lettre G, originellement gimel, 3e lettre de l'alphabet hébraïque, peut-être pour souligner l'aspect trinitaire des crimes.
  Mais Dandy débute par D, 4e lettre, daleth hébraïque qui signifie "porte", et une "porte", "portière" ou "portail" intervient dans chacun des incidents.
  Seconde chose, Dandy Red Scharlach forme l'acrostiche DRS, drash, correspondant en hébreu à "recherche", 3e des 4 niveaux de lecture traditionnels de la Bible, eux-mêmes résumés par l'acronyme PaRDèS (paradis).
 

  Autre "révélation" de ce 29 mai. Je me suis demandé comment se disait "cerf" dans la langue de Borges, et c'est ciervo, mais un hasard a voulu que je tombe sur le wiktionary anglais, qui en donne l'étymologie
from Latin cervus, from Proto-Indo-European *ḱr̥h₂wós, from *ḱerh₂- (horn) (cf. Latin cornu)
  Ainsi "cerf" est directement lié à "corne", ce qui se comprend, mais n'avait rien d'évident. Or, si c'est un "Dandy" qui a manipulé le détective Erik Lönnrot (EL, "Dieu" en hébreu) avec son plan JHVH, et chez Dannay c'est Diedrich van Horn ("corne") qui manipule le détective Ellery, couramment appelé El, pour lui faire penser que son fils adoptif Howard, a entrepris de transgresser les Dix commandements, alors que son péché essentiel est d'avoir couché avec la femme de Diedrich. Si Howard viole effectivement plusieurs autres commandements, c'est à l'instigation de Diedrich, qui l'a amené à penser que son nom réel est H.H. Waye, anagramme de Yahweh, et à sculpter des dieux du panthéon grec.
  Howard, admiratif de Diedrich, l'a pris pour modèle pour une sculpture de Moïse, mais il n'est pas précisé s'il lui a fait porter réellement les cornes, comme Michel-Ange, selon une erreur de la Vulgate, l'hébreu QRN signifiant aussi bien "être cornu" que "rayonner".
  Or un autre procédé du tserouf est l'atbash, consistant à remplacer les lettres d'un mot par leurs correspondantes dans l'alphabet écrit à rebours, procédé effectivement présent dans la Bible (et à l'origine d'autres contresens de la Vulgate).
  Le mot zwi, dont une translittération tsevi serait plus conforme, s'écrit en hébreu par les 3 lettres צבי, ÇBY, dont l'atbash est השם, HSM, se lisant HaShem, "Le Nom", formule désignant le Tétragramme YHWH dans les usages courants (dans un verset biblique, le Nom interdit est lu adonay à la synagogue et hashem ailleurs) .
  Il se trouve que le renversement des lettres HSM donne MSH, Moshe, Moïse. Ainsi l'homme auquel HSM a transmis sa Loi est MSH, Ainsi Borges a imaginé des meurtres au nom de JHVH, via Dandy, sur fond de ÇBY migdal, ÇBY codant pour HSM, et Dannay de son côté via Horn, apparenté au cerf  ÇBY...

  Une phrase de l'édition originale du roman de Queen a été omise dans la plupart des éditions françaises, excepté celle du Livre de Poche en 1973: 
  Howard straightened a stag head which needed no straightening.
  Howard redressa une tête de cerf qui n'en avait aucun besoin.
  Est-ce Dannay qui a écrit cette phrase, ou son cousin Lee dont la tâche était de développer les synopsis de Dannay, et qui appréciait fort peu ce projet?
  Quoi qu'il en soit, juste après avoir découvert la parenté entre "cerf" et "corne" j'ai dû me rendre au WC, un trône moins divin. Il y a trois WC dans la maison que nous avons acquise en 2014, oeuvre du maçon retraité Pierre Gouillard, l'un au RDC, un autre à l'étage principal d'habitation, entouré d'une terrasse avec un autre WC à l'arrière de la maison, donnant sur la nature, celui que je privilégie.
  Après avoir fait mon affaire, mon oeil est tombé sur un endroit de la porte, bricolée à partir de lames de parquet. Certaines de ces lames (3 sur 6) sont ornées tous les 15 cm environ d'un motif, marqué j'imagine avec un fer rouge, et ce motif est une biche bondissante...
  A bien y réfléchir, j'avais déjà remarqué ces motifs, mais il y a bien longtemps que je n'y avais prêté attention, et il est imaginable qu'un mécanisme inconscient m'ait induit à y poser mon regard après la découverte du lien étymologique.

  Il y a autre chose: deux ou trois jours avant, assez tôt le matin, j'ai vu deux biches traverser en bondissant le terrain de ma voisine, de l'autre côté de la route. Je n'ai souvenir que d'un autre cas de passage de biche près de la maison, la première année de notre installation, et il n'y en avait qu'une.
  Je ne suis pas expert en matière de cervidés, et il doit plutôt s'agir de chevreuils. Bien qu'ils soient assez abondants dans les bois alentour, ils s'aventurent rarement près du village. J'en croise régulièrement dans mes balades, ne faisant le plus souvent que les entendre s'enfuyant dans les fourrés. 

  Ceci me rappelle que Robert Graves a d'abord appelé Le chevreuil dans le fourré le livre qui paraîtrait sous le titre La déesse blanche (The White Goddess, 1948). Dans une postface de l'édition de 1960, il date sa première approche du thème de la semaine pascale de 1944, où il a été saisi d'une telle frénésie d'écriture que sa plume n'arrivait pas à suivre le flux de sa pensée...
  Le livre que je lisais au chiotte hier (j'écris maintenant le 31), était Midnight Runner, de Jack Higgins (2004), un livre vagabond embarqué le mercredi précédent à cause de sa première phrase,
C'est un nom bien irlandais que celui de Daniel Quinn.
parce qu'un billet de 2014, le dernier écrit à Mézel, était intitulé four Daniel Quinn, et que j'attendais quelque chose d'un cinquième Daniel Quinn. Hélas c'est bien un bouquin à chier, et la seule chose à en dire est que Jung est mentionné en page 75, mais que le traducteur a rendu synchronicity par "synchronisme", erreur déjà rencontrée (ainsi que celle inverse).
  La dernière fois que j'avais lu un Jack Higgins, c'était en 2013, parce que j'avais appris qu'il se passait en avril 1944; la seule date qui y était précisée était le 7 avril, 40e anniversaire du héros, et pour moi premier Vendredi saint offrant les conditions exactes du jour souvent admis pour la Crucifixion.

  Et bien sûr Daniel Nathan, alias Dannay, alias Queen, a conçu un polar métaphysique couvrant cette semaine sainte de 1944, souvent commenté, notamment ici.

  En ce 31 mai, une autre découverte que j'aurais pu faire bien plus tôt. Malgré sa brièveté, la nouvelle de Borges est très riche, et je me suis enfin arrêté sur ce passage, où Scharlach explique à Lönnrot
(...) la série des crimes était "triple". C'est ainsi que le comprit le public; moi, cependant, j'intercalai des indices pour que vous, le raisonneur Erik Lönnrot, compreniez qu'elle était "quadruple". Un prodige au Nord, d'autres à l'Est et à l'Ouest réclament un quatrième prodige au Sud (...)
  Le titre original de La décade prodigieuse est Ten days' wonder, "le prodige de dix jours", basé sur l'expression nine days' wonder qui désigne un succès éphémère. J'imagine l'état d'esprit de Dannay, bataillant depuis des mois avec son cousin pour lui faire accepter son synopsis, et découvrant que son idée d'un criminel exploitant la cérébralité d'un détective avait été brillamment utilisée des années plus tôt dans une courte nouvelle, avec bien des points communs: Tetragrammaton, indices numériques disposés par le criminel (des 4 chez Borges, des 10 chez Queen), et jusqu'à ce "prodige" demandant à être dépassé...

