16.4.17

Phil & Fred

En avril découvre-toi un Phil
(dicton climatique réchauffé)

  Retour comme promis au document # 046665 de House of Leaves (HOL), de Mark Z Danielewski (MZD), mais je ne reprends pas ici tout ce que j'en ai déjà dit ailleurs, dans les deux précédents billets notamment.
  La petite enveloppe, qui selon la note 35 du Navidson Record serait de la main de Johnny Truant, est basée sur l'argument même du livre, la largeur de la maison Navidson qui mesure un quart de pouce de moins lorsqu'elle est mesurée de l'extérieur au lieu de l'intérieur, au début du processus car la largeur intérieure va continuer à grandir.
  Uniquement sur ce document, il apparaît que la largeur "extérieure", fixe, correspondrait à "20 cubits", 20 coudées. Pourquoi? on n'en sait rien, mais Truant semble avoir voulu déterminer combien mesurerait une coudée, X, et ses calculs l'amènent à
X = 19 pouces 11/16es
ou X = 19.6875 pouces.
  En haut à gauche de l'enveloppe est repris ce résultat,
Cubit = 19 11/16 " = forearm (avant-bras)
avec en-dessous en gros
Why ?, "Pourquoi ?",
puis des dizaines de petits Why? griffonnés dans tous les sens.
  Pour moi, un élément de réponse réside dans la conversion en cm. Le pouce faisant exactement 2.54 cm, la coudée mesurerait alors 50.00625 cm, soit 50 cm à moins d'un dixième de millimètre près.
  Je développais diverses pistes dans les billets 46665 et 20 coudées:
- la Quine des bâtisseurs romans, fantaisie hexagonale que MZD a pu découvrir lors de son séjour en France, série de 5 mesures dorées centrées sur un empan d'exactement 20.00 cm;
- la mesure par Le Corbusier de cotes antiques évoquant le système métrique;
- les 20 coudées de largeur du Temple de Salomon; sa partie la plus sacrée, le Saint des Saints, est notamment un cube de 20 coudées de côté.

  J'y ajoute aujourd'hui que, sur ce qui d'après la note 35 du Navidson Record serait un plan du rez-de-chaussée, la maison Navidson semble carrée. Je me perds en conjectures sur les signes également visibles ci-dessus:
(Ø, Ø, Ø)
(X, Y, Z)
x, y, z désignent en général les coordonnées cartésiennes, et Y correspond à la largeur de la maison sur le plan. X serait alors sa "longueur", Z sa hauteur. Le même symbole Ø pour les trois pourrait alors signifier que la maison est un cube... Ce symbole semble être celui du diamètre, souvent appelé phi en raison de sa ressemblance avec la lettre grecque ϕ, aussi symbole du nombre d'or...
  Le signe Ø s'obtient au clavier (PC) par la combinaison Alt+0216, 216 étant le cube de 6 déjà vu fort significatif ici (gématrie de l'hébreu debir, autre nom du Saint des Saints, 216 chiffres du nombre du film Pi, 216 lettres des "versets longs").

  Passons au coin inférieur droit, où apparaissent, à 90°, ce qui ressemble à HGW? avec le G barré par un grand L, et WHG?.
  On pourrait se demander s'il ne s'agirait pas des interrogations HOW? et WHO?, "Comment?" et "Qui?", complémentant le Why?, "Pourquoi ?", du coin opposé, mais il est difficile de voir un O dans la lettre qui suit WH, et MZD a déclaré qu'il n'y avait aucune coquille dans HOL...
  Si c'est bien WHG, il s'ensuit que c'est probablement HGW au-dessus, et la conjonction de HGW et du nombre 50, sous-entendu dans le coin opposé, m'est immédiatement évocatrice.

  Il est si évident que Et le huitième jour... d'Ellery Queen (Fred Dannay et Avram Davidson pour ce roman) est inspiré par les manuscrits de Qumran qu'il faut surtout s'interroger sur les différences entre Qumran et Quenan, différences qui font du Maître de Justice essénien un nouveau Christ, entouré d'un Conseil des Douze; le Maître meurt le Vendredi saint de 1944, et renaît deux jours plus tard sous la forme de Manuel Aquina (l'Emmanuel de la prophétie d'Isaïe), qu'un "hasard" conduit à Quenan.  J'indiquais dans le billet H or N que Dannay semblait s'être inspiré du premier livre grand public sur Qumran, Les manuscrits de la Mer Morte, de Millar Burrows. En tout cas deux détails très précis du roman s'y trouvent, la sainteté du nombre 50 comme de la lettre hébraïque N qui lui correspond, et le livre saint qui n'est connu que par un acronyme, hgw ou hgy, les lettres hébraïques W (ו) et Y (י) se confondant facilement.
  Dannay a eu l'idée d'en faire le livre saint perdu Mk'n, ou Mk'h, que le Maître croit avoir retrouvé en voyant ces lettres en couverture d'un livre lors d'un passage dans la boutique qui constitue le seul lien de la communauté avec la civilisation. Il s'agit du Mein Kampf d'Hitler, conservé dans l'arche sainte du Sanquetum... 
  Quant au N=50, le Maître est le seul de la communauté ayant à son vêtement des boutons de métal ornés d'un N, lequel "représente le nombre sacré 50". C'est un indice important pour éclaircir le meurtre commis dans le sanquetum, un bouton avec un N étant trouvé dans la main de la victime.
  Le coin inférieur gauche de la petite enveloppe est griffonné de signes ressemblant aux lettres N ou Z, dans tous les sens, mais il y a un vrai Z plus haut, avec une barre intermédiaire. De fait, Danielewski utilise cette seule signature Z pour dédicacer ses romans, toujours avec une barre intermédiaire.

  Il reste le coin supérieur droit, avec diverses inscriptions dont la plus claire est watch, entouré. Les autres inscriptions aident à privilégier le sens "montre", plutôt que "regarde". Il me semble voir à gauche Heure, War ("guerre"), puis un mot illisible, et à droite half time matlaced (dentelle à mi-temps ?), most.
  Un autre indice du crime du Sanquetum est la montre d'Ellery, qu'il avait prêtée à la victime, et qui est retrouvée brisée au poignet de Storicai, indiquant 4:20.

  Ellery est appelé Elroee par le Maître, ce en quoi Ellery croit reconnaître le nom biblique Elro'i, "Dieu voit".
  Le dernier élément non encore mentionné de l'enveloppe est un grand oeil, à côté des N. Un oeil unique est souvent un symbole divin.

  Le Sanquetum évoque explicitement à Ellery le Sanctum Sanctorum, le Saint des Saints, et n'importe qui y penserait ensuite avec l'Arche qu'il abrite, contenant le livre saint Mk'h.
  Sachant que le nom de naissance de Dannay est Daniel Nathan, il serait tentant de fondre les coauteurs Nathan et Davidson en Navidson...
  Je n'en déduis pas pour autant que MZD se soit inspiré de "Fred", Frederic Dannay pour ses amis, car toutes ces convergences pourraient s'appliquer aussi à "Phil", Philip K. Dick.

