20.9.14

46665

 
  J'ai rencontré de multiples coïncidences numériques, la plus frappante à mes yeux étant la présence dans des circonstances similaires d'un même nombre de 5 chiffres dans deux oeuvres ayant d'autres points communs.
  Il s'agit d'abord du film Pi de Darren Aronofsky (1998), dont le format original est au nombre d'or, cas peut-être unique en ce qui concerne les longs métrages.
  Une anomalie m'avait frappé dans la scène finale, variante de la scène presque initiale où la petite Jenna joue avec Max, lui soumettant deux opérations dont il donne instantanément les résultats. Après s'être autolobotomisé, Max est maintenant incapable de répondre, et c'est Jenna qui doit lui donner le résultat de la première opération,
255 x 183 = 46665
puis elle lui pose la division
748 : 238 ?
qui le laisse encore sans réaction.Le film s'achève sur ce ?
  Il faut comprendre que 748/238 se simplifie en 22/7 = 3.14..., approximation très connue de Pi attribuée à Archimède, ainsi le film boucle sur lui-même...

  L'autre oeuvre est le roman La maison des feuilles (2000), terminé par diverses annexes dont l'une (II-A) comporte 4 documents, le dernier étant numéroté 081512, série de 30 photos où les 8e, 12e, et 15e sont spéciales. Il est clair que Mark Z. Danielewski a fait allusion ici aux lettres de rangs 8-15-12, soit HOL, initiales du titre original House Of Leaves.
  La formidable coïncidence, c'est que le document précédent est numéroté 046665, soit le même nombre que l'avant-dernier résultat de Pi, où le dernier résultat est aussi une allusion cachée au titre de l'oeuvre. J'en ai discuté sur un forum spécialisé : rien n'indique que ce ne soit pas un hasard.

  Il est permis de douter. Je ne connais pas d'autre oeuvre s'achevant sur une énigme numérique dont la solution soit le titre de l'oeuvre. Il n'y a par ailleurs rien d'obligatoire à ce que cette énigme soit précédée d'une autre. Ces points acquis, difficilement chiffrables, il est plus immédiat que la probabilité d'avoir un même nombre de 5 chiffres est de l'ordre d'1 chance sur 100000, mais cette évaluation déjà frappante est loin de refléter le caractère extraordinaire de la coïncidence, si loin qu'il est tentant de décréter que c'est dans Pi que Danielewski a trouvé l'idée d'un nombre final autoréférent, et y a rendu hommage avec le nombre précédent.

  Cette approche rassurante ne permet pas de rendre compte de coïncidences irréductibles, ainsi j'ai discuté ici de la version française de Pi, où l'opération 255 x 183 est devenue 255 x 1280, et le résultat modifié en conséquence (326400), or le document précédant le 046665 est le 001280. Il est aberrant d'avoir modifié une opération dans un film où le symbolisme des nombres est au premier plan, et absurde d'imaginer que Danielewski ait pu s'inspirer de cette version française.

   Si Pi se réfère explicitement au nombre d'or, l'escalier spiralé descendant dans les profondeurs de La maison des feuilles est l'objet de commentaires implicites, comme cette annotation manuscrite figurant précisément sur le document 046665, Even today the Kitawans view the spiral of the Nautilus Pompilius as the ultimate symbol of perfection, reprenant presque mot pour mot la note 382, chapitre 17, où il est précisé que les Kitawans sont un peuple du Pacifique Sud. La spirale du nautile est souvent donnée comme exemple de spirale d'or parfaite dans la littérature concernée, bien que cette spirale logarithmique ne soit pas si idéalement dorée.
  Les couvertures des éditions anglaise et française de House Of Leaves sont illustrées de constructions hélicoïdales, et la récente édition espagnole montre un escalier évoquant une coquille. 
  Toujours est-il que la séquence 046665 apparaît très tôt parmi les décimales du nombre d'or, alors qu'un million de décimales seraient attendues pour avoir une bonne chance d'y trouver une séquence donnée de 6 chiffres. La séquence apparaît ici après 462 décimales, avec une curiosité car à 4-6-6 correspondent les décimales d'ordres 464-465-466, seule coïncidence pour un nombre de 3 chiffres. Voici les 528 premières décimales de Phi, en lignes de 66 chiffres pour faire apparaître 046665 au début de la 8e ligne:
618033988749894848204586834365638117720309179805762862135448622705
260462818902449707207204189391137484754088075386891752126633862223
536931793180060766726354433389086595939582905638322661319928290267
880675208766892501711696207032221043216269548626296313614438149758
701220340805887954454749246185695364864449241044320771344947049565
846788509874339442212544877066478091588460749988712400765217057517
978834166256249407589069704000281210427621771117778053153171410117
046665991466979873176135600670874807101317952368942752194843530567
  Il est à souligner qu'il s'agit aussi de la première occurrence du fameux nombre 666 parmi les décimales de Phi, et que les obsédés des nombres recherchent volontiers leurs favoris parmi les décimales de Pi ou de Phi. Ceci pourrait être particulièrement valable pour le film Pi, axé sur le nombre 216, soit 6.6.6.
  J'ai également souligné les 6 premières décimales, 618033, en pensant à l'héroïne des premiers romans de Werber, la fourmi 103 683e. J'ai étudié ici les parallèles entre les oeuvres de Werber et Danielewski.

