29.9.12

San Michele

A C B  (et à Mathilde !)

  Lors de mon tour du lac de St-André le 28 août dernier, au cours duquel j'ai acheté à Castellane les numéros 13-21-34 de Lire, étudiés dans le billet précédent, je suis d'abord passé à St-André-des-Alpes, où j'ai découvert l'édition poche d'un polar métaphysique dont j'ignorais l'existence, Le dernier homme bon, premier roman de deux scénaristes danois en 2010, traduit en français en 2011.
  L'intrigue est basée sur la légende juive des 36 Justes, les lamed-waf selon Schwarz-Bart et son Dernier des Justes. Il y aurait donc 36 Justes parmi les nations, 36 personnes qui n'en ont pas conscience, renouvelées à chaque génération. Renouvelées du moins tant que Dieu le veut, et l'un des signes de la fin du monde serait la disparition des 36 Justes.

  C'est précisément ce qui semble se passer en cette année 2009, où une vague de morts mystérieuses traverse la planète, touchant à chaque fois des personnes remarquables pour leur action humanitaire.
  Le lecteur échappe par bonheur au détail de ces morts et le roman commence par le récit de la 17e, un moine chinois décédé le 14 août, pour passer ensuite à l'enquête policière sur le 34e mort le 11 décembre, un pionnier indien du microcrédit.
  Il n'y avait eu jusque là que peu de liens opérés entre toutes ces morts, dont une part est restée inconnue, mais ce dernier cas conduit l'inspecteur vénitien Tommaso di Barbara à compléter ses hypothèses et à proposer un schéma :
- les victimes décèdent tous les vendredis, à l'heure locale du coucher du soleil;
- les circonstances des morts sont souvent étranges, des marques bizarres apparaissent dans le dos des victimes, ressemblant à des nombres;
- certaines régularités dans les localisations des incidents l'amènent à prévoir l'incident suivant à Copenhague.

  Ces fabulations ne sont guère prises au sérieux par la police danoise, qui charge néanmoins un flic marginal, Niels Bentzon, d'enquêter sur les "hommes bons" de la capitale et voir si quelque danger les menace...
  Niels découvre au cours de cette enquête que certains hommes classés comme "bons" ne le sont pas tant que ça, et surtout trouve l'aide d'une surdouée du bulbe, Hannah, qui élucide le schéma exact réglant la répartition des morts.
 Là c'est vraiment dur à avaler : il s'agit de superposer les couches électroniques de l'élément de numéro atomique 36, le krypton (!), à la Rodinia, l'état primitif des terres émergées qui formaient jadis un unique continent...
 Après tout, pourquoi pas? Puisque le principal suspect de ces éliminations semble être Dieu, il n'est pas totalement inconcevable qu'il ait choisi de localiser ses Justes selon cet état primitif de la Terre, ni que d'une manière ou d'une autre ces Justes cachés soit liés à l'élément 36 (krypton = "caché" en grec !), mais l'omniscience n'est censée concerner que Dieu, et je suis plus que réticent à admettre que Hannah soit capable de déterminer à quelques dizaines de mètres près les lieux des deux dernières morts.
 Toujours est-il qu'elle prévoit ces morts le 18 et le 25 décembre à l'hôpital principal de Copenhague et à la gare de Venise, sans toutefois pouvoir en donner l'ordre, ni identifier les personnes visées.

 Ainsi Niels et Hannah cherchent-ils dans cet hôpital un Juste le 18, et Tommaso prévenu in extremis a du mal à arriver au coucher du soleil à la gare Santa Lucia...
...où il meurt, car c'était lui le 35e Juste, et on trouve dans son dos des marques pouvant correspondre au nombre 35.
 Niels comprend alors qu'il est le 36e Juste, que, s'il se trouve à l'hôpital le 25 décembre, il mourra, et à sa suite toute l'humanité. Il s'enfuit loin de Copenhague avec Hannah, mais ils ont un accident, si grave qu'ils sont rapatriés au grand hôpital disposant des équipements les plus performants...
  Sur son dos apparaissent  des marques pouvant correspondre au nombre 36...
  Un dermatologue vient examiner ces étranges marques, qui lui rappellent un cas qu'il a étudié dans les archives de l'hôpital : à la Noël 1943, un radio-amateur a été hospitalisé avec des marques très similaires, un demi-fou qui parlait d'un complot mondial d'élimination des hommes bons...
  Or l'homme n'est pas mort le 25 décembre, et a vécu ensuite de nombreuses années ! Il y aurait donc un moyen de contrer l'enchaînement qui semblait inéluctable, et Niels le trouve à son tour. Le monde est sauvé, du moins dans l'immédiat.

  Bon... Malgré quelques points farfelus et quelques longueurs j'ai plutôt apprécié le roman, peut-être pour divers échos très personnels.
  D'abord Fibonacci. Les 36 Justes sont d'emblée répartis en deux catégories, les 34 premiers, des personnalités diverses totalement ignorantes de ce qui se trame, et les deux derniers, des flics qui enquêtent précisément sur la question. Et les 34 sont précisés à diverses reprises répartis en 21 victimes identifiées, les autres étant virtuelles. 13-21-34, les Fibos qui semblent me poursuivre, et qui étaient peut-être un peu plus à l'actualité que les autres jours lors de cette balade traditionnelle (à ce propos, je viens de mettre en ligne un récapitulatif de 80 cas 13-21).
  Les deux derniers sont donc Tommaso et Niels, prénoms de valeurs 96 et 59, en rapport d'or idéal.
  Mieux, au survivant Niels Bentzon correspondent ces mêmes valeurs 59-96.

  Le flic qui suit une piste l'amenant au lieu et à l'instant où sa mort était décidée m'a aussitôt évoqué le cas d'Erik Lönnrot, au nom scandinave, dans La mort et la boussole, avec des détails perturbants.
  Il se nomme Barbara, or le premier mort de la fiction de Borges est un rabbin à la barbe grise assassiné le 4 décembre, jour de la Ste Barbe ou Ste Barbara.
  Le pataphysicien Alain Calame a fait une parodie fibonaccienne de la nouvelle, où les renseignements qui conduisent l'enquêteur à sa perte viennent d'une certaine Barbe Eloha.
  L'auteur du Dernier des Justes est André Schwarz-Bart, "Barbe-Noire"...

