30.11.22

le monde est dément, donc le monde est un


aux quatre 89

  La réalisation du sonnet Carl Jung's poet, I m'a conduit à revenir au texte de 2020 composé en hommage à La mort et la boussole, permettant cette représentation en forme d'aiguille de boussole (ou du losange gouvernant les crimes de la nouvelle).

  La contrainte gouvernant ce texte n'étant pas excessive, avoir 7 N, 7 E, 7 O, et 7 S à des positions déterminées, il offre une certaine fluidité:
Nord, Ouest, Est cernent des crimes. L'inspecteur Eric Lönnrot vient au Sud, naïf désigné d’avance, et est assassiné de quatre bastos. La mort et la boussole est ce conte astucieux où Borges escamote les lois du polar. Nous unissons nos louanges.
  Le nouveau regard porté sur ce texte m'y a fait repérer le mot UNUS ("un" latin).
  Il n'y aurait sans doute pas de quoi se les mordre, comme disent certaines, si ce même mot UNUS n'était apparu dans une autre grille, bien plus contrainte, celle formée par les titres des chapitres de Novel Roman, tous en 18 lettres, tous de valeur 171, somme des 18 premiers chiffres. 171 est aussi présent dans les deux diagonales, et dans l'acrostiche, les 18 lettres de A à R.

  J'avais représenté ici ces titres verticalement, pour mieux y repérer des lectures non programmées:

ABCDEFGHIJKLMNOPQR
VIEOLARODAEEIORUUI
ELJSLTINEMPLRRPEEC
CAEEEAFOAAIUAMHZDH
UNUSCLFRLIIDGCEAOE
NLBDHEEEESMEEELRRD
DERAEALDLEPPDDIFAR
ETINRUEEALEIEENANA
BADACBSVVMCDLAILNM
ULEGHEAAAOEUADMLEE
TELRAEMLLNNOVIPHED
CDAAINBMEELDIELADH
OURMTEIONDOEEUAGEE
MLAMNGANAEUCANCALR
MCIEOYNDMRCIUEARAI
EOSSIPTAOOEMMABMFT
CROLSTEDUGDAANLAOE
AENAEESAREELXTEDIR

  J'y remarquai l'exacte symétrie entre UNUS débutant la 5e rangée et CALR achevant la 14e rangée, que j'étais tenté de lire CARL.
  UNUS m'évoqua Unus Mundus, un concept alchimique que Jung a repris à son compte, exprimant l'unité profonde de l'univers. Pas de mundus dans la grille, mais l'italien mondo lisible aux rangées 12 et 13.

  J'ai loupé plusieurs choses dans cette première analyse en 2018. Si UNUS se lit dans le losange borgésien de 2020, la ligne située trois rangs plus bas débute par ONE, "un" anglais, or
ONE = 34 = CARL (ou CALR symétrique de UNUS dans la grille des chapitres).

  J'avais rencontré dans un roman l'organisation
One Earth = 34 52
qui m'avait évoqué
Carl Jung = 34 52, et son concept Unus Mundus pouvant être traduit One World ou One Earth (puisque la Terre est pour nous le centre de l'univers).
  Il m'était aussi important que les initiales de Unus Mundus soient les lettres U-M, de rangs 21-13 dans l'alphabet, mes Fibos fétiches.

  Avoir ONE et UNUS ensemble m'a dessillé les yeux sur un point qui aurait pu m'apparaître bien plus tôt.
  Mon SONÈ de 2005 est né de la rencontre entre la forme "sonnet" et les 4 directions de l'espace, que j'associais aussi aux 4 sens de l'écriture dans la tradition juive, dont l'acronyme est PaRdèS, "paradis", d'où mon premier et mon second SONÈs étaient axés sur le paradis.
  Je n'étais pas conscient que ones était un mot valide en anglais, courant même, pluriel de one, alors que j'étais sensible au fait que oneness, "unité", "unicité", était formé des seules lettres SONE.
  Les "uns" pluriels, ONES en quatre lettres, sont donc à la base de l'unité.

  Le "dessillement des yeux" est particulièrement approprié à mon autre manquement dans l'étude de la grille des chapitres. J'y remarquais le triangle HELIE-LUNE

L E I E E N A N A
M C D L A I L N M
O E U A D M L E E
N N O V I P H E D
E L D I E L A D H

avec Hélie pour "soleil" (grec helios). J'ai souvent commenté les gros symboles du soleil et de la lune sur la pierre de Bollingen, avec au centre le symbole de Mercure sur Télesphore. Pascal B m'a appris, sur le forum Unus Mundus, que Soleil et Lune étaient aussi nommés "yeux de Dieu".


  Il s'est passé de formidables choses sur ce forum, parfois abordées sur Quaternité, mais il est hélas aujourd'hui fermé, et son contenu n'est plus accessible.
  Toujours est-il que, dans la forme "unus mondo" apparue dans la grille des chapitres, l'anglais sun, "soleil", se lit dans le latin unus, et l'allemand Mond, "lune", dans l'italien mondo.

  Ma réflexion sur unus mundus m'amena à constater que unus est contenu dans mundus, UNUS+MD, donc.
  Le lendemain de cette constatation, le 12 novembre, il m'est venu en l'état hypnagogique qui précède le retour à la pleine conscience que le MAAD de Ricardou était équivalent à UNUS MUNDUS.
  Je rappelle que dans son roman Les lieux-dits, lesdits lieux-dits sont les titres de ses 8 chapitres, lesquels disposés en carré permettent de lire en diagonale BELCROIX, quatrième des dits lieux.
  Ricardou a déploré que l'autre diagonale ne fît pas sens, mais quelqu'un lui a fait remarquer que ses lettres se réarrangeaient aisément en MAD ARBRE, alors qu'un des deux personnages principaux est Olivier Lasius: l'olivier est un arbre, et Lasius est un fou échappé d'un asile, l'anagramme lasius-asilus étant donnée explicitement dans le texte.

  Mais cette diagonale offre d'abord les lettres MAAD, et notre A vient de l'aleph sémitique via l'alpha grec, et en hébreu comme en grec cette première lettre était aussi employée comme nombre 1, ainsi
A = UNUS,
MAD = MUNDUS.

  Selon la convention adoptée pour mes différentes textes SONÈ, ils forment un carré où la diagonale senestro-descendante correspond à Est-Ouest. Pour le texte borgésien comme pour le sonnet Carl Jung, la diagonale est formée pour première moitié des lettres E, pour seconde moitié des lettres O.  
  Pour le sonnet-SONÈ ci-dessus de 2006, les lettres N-E-S-O figuraient aux 4 coins.

  Selon ma convention, les lettres MAAD de Ricardou correspondent exactement à la moitié Ouest de la diagonale de son carré, or on dit volontiers des gens "dérangés" qu'ils sont "à l'ouest".
  Dans le losange Borges présenté plus haut, le mot "unuS" apparaissait précisément sous la ligne des O, son S étant le premier de la colonne des S.

