12.2.09

sur le bord de la rivière Bléone

Le 5 février dernier j'étais à Digne, où j'ai fait une promenade par le chemin de Caguerenard, qui longe la rivière.
A chaque passage à Digne je me rends à la médiathèque, et je comptais y aller après la balade. J'avais fait de même le 16 septembre dernier, 8 jours après ma découverte sur le 4/4/44 de Jung, et j'indiquais ici que c'était ce jour que j'y avais trouvé le 5e tome de Quintett, où j'ai découvert les aspects jungiens détaillés dans mon second billet.
Je signalais aussi la maison, juste avant le début du chemin, dont la porte du garage faisait la promotion des mandalas réalisés par sa propriétaire. Celle-ci a changé son panneau depuis, et l'un des nouveaux mandalas est une étoile de David (voir mon Etoile de Babel).
Reprenant la page indiquée supra, rédigée avant de débuter ce blog, je vois que j'y parlais de Bavel (Babel en hébreu), à propos de la pupille (bava en hébreu) vue par Jung au coeur de la pierre qu'il a sculptée en 1950, et cette pupille est devenue le dieu Télesphore (Bav-El, pupille ou porte de Dieu).

J'avais emmené avec moi Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j'ai pleuré, le roman de Coelho prétexte à mon dernier billet, pour y rejeter un oeil avant de le rendre, mais je n'en ai pas eu l'occasion, pris dans le sac et le ressac de mes souvenirs, venant de me rappeler que j'avais en 72 fait les vendanges à Cessac, nom rappelant le Sesach par lequel Jérôme a transcrit le codage atbash de Babel.
J'ai donc fait ma balade et suis revenu par l'autre rive, plus civilisée. A la médiathèque, je suis d'abord passé par la cote COElho, voir si son Zahir était de retour, non, puis les récents développements m'ont porté vers la cote BAB, comme Babel, rien.
Mais entre COE et BAB, mon oeil s'est fixé sur un titre qui n'était pourtant pas à hauteur de mon regard, CINQ, à la cote BOU. J'ai d'abord pensé que c'était le nom de l'éditeur, mais c'est le titre d'un court roman de Sabine Bouyala.
Je scrute assez régulièrement les rayons de cette médiathèque, relativement peu chargés, et je n'avais jamais remarqué ce titre, alors que je suis attiré par les titres comportant des nombres, et que depuis 8 mois un autre 5 s'est trouvé riche en coïncidences, lesquelles se sont pleinement révélées il y a 4 mois, lorsque la découverte du Décorateur d'Akounine a promu ce 5 au rang de 5e livre décrivant une semaine pascale, tandis que le 4e était Les quatre coins de la nuit...

J'ai gardé ce Cinq. Ne trouvant rien à la cote BAB, j'ai tapé Babel dans le champ "titre" d'un poste de recherche, et on pourra vérifier sur le catalogue de la médiathèque ce qui m'est apparu.
21 documents, dont le 9e, en tête de la seconde page, m'a frappé :
Un Babel, donc, juste après un 5...
S'agirait-il de deux études, la première intitulée 5 ? En l'espace de deux minutes, serais-je tombé sur deux oeuvres intitulées Cinq et 5 ?
Je remarque aussi la 12e notice :
Le tome 5 d'une BD publiée en 05... La cote a pris en compte le nom du scénariste, Corbeyran, soit COR, le coeur latin (voir billet précédent), alors que Babel est en hébreu le renversement de lebab, "coeur".
La lecture à l'écrevisse donnerait phonétiquement Lebab Eiffel; autres temps, autres tours...

La cote du livre de 1911 correspond à un ouvrage en réserve, qu'il me faudra attendre quelques jours pour consulter.
Après la cote BAB comme Babel, logique dans ma dinguerie, je me rends aux cotes SES ou SIS, comme Sesach ou Sisak. Rien, mais je remarque Quatuor, de Vikram SETh. Bel écho au Cinq précédent, je prends aussi.
D'autant que Seth (frère d'Osiris) est apparu à plusieurs reprises dans mon cheminement récent, comme il est vrai d'autres thèmes que j'ai préférés garder pour moi, histoire de ne pas trop embrouiller une affaire déjà bien assez complexe.