  Il est paru récemment une traduction de Philip K. Dick, the man who remembered the future,  biographie d'Anthony Peake axée sur les expériences mystiques de Dick, avec quelques tentatives de rationalisation médicale.
  J'espère que l'ensemble de la traduction n'est pas à l'avenant de celle du titre, mais je me fie ici aux passages originaux de l'Exégèse qu'on trouve en ligne, que Peake m'a donné envie de consulter.

  Après tout de même bien des curiosités diverses, la vie de Dick a pris un tournant crucial le 20 février 74, lorsqu'une jeune femme est venue lui livrer un analgésique pour calmer des douleurs après une extraction de dent. Le pendentif qu'elle portait, un poisson d'or stylisé, symbole des premiers chrétiens (pour l'acronyme IXTUS, Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur), déclenche ce qu'il a appelé une anamnèse. En son esprit vit aussi un disciple de Jésus persécuté sous Néron, et la "prison de fer" romaine est toujours présente, mais Phil voit un signe dans l'affaire du Watergate, laquelle va contraindre Nixon à la démission en cette année 74.
  Des tas d'anecdotes sont liées aux événements de février-mars 74, que Phil a nommés "2-3-74", mais voici ce qui m'intéresse. Le 5 juillet, Phil écrit une lettre à son amie Claudia, dont l'original est donné ici, où il lui parle d'un rêve récurrent depuis 3 mois. Il y voit un livre qui serait essentiel, qui contiendrait les réponses à toutes les questions, et ses rêves lui apportent de plus en plus de détails précis.
  Il sait donc que le livre a une couverture bleue, qu'il a été édité en 1966 ou 1968, que son titre se finit par B... Grove, et il retourne toute sa maison jusqu'à exhumer The Shadow of Blooming Grove, une biographie du président W. G. Harding effectivement parue en 1968. Il l'avait reçue automatiquement alors par un Club du Livre, et avait vite abandonné sa lecture.
  C'est le livre le plus ennuyeux au monde, écrit-il à Claudia, ce qui montre qu'il ne faut jamais prendre ses rêves trop au sérieux...
...à moins, ajoute-t-il, que ce ne soit un tour de l'inconscient, de l'univers, de Dieu, ou de quoi que ce soit. Le courrier suivant, du 13 juillet, le montre continuer à chercher dans cette voie, et arriver à l'Enéide de Virgile, car ses rêves tournent souvent autour de la Sibylle et du troisième oeil, or il est question des Cyclopes dans le livre III de l'Enéide, puis dans un autre livre de la Sibylle de Cumes, qui emmène Enée dans un lieu paradisiaque, les Bois Fortunés, Blissful Groves en anglais.
  Phil insiste sur ce B... Grove, mais ne semble pas s'être alors reporté au texte même de l'Enéide, où en quelques vers (VI, 630-639) sont mentionnés Cyclopes, Sibylle et Bois Fortunés.
  Phil en tout cas en déduit que ces Blissful Groves sont indubitablement ce qu'il a vu en rêve, d'autant que la Sibylle brûle ses livres de prophéties, ce qui correspond à un autre détail rêvé sur le livre secret.
  Et puis Phil a reçu en songe des mots inconnus, notés au réveil, tels que "Sadasa ulna". Son dictionnaire lui a appris que ulna signifiait "coude" ou "coudée" en latin, et qu'il apparaissait dans cette dernière acception dans le livre III de l'Enéide (c'est en fait le livre III des Géorgiques). Une nouvelle preuve...

  Nous verrons plus loin que Phil ne s'est pas arrêté longtemps à cette interprétation "indubitable" de ses rêves, mais voyons les échos de la piste virgilienne avec le document 46665.
  J'avais appris l'affaire de la biographie de WG Harding dans Je suis vivant et vous êtes mort, la bio de Dick par Emmanuel Carrère, lequel "oublie" de signaler que le livre était dans la bibliothèque de Dick. Phil a suffisamment tendance à affabuler pour qu'il ne soit pas besoin d'en rajouter. Peake m'a ainsi appris que le fameux incident de la lumière rose qui aurait diagnostiqué la rare maladie du fils de Dick n'était pas si extraordinaire, car Phil avait été victime de la même maladie, et savait qu'elle pouvait être transmise à ses enfants.
  Toujours est-il que la bio de WGH, parfois appelé par ces initiales dans le livre, m'avait rappelé le livre HGW-HGY des Esséniens, et l'usage qu'en avait fait Fred Dannay, avec le livre sacré Mk'n devenu le diabolique Mk'h. A la fin du roman, Ellery-Elroee arrache Mein Kampf de l'arche du Sanquetum et le brûle; le livre vu par Phil en rêve a ses pages roussies, comme si on avait tenté de le brûler.
  Je remarque que le WHG vu sur le document 46665 est peut-être un WHO, et que les hésitations sur les troisièmes lettres, curieuses en-elles-mêmes, livrent une vertigineuse cohérence:
HGY > HGW (ou l'inverse)
MKN > MKH
WHO > WHG
soit YNO > WHG en superposant les trois cas...

  Il y a un oeil sur la petite enveloppe, celui du Cyclope? le troisième oeil dickien?
  Il y a cette coudée qui sort d'on ne sait où, ulna?

  Et il y a le rectangle d'or de la grande enveloppe (voir le billet précédent), avec quelque chose qui pourrait y ressembler à une porte. Un autre élément important pour Phil de ses rêves et visions est le rectangle d'or, qu'il aurait vu dans un rêve comme une porte menant vers un lieu paradisiaque (les Blissful Groves?); il pouvait voir ce lieu, mais n'a pas eu l'idée de franchir la porte, et s'en est ensuite morfondu.

