11.11.20

de Scalese à Thilliez, un Papillon


  En août, je contais ma découverte d'une interview de l'auteur Carter Scholz, assurant avoir utilisé la suite de Fibonacci pour déterminer le nombre et la longueur des chapitres de son roman Palimpsests. Il se demandait si quelqu'un s'en était aperçu.
  La moindre allusion à Fibonacci me met en branle, et je me suis procuré le roman. Je n'ai fait que le survoler, ayant du mal à lire l'anglais, et ai été essentiellement attentif aux structures. J'avoue n'avoir pas compris comment Fibonacci pouvait y intervenir. Il y a 4 parties de 7-11-7-1 chapitres, ce sont éventuellement des nombres de Lucas (1-3-4-7-11-...), et je n'ai rien vu de significatif dans leurs longueurs relatives.

  Ceci a plus ou moins coïncidé avec un événement complémentaire. Il y a un temps indéterminé, 2 ou 3 ans, j'avais été frappé de découvrir dans ma bibliothèque deux Pocket accolés, Le baiser de Jason, de Laurent Scalèse, et Le baiser de Qumrân, de Frédérique Jourdaa. Si je ne me souvenais pas les avoir intentionnellement rangés l'un à côté de l'autre, c'était néanmoins possible.
  Les numéros dans la collection Pocket étaient devenus importants pour moi en 2015, avec le numéro 13121 de Deuils de miel, de Thilliez. Ces deux-ci ont les numéros 12838 et 13568, 730 numéros plus tard. Ce nombre m'était significatif, car un coup d'oeil sur Le baiser de Qumrân m'apprit que le roman s'achevait sur la crucifixion de Jésus, or l'une des dates avancées pour cet événement est le 7 avril 30.
  Je m'étais intéressé ici au film Les rivières pourpres 2, où une secte apocalyptique honore  cette date sous la forme 730 dans un étrange graphisme qui est d'abord interprété comme les lettres JHW du Tétragramme.
  Ceci m'avait décidé à lire ou relire les deux romans. J'avais acheté Le baiser de Jason à cause du nom de l'auteur, Scalese, autre forme de Scalesi, anagramme de Cassiel, nom associé à de multiples bizarreries. Je l'avais lu et annoté. Je ne sais plus d'où venait Le baiser de Qumrân, ni si j'avais alors tenté de le lire, mais une autre tentative lors de la découverte avait vite été abandonnée.

  Les deux Baisers sont restés à mon chevet, peu à peu enfouis sous d'autres candidats à lecture ou relecture. Je ne peux expliquer pourquoi j'ai repris Le baiser de Jason début septembre, toujours est-il que plusieurs choses m'avaient échappé à première lecture.
  Le roman a 1 Prologue, 53 chapitres, et 1 Epilogue, soit 55 éléments, ce qui avait déclenché mon "fibomètre", mais je n'avais pas à première lecture distingué de structure 34-21 ou 21-34.
  Or il se passe bien quelque chose d'important à la fin du chapitre 33 marquant une éventuelle structure 34-21, mais ceci ne s'avère important qu'une fois le dénouement dévoilé. 
  La première phrase du Prologue est
Julia Hurbon colla son front trempé de sueur contre le hublot de l'Airbus A340.
   Les deux premières phrases du chapitre 34 sont
  Sur le chemin du retour, un bouchon retarda Vidal.
   Il jeta un coup d'oeil sur sa montre : vingt et une heures quarante cinq.
  Ainsi apparaissent aux débuts des éventuelles parties de 34 et 21 éléments les chiffres 34 et 21. Julia est une passeuse de drogue qui, arrivée à Orly à 16 h 37, est conduite à l'hôtel Barberousse à Vitry où son patron lui a réservé une chambre. On apprend chapitre 3 qu'il s'agit de la chambre 34, ce que j'avais souligné à première lecture, de même que le numéro d'enregistrement du cadavre de Julia, 2236, m'évoquant 2,236, approximation courante de la racine carrée de 5, intervenant dans la formule du nombre d'or.
 