  Sans choix délibéré de l'auteur, qui n'a probablement choisi que le jour de Noël pour la disparition du dernier Juste, la 33e mort s'est produite le 4 décembre, à Washington. La victime était un certain Russel Young...
  Je rappelle que pour les pataphysiciens le 4 décembre est le 4e jour du 4e mois de l'année, qui est aussi la Ste Barbe. Chez Calame, barbe eloha est en fait une expression signifiant "en quatre est Dieu", en hébreu.

  La trame inéluctable qui mène Niels à l'hôpital le jour de Noël 2009, comme elle y avait mené son prédécesseur le jour de Noël 1943, m'évoque une de mes fictions quaternitaires favorites, L'énigme du mort-vivant, où un envoûtement force 4 personnes à se trouver la nuit de Noël 1943 dans la crypte de St-Merri, de même que leurs ancêtres 80 ans plus tôt. Il faut que l'un de ces 4 meure pour permettre à Cagliostro de survivre 80 nouvelles années.

 Curieusement, le nombre 80 apparaît lors de la mort de Tommaso, sans nécessité évidente.

 Je vais m'en tenir là pour l'instant, pour en venir à une formidable coïncidence en temps réel.
 Le 28, je quittai donc St André un peu avant midi, et une petite averse me fit m'abriter environ une heure, mise à profit pour lire une centaine de pages du Dernier homme bon.

 Le soir, je trouvai un mèl de dp, expédié à 12h16, au moment où je débutai le roman, qui me signalait qu'une étudiante en graphisme avait réalisé pour son projet de diplôme une maquette du Mont Analogue.
 Le nom de l'étudiante, Bonhomme, qui a aussi son site où j'ai découvert plus tard son logo.

 Ces cercles concentriques m'évoquent la Rodinia superposée aux couches électroniques du krypton ("caché"), et cette carte de l'Homme bon m'avait d'abord rappelé celle de Daumal (qui utilisait parfois le pseudo Alta Mala, "haut mal") où la répartition des lieux émergés connus est utilisée pour déterminer la position de l'île du Mont Analogue, cachée:
dp, familière du web, a été informée de ce projet dès qu'il a été répertorié, car elle avait déposé une alerte Google, concernant le Mont Analogue. C'est aussi elle qui m'avait appris la mise en vente du document Daumal-Fibonacci.
  J'avais eu un regain d'intérêt pour les cartes avec des cercles concentriques ou spirales en ce mois d'août après avoir découvert une des premières vignettes de La frontière invisible, de Peeters et Schuiten (2002). Le cartographe héros de l'aventure y ramasse ce fragment de carte, où une double spirale part de Samaris.
  La portion d''île en bas du fragment n'est autre que l'île du Mont Analogue, selon la carte des Cités, où l'une des seules correspondances immédiates avec notre monde est Copenhague.
  Je n'avais évidemment pas connaissance de ceci lorsque j'opérais en juillet un rapprochement entre la spirale de Cymbiola, dessinée par Schuiten en 1980, et celle du Grand Jeu, dessinée par Sima en 1928.
Sima-Samaris, tiens...

  Le logo de Caroline Bonhomme, ainsi que certaines des magnifiques illustrations de son projet, m'a poussé à rejeter un oeil sur le premier album des Cités obscures, Les murailles de Samaris, que j'avais acheté dès sa parution en 1983, où la ville est caractérisée par un symbole rond spiralé changeant, dont voici une forme.

  Je me souvenais que ce symbole était particulièrement présent à la fin de l'album, effectivement, mais mon regard sur la dernière planche m'a fait remarquer quelque chose de totalement oublié, pour autant que je l'aie jamais vu.

  Cette planche est suivie d'une page blanche, et il faut avoir la curiosité de la tourner pour découvrir cette dernière vignette, modèle évident de celle donnée 19 ans plus tard dans La frontière invisible.
  Ainsi ce morceau de terre, plus tard (1996) identifié à l'île du Mont Analogue, était déjà présent dès la genèse des Cités, et associé à une spirale, une gidouille.

 Un autre écho immédiat éveillé par Le dernier homme bon est précisément Peeters, coauteur des Cités, pour son roman La bibliothèque de Villers (1980), autre parodie de la nouvelle de Borges, chroniqué à la NRF (n° 348) par le borgésien Alain Calame, celui qui en écrirait la parodie fibonaccienne Une affaire en or.
  Il s'agit donc toujours de crimes commis à des endroits et des dates précis, ici aux 5 points d'un quinconce et tous les 25 jours, avec quelques similitudes troublantes car ce roman non traduit a peu de chances d'avoir été connu des Danois:
- il s'agit d'une série de meurtres, dans les années 50, qui répète une série identique perpétrée en 1905;
- les victimes ont dans le dos des marques étranges, des pentagrammes;
- la 2e victime est tuée dans la nuit de Noël;
- la suivante est un étudiant nommé René Roussel (cf le Juste Russel Young, ou "jeune Russel", tué le 4 décembre);
- c'est après sa mort qu'est compris le schéma gouvernant la série, mais ceci n'empêche pas les deux dernières morts.

  Noël... La traduction française du roman danois a sa particularité car le collègue de Niels le plus cité est Leon, qui en est pratiquement l'antithèse, le bon et la brute.
  Si Niels n'est pas mort le jour de Noël, c'est qu'il a perdu son statut de Juste, et il y a eu passage de relais avec un bébé né au même instant sur le parking de l'hôpital, mis au monde d'ailleurs par Leon...
  Niels serait une forme de Nicolas, le père Noël.
  Il est bien sûr possible que les auteurs aient connu le jeu Noël-Léon, fameux par le palindrome souvent cité Noël a trop par rapport à Léon, mais il y a plus curieux, avec le jeu voisin Nobel-Lebon, déjà abordé sur le billet Disparitions, avec le procureur Lebon qui poursuit un écrivain nobélisable.
 Niels rencontre Hannah parce qu'elle est la femme de quelqu'un qui figure sur la liste de ses "hommes bons" potentiels, un prix Nobel de physique célèbre pour sa formule "Le monde sera sauvé par un mathématicien".
 En fait ce Nobel n'est pas du tout "le Bon", qui est donc Niels, lequel va réveiller le coeur d'Hannah dépressive depuis la mort de son fils, et Hannah est donc au centre d'un triangle palindrome
 LE BON - HANNAH - NOBEL

  Par ailleurs l'affaire débute au cours de la Conférence de Copenhague sur le Climat, qui s'est achevée le 18 décembre 2009 (jour de la 35e mort), en présence d'Obama, récent prix Nobel de la Paix.
  Ceci est évoqué à diverses reprises. Je remarque que si Obama avait été "le bon", il aurait été à la portée du phénomène qui a frappé à Washington le 4 décembre...

l'acteur et chanteur Noël-Noël  Je rappelle que c'est la nouvelle Noël, Noël, de Barry Perowne, qui m'a mené en 2003 à la première coïncidence sur les numéros 13-21-34 de Planète.