  Si A est 1 en grec, le 1 latin est I, et donc MIDI pourrait être un mot équivalent à UNUS MUNDUS, comme MAAD, mieux même puisque dans la même langue, I = unus.
  "Midi" est un mot essentiel dans l'oeuvre de Ricardou, par exemple dans L'art du X, un texte commenté dans divers billets, se passant au Midi-Minuit. Incidemment, ces mots introduisent une division de la journée en 4 périodes de 6 heures.
  Surtout, il y a les deux textes symétricologiques de 1988, Révélations minuscules et Le lapsus circulaire, non moins commentés. J'ai émis l'hypothèse que "Midi le juste" du Cimetière marin de Valéry y joue un rôle de premier plan, ainsi les trois sentences attribuées à "Ryvéla" dans Le lapsus sont centrées sur les mots "central le midi":
  concertantes au premier moment, j'en conviens avec le critique, des sentences comme "Ile, sans le soleil qui patiemment tout assemble en son être central, ne s'en irait-il pas au plus loin, ton sol?", "O Soleil auroral, elles finissent par te réverbérer le soir, avec leurs deux ailes semblables, les oies", "Ton oeil matinal, Soleil, ce n'est pas à midi qu'il peut prétendre s'unir aux vespérales aisselles", s'élucidaient aisément sitôt qu'on voulait bien admettre qu'elles formaient, pour l'essentiel peut-être, des logogriphes d'elles-mêmes. Ce qu'elles déclaraient en somme, chacune à leur façon, avec leurs idées respectives (un assemblage, une ressemblance, une réunion), c'est qu'une anagramme de "soleil" s'obtient si l'on unit les deux termes "île" et "sol", si l'on ajoute deux "L" au mot "oies", si l'on adjoint au vocable "oeil" les deux lettres "S" et "L".
  Ainsi, cette dernière sentence offre "midi" au centre, "midi" que je décompose donc en "I + mId", "unus + mundus", et elle suggère de transformer "oeil" en "soleil" par l'ajout de S et L...
  Mon exemplaire est lourdement surchargé de notes diverses, et j'ai eu la surprise de trouver à gauche de ce paragraphe les lettres D, M, C, L, soulignées. Je ne me souvenais pas pourquoi, et n'en avais pas parlé dans mes commentaires.
  J'ai fini par comprendre qu'il s'agissait des initiales et finales à l'oreille des deux phrases du paragraphe, soit D pour "-concertantes", M pour "m-êmes". Je crois avoir été frappé que ces 4 lettres étaient aussi des chiffres romains, mais n'avais pas vu quoi en tirer. Il y a maintenant un écho avec mon retour à ce passage via le chiffre romain I.
  La phrase inclut les trois sentences de Ryvéla, totalisant 59 mots. Avant, il y a 13 mots, après 21, et j'avais remarqué qu'il s'agissait de mes Fibonacci fétiches. Ricardou a déclaré avoir utilisé les nombres de Fibonacci dans La prise de Constantinople. Si j'ai émis quelques doutes sur ses allégations, il est au moins assuré qu'il connaissait ces nombres. Aujourd'hui, le contexte Unus Mundus me fait remarquer que 21-13 correspondent aux initiales U-M.
  A propos d'initiales, il n'est pas indifférent que "aisselles" se décompose en "les syllabes" S-L, ces lettres étant au premier plan dans La prise de Constantinople. La Légion Solaire y cherche la cité vénusienne Silab Lee, entre de multiples occurrences d'expressions d'initiales L-S ("Le Secret", selon une confidence de Ricardou à une amie).

  Il y a encore l'importance du soleil dans ces phrases, alors que le triangle HELIE-LUNE de ma table des chapitres m'a conduit à lire SUN-MOND dans "UNUS MONDO".

  Il y a un rapport immédiat entre midi et le soleil, puisque c'était jadis l'heure où le soleil était à son zénith, qu'il faut maintenant chercher à 14 h...
  Je repense aux "Mondes" des Voyelles de Rimbaud, que Perec a transformés en "Nadir", l'opposé du zénith, et que j'ai transformé en "radin" (voir les billets récents).

  Bien sûr, il ne faut chercher aucune logique dans toutes ces correspondances. C'est dément, mais c'est une démence vérifiable.

  La folie continue. Le paragraphe énonçant les trois phrases de Ryvéla est suivi de deux paragraphes de commentaires. J'ai donné ici le second, où sont signalées notamment les positions centrales de "central" et "midi", mais voici le premier (le pdf du texte complet est ici):
  Par suite, est-ce bien selon une incomparable méconnaissance que le hâtif lecteur avait touché juste: c'était assurément du soleil, mais à la lettre, que le poète avait tiré, mais des plus lumineuses, sa singulière inspiration. Davantage: ce que telles maximes se plaisaient à décrire, en leur rigueur plutôt abracadabrante, paraissait de surcroît l'assiette de plusieurs d'entre leurs éléments. Sans le mot "soleil" qui en ses lettres les rapproche, "Ile", au début de la première phrase, et "sol", à la fin, ne sont-ils pas symétriques, au plus loin l'un de l'autre? Et le soleil, eût-il été si auroral, dans la seconde phrase, s'il n'avait eu pour rôle de quasiment l'ouvrir? Eussent-elles été si tardives, les oies, si elles n'avaient eu pour inverse emploi de la clore? Et n'était-ce point la vigueur d'un identique principe, dans la troisième, qui avait contraint l'oeil à être si matinal, et si vespérales les deux aisselles?
   Si Ricardou livre quelques clés, par exemple dans le paragraphe suivant où il indique que, dans la 4e phrase, "Ile" est symétrique de "ils", c'est loin d'épuiser toutes les subtilités du procédé, si complexe que ce que le lecteur peut décoder n'est pas toujours assuré d'avoir été voulu par le scripteur.
  Ainsi je découvre de nouvelles choses à chaque retour à ces phrases, et je m'avise maintenant que "soleil" est symétrique de "(l')un", qui pourrait aussi être "(l')une", puisque le pronom remplace un mot féminin, "île".
  En écrivant "lune" au lieu de "l'un", on perdrait la symétrie "île"-"ils", mais on gagnerait celle entre "début" et "fin".

  Il me semble tout à fait intentionnel que les syllabes "san" et "tre", au début et à la fin de cette 4e phrase, forment le mot "centre". Il est assuré que Ricardou utilise parfois la symétricologie au niveau du paragraphe entier, et le mot central parmi les 167 du paragraphe est "fin", une finesse probablement voulue.
  Donc les confins de cette 4e phrase forment le mot "centre", tandis que le centre du paragraphe est "fin".
  Ecrire "confins" provoque un nouveau dessillement, car le paragraphe précédent compte 154 mots, et ses mots centraux sont "qu'on".
  Il peut y avoir des rebonds, car "fin" est l'éventuel antonyme de "con", et Ricardou oppose dans Révélations minuscules la connerie de la thèse mallarméenne de JP Richard à sa "notoire compétence" sur les "finesses" de la pétanque (mais ce mot "compétence" n'est probablement guère laudatif).

  Voici qui pourrait amener une nouvelle approche de la symétricologie, mais m'éloigne de mon propos initial, les échos non-intentionnels entre ce passage et l'Unus Mundus.
  Il se trouve que ce paragraphe, avec le mot "fin" au milieu des syllabes parcellaires "par-selles", compte 167 mots en tout, or il s'agit de la valeur de UNUS MUNDUS selon notre alphabet (158 selon l'alphabet latin).
  J'ai construit le sonnet du billet précédent autour d'un acrostiche significatif des 14 lettres le composant, ESARTULINO+CGJP, significatif par le sens et par le nombre, car
CARL JUNG'S / POET, I = 105/65 = 21/13, mes Fibos fétiches, sans songer aux rangs 21-13 des initiales U-M de Unus Mundus.

  Sa construction sur des diagonales S-O-N-E ne permettait pas d'avoir le C de Carl en tête du premier vers, puisqu'il y fallait nécessairement un N, en conséquence l'acrostiche effectif est réduit à
ARLJUNGSPOETI = 167.
  Il s'étend des lettres A à I, toutes deux assimilées à l'unité dans mes jeux avec MAAD et MIDI.