  Mes considérations sur le nombre 46665, bien antérieures au blog Quaternité, étaient réservées à d'autres pages jusqu'à avril dernier, où 3 coïncidences sur les chiffres 4-5-6-6-6 survinrent dans un même contexte d'apocalypse, notamment un code explicite 66654 dans le roman Apocalypse. Ce me fut l'occasion de révéler des coïncidences plus personnelles, les rencontres dans des circonstances particulières des immatriculations 5666 XX 04 et 4666 XX 05.

  J'en viens au neuf. J'expliquais dans le billet Sloane Superman comment les 45 lettres de l'acrostiche couvrant les 45 sections de Only Revolutions, le second livre de Danielewski, offraient un partage doré idéal de la valeur totale 393:
SAM AND HAILEY AND SAM AND HAILEY = 243
AND SAM AND HAILEY AND = 150
  Les répétitions permettent d'établir que l'équilibre dépend des briques de base
SAM-HAILEY = 93 et AND-AND-AND = 57,
ce qui m'a ébahi car c'est une recherche sur le nom doré
GEORGE BRETZLEE = 57/93
qui m'avait conduit en 2007 à Danielewski, via un livre imaginaire attribué dans La maison des feuilles à un nommé Aristides Quine. Je nomme volontiers "quine" un ensemble de 5 valeurs en rapport d'or, et je découvris alors que le nom même MARK-Z-DANIELEWSKI (43-26-112) correspondait à la quine 26-43-69-112-181, puis le mois dernier que l'acrostiche ci-dessus correspondait à une autre quine, 57-93-150-243-393.
  Je renvoie au billet précité pour tous les commentaires.Tous ces échos m'ont fait rouvrir les livres de Danielewski, malgré mon peu de goût pour son écriture, et redécouvrir que le nombre 393 apparaît sur le document 046665, et nulle part ailleurs. Ce nombre ne m'était guère évocateur avant d'avoir établi que l'acrostiche de Only Revolutions formait une quine.
  Ce document, comme l'indique la note 35, chapitre 4, est supposé représenter les premières constatations de Will Navidson, griffonnées sur deux enveloppes, après la découverte de la première anomalie de sa maison : sa largeur mesurée de l'intérieur fait un quart de pouce de plus que lorsqu'elle est mesurée de l'extérieur. Toutes les vérifications, en perçant les murs et tirant des cordeaux, donnent les mêmes résultats:
32' 9 3/4" (32 pieds et 9,75 pouces) de l'extérieur 
32' 10" (32 pieds et 10 pouces) de l'intérieur
  Ces mesures sont reprises sur la première enveloppe
avec une précision absente du texte, la largeur extérieure serait égale à 20 cubits, "20 coudées". Le mot cubit n'apparaît jamais dans le texte, où il n'est pas non plus question des calculs annexes sur l'enveloppe, où Navidson semble avoir souhaité déterminer combien mesurait la coudée (X):
393 3/4"/20 = X "
ou 393.75/20 = X "
soit X = 19.6875"
  Le pouce vaut aujourd'hui exactement 2.54 cm, et la conversion donne un résultat d'une telle précision qu'elle peut être envisagée avoir été dans l'esprit de l'auteur:
19.6875 x 2.54 = 50.00625 cm,
ainsi la coudée vaudrait 50 cm, à moins d'un dixième de millimètre, et la largeur "extérieure" de la maison serait de 1000 cm, 10 mètres, ou 1000.125 cm si la mesure de Navidson avait été parfaite, mais une erreur d'un millimètre me semble acceptable (les instruments de mesure anglo-saxons sont gradués en quarts de pouce, puis en lignes d'1/16e de pouce, 0.16 cm, supérieur à la marge d'erreur envisagée).
  Mais pourquoi une coudée devrait-elle mesurer 50.00 cm, et pourquoi 20 coudées ? Il semble incontournable de passer par L'art des bâtisseurs romans, ou Cahier de Boscodon n° 4 (1985), qui aurait été édité à 60 000 exemplaires avant que les ayants droit en refusent d'autres réimpressions.
  Une pseudo-réédition récente  n'a pas grand-chose à voir avec l'original, en ligne ici.
  Tiens, on retrouve dans ce texte, calligraphié comme le document de Navidson, la spirale du Nautilus pompilius, et son assimilation à une spirale d'or parfaite. On y trouve aussi des citations de Jung, pages 72 et 90, et aux deux pages figure le mot "quaternité", mais ceci ne saurait suffire pour me faire recommander l'ouvrage qui, pour faire vite, défend avant tout l'idée que Le Corbusier aurait copié son idée du Modulor, ensemble de mesures dorées, sur un modèle ésotérique existant de longue date, la "quine des bâtisseurs", composée de 5 mesures immédiatement dérivées des puissances du nombre d'or (arrondis multipliés par 20):
   Son origine semble reposer sur le "carré long", ou rectangle dont la longueur est double de la largeur. Le triangle de côtés 20 et 10 unités est donné en exemple
  Sa diagonale AC est approximée à 22.36, d'où les valeurs de la quine correspondent à BM, AM, AB, BC+AC et BC+AC+AB. Il n'y a rien à redire à ceci, mais comment ces unités abstraites peuvent-elles devenir des centimètres, alors que le mètre a été instauré à la fin du 18e siècle ? Et certains commentaires suggèrent que la quine est bien antérieure à l'époque romane...
  Il existe bien des billevesées analogues, et il n'y aurait pas lieu d'insister sur celle-ci si elle n'avait connu une large diffusion, d'abord dans la littérature sur le nombre d'or, peu exigeante en rigueur, mais aussi dans des publications scolaires, avec par exemple un manuel Hachette de 5e récent mentionnant la quine. Ce croquis vient d'Activités Géométriques autour des polygones et du nombre d'or (2003), ouvrage parascolaire de Robert Vincent proposé aux enseignants :
  A remarquer que Vincent se démarque de sa source en faisant correspondre la quine aux Fibos 5-8-13-21-34, alors que l'inventeur de la quine, le chanoine Jean Bétous, partait de 34.
  La quine est supposée être un outil articulé utilisé par les bâtisseurs romans, mais Robert Vincent en propose une variante dans Géométrie du nombre d'or (1997), ouvrage à grande diffusion. Cet instrument réunissant 5 empans de 20.00 cm serait plus précis que le mètre-étalon du pavillon de Breteuil... On pourrait penser à une gageure de l'auteur, cinq x Vin(gt) = cent.