 1er juin. Hier soir m'est venue une autre coïncidence "cervicale". Le lexique Strong transcrit le mot ZWI ou ÇBY par tsbiy, avec pour prononciation tseb-ee. Les sons b et v sont rendus par une seule lettre en hébreu, et la translittération de la fricative utilise souvent B, bh, b, ou b- chez Strong.
  L'alphabet espagnol possède les lettres B et V, mais il est fort difficile à un étranger de différencier leurs prononciations, et wiktionary donne ainsi à ciervo pour prononciation (argentine) ˈsjeɾbo.
  Donc si V = B, CIERVO = CIERBO, et la nouvelle de Borges que Dannay accepta de publier pour satisfaire son ami Boucher était Le jardin aux sentiers qui bifurquent, histoire d'un espion allemand en Angleterre pendant la Grande Guerre qui communique à Berlin un lieu stratégique en France, ALBERT, en assassinant une personne de ce nom. Dans la première version de la nouvelle, le lieu et la personne étaient CORBIE, exacte anagramme de CIERBO.

  J'ai encore bien des choses à ajouter, et j'avais promis au début du billet de rappeler les coïncidences déjà vues dans La mort et la boussole... Il y aura donc un autre billet, au moins, et je me contenterai de rappeler la coïncidence du 11 janvier dernier, d'abord contée ici.
  Je venais récemment d'apprendre que Borges faisait allusion à des personnes et des endroits réels dans sa nouvelle, notamment au faubourg mafieux au Sud de Buenos Aires, Avellaneda. Ce mot est dérivé de avellana, "noisette", ce qui m'a fait envisager un jeu avec almendra, "amande", issu du latin amygdala, du grec amygdalê.
  Ce 11 janvier, que je m'avise aujourd'hui être l'anniversaire de Lee, le cousin de Dannay, j'avais repensé à un des premiers romans de Queen, où j'avais vu une première possibilité d'acrostiche du Tétragramme JHWH.
  Je suis parti en promenade vers midi, en réfléchissant à ce roman de 1932, La tragédie de Y, dont une particularité est que l'arme du premier crime est une mandoline.
  Je me suis dit que l'instrument devait fort probablement son nom à sa caisse en forme d'amande, me promettant de le vérifier à mon retour à la maison. J'ai pensé à la lecture "(a)mygdale" des initiales des victimes de La mort et la boussole, me disant que si Dannay avait effectivement JHWH en tête en concevant ce roman, il avait 10 ans d'avance sur Borges.
 J'ai toujours un livre avec moi en balade, je repris sa lecture après cette réflexion, et vis en haut du papier qui me servait de marque-page le mot "Mandel". C'était une feuille de bibliographie d'une thèse de doctorat de physique quantique, en anglais, et je trouvai quelques lignes plus loin une référence à un article de A. Migdall.
 J'avais déchiré en deux la page originale, et ma demi-feuille ne contenait que 9 références. Je découvris de retour à la maison que cette thèse de doctorat de l'Autrichien Christoph Simon était téléchargeable ici, et que la 10e référence était un article de N.J. Cerf:

[61] L. Mandel, Nature 304, 188 (1983).
[62] S. Massar and S. Popescu, Phys. Rev. Lett. 74, 1259 (1995).
[63] N.D. Mermin, quant-ph/9912081.
[64] H.J. Metcalf and P. van der Straten, Laser Cooling and Trapping (SpringerVerlag, New York, 1999).
[65] D. Meyer, Phys. Rev. Lett. 83, 3751 (1999).
[66] M. Michler, H. Weinfurter, and M. Zukowski, Phys. Rev. Lett. 84, 5457 (2000).
[67] A. Migdall, Phys. Today, January 1999, p. 41 (1999).
[68] P.W. Milonni and M.L. Hardies, Phys. Lett. 92A, 321 (1982).
[69] C. Monroe, D.M. Meekhof, B.E. King, W.M. Itano, and D.J. Wineland, Phys. Rev. Lett. 75, 4714 (1995).
[70] N.J. Cerf, Acta Phys. Slov. 48, 115 (1998).

  Mon enquête m'a appris que Leonard Mandel, Alan Migdall, Nicolas Cerf, sont des physiciens renommés, et qu'en conséquence leur présence conjointe dans une bibliographie n'a rien d'exceptionnel, mais la proximité ici de Migdall et Cerf (Zwi!) est probablement unique, car une bibliographie scientifique se doit de respecter l'ordre alphabétique, et cette rubrique aurait dû être la référence [26].
  Tout apprenti kabbaliste sait que 26 est la valeur du Tétragramme JHWH, or j'énonçais supra que l'hébreu zwi, "cerf", est l'atbash de ha-shem, désignation orale du Tétragramme.

  Une thèse de doctorat n'est souvent qu'une formalité du cursus universitaire, et il est rare qu'elle contienne des innovations marquantes. Je suis bien incapable d'apprécier le contenu de celle-ci, n'ayant aucune compétence en physique quantique, mais j'imagine qu'elle n'a dû être imprimée qu'à un nombre très limité d'exemplaires, essentiellement pour les membres du jury, et je laisse apprécier la somme de hasards ayant permis
- qu'un exemplaire atterrisse à la décharge de Quinson;
- que je le récupère peu après, pour utiliser les versos vierges des feuilles;
- que des années plus tard la demi-feuille avec les noms Mandel et Migdall soit tombée sous mes yeux juste après avoir relié "mandoline" et "migdal";
- que précisément ma demi-feuille ne contenait que 9 références, la 10e suivante étant Cerf, alors que La décade prodigieuse est construit en deux parties, Les 9 premiers jours et Le 10e jour, cette dernière partie étant elle-même divisée en 10 sections numérotées de 1 à 10.


  Comme expliqué dans le précédent billet, j'avais d'abord pensé publier celui-ci d'abord, jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'en les intervertissant il aurait le numéro 376, valeur de tserouf. J'avais d'abord prévu de titrer ce billet
du triangle TRES au losange FOUR
dont accessoirement la valeur est 328, et il m'a semblé devoir y adjoindre quelque chose de valeur 48 pour parvenir à 376:
du triangle TRES au losange FOUR (la magie)
  Après coup, je me suis avisé que le titre, choisi pour exprimer tres-four, 3-4, comptait ainsi 34 lettres.



29.5.23

de Sol à Luna, en passant par Mercurius


pour Daddy Shlomo

  Retour à La mémoire fantôme (2007), et à sa spirale de Bernoulli, sur laquelle l'attention des enquêteurs est attirée par une curiosité.
  En avril 2007, la mathématicienne amnésique antérograde Manon Moinet est enlevée. Dans la cabane à proximité de Raismes où elle a été séquestrée, un message l'envoie à une maison de Hem. Là, deux messages l'attendent, la formule "Si tu aimes l’air, tu redouteras ma rage.", un cryptogramme qui lui livre le numéro de Sécurité Soviale d'une criminelle, récemment libérée et habitant Rœux. On la trouve morte, selon le mode opératoire d'un tueur ayant sévi des années plus tôt, notamment assassin de la soeur de Manon.
  Manon comprend que "Si tu aimes l’air" doit se lire "si tu M l'R", "si tu transformes un R en M", et que la formule "tu redouteras ma rage" est alors l'anagramme de Eadem mutata resurgo, la formule  figurant sur la tombe de Jacques Bernoulli à Bâle, décrivant sa Spira mirabilis, "Changée en moi-même, je renais."
  Manon s'aperçoit encore que les trois lieux concernés sont les sommets d'une figure parfaite:
— Ces endroits qui concernent notre affaire… Raismes, Hem, Rœux, eh bien, ils forment un triangle équilatéral, les trois côtés sont strictement égaux. Prenez une carte routière, et vérifiez ! Vérifiez ! Exactement cinquante kilomètres entre l’abri dans la forêt, proche de Raismes, et Hem, entre Hem et Rœux, et entre Rœux et la forêt !
  J'ai bien entendu voulu vérifier, et il n'y a aucune possibilité de parvenir à un triangle équilatéral en restant dans les communes désignées. Et les distances sont toutes inférieures à 45 km.
 