  Mon billet avec le jeu Lebon-Nobel s'achevait sur l'ELS en couverture du dernier Code de la Bible, NOBEL-OBAMA, mots en rapport d'or en hébreu:
NWBL = 88
AWBMH = 54

  Le dernier homme bon s'achève à San Michele, le cimetière de Venise, où Niels vient se recueillir sur la tombe de Tommaso, qu'il n'avait jamais rencontré.    Or cette forme italienne du nom de l'archange livre un parfait rapport d'or, fibonaccien :
SAN MICHELE = 34/55
  Ceci m'éveille de nombreux échos :
- Dans la série des 7 anges planétaires de la tradition juive, où Cassiel, ange de Saturne et du Shabbat, pouvait être considéré comme leader, Michel est l'ange du Soleil et du Dimanche, nouveau jour saint du monde chrétien.
- Michel est antérieurement à cela le seul ange nommé dans la Bible hébraïque, où on trouve aussi son fantastique codage dans les 216 lettres des "versets longs".
- La coïncidence "2222" du thriller Panique de Jeffrey Abbott m'a conduit à lire un autre de ses romans, Complot, décevant mais où j'ai relevé cette phrase : "Quand le peuple de l'Empire Romain a cessé de vouer un culte à Mercure, la plupart de ses temples ont été dédiés à saint Michel, symbole de la prédominance du bien sur le mal."
Frappant, puisque Jung est multiplement associé à Mercure, et la commune de Saint-Michel-Mont-Mercure est un exemple de cette évolution.
- Juste après Le dernier homme bon, j'ai lu Le Rire du Cyclope, de Bernard Werber, où Saint Michel est présenté comme le patron des humoristes.
- Je connais divers noms dorés à base de Michel, ce qui fera l'objet du prochain billet.
- J'ai voulu relire Le dernier des Justes, mais le roman était emprunté, et son retour annoncé le 29 septembre, la St-Michel.
- Caroline Bonhomme est native du 29 septembre, la St-Michel, de l'an 1988.

  88 est l'occasion d'un autre rebond, avec la valeur 88 de l'hébreu Nobel, NWBL qui peut se décomposer en
LW = 36 : c'est ainsi que s'écrit le nombre 36 en hébreu, et ainsi donc qu'il apparaît sur le dos de Niels, où 36 apparaît sous toutes ses formes, les 36 Justes étant encore les Lamed-Waf dans le roman de Schwarz-Bart;
BN = 52 : ben est "fils", comme disait Perec, et au moment où Niels cesse d'être le 36e Juste il passe le relais à un bébé qui vient de naître.
  Le couple 52-36 m'a été révélé par Jean-Pierre Le Goff, JPLG, qui en a décliné de multiples variations à partir des 52 touches blanches et 36 noires du piano. Le contexte Nobel-Obama est un bel écho, car ce 44e président US est le premier noir, de même sa femme Michelle, 44e first lady, est la première noire.

  A la suite du dernier billet, et de ma confusion Maurois-Mauriac, il m'est revenu que JPLG avait écrit quelque chose à propos d'un texte de Maurois. J'ai sorti mon dossier JPLG, où j'ai retrouvé une série de textes, le premier publié dans la NRF (comme la chronique sur Peeters de Calame, pataphysicien comme JPLG, mais je n'ai su que tardivement que JPLG, discret sur la question, appartenait au Collège).
  Je n'y insiste pas, car cette recherche m'a fait relire quelques lettres personnelles de JPLG, et découvrir que la première lettre qu'il m'avait envoyée était datée du 31 août 2001, soit le 21/13 pataphysique. J'en cite ces premières phrases:
Il suffit de chercher pour trouver, même si l'on pense que ce que l'on cherche est improbable, mais l'improbable surgit toujours. Il suffit de lancer la machine et les conjonctions, les convergences et les analogies vont se manifester avec une force que l'on était loin d'imaginer. Je n'ai pas de théorie là-dessus, je me contente d'être secrétaire et agitateur.
  J'adhère presque totalement à ces propos, bien qu'il me soit arrivé de mener des recherches infructueuses, peut-être faute de persévérance de ma part.
  Dans la chronologie des lettres de JPLG, la suivante datée du 14 septembre se limite à quelques mots sur ses interventions autour du 216 à Thoires (21) et Thouars (79), m'interrogeant sur la possibilité d'en faire une à Thoard (04), dans mon coin. Je lui répondis avec enthousiasme, mentionnant une croyance selon laquelle Pythagore se réincarnerait tous les 216 ans, le dernier avatar étant alors né en 1993. Dans sa troisième lettre, datée du 29 septembre (la St-Michel !), JPLG rebondit sur cette idée en remarquant que c'est précisément en 1993 qu'a été démontré le Dernier Théorème de Fermat, selon lequel il n'existe aucun triplet dit "pythagoricien" pour les puissances n supérieures à 2:
 X n + Y n = Z n
  Avant cette démonstration d'Andrew Wiles, d'ailleurs jugée incomplète et achevée en 1994, il n'existait que des démonstrations ponctuelles pour différentes puissances, et il est amusant qu'un cube soit au minimum la somme de 3 cubes, le plus petit cube dans ce cas étant 216:
27 + 64 + 125 = 216 ou
3 3 + 4 3 + 5 3 = 6 3

   Une trouvaille de JPLG sur le couple 52-36 m'a toujours fasciné:
52 2 + 36 2   ≈  63.25 2
ou, à un cheveu près, l'hypoténuse d'un triangle rectangle de côtés 52-36 est 63.25 (ce qui a donné lieu à une intervention de JPLG le 22 septembre 1996 à Châteauroux).
  Ceci aurait pu mériter un Nobel...
...surtout sachant que les lettres de Nobel en hébreu, vues plus haut BN-LW = 52-36, se réarrangent en LBN-W, "blanc"-"et..."; je rappelle qu'à l'origine JPLG est parti des touches blanches et noires du piano.
  Une de mes découvertes, antérieure à ma connaissance de JPLG, semblait apparentée à ses travaux : les mots BLANC-NOIR ont pour valeurs 32-56, et le clavier d'un piano de 88 notes va de LA à DO (soit 52-36 sur un autre clavier, celui d'un téléphone).