  J'ai insisté sur ce point parce qu'il me semble fort probable qu'il y ait une relation entre l'empan de 20.00 cm et la coudée de 50.00 cm chez Danielewski. Celui-ci a vécu en France, où il a pu connaître L'art des bâtisseurs romans, dans lequel il est question de quine, de coudée, de Nautilus pompilius, du Corbusier.
  10 mètres y font donc 50 empans de 20 cm tandis qu'ils font 20 coudées de 50 cm chez Danielewski. Il est de plus question d'un édifice de largeur 20 coudées dans L'art des bâtisseurs romans, le Temple de Salomon, ou Maison du Seigneur (je reprends l'écriture en bleu du mot maison chez Danielewski) :
  De ces mesures données dans la Bible (I Rois,6) sont mis en avant les deux doubles carrés de 40x20 et 10x20 coudées, supposés significatifs d'une parfaite connaissance du nombre d'or. La page du triangle de côtés 10-20 vu plus haut contenait un lien vers la page du Temple. Peut-être l'auteur a-t-il remarqué que le triangle correspondant au portique de 10x20 coudées a pour périmètre 52.36 coudées, laquelle coudée pourrait être de 52.36 cm, si comme il l'est envisagé

  Cette maison de 20 coudées de large me paraît un indice décisif, d'autant que la maison "des feuilles" est celle de Navidson, patronyme extrêmement rare qui évoque Davidson, or le fils immédiat du David biblique est Salomon, le bâtisseur du Temple.
  La maison Navidson se situe au coin de Succoth et Ash Tree lane, dans une localité de Virginie. Succoth est un mot hébreu, correspondant à diverses localités, dont une d'où vient le bronze du Temple de Salomon (I Rois,7,46). C'est aussi le nom de la fête des Tentes, où un Juif doit quitter sa maison pour vivre pendant une semaine dans une hutte sommaire, couverte de feuillages...
  Ash tree, c'est le "frêne", et la seule occurrence éventuelle du frêne dans la Bible est en Isaïe 44,14, où le hapax oren, אֹ֫רֶן, est parfois traduit "frêne", notamment dans la King James Bible, version anglaise de référence. Ce mot est très proche de Ornan, אָרְנָן : le Temple de Salomon a été construit sur l'aire d'Ornan. On peut songer aussi à aron, אָרוֹן, l'Arche d'Alliance, conservée dans le Saint des Saints, raison d'être du Temple.
  Dans cette Bible, le Saint des Saints est traduit the most Holy (place).

  Si tout ceci n'a pas nécessairement été dans l'esprit de Danielewski lors de la conception de son roman, il paraît raisonnable d'admettre au moins quelques corrélations, mais je suis loin d'être un défendeur forcené de la raison, et il ne me gênerait pas outre mesure que Danielewski ignore tout de L'art des bâtisseurs romans.
  La raison est de toute manière battue en brèche par le fait que le Temple de Salomon est mentionné explicitement dans Pi. Je rappelle que son héros Max Cohen a découvert par hasard une séquence de 216 chiffres qui contiendrait tous les secrets de l'univers. Il est pourchassé par des yuppies qui espèrent s'en servir pour maîtriser les flux boursiers, et par des juifs orthodoxes moins matérialistes.
  Enlevé par ces derniers vers la fin du film, un vénérable rabbin lui apprend qu'au centre du Temple se trouvait le coeur de la civilisation juive, le Saint des Saints. Personne n'était autorisé à y entrer, sauf le Grand Prêtre une fois l'an, à Yom Kippour. Il y déclamait alors selon le Talmud le nom secret de Dieu, en 216 lettres, et l'Alliance divine avec Israël était alors renouvelée pour un an.
  Hélas ce secret a été perdu, mais le rabbin ne doute pas que le nom soit le nombre redécouvert par Max Cohen (à comprendre pontifex maximus ou cohen gadol, "grand prêtre").
  Pourchassé par yuppies et tsaddiqim, Max extirpe le nombre maudit de sa cervelle avec une perceuse, pour devenir le simple d'esprit incapable de découvrir les résultats 46665 et 3.14 dans la dernière scène du film.