  Thilliez avait l'embarras du choix pour choisir des lieux formant un parfait triangle équilatéral, mais je vois une raison ayant pu dicter ces choix.
  Ils seraient liés aux initiales de la formule Eadem Mutata Resurgo, E-M-R, car ces communes ont pour seuls phonèmes consonantiques M et R. Leurs phonèmes vocaliques sont Ê et EU, flexions de E.
  Ainsi les deux lieux "obligés" ont pour phonèmes consonantiques R et M, et celui choisi pour aiguiller Manon vers eux réunit R et M...

  J'ai repéré d'autres jeux que Thilliez réserve à lui-même et à quelques lecteurs idéaux, quitte à saboter la plausibilité de ses récits, ainsi MAnon MOINET recèle en son nom l'AMMONITE, le mollusque spiralé intervenant dans le meurtre de Rœux, qu'elle a elle-même commis, afin de relancer l'enquête sur la mort de sa soeur.
  En y réfléchissant davantage, j'entrevois des possibilités non vues lors de ma première approche, ainsi Raismes se prononce REM, les initiales de la formule latine, et le latin admet de grandes latitudes dans l'ordre des mots, ainsi la formule pourrait tout aussi bien être Resurgo Eadem Mutata.
  Le tueur recherché est en fait un collectif de matheux, qui se réunissait en pleine MER, sur un îlot désert centre de leur spirale criminelle.
  Mais il y a des limites, et je n'imagine pas que Thilliez ait envisagé mon autre approche du nom RAISMES, le lieu synthétisant R et M.

  Dans Coran teint, Etienne Perrot était amené à rapprocher une appellation de Ramsès II, Le grand Ramessès, d'une expression vue en rêve pour désigner le groupe que Perrot animait, "le grand ramassis". Il transformait ce mot RAMASSIS en
RÂ - MASSe - IS(is),
soit Râ, le dieu soleil, Isis, assimilée à Sirius par les Egyptiens, puis à la Lune lorsque son culte est passé en Europe. Entre les deux, la "masse", ici une pierre cubique inspirée par un texte alchimique intitulé La masse du soleil et de la lune.
  J'ai abordé ceci en octobre 2015, et y suis revenu à diverses reprises ensuite, notamment en octobre 2016 avec ce détail d'un cryptogramme résolu par Robert Langdon dans Le symbole oublié de Dan Brown. Lune, pierre, et soleil se passent de commentaires; le symbole des trois bougies désigne en maçonnerie le soleil et la lune autour du Vénérable de la loge.

  Je renvoie à ces billets pour plus de détails, et remarque que Raismes, en plus de compléter Hem et Rœux, pourrait trouver sa place entre Ramassis et Ramesses. Avec autant de liberté que s'en permet Perrot, on peut y lire
Râ - Is - mes, soit Soleil, Lune, et mes, "mois" en espagnol et quelques autres langues. Le mois originel est le temps d'une lunaison (29 jours et quelque), on l'a ensuite adapté pour que 12 mois couvrent une année solaire (30 jours et quelque), mais le mois est toujours lunaire pour Arabes et Juifs par exemple.
  Sachant qu'on transcrit également le nom du dieu solaire égyptien par Rê, on peut arriver à une quasi équivalence avec le rébus de Perrot:
Rê - mas- Is.
  Ceci me satisfait pleinement, car j'ai vu une signification particulière aux associations MAS ou SAM, m'évoquant les lettres hébraïques Mem-Alef-Shin, les lettres mères selon le Sefer Yetsira, homologuées aux 3 éléments Eau-Air-Feu, et l'écriture du billet sur La mémoire fantôme m'a conduit à constater que les différents crimes du Thilliez précédent, Deuils de miel, numéro 13121 de la collection Pocket, utilisaient l'eau, le feu et l'air. Les rangs des lettres Mem-Alef-Shin sont 13-1-21 dans l'alphabet hébreu.

 A ces rangs 13-1-21 correspondent M-A-U dans notre alphabet, et la Polygraphie du chat Mau m'a mené au couteau allemand portant le symbole de la lune Mau.
  Je connaissais le nom allemand du "couteau", Messer, et la consultation aujourd'hui 27 mai des différents sens de mes sur Wiktionary m'a appris que le "couteau" néerlandais est mes. A nouveau l'intrication tend au vertige...

  Perrot joue lui-même avec MES et MAS en transformant "Ramessès II" en "Ramassez deux", à comprendre "réunissez les opposés", principe jungien de base.

  Soleil et Lune brillent par leur absence dans La mémoire fantôme, et c'est intentionnel car une note finale de Thilliez à ses lecteurs énonce:
  Vous pourrez également vous amuser à vérifier que jamais dans ce roman le soleil n’éclaire le ciel, livré aux ténèbres tout au long de ces pages. Et parmi la centaine de milliers de mots qui en constituent la trame, jamais vous ne verrez apparaître plaisir, joie ou espoir.
  Parce qu’ils ne se prêtaient pas à une telle histoire. Ou peut-être parce que je me suis laissé prendre aux jeux douloureux du Professeur, allant jusqu’à en inventer un moi-même…
  Le texte numérisé m'a permis de vérifier qu'aucun "soleil" n'y apparaissait, et qu'il n'y a non plus aucune "lune". Le mot "masse" apparaît en revanche, ainsi que le verbe "ramasser" dont deux occurrences sont notables, car associées au nombre 2.
  Chapitre 9, un indice est donné, à Raismes précisément, par des allumettes répandues sur le sol, Manon demande:
— Est-ce que vous avez touché aux allumettes ? demanda-t-elle. En avez-vous ramassé ?
— Deux trois, oui.
  Chapitre 38, l'organiseur de Manon est tombé dans les secousses agitant le bateau menant Lucie et elle à l'île Rouzic:
— On s’est pris une déferlante ! cria le pêcheur. Ça va ?
— Si on veut… répondit Lucie en ramassant l’organiseur éclaté en deux morceaux.
  Les ténèbres ne sont pas si totales, puisque Lucie est là pour les éclaircir, prénom issu de lux, lucis, "lumière".
  Ceci m'a donné l'idée de chercher les occurrences de "lumière" dans le roman, et d'en découvrir 35. La 18e, au milieu exact, est au chapitre 30:
le véhicule dépassa une station-service qui paraissait flotter dans l’air, tel le vaisseau de lumière de Rencontre du troisième type.
  Petite erreur, le film de Spielberg est Rencontres... au pluriel, mais cette mention m'est éclairante, car le survol du roman lors de cette recherche m'a fait croiser le nom de la première victime du Professeur, François Duval. Il m'a semblé que le cinéaste Jacques Lacombe du Syndrome [E] devait son nom au personnage Claude Lacombe de Spielberg, inspiré par Jacques Vallée (une combe est une vallée), et joué par François Truffaut.

