20.7.11

dédicaces

BN ANNAversaire !

C'est bientôt le 20 juillet, Saint-Elie, occasion de revenir sur le duo Elie et Enoch, ce dernier ayant depuis peu une fête catholique, le 10 juin, 40 jours plus tôt. L'Église apostolique arménienne connaissait précédemment un Saint-Enoch, fêté le 26 juillet (date de naissance de Jung).
Le billet précédent m'amenait à découvrir un Elie personnage principal de Dans la tourbe, de Claude Amoz, qui élucidait le mystère du cadeau jadis donné par la mère de Christophe à son ami Marc, un étrange objet qu'il a alors pris pour une dînette, et qui était un chandelier de Hanouka, car la mère de Christophe avait caché à tous son origine juive, perturbée par l'holocauste nazi.
Comme je le disais, 'hanouka, "dédicace", "inauguration", est de la même racine verbale 'hanakh que le nom Enoch, 'hanokh; elle a deux sens, "initier, instruire" et "inaugurer, dédier". Hanouka est la fête de la Dédicace, ou de la (re)dédication, dont les 8 jours commémorent le miracle conté dans le Livre des Macchabées.
Le chandelier de Hanouka, la 'hanoukia, compte huit chandelles plus une, le Serviteur, qui sert à allumer les 8 lampes sacrées; il y en a deux types, soit symétrique avec le Serviteur au milieu et 4 branches de chaque côté, soit celui ci-dessus où le Serviteur est isolé des 8 lampes saintes.
En posant la requête hanouka dédicace sur GoogleImages, la première image montrant un chandelier du second type venait de ce blog, à propos d'un incendie survenu au mont Carmel pendant la dernière fête de Hanouka, et établissant un parallèle avec le récit biblique (I Rois 18) où le prophète Elie confond les mages païens au mont Carmel, en faisant tomber le feu du ciel, puis la pluie. Je reviendrai sur ce mont Carmel, pour un écho très personnel.
L'un des premiers résultats semblait avoir un rapport peu immédiat avec une fête religieuse, mais il correspondait parfaitement à la requête car il s'agit d'une dédicace du dessinateur Assaf Hanouka pour l'album Carton jaune.
Je m'étais réjoui que mon exemplaire de Dans la tourbe, trouvé chez un bouquiniste, arborait une dédicace de l'auteur, bien venue pour la fête de la Dédicace. Elle était datée du 23 mai 04, ce qui était bien loin de Hanouka. Pour la chrétienté c'est la saint-Didier, et si le livre n'était pas dédié à un Didier ça me disait tout de même un petit quelque chose car mon intérêt pour Aveline avait été ravivé par L.627, avec Didier Bezace dans le rôle principal.
Le scénariste de Carton jaune est Didier Daeninckx, un des grands du polar depuis les années 80.
Je n'avais pas jusqu'ici fait de lien entre Enoch et Hanouka, bien que la correspondance avec la Dédicace était donnée par l'évêque Devoucoux, dans ce passage découvert récemment, cité parce qu'il donnait les valeurs numériques 52-84 de Elie-Enoch : Claude Amoz a attiré mon attention sur la narration de Dans la tourbe, épousant tour à tour les points de vue de quatre hommes, les séniors Elie et Francis, les plus jeunes Marc et Christophe; dire que j'avais évoqué l'évangéliste Marc, à propos du Jean-Marc Berger de Claude Aveline.
Curieusement, ceci m'a rappelé une coïncidence qui ne m'était pas revenue en réfléchissant sur les deux criminels de L'oeil-de-chat, dont les noms Berger et Mercier me semblaient plus significatifs que leurs prénoms (Jean-)Marc et Paul.
Il faut encore me croire sur parole, mais j'ai conté les faits en 2007 sur cette page (section PAUL MARK), avant de connaître L'oeil-de-chat. J'étais allé faire une balade, emportant avec moi le roman de Tonino Benacquista, Saga, dont j'avais lu les trois premiers chapitres, Louis, Mathilde, Jérôme, introduisant 3 des 4 scénaristes de la série télévisée Saga. J'ai alors croisé un camping-car allemand immatriculé MA-RK 251, qui m'a fait penser à l'évangéliste Marc. J'ai ensuite repris ma lecture, pour découvrir que le 4e scénariste de Saga était Marco, et j'ai instantanément vu que ces 4 correspondaient par leurs initiales aux 4 évangélistes MMLJ (Matthieu Marc Luc Jean), donnant une clé de lecture constamment utile pour la suite du roman, où un personnage imaginé par ces MMLJ est appelé le Sauveur, soit la traduction de Jésus, Salvator selon un autre Jérôme (le traducteur de la Vulgate). Incidemment, le verbe hébreu sauver, yasha', est aussi à la base de l'expression hosha-na dont dérive le nom Ozanam, vrai nom de Claude Amoz.
J'avais été particulèrement frappé par ce véhicule MA-RK surgi à point nommé car une coïncidence similaire était survenue l'été 94, alors que je tentais de me rappeler le prénom de quelqu'un, et que la première voiture rencontrée me le livra, une autre teutonne aux 4 lettres significatives, PA-UL.