   J'avais également noté la mention d'un Glock 34 chapitre 10, l'arme de service de l'inspectrice Agnès Jarry. Si j'avais considéré cela comme important, je ne sais comment il a pu m'échapper qu'était mentionné chapitre 42 un Glock 21, l'arme d'un truand, Shabazz Baboukar.
  Ainsi, les éventuelles parties de 34 et 21 éléments débutent par les chiffres 34 et 21, et il apparaît dans chaque partie un pistolet Glock, 34 et 21 précisément... Les deux seuls autres pistolets identifiés sont le Smith & Wesson 38 d'Eric Vidal, le flic qui dirige la traque du dealer Jason, et le Bersa Thunder 22 utilisé par Jason pour deux meurtres.
   Jason s'avère être un membre de l'équipe de Vidal, le commandant Yvan Seigner. Précisément, le chapitre 33 (34e élément) est le seul montrant une certaine intimité entre Vidal et Seigner. Yvan invite Eric chez lui, rue Saint-Just (!), et a prévu de terminer la soirée avec deux putes, une brune et une blonde, mais ceci n'est pas du goût d'Eric qui vit en couple avec Claire, et le chapitre s'achève sur cette brouille entre les deux flics.

   Plusieurs indices pourraient donc orienter vers une structure intentionnelle 34-21 du roman, mais j'ai cherché en vain des structurations significatives dans d'autres romans de Scalese, plutôt décevants comparés au Baiser de Jason. Pourquoi Jason d'ailleurs? je n'ai pas vu dans le texte de raison à ce surnom qui évoque au premier chef la Toison d'or. Et pourquoi le baiser? c'est explicitement une allusion à la dope que vend Jason, Bethsabée dite "Betty", terriblement addictive, mais aussi au "baiser de Judas", puisque Jason est un traître responsable de la mort de plusieurs de ses collègues flics.

  JUDAS est un mot de valeur 55, et c'est aussi un mot qui a une propriété très particulière, découverte en rédigeant le billet Squar' dance. Les 5 membres du Quintett de Giroud ont des initiales en quinte, CGDAE, do-sol-ré-la-mi, selon une convention musicale courante. Je m'étais demandé s'il existait des mots donnant cette exacte succession CGDAE, et le plus intéressant était JUDAS.
  CGDAE forment une gamme pentatonique, en anglais pentatonic scale.
  Le nom italien Scalese serait associé au toponyme Scala (de même sens que scale, "échelle", "gamme").

   J'ai appris que Scalese avait écrit un roman à quatre mains avec Thilliez, L'encre et le sang (2013), que j'avais en fait déjà lu, à cause de Thilliez. C'est plutôt une longue nouvelle, uniquement parue en Pocket (n° 14546). Un écrivain raté, William Sagnier, acquiert une curieuse machine à écrire: il lui manque la lettre G, et tout ce qu'on y tape se réalise...

   Curieux, car les deux romans en 34 et 89 éléments de Thilliez, Deuils de miel et Rêver (2006 et 2016), m'avaient fait consulter tous ses titres pour dénicher le Fibonacci 55 intermédiaire, sans succès, et voici qu'un candidat à une structure 34-21 est dû à un ami de Thilliez. Je soupçonne fortement ce dernier, comme vu récemment, de jouer intentionnellement avec les nombres de Fibonacci, évoqués explicitement dans deux romans, mais Le baiser de Jason (2005) est antérieur à ces romans.
  Je rappelle la coïncidence qui unit les deux romans de Thilliez, l'absence d'un chapitre, due à une erreur de numérotation de l'éditeur dans le premier cas, volontaire dans le second.
  Thilliez et Scalese sont membres de la Ligue de l'Imaginaire, à laquelle appartiennent aussi Bernard Werber et Henri Loevenbruck, deux auteurs qui mentionnent explicitement le nombre d'or dans différents romans. Le personnage le plus célèbre de Werber est la fourmi 103683, dont le numéro livre une permutation ordonnée des 6 premières décimales du nombre d'or, 618033, mais ce semble être un hasard.

  A ce propos, j'avais relevé à première lecture du Scalese l'heure prévue des retrouvailles de Vidal et de sa compagne, écartée pour la protéger de Jason, 6 h 18 à Orly, soit les trois premières décimales du nombre d'or couramment employées, 1,618 ou 0,618 (son inverse).