  

  Deux amis cinéphiles renseignent les enquêteurs sur Lacombe, SZPILman et RotenBERG, ce qui semble une claire allusion à SPIELBERG.
  J'ai ensuite vu d'autres possibilités d'allusion à Jacques Vallée-Lacombe dans d'autres romans de Thilliez, ainsi un personnage de L'anneau de Moebius est le physicien Jacky Duval, un autre personnage se nommant Noël Siriel, alors qu'un pseudo de Vallée est Jérôme Sériel. Le romancier de L'encre et le sang se nomme Jack Malcombe.
  François Duval, portant cette fois le prénom de Truffaut, travaillait dans une société de production de microprocesseurs (en dehors de ses activités ufologiques, Vallée est ingénieur informaticien), à Lyon, ville connue pour sa Fête des Lumières.


  Comme je l'indiquais en octobre 2015, Perrot a manqué une piste, ignorant que le 'erev rav, le "grand mélange" qui accompagnait les Hébreux lors de l'Exode hors d'Egypte, était parfois traduit "ramassis". On trouve ainsi ce passage de la TOB associant Ramsès et ramassis:
Les fils d’Israël partirent de Ramsès pour Soukkoth, environ six cents milliers de fantassins, les hommes sans compter les enfants. Tout un ramassis de gens monta avec eux, avec du petit et du gros bétail en lourds troupeaux. (Ex 12,37-38)
   Je remarque au passage que Israël pourrait livrer
Is(is) - Râ, Lune et Soleil encore, et El, "Dieu" en hébreu.

  Mélanger grandement RAISMES pourrait conduire à MASSIER, ce qui m'est significatif en relation avec l'influence de Leblanc sur Thilliez étudiée ici, mais ce cas serait d'une sophistication si extrême que je doute de son intentionnalité (je doute aussi parfois de moi-même, peut-être prétentieux imbécile tentant de comprendre les méandres d'intelligences infiniment supérieures).
  Donc l'affaire de Raismes est un leurre, un trucage forgé par Manon pour relancer l'enquête sur l'assassinat de sa soeur, en y associant Lucie qu'elle idéalise après son enquête sur la Chambre des morts.
  Chez Leblanc sévit le mystérieux assassin LM dans 813. Une piste mène Lupin à Léon MASSIER, si solide que Massier est condamné à mort. A la veille de son exécution, Lupin comprend qu'il a été mené en bateau (comme Lucie par Manon chez Thilliez, aux sens propre et figuré) par la véritable criminelle, Dolorès Kesselbach, alias Laetitia Malreich, mais l'innocent Massier est déjà passé sous la guillotine.
  Très curieusement, ce roman paru en 1910 se passe en 1912, et il m'a semblé que Leblanc y avait joué avec la dernière éclipse annulaire de soleil ayant frôlé Paris, le 17 avril 1912. Les premiers meurtres de LM sont commis ce matin-là au Palace-Hôtel de Neuilly, et Dolorès Kesselbach en est d'autant plus insoupçonnable qu'elle arrive à l'hôtel à midi, mais Leblanc se garde bien de préciser qu'il faisait très sombre en ce rare midi, ce qui pourrait expliquer comment sa servante avait pu prendre sa place.
  Ceci, vu dès 1997, a été étudié ici, avec d'autres coïncidences touchant au 17 avril 1912. Tiens, je vois aujourd'hui que
MALREICH = MACIER + H + L (Hélios, Luna?)

  Le billet d' octobre 2015 étudiait aussi ceci, également repris dans divers billets ultérieurs:
  Perrot s'est livré à un jeu sur le mot "pélican", similaire à celui sur "ramassis". Au lieu du soleil et de la lune, le traducteur du Yi King met en avant deux autres principes opposés, Feu et Eau, en chinois Li et K'an.
  Il passe au français pour obtenir un symbole de conjonction, la Paix. Paix, Feu, et Eau sont des hexagrammes du Yi King, portant les numéros 11-30-29.
  J'ai notamment développé plusieurs échos entre li, "feu" et "lumière" en chinois, et or, mêmes sens en hébreu. L'un de ces échos était dans un autre thriller métaphysique dans le genre Dan Brown, La formule de Dieu de Rodriguez Dos Santos, où Einstein a laissé un message codé, ! il rsvb, qui livre par atbash (selon l'alphabet actuel) ! ro ihey, qu'il faut renverser pour obtenir yehi or !, la transcription de l'hébreu signifiant "Que la lumière soit !" (Gn 1,3), ou Fiat lux !
  J'avais notamment cité ici ce codage, juste après un rappel du jeu Paix-Li-Kan de Perrot, en soulignant que le jeu atbash LI-OR imaginé chez Einstein correspondait à une traduction chinois-hébreu. Je déplorais qu'il m'eût fallu 6 ans pour le voir, mais il y avait davantage, car aujourd'hui 27 mai, 147e jour de 2023, à environ 21 h, je m'avise que Perrot peut s'entendre paix-ro, avec ro codant pour li selon le double renversement attribué à Einstein. Or Perrot associait les numéros des hexagrammes Eau-Paix-Feu, 29-11-3(0), au code postal 29113 de son lieu de naissance, Audierne.
  S'il manque l'Eau, le jeu "Ramassez deux" souligne que Feu fait la paire avec Eau, "paire-eau"...

  A propos de code postal, Raismes est dans le Nord, département 59, 29+30, les hexagrammes Eau et Feu, et son code postal double cette somme, 5959(0).

  Ce n'est encore qu'en écrivant ce billet qu'il m'est venu que, si le triangle Hem-Rœux-Raismes est bien inspiré par MER, il y a quand même une certaine adéquation avec le symbole de l'eau, un triangle pointe en bas, même si l'orientation n'est pas ici vérifiée. Le billet précédent m'a conduit, via Thilliez, à la formule
L'eau va à la rivière,
et une autre banalité énonce que
Tous les fleuves vont à la mer, et la MER n'est pas REMplie.

  Je me suis demandé s'il y avait des possibilités de trouver un triangle de feu dans La mémoire fantôme, et des réponses sont vite venues.
  Le crime de Rœux, à proximité de Lille, est attribué au Professeur, dont le premier crime a eu lieu à Lyon. Ce serait son septième crime, et la victime médiale habitait Limoges, attirée à Poitiers pour respecter la spirale de Bernoulli.
 

  Le roman est marqué par un dernier meurtre, celui de Frédéric Moinet, frère de Manon, à l'île Rouzic, au large de Perros, là où ont été ourdis les crimes du "Professeur", par un collectif dont faisait partie Frédéric.
  Comme dit plus haut, le crime de Rœux est en fait l'oeuvre de Manon, pour relancer l'enquête sur la mort de sa soeur Karine à Caen, mort dont Frédéric était l'instigateur. Frédéric et Manon se sont ensuite installés à Lille (originellement "Lisle", "l'île"), et j'avais souligné cette mort du Lillois dans l'île sans penser au "feu" Li, ni à Caen, homophone de K'an, "eau".
  Et je découvre dans l'alignement approximatif Perros-Caen-Lille les syllabes pé-li-can...