  Et Virgile? L'affaire du changement de la maison Navidson débute au chapitre 5 de HOL, avec le retour des Navidson de Seattle, constatant l'apparition d'un espace inconnu dans la maison, derrière une porte non moins inconnue, et une autre porte menant à la chambre des enfants.
  Les initiales des 11 premières notes de ce chapitre, de 32 à 42, livrent DANIELEWSKI. La note 35, correspondant au premier I, envoie au document 46665. La note 42, correspondant au second I, donne la traduction d'un vers de Virgile donné dans le texte,
Tum vero omne mihi visum considere in ignis Ilium
  Le sens de ce seul vers n'est guère évocateur, mais un participant du forum a remarqué qu'il débute ce qui est appelé the Ash Tree simile, "la comparaison du frêne", vers 624-631 du livre II de l'Enéide. Or la maison Navidson est localisée au coin de Ash Tree Lane et de Succoth, ce qui n'est dit qu'une seule fois, à la fin du chapitre 2.
  Ash Tree, c'est le "frêne", et une voie nommé Ash Tree Lane est tout à fait vraisemblable (mais celle ci-contre est un montage inspiré par HOL). Il est loin d'en être de même pour Succoth, qui peut être soit le nom d'une des stations des Hébreux lors de l'exode biblique, soit le nom de la fête des Cabanes, commémorant précisément l'Exode, au cours de laquelle les familles doivent quitter leurs maisons pour habiter des abris sommaires pendant 7 jours (l'usage a été quelque peu adapté selon les lieux et les époques).
  Après les 7 jours de Souccot vient Chemini Atseret, la fête du huitième (jour), célébrée le 22 Tichri, après le coucher du soleil du 21 Tichri. Le titre Et le huitième jour... de Queen apparaît dans la Bible précisément à propos de ce huitième jour de Souccot, et il se trouve que Fred Dannay est né le 20 octobre 1905 qui était le 21 Tichri (5666)  jusqu'au coucher du soleil, le 22 ensuite, le huitième jour...
  Sans que j'y imagine une intention, la maison au coin Frêne-Succoth peut donc constituer, via l'Enéide, le carrefour entre Phil street et Fred avenue, entre WGH et HGW, entre ulna et le nombre 50...

  La crise mystique de 74 a grandement influencé l'écriture de Dick, jusqu'aux romans qui étaient déjà en cours. Ainsi Substance mort, écrit en 73, a été révisé en 75, et Phil y a ajouté le "complet brouillé" de Fred, issu de ses visions phosphéniques. Fred? oui, le personnage principal du roman est le flic Fred, infiltré chez les marginaux sous le nom de Bob Arctor, mais la prise de drogues l'amène à créer une personnalité réelle à sa couverture...
  Phil y introduit aussi sa vision du rectangle d'or ouvrant sur un autre monde en l'attribuant à un certain Tony Amsterdam. Je remarquais ici que Substance mort, numéro 252 de Présence du futur, était en fait le 236e volume de la collection, laquelle en a compté 618 (série d'or 236-382-618-1000).

  Phil avait aussi en chantier Deus Irae, roman écrit en duo avec Roger Zelazny, ce dernier ayant assuré qu'il était essentiellement de Phil (le dernier volume de Présence du futur, n° 666, est Route 666 de Zelazny). Il s'achève sur une transformation du monde, avec l'accès à un jardin de palmes probablement inspiré par les Bois Fortunés de la Sibylle.
  Cette transformation semble due à une oeuvre d'art, annihilant les pouvoirs du maléfique Carlton Lufteufel, "diable du ciel" qui m'évoque Harry Toyfell, le "philosophe" de Wrightsville, et l'étrange coquille de l'édition française de Coup double qui a transformé "phil" en "6566".

  A propos de diable, un point commun à Fred, Phil, et Mark pourrait être Belial, démon notamment pour les Esséniens:
- le seul péché dont se souvient la communauté de Quenan est la faute du tisserand Belyar, coupable d'avoir soustrait du tissu pour son usage personnel; Belyar a été chassé dans le désert pour cette faute (une autre forme de Belial est Beliar);
- dans le pénultième roman achevé, L'Invasion divine, la Terre est soumise au pouvoir de Belial, et les agents du Bien y amènent d'une lointaine planète Emmanuel, bébé-dieu (c'est de même un Manuel qui, le dimanche de Pâques, remplace le Maître tué à Quenan le Vendredi saint); Dick commente l'opposition YHWH-Belial dans l'Exégèse;
- un nom revient dans les cauchemars de Navidson, Delial, avant que sa maison s'agrandisse de l'intérieur; on apprend ensuite qu'il s'agit du nom d'une fillette soudanaise dont il s'estime responsable de la mort; on peut imaginer que Danielewski ait forgé Delial en mêlant Belial et denial, "déni", anagramme de Daniel.

  La première fiction entièrement inspirée par "2-3-74" est probablement la nouvelle L'oeil de la sibylle, publiée en 75. Le narrateur en est d'abord Philos Diktos, prêtre au service de la Sibylle de Cumes; il la surprend en compagnie d'êtres étranges, qui lui annoncent une ère de 2000 ans de ténèbres; puis la Sibylle se place un Oeil au milieu du front, le dispositif qui lui permet de voir l'avenir, et Philos partage en partie ses visions...
  La narration passe alors au jeune Philip, lequel décide de devenir écrivain de SF, et mène une existence médiocre jusqu'au 16 mars 1974, où une anamnèse lui fait se souvenir avoir été au service de la Sibylle, et retrouver le contact avec les êtres étranges qui lui annoncent que la libération du monde approche...
  Puis le récit revient au vieux Philos, lequel annonce à ses contemporains que son séjour dans le futur lui permet d'assurer que l'ère de ténèbres aura une fin, et que se vérifieront alors les vers de Virgile de l'Eglogue IV, Iam redit et Virgo, redeunt Saturnia regna (...), dont est donnée une traduction très personnelle...
  L'oeil de la sibylle est aussi le titre d'un recueil de Dick qui débute par un court texte écrit en 66 pour un magazine. Je m'émerveille d'y trouver un paragraphe consacré à Avram Davidson, coauteur de Et le huitième jour..., mais tenu par contrat à ne le révéler à quiconque, et le paragraphe suivant à Anthony Boucher, qui était son ami, mais aussi un proche collaborateur de Fred Dannay.
  Phil a aussi rencontré Theodore Sturgeon, coauteur de L'adversaire, peu après la mort d'Anthony Boucher (en 1968).

  Si, pour mettre en forme ses synopsis, Dannay a fait appel à des écrivains surtout connus par leur oeuvre SF, il est peu probable qu'il ait songé à Dick, réputé piètre styliste. Je n'ai trouvé aucune indic(k)ation que Dannay ait lu quoi que ce soit de Dick, ni de la réciproque.

  Une idée s'est enfin imposée à Phil: le livre qu'il voyait dans ses rêves était Ubik, qu'il avait écrit en 66 et qui était paru en 69. La biographie de WGH n'avait d'importance que par la façon dont l'information à son sujet lui avait été transmise, similaire au cas de Joe Chip, assailli de messages à propos d'Ubik, le produit qui lui permettrait de sortir de la régression temporelle à laquelle il est soumis.
  Phil remarque aussi que le passage de Joe Chip de 1992 à 1939 est analogue à son propre cas, son saut de 1974 au premier siècle, d'où il lui devient évident que ce n'est pas lui qui a écrit Ubik, mais Valis, le nom qu'il a donné à l'intelligence responsable des événements de 2-3-74, Valis qui l'avait déjà choisi pour être son porte-parole...
  Chaque chapitre débute par une publicité, la première étant:
Friends, this is clean-up time and we're discounting all our silent, electric Ubiks by this much money. Yes, we're throwing away the blue-book. And remember: every Ubik on our lot has been used only as directed. 
  C'est moi qui ai mis en jaune l'expression throw away the blue-book, littéralement "jeter le livre bleu", idiotisme pour "liquider les stocks".