L'affaire MA-RK offrait quelques résonances avec une affaire MARC-MARK survenue en décembre 05, qui connut depuis divers développements contés ici. Elle est liée à l'histoire des Planète 13-21-34 et du Trou de mémoire de Barry Perowne, qui connut aussi de tels développements que je ne peux les reprendre, sous peine de dépasser la longueur maximale d'un billet.
Parmi ces développements, il y avait la Saint-Marc le 25 avril, dernière date grégorienne pour Pâques, qui me rappelle aujourd'hui que Wolfgang Pauli, grand ami et collaborateur de Jung, est né le 25 mars 1900, Saint-Marc (et mort le 15 décembre 1958, lendemain du dernier jour de Hanouka), et une étymologie discutable de Marc ou Marcel, du latin marcellus, "marteau" : la fête de Hanouka est liée à Juda Macchabée, qui tiendrait son nom de l'araméen maqqaba, "marteau".

L'incendie du mont Carmel qui a débuté le 2 décembre dernier, premier jour de Hanouka, a été un événement majeur en Israël, mettant en cause l'incurie des autorités, avec au premier rang le ministre de l'Intérieur Eli Yishaï, membre du parti ultra-orthodoxe Shas. Ainsi cet Eli né Eliyahu (nom hébreu d'Elie) le 26 décembre 62 (5e jour de Hanouka) aurait été moins efficace que le prophète Elie, auquel certains attribuent la pluie qui a aidé les pompiers le 4e jour de Hanouka, le 5 décembre.
Je remarque encore que Carmel est l'anagramme de Marcel, mais le mont Carmel m'évoque au premier chef une étrange histoire de mon enfance, survenue lors du premier voyage de notre famille en Italie en 1960; j'avais 10 ans.
En gare de Roma-Termini, un vieil homme s'intéressa à moi, et demanda à mes parents l'autorisation de me parler, puis insista pour échanger nos adresses. C'était un Juif qui habitait le mont Carmel, à Haïfa. Je n'ai pratiquement aucun souvenir de l'incident, et aucune idée de pourquoi Rudolf Jonas avait été séduit par un petit goï. Nous avons ensuite échangé quelques cartes postales, au contenu insignifiant, puis la correspondance s'est interrompue.
J'aurais totalement oublié Rudolf Jonas si je n'avais gardé une de ses cartes. Lors de l'abandon de l'appartement familial en 1999, lorsque ma mère est partie en maison de retraite, j'ai fourré cette carte, pas tout à fait par hasard, dans une vieille édition de Moby Dick, laissée du fait de son état déplorable par les amis et brocanteurs ayant pillé notre bibliothèque.
Je venais de découvrir La contre-bible de Melville, où l'universitaire Viola Sachs imagine une intention numérologique derrière les 135 chapitres + l'épilogue de Moby Dick, en rapport avec la somme 136 des 16 nombres du carré magique de 4. Je n'avais alors aucune idée que ce nombre, et le carré magique de Dürer offrant une répartition élégante 13-21 par colonne, ou 52-84 pour l'ensemble, prendraient ultérieurement une immense importance pour moi, du fait des équivalences Jung-Haemmerli = Elie-Enoch = 52-84 (tiens, le billet où j'abordais ceci a été publié le 20 juillet dernier, et j'ignorais alors que c'était la Saint-Elie).