Et un tour au rayon BD, pour y découvrir que L'effet Babel a une suite, Nom de code Babylone.
J'ai donc emprunté ces 4 titres, lu le soir même les BD, bof, et Cinq, court roman qui ne m'a pas emballé, mais qui décrit en quelque sorte une quaternité inversée. Le lecteur y suit les aventures improbables de 5 soeurs victimes d'un terrible accident de voiture, et qu'il est en droit de supposer mortes. Il s'agit en fait des visions délirantes d'une fille unique dans le coma après un naufrage (sinking en anglais, du verbe sink, ou cinq ?) en mer, son inconscient lui a inventé 4 soeurs qui lui manquent terriblement de retour en ce monde...

J'ai beaucoup apprécié Quatuor, belle histoire d'amour et de musique, dont j'aimerais parler longuement, mais je vais m'en tenir aux échos immédiats avec mes préoccupations babéliennes et quaternitaires.
Avant d'emprunter le roman, je l'avais rapidement feuilleté, et mon regard était tombé page 54 sur la dernière phrase d'une section:
Sous la flèche d'Eros, je m'asseois et je pleure.

Sans être sûr que ce soit une allusion voulue, j'ai tout de suite pensé au psaume 137, Au bord des fleuves de Babylone, et j'en ai parlé le soir même à une amie, terminant mon mèl par Au bord de la rivière Bléone je me LEV et je ris.
Car, alors que je n'en étais pas conscient lors de ma balade, le nom de la rivière arrosant Digne, la Bléone, est tout de même sacrément évocateur, de Babylone comme du lion, leone en Italie proche, lev en russe.
La lecture du roman confirme qu'il s'agit plus que vraisemblablement d'une allusion effective au psaume 137. Son héros Michael est le second violon du quatuor londonien Maggiore, qui vit pour la musique et dans le souvenir de son amour de jeunesse Julia, pianiste. Et voici qu'il aperçoit dans un bus Julia, dont il a perdu la trace il y a 10 ans.
Il court après le bus, sans succès, et arrête sa course à Piccadilly Circus, où donc il s'asseoit et pleure sur le bord de la célèbre fontaine Eros. Il se remémore quelques sections plus loin le début de leur relation, et leur totale communion musicale, qui a débuté lorsqu'il l'a accompagnée dans le choral pour orgue BWV653, An Wasserflüssen Babylon (Au bord des fleuves de Babylone), jouant sur son violon la partie au pédalier (page 95). Ils avaient enuite fondé un trio, interrompu avec leur rupture.
Bref, ils se retrouvent tout de même, et elle est toujours pianiste, mais mariée, et célèbre sous son nouveau nom. Ils redeviennent amants, mais il leur manque encore le summum du bonheur pour des musiciens, jouer ensemble devant un public.
Le destin semble leur être favorable, car le quatuor est appelé à Vienne pour jouer La Truite, qui nécessite un piano, et c'est Julia qui est suggérée par les organisateurs... Michael est au comble du bonheur lorsqu'il l'apprend dans une cabine publique, et une section ou chapitre s'achève ainsi, page 194:
Je sors de la cabine. Debout sous la pluie, je ris. Je laisse les goutelettes coller mes cheveux et rafraîchir ma tête.

J'imagine que ce rire debout est un écho voulu aux pleurs assis précédents, de même que la conclusion de mon mèl, mais je me demande si beaucoup de lecteurs du roman l'auront vu, et je m'ébaubis en pensant que je n'aurais probablement jamais remarqué ce Quatuor s'il avait eu un titre plus conforme à l'original, An equal music.
Voici donc pour ce qui concerne Babel, et un peu la quaternité avec le quatuor requis pour jouer un quintette (mais c'est en fait un quatuor diminué d'une unité puisque La Truite est pour violon, alto, violoncelle, contrebasse et piano).
Il y a plus immédiat, avec le projet de Michael au début du roman de faire jouer à son quatuor l'opus 104 de Beethoven, qu'il vient d'apprendre être l'adaptation pour quintette à cordes par Beethoven lui-même de son trio opus 1 numéro 3.
Il s'en procure le seul enregistrement existant, par le quatuor Suk (+ un alto prénommé Karel, ce qui me rappelle le pianiste Charles du Quintett), et je remarque les majuscules sur la pochette du disque, SQ SQ KS, et surtout verticalement SSK, l'exacte transcription dans notre alphabet du codage atbash de Babel.
Il y a encore une certaine magie des chiffres : le trio de l'opus 1 arrangé en quintette, opus 104, tandis que Beethoven a inversement arrangé son quintette opus 4 pour en faire le trio opus 63.