  Ma nouvelle lecture m'a fait envisager une élucubration plus sophistiquée. Si les Glock 34 et 21 pourraient être immédiatement significatifs, les calibres des armes du commissaire Vidal et du commandant Seigner, 38 et 22, le seraient aussi de façon tortueuse, car ces nombres sont en rapport d'or avec 62 et 35, valeurs des prénoms des deux flics:
ERIC = 35, YVAN = 62.
  Ceci implique un chiasme, et le roman a en exergue une célèbre citation de Nietzsche, chiastique,
Quand on regarde au fond des abysses, les abysses vous regardent aussi.
(j'en avais proposé jadis une forme en contrepet: Quand tu mates l'abysse, l'abysse te mate aussi.)

  En ce mois d'octobre où j'écris ceci est paru en poche le second roman de Fabrice Papillon, Régression. J'avais commenté ici son premier, Le dernier Hyver, et avais manqué la première parution du second.
   Tiens, le roman a en exergue la même citation de Nietzsche, ainsi qu'une autre citation chiastique, du Sermon sur la montagne,
Ainsi les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers.
   Ces citations sont appropriées, car Jésus et Nietzsche interviennent dans l'intrigue, construite comme celle du Dernier Hyver. Un récit actuel est entrecoupé de chapitres situés dans un passé de plus en plus proche, dévoilant peu à peu un mystère remontant à la Préhistoire.
  Dans Le dernier Hyver, il s'agissait d'un complot des femmes pour échapper à l'emprise de l'Homme, ici il s'agit d'une résurgence des néandertaliens visant à éradiquer Homo sapiens, l'espèce qui bousille la planète à une cadence exponentielle... La femme était l'avenir de l'homme, maintenant c'est neanderthalensis qui est l'avenir de sapiens...
  Papillon s'est inspiré du cryptozoologue Bernard Heuvelmans, lequel intervient d'ailleurs dans l'intrigue et voyait les Yeti, Bigfoot, et autres, témoigner d'une survivance des néandertaliens. L'état de la planète provoque en outre une régression épigénétique qui réactive les gènes néandertaliens de sapiens...
  C'est un peu difficile à admettre, mais sympathique et plein de bonnes intentions. Les chapitres historiques, moins nombreux que dans Le dernier Hyver, montrent diverses personnalités, Homère, Socrate, Jésus, Rabelais..., avoir pressenti que le règne de sapiens n'était qu'une parenthèse dans l'histoire de l'humanité.
   Papillon a choisi de mettre en scène Jésus le 7 avril 30, jour de sa crucifixion, et je m'ébahis de cette coïncidence peu après avoir relu Le baiser de Jason, relu précisément parce qu'il était paru 730 numéros avant Le baiser de Qumrân, s'achevant sur la crucifixion de l'Essénien Yesu, sans précision de date.
  Papillon en profite pour introduire deux théories, le mariage de Jésus, et Le baiser de Qumrân fait partie des fictions inspirées par ce sujet, et le fait que Judas obéissait à Jésus en le "trahissant". J'en profite pour présenter un ignominieux document de mes archives, issu de L'Almanach du Pèlerin 1897, l'almanach du quotidien catholique La Croix:

  Une pleine page montre Jésus vendu par Judas (et le fameux baiser), Joseph vendu par ses frères, la duchesse de Berry vendue par Deutz, la France vendue par Dreyfus, et le personnage dire à son fils "Et toi, mon petit Jacob, qui vendras-tu quand tu seras grand?"
  En 1998, La Croix a condamné son ancien antisémitisme, mais un siècle était-il nécessaire pour ce mea culpa ?

