18.5.21

in memorianne


  Ma femme Anne s'en est allée doucement, le 13 février dernier, après une longue maladie qui s'était déclarée début 2016.

  La maladie a quelque peu gouverné notre vie depuis, y compris mon écriture. L'une des plus fantastiques coïncidences que j'ai vécues s'est produite lors d'une de mes visites à son chevet, après sa première admission à l'hôpital, en juin 2016. Comme elle était assoupie, je feuilletai un livre que je venais d'acheter, et y repérai des lettres éparses en gras. Je commençai à comprendre qu'elles formaient un message lorsqu'elle s'éveilla, et l'une des premières choses qu'elle me dit fut qu'elle avait repéré des lettres en gras dans le livre qu'elle lisait...

  Une oeuvre commune, Tangram, chacun des 25 carrés est composé des mêmes 32 pièces, à partir du motif central, un classique du quilt:


  Il y eut d'heureuses rémissions et de douloureuses récidives. Nous crûmes la perdre en avril 2018 où elle resta plus d'un mois en réanimation. Pour tromper mon angoisse je me mis à l'écriture effective d'un projet vieux de 20 ans, Novel Roman.

  Nous apprîmes que la troisième récidive ne laissait guère d'espoir. Elle put s'éteindre calmement à la maison, entourée par les siens.

  Passée la première stupeur, mon arithmomanie m'a fait étudier les circonstances associées à son départ.
  L'une des premières formalités le matin de ce 13 février a été de contacter une entreprise de pompes funèbres. Parmi les diverses entreprises de Manosque, un numéro de téléphone me sauta aux yeux, 71 00 44. 44 et 71 appartiennent à une suite additive intéressante (numéro 22120 sur l'OEIS), notamment parce qu'elle se poursuit par 115, 186, 301, ces deux derniers nombres étant en grec les valeurs de
Γολγοθα = 186 (le Golgotha, "crâne" en araméen)
κρανιον = 301 ("crâne" en grec)
mots tous deux présents dans l'original du verset Matthieu 27,33.
  Ces deux nombres sont intervenus à plusieurs reprises dans mes recherches:
- les valeurs de deux titres de romans, dont Ligne de partage des os (cette ligne passe par le crâne!);
- leur somme 487, nombre de lettres d'un sonnet décrivant le cimetière où on a tenté de voler le crâne de Rimbaud;
- après avoir écrit le récent billet 301 de Quaternité, le plus lu de ceux publiés cette année, concernant les imbrications de romanciers tueurs ayant imaginé des romanciers tueurs, j'ai cherché quel était le billet 186, et vu que j'avais été amené à le citer dans ce billet 301.

  Je ne crois pas avoir eu à l'esprit toutes ces connotations funèbres lorsque j'ai décidé, sur-le-champ, de téléphoner au 71 00 44, les nombres 44 et 71 m'étant déjà évocateurs chez Bach.
  Je me suis avisé ensuite que Anne et moi étions devenus amants en août 1977, et que cette année 2021 était donc la 44e de notre relation. Je suis dans ma 71e année.
  Le jour de sa disparition était le 44e de l'année.
  En comptant en années entières, j'ai 70 ans, dont 43 passés avec Anne, deux nombres de la série Rouge au premier plan dans les récents billets.

  Ecrit 13 FEV 21, le jour de la disparition d'Anne fait apparaître les nombres de Fibonacci 13-21, si importants pour moi que j'ai rassemblé leurs occurrences sur cette page qui compte actuellement 135 rubriques, dont certaines multiples.
  L'été 2015 m'a fait découvrir 3 romans en 34 chapitres offrant une nette répartition 21-13, 3 romans dont les éditions poche dans lesquels je les ai découverts portaient des numéros significatifs, avec au premier chef 13121, numéro de Deuils de miel de Thilliez dans la collection Pocket.
  Le premier de ces romans est Le livre de saphir, de Sinoué, numéro 2965 dans la collection Folio, significatif pour moi parce que 29 et 65 sont les valeurs de BLACK et WHITE, le couple blanc-noir m'étant important en rapport avec Sinoué.