Quelque temps plus tard, j'ai revu Monsieur Klein, de Losey, où en 1942 Robert Klein, marchand d'art habitant 136 rue du Bac (je découvre ce détail en visionnant à nouveau le film), est amené à justifier sa "pureté raciale" parce qu'un homonyme, résistant juif, a brouillé sa piste en utilisant cette homonymie. Klein prend ainsi conscience de ce qui se trame dans la France pétainiste, et néglige sa sauvegarde, ce qui le conduira à être arrêté lors de la fameuse rafle du Vel d'Hiv, et aussitôt déporté.
Son enquête le conduit au 30 rue des Abbesses, où habitait son homonyme. Il y découvre un exemplaire de Moby Dick, que lui-même se faisait lire quelques instants plus tôt par sa maîtresse, et trouve entre les pages un reçu de photographe qui lui permet de remonter la piste.
J'ai reconnu la couverture de ma propre édition, effectivement imprimée le 25 mai 1941, et en la feuilletant j'y ai retrouvé la carte de Rudolf Jonas, que j'avais oublié y avoir insérée.
Ceci m'a semblé significatif à l'époque, et me le semble encore plus aujourd'hui, avec ce constat que Klein, au 136 rue du Bac, se fait lire un des 136 chapitres de Moby Dick. Sans en être conscient, j'ai revu le film et capturé les images ci-dessus ce 16 juillet, 69e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv.
La carte de Rudolf Jonas est toujours dans Moby Dick, et c'est une vue du front de mer à Tel-Aviv, aux multiples assonances avec Vel d'Hiv.
Je découvre avec émoi le numéro de cette carte, 5888, un nombre apparu pour mes 14 vers d'une ballade écrite à deux en février, dont j'ai remarqué la correspondance avec mes études bachiennes.Il pourrait y avoir un 136 rue du Bach associé à ce 5888... Je notais sur le billet précité que 5888 est le 15e terme d'une suite additive dont les termes d'ordre 0 et 1 sont 14 et 1, or les tonalités 1 et 14 du Clavier Bien Tempéré comptent 356 mesures, idéalement réparties selon le nombre d'or en 136 pour les préludes et 220 pour les fugues.
Je remarque aussi l'altitude du mont Carmel (appelé en arabe Jabal Mar Elyas, mont Saint Elie), 546 m, nombre également cité sur ce billet, toujours à propos de ces 14 tonalités.

Je conçois aisément que tout ceci puisse paraître extrêmement confus, étant le premier à me sentir totalement dépassé par les multiples liens qui se tissent entre divers épisodes et époques de ma vie, ce qui pour l'instant ne facilite en rien une compréhension globale. Je ne peux qu'espérer que toutes les pièces du puzzle finiront par livrer une cohérence, sans pouvoir écarter l'idée de disparaître avant d'y parvenir, comme le Bartlebooth de Perec (qui doit une partie de son nom au Bartleby de Melville).

Je me suis demandé s'il n'y aurait pas de personnage nommé Elie ou Enoch dans les 136 chapitres de Moby Dick, et il y a bien un Elijah (Elie).
La recherche sur Saint-Enoch, par laquelle a débuté ce billet, m'a rappelé que Jules Verne avait baptisé un baleinier havrais le Saint-Enoch, dans Les Histoires de Jean-Marie Cabidoulin (1901), lequel affronte en 1864 un monstre marin qui l'emporte sur le navire, avec un thème fort proche de Moby Dick (alors inédit en français).
J'ai le livre, comme la plupart des Verne, et je vois que je m'étais intéressé jadis à l'équipage du Saint-Enoch, dont les 34 membres sont clairement répartis en 13 dont les noms et âges sont donnés, et 21 anonymes (eux-mêmes répartis en 8 matelots et 13 rôles secondaires). J'avais oublié cette parfaite structure fibonaccienne lorsque j'ai découvert les 144 ans totalisés par les 4 membres du Quatuor Concertant de L'île à hélice, autre roman de Verne (1895), avec 55 ans pour son leader le violoncelle Sébastien Zorn, et 89 ans pour les 3 violons.

