14.8.24

PERECTROÏKA B, ou "LE GROS LOT"


à Paulette & Bernard

  Le billet précédent m'a fait découvrir que le codage du sonnet Vocalisations de Perec dans Sous les pans du bizarre m'avait conduit à le répartir en 5-4-5 vers, selon les 3 parties du roman en 14 chapitres, et que les groupes de 5 et 4 vers des deux premières parties avaient tous deux des valeurs multiples de 273, un nombre qui m'est depuis longtemps important, et dont je ne soupçonnais pas la présence dans Vocalisations.
  Or j'avais déjà associé Perec à ce nombre 273. Les valeurs de ses prénom et nom ont la particularité d'être en rapport d'or,
GEORGES  PEREC = 76 47,
et même en très bon rapport d'or (47/76 = 0,618..., le nombre d'or avec 3 décimales), car 47 et 76 sont des nombres de la suite de Lucas, la suite additive la plus notable après celle de Fibonacci. Perec s'est forgé un double littéraire au nom également doré, mais sous la forme en miroir prénom/nom,
GEORGE / BRETZLEE = 57/93 = 0,613, nom qui apparaît dans La Vie mode d'emploi pour le nom de l'auteur du roman The Wanderers. Bretzlee figure pour bretzel ou pretzel, le biscuit troué dont l'appellation viendrait selon Perec du nom de sa famille, peretz signifiant "trou" (cette parenté est totalement fantasmatique). Le titre traduit Les Errants, premier roman de Perec dont le manuscrit a été perdu.
  Ces noms pourraient se réarranger en
GEORGE PEREC / GEORGES BRETZLEE = 104/169 = 8/13 = 0,615... (8 et 13 nombres de Fibonacci).
  La somme des deux noms est 273, ou 13 fois 21, deux Fibos auxquels correspondent les lettres M et U.

  Ceci m'a rappelé que l'hétérogramme le plus ambitieux de Perec est probablement le "sonnet" en F de Métaux, recueils de 7 carrés de 14 par 14 lettres. Chaque "vers" d'un "sonnet" contient les 12 lettres AEIOUDLMNRST, 1 lettre caractérisant le sonnet, ici F, et un joker, une lettre choisie parmi les 13 lettres restantes. Voici ce sonnet en F:
 

  Il se caractérise par deux diagonales isogrammes en M et U, représentées en orange (à remarquer la lecture verticale FOU MAD au croisement des diagonales). Dans l'édition tardive du recueil Métaux (1985), préparée en 1977 par Perec, sont donnés pour chaque poème 14 semis de lettres, dont la superposition donnerait le carré complet. J'ai représenté en blanc ci-dessus le semis correspondant aux jokers.
  J'ai déjà constaté que ces 14 jokers totalisaient la valeur 123 de GEORGES PEREC, avec une immédiate possibilité de partage 47-76,
GBPV - PCBPPBBCHH,
mais ce n'est que samedi dernier, 10 août, que je me suis avisé que ces lettres se répartissaient en 3 types de paires,
4 fois PB = 18, 72 en tout;
2 fois CH = 11, 22 en tout;
1 fois GV = 29, (29 en tout).
  Or 11-18-29 sont des nombres de la suite de Lucas, dont voici les 10 premiers termes
(2)-1-3-4-7-11-18-29-47-76-123-...
  (2) représente ici le terme d'ordre 0, selon la représentation actuelle des suites additives.
  J'ai rencontré récemment une construction exactement similaire, j'y reviendrai, basée sur cette formule propre à toutes les suites additives,
2 *A(n) + A(n-1) = A(n+2)
  11 et 18 sont ainsi les termes d'ordres 5 et 6 de la suite de Lucas, et
4 * 18 + 2 * 11 = 2 *47, le terme d'ordre 8.
29 est le terme d'ordre 7, et
2 * 47 + 29 = 123, le terme d'ordre 10.

  Il y a davantage. En écartant ces 14 lettres jokers qui forment une série idéale 123, ainsi que les 28 lettres U et M dessinant un X idéal, il reste dans chaque rangée les 11 lettres
AEIO DFLNRST = 123.
14 rangées, 14 fois 123, et précisément
QUATORZE = 123.