  Le blanc et le noir, le bon et le Dau-mal... Je ne peux omettre enfin que le document acheté en mars dernier témoigne de l'intérêt de Daumal vers 1930 pour les triangles rectangles dont les cathètes sont deux Fibos consécutifs, en l'occurrence 13 et 21.
  Il a ainsi noté l'opération 21 2 + 13 2, sans la résoudre.
  Il va de soi que, lorsque j'ai redécouvert le roman de Daumal, j'ai calculé la valeur de son titre, 155, sans écho immédiat, mais le Gématron indiquait une coupure d'or exacte en 5-9 lettres, valeurs 59-96:
LEMON TANALOGUE = 59 + 96
  Ceci pouvait correspondre à la prononciation effective de MONT, dont le T n'est sonore que s'il est suivi par une voyelle.
  Il m'est plus intéressant aujourd'hui que ces valeurs correspondent à NIELS-TOMMASO (LE MONT OS SIMA, SOMAIS) ou NIELS BENTZON, le 36e Juste.

  Un dernier point éludé jusqu'ici : le roman débute par le récit de la 17e mort le 14 août, le jour où tombe la grande section d'or de l'année.

ps : dp, ayant lu ce billet, me signale la date avancée pour la naissance de Pythagore, vers -580 (la croyance énoncée plus haut était plutôt basée sur -600). En oubliant qu'il n'y a pas eu d'an 0, on a
580 + 2012 = 2592 = 12 x 216 !
  J'ajoute que 2592 se factorise aussi en 36 x 72, soit le nombre des Justes par celui des Anges issus des 216 lettres des "versets longs", où le 42e est plutôt miraculeusement Michael.
  On peut encore écrire cette factorisation :
2592 = 2 5 . 9 2 (32 x 81)

pps : ce 8 octobre, je trouve en relisant un billet blogruz une allusion à une prémonition dans un roman de Bill Granger, où l'île des Caraïbes de Saint-Michel était clairement inspirée par Haïti. Dans ce billet récent, je me demandais si l'île du Mont Analogue de Peeters-Schuiten, appelée Hard-Ithy, n'était pas aussi inspirée par Haïti, "terre des hautes montagnes".  

18.9.12

Ma drôle de morale

à dp & bd
Deux coïncidences récentes.

Je suis membre du forum Autour de Carl, créé par Jean Bissur en début d'année, pari risqué car divers forums jungiens en français ont dû fermer ces dernières années, mais la patience et la fermeté de Jean semblent avoir triomphé des premières difficultés.
Je ne visite pas le forum tous les jours. Ce fut le cas samedi 25 août, où parmi les nouveaux messages j'en découvris un de Kélilan, auteur/dessinateur de BD (notamment de Quadrata, au titre évocateur), qui offrait le 23 août ce tableau en illustration d'un commentaire de Jung sur un rêve de Pauli.
Le peintre n'était pas nommé, mais j'y reconnus un préraphaélite, et le style me semblait plus proche de Burne-Jones que de Rossetti, les plus éminents représentants de cette école anglaise de la fin du 19e.
Quoi qu'il en soit, je pensai aussitôt au couronnement des fantastiques coïncidences entre le roman de Raoul de Warren L'insolite aventure de Marina Sloty (1981), et la nouvelle de Philippe Claudel Tania Vläsi (2003), dont deux éditions ont en couvertures des tableaux de Burne-Jones :Avant d'apprendre ceci, j'avais vu d'étonnants points communs entre les deux textes :
- Tania Vläsi est une vieille fille qui change brutalement de vie le 4 avril 1959, où elle devient reine sous le n° 5691 et est possédée sans trêve par de jeunes mâles tout en expulsant des bébés à tire-larigot.
- Marina Sloty est une jeune étudiante qui fait un saut dans le passé le 7 mars 1959, puis trouve le moyen de regagner son époque le 4 avril 1959 où elle perd sa virginité. J'ai eu la curiosité de calculer les valeurs de son nom :
MARINA-SLOTY = 56-91

J'ai donné plus de détails ailleurs, mais voici ce qui se passa le lendemain de cette remémoration, que je ne comptais pas laisser sans suite (j'avais l'intention d'intervenir sur le forum, et de demander des précisions sur le tableau).
Le matin du dimanche 26 août, j'avais un mèl de Bruno, récemment évoqué à propos de Madrolle, qui me disait qu'il avait acheté le vendredi précédent un livre de Félicien Marceau sur les quais, L'homme du roi, et découvert ensuite qu'il avait un envoi de l'auteur, à Annette Colin-Simard.
Or, parce que je n'avais trouvé sur le net que de très mauvais scans de la couverture originale du roman de Warren, j'avais emprunté à mon amie dp son exemplaire, qui se trouve avoir aussi un envoi, à la même Annette Colin-Simard !
Il faut savoir que les envois à cette Annette ne sont pas d'une extrême rareté, car elle tenait une rubrique littéraire dans Le Journal du Dimanche. Si l'envoi de Marceau est on ne peut plus concis, celui de Warren semble témoigner d'une certaine familiarité, bien qu'il n'ait pas orthographié son nom correctement:
A Annette Colin-Simart
dans l'espoir qu'elle sera convaincue par ce livre de l'existence des fantômes de l'avenir
En témoignage de vive sympathie
Annette Colin-Simard a encore écrit divers livres, dont celui-ci évocateur a contrario des cas de Marina et Tania qui auraient perdu leur virginité le 4/4/59.

J'ai donc partagé ces curiosités dès le 26 août sur Autour de Carl (qui n'est accessible qu'à ses membres), et Kélilan a alors identifié son tableau, Hylas et les nymphes de John Waterhouse (1896).
Je m'absous volontiers de ma première attribution fautive, lisant ici que ce tableau se hisse au niveau des chefs-d'oeuvre de Burne-Jones.
Par ailleurs Kélilan n'avait donné qu'un détail du tableau, dont une reproduction donnée ici est un parfait rectangle d'or. J'en ai tracé ci-dessous les principales lignes d'or :En fait le tableau n'est peut-être pas si parfaitement doré, cette reproduction semblant légèrement rognée sur la droite. Diverses dimensions sont données sur la toile, incompatibles entre elles...
Quoi qu'il en soit, je relève comme une authentique coïncidence que le détail choisi par Kélilan ait été coupé selon une ligne d'or du tableau.