Claude Amoz m'a confié connaître l'hébreu, et j'ai pensé qu'elle pourrait donc apprécier mes pages sur Tobie Nathan, également publié chez Rivages/noir. Ceci m'a rappelé que j'avais l'an dernier déposé un lien vers ces pages sur le blog récemment débuté par Tobie Nathan, et j'ai été voir si mon lien était toujours là. Oui, et en décembre un commentaire avait été ajouté par un certain Ilan Chojnow, semblant s'adresser à moi, et me conseillant de lire son polar Trous de mémoire.
Ce titre m'a frappé, à cause de la nouvelle Le trou de mémoire évoquée plus haut, mais aussi à cause du roman Le trou de mémoire de Hubert Aquin dont j'ai appris l'existence il y a deux mois, dans des circonstances encore fortement coïncidentielles que je préfère ne pas développer avant d'avoir lu le livre, ce qu'un... trou de mémoire précisément ne m'a pas permis de faire lors de mon dernier séjour parisien, accaparé par des préoccupations plus récentes, dont Claude Aveline et Claude Amoz...
J'ai aussitôt commandé Trous de mémoire à un vendeur en ligne, le 13, et je l'ai reçu le 16 (le jour où j'ai regardé Mr Klein). C'était curieusement un exemplaire dédicacé par l'auteur, ce qui n'était pas précisé par le vendeur.
Je l'ai lu aussitôt, trop rapidement pour y repérer d'éventuelles structures cachées, d'abord frappé par des coïncidences avec mes préoccupations en cours, comme des personnages nommés Marcel, Elie...
Le détective parisien Sam Brown (Samuel Bronstein) est requis par la belle Eva Schwartz pour enquêter sur son mari, Gunther Schwartz, marchand d'art, depuis peu obsédé par l'idée qu'il pourrait être juif. La question de la judéité d'un marchand d'art au nom allemand est aussi le thème de Mr Klein.
En fait Eva manipule son monde pour se débarrasser en toute impunité de son mari, ce qui me rappelle au premier chef l'incontournable The Long Goodbye, de Chandler (1953), où Marlowe est manipulé par sa cliente Eileen Wade et son amant Terry Lennox. Cherchant un résumé du roman, j'y vois que le nom réel de Terry Lennox est Paul Marston. Une autre étymologie du nom Marc le voit dérivé de Martius, "Mars".

Deux jours plus tôt, l'écriture en cours de ce billet m'a permis avec l'évocation du couple PA-UL/MA-RK d'abolir un "trou de mémoire" : alors que je n'avais pas reconnu dans le Marc de Claude Amoz un avatar évangélique, malgré le récent cas du Jean-Marc de Claude Aveline, et les plus lointains Mathilde-Marco-Louis-Jérôme de Benacquista, alors absents de mon esprit, je n'avais pas non plus pensé aux "trois évangélistes" Mathias-Marc-Lucien, héros sous ce nom explicite de plusieurs romans de Fred Vargas.
Je me suis notamment intéressé ici à Sans feu ni lieu, où c'est Marc qui démasque un assassin amateur de poésie nommé Paul Merlin, en remarquant qu'un merlin est un type de marteau. Paul Merlin peut rappeler Paul Mercier, suspect accablé par le témoignage de Jean-Marc chez Claude Aveline.

J'ai donc reçu samedi 16 un exemplaire d'occasion de Trous de mémoire, par hasard avec une dédicace de l'auteur.
J'avais un autre livre dans ma boîte lundi 18, non commandé, un cadeau de Paul Gayot, évoqué dans mon récent billet disparitions à propos de sa nouvelle, signée J. Barine, Les vains commandements. Jacques Baudou a entrepris depuis trois ans de publier en recueils toutes les nouvelles de Barine, disséminées dans de multiples publications, et Paul (...) m'a dédicacé ce troisième volume, Pastiches et récits à contrainte.
Je reçois très peu d'ouvrages dédicacés.
Je me suis aussitôt jeté sur les nouvelles que je ne connaissais pas, avec délice, et je ne m'attacherai qu'à une seule ici. Le recueil contient Les vains commandements, et cette affaire de fausse puis vraie disparition est immédiatement suivie par L'assassin sans nom, pastiche de Perec lipogrammatique écrit sans E, comme La disparition.
J. Barine a pour l'occasion changé le non de son héros, Gibbey, en Gibbay, ce qui m'est extrêmement évocateur, pour une série d'ahurissantes coïncidences relatées ici, autour de la réception en 2006 d'un autre recueil de nouvelles de Gibbey, dédicacé comme il se doit par Paul Gayot, et un Gibay sans rapport aucun avec Gibbey était alors apparu, de même qu'un roman dédicacé par Paul Guth...
Plus en rapport avec mon actualité et le livre reçu deux jours plus tôt, Gibbay enquête sur la disparition d'un Noir (ironiquement puisque chez Perec c'est plutôt le blanc rimbaldien de l'E qui est absent) : Sam Brown d'Alain Ilan-Chojnow (parfait lipogramme) enquête lui sur un Schwartz (et il est plutôt dans le "schwarz", jusqu'à une lueur finale).
On peut commander chacun des trois recueils de J. Barine en envoyant un chèque de 15 € au Cymbalum Pataphysicum, 11 rue de Courtaumont, 51500 Sermiers.