  Joe Chip est le bras droit de Glen Runciter, dirigeant d'une entreprise chargée de contrecarrer les pouvoirs psy. Un fabuleux contrat est proposé à Runciter, nécessitant sa présence sur la lune avec Joe Chip et leurs 11 meilleurs agents anti-psy, mais c'était un piège de Ray Hollis, et le groupe y est victime d'une bombe.
  Runciter semble en avoir été la seule victime, mais les 12 survivants ont à affronter une réalité quelque peu distordue. Après diverses péripéties, fatales pour certains membres du groupe, ils se retrouvent en 1939, et leurs dollars sont à l'effigie de Runciter.
  En fait, ce sont les 12 qui ont été mortellement touchés par la bombe, et placés en semi-vie dans un moratorium de Zurich (à proximité de l'hôpital Carl Jung). Runciter tente de les informer de leur situation, mais est contré par un esprit en semi-vie du moratorium.
  Un retournement final rajoute une couche à l'irréalité: Runciter se réjouit d'avoir réussi à communiquer avec son second, mais découvre que l'argent en sa possession porte l'effigie de Joe Chip...

  Je ne sais si les 12 employés et Runciter, prétendument mort puis bien vivant, avaient lors de l'écriture du roman un rapport avec les 12 apôtres et Jésus, mais 8 ans après Dick se dit certain que Runciter est le Logos, Jésus, ou Dieu (par exemple dans cette lettre du 25 février 75 à Malcolm Edwards). Que penser alors des initiales JC de Joe Chip?
  Je pense au Maître et au conseil des Douze de Fred Dannay, mais il peut y avoir d'autres points communs entre Et le huitième jour... paru en 64 et Ubik écrit en 66. Ainsi Fred a imaginé en 64 une aventure d'Ellery située en 1944, de plus dans une communauté qui vit hors du temps, à l'évidence inspirée par les Esséniens de Qumran. Ces Esséniens fascinaient aussi Phil, j'y reviendrai. 

  Sur cette page recensant les succès littéraires aux USA au 20e siècle sont répertoriés à peu de distance The Shadow of Blooming Grove et Ubik.
  Pour chaque année sont donnés à gauche les 10 meilleures ventes et à droite les succès d'estime en fiction, puis en non-fiction. The Shadow of Blooming Grove est le dernier titre donné pour 1968 en non-fiction, et Ubik apparaît 5 lignes plus bas pour 1969 en fiction.

  Harding n'a pas été le président US le plus exemplaire, avec des amis plus ou moins gangsters, et une mort en cours de mandat qui n'était peut-être pas accidentelle, madame Harding appréciant peu les incartades de son mari...

  WHG-GHW, et si le personnage visé avait été GHW Bush, directeur de la CIA en 77, puis banquier, puis vice-président de Reagan pendant 8 ans, de 81 à 88, puis 41e président de 89 à 92.


  Et PKD aurait-il vu un signe de libération de la prison de fer dans la récente élection de Donald J. Trump?

  La réflexion sur le livre essénien HGW m'a conduit à une hypothèse. Et si ce n'était pas un acronyme, mais un code atbash, celui de ÇRP, le verbe tsaraf, "purifier", ou l'adjectif tseruf, "pur, purifié", notion très essénienne. De fait, les Cathares, du grec katharos, "pur", ont été comparés aux Esséniens.
  Tiens, la boutique essénienne voit un renouveau cathare en 1944, 700 ans après l'anéantissement de l'hérésie... et il y a du troisième oeil associé... Phil voyait un premier signe du retour du Logos dans la découverte de la bibliothèque gnostique de Nag-Hammadi, en 1945.
  Dès le 22 juillet 74, dans une autre lettre à Claudia, Phil se dit convaincu de la sagesse des Esséniens, et de l'appartenance de Jésus à la secte. Sa dernière oeuvre achevée sera La transmigration de Timothy Archer, où Tim Archer est calqué sur l'évêque James Pike, ami de Dick, et meurt comme lui à proximité de Qumran en allant rechercher les traces de Jésus.

  Si HGW > ÇRP, alors WGH > PRÇ, soit le nom d'un personnage biblique important, Perets fils de Juda, ancêtre de David et du Christ dans le Nouveau Testament.
  De nombreuses familles juives portent le nom Perets, et c'était le cas du père de Perec dont le nom a été modifié à son arrivée en France. Je n'aurais pour ma part guère hésité à suivre cette piste, tant pour moi La Vie mode d'emploi ou Alphabets sont des oeuvres essentielles.
  Perec est mort le 3 mars 82, lendemain de la mort de Dick. Dannay est mort exactement 6 mois plus tard, le 3 septembre, et ceci me rappelle mon hypothèse sur sa naissance le 20 octobre, à l'opposé sur le cercle de l'année du 20 avril, naissance du tueur de cousins de L'adversaire, ou naissance de Hitler présent par le livre Mk'h dans Et le huitième jour...
  J'ai remarqué ailleurs le numéro 382 de l'urne où les cendres de Perec ont rejoint celles de sa mère adoptive, évoquant la date 3/3/82 comme la page 382 du BILL faisant allusion à La mort et la boussole, où la dernière victime de la série JHVH doit être tuée le soir du 3 mars, mais c'est le détective Lönnrot venu sur les lieux dès le 2 mars qui est tué. Il y a encore la note 382 de HOL, sur la spirale du nautile, allusion indirecte au nombre d'or, alors que j'ai vu plus haut que Substance mort répartissait selon le nombre d'or les 618 volumes de Présence du futur en 236-382.
  L'inscription en hébreu sur la tombe de Dannay est son prénom de naissance, Daniel, suivi de celui de son père, Meyer.

  Phil pourrait eu avoir une fantastique prémonition de sa fin dont témoigne une lettre à Claudia du 25 février 75. La nuit précédente, il a sommé l'entité le guidant depuis mars 74 de révéler son réel aspect, et, après quelques images de villes englouties, apparaît une scène terrifiante, un homme étendu mort dans un salon, face contre terre, entre la table basse et le sofa.
  L'homme porte une peau de faune, et Dick pense aussitôt à Dionysos-Bacchus, le "deux fois né", que certains ont vu préfigurer le Christ (crucifixion d'Orpheos Bakkikos ci-contre).
  Sans la peau de faune, ce serait exactement ainsi que Phil aurait été découvert le 18 février 82, victime d'un AVC, selon son ami Tim Powers dans son introduction au 3e volume des lettres de Dick. Conduit à l'hôpital, il est resté quelques jours conscient sans pouvoir s'exprimer, puis est tombé dans le coma, et a été débranché le 2 mars après plusieurs jours d'encéphalogramme plat.
  Anthony Peake, alors qu'il n'envisageait pas encore d'écrire une bio de Dick, a commenté cette prémonition sur son blog le 20 juillet 2008, la poussant jusqu'à une conclusion omise dans la bio. Ce qu'a vu Phil était la réponse effective à sa demande, et l'entité le guidant était en lui-même, voire lui-même dans son dernier état, en semi-vie, presque exactement ce que Phil avait cru imaginer dans Ubik...