  Davantage encore. Aux lettres M et U correspondent les Fibos 13 et 21, et, toujours selon une loi générale des suites additives, deux Fibos consécutifs permettent de construire par addition la suite de Lucas, en utilisant précisément pour facteurs les nombres de Lucas:
1 U + 2 M = 47
3 U + 1 M = 76
4 U + 3 M = 123
7 U + 4 M = 199
...

  Ainsi, chacune des trois catégories de lettres, les jokers, les lettres constitutives des diagonales, les autres lettres, chacune de ces trois catégories, 1-2-3, permet de construire le nombre 123.

  Je n'en déduis rien, connaissant maints autres cas d'harmonies numériques époustouflantes, dont certaines ont pu être démontrées n'avoir aucune origine "raisonnable". Plusieurs concernent Perec, notamment Noce, dont j'ai pu consulter les brouillons.
  Mais Perec était un génie échappant au sens commun, et la complexité de certaines de ses oeuvres est encore loin d'avoir été comprise. Il est au moins acquis qu'il s'intéressait au nombre d'or, aux suites additives, qu'il excellait dans les jeux de lettres et de chiffres. La gématrie intervient dans certains de ses textes comme dans les jeux qu'il publiait dans divers magazines. L'un des premiers exercices  auxquels se livre un amateur de tels jeux est de calculer la valeur de son nom, et Perec était tout à fait à même de comprendre la particularité de la sienne, seul ou avec l'aide de ses amis matheux de l'Oulipo (Roubaud, Berge, Braffort, Le Lionnais).
  Il est aussi acquis qu'il utilisait des nombres autobiographiques, comme le 73 de sa naissance un 7 mars, souvent renversé en 37, ainsi le tirage de Métaux destiné au public consistait en 73 exemplaires, et l'objet lui-même était un coffret contenant 11 cahiers, 7 pour les 7 sonnets, 3 "péritextuels", et un entièrement vierge. J'ai étudié ici 3 des autres sonnets.
  J'ai aussi étudié de possibles signatures "123", comme les premier et dernier chapitres de La Vie mode d'emploi :
Dans l'escalier, 1 = 123
Bartlebooth, 5 = 123

  Les exemplaires de Métaux sont rarissimes, et il n'est pas assuré que l'ordre des sonnets de l'exemplaire de l'Arsenal utilisé par les rédacteurs du CGP 5 (Les poèmes hétérogrammatiques), BCFHPGV, n'ait pas été perturbé. Selon les dates de composition, G est daté du 22/12/76, et F du 24/12/76 , mais il déroge alors à l'ordre alphabétique.
  Selon cet ordre, F est bien le 3e, B-C-F, 1-2-3, or le rang  6 de F est l'unique nombre dont le produit des diviseurs, 1*2*3, correspond à leur somme, 1+2+3. Les 13 lettres AEIOU DFLMNRST étant fixées, les couples CH-BP-GV (= 11-18-29) sont les seuls possibles parmi les 13 lettres restantes permettant la double opération vue plus haut, et il ne peut avoir été choisi que CH (3+2*4) comme GV (7+2*11) obéissent aussi à la relation vue plus haut, 2*A(n)+A(n-1).

  Certaines colonnes ont 2 jokers, les colonnes 1-2-3-12. On peut remarquer 1-2-3, et le total 1+2+3+12 = 18 pourrait être significatif en considérant la somme des rangs des 14 colonnes, 105, et 105+18 = 123.
  Bien entendu je reste dans l'ignorance absolue des intentions de Perec. Il est envisageable que certains "123" aient été calculés, et que d'autres résultent du hasard, ou soient corrélés à des contraintes insoupçonnées.
 
  Il faut tout de même donner le texte en clair du poème, tel qu'il se présente dans Métaux:
Métal gris fondu
        ambre
Flot
        si d'un simple rond tu affirmes
        vol du tant promis feu
        landes
        film d'outrances
Flot mû
        brin d'ail
        parfum dont s'éprend us à mi-
flot
        L'an fuit d'ombres refusant d'ombilic un
flot
        drames hurlant défis
        mou frein d'Alsthom
  Je n'y ferai qu'un commentaire, "vol du feu" évoque Prométhée, présent dans le sonnet en P avec "Prometheus", feu qui va permettre d'accéder à la métallurgie. Avec "promis feu", Perec semble souligner l'homophonie Prométhée-promettez...