  La réunion des deux triangles Eau et Feu en un Sceau de Salomon fait remarquer à Perrot que le nom du roi Shlomoh est de même étymologie que shalom, "paix" (d'une racine exprimant l'idée de complétude).
  J'observais pour ma part que les Anglo-Saxons transcrivent ce nom Solomon, en lequel je vois l'anagramme Sol-Moon (soleil latin, lune anglaise).
  J'avais deux sujets en vue après l'écriture du précédent billet, ces développements sur RAISMES, et une nouvelle approche du tserouf, "anagramme" en hébreu, ce par quoi j'ai commencé. En cours d'écriture, le 25, je me suis demandé quel était le numéro du billet en cours, soit 375, et il m'est venu aussitôt que c'était la gématrie de l'hébreu Shlomoh, alors que je comptais convoquer le jeu Solomon/Sol-Moon à propos de Raismes. "Tant pis", me suis-je d'abord dit, car ce que j'écrivais sur le tserouf me semblait de la plus haute importance, et puis il m'est venu que ce mot tserouf avait en hébreu la gématrie 376, d'où il m'a semblé s'imposer de remettre cette étude au 376e billet de Quaternité.

  Il m'a semblé aussi devoir reprendre un tic abandonné depuis le billet 357, trouver un titre de même valeur que le rang du billet, et je ne suis pas mécontent de
de Sol à Luna, en passant par Mercurius (= 375),
énonçant cette triade alchimique des 3 planètes dans une même langue, de plus celle de maints traités alchimiques. Si je ne parle pas de Mercure dans le présent billet, il en a été souvent question, notamment dans les billets sus-mentionnés, avec souvent le cas de la pierre de Bollingen.

  Puisque La mémoire fantôme est le premier roman où Thilliez évoque le nombre d'or, je me suis demandé quel était le billet 232, section d'or de 375.
  C'est Ana Mor trouve lions, de valeur 232, et j'explicitais ainsi ce titre:
  J'avais d'autres lions à l'esprit en débutant ce 232e billet, auquel j'ai trouvé rapidement un titre de valeur 232, à partir du mot REVOLUTIONS anagrammatisé en TROUVE LIONS. Il restait à trouver quelque chose de valeur 62 pour arriver à 232, et il s'est imposé ANA MOR puisque c'est le roman MÖR de johANA qui m'a conduit aux formes scandinaves du "lion".
  Je ne savais pas alors que le billet me conduirait à la Grande Ourse, et une autre anagramme de REVOLUTIONS est ON VIT L'OURSE.
  Curieusement, un nouveau ROMan de johANA est paru cette année, L'île de Yule, et il y est souvent question de Mor Anna, le terminal de ferry permettant d'accéder à cette île proche de Stockholm. Je trouve plutôt l'orthographe Mor Annas brygga (aussi Mor Anna's, mais il n'y a pas d'apostrophe sur ce panneau).
   Mor signifie "mère" en suédois, et "mer" en breton. Et ana est "mère" en turc.
  L'île de Yule est probablement le roman le plus facile à lire de Gustawsson, prenant mais je ne vois rien de spécial à en dire sinon qu'il a 62 chapitres (= ANA MOR).
  Ces 62 chapitres se répartissent entre 3 narrateurs, les principaux étant Karl et Emma (25 chapitres chacun), ce qui m'a évidemment évoqué le couple Jung (Carl Gustav écrivait son prénom Karl Gustav dans sa jeunesse).

  A propos d'anagrammes, j'ai appris récemment, grâce à Ricardou, que ces lettres ANA MOR, qui m'étaient par ailleurs significatives, peuvent se réarranger en Amon-Râ. Un rapprochement a été fait avec le roi Salomon...
  Avoir trouvé L'OURSE dans REVOLUTIONS me rappelle ceci, déjà donné :
  Le 10 juillet 2016, il m'est venu que OURSE était l’anagramme d’EUROS. L'actualité majeure concernait alors l'Euro de foot, qui se jouait en France. On craignait d'une part des attentats, d'autre part de ne pas remporter le tournoi.
  Le matin du 10 juillet, jour de la finale France-Portugal à Saint-Denis, j’ai proposé à la liste Oulipo l'énigme DANGERS A L’EURO, indiquant que c'était une anagramme, laissant aux amateurs le soin de la résoudre.
  La solution était pour moi LA GRANDE OURSE, mais le soir, il m’est venu que les lettres ANAG étaient présentes dans l’expression (c'est chez les oulipotes un diminutif courant d' "anagramme"), et à découvrir éberlué que chaque expression  était encore l’anag de
RESOUDRE L’ANAG...
  J'étudiais aussi dans Ana Mor trouve lions le roman La gloire des maudits, de Nicolas d'Estienne d'Orves, dont deux personnages intimement liés se nomment Sido et Mila, probablement intentionnellement car NEO est mélomane, et ceci vainc mes réticences à aborder une autre approche de RAISMES:
RE SAS MI
  Un sas, une porte, un seuil entre les notes ré et mi. Il y a 7 planètes traditionnelles, et il n'a pas manqué de propositions de correspondance avec les 7 notes de la gamme, cette page en donne plusieurs. Suivant l'une, Ré est la Lune, selon une autre, Mi le Soleil...

  Sido et Mila... Les fameuses 5 notes du thème "extraterrestre" de Rencontres du troisième type sont si-do-la-la-mi:

  J'ai commenté en mars 2022 le roman de NEO (Nicolas d'Estienne d'Orves), Ce que l'on sait de Max Toppard, dont une des sources est La conspiration des ténèbres (1991) de Theodore Roszak, cité en fin d'ouvrage. Je soupçonne fortement Thilliez de s'être aussi inspiré de ce formidable roman pour Syndrome [E], mais lui a négligé de citer cette source...

  Il y a encore une petite chose que je ne peux me résoudre à omettre. Manon se rend sur le tombeau de Bernoulli à Bâle, Basel en allemand.
  Les rêves de Perrot et de son "ramassis" sont certes étonnants, mais certains des miens ne sont pas mal non plus, et je suis toujours éberlué par le rêve de la nuit du 26/11/2009 où j'ai vu les mots die Salbe, dont il m'a fallu chercher la signification au réveil ("pommade"", "baume").
  La journée avait été riche en coïncidences jungiennes, et j'ai pensé à Basel, où Jung a passé sa jeunesse, et à Basilide, le nom sous lequel il a signé ses Sept Sermons aux Morts en 1917. Pensant que "die Salbe" permettait l'anagramme Basilede, j'ai interrogé Google avec ce mot, pour découvrir que l'anglais Basil Ede était un peintre animalier célèbre, spécialisé dans les oiseaux.
  Je ne sais plus pourquoi j'ai choisi parmi les illustrations en ligne ce pélican, probablement parce que le nom du peintre y figurait. Je connaissais certes depuis belle lurette Coran teint de Perrot, mais si j'avais pensé à son jeu Paix-Li-Kan je n'aurais pas manqué de le mentionner.
  J'y suis revenu ici, et à la fin du billet je donne le relativement court passage de Coran teint où figurent les 3 mots vus dans mon rêve du 26/11/09.

  La mémoire est une étrange chose, la mienne du moins, et ce n'est qu'en achevant ce billet qu'il m'est revenu qu'un autre 26 novembre avait été remarquable.
  Les voyages aléatoires de mon ami JP Le Goff, obsédé par le nombre 216, l'avaient conduit à Toires (21) le 20 septembre 2001, fêtant ses 216x100 jours d'existence, puis à Thouars (79) le 24 avril 2002, fêtant ses 216x101 jours, et enfin à Thoard (04) le 26 novembre 2002, fêtant ses 216x102 jours (en ma compagnie).
  Ce n'est qu'après sa mort que je me suis avisé que ce 26/11/02 était formé des mêmes chiffres que 216x102. Je suis certain d'avoir déjà publié ce résultat, accompagné de la vérification que le calcul de JPLG était correct, mais je ne parviens pas à retrouver où...
  C'est l'occasion de signaler que Sylvain Tanquerel s'attache à retrouver des inédits de JPLG et à les publier, ainsi est paru récemment Le vent dans les arbres et autres textes.