  Mes études symétricologiques m'ont conduit à scinder le nombre 178 en 1-7-8, premiers termes de la suite additive menant à
ROMAN = 61,
NOUVEAU = 99,
et 167 mènerait ainsi à la suite
1-6-7-13-20-33-53-86-139-225...
  C'est la suite A022096 de l'OEIS, où le premier commentaire énonce
a(n-1) = Sum_{k=0..ceiling((n-1)/2)} P(6;n-1-k,k), n>=1, with a(-1)=5. These are the sums of the SW-NE diagonals in P(6;n,k), the (6,1) Pascal triangle A093563.
Traduction: les diagonales SO-NE d'un triangle de Pascal construit à partir de 6 et 1 forment cette suite.
  Ce schéma le montre:
 

  En fait, tout triangle de Pascal construit à partir des nombres a et b donne par ses diagonales SO-NE les termes de la suite additive débutant par a et b, mais celui construit à partir de 1 et 6 a ceci de particulier que le 7e terme est 53, or
SONE = 53.
  Mieux, mon SONÈ Carl Jung est construit sur les axes OE et NS, or
OE = 20 et NS = 33, les termes précédents,
et CARL JUNG = 86, le terme suivant.

  Je n'avais aucune idée de ceci en composant le sonnet. Décidément, le mundus est bien unus, d'ailleurs il y a UN dans JUNG, ou même UNG ("un" en vieux français).

  Cette omniprésence de l'UN m'amène sur un terrain où je suis peu à l'aise, ma propre implication dans mes découvertes.
  Ces découvertes sont en principe indépendantes de moi, ainsi, il était accessible à tout un chacun que le nombre 6272 harmonise la vie de Jung autour du 4/4/44, mais il a fallu attendre près de 50 ans pour que quelqu'un s'en aperçoive, et ce quelqu'un était moi, qui étais déjà concerné par le nombre 6272, et le jour de la découverte était très particulier, en lien avec Jung et en lien avec moi.
  Je ne reviens pas sur toutes les coïncidences déjà étudiées, mais il y a d'autres choses que je n'ai pas encore abordées.

  Ainsi le billet d'il y a un an et un jour, le 29 novembre 2021, me faisait évoquer "André Bouguenec", fondateur d'une secte, arithmomaniaque proclamant que la valeur de son nom gouvernait le monde,
ANDRE BOUGUENEC = 42+93 = 135, car.
UN = 35, et il transformait 1-35 en 135.
  Lui et la France avaient donc une place de choix dans les plans divins, car
LA CLEF DU FRANÇAIS = 135, entre de multiples autres équivalences.

  Il m'était venu qu'en anglais
ONE = 34, et que 1-34 livre 134, valeur de
REMI SCHULZ = 45+89 = 134, et l'anglais est aujourd'hui une langue plus universelle, avec
ENGLISH IS LIFE = 134.
  Si je peux être considéré comme arithmomaniaque, mes découvertes dans ce domaine ne me semblent qu'amener un questionnement que je partage en espérant trouver des aides pour y répondre.
  Je n'ai aucun désir de fonder une secte autour de moi, et mon prénom est bien Rémi, alors qu'Auguste Bouguenec s'est attribué le prénom André pour se désigner comme LE MESSIE DE DIEU (=135)... En fait je suis Rémy selon l'état civil, mais j'ai toujours détesté son Y et adopté la forme Rémi bien avant de me livrer à l'arithmologie.

  Je suis cependant reconnaissant à Bouguenec de son système 1-UN, et sa variante 1-ONE me conduit à de nouvelles adéquations entre ma découverte du 8/9/2008 et ma modeste personne.
  J'ai déjà développé divers aspects de la date vulgaire, 8-9, la valeur 89 de mon nom, les valeurs 58 et 46 des mots modifiés dans mon codage du sonnet de Perec en 2000, correspondant à HUIT et NEUF, mais  aussi mes âges lors de la découverte de 2008, et lors de celle des harmonies du sonnet de Perec en 1996.

 Ce 8/9/2008 était aussi le jour de l'an pataphysique 136, et j'avais vu dans ce nombre la somme des valeurs des "échangistes" du 4/4/44,
JUNG  HAEMMERLI = 52 + 84 = 136.
  Aujourd'hui, je constate que ce 1er Absolu est encore un 1/1.

  Question Unus Mundus, je peux l'écrire sous la forme
UNUS + UNUS + M D, avec
M D = 13 4, que je pourrais lire
1-34, soit 1-ONE, ainsi le 4/4/44 était un jour idéal pour une manifestation d'un
UNUS MUNDUS = 1-1-1-1.

  J'aurais tant de choses à dire sur les lettres M D que j'envisage d'y consacrer un autre billet, et je me cantonne pour l'heure à deux échos récents.
  Les 4 onzains en C-J-G-P et leur anagramme en le SONÈ Carl Jung m'ont rappelé que l'écriture de Consonnantisations m'avait conduit à construire un carré orthomagique avec les 16 premières consonnes, et que j'en avais organisé les lignes et colonnes pour parvenir à cette forme, avec au centre les initiales de Georges Perec et de Carl Jung..
  Au-dessous figuraient mes propres initiales RS, et j'avais probablement déploré de ne pas trouver de sens immédiat aux lettres DM au-dessus, il y en a un maintenant.
  Je rappelle que la valeur usuelle de mon nom 134 peut se lire 1-ONE, mais un Y pour Rémy mène à 150 pouvant correspondre à
UNUS UNUS = 75+75 = 150, ainsi la confrontation Jung Perec est cernée par l'Unus Mundus...
  Je souligne à nouveau que l'exégèse perecquienne a lié l'omniprésence du 11 dans son oeuvre au 11 février 43, la date du départ de sa mère vers Auschwitz. Les événements de 44 ont débuté pour Jung par un infarctus le 11 février.

  J'ai composé en octobre un poème en hommage à Perec et à son découpage de l'alphabet en ses 10 lettres les plus fréquentes, de valeur 134, et les 16 autres de valeur 217, nombres de la suite dorée A022388, dont il existe une possibilité de construction géométrique à partir des décompositions d'une forme en carrés et dominos. J'ai transformé cela en monosyllabes et dissyllabes, correspondant également aux points et traits du Morse, de manière à former 1 et 4 quatrains d'octosyllabes significatifs.
  J'avais utilisé les combinaisons non retenues pour former 3 quatrains intermédiaires (afin d'avoir la structure 1-3-4, et ai eu la curiosité de chercher ensuite comment ces combinaisons pouvaient se lire en Morse. Les deux premiers vers donnaient:
- 1 12 112, "eau";
- 22 211, "MD".
  Après coup, je me dis que le premier vers pouvait se lire 112 112, soit UU, en pensant à
U(nus) + U(nus) + md = Unus Mundus.
  Les vers correspondants sont
En ce livre des plus curieux,
chaque lettre trouve sa place
(dans onze carrés, ardu jeu)
  Il y a 11 dans le vers suivant (que j'avais vu coder pour AME), 11 comme Unus-Unus...

  J'ai dit plus haut avoir loupé plusieurs choses dans ma première analyse de UNUS dans la grille des chapitres de Novel Roman. L'écho UNUS-ONE dans le losange borgésien vient d'être développé, mais il semble aussi très significatif, dans le contexte quaternité-quintessence, que ces lettres soient les 5es des 4 premiers titres (débutant par ABCD).
A B C D
V I E O
E L J S
C A E E
U N U S


  Les 4 premières lignes somment 121, carré de 11 (11x11).
UNUS = 75 conduit à 196, carré de 14.
  Ce ne sont pas seulement des carrés, mais des nombres en rapport d'or idéal, (suite A022137), et je les avais vu après coup dans Consonnantisations, avec les11 premières lettres de mon carré magique
TDMHKGCQLPC = 121
et les 3 dernières consonnes, données dans l'ordre alphabétique
XYZ = 75.
  Le SONÈ de 2006 comme le losange borgésien étaient des textes de 196 lettres.