  Les noms tels que Cohen ou Lévi signifient en principe que leurs détenteurs sont issus de la tribu de Lévi, tribu des prêtres. Il en va de même du nom Aron, car le premier Grand Prêtre a été Aaron, et des dérivés comme Aronofsky.
  Ledit Aronofsky a pris quelques libertés avec les faits. Si le Grand Prêtre d'Israël était bien la seule personne autorisée à pénétrer dans le Saint des Saints, à Yom Kippour, c'était pour y articuler le nom divin YHWH, interdit à tous les autres Juifs et remplacé par différents substituts dans le langage parlé.
  Néanmoins il existe bien une importante séquence de 216 lettres, celle des "versets longs" de Exode 14,19-21 utilisée pour forger 72 noms d'anges, souvent commentée. Divers passages du film montrent qu'Aronofsky a quelques connaissances en mystique juive, notamment en gématrie, mais qu'il n'a aucun respect pour elle, et transmet diverses erreurs grossières.
  J'ignore s'il savait, en reliant le nom secret de 216 lettres au Saint des Saints, que ce lieu a un autre nom en hébreu, le debir, דְּבִיר, mot de valeur 216. D'autres curiosités sont liées au lieu, car 216 est le cube de 6, alors que la salle est un cube de 20 coudées de côté (I Rois,6,20, autre coïncidence sur les nombres 6 et 20). Mieux encore, l'expression "vingt coudées", 'esrim amah, a pour valeur 666 en hébreu. Bien avant la fameuse Bête de l'Apocalypse, le nombre fatidique apparaît déjà en clair dans la Bible, avec 666 talents d'or reçus en un an par Salomon (I Rois,10,14), le bâtisseur du Temple, avec une coïncidence que j'ignorais : les initiales de l'expression "666 talents" en hébreu ont pour valeur 666...
  J'ai appris le dernier point sur cette page répertoriant diverses apparitions de 666, présenté comme un sceau du Dieu trinitaire ayant créé le monde en 6 jours, sceau que le Diable s'approprie par imitation... Je ne me situe évidemment pas dans cette optique, et pour moi nulle déduction "logique" ne peut être tirée de coïncidences numériques, tout au plus peut-on évaluer les probabilités associées.

  S'il fallait suivre ce type de raisonnement, il faudrait probablement en venir à la conclusion que Danielewski est Dieu (ou le Diable), car voici le début du verset I Rois,6,20 selon la King James Bible et le Gématron:
And19 the33 oracle54 in23 the33 forepart99 was43 twenty107 cubits74 in23 length66, and19 twenty107 cubits74 in23 breadth58, and19 twenty107 cubits74 in23 the33 height57 thereof77
L'expression "vingt coudées" de valeur 666 en hébreu devient
twenty107 cubits74 = 181 = Mark Z. Danielewski
On retrouve un autre 181 pour les trois dimensions
length66 breadth58 height57 = 181, et l'auteur ne se limite peut-être pas à trois dimensions, car
four dimensions = 60+121 = 181

  Pi est sorti en 1998, or 1998 = 666+666+666 (les 3 fois "20 coudées" du debir ?)

  Il y a différentes citations bibliques dans House of Leaves, et Danielewski utilise au moins la KJ Bible pour celle de la note 153, donnant le verset Genesis 28,17 : “How dreadful is this place! this is none other but the house of God, and this is the gate of heaven.” 
  Les amateurs de Rennes-le-Château connaissent bien ce verset, dont le début est gravé au fronton de l'église de Bérenger Saunière. Comme je le détaillais dans ce billet, c'est dans cette église que le héros de Giacometti-Ravenne découvre le code 66654 qui lui permet de découvrir le secret de Saunière, dans une église jumelle dont le fronton porte aussi l'inscription Terribilis est locus iste.
  Jacob a trouvé ce lieu "terrible" parce qu'il y a rêvé d'une échelle montant aux cieux, ce que peuvent évoquer négativement les escaliers de la cave de la maison Navidson, descendant vers des profondeurs indéterminées.

  Je rappelle que le Temple de Salomon est une autre Maison de Dieu, plus exactement la Maison de YHWH, abritant l'Arche, aron, qui s'écrit et se prononce exactement à rebours du mot nora, "terrible" dans ce verset.
  La page précitée sur les équivalences 666 donne l'expression "Arche Sainte", aron haqodesh, figurant dans le verset II Chr 35,3.
  Dans l'édition française la note 153 (153 valeur de HOUSE OF LEAVES) est page 124, au verso de la page 123 où la note 150 mentionne l'ouvrage Concatenating Corbusier de Aristides Quine. Ceci fait partie du chapitre 9, des plus labyrinthiques, avec des notes à 90 degrés, d'autres à l'envers, et la note 144 qui court des pages 121 à 150 dans un encadré, à l'endroit au recto, se superposant à son image en miroir au verso. Ceci peut évoquer les Tables de la Loi, conservées dans l'Arche, qui selon un commentaire rabbinique étaient traversées de part en part par l'écriture divine.

   Une autre mention "maison de Dieu" apparaît chapitre 17, dans une lettre de Navidson à sa femme, où il écrit:
Dieu est une maison. Ce qui ne veut pas dire que notre maison est la maison de Dieu ou même une maison de Dieu. Ce que je veux dire c'est que notre maison est Dieu.
 J'écrivais plus haut que House of Leaves est paru en 2000, pour être exact le 7 mars qui aurait été le 64e anniversaire de Perec, lequel a peut-être influencé Danielewski, notamment pour le goût des longues listes (et dans le chapitre 74 de La Vie mode d'emploi apparaît un thème similaire à celui de House of Leaves, l'extension vers des profondeurs infinies des caves de l'immeuble). Le texte principal a cependant largement préexisté à sa publication et a d'abord été proposé en ligne avant qu'un éditeur audacieux ne se lance dans l'aventure.
  Je n'ai pas réussi à trouver de date précise pour cette première version, mais il me semble probable qu'elle ait été antérieure à la sortie de Pi, en juillet 1998. C'est une question mineure, mais si la largeur extérieure de 393 pouces 3/4 de la maison Navidson a bien été choisie pour sa correspondance presque exacte avec 10 mètres, avec en arrière-pensée le Temple de Salomon, alors Danielewski a précédé Aronofsky pour l'évocation du Temple (mais a fort bien pu lui emprunter le nombre 46665, les documents de l'annexe II-A étant bien précisés avoir été ajoutés pour l'édition papier).
  Au fait la spirale d'or est aussi présente dans Pi, avec une totale gratuité car sa superposition à l'homme vitruvien de Léonard n'a aucune pertinence.