  Je mettais précisément ces nombres en rapport avec Sinoué, né le 18 février (19)47, car
47+18 = 65 et 47-18 = 29,
or Anne est née le 18 mai 47.

  L'autre roman en 34 chapitres était Le labyrinthe de la rose, de Titania Hardie, et il était évident que ses 34 chapitres étaient intentionnels, le nombre 34 étant au premier plan de l'intrigue. Son numéro en Livre de Poche était 31809, ce qui m'évoquait le 31 août, et plus particulièrement le 31/8/09, où j'ai publié le billet Des blancs et des noirs, consacré à l'adaptation TV de Des jours et des nuits, le roman de Sinoué que j'avais lu exactement un an plus tôt, le 31/8/08, et qui avait été le principal déclencheur de ma découverte jungienne 8 jours plus tard.
  Ce 8 septembre 08 était aussi le premier jour de l'an pataphysique 136, et je devais découvrir que les protagonistes de l'échange du 4/4/44 était
JUNG = 52 et HAEMMERLI = 84,
avec 52+84 = 136, et
84/52 = 21/13, or, l'an pataphysique comptant 13 mois de 28 jours, le 31 août y est le 21/13, et le 31/8/09 était le 21/13/136, unissant ces deux relations.

  J'ai donc utilisé sciemment le 31/8 pour publier des billets sur Quaternité, à plusieurs reprises en rapport avec Sinoué, et c'est pour cette raison que j'ai attendu le 31/8/15 pour publier Black & white, consacré au Livre de saphir, Folio numéro 2965 (29-65 = BLACK-WHITE).
  Avant cela, le billet le moins inspiré par Sinoué-Halter était Eve & Adam, publié le 31/8/13 (j'y faisais néanmoins une brève allusion). Je viens de découvrir, en consultant la fiche Wikipédia de Sinoué, que du temps où il s'appelait Samir Kassab, il avait été le parolier de diverses chansons, dont Adam et Eve, succès de Sheila.

  L'anniversaire d'Anne, le 18 mai donc, m'est associé à deux coïncidences remarquables. La dernière est détaillée dans ce billet, à propos du Livre des morts de Glenn Cooper. Je cite:
  Il y a une curiosité liée à mon emprunt de ce roman le 18 mai 2019, ma lecture débutée le jour même m'ayant vite conduit au 18 mai 2009, la date où sont expédiés les premiers présages de mort. Le 18 mai est d'abord pour moi l'anniversaire de ma compagne Anne, devenue mon épouse en 2014. Elle a eu 62 ans en 2009, 72 en 2019, 62 et 72 m'évoquant
ARSENE LUPIN = 62 72,
et 6272, valeur du sonnet Vocalisations de Perec, et nombre de jours vécus par Jung du 4/4/44 à sa mort, alors qu'il avait vécu 4 fois 6272 jours de sa naissance au 4/4/44.
  L'autre cas est fort similaire, avec la découverte d'un 18 mai 2004 dans un roman lu le 18 mai 2008, 61e anniversaire d'Anne. J'appris que le 18 mai 2004 était aussi le 61e anniversaire de l'auteur.