  Il est temps de conclure, en indiquant que ma dédicace, aux quatre 89, est liée à ce que ce billet est le 356e de Quaternité, or 356 c'est 4 fois 89 nombre de Fibonacci qui est aussi la valeur des noms de plusieurs auteurs concernés, Ricardou, Simenon, Turing. Le 4e pourrait être Schulz, mais je m'efface devant Undeux, en pensant à mes poèmes en mots d'une et deux syllabes, en pensant à 12 qui peut se lire MIDI.
  356 fait partie de la suite de Fibonacci quadruplée, à laquelle appartiennent aussi 52 et 84, les valeurs de Jung et Haemmerli. On peut les trouver aussi dans les diagonales SO-NE d'un triangle de Pascal construit à partir de 4-4.
 

  Le titre a pour valeur 356. Je suis parti de
le monde est ..., donc le monde est un,
qui nécessitait un adjectif de valeur 61 pour parvenir au total désiré. J'ai été enchanté de trouver dément, dont les consonnes sonnantes sont les mêmes que son synonyme mad.

Ainsi,
le monde est dément, donc le monde est un,
ce qui m'a aussitôt fait penser à une nouvelle de PK Dick, La foi de nos pères, où les humains sont asservis par une drogue telle qu'ils perçoivent une réalité identique pour tous.
  Lorsqu'ils cessent de prendre la drogue, chacun a une perception différente de la réalité réelle...

18.11.22

Carl Jung's poet, I

à Bruno et Seb

  Le billet précédent était consacré à ces 4 onzains forgés à l'occasion du 11/11/22,
 

et j'y annonçais mon intention d'en réorganiser les lettres pour composer un sonnet, ce que j'ai fait:
 

  J'ai présenté ci-dessus le sonnet en 4 quadrants, pour faire écho aux 4 onzains, et voici une disposition  plus lisible du sonnet, composé en vers isocèles de 44 espaces:
 
 
 J'ai souhaité faire un sonnet des 484 lettres des onzains après avoir constaté que leur valeur 6292 était proche de 6272, valeur idéale du sonnet Vocalisations de Perec, en 4 strophes, 14 vers, 112 mots, et
6272 = 4 x 14 x 112.
  Ce sonnet m'est essentiel depuis la découverte de cette harmonie en 1996, et en 2008 il m'est venu que ce nombre harmonise les 31360 jours de la vie de Jung autour du 4/4/44, 4 fois 6272 jours avant, 6272 jours ensuite.

  Mes onzains étaient composés des 10 lettres de base ESARTULINO, + G, P, C, J, soit en tout 14 lettres, ce qui m'a vite orienté vers 14 vers proposant diverses associations de ces lettres. Depuis que les A sont des "golfes d'ombre" et les E des "frissons d'ombelles", dans un des sonnets les plus connus en notre langue, chacun peut imaginer les correspondances les plus incongrues, souvent imposées par les contraintes dures.
  Et Vocalisations est la récriture lipogrammatique de Voyelles, précisément.

ESARTULINOGPCJ = 170,
un nombre qui m'est important depuis que j'ai découvert qu'il s'écrit
2222 en base 4, et qu'à son partage doré 65-105 correspondent
1001-1221, toujours en base 4, me refaisant penser au 11/11/22.
  Il s'imposait donc de construire mon sonnet à partir d'une formule répartissant les 14 lettres en deux groupes de valeur 105 et 65. Je suis vite parvenu à
CARL JUNG'S = 105,
POET, I = 65.
  Carl Jung's poet, c'est "le poète de Carl Jung", I, ce peut être sans modestie le pronom anglais "je", "moi", mais ce peut être aussi le chiffre latin "1", l'unité, ce que j'ai privilégié dans le dernier vers du sonnet.

  Je ne peux résister à rappeler une formidable coïncidence associée à ces nombres 65-105-170, correspondant aux nombres de mesures des ensembles Prélude-Fugue 11-13-24 du premier cahier du Clavier bien tempéré, DAS WOHLTEMPERIRTE CLAVIER, titre formé peut-être pas par hasard de 24 lettres, le nombre des tonalités majeures et mineures.
  Mais est-ce un hasard si dans ce titre les R occupent les rangs 11-13-24?
  En est-ce un autre si Belletto a imaginé dans L'enfer le pianiste Rainer von Gottardt, particulièrement remarqué pour son interprétation du dernier Prélude-Fugue, n° 24 en 170 mesures, or
RAINER GOTTARDT = 65 + 105 = 170,
avec 3 R dans son nom.
  Je m'en tiens là, et invite à aller plus loin sur RB & B.

  Une autre décision a été de construire le sonnet sur des diagonales S-O-N-E, ce qui permet une représentation diagonale en forme d'aiguille de boussole, déjà expérimentée en décembre dernier pour un hommage à Borges.

  J'ai imaginé d'autres formes SONE, avec d'abord un texte à seconde lecture pandiagonale en 2004, puis les 10 dizains composés à l'occasion du 10/10/10.
  L'hommage à Borges était aussi en quelque sorte un "sonnet" puisqu'il formait un carré de 14x14 lettres. 

  La représentation donnée plus haut en 4 quadrants a aussi pour moi un sens jungien, car la pierre de Bollingen, sculptée par Jung en commémoration de sa guérison de 44, est elle aussi divisée en 4 quadrants par des lignes brisées symbolisant, selon ses commentaires, les 4 fleuves de l'Eden.


  L'une des lignes ondule, en référence selon ces mêmes commentaires au serpent tentateur de la Genèse. Elle correspond à ma diagonale de S "reptiliens".

  J'ai tenté d'évoquer de réelles correspondances dans l'alphabet acrophonique sémitique, ainsi C, kaf, כ, correspond à la main en creux (creuset), U, waw, ו, au clou, N, noun, נ, au poisson, R, resh, ר, à la tête (gueule). Pour d'autres, ce sont des interprétations symboliques qui sont suggérées: J, yod, י, serait la goutte fécondante; L, lamed, ל, seule lettre avec un jambage supérieur, est vue comme une "tour".

  Il y a des limites, et je serais bien en peine de justifier l'immixtion du dictateur dominicain Trujillo dans cette affaire.
  Tiens, je constate après coup qu'il est mort (assassiné) exactement une semaine avant Jung, le 30 mai 1961.

  Pour passer de 6292 à 6272 en ne changeant qu'une seule lettre, il n'y avait qu'une solution, remplacer un U par un A.
   J'ai eu à coeur de faire en sorte que la réciproque soit possible, avec un mot qui ferait sens soit avec un A, soit avec un U (pour une anagramme rigoureusement exacte des onzains). J'ai opté pour les formules "je sais"-"je suis".
   Un "Je sais" est célèbre. En 1959, lors d'une interview à la BBC, on demanda à Jung s'il croyait en Dieu. Il répondit "Je n'ai pas besoin de croire. Je sais".



   Ceci provoqua tant de remous qu'il y revint ultérieurement, précisant que sa déclaration ne signifiait pas qu'il avait eu un contact direct avec "Dieu". Il s'était seulement souvent trouvé face à quelque chose de plus grand que l'esprit humain, un quelque chose appelé usuellement "Dieu".

  Incidemment, le processus d'individuation jungien pourrait s'énoncer ainsi: je sais, donc Je suis.

   Je pensais au départ trouver des rimes en a-è-i-o-u, en pensant aux voyelles originelles de Rimbaud. En passant à la construction pratique, il s'est imposé que ma diagonale de N demandait des rimes nasalisées pour pouvoir avoir les lettres essentielles en acrostiche. Assez symétriquement, la diagonale de S a imposé d'avoir des rimes plurielles pour les tercets, et celle des O d'avoir une consonne finale au vers 11. De même un "us" était interdit au vers 13, et les rimes choisies ont été an-in-ol(s)-ou(t)-ai(s)

  La diagonale N interdisait encore d'avoir le C de CARL au début du premier vers, et la chanson de notre Jojo national m'a fait débuter le sonnet par "noir C", sachant que la valeur de NOIR est 56, moyenne des mots de Vocalisations, débutant précisément comme Voyelles par "A noir".
  J'ai veillé à avoir 8 mots par vers, comme pour la plupart de mes autres anagrammes de Vocalisations.
  8 vers ont 35 lettres (valeur de UN), 6 en ont 34 (valeur de CARL), et ils ont alors une virgule supplémentaire pour avoir des vers isocèles de 44 espaces.