  Les néandertaliens, je n'ai pas bien compris pourquoi, ont choisi de manifester leur renaissance par une série de meurtres commis dans des lieux liés à la préhistoire, Filitosa, en Corse, Beraton, en Espagne, Stonehenge en Angleterre... Les enquêteurs s'avisent que ces lieux forment un parfait triangle rectangle, et cherchent s'il correspondrait un lieu symbolique au quatrième sommet du rectangle... Oui, les Externsteine en Allemagne, et ils espèrent y arriver à temps pour contrer les tueurs, mais tombent entre leurs mains, et sont emmenés au Wewelsburg, à une trentaine de kilomètres.
  Le rôle des nazis est encore assez peu clair, je n'y insiste pas, interloqué par divers échos. Trois meurtres selon une figure géométrique en appelant un quatrième font évidemment penser à La mort et la boussole de Borges, et à son triangle cachant un losange. Queen en a repris le principe avec le carré de York Square dans L'adversaire (1963). Son roman suivant, Et le huitième jour... (1964), montre l'étrange communauté "essénienne" de Quenan dont le Maître est crucifié le 7 avril 1944, Vendredi saint, pour le meurtre deux jours avant de Storicai, anagramme évidente de Iscariot (Judas l'Iscariote). J'ai étudié ici comment ce 7 avril 1944 pouvait être la première date grégorienne offrant les mêmes conditions que le 7 avril 30.
   La secte de Quenan vénère le nombre 50, de même que les Esséniens, probablement parce que ce nombre est la somme des trois carrés consécutifs du triangle de Pythagore, tels que
32 + 42 = 52 = 25 (somme 50).
   Mon roman Sous les pans du bizarre mettait en oeuvre des meurtres aux trois sommets d'un triangle de Pythagore parisien, sous-tendus par une relation équivalente sur 5 entiers consécutifs,
102 + 112 + 122 = 132 + 142 = 365 (somme 730).
  Comme chez Borges et Queen, il se passait aussi quelque chose, d'un peu différent, au 4e sommet.

   J'ai étudié diverses coïncidences associées à la représentation de ces lieux ici et .

   Par ailleurs, une de mes découvertes concerne deux châteaux triangulaires, le Wewelsburg, haut lieu du nazisme, et le château de Sisak, haut lieu de la résistance contre le nazisme. J'ai proposé la superposition ci-contre en un Sceau de Salomon, mais j'aurais aussi pu envisager le losange borgésien, ou le sablier ricardolien (il me vient que les lettres LS essentielles pour Ricardou ont pour atbash KB, du jeu biblique BBL-SSK qui m'a mené aux châteaux WeWeL-SiSaK).
  J'ai aussi envisagé d'associer les lieux des châteaux aux lieux d'apparition de crop circles triangulaires, ou à d'autres lieux symboliques. C'est ainsi que j'ai superposé le schéma de la Grande Ourse aux lieux choisis pour les raisons détaillées ici. Voici la figure d'alors augmentée du rectangle de Papillon.
  Je n'en déduis pas grand-chose, notant que j'avais utilisé aussi un lieu espagnol, le château triangulaire de Montalban imaginé par Sinoué au centre d'un Sceau de Salomon à l'échelle de l'Espagne.

   Papillon s'est inspiré des théories astronomiques sur Stonehenge pour imaginer que chacun de ses 4 lieux ait été un sanctuaire consacré au début de chaque saison, aux équinoxes et aux solstices. La sanctuarisation de ces lieux remonterait à une haute antiquité, et les sacrifices ritualisés y sont commis pour donner un coup de pouce à la transformation de l'humanité en cours...
...et ça semble marcher, un épilogue montre en 2036 une guerre civile tournant à l'avantage des néandertaliens.

  Si j'ai plus de mal à admettre la victoire des néandertaliens que celle des femmes dans Le dernier Hyver, ce roman me semble mieux maîtrisé que le premier, encombré par de vétilleuses descriptions de procédure policière.
   Je remarque particulièrement l'écho du triangle devenant un rectangle avec Sous les pans du bizarre, où les meurtres ont aussi un aspect calendaire lié à la propriété du nombre 365 vue plus haut. Lorsque les enquêteurs y découvrent que les lieux des meurtres sont les sommets d'un triangle rectangle, ils cherchent aussi où se situe le sommet du rectangle associé.
  J'avais calqué les modes opératoires des deux premiers meurtres sur ceux de L'Adversaire, d'Ellery Queen, or la digression ouverte par la lecture de Papillon a interrompu mes commentaires sur Le baiser de Jason au moment où j'allais en venir à Queen.

   Jason, c'est donc le commandant Yvan Seigner, et à première lecture j'avais noté
YVAN SEIGNER = 62 77, que j'avais rapproché de
ELLERY QUEEN = 77 62, d'autant que SEIGNER est l'anagramme de REGINES, "reines", queens...
  J'avais remarqué ici que le nom grec Jason est lui-même anagramme de celui-de son père, le roi Eson (Ἰάσων et Αἰσων en grec, soit IASON et AISON).
   Si comparaison anagrammatique n'est pas Eson, il est frappant que le patronyme Seigner dérive du mot "seigneur", comme "sieur", "sire", ce dernier substantif étant réservé au roi.
  Par ailleurs l'explication la plus raisonnable du nom Argine de la reine de trèfle est l'anagramme de regina, "reine". Ce pourrait être aussi la fille du roi mythique Argos. Le constructeur du navire Argo des Argonautes de Jason porterait le même nom.