J'ai en écrivant ce billet découvert une autre coïncidence entre moi et mes amis parisiens dp et Bruno, que j'ai connus indépendamment, qui se sont rencontrés par mon intermédiaire, et qui maintenant se voient plus souvent que je ne les vois, reclus dans mon réduit bas-alpin.
Leur rencontre fut l'occasion d'une étonnante constatation : dp habite le n° 131 d'une artère parisienne, or Bruno, qui vit dans un quartier éloigné, venait chaque jeudi dans l'immeuble voisin, au n° 129.
Je n'aurais pas donné ces numéros sans un écho immédiat : j'ai annoncé que mes deux billets précédents étaient les 129e et 130e de Quaternité, ce qui a d'ailleurs orienté leur contenu, mais à ma grande honte c'était une erreur, et il s'agissait en fait des numéros 127 et 128.
Ainsi ce billet que j'imaginais être le n° 131 est en fait le n° 129.

Voici pour la première coïncidence, la seconde fait aussi écho à un mèl de Bruno du 30 août, où il me parlait d'une éventuelle prophétie de André Maurois, un AM comme Antoine Madrolle. Il citait aussi Mauriac (François), débutant par MAUR comme MAURois. Encore à ma grande honte, j'avoue une certaine confusion dans ma tête entre André Maurois et André Malraux; je n'ai rien lu ni de l'un, ni de l'autre, ni de Mauriac d'ailleurs.
Deux jours plus tôt, j'avais fait une balade traditionnelle de l'été, le tour en vélo du lac de St-André. Il y a deux ans, j'avais fait cette balade le 31 août, pour moi le 21/13 du calendrier pataphysique, et j'avais eu la chance de trouver au brocanteur de Castellane le n° 34 de la collection La Mauvaise Chance, significatif pour moi, de même que son auteur, Anthony Berkeley.
L'an dernier j'ai eu à coeur de refaire cette balade le 31 août, et j'aurais fait de même cette année si diverses circonstances ne s'y étaient opposées. J'ai choisi de la faire le 28.
Chez le brocanteur de Castellane, j'ai remarqué un lot de la revue Lire, dont je ne suis pas un lecteur assidu. Il y avait une trentaine de numéros parmi les 70 premiers, et la présence des 13-21-34 m'a semblé justifier leur achat. Ceci faisait écho à mon achat un autre 31 août des numéros 13-21-34 de Planète, parce qu'ils figuraient dans un échantillonage restreint. Il y a encore mes publications de mai 09 associées aux numéros 13-21-34, les numéros 13-21-34 des collections L'empreinte-Police et Le Cabinet noir (dont un Raoul de Warren), etc.
Et bien sûr ma découverte le premier jour de l'an pataphysique 136 = 4 fois 34 du cas Jung/Haemmerli, de valeurs 52 et 84 = 4 fois 13 et 21, découverte qui doit beaucoup à ma lecture le 31/8 précédent, ou 21/13 pataphysique, d'un roman de Sinoué.

J'ai attendu le matin du 31/8 (ou 21/13) pour examiner les Lire, en commençant par le n° 13.
J'y ai été frappé par la notice consacrée au livre sur la compagne d'André Malraux, Josette Clotis, morte le 11/11/44 écrasée sous un train. Etant donné ma confusion entre Maurois et Malraux, mon intérêt résultait pour une bonne part de l'écho avec le mèl de Bruno la veille, où j'imaginais qu'il avait rapproché MALRO DE MADROLE, selon les jeux de mots dont nous sommes familiers. Ainsi j'avais rapproché DORMAEL de MADROLE, auteur de la Théologie des chemins de fer préfacée par Bruno.
J'ai donc répondu à Bruno en croyant qu'il avait fait un parallèle entre André Malraux et Antoine Madrolle... J'ai commencé par lui rappeler que André et Antoine sont les deux saints associés aux lettres-croix, X et T, ce qui constituait un point essentiel de mon billet précité, sain Antoine. Ceci me rappelait aussi le Anthony Berkeley (n° 34) trouvé lors d'un autre tour du lac de St-André.
J'avais aussi été frappé par les dessins de Kélilan autour de la croix et la rose, en écho à mes récentes préoccupations sur la Rose-Croix (prolongées dans mon billet 129 du 31 août, du moins ce que j'imaginais être le billet 129).

J'ai donc signalé ainsi mes trouvailles à Bruno ce 31/8 ou 21/13 :
J'ai attendu ce 21/13 pour voir, et un point commun est la présence de l'année 44 dans les 3, ce qui n'est probablement pas exceptionnel, mais je vais pas consulter toute la série pour étudier la question.
Toujours est-il que
13 : mort de Josette Clotis compagne de Malraux en 1944 (le 11/11 !!), après être passée sous un TRAIN (ils vécurent d'abord 44 rue du Bac)
21 : Claude Mauriac parle des USA qui ont reconnu le gouvernement Pétain jusqu'en 1944, et cite Malraux parmi ses "grands hommes"
34 : participation d'Evita Peron à la campagne électorale de 1944, et début de ca carrière ciné (morte le 26/7/52, 77e anniversaire de Jung)
+ Jean d'Ormesson "Le seul moment où j'ai un peu flanché, c'est en 44 : tous ces vainqueurs..."
Voilà. Je sous-entendais donc des échos à Malraux et Mauriac (père) que je croyais présents dans le mèl de la veille de Bruno. Si j'avais été conscient qu'il s'agissait de Maurois plutôt que de Malraux, je lui aurais signalé la naissance de Maurois le 26 juillet 1885, 10e anniversaire de Jung.

Mon étourderie Malraux/Maurois ôte probablement une bonne part de la pertinence de ces coïncidences, mais mes diverses bévues font partie du problème, telle mon erreur sur ce billet 129/131 qui fait écho aux numéros 129-131 de Bruno-dp.

Evita Peron a pour moi un autre écho, à cause d'une dame PERON ou Péronne qui est probablement le premier exemple connu de gématrie française. Au 14e siècle Dame Péronne était la mie de Guillaume de Machaut, lequel lui a écrit un rondeau au refrain énigmatique:
Dix et sept cinq trese quatorse et quinze
M'a doucement de bien amer espris
Il fallait voir dans ces nombres 17-5-13-14-15 les rangs ou valeurs dans l'alphabet d'alors des lettres RENOP formant le nom de Péronne.