  Il y a 26935 jours du 18 mai 1947 au 13 février 2021, soit 5 fois 5387. Ce nombre m'évoque 53-87, les 53 jours qui ont séparé le jour de l'accident de Jung du 4/4/44, l'échange de son destin avec celui de son docteur, et les 87 jours du 4/4/44 à la mort de Haemmerli. 53-87 est un partage doré idéal, de même que les valeurs 52-84 de JUNG-HAEMMERLI.
  En mai 2011, ce billet constatait que 53-87 sont en hébreu les valeurs du couple soleil-lune, 'hama et levana, or en 1950 Jung avait gravé, à gauche et à droite de Télesphore symbolisant sa guérison de 1944, les symboles du soleil et de la lune.
  La pierre de Bollingen pourrait ainsi correspondre à un exact calendrier de la maladie de 44 :
  Comme la première version de l'épithalame écrit pour mon mariage avec Anne avait une valeur très proche de 5387, une petite modification m'avait permis de parvenir à ce nombre, non sans quelques arrière-pensées:
- la contrainte essentielle du poème était empruntée à l'épithalame de Perec pour ses amis Nour et Kmar, en arabe "lumière" et "lune";
- les mots 'hama et levana, "soleil" et "lune" en hébreu, sont dérivés des adjectifs 'ham et lavan, "chaud" et "blanc"; un fils de Noé porte aussi ce nom 'ham (Cham), et il est supposé être à l'origine des races noires (brunies par le soleil);
- ce sont essentiellement les coïncidences entre Des jours et des nuits de Sinoué et Le chemin de la lumière de Paul Halter qui m'avaient mené à mon intuition du 8 septembre 08, jour-nuit, lumière-obscurité, soleil-lune, blanc-noir...;
- le billet précédent m'avait conduit à un formidable parallèle entre deux revues portant les identifiants ISBN 5284 et 5387, m'évoquant donc les deux partages dorés 52-84 et 53-87 liés au 4/4/44.

  Ainsi Anne, associée plus haut à une coïncidence 62-72 m'évoquant les 5 fois 6272 jours de Jung, avec pour pivot 4-1 le 4/4/44, a donc vécu 5 fois 5387 jours, m'évoquant les 53-87 jours autour du 4/4/44.
 Le 6 mai 2006, qui serait le pivot 4-1 de ces 5 fois 5387 jours, ne m'inspire rien, mais je n'ai pas d'archives organisées, surtout avant 2007 où j'ai démarré un blog..


  Le 10 mai présent, j'ai pensé qu'Anne avait une tablette dont elle ne se servait plus, et me suis rappelé que son code d'accès était son année de naissance, 1947. Ceci a provoqué un dessillement m'amenant à développer une coïncidence qui me semblait peu intéressante.
  Fin mars, j'ai lu un livre qui traînait depuis longtemps à mon chevet, Version officielle de James Renner. Pas mal, mais ç'aurait pu être mieux si l'auteur avait pu (me) faire croire à son scénario. Hitler a gagné la guerre, réussi à battre les USA, jusqu'en 1964 où des résistants sont parvenus à éliminer les nazis, en atomisant une partie des terres. Ceci était si traumatisant qu'il a été décidé d'abolir ces catastrophes et de créer un nouveau monde en contrôlant les souvenirs des gens. C'est le fameux programme HAARP qui réalise ce contrôle.
  Cet acronyme HAARP avait fait coïncidence avec le billet récent Quand les anagrammes lancineront, où il était question de l'arbre "saule", et du roi Saul. J'y citais "la harpe sur les saules" du psaume 137, et j'avais renoncé à y ajouter que le roi Saul jouait de la harpe pour tromper sa neurasthénie, ce qui m'avait été rappelé par une grille de mots croisés peu après la publication du billet.
  Fin avril, j'ai lu un autre livre qui traînait depuis longtemps à un autre emplacement, Le codex maya d'Adrian d'Hagé. Je pensais l'avoir commencé et abandonné, mais c'était erroné, à moins que mes souvenirs aient été modifiés par HAARP... Dès la seconde page, un message énonce:
La séquence de Fibonacci joue un rôle essentiel dans la construction de tous les temples et pyramides mayas.
La lettre grecque Φ – si tu veux trouver le Codex maya, cherche Φ et le centre du nombre d'or – Pacal.
  L'héroïne archéologue trouvera le symbole Φ sur un site maya, l'auteur semblant ignorer que ce symbole n'a désigné le nombre d'or qu'à la fin du 19e siècle. Le reste est à l'avenant, et je serais bien en peine d'expliquer comment le Codex maya empêche un projet risqué, la destruction d'un complexe nucléaire iranien par un séisme déclenché par les ondes HAARP; certains pensent que le séisme pourrait s'étendre à toute la Terre.
  J'ai aussi noté le nom du directeur de HAARP, Nathaniel B. Hershey, en pensant à "frère Nathaniel" (René Daumal), et l'association à la prophétie maya m'a rappelé la fantastique coïncidence de 2012 (alors qu'on parlait beaucoup de cette prophétie qui est au premier plan dans le roman).