J'arrive à aujourd'hui, 20 juillet, Saint-Elie. Je suis allé ce matin à Digne, où j'ai emprunté à la médiathèque la BD Carton jaune, de Daeninckx-Hanouka, dont j'ai appris l'existence en débutant ce billet. Surprise, c'est l'histoire d'un footballeur d'origine tunisienne du Red Star qui se trouve piégé lors de la rafle du Vel d'Hiv, et doit troquer sa red star contre une étoile jaune... Le monde est décidément petit, klein...
Deux dessins de Assaf Hanouka :

6.7.11

Claude A...

Depuis plusieurs années, mes obsessions numérologiques me dictaient de m'intéresser aux écrits de Claude Amoz, pseudo de l'érudite universitaire Anne-Marie Ozanam qui a publié sous ce nom huit polars.
Je reviendrai plus loin sur ces raisons, pas si impérieuses faut-il croire puisque j'ai laissé passer diverses occasions avant d'acquérir Dans la tourbe chez un bouquiniste d'Aix le 15 avril dernier. J'ai commencé sa lecture peu après, mais j'étais alors si sollicité par divers sujets que je n'ai pu m'intéresser aux personnages de ce roman complexe.
Néanmoins, à mon dernier séjour à Paris, je n'étais pas échaudé au point de ne pas ouvrir un autre Claude Amoz vu dans un étal, Bois-Brûlé, et d'y repérer une structure en 5 parties, de Premier jour à Cinquième jour, ce qui était amplement suffisant pour motiver un quaternitaire obsessif.
Pendant ce séjour s'est renouvelé de façon tout à fait indépendante mon intérêt pour Claude Aveline, avec la découverte de L'oeil-de-chat, 5e et dernier des Belot (selon l'écriture) qui m'a conduit ici à imaginer une nouvelle catégorie de romans se déroulant pendant la semaine pascale, ceux s'achevant le Vendredi saint, tandis que les 5 que je connaissais jusqu'à présent s'achevaient le Dimanche de Pâques.
J'ai ensuite lu la nouvelle d'Aveline étudiée dans le précédent billet, où un meurtre est commis vers le centre d'un quadrilatère. Ceci m'a donné envie de regarder plus avant le livre de Claude A... en 5 parties, dont un trop bref aperçu m'avait montré que certains chapitres se passaient en avril, d'autres en mai, ce qui était un peu démotivant.
En fait les 5 jours sont parfaitement séquentiels, du 17 avril au 21 avril, mais seuls 14 chapitres (sur 39) décrivent en temps réel le drame s'étant déroulé alors, avec une narration épousant le point de vue de Victor Brouilley, 46 ans, à la raison vacillante, ayant sur un coup de tête quitté son emploi le 17 avril pour partir vers l'Argonne où il a connu quelques jours heureux dans son enfance.
Les autres chapitres se passent 40 jours plus tard, du 27 au 31 mai, épousant soit le point de vue de Martin Tissier, notaire à Ste-Menehould, habitant la maison Bois-Brûlé isolée en forêt (13 chapitres), soit celui de Leila Boumali (11), jeune fille au pair engagée pour s'occuper de Stephen, le fils de Viviane, depuis peu en ménage avec le notaire.
La narration laisse à penser que Stephen a été tué pendant le drame d'avril, mais les derniers chapitres montrent que c'est en fait Victor qui est mort, avec une responsabilité partagée par plusieurs protagonistes, le 21 avril.
L'action du roman paru en février 02 n'est pas expressément datée, mais plusieurs éléments concordants permettent de la situer en 2000 :
- Victor est né le 29 juillet 53, et a 46 ans en avril;
- quelques précisions de jours sont données, ainsi le 31 mai est un mercredi, le jour des résultats de l'enquête sur le drame du 21 avril.
Or en 2000 Pâques tombait le 23 avril, en conséquence le 21 avril était Vendredi saint, et le jour où Victor a quitté son emploi était le lendemain des Rameaux.
S'il est difficile d'affirmer quoi que ce soit sur les intentions de l'auteur, du moins peut-on supposer qu'elle a écrit le roman avec un calendrier de 2000 sous les yeux, et qu'elle savait que le 21 avril était Vendredi saint. Le meilleur indice d'une intention cachée est peut-être son vrai nom, Ozanam, dérivé de l'accusatif latin hosannam, désignant une prière juive hosha-na ("sauve nous !"), et ancien nom des Rameaux dans la tradition chrétienne, comme en témoigne le mathématicien Jacques Ozanam (1640-1718), dans ses Récréations mathématiques : Je préfère ne pas en dire plus du roman, qu'il me semble important de lire, pour approfondir les particularités de cette nouvelle découverte.
C'est évidemment fabuleux d'être arrivé à ce second "VS" de CLAUDE A(moz) 3 semaines après le premier de CLAUDE A(veline), en grande partie par hasard. Je m'intéresse aux dates pascales depuis 15 ans, et je n'ai rencontré aucun texte de ce strict type avant ces deux.
Cette quasi-concomitance est encore extraordinairement proche des découvertes encore plus rapprochées des deux derniers "DP" (textes se déroulant pendant la semaine pascale et s'achevant le Dimanche de Pâques), il y a près de trois ans, en octobre 08. C'est parce que le 4e DP, Les quatre coins de la nuit, de Craig Holden, avait 38 chapitres, 38 comme ses initiales C-H, que j'ai eu envie de regarder si un auteur B-A n'aurait pas écrit un livre en 21 chapitres (rapport à mes recherches BA-CH = 21-38), et c'est ainsi que j'ai découvert Le décorateur de Boris Akounine, couvrant la semaine sainte de 1889.
J'ai donc ici deux auteurs C-A, autre combinaison de lettres de BACH. Je rappelle que l'enquête sur les B-A m'a aussi fait découvrir Léviathan de B. Akounine, qui se termine un Vendredi saint (mais dont l'action s'étend sur une période plus étendue que la semaine pascale). Il y a tout de même une parenté assez proche entre ce roman, constitué de 3 parties de chacune 5 chapitres, chaque chapitre ayant son mode de narration épousant le point de vue de 5 des protagonistes, et Bois-Brûlé, constitué de 5 parties où alternent des chapitres épousant le point de vue de 3 des protagonistes.
Une autre coïncidence entre ces deux paires de livres ou d'auteurs : les versions poche françaises sont parues dans deux collections, Rivages/Noir pour Bois-Brûlé et Les quatre coins de la nuit (n° 423 et 447, six mois plus tard), Grands Détectives 10/18 pour L'oeil-de-chat et Le décorateur (n° 1654 et 3712).