  Je suis loin d'en avoir fini avec cette affaire Sky-Ski, et je compte y revenir dans le prochain billet.

8.9.14

retour adamique


  8 septembre 2014, 1er Absolu 0142 du calendrier pataphysique, 6e anniversaire de ma découverte du schéma de la vie de Jung autour du 4/4/44.
  C'est aussi 8 jours après le 31 août, ou 21/13 pataphysique. Comme une fabuleuse coïncidence 21/13 est survenue un 21/13, couple fétiche à mes yeux, je tâche de faire une balade chaque 31 août, souvent le tour du lac de Castillon en vélo, passant par Saint-André-des-Alpes et Castellane, où il y a des bouquinistes et donc des occasions de coïncidences.

  Il y a deux ans, en 2012, Anne avait besoin le 31 août de la voiture, que j'utilise en principe pour aller jusqu'à Barrême et raccourcir le périple de 100 à 60 km, ce qui suffit à mes mollets un peu fatigués.
  J'avais alors fait la balade le 28 août, et elle avait été l'occasion d'une première coïncidence relatée ici. J'avais trouvé à Saint-André un polar métaphysique dont j'ignorais l'existence, Le dernier homme bon, basé sur la légende juive des 36 Justes, selon laquelle l'humanité ne survit que grâce à la présence en son sein de 36 hommes bons, seuls connus de Dieu.
  Les auteurs ont imaginé l'idée bizarre que Dieu extermine lui-même périodiquement ses 36 Justes, à raison d'un tous les 7 jours du 24 avril au 25 décembre. A partir des 21 cas connus sur les 34 éliminations ayant eu lieu dans le monde entier, ce qui me donnait une répartition 21/13, un flic vénitien détermine que le prochain meurtre pourrait avoir lieu à Copenhague, et les autorités concernées mettent à tout hasard un flic marginal sur cette idée saugrenue, Niels Bentzon.
  Il est encore plus difficile d'admettre la suite : Niels dégote une surdouée du bulbe, Hannah, qui parvient à décoder à quelques mètres près les localisations des Justes, selon la superposition des couches électroniques de l'élément 36, le krypton, avec la Rodinia, l'état primitif des terres émergées qui formaient jadis un unique continent...

  Le roman a néanmoins une écriture agréable, commencée dès environ midi ce 28/08/12, car une petite averse me fit m'abriter environ une heure, mise à profit pour lire une centaine de pages du Dernier homme bon.
   Le soir, je trouvai un mèl de dp, expédié à 12h16, au moment où je débutai le roman, qui me signalait qu'une étudiante en graphisme avait réalisé pour son projet de diplôme une maquette du Mont Analogue. Le nom de l'étudiante était Bonhomme, qui a aussi son site où j'ai découvert son logo.
  Je liais ceci au document Daumal découvert quelques mois plus tôt, témoignant de son intérêt pour le couple 21/13, mais je m'aperçois en relisant le billet que j'y ai omis quelque chose qui me semblait important : Daumal laisse entendre "dos mal" (et lui-même signait parfois Alta Mala, "haut mal"), or les Justes du roman ont "mal au dos" dans la quinzaine précédant leur mort, suite à la formation dans leur chair de stigmates donnant leur numéro d'ordre parmi les Justes.

  Le billet donnait d'autres coïncidences liées au premier roman de AJ Kazinski. L'an dernier j'ai jeté un coup d'oeil au second roman, Le sommeil et la mort, sans éprouver un besoin impérieux de le lire. Et puis il est arrivé le 30 entre mes mains, et j'en ai commencé aussitôt la lecture, achevée le premier septembre.
  Il est fondé sur des prémices bien plus acceptables pour moi. La vie du docteur Adam Bergman a été ravagée 8 ans plus tôt : sa femme Maria a été trouvée égorgée, avec dans la maison leur fille Silke, 5 ans, qui depuis n'a plus prononcé une parole.
  Un homme, l'amant de Maria, a été vu quittant les lieux, mais il n'a jamais pu être identifié. La profession de Bergman l'amène à fréquenter des personnes revenues des frontières de la mort, et il en conçoit l'idée de poursuivre l'enquête par delà ces frontières, en provoquant la mort clinique de personnes ayant déjà connu une NDE, puis en les réanimant...
  Il enlève la danseuse Dicte le 12 juin 2011, la tue et la réanime, mais n'obtient d'elle aucune information. Il entreprend alors de l'expédier à nouveau dans l'au-delà, mais Dicte parvient à s'échapper le soir de ce 12 juin. Toutefois, bourrée de drogues diverses, elle échoue sur la plate-forme d'un pont, plus de 10 m au-dessus de la voie ferrée, et semble prête à se jeter dans le vide si on s'approche d'elle.
  Le négociateur Niels Bentzon tente d'établir le contact, dans toutes les langues qu'il connaît mais elle ne répond à aucune de ses tentatives, et finit par se laisser tomber, à 23 h 57.
  L'enquête pouvant amener rapidement à le mettre en cause, Bergman est contraint de choisir rapidement un autre sujet, qu'il ne parvient pas à réanimer, puis enlève le 19 Hannah, devenue la femme de Niels après leur rencontre dans le roman précédent, Hannah qui avait fait une double NDE le 23 décembre 2009.