"Ma drôle de morale", c'est donc une allusion au faux calembour "Madrolle de Malraux", et ma conclusion, morale ou non, sera une formule attribuée à Malraux : La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie.
Je la connais grâce à un oulipote, Basile Morin (Bise un Malraux ?), qui en a réalisé un magnifique ambigramme, un dessin qui reste inchangé une fois retourné de 180°:

8.9.12

Taquin Tree


8 septembre 2012, ère vulgaire
1er Absolu 140, ère pataphysique
Il y a 4 ans jour pour jour je découvrais l'équilibre de la vie de Jung autour du 4/4/44, et débutais quelques jours plus tard ce blog Quaternité, qui en est à son 130e billet.
Attendu que mes derniers billets ont plongé assez loin dans la complexité, c'est peut-être le moment d'un back to basics.
Je suis depuis longtemps attiré par les harmonies numériques, particulièrement la quaternité, sous la forme du motif 4+1.
Ce motif 4+1 m'a mené en 1996 à découvrir les remarquables relations à l'intérieur du sonnet Vocalisations de Perec, de valeur totale 6272 devenue pour moi emblématique.
J'ai ensuite appris que le sonnet avait été adapté en anglais par trois personnes différentes, sous forme d'anagrammes du poème original, sans que cette harmonie ait été perçue. Ceci m'a donné l'envie de la magnifier par une autre anagramme, réalisée en 2006 grâce à un outil programmé par un ami. Comme le Gématron incluait l'harmonie d'or, j'ai ajouté cette harmonie à mes contraintes initialement prévues.
Car en 2001 j'avais ajouté à mes lubies numériques le nombre d'or, suite à des coïncidences impliquant un polar de 1932 d'Ellery Queen plagiant par anticipation Da Vinci Code; la répartition de ses 34 chapitres en 2 parties de 21 et 13, nombres de Fibonacci, m'est ensuite devenue emblématique.

J'ai été au plus bref, sans justifier ces diverses lubies numériques car je ne demande pas ici de les partager, mais seulement d'admettre qu'elles m'obsédaient, ce que je peux aisément prouver.

Et puis est arrivé le 8 septembre 2008, où je me suis réveillé avec l'idée que la vie de Jung se partageait exactement selon un motif 4+1, autour du 4/4/44, la date qu'il donne pour un événement des plus étranges, l'échange de sa vie contre celle du médecin qui l'avait sauvé.
Je devais constater avec ébahissement que mon intuition était exacte, et que la période unitaire de ce motif 4+1 était 6272 jours (et 4 heures).
J'ai aussitôt pensé au poème de Perec, mais il m'a fallu quelques mois pour réaliser que j'avais été la 5e personne à proposer un arrangement des mêmes lettres de valeur 6272.
Puis j'ai appris le nom du docteur qui aurait échangé sa vie contre celle de Jung, et découvert le rapport de leurs noms, Jung/Haemmerli = 52/84 = 13/21.
Par ailleurs j'avais quelques préoccupations calendaires, notamment depuis peu liées au calendrier pataphysique, dont le nouvel an tombe le 8 septembre. Le nouvel an 134 fut l'occasion d'une remarquable coïncidence, avec un écho l'année suivante. Or le jour de ma découverte n'était autre que le premier jour de l'an 136 pataphysique, tel que 52+84 = 136; la suite 52-84-136 correspond aux nombres de Fibonacci 13-21-34 multipliés par 4.
Depuis 1997 je m'intéressais aux dates pascales dans les polars, et non seulement le 4/4/44 était le Mardi saint de la semaine pascale 44, mais le roman le plus emblématique de ma recherche était encore un Ellery Queen, couvrant exactement la Semaine sainte 1944.

Voilà. Je conçois que c'est dérangeant, et j'en suis le premier dérangé, mais la seule chose que je ne peux prouver est la date de ma découverte et ses circonstances. On pourrait imaginer qu'il y a près de 20 ans que je connais les faits, et que j'ai patiemment organisé ma vie en conséquence pour me mettre en valeur lors de leur révélation, mais cette hypothèse laisse plusieurs coïncidences irrésolues, et il faudrait pour les résoudre imaginer un vaste complot impliquant au moins Jung et ses proches.
Ainsi, comment Jung, après avoir indiqué le 4/4/44 comme début de sa convalescence et début de la maladie de Haemmerli, a-t-il pu omettre que le décès de celui-ci trois mois plus tard ait coïncidé avec sa propre sortie de l'hôpital ? Comment ses multiples biographes, dont Barbara Hannah qui appartenait au cercle de ses proches en 44, ont-ils pu à leur tour négliger ce fait ?

Si je suis revenu à diverses reprises sur ces questions, bien d'autres coïncidences ébouriffantes ont été étudiées au long des 129 billets précédents, en rapport plus ou moins direct avec Jung et le 4/4/44.

Quaternité arrive donc à son billet n°130, soit précisément la valeur de QUATERNITE, et c'est l'occasion d'évoquer une curiosité remarquée il y a un peu plus d'un an.
Il m'arrive de suivre des affaires que j'ai plus ou moins initiées, tel l'étrange cas du Rayon Vert, où Rohmer semble avoir invité Hubert Reeves pour une scène en public, ce qu'il a fait passer pour un hasard à ses plus proches collaborateurs, qui ignoraient jusqu'au nom de Reeves inscrit au générique sous le nom de Dr Friedrich Günther Christlein.
J'avais donc soumis une requête "hubert reeves" "Günther christlein", qui donnait pour presque uniques résultats le billet Blogruz où j'avais initié l'affaire, et le billet Quaternité où j'en avais reparlé.
Il y avait un autre résultat, une page en anglais, et sa visite me fit rapidement comprendre qu'il s'agissait de la traduction de mon billet Quaternité, traduction informatique brute de décoffrage, probablement inintelligible par les anglophones.
Arisu n'est plus ici était donc devenu Arisu no longer here, avec en chapeau un autre titre, Desert Eagle Airsoft Chrome Metal, bizarre...
Non moins bizarre était l'intitulé du blog, etaterniuq... Je finis par m'apercevoir que c'était l'anagramme de Quaternité !
Un épineux problème apparaissait, etaterniuq, également hébergé par Blogger (blogspot.fr), semblant avoir été créé le 5 octobre 2006, près de 2 ans avant Quaternité.
Tous les posts y sont en anglais, du moins dans l'anglais approximatif du traducteur automatique. On y trouve, avec quelques chevauchements, des posts empruntés au blog du groupe français Moonpix Recorder, des posts venant d'un blog érotique (sinon carrément X), d'autres d'un club d'amateurs de bière, et 25 posts issus de Quaternité, tous mes billets publiés de juin 10 à février 11, postés aux mêmes dates que mes billets originaux (on m'a assuré que ça ne signifiait rien, ces dates de publication étant faciles à truquer).
Le blog est inactif depuis le 4 mars 11.
Lorsque j'ai découvert etaterniuq, Google mettait en garde contre ce blog suspecté de véhiculer des parasites "risquant d'endommager votre ordinateur", aussi je ne donne pas de lien direct, ceux qui voudront vérifier mes allégations pourront le faire à leurs risques en tapant etaterniuq à la place de quaternite dans la barre d'adresse.
Aujourd'hui le blog n'est plus référencé par Google, quoique toujours accessible (ainsi la requête "hubert reeves" "Günther christlein" a-t-elle maintenant mes posts pour seuls résultats).