  Je suis attentif aux messages subreptices qui pourraient s'immiscer dans les grilles de lettres, surtout les miennes où je suis au moins sûr de ne pas les avoir programmés.
  Il y a une curiosité ici, repérée dans la grille en losange où apparaît horizontalement "pun alt", mais il est plus intéressant de le voir dans la grille carrée, où j'ai mis en majuscules les lettres JUNG en début de vers:
 

  L'allemand jung signifie "jeune", tandis que alt signifie "vieux".
  Tobie Nathan, loin d'être un fan de Jung, l'a fait figurer dans son roman Mon patient Sigmund Freud sous la forme Carl Gustav Alt. C'est un jeu de mots, pun en anglais, et le roman se présente comme les carnets de Jack Bean, Juif cosmopolite qui a fréquenté les fondateurs de la psychanalyse.

  J'aurais hésité à mentionner ce "puNalt" s'il n'apparaissait au sein des 4 vers débutant par JUNG. De plus le N est celui de JUNG, et on a donc pratiquement ici un croisement d'ELS, les séquences de lettres équidistantes mises en avant par le "code biblique" (mais ici le vers débutant par J a 34 lettres, les deux suivant 35 lettres, et l'ELS n'est donc pas parfaite).
   Et j'ai bien envie de faire tout "un plat" de ce "punalt", en constatant que
PUNALT = 84,
alors qu'une grande découverte associée à la date de l'échange du 4/4/44 a été le nom du médecin qui a sauvé Jung, et qui serait "mort à sa place",
HAEMMERLI = 84, tandis que
JUNG = 52, et 84/52 = 21/13, deux nombres de Fibonacci qui m'obsédaient déjà alors.

   Je ne vais pas reprendre la kyrielle des cas que j'ai tenté de répertorier ici, mais je rappelle au moins le cas des 2 mots modifiés dans ma première anagramme de Vocalisations, en 1999,
ALCOOL = 58, 66e mot, et
NADIR = 46, 102e mot,avec
(102+66)/(58+46) = 168/104 = 21/13.
  C'est aussi le cas de
(CARL JUNG'S)/(POET, I) = 105/65 = 21/13.

Il faudra y revenir, mais voici le sonnet sous forme texte, pour ceux qui auraient envie de vérifier ses propriétés, sur le Gématron par exemple:
noir C, creuset astral au rein las partisan;
A l'inusuel conscrit, A l'instinct pérégrin;
R gueule, alouettes seuils, naît là l'océan;
L errant, tour niaise où piler nourri groin;

J la goutte pour jouir, aucun cas alléguant;
U clou, l'issu nanan, épatant jour lointain;
N le poisson gaulois, ru jaune, art ouragan;
G joutant prosateur, la raison lis, au loin;

S à l'oeil reptilien, projetés les guignols;
P la rouille assagie au noir, étonnés trous;
O roi Trujillo, l'illustre tsar sur alcools;

E trituré testeur, rejoint je sais, je nais;
T seul orient tortillon, l'us résout rajout;
I l'unité, torsion, I sculptant nos sonnets.


11.11.22

dédié à "onze avec onze fois vingt-deux"


à  (11+11) par 22

  Le 11/11/11 m'avait été l'occasion d'entamer une série de 11 onzains reprenant les diverses contraintes de L'usine à troc, la série de poèmes ESARTULINO qui a préludé à la réalisation du recueil Alphabets de Perec.

  Ce 11/11/22 m'a aussi inspiré. J'ai pensé à 4 onzains, toujours basés sur la série de 10 lettres ESARTULINO, avec pour chacun une lettre complémentaire qui formerait une diagonale isogramme.

  Ma série Unis le cardo était basée sur 11 lettres de valeur 121, soit 11x11, ainsi l'ensemble des poèmes totalisait la valeur 11x11x11x11x11.
  Ici, il m'est venu qu'une bonne moyenne serait 13, et qu'il faudrait donc que les 4 lettres à adjoindre à ESARTULINO (=134) aient pour moyenne 9:
134+9 = 143 = 11x13.
  Quelques tâtonnements m'ont vite conduit à
GPCJ (36=4x9), soit les initiales de Georges Perec et Carl Jung, avec un écho immédiat.

   Peu après ma série Unis le cardo, j'avais fait une nouvelle anagramme du sonnet Vocalisations de Perec, la première après ma prise de conscience que la magique valeur de ce sonnet de 4 strophes, 14 vers, 112 mots,
6272 = 4x14x112,
était aussi le nombre de jours harmonisant la vie de Jung autour du 4/4/44, la date qu'il donne dans ses mémoires pour un tournant de sa vie. Jung a vécu 4 fois 6272 jours avant le 4/4/44, 6272 jours après.
  Cette anagramme était la première depuis ma découverte du lien 6272 entre Perec et Jung, et j'y faisais allusion aux deux personnages.

  Vocalisations joue sur l'absence du E parmi les 5 voyelles rimbaldiennes. Je me suis avisé que toutes les consonnes étaient présentes dans le sonnet, sauf W, une lettre importante pour Perec (on se souvient de pour E en exergue à W ou le souvenir d'enfance).
  J'ai donc écrit Consonnantisations, en jouant avec l'absence du W parmi les 21 consonnes. Les quatrains étaient consacrés aux 16 premières consonnes, les tercets à V(W)XYZ.

  Constatant que les 16 premières consonnes totalisaient 180, 4 fois 45, j'avais cherché s'il n'y avait pas moyen de les distribuer en un carré orthomagique, et c'était effectivement possible. J'étais parvenu à cet arrangement des lignes et colonnes qui m'avait émerveillé.
  Dürer a modifié le carré d'Agrippa pour obtenir en dernière ligne 1-15-14-4, soit la date 1514 de composition de Melencolia, avec 1-4 pouvant éventuellement désigner les initiales de Albrecht Dürer. Il s'est trouvé qu'un des alignements de mon carré correspond aux consonnes de rangs 1-15-14-4, B-S-R-F, mais j'avais préféré BRSF pour avoir mes initiales au milieu. Il restait 6 possibilités de placer les 3 autres lignes, et j'en avais choisi une permettant d'avoir au centre GP et JC pouvant correspondre aux initiales de Georges Perec et Jung Carl.
  Je m'étais avisé ensuite que, selon les rangs des lettres,  les lettres centrales GJPC ont pour somme valeur 36, carré de 6, tandis que l'enceinte des 12 autres lettres a pour valeur 144, carré de 12
  36 est encore le quart de 144. Ainsi 6272, cinquième de la vie de Jung et  valeur du sonnet de Perec, trouve un écho avec les initiales de Jung et Perec, cinquième de la valeur des 16 premières consonnes. La construction du recueil Alphabets  distingue les 11 premières suites de onzains, où seules ces 16 consonnes sont employées, des 5 dernières, utilisant VWXYZ.