  J'ajoute que ceci m'a rappelé avoir lu quelque part que Nostradamus avait prédit les circonstances de sa mort. Je retrouve ici que le dernier quatrain de ses Présages a effectivement été interprété ainsi,
Du retour d'Ambassade. dô de Roy. mis au lieu
Plus n'en fera: sera allé a DIEV:
Parans plus proches, amis, freres du sang,
Trouué tout mort prés du lict & du banc.
mais ces Présages ont été publiés deux ans après sa mort le 2 juillet 1566, mort dont les circonstances exactes ne sont pas authentifiées. Je remarque la proximité du dernier vers, Trouvé tout mort près du lit et du banc, avec la vision de NostraDickus, mieux attestée, comme le sont aussi les événements du 18 février 82.

  J'ai lu jadis quelques livres sur Nostradamus, avec quelque recul, mais me souviens avoir été frappé d'une interprétation de Vlaicu Ionescu annonçant la fin du communisme russe en septembre 91, chose qui semblait alors extravagante, mais qui s'est ensuite réalisée.
  Ionescu voyait encore Nostradamus avoir fait des allusions à lui-même, son commentateur roumain, et Anthony Peake donne quelque chose d'approchant dans son avant-propos. Il a d'abord développé l'idée que tout être possède deux centres de conscience, l'Eidolon qui se situe dans le temps linéaire et le Daemon qui se situe hors du temps, et qui peut informer l'Eidolon selon diverses modalités.
  Il a ensuite découvert que certains romans de Dick, tels Ubik ou Valis (Siva), s'inscrivaient remarquablement dans cette approche, si bien qu'il y a consacré le dernier chapitre de son premier livre. Après une conférence de présentation, quelqu'un est venu le voir pour lui signaler que Dick semblait avoir prévu son existence avec le personnage essentiel de l'ANarque PEAK (pour ANtholy PEAKe) dans A rebrousse-temps (1967).

  En fait le nom de ce personnage était probablement inspiré par l'évêque Pike, aussi présent nommément dans A rebrousse-temps. Phil lui consacrerait son dernier roman achevé, où Pike est devenu Tim Archer, et où la narratrice est sa bru, Angel Archer, dont le modèle est la fille de Dick, Laura Archer Dick. C'est une autre curiosité que archer soit aussi un nom donné au fou des échecs, qui en anglais est un "évêque", bishop. C'est pour cette raison précise qu'est nommé Tom Archer un personnage de L'adversaire.

  Comme Jim Pike, Tim Archer meurt dans le désert en enquêtant sur les sources esséniennes du Christ. Dans la lettre où Dick transmet sa vision de l'homme mort entre la table et le sofa, il livre quelques lignes plus loin des éléments de son projet romanesque en cours; des gens sont influencés inconsciemment par une intelligence étrangère, et en l'un d'eux se réveille un Essénien...

  Un autre Dick, Au bout du labyrinthe (1970), a certains points communs avec Ubik. Seth Morley et sa femme Mary, biologistes, se joignent aux 12 scientifiques du kibboutz Thecel Phares, sur une planète lointaine, où les dieux se mêlent volontiers de leurs affaires. Diverses péripéties frappent le groupe,  dont plusieurs morts, jusqu'à ce que tous se réveillent. Il s'agissait d'une des multiples expériences de réalité virtuelle faites par l'équipage d'un vaisseau perdu depuis des années dans l'immensité de l'espace. Le groupe se prépare à une autre expérience, mais ce sera sans Seth qui est sauvé de ces cauchemars récurrents par l'un des dieux imaginés par le groupe...
  Thecel Phares sont deux des mots apparus sur un mur dans le Livre de Daniel, correspondant à l'hébreu TQL, PRS, "peser, diviser", ce dernier verbe étant très proche de PRÇ, vu plus haut, de sens voisin "briser", à l'origine des familles Perets, Peres, Perec.
  Dick ne pouvait raisonnablement connaître Perec en 70, mais un personnage très secondaire du roman se nomme Joe Perser (Georges a d'abord été Jojo pour sa famille).

  Perec par contre a très probablement lu Dick, et la liste d'outils du chapitre 20 de La Vie mode d'emploi, ponctuée par la formule "Garantie totale 1 an.", me rappelle la formule USE ONLY AS DIRECTED présente dans les publicités pour les produits UBIK en exergue des chapitres du roman.

  Diverses choses que je n'ai pu caser plus haut.
  Je remarque que le post de Totaldickhead consacré à la bio de Warren G. Harding est daté du 30 juin 07, la date du 30 juin m'étant diversement évocatrice.
  Le G. du président est pour Gamaliel, un nom plutôt rare, qui m'évoque W ou le souvenir d'enfance, de Perec, où des questions se posent sur ce que serait ce "souvenir" unique, qui semble être la lettre hébraïque Gimel, futur Gamma grec, future initiale de Georges.

  Pour savoir si le livre essénien HGW avait déjà été rapproché de sa forme atbash ÇRP, j'ai lancé la requête "צרף" atbash, et le premier résultat a été le blog Kaphtziel, du très érudit Ben Newman.
  Cette autre graphie de Cassiel, ange de Saturne (redeunt Saturnia regna), m'a rappelé que sa racine QPÇ semble être le renversement d'une ancienne forme ÇPQ, ce qui m'apparaît aujourd'hui très proche du jeu ÇRP-PRÇ.

  J'avais commencé il a longtemps un billet associant les morts de Dick et Perec, les 2 et 3 mars 82, à celle de John Belushi, le 5 mars, mais j'avais du mal à trouver d'autres points communs à ces personnages que leurs noms dorés:
- GEORGES PEREC = 76/47, nombres de Lucas;
- PHIL DICK = 45/27, se simplifiant en 5/3, nombres de Fibonacci, et Dick lui-même a écrit que ce rapport 5/3 était suffisamment significatif du nombre d'or (dans L'invasion divine);
- JOHN BELUSHI = 47/76, comme Perec Georges, et est mort le 5/3 simplifiant Phil Dick.
  Aujourd'hui je remarque que le 5/3 est l'anniversaire de Danielewski, né le 5 mars 66, et qui fait partie comme Perec et Dick d'une rare catégorie, les écrivains au nom doré qui ont évoqué explicitement le nombre d'or dans leurs oeuvres.
- MARKZ DANIELEWSKI = 69/112

  Je rappelle que c'est une recherche Perec-Le Corbusier qui m'a conduit à Danielewski, via Quine, et que c'est maintenant Danielewski qui me conduit à Dick, via la coudée, mesure de la quine...

  Le titre de ce billet est une réminiscence de Paul & Fred, soi-même réminiscence de Ginger & Fred. Il s'agissait alors de Paul Halter et Fred Vargas.