Cette anagramme m'a pas mal titillé les neurones, car j'avais intitulé un de mes premiers billets quatterine; je m'y interrogeais sur la part que pouvait avoir eu dans mon intuition nocturne sur le schéma de quaternité dans la vie de Jung la diffusion la veille d'un épisode de Barnaby, où la mystérieuse inscription cast no sin here masquait une anagramme, Catherine's son.
Quaternité étant un mot plutôt rare, était-il envisageable qu'il appartînt au vocabulaire de quelqu'un dont l'activité se bornait à piller d'autres blogs, fussent-ils au nombre précis de quatre ?
Je n'ai pas trouvé de réponse à cette question, jusqu'à ce mois d'août où, aidé peut-être par une actualité digne des Dents de la mer, je me suis avisé que etaterniuq pouvait correspondre à une expression connue, état-requin, selon une logique immédiate : ETAT reste tel quel, les deux syllabes RE-QUIN sont inversées en ER-NIUQ.
Un internaute utilise le pseudo Etat-Requin, éventuel suspect...

Ma question principale était donc résolue, ne restait que celle secondaire d'imaginer comment "etaterniuq" avait appris l'existence de Quaternité. Pas difficile, mon blog étant parfaitement référencé, et mes amis et moi-même le voyons souvent apparaître lors de recherches très diverses. Si beaucoup peuvent ne pas aller plus avant, j'imagine que cet amateur d'anagrammes ait pu réagir illico, et s'émerveiller de la coïncidence au point de me piller systématiquement pendant huit mois.

Ma marotte numérologique m'a fait calculer les valeurs correspondant à cette partition insoupçonnée de QUATERNITE, soit
ETAT-REQUIN = 46-84
ce à quoi j'ai vu un écho immédiat.
Je suis revenu à maintes reprises sur l'immédiat parallélisme entre le 52-84 de Jung-Haemmerli, protagonistes de la première NDE publiée, et celui des seuls personnages de l'Ancien Testament montés au ciel de leur vivant, Elie et Enoch.
Après l'avoir vainement cherchée, un hasard m'a fait découvrir la présence conjointe des gématries de leurs deux noms, avec en prime la proximité immédiate d'un 4-4-4-4: La valeur d'Elie est donnée sous la forme 46+6, parce que ce nom a deux graphies dans la Bible, ALYH = 46, et le plus souvent ALYHW = 52.
Ainsi état-requin, anagramme insoupçonnée lors de la création de Quaternité, peut cacher la relation Elie-Enoch, encore moins soupçonnée puisque je n'ai appris le nom de Haemmerli que trois mois plus tard.
La relation
"etat" (dans notre alphabet) = 46 = Elie (hébreu)
a encore un formidable écho, car dans son roman L'invasion divine, Phil Dick a imaginé le retour sur Terre du prophète Elie, sous le nom de Elias Tate (tate = etat à l'envers). Mieux encore, Elias, forme grécisée de l'hébreu ALYH, Eliah, a pour valeur dans notre alphabet encore 46 !
ELIAS = 46 revient sur Terre avec le nouveau Messie, EMMANUEL = 84 (= Enoch hébreu)...

J'ai redécouvert récemment que ma première publication "sérieuse", sous pseudo anagrammatique, avait paru précédée d'un article sur Elie et Enoch :Je l'avais rapporté précisément dans Arisu n'est plus ici, ce même billet qui m'a fait découvrir le blog etaterniuq.
C'est aussi dans ce billet qu'il y avait l'image LEONA qui m'a occupé récemment, montrant un Le Goff (ou Arisu) caricaturé par Boilet, auteur de la BD Le Rayon Vert : Jean-Pierre se serait probablement passionné pour ce détournement de blog, lui qui s'est par exemple acharné sur l'affaire des fausses plaques commémoratives parisiennes, jusqu'à identifier les faussaires et les rencontrer.
Je ne sais plus si j'avais cherché l'an dernier à éclaircir les titres des posts de etaterniuq, toujours est-il que l'actuelle profusion d'échos avec ce post particulier m'a conduit à soumettre la requête "Desert Eagle Airsoft Chrome Metal".
Très peu de réponses, dont une seule exploitable, un post du blog odngoviajanev, encore hébergé par Blogger. J'y découvre la même présentation que etaterniuq, le même anglais approximatif, et des titres de posts voisins identiques à ceux d'etaterniuq.
Une recherche à partir des noms propres du texte m'a facilement mené au billet original, en espagnol, Amable, posté le 8 mai 06 sur le blog Vengo Viajando, dont odngoviajanev est une anagramme paresseuse : les paires de lettres initiales et finales ont été interverties et renversées, et qu-aterni-te devient selon le même procédé et-aterni-uq... Chacun pourra maintenant vérifier si son blog est aussi piraté.

Il s'ensuit qu'une part de ce qui précède était à côté de la plaque, car bien évidemment etaterniuq a été créé à partir de Quaternité, auquel il a emprunté son titre et 25 posts, et des 3 autres blogs auxquels il a emprunté 48 posts. L'opération a probablement été réalisée en un seul temps, par un automate qui a aussi créé de multiples autres blogs similaires.
Il peut s'agir d'une opération publicitaire, mais j'arrête là mes investigations car il y a certainement des gens qui doivent savoir de quoi il retourne, à commencer par les techniciens de Google qui ont décidé de ne plus référencer etaterniuq, comme probablement les multiples autres blogs similaires, odngoviajanev étant peut-être l'exception confirmatoire...