  J'ai lu assez rapidement le roman avant d'arriver, assez tardivement (chapitre 63 sur 133), à la mention du nom Adam Bergman, qui m'a été aussitôt significatif.
  J'ai conté ici les échos entre la réanimation par le commissaire Adamsberg de son adjointe Violette la nuit du Vendredi saint 2004 dans Dans les bois éternels (2006) et l'assassinat la nuit pascale de la même année 2004 commis par mon personnage Adam Breger dans un projet de roman de 2003, Le parfum de l'amant d'Anouar.  Le premier nom imaginé avait été Adam Berger, référence au docteur Sheppard de Qui a tué Roger Ackroyd, et j'avais cru bon de dissimuler cette référence avec la variante Breger. Voici donc qu'il arrive un personnage au nom voisin, le docteur Adam Bergman, qui lui à la fois tue et ressuscite, et pas à une date indifférente car le 12 juin était en 2011 le dimanche de Pentecôte, dernière date du cycle pascal.
  On peut imaginer que Kazinski, qui exploitait la date de Noël dans Le dernier homme bon, n'a pas choisi ce jour au hasard. On peut penser à la descente du Saint-Esprit, peut-être invoquée par Adam Bergman, ou au "parler en langues", tenté par Niels avec la suicidaire. Kazinski montre qu'il sait ce qu'il en est en mentionnant le service minimum à l'hôpital le lundi de Pentecôte. Ceci me rappelle les difficultés d'Adamsberg pour trouver des donneurs à l'hôpital de Dourdan, en raison explicite des vacances de Pâques.
  J'avais choisi le prénom de Breger parce que adam signifie "homme" en hébreu, en référence à un roman de Queen où un agonisant ne peut indiquer que son assassin pascal est un "homme", man, parce que cet indice pourrait tromper les enquêteurs. Adam Bergman est doublement un "homme de la montagne".

  Mon obsession fibonaccienne me fait remarquer les 5+8 ans de Silke, petits nombres moins significatifs que ne l'était le partage 13-21 des 34 Justes. J'ai rencontré un 13+21 ans similaire au cas de Silke dans un autre roman danois lu en juillet, Miséricorde de Jussi Adler Olsen, où Oluf est fortement diminué depuis l'accident qui a coûté la vie à ses parents lorsqu'il avait 13 ans; 21 ans plus tard cet accident éveille des conséquences dramatiques.

  Le nom Maria de la femme d'Adam peut être évocateur, car pour le christianisme Marie est la nouvelle Eve, venue réparer le péché originel. Il y a eu l'an dernier un rebondissement à la création de mon personnage Adam Breger, avec la (re)découverte du nom Eveline Bréger chez Roussel, ce qui m'avait conduit à publier le billet Eve & Adam le 31 août 2013, ou 21/13 pataphysique. 
  Je précise maintenant que dans l'épisode concerné de Locus Solus, Gérard Lauwerys est sauvé par Eveline Bréger, dont le nom n'est donné qu'une seule fois, après le sauvetage du fils de Gérard grâce à une statue de la Vierge à l'Enfant (nouvel Adam pour le christianisme).

  Comme je le disais dans le précédent billet, du 31 août, qui m'a conduit à mentionner Eve & Adam, je n'ai manqué aucun 31 août depuis le début de Quaternité, devant beaucoup à ma lecture le 31 août 2008 de Des jours et des nuits, de Sinoué.
  Il en était fortement question dans le billet du 31 août 2011, De jour comme de nuit, où je présentais les différentes oeuvres de Burne-Jones intitulées Night & Day:
  Le titre Le sommeil et la mort vient de La Nuit et ses enfants, le Sommeil et la Mort, sculpture de Bertel Thorvaldsen qui fascine divers protagonistes du roman. Il s'achève sur une touche d'espoir, lorsque Niels fait découvrir à Hannah que l'oeuvre a son pendant, Le Jour, montrant l'essor de la Vie:

  Je confesse avoir lu le début de Le sommeil et la mort rapidement, avant l'apparition du nom Adam Bergman qui a éveillé ma pleine attention. Le matin du 31 août, je suis parvenu à la visite le Lundi de Pentecôte de Niels aux parents de Dicte, "Charlotte et Hans Henrik". Cette formulation m'a induit à comprendre que le nom de la famille était Henrik, et mon évaluation devenue presque immédiate des valeurs gématriques m'a conduit à considérer
DICTE HENRIK = 41 65
  Ce n'est pas tout à fait un couple doré idéal car la somme 106 multipliée par phi, .618, donne 65.51, et sa section dorée entière serait donc 66, mais le partage doré du nombre suivant de la suite 41-65-106, 171, a bien pour partage idéal 106-65, très significatif pour moi (voir Puzzle échevelé et le récent Alphabet, puzzle, qui me fit prêter attention aux 4165 jours déclarés vécus par Jake a début du second épisode de Touch, 4165 renversement de 5614, somme des deux nombres clés des deux premiers épisodes, 318 et 5296).
  En fait Hans Henrik est un prénom double, et le nom de la famille est Van Hauen. J'y reviendrai, mais je l'ignorais encore lorsque je suis parti faire mon tour du lac en vélo. Deux heures plus tard, un livre attirait mon attention chez le bouquiniste de St-André, L'ange déchu de Howard Fast, n° 106 de la collection rivages/noir. Mon billet L'ange de la médiathèque m'avait conduit à mentionner son édition dans la collection Le miroir obscur, dont il était le n° 1, collection illustrée par Claeys également illustrateur de L'effaceur, roman où les noms anagrammes des personnages Cassiel et Claisse m'avaient fait remarquer la parenté avec Claeys. Cassiel est l'un des anges des Ailes du désir de Wenders, et j'avais bien sûr été frappé que sa première couverture pour Le miroir obscur ait concerné L'ange déchu.
  Si j'avais déjà lu le roman, je n'en avais plus souvenir, et je découvre ce 31/8 qu'il suit David Stillman, travaillant au 22e étage d'un immeuble newyorkais dont vient de tomber Charles Calvin, patron d'une organisation caritative. Stillman a perdu la mémoire, et erre dans New York, pourchassé par une bande inquiétante. Il ne trouve pour l'aider que le privé Mike Caselle, qui sera aussi assassiné.
  Calvin n'avait rien d'un ange, et travaillait en fait sur une nouvelle arme nucléaire effroyable. Chez Wenders, les anges Damiel et Cassiel parviennent à s'incarner en se précipitant à terre sans se servir de leurs ailes. Mike Caselle m'évoque bien sûr Cassiel, d'autant que l'ange originel appartient à un groupe de 7 anges planétaires dont le principal est Michael. Dans le film tiré du roman, Mike est devenu Ted Caselle, interprété par Walter Matthau, or Ted est souvent le diminutif de Theodore, m'évoquant Haemmerli.

  Après mon tour du lac, je suis rentré auprès de ma femme, et le soir nous avons consulté les dernières rentrées sur un site de streaming. La récente mort de Robin Williams avait conduit à l'ajout de nombreux films, parmi lesquels j'ai aussitôt remarqué Fisher King, roi-pêcheur incarné par Jeff Bridges qui va être guéri par Parry, soit Parsifal (Robin Williams), en quête du Saint-Graal à New York.
  En cours de visionnement, je me suis avisé que
FISHER KING = 65 + 41 = 106
le couple presque doré vu plus haut, ici en compagnie des réels couples dorés
SAINT GRAAL = 63/39 = 21/13
étudié dans Le calisse qui tue, référence anagrammatique à Cassiel, et
NEW YORK = 42/69

  Divers échos apparaissent, ainsi le billet Eve & Adam, évoqué plus haut, faisait suite aux billets précédents consacrés à la trilogie de CS Lewis, dont le héros Ransom adopte également le nom Fisher-King.
  Il y aurait encore les déambulations newyorkaises de Peter Stillman en compagnie du détective Daniel Quinn dans Cité de verre, mais le couple 41-65 a connu un autre rebondissement le 2 septembre.
  Comme je l'indiquais fin juillet, j'éprouvais certaines difficultés à faire valider par l'OEIS la suite en base 11 1331-2112-3443-5555-8998, déjà mentionnée dans la suite A245323, mais me semblant mériter sa propre classification. J'avais cru pouvoir trouver une autre approche en découvrant qu'une brillante matheuse du MIT avait donné ces mêmes nombres, Fibos concaténés avec leurs miroirs, mais les responsables du site, peu réceptifs aux coïncidences, arguèrent que, Tanya Khovanova ayant estimé cette suite sans intérêt, elle avait tout à fait raison.
  La discussion s'éternisa pendant tout août. Sommé de justifier l'intérêt de ma suite, j'envisageais de souligner que Tanya Khovanova dénonçait dans son article des procédés couramment utilisés par l'OEIS et par Neil Sloane lui-même, et que toutes les autres suites qu'elle citait étaient également à ses yeux sans intérêt. Le 2 septembre, me souvenant qu'un de ses exemples était la suite des carrés écrits à l'envers, je tapais dans la fenêtre de recherche OEIS 0,1,4,9,61,52, sans obtenir le résultat escompté.

  J'avais toujours en tête le couple 4165 et 5614 de Touch, pour moi remarquable parce que la suite A5614 est le mot infini de Fibonacci, alors que les nombres de Fibonacci sont particulièrement présents dans ces deux premiers épisodes de Touch. Je profitais donc d'être sur le site pour regarder, juste après ma tentative de trouver la suite des carrés écrits à l'envers, quelle était la suite A4165, et c'est la suite des cubes écrits à l'envers, 1,8,72,46,521... Le 0 n'est pas pris en compte, comme pour la suite des carrés écrits à l'envers, qui est A2942. Ces deux suites, de même que d'autres construites sur le même principe, sont dues à Neil Sloane, ne me semblant pas mériter ici le surnom Superman (dans Sloane Superman je remarquais que ses valeurs 40-66 correspondent au partage doré idéal de 106).
  Les suites ainsi construites représentent cependant un infime pourcentage des quelque 2500000 suites du site, et je renonce à évaluer la probabilité de tomber par hasard sur les miroirs des cubes juste après avoir cherché les miroirs des carrés. S'il faut ici me faire confiance, la présence du couple 4165-5164 dans Touch est vérifiable, ainsi que l'importance de Fibonacci.
  Pour ce qui touche ma suite, la suggestion que certaines suites de l'OEIS puissent être sans intérêt a été fort peu appréciée, et ma proposition a été rejetée.