  Je le publie le 16 avril, dimanche de Pâques, après le précédent billet du 9 avril, dimanche des Rameaux, avec une forte pensée pour la semaine pascale du 2 au 9 avril 1944 où se déroule Et le huitième jour... J'ai découvert cette semaine pascale en avril 1997, juste après avoir découvert que l'intrigue du Parfum de la dame en noir se déroulait pendant une autre semaine sainte, s'achevant sur la mort de Fred Larsan dans la nuit pascale 1895.

Note du 28/04: relisant les billets Blogruz évoquant Dick, je redécouvre dans celui-ci que j'avais déjà envisagé des échos entre Perec et Dick, via l'aune, autre mesure dérivant du latin ulna, mais je n'avais pas alors fait le rapprochement avec Sadasa Ulna ou la coudée du document 46665.

9.4.17

Poliphilo


  Le précédent billet revenait sur les coïncidences unissant le film Pi de Darren Aronofsky (1998) et le roman House of Leaves (2000), de Mark Z. Danielewski. Je rappelle, et souligne, que le film se termine sur deux colles arithmétiques :
255 x 183, dont la solution est donnée, 46665
et 748 : 238, restant sans réponse. L'opération livrerait 3.14..., approximation très connue de Pi, ainsi le film boucle sur lui-même...
  Une des multiples fins de House of Leaves est Appendix II-A, Sketches & Polaroids, constitué de 4 documents numérotés, le dernier étant # 081512, série de 30 photos de maisons où les 8e, 12e, et 15e sont spéciales. Il est clair que MZD (Danielewski) a fait allusion ici aux lettres de rangs 8-15-12, soit HOL, initiales du titre original House Of Leaves.
  Je ne connais pas d'autre exemple d'oeuvre s'achevant sur un nombre codant son titre, et la formidable coïncidence, c'est que le document qui précède # 081512 est # 046665, soit le même nombre que l'avant-dernier résultat de Pi.
  Je crois avoir démontré que Danielewski ne s'était pas inspiré d'Aronofsky pour choisir ce nombre, car c'était le numéro de sa boîte postale.

  Le document 046665 est donc une photo de deux dos d'enveloppes surchargés de dessins et griffonnages divers. J'ai déjà commenté les calculs sur la coudée de la petite enveloppe, m'évoquant la "coudée royale" et la fantaisie de la Quine des bâtisseurs, que MZD a pu connaître lors de son séjour en France.
  Le rabat de la grande enveloppe montre un labyrinthe, avec au premier plan un grand rectangle presque vierge, et je me suis soudain avisé que ses proportions étaient fort proches d'un rectangle d'or.
  Et ce semble bien être le cas, aux imperfections du tracé (et aux distorsions de la photo) près. Mieux, chaque bord du rabat est biseauté, et MZD semble avoir divisé la grande longueur selon le nombre d'or pour construire le rectangle clair et un carré plus approximatif (voir la représentation du document plus haut, en cliquant pour agrandir). Bien que l'angle entre les deux bords du rabat soit un peu supérieur à 90°, la longueur du rectangle partage le bord droit du rabat en moyenne et petite raison d'or, et sa largeur partage le bord gauche en petite et moyenne raison.
   Aronofsky a tourné Pi en utilisant un cache délimitant un rectangle d'or sur son objectif, c'est à ma connaissance le seul long métrage dans ce cas. Pour montrer la proximité du rectangle de Danielewski avec celui d'or, j'ai réduit une image d'Aronofsky à la même échelle, et l'y ai superposée, voici le résultat:
  J'ai choisi le plan de la version sous-titrée où apparaît 46665...

  Un nom est présent en haut à gauche du rabat, Christian Metz, suivi d'une expression raturée illisible (se finissant semble-t-il par "guez"). Christian Metz était un théoricien du cinéma (que Dominique Noguez a critiqué), et on pourrait encore penser que cette référence directe au cinéma à côté d'un rectangle d'or soit une allusion à Pi, mais le nom de Christian Metz apparaît aussi dans la note 190 du Navidson Record, la partie principale de HOL diffusée en ligne en 1997, avant Pi donc, dans une version presque identique à celle publiée en 2000, augmentée des appendices ou annexes.

Note du 4 juin: le document 46665 réserve toujours des surprises, et j'ai eu la curiosité d'y superposer un rectangle d'or de la largeur de la grande enveloppe, et voici ce que ça donne.
  L'ensemble des deux enveloppes semble donc s'inscrire dans un rectangle d'or, pas tout à fait parfaitement car les enveloppes ne sont pas rigoureusement parallèles.
  Je remarque encore que la ligne rouge à la moitié de ce rectangle d'or tombe à peu près exactement sur le haut de la grande enveloppe. En d'autres termes, ceci signifie que son format est proche de la "double coupe d'or" de Sérusier, ou du format Figure. Ceci a pour conséquence que la demi-enveloppe, passant par la pointe de son rabat, est aussi un rectangle d'or. Je rappelle que celui qui a forgé le document a utilisé cette pointe formant presque un angle droit pour le rectangle d'or étudié supra. J'y ai superposé un autre rectangle d'or.

  Sous le rectangle d'or, et parallèlement à lui, apparaît une phrase calligraphiée avec soin, Even today the Kitawans view the spiral of the Nautilus pompilius as the ultimate symbol of perfection, reprenant presque mot pour mot la note 382 du Navidson Record
  Selon le livre d'où provient probablement l'information, cette vénération de la spirale du nautile serait une perception inconsciente des propriétés mathématiques du nombre d'or...
  Je remarque encore que Kitawa est une île de la mer des Salomon, ce qui pourrait souligner mon rapprochement des 20 coudées de la largeur de la maison Navidson, précisée uniquement dans ce document 46665, avec la largeur du Temple de Salomon.

  Le billet précédent m'avait conduit à l'édition française de septembre 1984 en J'ai Lu d'un roman d'Ellery Queen, Coup double, avec cette bizarrerie page 230:
  Il semble que les lettres "phil" de "(phil)osophe" aient sauté pour devenir les chiffres 6566 en début de ligne. Je n'ai aucune idée de comment c'est arrivé, mais me suis émerveillé de l'analogie possible avec les coïncidences 46665 et PI-HOL. Si PHIL devient 6566, peut-être PHILO deviendrait-il 65664, nombre également rencontré dans mes investigations autour de 46665.

  La "traduction" de 46665 serait alors OLIPH, dont de nombreuses occurrences apparaissent en ligne. C'est essentiellement un diminutif pour Oliver ou Olivia. C'est aussi le nom d'une agence de publicité iranienne...