  J'en viens à ma nouvelle création, avec d'abord sa représentation en 4 carrés:
 

   Et voici les textes des 4 onzains, avec en regard les nombres de lettres correspondants, soit 440 pour ESARTULINO, et 44 pour GPCJ:

ouïs l'étranger
îlots, un galion
tu rages, t'unir
sage loi, l'ours géant
on usa gril et tirage
sol, un langoustier régulait son égal tournis
gel, on rusait

praline
tous sporulaient
on perlait sur la piste
ours trapu, lien
ô lent Apis ! ô runes !
art poilu, ton seul pari
là, on suit Perets
un rail pour Tao en slip


Carl et nous
il cuitera nos ulcérations, tracs ou liens
un acte loi
rôle, incrustation
sacré lu, lors inactuel soutien
car il nous trace l'usine à troc

nuit, là rose
jour, il sent jaunâtre, si joli
sûr, tel Jonas ira en julot
l'os rajeunit, tire
Jonas lut injures, ola
il juta, Eros
ne jura-t-il, son journaliste ?

 
  Les contraintes imposées ne me permettaient d'écrire ni Georges, ni Perec, aussi j'ai employé Perets, variante du nom d'origine de son père, Peretz.

  J'ai veillé à utiliser dans chaque onzain un mot de 11 lettres occupant une ligne complète de la matrice. Parmi diverses possibilités, j'ai choisi celles où les lettres additionnelles sont en positions 1-2-3-4, soit:
Journaliste
sPorulaient
ulCérations (titre d'un poème de Perec)
lanGoustier

  Ceci m'a rappelé que mon premier onzain surcontraint, composé en 1998, était basé sur la série ESARTULINO + 1 lettre à chaque ligne. J'y avais fait figurer divers messages en colonne et diagonale, en partie grâce aux lettres additionnelles, et les seules lettres n'intervenant pas dans ces messages étaient A-B-C-D.

  La moyenne gématrique des 484 lettres des 4 onzains est donc 13, valeur de la lettre M, au Milieu de l'alphabet, et même exactement au milieu au 19e siècle où la lettre W était considérée comme étrangère, ne faisant pas partie de notre alphabet.
  S'il n'y a pas de M dans le jeu de lettres choisi, il est possible de le faire apparaître en disposant les onzains ainsi:
 

  Il serait facile aussi d'obtenir un W, ou un X.

  Il y a 7 lettres dans la première moitié de l'alphabet,
ACEGIJL = 47 = PEREC,
et 7 dans la seconde moitié,
NOPRSTU = 123 = GEORGES PEREC.
  Parmi ces 14 lettres il y a 4 couples symétriques par rapport à M, EU, GS, JP, LN...

  484 fois 13 font 6292, un nombre qui m'a aussitôt évoqué 6272, la valeur du sonnet Vocalisations.
  Au départ du projet des 4 onzains, je prévoyais de réorganiser leurs lettres en un carré unique 22x22. L'idée demeure, mais cette proximité entre 6292 et 6272 me semble imposer que ce carré formera un sonnet, en modifiant une lettre pour parvenir à 6272.

  J'espère pouvoir le présenter prochainement...
...et c'est fait, avec le sonnet Carl Jung's poet, I.

7.11.22

Do you, mister Jonas ?

something is happening
and you don't know what it is,
do you, mister Jones

Bob Dylan

  J'ai retrouvé un fascicule de 16 pages, Allah-Rimbaud, daté du 14/12/1999, soit peu après avoir codé le sonnet Vocalisations dans Sous les pans du bizarre.
  Ce codage est devenu très important ces derniers temps, semblant montrer que ma modeste personne est étroitement associée à mes découvertes, par de multiples coïncidences. J'ai écrit à diverses reprises qu'il n'y avait pas de raison particulière à ce codage, survenu après l'écriture effective du roman, mais voici ce que je découvre dans Allah-Rimbaud:
  Un hasard m'a fait lire lors de la conception de mon roman la sourate 10, Jonas. Sans qu'il me soit possible d'expliquer pourquoi, cette lecture est en rapport avec ma décision de coder le sonnet de Perec dans mon texte, sans non plus que j'aie eu alors conscience que Jonas était un "personnage" de La Disparition, associé à un élément arabisant pour ne pas dire islamique.
  Ainsi, il semblait bien en 1999 y avoir eu une raison à ce codage, mais hélas je ne l'ai pas donnée, car Allah-Rimbaud était un texte anonyme, où je m'étais gardé de donner le titre de mon roman ou tout indice pouvant y mener. Pourquoi? parce que cette étude portait sur les travaux de Rashad Khalifa qui lui ont valu d'être assassiné par un opposant islamiste. En 1999 je n'étais guère désireux de connaître ce sort, je m'en fiche un peu aujourd'hui...

  Hélas, découvrir ce lien avec la sourate Jonas ne déclenche pas une anamnèse immédiate. Il m'est arrivé de me demander comment certains écrivains que j'avais consultés au sujet d'oeuvres un peu anciennes pouvaient ne pas se rappeler leurs diverses motivations; je comprends mieux maintenant.
  S'il n'y a pas de déclic immédiat, je crois me souvenir qu'il y avait un rapport avec mon éditeur, Baleine, et bien sûr la baleine qui a avalé Jonas, lequel avait refusé l'ordre divin d'aller prêcher la repentance aux habitants de Ninive, et qui s'était embarqué sur un bateau pour s'en éloigner. Mais Dieu a fait chavirer le bateau, et la baleine a débarqué Jonas à proximité de Ninive...

  J'ai relu aussi la sourate Jonas, où l'on apprend que Allah récompensera ceux qui l'honorent et punira les autres.
 

  A partir du verset 72 sont évoqués des personnages de la Bible, Noé qui a cru en la parole divine, puis plus longuement Moïse qui a imploré Pharaon de laisser partir son peuple, mais Pharaon n'a accepté le pouvoir du Dieu unique qu'après les Dix Plaies.
  Un seul verset évoque Jonas, elliptiquement:
98 S'il en était autrement, une ville qui aurait cru, aurait trouvé en cela son salut; il n'y eut que le peuple de Jonas, après avoir cru. Nous le délivrâmes du châtiment d'opprobre dans ce monde, et nous le laissâmes subsister jusqu'à un certain temps.
  J'imagine que la ville est Ninive, et que le peuple de Jonas est les Ninivites qui ont écouté son message.
  Si les transcriptions Jonas et Ninive ne le laissent guère deviner, les lettres de Jonas, Iona, YWNH, יונה, sont contenues dans Ninive, Ninwa, NYNWH, נינוה. Mieux, Ninive est constituée des lettres de Jonas.
  Alors, même si je n'ai aucun souvenir en ce sens, j'aurais pu cacher Vocalisations dans Sous les pans du bizarre comme Jonas est caché dans Ninive.

  J'avais eu plusieurs raisons de m'intéresser à la sourate Jonas, je ne sais plus laquelle a prévalu.
  L'une est qu'elle compte 109 versets, et mon roman était axé sur la 8e Eglogue de Virgile, comptant 109 vers.
  De fait, la structure du roman était calquée sur la première partie du chant d'Alphésibée de cette Eglogue, en 3 strophes de 5, 4, et 7 vers, dont un vers refrain intempestif dans la dernière strophe, devenu une homophonie approximative à la fin du chapitre 12. Le roman avait ainsi 14 chapitres, en 3 parties de 5-4-5 chapitres, plus une annexe correspondant au dernier vers refrain.
  Le point essentiel était une relation pythagoricienne entre les nombres 10-11-12-13-14, et les lettres de rangs correspondants dans l'alphabet latin, K-L-M-N-O. Ceci m'avait conduit à intituler la dernière partie du roman Le mystère K.O. (emprunt à Nestor Burma) et ses chapitres 10 à 14 Cas-Elle...-...aime-Haines-Oh !
  Je ne savais pas quoi mettre dans le chapitre 10, Cas, et j'ai opté pour un poème sans rapport immédiat avec la prose, sinon qu'il était formé de strophes de 10-11-12-13-14 vers.
  Le rang 10 m'a fait penser à la sourate 10, et j'ai mis en exergue de mon poème les lettres A.L.N., en pensant au préfixe introduisant la sourate Jonas, les lettres alif-lam-ra, ALR.
 