18.5.23

la forêt des nombres

à Johann et Franck

  Je reviens à l'erreur de l'édition originale de La forêt des ombres (2006), reprise dans la première édition Pocket (2008), corrigée dans les éditions ultérieures. Les 9 occurrences du nombre allemand "huit", acht, y sont orthographiées archt, notamment dans la séquence
- Neun... archt... sieben... archt... vier...  
qui m'avait parue extrêmement significative en 2020 lors de ma lecture de sa forme corrigée. Je ne reviens pas sur l'architecture dorée déduite de cette "correction", réétudiée dans les précédents billets, car il se trouve que ACHT=32 devenu ARCHT=50 amène une autre relation dorée:
(3 chiffres exacts)/(2 chiffres faux) = (3x54)/(2x50) = 162/100,
soit 1,62, approximation courante du nombre d'or 1,618033...

  100 et 162 sont des termes de la suite
4, 10, 14, 24, 38, 62, 100, 162, ...
doubles de ceux de la suite OEIS 1060, utilisée par certains compositeurs:
2, 5, 7, 12, 19, 31, 50, 81, ...

  Les deux suites me sont évocatrices. La première parce que l'étude du Thilliez suivant, La mémoire fantôme (2007), m'a conduit à une trouvaille magnifiant ma proposition d'architecture des tonalités BACH dans le Clavier bien tempéré (WTC), or une autre découverte essentielle a marqué mes recherches sur les deux cahiers du WTC, vus comme 48 ensembles Prélude-Fugue.
  Dans 3 ensembles, le nombre de mesures du Prélude est en rapport d'or optimal avec celui de la Fugue, ce sont les ensembles 14-24-38, et le nombre moyen de mesures des 3 ensembles est 100, idéalement réparti en 38-62.
 

  Ainsi les nombres moyens de mesures 38-62-100 sont le prolongement des rangs 14-24-38... L'élégance de ce résultat plaiderait aisément pour une intentionnalité effective, mais un approfondissement conduit à d'étranges constatations, et l'ensemble de mes découvertes bachiennes est si vertigineux que j'ai abandonné ce terrain, estimant en avoir assez fait.
  Après avoir rappelé cela il y a quelques jours, il m'est venu ce matin 25 avril de calculer la valeur de l'allemand "100" selon l'alphabet prêté à Bach,
EIN HUNDERT = 27+86 = 113,
soit le nombre de mesures de l'ensemble 38, ou ensemble 14 (=BACH) du second cahier, lequel est souvent vu comme le plus accompli. Hors toute appréciation subjective, c'est la seule triple fugue du WTC, fugue à 3 voix et 3 sujets superposables. La triple fugue est un sommet de l'art contrapuntique, et Bach n'en a composé que deux autres, pour orgue.
  Je m'imagine un instant dans la tête d'un Bach désireux de magnifier son nom et le nombre d'or dans le WTC: Je vais composer trois ensembles dorés du 14e au 14e du second cahier, soit le 38e, ainsi l'ensemble intermédiaire sera nécessairement le 24e; pour être parfaitement compris, je vais donner à mes ensembles une moyenne de 100 mesures, et le dernier aura 113 mesures, valeur de "100".

  L'Art de la fugue semblait être prévu pour s'achever sur ce qui n'avait encore jamais été fait, une quadruple fugue dont la fin a été perdue. Les adeptes numérologues ont apprécié que ce Contrepoint 14 introduisait pour la première fois dans l'oeuvre de Bach un sujet débutant par les notes B-A-C-H.
  Le résultat sur EIN HUNDERT m'a conduit, pour la première fois, à m'intéresser à 2-1-3-8, soit
ZWEI EINS DREI ACHT = 59+45+35+31 = 170, 
ce qui m'a été aussitôt évocateur. L'ensemble Prélude-Fugue 24 a 123 mesures écrites (47-76), mais son Prélude est à reprises, seul cas dans le premier cahier, ce qui conduit donc à 170 mesures jouées, 170 se partageant selon le nombre d'or en 65 et 105, or les ensembles 13 et 15 du WTC1, encadrant l'ensemble 14, ont 65 et 105 mesures.
  Je m'étais extasié jadis sur le fait que, selon la correspondance des 24 ensembles avec les 24 lettres du titre donné par Bach au WTC, ces 3 ensembles 65-105-110 correspondent aux 3 lettres R, et, plus récemment, sur le nom d'un pianiste imaginé par Belletto, pianiste particulièrement célèbre pour son interprétation de l'ensemble 24 du WTC1 (en 170 mesures jouées donc),
RAINER GOTTARDT = 65 + 105 = 170.

  Là le vertige est tel que je me borne à signaler que la Fugue est vue comme la plus profonde du WTC1, et que la seconde mesure du sujet peut être considérée comme deux séquences BACH transposées se chevauchant:
 

  En ce qui concerne la suite
2, 5, 7, 12, 19, 31, 50, 81, ...
j'avais vu que La mémoire fantôme était le premier roman de Thilliez mentionnant le nombre d'or (et Fibonacci), et la première mention était à la fin du chapitre 18, parmi 48, or 18 est la petite section d'or de 48, ou encore les deux nombres font partie de la suite de Fibonacci sextuplée,
6, 6, 12, 18, 30, 48, ...
à sa place dans ce roman où l'assassin est un sextuor.
  Il y a un Prologue et un Epilogue, et les prendre en compte fait passer de 18-30-48 à 19-31-50. Ce ne pourrait être qu'un détail insignifiant si le thème de l'assassin multiple n'avait été inauguré par Stanislas-André Steeman, avec L'assassin habite au 21.
  J'ai cité Steeman dans mon recensement des cas 21-13, pour deux cas:
75/ L’assassin habite au 21La morte survit au 13 (écrits en 1939 et 1958, 31 et 50 ans)
76/  21 lettres Stanislas-André Steeman = 233, 13e Fibo
  Si "publiés" devraient remplacer "écrits", la référence à Steeman à partir des 50 éléments de La mémoire fantôme, répartis en 19-31, m'a conduit à ces 31-50 ans.
  13 et 21 étant les 7 et 8es termes de la suite de Fibonacci, j'ai aussi inclus parmi les cas 13-21 les cas 29-47, 7 et 8es termes de la suite de Lucas, l'autre suite additive essentielle. Ce n'est qu'en rédigeant le présent billet que je m'aperçois que les nombres allemands 7-8, sieben-acht, ont les valeurs 54-32 correspondant en cm à 21-13 pouces.
  S'il est maintenant acquis que ce ne pouvait être intentionnel chez Thilliez, son erreur conduit à
(ARCHT+ARCHT) / (NEUN+SIEBEN+VIER) = 100/162,
100 et 162 étant les 7 et 8es termes de la suite
4, 10, 14, 24, 38, 62, 100, 162, ...

  Les assassins de 1939 habitent la pension de famille du 21 Russell Square à Londres, l'assassin de La morte survit au 13 en 1958 est un client du bordel sis au 13 rue des Cultes d'un bourg provençal.
  Le roman se passe en 1910, où M. Wens n'est encore qu'un garçonnet sur les bancs de l'école, ce qui ne l'empêche pas de démasquer le responsable, à chaque fois involontaire, des morts successives de Clémentine, Odile, Amadou, et Sibylle.