  Selon la façon de considérer "mi-flot", le texte compte 50 ou 51 mots. Il s'ouvre sur "Métal" de valeur 51.
  On y remarque le quadruple "flot" en tête de ligne. J'ai soumis au Gématron chacune des 14 lignes composées des lettres AEIO DFLNRST = 123, après élimination des MU et jokers, pour voir s'il y apparaissait des partages 76-47 (ou 47-76). Il y en a deux, lignes 9 et 12.
RENDSAIF  LOT = 76 47
et
INFLOT  DRAES = 76 47
  Tous deux font intervenir le mot F-LOT, et que LOT soit un mot de valeur 47 m'évoque aussitôt une expression... Eh oui, je pourrais avoir touché
LEGROS  LOT = 76 47

  Les lignes 9 et 12 me sont évocatrices. D'une part les U et M permettent de forger trois 123 avec 12 U et 9 M.
  Ensuite 9 et 12 sont les rangs des lettres I et L, et c'est le mot IL qui m'a conduit à me réintéresser au sonnet en F. Voir le billet précédent, mais j'y reviendrai.

  Enfin le mystère Perec se drape dans l'énigme "Thilliez", que j'écris entre guillemets car j'ai acquis la conviction que tous les textes portant cette signature ne sont pas dus au seul personnage public Franck Thilliez. Ce sont des polars dont j'apprécie peu le côté gore, mais plusieurs offrent de remarquables constructions, ainsi que des bizarreries qui m'ont conduit à les lire attentivement depuis une dizaine d'années.
 
 Le dernier opus Norferville paru en mai dernier a été une révélation. J'y ai consacré 9 billets en mai, et plusieurs autres ensuite, sans avoir épuisé le sujet. Ce billet est sans doute le plus utile pour les relations avec le sonnet F.
  J'ai ainsi émis l'hypothèse que les "Thilliez" parus au Fleuve Noir en dehors de la saga Sharko-Henebelle depuis plus de 10 ans obéissaient à un plan d'ensemble, notamment au niveau des chapitrages.
  Les 5 derniers romans offrent ainsi exactement à ce niveau la relation des couples de lettres jokers dans le sonnet.
  Ne tenir compte dans le tableau ci-dessous que de la première colonne à gauche, le chapitrage de chaque volume.

REV  89   30   54     5     68   600   Rêver
LEM  81   25   51   18   202   528   Le manuscrit inachevé
ILE   84   30   53   15   179   528   Il était deux fois
LAB  55   31   35   11   133   384   Labyrinthes
NOR  68   10   38   11   136   456   Norferville

  Rêver a 89 chapitres, le Fibo d'ordre 11.
  Les 3 titres suivants forment la trilogie Traskman, totalisant 220 chapitres, 4 fois le Fibo 10.
  Norferville a 68 chapitres, 2 fois le Fibo 9, qui somme avec le 220 précédent 288, 2 fois le Fibo 12.
  288 + 89 = 377, le Fibo 14.

  Je n'ai fait que mentionner précédemment la relation 47+76 donnée par l'ordre des 4 et 10 jokers.
   A noter que le X des diagonales MU instaure 4 quartiers, et que les 4 premiers jokers sont dans le quartier supérieur. Ce sont le couple GV = 29 et un des couples BP = 18, sommant 47 par la relation de base des suites additives,
A(n) + A(n-1) = A(n+1)
  Les 5 autres couples livrent 76 par la relation
3*A(n) + 2*A(n-1) = A(n+3)

  Le découpage de la trilogie Traskman permet d'isoler pareillement les 55 chapitres de Labyrinthes, 55 Fibo 10 qui donne avec 89 de Rêver le Fibo 12, 144; l'opération corollaire s'ensuit.
  Labyrinthes est un roman égrenant les nombres de Fibonacci, nom d'un personnage, jusqu'à 2584, Fibo 18, et semble calibré pour que sa dernière page soit foliotée 377, Fibo 14.
  Caleb Traskman est le pseudo d'écrivain d'un certain Christian Lavache, or
CALEB TRASKMAN   CHRISTIAN LAVACHE = 120 + 153 = 273,
de même que Perec avec l'alias qu'il a imaginé,
GEORGES PEREC   GEORGE BRETZLEE = 123 + 150 = 273.
273 produit de 21 et 13, les Fibos qui m'obsèdent.