  Les 14 chapitres numérotés de mon roman ont évidemment joué un rôle dans ma décision d'y coder les 14 vers du sonnet, d'autant que ces chapitres correspondaient pour moi aux 14 premiers vers du Chant d'Alphésibée (+ le vers refrain intempestif). Le chapitre 10 présentait une particularité puisque le 10e alexandrin de Perec y était codé parmi les 60 alexandrins de mon poème.

  J'étais intrigué depuis longtemps par les préfixes coraniques présents dans 29 sourates, et dont la signification est fort mystérieuse. Peu après mon codage du sonnet de Perec, un ami, lequel ne savait rien du roman en cours, m'envoya fin novembre 1999 un article donnant les principales découvertes de Rashad Khalifa sur les sigles coraniques.
  Cette page Wikipedia donne les principaux résultats de Khalifa et de ses adeptes. Les détracteurs ont mis en avant d'évidents bidouillages de Khalifa pour discréditer l'ensemble de ses calculs, mais certains ne sont pas contestables, et sont amplement suffisants pour se poser des questions. J'ai étudié ça dans La preuve par 19.

  Car 19 serait le nombre clé du Quran (Coran), et les deux sourates préfixées par la lettre ق, Qâf, Q, 19e lettre de l'alphabet numéral abjad, initiale de Quran, comptent chacune 57 Q, 3x19, bien que la première soit plus de deux fois plus longue que la seconde.
  Ces deux sourates totalisent donc 114 Q, 6x19, et il peut sembler significatif que ce soit le nombre de sourates du Coran. 19 est encore la valeur du mot wahid, "un", et le nombre de lettres de la basmala, la formule qui introduit chaque sourate.

  Cette formule, c'est Par le Nom d'Allah très Clément et très Miséricordieux, débutant par les deux mots 
bism, بِسْمِ, de valeur 102, et
Allah, ٱللَّٰهِ, de valeur 66.
  Or les deux mots du sonnet que j'avais modifiés dans mon codage étaient les 66e et 102e du poème, et je me suis avisé qu'il s'agissait de mots d'origine arabe, "nadir" et "alcool".
  J'avais cru un temps qu'il s'agissait des seuls mots d'origine arabe du sonnet, mais Vfois4 m'a signalé qu'il en allait de même de "safran" au premier vers. Vfois4, c'est feu Willy Wauquaire, la seule personne à m'avoir fait part de son décodage du sonnet dans mon roman (il avait pris mes facéties pour des erreurs de l'éditeur).

  J'avais d'abord uniquement pensé à coder RADIN au lieu de NADIR, car ce jeu m'apparaissait à chaque lecture du sonnet. Je me suis ensuite avisé que l'expression "Nadir ou Nirvâna" de Perec remplaçait "des Mondes et des Anges" de Rimbaud, où il est tentant d'aussi recourir à l'anagramme pour obtenir "des Démons et des Anges".
  Puis, voyant que NADIR était au vers 13, j'ai eu l'idée de procéder à un jeu similaire au vers 8. J'ai indiqué à diverses reprises que c'était parce que Rimbaud était né à Charleville (08) et mort à Marseille (13), mais selon Allah-Rimbaud, écrit juste après le codage, c'était le nombre 813 qui avait été ma première motivation, en hommage à l'aventure d'Arsène Lupin et à l'association 813 dont j'étais membre.
  Je rappelle que ma première réaction devant la valeur 6272 du sonnet de Perec a été un lien avec
ARSENE LUPIN = 62 72,
avant de découvrir que 6272 était un multiple du nombre de mots du sonnet, et permettait notamment la factorisation
6272 = 4 x 14 x 112,
le nombre de strophes par le nombre de vers par le nombre de mots.

  Or un autre résultat indiscutable de Khalifa porte sur les 7 sourates 40 à 46, toutes préfixées par les lettres Ha-Mim, HM, ce qui est en soi une curiosité car les sourates sont en principe classées selon leur longueur (le sigle serait-il postérieur à cette classification?).
  Toujours est-il qu'il s'agit des 8e et 13e lettres de l'alphabet abjad, et que le nombre de ces lettres HM dans ces 7 sourates est 2147, 113 fois 19.

  Ecrire HM éveille un souvenir que je ne peux dater. Lors d'une diffusion de Sacrées musiques, que j'écoutais plus pour la musique que pour les commentaires, j'eus la surprise d'entendre Stéphane Goldet prononcer HM, des lettres correspondant pour moi à 8-13. Un peu d'attention me fit comprendre qu'il s'agissait de l'hébreu HaShem, "Le Nom", la désignation du Tétragramme divin YHWH qu'il est interdit de prononcer.
  Ainsi, les mots que j'avais modifiés aux vers 8-13, H-M, HaShem, "Le Nom", avaient les rangs correspondant à bism Allah, "par le Nom d'Allah", Allah, ٱللَّٰهِ, étant par ailleurs un autre tétragramme.
  Et mon codage était lié à la sourate Jonas, un texte qui devrait inciter au pacifisme entre les deux peuples sémites (tous deux descendants de Sem, Shem, le patriarche dont le nom signifie "nom").

  En essayant de me remémorer les raisons qui m'avaient conduit à coder le sonnet, j'ai pensé aux lettres des sigles coraniques, disséminées dans les textes des sourates, recelant d'éventuelles relations numériques. Il en allait de même pour mon sonnet disséminé dans le roman.
  Mais bien sûr, je n'ai appris cette interprétation des sigles coraniques qu'après mon codage. Après coup, je me suis demandé ce qu'il en était dans mon poème du chapitre 10 des lettres ALN figurant en exergue, inspirées par le préfixe ALR de la sourate 10.
  Comme je l'indiquais sur cette ancienne page, il y avait 666 lettres ALN dans le premier état du poème. Or les sigles des 8 sourates qui ne souffrent aucune contestation comptent 18 lettres dont la somme numérique est 666, un nombre qui a aussi son importance dans l'histoire de l'exégèse des Eglogues.
  Etant donné que les 666 vers avancés pour 8 Eglogues sont plutôt 662, et que mon approche était basée sur ce nombre, j'ai modifié légèrement un vers pour parvenir à 662 ALN dans la version publiée. Voir le texte ici.

  J'avais codé la signature ARTHUR RIMBAUD dans l'annexe, et le titre VOCALISATIONS I, dans la citation en exergue du roman:
  J'en suis venu à soupçonner que le monde est non seulement plus bizarre que je ne le pense, mais plus bizarre, surtout, que quiconque ne peut le penser.
F.I.J. Madlane
  C'est une citation de JBS Haldane, légèrement modifiée pour pouvoir accueillir le code. Son nom a été changé pour avoir les initiales FIJM, à lire effigiem, un mot du chant d'Alphésibée.
  C'est Vocalisations I parce qu'il y a une seconde version du sonnet, et parce qu'ainsi le titre a 14 lettres de valeur 168, le nombre de pieds du sonnet (et la valeur de bism Allah, ce que ne savais pas alors).
  J'ai fort probablement calculé le nombre de lettres codées, 14 du titre, 497 du sonnet, 13 de la signature, soit en tout 524, un nombre que je connaissais, mais dont un écho remarquable ne pouvait apparaître qu'en connaissant le rôle du nombre 6272 dans la vie de Jung, et lorsque je l'ai découvert j'avais bien sûr oublié ce 524 qui est l'âge auquel Gargantua a engendré Pantagruel.