  Les deux HAARP m'ont fait ressortir Version officielle, et constater que les deux romans étaient parus chez Pocket, et que leurs numéros étaient anagrammes l'un de l'autre,
17094 et 14709, mais ce n'est que le 10 mai que je me suis avisé que ces chiffres formaient aussi (0)1947, l'année de naissance d'Anne.

  1947 et 18-47. Il m'est venu l'idée de calculer le produit 19x47, soit 893, ce qui m'a été aussitôt significatif. Un aspect pour moi important de mes recherches concerne la musique de Bach, avec des résultats spectaculaires pour les 48 Préludes-Fugues des deux cahiers du Clavier bien tempéré.
  Comme ces résultats dépassaient toute interprétation rationnelle, je m'étais enhardi au point de considérer dans mes recherches les numéros de la classification BWV (établie au 20e siècle), avec un résultat intéressant pour le premier cahier, où les préludes sont numérotés BWV 846a à 869a, et les fugues 846b à 869b. En additionnant d'abord les nombres de mesures des préludes, le total de 846a à 846b est 846 mesures.
  846 se factorise 18x47, or le dernier prélude BWV 846a est le seul à reprises du premier cahier; ses 47 mesures sont donc entendues 2 fois lors d'une exécution normale, et les prendre en compte conduirait au total 19x47, soit 893, qui n'est autre que le numéro du dernier ensemble du deuxième cahier, BWV 893.
  J'attachais une importance cruciale aux 47-76 mesures du dernier ensemble du deuxième cahier (BWV 869), idéalement doré, mais ce n'est qu'à la suite de cette dernière découverte que je me suis avisé que le produit 47x76 vaut 4 fois 893, numéro BWV de l'ensemble correspondant du second cahier. Je suis particulièrement séduit par les relations qui unissent nombre d'or et quaternité.
  Je rappelle que, à la fin du manuscrit du premier cahier, Bach a apposé SDG, pour Soli Deo Gloria, "à Dieu seul la gloire", modeste signature employée pour plusieurs autres oeuvres.
  Les rangs de ces lettres SDG sont dans l'alphabet latin 18-4-7.

  La crémation s'est déroulée le matin du 18 février (74e anniversaire de Sinoué). Cinq musiques avaient été choisies pour la cérémonie, d'abord le choeur d'ouverture de la Passion selon Saint Matthieu (BWV 244), puis Cold song, composé pour voix de basse par Purcell mais Anne adorait l'interprétation de Klaus Nomi, How high the moon d'Art Tatum, Moonlight serenade de Glenn Miller, et Misty d'Erroll Garner.
  En revenant la radio de la voiture était sur Musique, l'émission Allegretto était consacrée à Purcell & Friends; il y fut diffusé le Cold song de Purcell, par Les Arts Florissants.
  Nous dispersâmes les cendres le 20 février en un lieu qu'elle aimait. Ce fut cette fois à l'aller que Musique diffusa le Cold Song, dans l'interprétation du Deller Consort.



1 commentaire:

Patrick Bléron a dit…

Mon cher Rémi, je t'adresse toutes mes condoléances,bien tardivement. La lecture de ton billet a fait remonter de cruels souvenirs avec la disparition de ma petite soeur Marie à Limoges, le 11 décembre 2019. Elle était née le 7 janvier 1971.Deux jours avant sa mort,j'avais constaté une avalanche de 44 dans mon environnement, sans savoir à quoi relier ce nombre.Et puis j'étais allé voir un film, Une joie secrète, autour de la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier, qui réalise chaque jour une minute de danse filmée. Et cela depuis les attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. Or, ma soeur qui avait pris le nom de son mari, Gaultier, avait eu ce jour-là 44 ans très précisément. Il y eut bien d'autres coïncidences que je relaterai un jour, quand j'en aurai un peu plus le coeur.