Exception bénie, qui m'a permis d'une part de percer le mystère "etaterniuq", et d'autre part de découvrir la page cousine de Arisu n'est plus ici, via piratages, Amable, dont je préfère donner le lien original. Il y est question de doña Lina visitée par sa petite-fille Ana, qui lui lit un passage de Voyage au centre de la terre.
Or le mot ANA est lié pour moi à de multiples coïncidences, notamment avec les clones du roman de Verne, le premier étant probablement La race à venir (1870), qui est celle des Ana, tandis que plus proche de nous est Le domaine d'Ana (1998), dont l'auteur m'a certifié qu'il ignorait tout de ce premier modèle anglais (Ana dénia model).
Jean-Pierre Le Goff était aussi lecteur de Lahougue.

Mes supputations sur la création de etaterniuq à partir de "état requin" étaient donc erronées, mais il reste cette coïncidence du procédé particulier employé par le pirate pour créer ses noms de blogs, sans laquelle je n'aurais probablement jamais vu que "quaternité" était l'anagramme de cette formule usuelle.
Je n'aurais jamais vu non plu que le partage numérique 46-84 pouvait correspondre à Elie-Enoch (en hébreu) et mieux encore à Elias-Emmanuel, les incarnations divines venues délivrer la Terre dans L'invasion dickienne.
Je rappelle que la mosaïque de Cruas montre Elie et Enoch gardiens des deux arbres d'Eden, le lignum (l'arbre de vie) et le ficus (le figuier, l'arbre de la connaissance), représentant un de mes premiers modèles de quaternité numérique (valeurs en hébreu 233 et 932 = 4x233).
L'état requin m'a conduit à chercher d'autres anagrammes de "quaternité"; quintet era, "ère du quintette", m'a séduit (je rappelle mes billets sur la BD Quintett et le film Quintet), et une recherche montre que l'expression est courante, pour des groupes musicaux ayant connu divers avatars. J'ai particulièrement remarqué la quintet era du groupe Phish, les amateurs du nombre d'or, phi, ayant une certaine propension à des orthographes fantaisistes telles phive ou phibonacci.
Tout fan de Dick sait en outre que c'est la vision d'un bijou en forme de poisson qui a provoqué la crise mystique devant profondément modifier sa vie et son écriture.

Il m'est encore venu "te taquiner", "être taquin", qui m'a fait penser au puzzle Taquin, appelé aussi Pouce-pouce, auquel j'ai joué jadis, ensemble de 15 carrés à déplacer sur une grille de 4x4 pour restituer un ordre privilégié. Il m'est venu "Taquin tree", avec une pensée pour l'arbre primordial d'Eden symbole de quaternité, et j'ai trouvé qu'il existait effectivement de tels puzzles montrant des arbres. L'un a ouvert ce billet, et celui-ci commémore le 100e anniversaire d'une clinique psychiatrique aux Pays-Bas.
Le Taquin a d'abord consisté à réordonner 15 carrés portant les 15 premiers nombres, et il m'est venu l'idée qu'on pouvait aussi viser à réaliser un carré magique, en attribuant la valeur 0 à la case vide. De fait, cette variante est indiquée à la dernière ligne de cette page d'un amateur éclairé.
Mieux, certains puzzles ont une case de dégagement permettant d'avoir en tout 16 carrés, et donc de réaliser un carré magique traditionnel utilisant les nombres de 1 à 16.
Je rappelle que la somme de ces 16 nombres est 136, aisée à répartir harmonieusement en 52 et 84, sur le carré magique comme sur cette répartition 4x4 (les lignes impaires totalisent 52, les paires 84).

Perec aussi se souvenait du Pouce-pouce, et il a imaginé en 1979 une forme d'hétérogramme utilisant les 15 lettres ESARTINULOCDMPG, + 1 autre lettre joker correspondant à la case vide, choisie parmi les 11 lettres restantes.
Il n'en subsiste qu'une lettre à un ami, publiée dans le Cahier Georges Perec n° 5, où il a donné 96 énoncés de ce type. J'en ai choisi 3, que je livre ci-dessous sous la forme de Taquins résolus, laissant à deviner quelle est la lettre joker. Le dernier pourrait faire allusion à ce fameux état requin...

J'ai donc découvert le blog etaterniuq l'an dernier par le truchement du Rayon Vert de Rohmer, film que je n'ai vu qu'en septembre 07, dans des circonstances que j'ai associées aux coïncidences avec le nouvel an 135 pataphysique, en résonance avec les coïncidences de l'an 134.
En grande partie par hasard, j'ai découvert ce 5 septembre que Le Rayon Vert était disponible en intégralité sur YouTube, et j'ai revu la séquence avec Hubert Reeves. Je n'en donne pas le lien car il est possible qu'il soit bientôt supprimé, mais je crois pouvoir donner celui-ci, où Rohmer parle de son film. Je crois l'avoir déjà vu quand j'avais loué le film, mais je n'y avais pas remarqué une étrange phrase de Rohmer qui parle de 3 moments rythmant le film, "que je n'expliquerai pas mais qui rythment le film", et deux de ces moments correspondent aux sections d'or que j'avais repérées, le dernier étant l'errance de Marie Rivière dans les rochers de Biarritz, qui se termine lorsqu'elle arrive à proximité du groupe parlant du rayon vert, dans lequel figure Hubert Reeves.
Une fois le clip terminé, l'écran de YouTube affiche quelques suggestions, et mon oeil y accroche le nombre 813 pour le nombre de visionnements du second clip proposé (cliquer pour voir l'ensemble):J'ai la curiosité de le regarder, 813 faisant partie de mes nombres fétiches pour cause de Fibonacci 8-13-21-34, et le clip ajouté le 31 mars dernier débute par la séquence où apparaît Hubert Reeves, présente intégralement. Pour ceux qui n'auraient pas saisi toutes les implications de la série de Fibonacci, les 8/13es du film tombent au cours de cette séquence.
Hubert Reeves, qui semble être arrivé comme le Messie (un petit messie, Christlein !) sur le tournage de Rohmer (selon son assistante du moins) a pour valeur 74-74 (Jesus = 74 aussi), en étonnante résonance d'or avec le 46-46 du Elias Tate de Dick (74 et 46 sont en rapport d'or).

L'année 138 pataphysique est associée à une autre coïncidence 813 détaillée ici.

Note : une nouvelle recherche a confirmé mon hypothèse, il y a des milliers de blogs pirates de type etaterniuq. Ainsi un certain gtuneralb153 a inondé divers forums de centaines de posts du même modèle, chacun d'eux promouvant 12 blogs de ce type.