  C'est d'ailleurs un roman structuré 21-13 avec un arrière-plan rousselien qui m'a conduit à m'intéresser à "Thilliez" en 2015. Une influence perecquienne peut apparaître dans Rêver, où il manque le chapitre 57, ce trou étant lié à une fillette, donnant en rêve le code permettant d'accéder en ligne à ce chapitre... Il donnait certes prématurément la clé de l'énigme, mais rien n'obligeait "Thilliez" à l'écrire.
  Il manque le chapitre 66 dans La Vie mode d'emploi, ce que certains exégètes ont rapproché du premier chapitre, débutant dans la case 66 du puzzle correspondant à l'immeuble, le palier de Bartlebooth. J'observais dès 1997 que l'agente immobilière au porte-clés domino double-six était en fait engagée dans l'escalier menant au palier suivant, la case 57, et que 66+57 = 123.
  Sa position correspondait à l'exact milieu des 12 cases de l'escalier, permettant d'autres sommes 123, notamment 76+47. Ceci était accessible dès 2002 sur mes pages web.

  Dans Norferville apparaissent des possibilités étonnamment proches des constructions vues avec les briques CH-BP-GV, 11-18-29. Norferville est une ville imaginaire canadienne, souvent appelée Norfer, or
NORFER = 76, ou NO-R-FE-R = 29-18-11-18.
  Les flics Schaffran et Rock enquêtent sur des crimes à Norfer, or
SCHAFFRAN  ROCK = 76 + 47 = 123, et la formule
2 *A(n) + A(n-1) = A(n+2)
peut encore s'appliquer à ces deux noms
SCHAFFRAN = SHAA-R-CFFN = 29-18-29 = 76
ROCK = R-K-OC = 18-11-18 = 47

Note du 15: C'est hier que j'ai repéré la verticale FOUMAD dans le carré de Perec. Elle m'a fait penser à la diagonale MAADRBRE du carré de Ricardou, souvent commentée dans Quaternité, mais je ne l'ai pas signalé.
Ce n'est que ce matin qu'il m'est revenu que j'avais envisagé ici "fou mad" à propos du personnage Farid Houmad dans Vertige, de "Thilliez":
Je n'ai rien trouvé accréditant que houmad ou humad soit un mot arabe, et je me demande s'il ne s'agirait pas d'un jeu avec l'initiale:
F. Houmad  >  Fhou mad  > fou mad...
La colonne FOUMAD apparaît sous le mot VOL, or les 3 personnages réunis dans le gouffre "Vérité" seraient un voleur, un menteur, et un tueur, Houmad étant le voleur.
FARID HOUMAD = 38 62 est un nom doré, et j'ai dédié ce billet aux regrettés Bernard Magné et Paulette Perec avec lesquels je m'étais trouvé seul un jour à l'AGP, et auxquels j'avais parlé du nombre d'or. BERNARD = 62 et PAULETTE = 100 continuent la série 38 62.
  Le V de VOL est le seul joker V, de même que G, et j'évoquais dans le paragraphe à venir leur position privilégiée dans le carré. Mes approfondissements du mot VERTIGE m'avaient conduit à diverses remarques sur les lettres VG, n'appartenant pas à la série ESARTULINO, et interdisant donc la présence de VERTIGE dans Alphabets.
Le premier joker du sonnet en V, étudié ici, est G, et à partir de ce G vient en diagonale GAUDOSITEERV, où je peux lire "dos au vertige", couarde attitude. J'observe aussi la séparation entre G et les lettres composant VERITE.

  L'unique joker V occupe une position privilégiée dans le quartier supérieur délimité par le X, qui, selon la géométrie fantasmatique du chapitre XV de W ou le souvenir d'enfance, correspond à un V additionné de son reflet dans le miroir.
  Les 4 jokers de ce quartier sont G, initiale de Georges comme de Gaspard (Winckler), le double littéraire de Perec, et BPV.
  A propos du jeu Peretz-Bretzel, Perec assure que
En arabe, sinon en hébreu, B et P sont une seule et même lettre.
   C'est fantasmatique, et Perec ne pouvait l'ignorer. En hébreu, ce sont B et V qui sont une même lettre d'une part, P et F d'autre part, si bien que Winckler pourrait aussi bien, fantasmatiquement, avoir la même initiale que Perec.
  Cette réunion significative de GV m'amène à constater que les 4 couples BP et les 2 CH peuvent correspondre à l'essentiel du schéma de rimes d'un sonnet classique, ce qui m'a inspiré la tentative suivante, avec un cahier des charges d'abord limité à ceci:
- quatrains en rimes PBBP PBBP, totalisant 76 mots dont le dernier serait une anagramme de PEREC;
- tercets en rimes HHV CCG, totalisant 47 mots dont le dernier serait une anagramme de GEORGES.