  Je déplore souvent mes déficiences, responsables d'effroyables retards dans mes recherches, avec parfois des années pour saisir un point pourtant immédiat, comme par exemple le rectangle d'or du document 46665 que j'étudie pourtant dans cette perspective depuis 2007.
  Il m'a fallu moins de temps pour me souvenir que j'avais vu une erreur quelque peu analogue à phil devenant 6566, et c'est dans un autre Queen, L'adversaire, dans sa première traduction française en mai 1978 aux éditions PAC. Il y a quelques erreurs d'orthographe, mais ceci est du même ordre, page 220:
  Donc le point (.) achevant la seconde phrase de la citation de Thomas Huxley est devenu un Q. Pourquoi?, mystère encore, mais l'erreur a un formidable écho avec celle de Coup double, car elle intervient dans la phrase qui donne son titre au livre, dans sa version originale du moins, The player on the other side, tiré de la citation. Il y a une ambiguïté sur ce joueur adverse, qui est le Diable, ou Dieu. Le titre français L'adversaire est une appellation connue du Diable, traduction de l'hébreu shetan.
  Quoi qu'il en soit de la résolution de l'ambiguïté, ne devant pas à mon sens être résolue, Diable et Dieu apparaissent explicitement dans le roman, notamment sous la forme JHWH, or la bizarrerie sur le "philosophe" m'a permis de prendre enfin conscience de la signification de son nom, Toyfell, prononciation de l'allemand Teufel, "Diable". 
  Il est évident que cette lecture était à l'esprit de Dannay, tête pensante du duo Queen, moins immédiat que le nom complet Harry Toyfell soit dérivé de Adolf Hitler, anagramme Hard Toifell.
  J'avais découvert que les noms des morts pairs du roman, correspondant à la comptine
Rich man, Poor man,   MacCaby  Hart
Beggarman, Thief,    Anderson   Jackard
Doctor, Lawyer,             Dodd      Holderfield
Merchant, Chief.         Waldo      Winship
avaient pour initiales HJHW, formant JHWH, mais j'hésitais à y voir une intention qui serait maintenant corroborée par le voisinage d'un Diable caché.

  Ceci me fait tenter une reconstitution minimale du parcours de Dannay autour du Tétragramme JHWH.
  En 1945, Dannay veut introduire la théologie dans le prochain Queen, Ten days' wonder, avec un programme criminel basé sur la transgression des Dix Commandements, mais son cousin Lee y oppose de telles réticences que le roman (La décade prodigieuse en français) ne paraîtra qu'en 1948, laissant un trou de deux ans dans la bibliographie queenienne.   En 1948 Dannay, responsable de la revue EQMM, y a publié la nouvelle Le jardin aux sentiers qui bifurquent, première traduction de Borges en anglais. Le découvreur et traducteur, Anthony Boucher, a alors traduit La mort et la boussole pour la revue, nouvelle qui a priori y avait tout à fait sa place, mais Dannay l'a refusée, avec des arguments peu convaincants.
  J'imagine que Dannay a pu se sentir concerné par ce détective Eric Lönnrot (initiales EL, ce qui est aussi le diminutif d'Ellery pour son père) dont le goût pour les intrigues complexes est exploité par un ennemi qui lui tend un piège par de prétendus crimes prétendument inspirés par le Tétragramme. Le criminel de La décade prodigieuse a précisément besoin d'Ellery pour décrypter les indices forgés à son intention, notamment l'anagramme HH Waye de YAHWEH.

  Je ne sais si l'idée gouvernant Coup double était déjà dans l'esprit de Dannay lorsqu'il a lu La mort et la boussole, toujours est-il qu'il s'agit encore d'un plan où le criminel fait participer Ellery à l'enquête parce qu'il a besoin de son esprit tortueux, et qu'on peut y déceler un acrostiche JHWH.

  Nouvel épisode en 1960, où les collaborateurs de Dannay lui transmettent 5 pastiches écrits par Narcejac en 1945, dont un pastiche d'Ellery Queen dont la publication était toute désignée pour la revue, d'autant que les désaccords entre les deux cousins avaient conduit deux ans plus tôt à une conclusion de la série des romans, avec Le mot de la fin (The finishing stroke).
  Dannay publie 3 des 5 pastiches, mais pas celui d'Ellery Queen, qu'il a néanmoins forcément lu. Il a pu y reconnaître une intrigue fort proche de celle de La mort et la boussole, que Narcejac ne pouvait connaître en 1945: trois crimes sont commis pour attirer en un lieu choisi le policier responsable de la mort du frère du criminel.
  Le nom de ce criminel est Jonathan Mallory, et Narcejac ne pouvait savoir non plus que le nom de naissance de Dannay était Daniel Nathan.

  Dannay décide de faire renaître Ellery Queen avec L'adversaire, dont la finalisation de l'écriture est confiée à Theodore Sturgeon. Un plan criminel basé sur le nom JHWH et le carré (un losange chez Borges) conduit à tuer les cousins de Nathaniel, nom équivalent à Jonathan (et à Theodore). Un suspect se nomme Mallory, dont l'alibi est, comme chez Narcejac, une paire de béquilles...

  Je ne peux assurer la totale exactitude de ce scénario, où j'ai tenté de trouver une interprétation raisonnable des faits qui ne sont pas d'obligatoires coïncidences, lesquelles sont déjà ébouriffantes. Sinon, c'est encore plus vertigineux, ce qui ne me dérangerait guère.
  Toujours est-il que Coup double et L'adversaire sont les Queen parus après les traductions anglaises des nouvelles de Borges et Narcejac, dont Dannay a refusé la publication dans EQMM, ce qui lie plus fortement les erreurs phil-6566 et .-Q, erreurs dont aucun autre cas similaire ne me vient à l'esprit (merci aux biblio6566es qui en connaîtraient)Q

  Pour obtenir OLIPH = 46665, il faudrait identifier le point (.) transformé en Q à un O transformé en 4... Sans se montrer trop pointilleux, mais le diable est dans les détails, l'O est parfois plein, tel un gros point, comme sur ce logo d'une série de photos (celle-ci est titrée oliph-4).
  Quant au Q, c'est l'initiale du français Quatre, et le contexte fait penser à l'expression purement française Diable à quatre, aux nombreux échos. C'est notamment un ballet d'Adolphe Adam, dont le titre anglais, The Devil to Pay, est aussi le titre d'un Queen de 1938. Ellery y élucide le meurtre de Solomon Spaeth, tué dans l'une des 4 résidences de Sans-Souci, un domaine qui pourrait préfigurer York Square et ses 4 "châteaux" dans L'adversaire.

  OLIPH, PHILO, il m'est venu que le mot le plus long qu'on puisse faire avec ces lettres est très probablement Poliphilo, le héros du Songe de Poliphile, le "plus beau livre du monde" selon maints bibliophiles, une oeuvre "stéganographique" qui a passionné les érudits de la Renaissance, et dont l'influence a été colossale dès sa première édition vénitienne en 1499.
  J'imagine que, si l'Internet avait existé alors, il y aurait eu des forums de passionnés discutant de chaque passage de l'oeuvre, comme ç'a été le cas pour House of Leaves (56000 posts sur le forum anglais).