Dans L'oeil-de-chat, on peut considérer que la culpabilité se partage entre le criminel par action, Berger, et le criminel par intention, Mercier. La mort de Victor Brouilley résulte plus nettement de deux actions volontaires, celle du jeune Stephen qui jette un pétard vers le bidon d'essence utilisé comme menace par Brouilley, et celle du notaire Tissier qui condamne la seule issue salvatrice; je remarque au passage que Tissier est un autre nom de corporation (tisserand).
Puisque je voyais une possible allusion au chemin de croix dans les 14 chapitres de L'oeil-de-chat, pourquoi refuser cet éventuel statut aux 14 chapitres "Brouilley", se déroulant en temps réel les 5 jours d'avril concernés ?

L'alternance des temps de narration est encore à rapprocher de celle des Quatre coins de la nuit, où les chapitres impairs concernent la semaine sainte de 1996, tandis que les chapitres pairs (sauf le dernier) sont des flashbacks.
L'exception du dernier chapitre, ici consacré à quelques broutilles après le climax du sacrifice du héros pendant la nuit pascale au chapitre précédent, a son pendant dans Bois-Brûlé, où la narration du dernier chapitre apporte un nouvel éclairage sur le drame avec le point de vue du jeune Stephen.

La richesse de Bois-Brûlé m'a fait lire dans la foulée Dans la tourbe, qui a provoqué en moi une stupeur telle que j'hésite à en parler.
Le personnage principal est un vieil alcoolique nommé Elie (premier mot du livre), et son origine juive lui permettra d'élucider le principal mystère du roman, le mystérieux mot Anouk laissé par une mourante, ne désignant pas une personne mais la fête de Hanouka, mot de même étymologie que Hanok, Enoch, et j'ai mentionné maintes fois le parallèle que j'ai été conduit à voir entre Jung-Haemmerli et Elie-Enoch. J'arrive à ce livre six mois après avoir lu Père Elijah (Elie), dont le mot de la fin est "Enoch".
Page 136 (valeur de Jung-Haemmerli ou de Elie-Enoch en hébreu), un certain Marc (voir Aveline) assimile la crucifixion du Christ aux rites païens de fin d'hiver, consistant en sacrifices (souvent humains) destinés à restaurer la fécondité de la terre.
Je m'arrête là, sinon je vais encore me trouver coincé comme dans le dernier billet où je n'ai pu donner les explications promises.

Les raisons numérologiques qui m'ont commandé de m'intéresser à Claude Amoz viennent de mon inscription en 1996 à l'association 813, où j'ai reçu le numéro 149. Le nombre m'était familier, à cause d'un rêve qui m'a marqué, vers 25 ans : j'étais dans une librairie, et j'y repérais un nouveau titre de mon auteur de S-F favori (dans le rêve), qui m'enthousiasmait grandement :
1LA VIE 2MORTELLE

J'ai ensuite eu plusieurs projets romanesques utilisant ce titre, jamais aboutis. Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à la gématrie, j'ai remarqué
LA VIE = 49; MORTELLE = 100
Il suffisait d'une implication plus personnelle pour obtenir une parfaite adéquation avec le motif 1-2
MA VIE = 50; MORTELLE = 100
qui se trouvait correspondre à mon nom selon l'état civil :
REMY SCHULZ = 61 + 89 = 150
(je détestais cet Y que j'ai transformé en I pour mes premières publications "autorisées")