   J'ai parlé plus haut du roman de Scalese et Thilliez, L'encre et le sang, dont le personnage principal est l'écrivain William Sagnier, dont l'éditrice a volé le manuscrit pour le faire paraître sous le nom de son amant, Jack Malcombe, et le roman est devenu un best-seller.
  La lecture de plusieurs Scalese m'a fait remarquer qu'il réemployait volontiers divers patronymes, et j'imagine qu'il a ici pu choisir Sagnier en se souvenant de Seigner dans Le baiser de Jason. SAGNIER, c'est l'anagramme de REGINAS, "reines" latines, et la machine à écrire sans G peut rappeler la perte de la lettre G en passant du latin regina à "reine".
   Je ne sais s'il existe beaucoup de romans où intervient une machine à écrire à laquelle il manque une lettre, mais c'est au moins le cas de L'arche de Noé, de Queen (1951, The Origin of Evil, dont j'ai parlé ici). Des lettres de menace sont dactylographiées sur une machine à laquelle il manque le T, ce qui leur confère un style étrange dont Ellery finit par trouver la raison.
  Les lettres G et T ont une particularité: si on répartit l'alphabet en deux groupes de 13 lettres, G et T en sont les milieux respectifs. Ceci a pour conséquence que dans les codages de substitution les plus courants, l'atbash et le rot13, le seul couple identique est GT.

  Sagnier ne vient pas de "seigneur", mais d'un mot occitan signifiant "lieu marécageux" (selon Dauzat, plus ici). Le mot "marécage" m'évoque diverses pistes, le vieux breton "ana", et plutôt ici l'espagnol "cienega", en remarquant l'anagramme CAGNIEE proche de SAGNIER.
  Je connais ce mot à cause de l'anecdote fétiche de Jacques Vallée, lequel enquêtait en 1975 sur l'Ordre de Melchizedek, selon lequel "Le Seigneur est un extraterrestre"...
  Vallée s'interrogeait sur les raisons poussant des groupes soucoupistes à se réclamer de Melchizedek. Le 21 février 76 il donnait une interview à la station KABC, 3321 S La Cienega Blvd, Los Angeles. Il prit un taxi pour s'y rendre et vit plus tard que le reçu du chauffeur était signé Melchizedek, un fort rare patronyme.
Note ultérieure: Il me paraît devoir préciser que la chose extraordinaire ici n'est pas que Vallée ait été pris en charge par le chauffeur Melchizedek, mais qu'il y ait eu un chauffeur nommé Melchizedek, un nom qu'il n'est pas le seul à porter. Sachant qu'il existe divers mouvements se réclamant de ce mystérieus personnage biblique, il était fatal qu'une personne s'intéressant à ces mouvements montât un jour dans le taxi de Melchizedek.
  Il y a des choses bien plus étranges dans le domaine de l'ufologie, et attestées par de multiples témoins. Si cette affaire Melchizedek est emblématique pour Vallée, c'est qu'elle lui est arrivée à lui.
 
  L'affaire devient vertigineuse, car si j'imagine que le nom Sagnier ait été choisi par Scalese, en écho à Seigner, il est fort envisageable que ce soit Thilliez qui ait choisi le nom de l'autre protagoniste, Jack Malcombe, en écho au cinéaste Jacques Lacombe du Syndrome [E] (2010), or Jacques Lacombe a beaucoup à voir avec Jacques Vallée.
  Comme je l'ai indiqué ici, Spielberg a choisi pour modèle de l'ufologue de Rencontres du troisième type le français Jacques Vallée, et il a souhaité qu'il soit incarné par François Truffaut.

  Il s'y nomme Lacombe, parce qu'une combe est une vallée, et se prénomme Georges, peut-être en hommage au réalisateur Georges Lacombe.
  Dans Le syndrome [E], Jacques Lacombe a réalisé dans les années 50 des films riches en effets spéciaux et messages subliminaux. Deux amis cinéphiles étudient son oeuvre, SZPILman et RotenBERG, ce qui semble une nette allusion à SPIELBERG.