Mardi 10 février, retour à la médiathèque où les Etudes dramatiques d'Adolphe Môny ont été exhumées par un bibliothécaire. Voici une couverture qu'on cherchera en vain sur Amazon ou autre...
C'est donc en fait un cinquième tome, et dernier, et quintessentiel car posthume. Une notice m'apprend que l'auteur, né à Paris en 1829, est décédé en son château de Sarre, près Commentry, le 8 septembre 1909.
C'est le 8 septembre dernier, 99 ans après ce 8/9/9, que j'ai fait la découverte du pivot quintessentiel du 4/4/44 dans la vie de Jung, ce que j'ai d'abord relaté sur mon autre blog le 9/9/8, avant d'y consacrer Quaternité.

Môny était un "chrétien sincère et robuste", ce dont témoigne Babel, tragédie en vers en 5 actes qu'il y a peu de chances de voir jamais sur les planches, pas seulement à cause des difficultés techniques de mise en scène. Je n'y trouve aucun vers digne d'être cité, et me bornerai au 4 derniers:
NEMROD, jetant son glaive aux pieds de Noëmi.
Frappe, je suis vaincu... vaincu par une femme!...
Hâtez-vous cependant de déserter ce lieu,
Je me retrouverais.

NOËMI
Juge mieux de ton âme,
Ce n'est pas moi, Nemrod, qui t'ai vaincu, c'est Dieu.
(Rideau.)

L'argument de la pièce a néanmoins un aspect quintessentiel. Nemrod, instigateur du projet de surpasser Dieu en construisant une tour s'élevant jusqu'au ciel, a pris comme architecte Phaleg, fils d'Héber. On aurait pu s'attendre à ce que l'effondrement de la tour survienne au dernier acte, mais c'est au 4e que ça se produit, Phaleg ayant compris la folie du projet et saboté son oeuvre.
5e acte donc, le vil Nemrod espère se venger en volant la fiancée de Phaleg, mais ça se termine mal pour lui, comme on vient de le voir.

Je suis néanmoins frappé par un petit quelque chose, le nom de la femme d'Héber, 4e patriarche après le déluge dont j'ai détaillé ici les multiples connivences avec le nombre 4. Ad. Môny l'a donc nommée Saga, or j'ai conté l'aventure qui m'est survenue alors que j'étais en train de lire le début de Saga, roman où Tonino Benacquista a imaginé une chaîne de TV bâcler un feuilleton imposé par les quotas de production française, en engageant 4 scénaristes à la dérive. Les premiers chapitres les introduisent, Louis, Mathilde, Jérôme, et j'en étais là lorsque j'ai rencontré un camping-car allemand immatriculé MA-RK 251, ce qui a d'abord fait écho à une formidable coïncidence décrite sur la page mentionnée, qui m'a fait penser à l'évangéliste Marc.
Et puis j'ai repris ma lecture, arrivant au 4e chapitre, Moi, où se présente le dernier scénariste, Marco, et j'ai instantanément vu que les initiales des 4 scénaristes, LMJM, correspondaient à celles des évangélistes Matthieu-Marc-Luc-Jean, et ceci m'a livré une clé essentielle pour comprendre la suite du roman.
Cherchant une illustration en rapport, je redécouvre que le symbole de Saint Marc est un lion ailé, ce qui a encore de multiples échos avec mes récentes investigations babéliennes.

si je t'oublie, Babel

Il est assez indispensable d'avoir lu le billet Babel et la bête avant d'aborder celui-ci.
Pour l'essentiel, je rappelle que Jérôme, ne disposant pas d'un manuel de cryptologie, a traduit les mots lev qamay, codage atbash pour "Chaldée", par qui cor suum levaverunt contra me, faisant apparaître cor, "coeur" latin à côté de lev ou levav, les deux formes du "coeur" hébreu.