  Je suis finalement arrivé à ceci
Il ne nous a ravis que pour mieux nous duper,
Ce lutin de Perec qu'on ne sait d'où tombé,
Or j'espère qu'un jour, avant de succomber,
Le motif du tapis pourra s'en échapper.

Si lire est souvent égal à se voir tromper,
Selon un terme au maître, il faut s'y dérober,
Un travail bien plus dur que d'aller désherber
Tous les tifs et les poils de son houppier crêpé.

Essayons de saisir enfin ce qu'il nous cache,
Dans un Hétérogramme avec sa grande hache,
Où se perche au plus haut le secret à trouver.

Défrichons lettre à lettre un texte entrelacé,
jusqu'à l'ultime instant du mystère percé,
Que nous dégusterons en précises gorgées...
  Le sonnet a donc 123 mots, mais aussi 492 lettres, 4 fois 123, de valeur totale 6027, 49 fois 123.
  Au premier jet, j'avais aux vers 3, 9 et 11 les mots "Mais", "comprendre", et "niche", et le Gématron affichait 497 mots de valeur 6056. Il était possible d'arriver à 492 et j'ai économisé 6 lettres en remplaçant "Mais" par "Or" et "comprendre" par "saisir". Il restait à changer un mot pour parvenir au total 6027, et celui qui me semblait le mieux modifiable était "lutin", quoique sa valeur 76 était séduisante. Il fallait un mot de 6 lettres de valeur 92, et parmi ceux que proposait mon logiciel "cursus" s'est imposé.

  Il est loisible de préférer cette version, mais j'ai été séduit ensuite par l'idée de remplacer "niche" par "perche", un mot contenant "perec". Il fallait un mot de 5 lettres de valeur 76 au lieu de "cursus" pour rétablir l'équilibre, et précisément "lutin" choisi au départ convenait...
  Certains parleraient de divine surprise, mais je ne compte plus les cas de ce type, au point de soupçonner une réponse purement mécanique, du genre "Aide-toi, le ciel t'aidera".

  Après coup, l'étude de mon sonnet m'a révélé d'autres "divines surprises", ainsi le seul vers ayant une valeur multiple de 123 est
Le motif du tapis pourra s'en échapper. = 369,
or c'était inspiré par la nouvelle Le motif dans le tapis, et ici le motif est 123.

  Je me suis aussi demandé où tombait la césure d'or des 492 lettres correspondant à 4 fois GEORGES PEREC, et les 304 lettres correspondant à 4 fois GEORGES tombent après le "il" du vers 9 (vérification ici), "il" qui correspond comme le "Il" ouvrant le sonnet à Perec (et ce sont les seuls).

  La petite césure d'or des 196 lettres du sonnet en F tombe aussi après les lettres "il" (de "film"), et il est temps maintenant d'expliciter une part de ce que ce "il" signifie pour moi.
  Dans le billet précédent, je donnais la table des matières de Sous les pans du bizarre  composée à l'été 1999. Le roman était basé sur une curiosité des carrés de 10 à 14, et Perec a composé des hétérogrammes basés sur des séries de 11-12-13-14 lettres. J'ai pour ma part achevé ma série de 10 carrés 10x10 ESARTULINO le 10/10/10 (deux offraient deux diagonales LU en souvenir des diagonales MU du sonnet en F)...
  Mais voici ma table:

                  Vigiles des morts                     = 196      
 
  1 Décès                                      = 36
  2 Céder                                      = 35
  3 Essais                                      = 72
  4 Aider                                       = 37

  5 Cesser                                     = 69

                  IL                                              = 21

  6 Irène Lapnus                         = 134
  7 Publius Vergilius Maro            = 269
  8 Remundus Russolus                = 259