Puis le nombre d'or a frappé, avec quelques échos à ces nombres 149-150 :
Jean-Bernard Condat = 92-57 (149), remarquait dans son introduction à Nombre d'or et musique (1988) que les valeurs numériques de ses prénom-nom étaient en rapport d'or optimal.
George Bretzlee = 57-93 (150) est un pseudonyme de Georges Perec (76-47 aussi en rapport d'or optimal), lié à de multiples coïncidences dorées.
Incidemment, le découpage 50-100 est apparu ces derniers jours avec le diptyque ci-dessous (50x100 et 100x100), juste achevé par ma compagne Anne(-Marie en fait) pour une commande vieille de deux ans : J'ai donc eu la curiosité de regarder qui était le n° 92 de 813, et c'était Claude Amoz. Il fallait bien que ce soit quelqu'un, mais la relation dorée 149/92 était soulignée par une autre, Schulz/Amoz = 89/55, deux nombres de Fibonacci, donnant une excellente approximation du nombre d'or, 1,618...

Je ne crois pas avoir alors eu accès à son vrai nom, car la constatation que
ANNE-MARIE OZANAM = 80+70 = 150,
même valeur que REMY SCHULZ, aurait dû me faire dévorer du Amoz séance tenante...
Le précédent billet m'a fait donner un commentaire peu élogieux de Mortelles voyelles, lu en décembre dernier, où j'ai cependant appris quelque chose : en numération romaine médiévale, la lettre Y était employée pour le chiffre 150. Le tueur du roman avait peu apprécié l'oubli du Y dans le sonnet Voyelles, et en avait donné sa version sous forme de 6 meurtres colorés, le plus beau rôle étant donné au Y.
Ainsi le Y de mon prénom de baptême trouvait-il une certaine justification, d'autant que ma propre obsession du sonnet de Rimbaud m'avait déjà conduit à en proposer des versions avec les 6 voyelles.
Il y a des échos avec Bois-Brûlé, dont les 5 parties sont introduites par 5 citations de Rimbaud. Leila vient de Charleville, où elle a trouvé sur la tombe de Rimbaud une bague, avec une inscription en arabe qu'elle finit par se faire traduire, Voici le temps des Assassins, dans la dernière partie introduite par cette citation des Illuminations. Je remarque le nom de la victime du Vendredi saint, Brouilley, s'achevant sur un Y, la "lettre samienne" sur laquelle aurait eu lieu la première crucifixion "historique", celle de Polycrate de Samos mentionnée par Hérodote.
Le 20/10/10, j'ai donné ici une anagramme des 13 premiers vers de Vocalisations, 156 pieds à l'occasion du 156e anniversaire de la naissance de Rimbaud. J'y montrais cette image de sa tombe, sans m'appesantir sur les deux étoiles à 5 branches qui pouvaient souligner la structure 5-3-5 de mon poème, et qui pourraient maintenant s'accorder avec la structure en 2 fois 5 jours du roman d'Amoz.
J'avais été conduit à cette anagramme à cause d'une belle propriété de la gématrie 5854 des 13 vers initiaux, et il s'est trouvé que Dans la tourbe avait le numéro 5854 dans la collection J'ai lu. Je rappelle que j'avais donné en 2006 une anagramme du sonnet complet, de valeur 6272, en réaction à 3 autres anagrammes déjà existantes, la mienne constituant donc un 5e arrangement des mêmes lettres de valeur 6272, bien avant de découvrir les 5 fois 6272 jours de la vie de Jung.