   J'avais cité l'an dernier M. Wens, nom composé des initiales des 4 points cardinaux en anglais, et suis charmé de le voir élucider ici 4 morts. J'ai bien sûr examiné les initiales des victimes, COAS, dont certaines anagrammes peuvent être significatives, COSA, "chose" (entre toutes), OCAS, "oies"...
  Le COAS est un instrument d'alignement dans l'espace, utilisé dans le programme Apollo.
  On pourrait encore nommer les points cardinaux Couchant, Orient, Austral, Septentrional.

  La morte survit au 13 est dédié à Pierre Fresnay, interprète à deux reprises de Wens, notamment dans L’assassin habite au 21, bien qu'il n'y apparaisse pas dans le roman original.

  Les 31 et 50 ans de Steeman me rappellent que les dates principales associées aux deux cahiers du WTC sont 1722 et 1744, 1722 étant la date du manuscrit de Bach lui-même pour le WTC1, 1744 celle du premier manuscrit complet connu du WTC2, de la main du gendre de Bach, Altnikol. Il est cependant probable que tous les ensembles du WTC2 existaient dès 1742.
  Quoi qu'il en soit, j'avais vu que 1722 et 1744 étaient les années où Bach a eu 37 et 59 ans, partage doré de 96, précisément le nombre de pièces distinctes des deux cahiers, 48 Préludes et 48 Fugues.
  Aujourd'hui, je m'avise que, si Steeman est né le 23 janvier 1908, ce qui donne une bonne probabilité à ses 31 et 50 ans lors des publications de ses uniques romans avec un numéro d'adresse dans le titre, Bach né un 21 mars permet un peu plus de latitude, ainsi 36 et 58 sont envisageables, or
36x58 = 2088, précisément le nombre de mesures du WTC1.
  Il se trouve que le premier billet sur La forêt des ombres m'avait conduit à parler de ces 2088 mesures, s'y reporter pour savoir pourquoi.
  Incidemment, j'ai utilisé la date du 23 janvier 1908 dans le chapitre 3 de Novel Roman, en rapport avec l'anniversaire de Stendhal  né le 23 janvier 1783. Steeman-Stendhal, je l'aurais exploité si j'en avais été conscient...

  Dans La forêt des ombres, il est souvent question du "mystère des nombres", les 7 nombres du type 98784 tatoués sur les victimes du Bourreau 125. Ceci m'a fait envisager le titre alternatif La forêt des nombres
 

et à le confronter à l'autre titre publié en 2006 par Thilliez:
DEUILS DE MIEL = 118,
LA FORET DES NOMBRES = 191,
deux nombres en excellent rapport d'or (191/118=1,618...) faisant partie d'une autre suite additive additive intéressante, la suite OEIS 22095:
1, 5, 6, 11, 17, 28, 45, 73, 118, 191, 309, 500, 809,...

  Elle est intéressante en ce que ses doubles produisent des approximations plus évocatrices du nombre d'or (souvent donné pour 1,618):
2, 10, 12, 22, 34, 56, 90, 146, 236, 382, 618, 1000, 1618,...
  Curieusement, le billet où j'ai abordé en juillet 2015 Deuils de miel avait pour "working title" 500, et c'est sous ce nom que la page web apparaît, car j'avais oublié de trouver un titre définitif au moment de publier:
https://quaternite.blogspot.com/2015/07/500.html
  Je ne me souviens pas exactement du pourquoi de ce 500, mais je pense que c'est lié au numéro ISBN de l'édition Pocket dans laquelle j'avais lu le roman, 978-2266-20500-9. Je venais de découvrir en juin-juillet trois romans offrant un découpage 21-13, j'en étudiais deux dans ce billet, et le suivant le 18 août, Le Livre de saphir, de Gilbert Sinoué, or j'avais découvert Sinoué en août 2008 avec son polar métaphysique Les silences de Dieu, où l’indice du « jumeau 0,809 » mène à Satan, qui partage avec Dieu la « divine proportion », le nombre d’or 1,618…
  Ceci m'avait conduit à lire un autre Sinoué, Des jours et des nuits, ce qui a très probablement joué un rôle important dans mon intuition quaternitaire du 8/9/2008.

  Dans un second billet sur Le Livre de saphir, le 31 août, je mentionnais une curiosité à propos de son édition originale, son code ISBN à 13 chiffres étant  9782207240809, alors que le code de sa traduction anglaise, 9780967698809, se termine aussi par les chiffres 809.
  C'était dans l'édition de poche Folio que j'avais lu Le Livre de saphir, et je ne pense pas avoir connu en écrivant le billet sur Deuils de miel cette coïncidence sur les ISBN se terminant par 809, sans aucune raison logique car le dernier chiffre du code est obtenu par pondération des 12 premiers chiffres, pour vérifier qu'il n'y a pas erreur. C'est pour cela que les codes ISBN à 10 chiffres, omettant le 978 initial correspondant à la catégorie livre, ont un dernier chiffre différent.
  Ce sont peut-être uniquement les "jumeaux 0,809" qui m'avaient fait mettre en avant le nombre 500 achevant la partie "numéro chez l''éditeur" du code ISBN de Deuils de miel, et je n'avais apparemment pas jugé pertinent de le mentionner lors de l'écriture des billets sur Sinoué.
   Il aurait été bien plus pertinent de faire un lien entre l'erreur de chapitrage de Deuils de miel, significative, et une erreur du premier tirage de l'édition originale du Livre de saphir, significative dans son contexte, où le Tétragramme était donné avec chacune de ses lettres inversée latéralement.
  Le second tirage donnait la forme correcte.
  C'était une erreur de l'éditeur, de même que celle de chapitrage dans Deuils de miel, et je n'avais pas alors souligné ce cousinage, ni plus tard dans Erreurs et galéjades, consacré aux erreurs dans la collection Rail Noir.
  Errare synchronicitam est... Je ne compte plus les erreurs significatives rencontrées çà et là, ne me souvenant que des récentes, Zvi Alon devenu Zvi Mon, "déchiffrer" devenu "déchifrer" chez Queen et Ricardou... Il faudrait essayer de reprendre tout ça...

  Le passage ci-dessus a été interrompu par une intuition bachienne le 27 avril, ce qui m'a conduit à écrire Le tempérament bien formaté.
  Y a-t-il une raison pour ces télescopages entre Thilliez et Bach? Une raison logique, non, mais une résonance, peut-être...
...car un autre roman de Thilliez dont je n'ai guère parlé est Vertige (2011). Le narrateur Jonathan Touvier se réveille enfermé au fond d'une grotte en haute montagne, en compagnie du jeune Farid Houmad, et d'un homme masqué, que le dénouement révèlera être Max Beck, un alpiniste pensé mort depuis 20 ans (mais il y a peut-être un twist final remettant tout en cause, j'y reviendrai à la fin du billet).
  Les trois prisonniers ont une inscription dans le dos: Qui sera le voleur? le menteur? le tueur? Ils sont attachés par des chaînes et ne peuvent être libérés que par la bonne combinaison d'un cadenas à 6 chiffres. La solution est gématrique, 93-96-85, car
VOLEUR = 93, MENTEUR = 96, TUEUR = 85.
  Ceci peut conduire à examiner les noms des protagonistes:
FARID HOUMAD = 38 62;
BECK MAX = 21 38.
  De quoi attirer l'attention d'un amateur de BACH (2138) ayant repéré les 3 diptyques dorés Prélude-Fugue de moyenne 38-62.
  Pour le personnage principal, JONatHAN contient JOHANN (sebastian), et touVIER se termine par VIER, comme claVIER (bien tempéré)?