J'ai découvert ceci le 15 janvier, juste après avoir introduit l'atbash dans le billet précédent, daté du 8 janvier et en fait achevé quelques jours plus tard.
Le 14, à la médiathèque de Digne, j'avais regardé la cote COElho, ayant appris récemment qu'un de ses romans était intitulé Le Zahir, comme un conte de Borges. Il n'était pas en rayons, mais j'ai été intrigué par le long titre Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j'ai pleuré, que j'ai emprunté.
Je l'ai lu quelques jours plus tard, et ai alors compris que le titre paraphrasait le psaume 137 (ou 136),
1- Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion.
qui se termine, dans la traduction de la Bible de Jérusalem, par
8- Fille de Babel, qui dois périr, heureux qui te revaudra les maux que tu nous valus,
9- heureux qui saisira et brisera tes petits contre le roc !
La confusion babélienne des langues est décidément omniprésente, car l'hébreu bavel se renverse exactement en levav, "coeur" (la lettre bet se prononce obligatoirement vet en fin de mot), et le psaume s'achève sur "roc", exact renversement du coeur latin, cor.
Le portugais de Coelho s'en mêle, car le titre original du roman est Na margem do rio Piedra eu sentei e chorei, téléchargeable gratuitement.
Le dernier mot chorei fait "chorus", si l'on peut dire, avec le dernier mot du psaume, "roc" en français, petram en latin, piedra en espagnol, pedra en portugais.
Feliz aquele que pegar teus filhos
E esmagá-los contra a pedra.
Coelho avait de bonnes raisons de choisir cette rivière Piedra, qui coule près d'un monastère situé dans un magnifique site aragonais. La rivière est ainsi nommée car ses eaux riches en carbonate de calcium "pétrifient" tout ce qu'elles touchent. Ainsi cette cascade coule devant une grotte aux multiples concrétions où se passe une scène essentielle à la fin du roman.
C'est, en bref, l'histoire de Pilar, 29 ans, qui retrouve le 4 décembre 1993 un ami d'enfance qui lui dit l'aimer. Cet ami, jamais nommé, est un mystique charismatique, qui vit en communion avec la Vierge, et se dit bénéficiaire d'un don de guérison...
Ils deviennent amants au soir du 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception, et Pilar insiste le lendemain pour qu'ils se rendent à Piedra, site qu'ils ont jadis tous deux fréquenté. Dans la grotte, il lui dit qu'il a hésité fortement entre vivre son amour ou se consacrer uniquement à sa mission divine, et que la Vierge l'a aidé à choisir la première option.
Mais le lendemain il n'est plus là, et Pilar sombre dans le désespoir. Elle entreprend d'écrire le récit de leurs retrouvailles, en pleurs au bord de la rivière Piedra, pendant des jours et des jours, jusqu'à ce qu'il réapparaisse, avec un motif peu crédible pour son absence, et Pilar est hilare...
Je n'avais jusqu'ici lu de Coelho que L'Alchimiste, en son temps, dont tout ce que je puis dire aujourd'hui est que je ne me suis pas rué sur les livres suivants. Si je n'ai rien contre sa fameuse Légende Personnelle, il me semble que c'est une simplification du processus d'individuation jungien, et Jung se refusait aux simplifications, contraires à la complexité de l'inconscient.
Pour le roman que je viens de lire, j'apprécie son thème d'un dieu au féminin, mais, depuis que j'ai pu raisonner par moi-même, je trouve particulièrement inepte l'histoire de la Sainte Vierge, et l'approche catho de Coelho m'horripile, malgré ses quelques distances avec les dogmes.
Ceci dit, j'avoue avoir composé ce poème ci-contre pour Marie, mais il s'agit d'abord d'une "traduction" d'un poème à contrainte identique de Raban Maur.

Le psaume 137 est aussi connu pour son 5e verset, cité à la fin du roman de Coelho, dans sa traduction de la Bible de Jérusalem:
Si je t'oublie, Jérusalem, que ma droite se dessèche !
Or il s'agit d'une traduction améliorée, sinon inventive, car la seule leçon connue du verset en hébreu est
אם־אשכחך ירושלם תשכח ימיני׃
soit littéralement Si je t'oublie Jérusalem, qu'oublie ma droite.
C'est le même verbe ShaKaH (שכח), "oublier", qui est employé dans les deux propositions, et les spécialistes considèrent qu'il est probable qu'il s'agisse d'une faute d'un copiste, présumant que le second verbe original était KaHaSh (כחש), "maigrir", "manquer", permutation de ShaKaH.

Il existe des cas patents d'erreurs dans la Bible hébraïque, notamment des confusions entre les lettres R (ר)et D (ד), donnant lieu à deux noms pour un même personnage, mais le respect du texte jugé sacré en a interdit les corrections raisonnables. S'il y a bien eu erreur ici, il est remarquable qu'elle ait été induite par un probable jeu initial sur les deux verbes anagrammes, alors que le lieu de l'action est Babel, à l'origine de la confusion (balal) des langues.
C'est d'autant plus remarquable que deux des lettres des verbes en question sont S et K (שכ), les codes atbash pour B et L; je rappelle que BaBeL apparaît dans le livre de Jérémie sous la forme codée SSK, transcrite Sesach par Jérôme (lequel attribue le psaume 137 à Jérémie, comme le faisait la Septante).