  L'intrigue de L'encre et le sang est brouillonne, peut-être parce que les deux compères ont improvisé le récit du tac au tac. Lorsqu'il découvre la machine à écrire sans G réalisant tous ses voeux, William Sagnier s'amuse un peu puis tue Jack Malcombe et concocte un sort abominable à son éditrice. Dans le pénultième chapitre, Malcombe réapparaît. C'est en fait lui qui avait d'abord possédé la machine, avait découvert que celui qui s'en servait voyait sa santé se détériorer rapidement, et avait programmé le passage de la machine à Sagnier, se trouvant donc une marionnette dont Malcombe tirait les fils...
  L'arche de Noé est aussi une affaire de vengeance par procuration. Un certain Wallace retrouve vingt ans après Hill et Priam dont il entend se venger en toute impunité. Ceux-ci ont fondé une entreprise avec l'argent dont ils avaient spolié Wallace, lequel, entré incognito dans l'intimité de Priam, comprend que celui-ci se débarrasserait bien de Hill et lui souffle un plan complexe impliquant un message typographié à Hill. Le T de la machine de Priam est défectueux, mais Wallace incite Priam à passer outre, sachant que ceci l'accusera...
  Comme je l'indiquais ici, je soupçonne que Dannay décrivait à travers le duo Hill-Priam son duo d'écrivains avec son cousin Lee, et il est ainsi curieux de voir à nouveau un duo d'écrivains mettre en scène une machine à écrire à laquelle il manque une lettre, de plus dans une querelle entre deux écrivains...

  Le plan suggéré par Wallace fait intervenir l'évolution. Des animaux morts sont envoyés à Hill, selon la progression de l'évolution, poisson, grenouille, oiseau, chien... L'étape suivante est l'homme, et le coeur malade de Hill n'y résiste pas.
  Ceci m'a fait penser au roman de Papillon, et me demander si le mot "papillon" apparaissait dans L'encre et le sang. Oui, lorsque le mystérieux individu que Sagnier a repéré dans son sillage se dévoile et se révèle être Malcombe:
L’homme ôta son feutre, faisant voler des papillons de peau.
(c'est l'un des symptômes de la maladie qui frappe les utilisateurs de la machine)

  J'avais donc commencé ce billet avant la lecture du roman de Papillon, et j'avais rédigé quelques paragraphes sur un roman de Ellory que j'ai ensuite songé à écarter, avant de revoir le titre du roman! Alors voici ces paragraphes.

  Un hasard m'a conduit à lire l'introduction au premier roman publié de RJ Ellory, Papillon de nuit (2003). Daniel Ford doit être exécuté le 11 novembre 1982, il a été jugé en 1971 coupable du meurtre de Nathan Verney, début 1970.
  Alors Ellery Queen, c'est d'abord Frederic Dannay, né Daniel Nathan, mort en 1982, qui a écrit sous le pseudo Queen à partir de 1932 d'abord avec son cousin Lee, mort en 1971. Après être tombés d'accord sur ce pseudo, c'est Dannay qui a choisi le prénom Ellery en hommage à un ami. C'est un prénom dérivé de ell, "aulne", dont un autre nom anglais est alder, ce qui a été exploité au moins dans Le mot de la fin, se passant à Alderhall. Un autre nom français de l'aulne est le verne. J'avais songé à fonder une intrigue basée sur la mort de Jules Verne en 1905, l'année de naissance des cousins Ellery Queen.
  Le jeune blanc Daniel Ford, né en 1946, était l'ami du noir Nathan Verney, alors que régnait toujours la ségrégation en Caroline du Sud. Le récit suit l'actualité américaine, avec les assassinats des Kennedy, de Martin Luther King, la guerre du Vietnam, avec des témoignages donnant à entendre que la politique américaine est orchestrée dans l'ombre, rappelant les romans d'ELLROY (anagramme de ELLORY).

  Deux ou trois petites choses encore. J'ai retrouvé le nom Sagnier dans un autre roman de Scalese, Je l'ai fait pour toi (2018), pour un personnage très secondaire, Lilian Sagnier, dont le nom n'est cité qu'une seule fois. Le roman offre une dédicace possiblement "à double entendre":
A ceux qui comptent. Ils se reconnaîtront.
  Je me demande parfois si, à l'instar des néandertaliens de Papillon, des êtres hors du commun, surdoués du bulbe, ne se cacheraient pas parmi nous, se reconnaissant entre eux par divers signes. Toutefois les romans de Scalese, comme les premiers romans de Thilliez (il a fait des progrès), ne me semblent pas dénoter un tel génie.