 Rabelais a énoncé ce nombre sous la forme "quatre cens quatre vingtz quarante & quatre", probablement pour assener 4 fois le nombre 4, 4-4-4-4, centaines, vingtaines (il a existé un système vigésimal dont il subsiste diverses traces), dizaines, unités.
  Ainsi j'ai codé le sonnet de valeur 6272 au coeur d'un ensemble de lettres équivalent à 4-4-4-4, 9 ans avant de découvrir que Jung avait bénéficié d'une tranche de vie de 6272 jours après le 4/4/44, et il m'a fallu 14 ans pour m'en rendre compte.

  Aussitôt après la citation de FIJM vient en exergue de la première partie du roman une citation de François Rabelais, FR, parce que Effer acquam sont les premiers mots du chant d'Alphésibée (et les premiers mots du roman sont "Eh, fait Rackam").

  C'est l'étude de l'hébreu qui m'avait conduit à Rabelais, avec une coïncidence immédiate sur le nombre 109. Le géant Pantagruel a un nom de valeur 109 (selon l'alphabet latin), et le géant biblique Achiman a aussi pour valeur 109 (selon l'alphabet hébreu).
  Il est fait recours aux "sorts virgilianes" dans le Tiers Livre, et c'est ce qui m'avait conduit aux Bucoliques, et particulièrement à la 8e Eglogue qui compte 109 vers.
  Comme énoncé plus haut, ce sont en partie ses 109 versets qui m'avaient fait m'intéresser à la sourate Jonas.
  Mais entretemps, un certain besoin de sang neuf m'avait conduit à des écrits plus récents, et notamment à Perec...

  Au départ de ce billet je comptais m'attacher particulièrement aux divers Jonas, mais, comme souvent, je me suis laissé entraîner dans quelques digressions.
Il est ainsi important de savoir qu'une autre raison qui m'a fait m'intéresser à la sourate Jonas est un roman de Jean Lahougue, Le domaine d'Ana (1998), réécriture métatextuelle du Voyage au centre de la terre de Jules Verne.
  Ses personnages principaux, le professeur Otto Lidenbrock et son neveu Axel, y sont devenus Noé Brideuil et son neveu Alex. Le guide islandais Hans qui les accompagne dans leur expédition est devenu le chien Jonas. On n'explore plus le centre de la terre, mais un univers virtuel créé par le frère de Noé, Théo, où Noé et Axel sont piégés, jusqu'à ce que le chien Jonas trouve un chemin pour s'en échapper.
  Or le nom Jonas, Iona en hébreu, signifie "colombe", et c'est bien une iona, "colombe", qui dans la Genèse a indiqué à Noé le chemin vers une terre émergée.
  Lahougue ignorait ce sens de Jonas, nom qu'il avait choisi pour sa ressemblance avec Hans (et avec Jean), et parce que sa lettre centrale est un N.

   Il y en a bien plus ici sur ce roman, que je ne peux me résoudre à quitter avant d'avoir signalé que, dans une adaptation TV du Voyage au centre de la terre, tournée au moment même où paraissait le roman de Lahougue, Otto et Axel Lidenbrock sont devenus Theodore (parfois Theo) et Jonas Lytton, deux noms de personnages essentiels de Lahougue.


 
  Allah-Rimbaud évoquait le cyprin Jonas, "personnage" de La Disparition, associé à un élément arabisant pour ne pas dire islamique.
  Dans le livre de Jonas, la créature qui a avalé le prophète est un "grand poisson", et le carpillon Jonas est assurément devenu un grand poisson:
Il faisait plus d'un yard, sinon tout à fait un fathom.
  Il a avalé un Zahir. Perec a emprunté ce mot à un conte de Borges. Au plus bref,
"Zahir", dans un patois arabisant, signifiait "clair", "positif"; on dit aussi qu'il y a vingt-six noms pour anoblir Allah, dont "Zahir".
  Donc, Zahir est un "nom d'Allah", dans ce roman où figure Vocalisations, dont j'ai modifié deux mots arabes, de rangs 102 et 66 qui sont aussi les valeurs de "Au nom d'Allah"...

  Il y a d'autres Jonas, dont le gourou Jonas Seraph, évoqué récemment,  mais voici de l'inédit.
  Le réseau de médiathèques DLVA décerne chaque année un prix des lecteurs, et organise des balades littéraires où des lectures sont effectuées dans un décor bucolique...
  Une innovation de cette année était la participation des auteurs aux balades, et c'est ainsi que nous avons été une quinzaine à accompagner en juillet Philippe Gerin, auteur de La mélancolie des baleines, se passant en Islande, là où Verne a situé son accès au centre de la terre.
  La balade était au-dessus de Quinson, sur un parcours que j'avais découvert en 2008, dans des circonstances fort synchronistiques relatées ici.
  J'avais repéré que les personnages principaux, Sasha-Ayden-Guðmundur-Arna, formaient l'acronyme SAGA, bien venu en Islande, mais l'auteur m'a assuré ne pas avoir vu cette possibilité.

  Sasha et Ayden sont les parents du jeune Eldfell, malade, attaché à un objet, une baleine sur laquelle est inscrit "Nūn". Une rencontre leur révèle la signification de ce mot:
Le plat en céramique était décoré de motifs géométriques orientaux bleu-cyan entrelacés sur tout son contour. En son centre, une inscription en langue arabe soulignait le dessin naïf d’une baleine dans le ventre de laquelle un homme semblait prier. “Dhūn-Nūn, ça veut dire « l’homme à la baleine ». Nūn est une lettre en arabe qui se calligraphie comme ça.” Haraldur s’était saisi de l’index d’Eldfell et il le faisait glisser sur la céramique en suivant dans l’assiette la demi-conférence surmontée d’un point en son milieu. “Cette lettre symbolise la baleine. Tu comprends, à présent, pourquoi ta baleine s’appelle Nūn ?”
  Jonas est évoqué, mais l'auteur ne savait pas qu'il existe la sourate Jonas, et la sourate Nûn, laquelle doit son titre à la lettre la préfixant.
  Nûn est donc la lettre arabe N, et j'indiquais plus haut qu'il était important pour Lahougue que la lettre N fût médiale dans Jonas.
  N est au centre de Jonas, lui-même au sein de la baleine...

  Si je ne me souviens pas des raisons exactes qui m'ont fait coder un sonnet dans un texte préexistant, ce n'est pas une idée si extraordinaire puisque quelqu'un l'avait déjà exploitée bien avant moi, Ricardou avec son Improbable strip-tease, en 1972, récriture d'un passage de La prise de Constantinople où des majuscules éparses codent pour un sonnet pastiche du Cygne de Mallarmé (voir ici).
  Avec le dernier avatar de ce texte, dans le Théâtre des métamorphoses (1982), Ricardou s'est livré à de profus commentaires. J'en retiens l'idée d'inciter le lecteur à "écrire", et effectivement sa lecture, "lecriture" dirait Martin Winckler, m'a conduit à noter les majuscules intempestives, et à les organiser en un texte plausible.
  De même Vfois4 avait noté les lettres en corps plus gros de Sous les pans du bizarre, et y avait reconnu le sonnet de Perec.

  Puisque j'ai été conduit plus haut à revenir au 4/4/44, voici un témoignage de 2012 sur lequel je suis tombé récemment.
  En bref, l'Irlandaise Mary Kenny est née ce 4/4/44, ce qui lui a valu des problèmes en Chine où le nombre 4 est jugé néfaste, ainsi il lui était difficile de trouver des hôtels acceptant d'accueillir une personne née un jour aussi funeste...
  Elle conclut en constatant qu'il n'en va pas de même en Occident, où le nombre 4 est plutôt considéré comme un symbole de complétude, et elle cite Jung à ce propos, mais sans rien savoir de ce que ce 4/4/44 avait signifié pour lui.
  Mary Kenny donne quelques exemples de complétude du nombre 4, mais pas un qui était cher à Jung, la Trinité chrétienne "quaternisée" par la personne de Marie.