  Je doute fortement que ceci ait été intentionnel, mais il y a longtemps que ça ne m'arrête plus, et même que je considère que c'est à partir du moment où l'intentionnalité n'est plus plausible que les choses deviennent intéressantes...
  Toujours est-il qu'il y a moyen d'aller plus loin. L'une de mes anciennes pages Bach était titrée VIER, parce que vier signifie "quatre", et j'y étudiais 4 tonalités du WTC offrant des interrelations remarquables.
  L'une des tonalités était la 4e, do# mineur, avec 154 mesures pour le diptyque du WTC1 (39-115), 133 pour celui du WTC2 (62-71). Or l'un des événements fibonacciens notables de l'an dernier a été la parution de Labyrinthes en mai, et de La diagonale des reines en septembre, par les deux auteurs de thrillers "annuels" le plus concernés par le nombre d'or, cité explicitement à de nombreuses reprises dans leurs oeuvres.
  Ce sont donc
FRANCK THILLIEZ = 53 + 101 = 154 et
BERNARD WERBER = 62 + 71 = 133,
correspondant aux nombres de mesures des diptyques 4 du WTC1 et du WTC2. De plus, l'ensemble Prélude-Fugue du WTC2 est découpé 62-71 comme BERNARD-WERBER. L'une des particularités de la tonalité do# mineur est que les préludes et fugues sont respectivement en rapport d'or, les 101 mesures des préludes donnant le partage idéal 62-39, les 186 mesures des fugues donnant le partage idéal 115-71, or on peut former ces nombres à partir des valeurs des auteurs, ainsi 53+62 donne 115.
  On pourrait se passer de Werber, car LABYRINTHES=133.

  Comme je l'ai étudié ici, il ne fait aucun doute que les 55 chapitres de Labyrinthes soient intentionnellement un nombre de Fibonacci. Il n'est pas aussi certain qu'il en aille de même pour les 89 chapitres de La diagonale des reines, j'en parle .

  Je n'ai pas souvenir d'avoir vu passer le nom de Bach dans un Thilliez, mais Werber y a consacré un extrait de son ESRA, mentionnant notamment le thème BACH de L'Art de la fugue.

  Mes recherches dorées m'ont fait étudier Rohmer, et j'ai obtenu des confirmations que certaines de mes conjectures étaient fondées, en ce qui concerne le découpage temporel de ses films, et l'organisation spatiale de nombreux plans. En septembre 2007, j'ai appris qu'il avait composé la musique du Rayon vert, coécrit avec sa principale actrice Marie Rivière, à partir des notes B-A-C-H.
  J'en ai parlé ici, en soulignant que Bach signifie en allemand "rivière", et j'ai approfondi les points peu raisonnables sur une page de mon site, non récupérable par Wayback, et que je ne souhaite pas aujourd'hui remettre en ligne.
  Mais un point en demeure d'actualité. Juste après avoir publié le billet sur le Rayon vert, j’avais découvert un article d’un blog commentant les pages de mon blog sur Rohmer et le nombre d’or, blog aujourd'hui disparu et non récupérable par Wayback.
  L’auteur y avait inclus divers liens vers des sites sur le nombre d’or, dont un que je ne connaissais pas, cette fois récupérable, où j’avais découvert une nouvelle forme poétique en 1-6-1-8 vers, exprimant l'approximation courante à 3 décimales du nombre d'or, 1,618.
  La page offrait 4 poèmes de ce type, liés par une même thématique et gouvernés chacun par le même acrostiche, "L'eau va à la rivière". Ceci m'avait fait remarquer que cet acrostiche pouvait exprimer les approximations à 1 et 2 décimales de Phi:
- 0,6 + 1 =  1,6 car LEAUVA a 6 lettres et ALARIVIERE 10;
- 0,62 + 1 = 1,62 car à ce découpage immédiat correspondent les gématries 62 et 100.


  Je reviens sur le dénouement de Vertige. Farid Houmad succombe aux conditions extrêmes de la grotte, et l'homme masqué sauve Touvier inconscient une fois le cadenas débloqué, chapitre 44. Lorsque Touvier reprend conscience, il est à l'hôpital, où un flic lui apprend qu'on l'a trouvé dans un bunker en compagnie du cadavre d'un homme qu'il aurait tué. Rien ne permet de corroborer son histoire, et sa culpabilité semble démontrée à la fin du chapitre 48.
  L'épilogue nous apprend qu'il a été interné pendant 7 ans, et qu'il n'a été jugé guéri que lorsqu'il a admis avoir inventé cette histoire. Mais il est toujours persuadé que c'est Max Beck qui a tout organisé, Beck qui aurait survécu miraculeusement à son assassinat par Touvier, lequel l'avait précipité dans un à-pic en montagne. A l'asile, il a écrit un roman, Darkness, relatant la folle histoire de la grotte, roman qui a été édité.
  Libéré, Touvier songe à en finir, et à se jeter lui aussi dans un à-pic. C'est alors qu'il trouve dans sa voiture un exemplaire de son roman, et qu'en le feuilletant s'en échappe une photo, la photo de lui, l'homme masqué, et Farid prise dans la grotte avec un Polaroïd. La dernière phrase du livre est
J'ai enfin la preuve que je ne suis pas fou.
  Mais des lecteurs attentifs ont repéré que la description finale de cette photo diffère de celle donnée dans le corps du récit. S'agit-il donc d'une nouvelle illusion? Touvier est-il vraiment fou? Où s'arrête sa folie?
  Seul Thilliez pourrait révéler ce qu'il avait en tête, mais à partir du moment où le narrateur est fou, le lecteur peut imaginer n'importe quoi... Si les 44 premiers chapitres sont entièrement imaginaires, pourquoi les 4 derniers seraient-ils plus réels?
  Dans son one-shot suivant, Puzzle, analysé ici, la narration suit Ilan Dedisset, mais toute son histoire, soit presque tout le roman, est un fantasme né d'un esprit incapable d'affronter une réalité criminelle où il est impliqué. Que le narrateur ne soit pas fiable est connu des amateurs de polar depuis la première aventure de Lupin en 1905, mais que la narration soit complice est peu acceptable, et ceci se multiplie, en littérature comme au cinéma.

  D'autres Thilliez sont concernés, Fractures et Labyrinthes, où la narration suit des fausses personnalités. Des bizarreries apparaissent dans ces romans, comme si l'auteur se fichait du lecteur. Alors que l'assassin de Puzzle a tué sa copine Chloé Sanders, comment sa psy peut-elle se nommer Sandy Cléor? Comment un personnage "réel" de LabYrINthES peut-il se nommer LYSINE barth?

  Un nouveau Thilliez est paru ce mois, La faille, que j'ai aussitôt dévoré. Son thème principal, les NDE négatives, m'a rappelé un Grangé, Le serment des limbes (2007). Je l'ai relu, et il m'apparaît que Thilliez s'en est nettement inspiré, de même que Deuils de miel était nettement inspiré par La ligne noire, un autre Grangé.
  Le serment des limbes souffre, à mon sens, de divers défauts, trop grande complexité, exagérations difficiles à avaler, et je comprends parfaitement qu'on ait souhaité reprendre ses thèmes pour une intrigue mieux construite, ce qu'a réussi Thilliez, mais la moindre des choses aurait été de citer Grangé parmi les diverses sources données en postface.