  9 Quis fuit alter                        = 178

                  Le mystère K.O.                     = 148

10 Cas                                          = 23
11 Elle...                                      = 34
12 ...aime                                     =28

13 Haine                                       = 37
14 Oh !                                          =23

                                                    -----                  ----  
                                                   1234                 365

  L'impératif de composition était la valeur 365 des titres des 3 parties, avec une possibilité de découpage 169-196.
  Les titres de la plupart des chapitres étaient imposés par diverses raisons. Le premier total était 1174, et mon obsession quaternitaire m'avait fait modifier le chapitre 8, Raymond Roussel, en Remundus Russolus, pour parvenir au total 1234.
  La somme 365+1234, 1599, se trouvait être 13 fois 123, valeur de
GEORGES PEREC qui m'était déjà essentielle. Perec est un phare pour la plupart des auteurs à contrainte, et j'avais codé, sans raison évidente, les 14 vers de son sonnet Vocalisations dans mes 14 chapitres.
  Les 4 chapitres de la partie centrale, avec le titre IL, donnaient le total 861, 7 fois 123.
  Je ne crois pas avoir jadis vu que les totaux correspondant aux parties 1 et 3, 445 et 293, différaient de la moyenne 369 par 76, valeur de GEORGES.
  369, le motif du tapis...

  Tiens, les 6 premiers sonnets de Métaux ont été composés en 76. On peut dénombrer 18 fois 123 dans les 196 lettres du sonnet en F, 1 fois verticalement dans les jokers, 14 fois horizontalement, et 3 fois dans les diagonales UM (123 = 4U + 3M). 18 fois 123 font 2214, et la seule date qu'il est possible de forger avec ces chiffres 2-2-1-4 est le 24/12.

  Je voulais aussi signaler que les premiers jokers du sonnet en C sont Z-Y-X, soit les opposés de A-B-C, 1-2-3.
  Le sonnet en P offre aussi une étrange répartition de ses jokers, CHBCFHFXHFCVBB, soit 3 BCFH, et VX, les lettres de la géométrie fantasmatique. La valeur 103 de ces 14 lettres n'est pas immédiate, mais
CENT  TROIS  = 42 + 81 = NOM  PRENOM = 123
  Ma fascination pour les nom prénom "Georges Perec" est aussi liée à cette adéquation, qu'il aurait fort bien pu connaître.
  Par ailleurs, cette plaque fantaisiste, en écho à La Disparition, permettrait de nombrer
GORGS PRC = 66 + 37 = 103.


  Au cas où Perec n'aurait rien su des harmonies numériques de son sonnet en F, je m'en revendique le co-créateur...
  Il est fort probable que ces 196 lettres recèlent de multiples possibilités que je n'ai pas vues, attendant d'autres co-créateurs...

  Le nombre 123 m'évoque encore un prodige inconcevable. Avant l'ère informatique de grands esprits ont construit des carrés magiques, bimagiques, trimagiques..., puis des cubes magiques, bimagiques... C'est évidemment hors de ma portée, mais je peux comprendre que des démarches logiques ont présidé à ces constructions.
  En 1950 un autodidacte de 20 ans, John Hendricks, a construit un tesseract magique d'ordre 3, un arrangement à 4 dimensions des 81 premiers entiers tel que tout alignement de 3 nombres somme 123.
  Il lui a fallu 12 ans pour publier sa découverte, parce que divers spécialistes auxquels il l'a soumise, estimant que c'était impossible, se sont refusés à vérifier ses calculs.

Note du 16/08: La somme totale pour les 7 sonnets est
16709 = 72.11.31, ainsi la valeur moyenne d'un sonnet est 2387, peu immédiate, mais y ajouter le nombre de lettres, 196, mène à
2583 = 123.21, multiplication palindrome.
La multiplication par 7, ou somme des 1372 lettres des sonnets et de leur valeur 16709, donne 18081, un vrai palindrome.
Qui plus est, sachant que lorsqu'un nombre de 5 chiffres est multiple de 123, toutes ses permutations circulaires le sont aussi, le palindrome 8118 vaut 66 fois 123, 66 étant un nombre connu des perecologues (voir supra).
A remarquer encore que, sans le sonnet en P, la valeur des 6 autres sonnets est 14268, soit 6 fois 2378, ou 116 fois 123.

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