Le 20 octobre est encore pour moi un anniversaire essentiel, celui de Frederic Dannay alias Ellery Queen, l'un de ceux qui a joué avec les dates pascales dans son oeuvre, notamment avec Et le huitième jour..., l'un des 5 "DP".
Les enfants meurtriers ont longtemps été un thème tabou dans la littérature policière, et je ne serais pas étonné si le premier roman majeur exploitant ce thème ait été La tragédie de Y, de Dannay/Queen en 1933, où l'assassin est un garçon de 13 ans, qui ne "fait que jouer", comme Stephen (environ 10 ans) chez Amoz.
C'est d'ailleurs curieux de trouver ce nom Stephen (son vrai père est américain, et le drame est lié à ce que Tissier imagine que ce père est Brouilley, ce dernier étant encore plus embrouillé), surtout sachant que Queen a crucifié un Stephen (stephanos, "couronné") dans Le mystère égyptien (1932).
La prière strictement juive hosanna est récitée le jour de Hoshanna Rabba, qui en 1905 tombait le soir du 20 octobre, jour de naissance de Dannay.

J'ai déjà parlé de La tragédie de Y, dans le billet Fred se met en quatre dont un point fort était les mort et résurrection d'un personnage de Fred Vargas le Vendredi saint 2004. Comme il était beaucoup question de Alpha et Oméga, symbole christique, j'avais donné parmi mes illustrations trois manuscrits de la première figure de Raban Maur, où l'auréole du Christ tient par trois "pattes" A-M-O (ci-contre un peu trafiquée pour améliorer la lisibilité).
Je m'aperçois aujourd'hui que A-M-O correspond non seulement aux premières lettres du pseudo AMOz, mais aussi aux initiales du vrai nom de l'auteur, A-M O.

La famille Ozanam a été à l'honneur en 1997, avec la béatification de Frédéric Ozanam, né le 23 avril 1813, qui était un vendredi, mais pas le Vendredi saint, sauf dans le calendrier orthodoxe. Je remarque surtout l'année, (1)813, et sa mort à 40 ans le 8 septembre 1853, 20 ans avant la Nativité de Jarry, point de départ de l'ère pataphysique (je rappelle que ma "révélation" du 8 septembre 08 correspondait au 1er Absolu 136 du calendrier pataphysique).

Une remarquable coïncidence est survenue lorsque je me suis dit que je pourrais illustrer mes propos ci-dessus avec les lignes de Nombre d'or et musique où JB Condat donne la gématrie de son nom. J'espérais trouver la page sur GoogleLivres, et ai tapé la requête nombre d'or musique, qui a donné pour première réponse les Récréations mathématiques d'Ozanam où j'avais trouvé plus haut l'identification de Hosanna aux Rameaux (page 229). Ici c'est à partir de la page 182 qu'il est question d'un autre "nombre d'or", l'indexation d'une année selon le cycle de Méton, et c'est assez bizarre de trouver cette page en premier car il n'y a qu'une occurrence de "musique", éloignée, dans le sous-titre de l'ouvrage :Une requête nombre d'or musique condat livre en premier résultat le livre de Condat cherché, mais sans aperçus.

Dans cette interview en ligne, Claude Amoz confie que ses deux romans préférés sont Bois-Brûlé et Dans la tourbe.

Je rappelle que ce site donne les dates de Pâques grégorienne, julienne, et israélite.

Une dernière curiosité : ce rappel de l'orthographe officielle de mon prénom, REMY = 61, survient lors de mon 61e anniversaire ce 6 juillet.