  Deux ans avant Le syndrome [E], un personnage de L'anneau de Moebius est le physicien Jacky Duval, un nom qui comme Jacques Lacombe ou Jack Malcombe peut évoquer Jacques Vallée. Un autre personnage se nomme Noël Siriel, alors qu'un pseudo de Vallée est Jérôme Sériel.
  Ce roman explore l'hypothèse des mondes parallèles, comme Le sub-espace de Jérôme Sériel. Il pourrait s'adresser "à ceux qui comptent", car son héros Kismet ("destin" en turc) vit une boucle temporelle de 6 jours et 20 heures (6 et 20 rangs des initiales FT de Franck Thilliez). Il y intervient deux fois le nombre 101 (valeur de THILLIEZ), et le tirage gagnant du loto 4-5-19-20-9-14 (D-E-S-T-I-N).

  Ce billet étant le 305e de Quaternité, je lui ai trouvé un titre de valeur 305.

  L'évocation plus haut de l'enquête de Jacques Vallée sur les groupes soucoupistes se réclamant de Melchizedek m'a rappelé quelque chose. En novembre 2014, j'ai été conduit à ouvrir un livre débile qui calait une étagère, La 12e planète, de Zecharia Sitchin, et à être frappé par sa théorie que le mot hébreu SM devait être traduit "vaisseau spatial" plutôt que "nom". SM est aussi le nom du patriarche Sem, et je mentionnais dans le billet son identification par la tradition juive avec Melchizedek.
  Je n'avais pas songé alors aux groupes soucoupistes se réclamant de Melchizedek, j'en suis confus. Incidemment, dans ce billet où il est beaucoup question de rois et reines, melchizedek signifie "roi de justice" mais zedek désignera ultérieurement la planète Jupiter. Tiens, la 12e planète de Sitchin, Nibiru, pourrait en fait être Jupiter.
  L'un des arguments de Sitchin est le verset Gn 11,4:
Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
  On comprend ici comment "vaisseau spatial" pourrait être adéquat pour SM, je n'y insiste pas. Il y a un résultat du "code biblique" que j'ai depuis longtemps l'intention de présenter, et en voici l'occasion.
  A partir du mot "sommet" de ce verset, en hébreu RAS, l'ordi trouve une ELS de 10 A, unique dans la
Bible (du moins dans le texte le plus courant).


  Ce résultat vient de cette page, où il est présenté comme découlant de la sainteté de la Bible.
  Comme j'ai eu déjà l'occasion de le dire, le code biblique ne peut avoir de pertinence que pour des passages bibliques n'excédant pas quelques centaines de lettres, or le saut dans la tour des 10 A est de 1850 lettres, bien au-delà de ce qui serait raisonnablement envisageable.
  Alors il s'agit d'un hasard, objectif ou non, significatif ou non, et l'incidence du mot SM peut donner lieu à commentaires, car ce mot est formé des deux lettres mères shin et mem, symbolisant le feu et l'eau. L'autre lettre mère est A, alef, symbolisant l'équilibre entre les deux.

  J'ai eu la curiosité de regarder s'il y avait d'autres ELS comparables, avec les lettres les plus courantes en hébreu. Il n'y a de résultat que pour Y, yod, soit une série de 11 Y avec un saut de 7120 lettres, et 5 séries de 10 Y, dont une avec un remarquable saut de 82 lettres, ce qui permet à l'ensemble des 10 Y d'apparaître dans le premier chapitre du livre de Jonas.
  J'évoquais dans ce billet Blogruz l'hypothèse que l'histoire de Jonas ait été inspirée par le mythe de Jason.

  Si j'ai lu Le baiser de Jason, c'est à cause du nom de l'auteur, Scalese, dont une autre forme est Scalesi, anagramme de Cassiel, nom associé à de multiples bizarreries. Cassiel est le nom de l'ange de Saturne, altération de l'hébreu Kafziel, dont la première forme a été Zafkiel, ÇPQYAL, (צפקיאל), étymologie inconnue, forme probablement calquée sur l'ange de Jupiter, ÇDQYAL, (צדקיאל), dont la racine est tout simplement Zedeq, Jupiter.