C'est une autre curiosité que le verbe français traduisant SKH soit "ouBLier", avec ces deux consonnes BL (je proposerais "s'assèche" pour le second verbe, en pensant à Sesach).

Et puisque le roman de Coelho est écrit en portugais, voici comment il cite ce verset 5:
Se eu me esquecer de ti, ó Jerusalém, que se resseque a minha mão direita.
Je constate une presque parfaite identité anagrammatique entre les deux formes verbales, esquecer et resseque (un c remplacé par un s), et les phonèmes S et K sont présents.

Quelques petites choses encore.

Si le mot "coeur" (hébreu LB ou LBB) n'apparaît pas dans le psaume 137, il est BeL et bien présent dans ses principales adaptations en "choeurs", ainsi le choral luthérien de Wolfgang Dachstein An Wasserflüssen Babylon (1525) a-t-il pour texte
An Wasserflüssen Babylon
Da sassen wir mit Schmerzen
Als wir gedachten an Zion,
Da weinten wir von Herzen.
Il a bien sûr été harmonisé par Bach (BWV 267 et 653), mais aussi par Pachelbel (partition recopiée par Bach).

Il existe une version rasta devenue un tube planétaire en 78, où ces paroles sans rapport avec le psaume ont été ajoutées:
Let the words of our mouth
and the meditations of our heart
be acceptable in thy sight here tonight
On peut préférer aux versions de Boney M celle de Jimmy Cliff, qui est aussi un interprète de la bande originale du Roi Lion, en compagnie de Lebo M...
Lebo, LeBon, LeBoney...
A propos de Boney et Lebo M, je remarque que Boney était pour les Anglais le sobriquet de Napoléon, le nom Napoleone ayant probablement été contaminé par leone, "lion".

A propos du 8 décembre, cette fête de l'Immaculée Conception est spécialement célébrée à Lyon. La fête est liée à la Nativité de Marie, le 8 septembre, 9 mois plus tard (l'Annonciation du 25 mars précède pareillement Noël).

Ce psaume 137 est attribué par la Septante (où il est 136) à Jérémie. Il en va de même dans la Vulgate.
Ce jeu 136-137 m'est l'occasion de relier Paulo (Coelho) à Pauli (Wolfgang), prix Nobel de physique mais aussi proche ami de Jung. Ce sont ses rêves qui ont inspiré Psychologie et Alchimie, et Pauli est le cosignataire du premier livre sur la Synchronicité.
Toujours est-il qu'il existe pour les physiciens une "constante de structure fine", nommée alpha, dont on a pensé un temps que son inverse pourrait être un entier, 136. L'astronome Eddington y a vu une merveilleuse corrélation avec ses théories, jusqu'à ce qu'il s'avère que la valeur soit plus proche de 137. Eddington a alors décrété que ce devait être exactement 137, en accord encore avec ses théories, mais il a été finalement établi que la valeur était légèrement supérieure à 137...
Exit Eddington, mais intrat Pauli, qui voua à son tour un culte à ce nombre, et qui répétait à qui voulait l'entendre que 137 était la valeur numérique du mot Kabbale en hébreu, qabbala signifiant "réception", ce qui n'a pas empêché sa réception du Nobel (ceci selon une source que j'ai oubliée, et cette page au beau fond d'écran ne mentionne pas le côté hébraïque de l'anecdote).
Il semble mieux référencé que Pauli eut pour dernière joie de découvrir que sa dernière chambre, celle de l'hôpital de Zurich où il allait mourir, portait le numéro 137.
J'évoquais dans le dernier billet un autre prix Nobel, Yeats, qui, s'il ne l'a pas obtenu pour Vision, affirmait que c'était son "Livre des livres".

Coelho insiste sur le fait que les manifestations de la Vierge sont souvent liées à l'eau (Lourdes par exemple), tandis que les apparitions de dieux masculins sont associées au feu (le buisson ardent, l'éclair...)
Le dernier mot du psaume 137 en hébreu est sela', "rocher", dont une exégèse est remarquable. C'est ce même mot qui est employé en Nb 20,11, pour le rocher dont Moïse fait jaillir de l'eau en le frappant de son bâton, et les rabbins ont avancé que les 3 lettres notant ce mot sela', SaMeK, LaMeD, 'aYiN, avaient pour médiales les lettres MMY se réarrangeant en MYM, mayim, "eau".
Ainsi le rocher de Moïse contenait bien de l'eau, de même que l'eau calcaire de la rivière Piedra contient du rocher...