  J'avais promis de revenir au 41-65 de Dicte Henrik, que j'ai ensuite compris ne pas être un nom mais deux prénoms, celui de Dicte et l'un des deux de son père, Hans Henrik. La journée du 31/8 m'ayant ensuite conduit à Fisher King, il n'est pas inintéressant que la racine germanique rik, "puissant", soit liée au latin rex, "roi", comme à l'hindi rajah, même sens.
  Hans Henrik est responsable de l'accident qui a provoqué l'arrêt du coeur de Dicte, et sa NDE. Mon billet NDE & NDO étudiait les coïncidences dorées liées aux NDEs.
  Dans le 3e épisode de Touch apparaît quelqu'un qui ressemble beaucoup à Jake, ne percevant la réalité que par les nombres. C'est un certain Walter King, qui se prend pour un chevalier engagé dans une quête... Avant qu'il ne soit envisagé l'appartenance de Jake aux 36 Justes, ce King se prétend un Juste. Son personnage est très proche du Parry de Fisher King, dont il est d'ailleurs peut-être inspiré. Le roman de Kazinski a probablement aussi inspiré le personnage du tueur de Justes de la série.

  Refeuilleter Le dernier homme bon m'a fait remarquer quelque chose. Le 23 décembre Niels Bentzon (le dernier Juste, au nom doré), en très mauvaise condition au Rigshospitalitet (Hôpital du Roi), apprend par Wass, le dermatologue venu étudier les lésions de son dos, qu'un cas identique est apparu il y a plus de 60 ans, nommé syndrome de Worning par le docteur qui l'avait étudié, dans le même hôpital. En isolant les 2 premières lettres de chaque nom,
WA-SS = 24+38=62
WO-RNING = 38+62 = 100
   Les noms sont en rapport doré, et permettent une quine 24-38-62-100-162, par un procédé discutable mais pointant sur les lettres AO, alors que le tueur-ressusciteur Adam Bergman m'a rappelé la résurrection opérée par Adamsberg, grâce à des sangs des groupes A et O, sur Violette, expédiée aux portes de la mort par une psy célèbre pour son étude des cas de dissociation nommés par elle Alpha-Omega, elle-même étant une dissociée.
  Niels malgré son état parvient à explorer les archives de l'hôpital dans la nuit de Noël, et découvre qu'il y a bien été admis un patient à la Noël 1943, Thorkild Worning, dont le discours apparemment délirant a été alors étudié par le psy Levin (=62).

  La lecture de L'ange déchu m'a conduit à regarder quels livres j'avais dans la collection Le miroir obscur. Le n° 5 est l'un des fleurons du polar bizarre, La mort en gros sabots, d'abord publié en 1946, histoire délirante où des leprechauns, êtres du petit peuple, engagent des humains pour livrer des percherons à des personnes bientôt assassinées.
  J'ai relu rapidement, pour constater qu'il s'agit comme L'ange déchu d'un amnésique errant dans New York en quête de sa mémoire perdue. Le personnage central est ici le psy George Matthews, qui émerge le 1er mai 1944 dans un hôpital, sans aucune idée de ce qu'il a fait depuis le 12 octobre précédent, jour du premier assassinat avec percheron.
  Mais le docteur Matthews passe pour mort, et il a été inscrit à l'hôpital sous le nom de John Brown, d'après un document trouvé sur lui. Pour des raisons peu convaincantes, il n'arrive à obtenir son visa de sortie, le 12 juillet, qu'en admettant qu'il est bien ce John Brown, et enquête ensuite en gardant cette identité.
  Evidemment je songe à Jung, sorti de l'hôpital de Zurich début juillet 44 selon Barbara Hannah. Matthews, après son doctorat à Cincinnati, a étudié la psychothérapie à Zurich...
  Le roman s'achève le 31 août 1944 (!), journée bien remplie avec d'abord dans ses premières heures le second assassinat avec percheron, puis l'assassinat de la femme de Matthews, et enfin le dénouement, peu convaincant.
  Alors que le 31/8 est aussi le 21/13 du calendrier pataphysique, qui n'avait pas alors été instauré, je remarque les prénoms des 2 victimes équines :
FRANCE = 47, vedette de la revue NEVADA = 47, et
NAN = 29, sa doublure, complice du premier meurtre.
47 et 29 sont dans la suite de Lucas les termes de mêmes rangs que 21 et 13 dans la suite de Fibonacci.
  Dans le roman Graal, le Saint-Graal (63/39=21/13) est redécouvert un 31 août. Ceci n'est valable qu'en français, et le roman a été traduit en français en 1991, l'année où est sorti le film Fisher King.

  Le jeu 24-38-62-100 pour WA-SS et WO-RNING du premier roman de Kazinski m'amène à remarquer les harmonies des trois parties du nom réel du sculpteur ayant donné son titre au second roman, Bertel Thorvaldsen, avec
SEN (fils) = 38
BERTEL = 62
THORVALD = 100 (père au nom divin)
  Luca Paccioli avait nommé le rapport d'or "divine proportion", en raison de l'analogie avec la Trinité de cette harmonie unissant 3 termes. Je rappelle que le roman débute le jour commémorant la descente du Saint-Esprit sur les apôtres.