  Il peut y avoir des points communs entre les deux oeuvres, à commencer par le tour de force éditorial que chacune a nécessité en son temps.
  Il y a encore les messages cachés, et au moins un même procédé utilisé, l'acrostiche. Le Songe est anonyme, mais un acrostiche courant sur les lettrines débutant ses chapitres livre un nom latin, Franciscus Columna, dont l'identification la plus probable est Francesco Colonna, seigneur de Palestrina, protecteur de l'architecte Leon Battista Alberti, auquel le Songe  a été aussi attribué.
  Il y a beaucoup de messages en acrostiches dans HOL, notamment MARKZDANIELEWSKI.

  Certains ont vu le nombre d'or dans le Songe, et j'ai pour ma part relevé que la division de l'ouvrage en deux livres de 24 et 14 chapitres divisait l'acrostiche (selon l'alphabet latin) en
POLIAM FRATER FRANCISCVS CO = 252 = 12 x 21
LVMNA PERAMAVIT = 156 = 12 x 13

ce que je rapprochais d'une lecture
MELENCO = 63 = 3 x 21
LIAS = 39 = 3 x 13

pour la gravure de Dürer Melencolia datée de 1514, 15 ans après la parution du Songe.

   21-13, mes Fibos fétiches qui sont aussi présents dans chaque colonne du carré magique de Melencolia, et dans un autre acrostiche, en grande partie responsable de mes recherches approfondies sur Queen, celui qui est formé par les titres des chapitres de son 4e roman, en deux books de 21 et 13 chapitres, livrant The Greek Coffin Mystery - by Ellery Queen.
  C'est le seul Queen qui soit divisé en "livres", et j'y remarquais la césure 13-8 du premier livre, tombant après le ffi de coffin, du grec kophinos, avec phi symbole aujourd'hui du nombre d'or (et très récemment de FI, la France Insoumise).
  La lettre grecque phi s'écrit avec 2 lettres, φι, de valeur 510 dans l'alphabet numéral grec. Je remarquais que 510 correspondait à la somme de la valeur 408 de l'acrostiche du Songe, et de la valeur 102 de MELENCOLIAS, et je remarque aujourd'hui que si la division
748 : 238 = 3.14... ≃ pi, la soustraction
748 - 238 = 510 = phi.

   Toujours sur ce billet Mel & co, je remarquais l'omniprésence de la syllabe C-O, correspondant aux rangs 3-14 dans l'alphabet latin.
  Lorsque je me suis penché sur le Songe,  j'y ai remarqué deux nombres, les 467 pages imprimées de la première édition de 1499, et la date donnée à la fin du texte pour son achèvement, le 1er mai 1467. Jongler avec ces nombres m'a conduit à
1467 : 467 = 3.1413..., très proche de
pi = 3.1415...
  De fait, si on cherche 2 nombres tels que leur différence soit 1000 et leur rapport aussi proche que possible de pi, on trouve 1467 et 467.

  L'édition originale du Songe s'achève donc page 467 sur une liste d'errata. Il y a bien sûr un verso, virtuelle page 468, page vierge non reproduite sur la plupart des versions en ligne, mais on peut la voir ici, sur un exemplaire qui a connu une nouvelle reliure, avec quelques pages de garde additionnelles (c'est alors la page 472).
  Je donnais dans le billet 46665 les 528 premières décimales de phi, où apparaît à partir de la 463e position la séquence 046665, le dernier chiffre occupant donc la 468e position. Le nombre phi étant irrationnel, n'importe quelle séquence de chiffres doit en principe apparaître parmi l'infinité de ses décimales, mais une séquence de 6 chiffres demande de l'ordre d'un million de décimales pour avoir une probabilité acceptable d'apparaître. De fait, je dois à un coup de chance de l'avoir découverte, en étudiant les correspondances entre les décimales et leur ordre (la 8e décimale est 8, la 62e décimale est 2 précédé de 6, la 466e décimale est 6 précédé de 46).
  Je rappelle que ce document # 046665, dont le 0 vient probablement d'un souci d'harmonisation à 6 chiffres des documents de l'annexe II-A, contient au moins 3 allusions au nombre d'or, avec le rectangle, le nautile et la coudée, et que sa correspondance avec une séquence remarquable des décimales de phi est une nouvelle coïncidence.

   La correspondance entre les décimales d'un nombre irrationnel et leur rang a été étudiée par ailleurs, mais pour les décimales de pi. La page donne ses 10 000 premières décimales, et j'y repère après 513 décimales la séquence 65664, soit 513 x 128, demi-somme des nombres composant le cube de Frankenstein étudié ici.
  J'ai envisagé 65664 = PHILO plus haut, et il y aurait encore une fabuleuse coïncidence avec la première édition de L'adversaire, dont la 4e de couverture et l'Achevé d'imprimer donnent les numéros caractérisant l'ouvrage, le numéro d'imprimeur se terminant par 54.6 et le numéro ISBN s'achevant par 66.0, or, si

PHILO = 65664, alors
HOL = 546, et PI = 66.
  Je rappelle que la valeur de la comptine de Double, double est 546.

  J'ai mentionné dans le précédent billet le nom de Johnny Truant, personnage essentiel de HOL, devenu dans la traduction française Johnny ERRAND, anagramme de DARREN, prénom d'Aronofsky, sans vraisemblable intention, et le traducteur Claro s'est expliqué sur cette modification.
  Il est encore moins probable que la famille FOX du Queen de 1945, The Murderer is a Fox, soit devenue la famille RENARD dans la traduction française de 1949, Le renard et la digitale, en fonction de l'anagramme RENARD = DARREN = ERRAND.

  L'anagramme est cependant au premier plan du Queen suivant, La décade prodigieuse, avec la profanation du nom divin YAHWEH par Howard conduit à signer ses sculptures HH WAYE.
  Ellery ne parvient pas à empêcher la conclusion de la série des transgressions, le meurtre de Sara Mason, suivi du suicide de Howard qui s'en croit responsable, mais il lui faut près d'un an pour comprendre que toute l'affaire était un montage diabolique du mari de Sara.
  Le déclic est les surnoms que Diedrich donnait à Sara, Lia et Salomina, or LIA MASON et SALOMINA sont des anagrammes de MONA LISA, et le sourire de Sara rappelait celui de la Joconde.
  J'achevais le précédent billet sur une anagramme de la gamme "En ut, ré, mi, fa, sol, la, si",
maison - feuilles - art
  J'avais d'abord tenté des anagrammes à partir de "la maison", les lettres résiduelles livrant les mots "flirteuse" et "fleuriste".
  Sachant que LA MAISON est l'anagramme de MONA LISA, j'ai googlé "Mona Lisa fleuriste" et ai découvert cette peinture ainsi titrée.
  L'auteur en est LC, alias Arkado, alias Cristo Lemeunier. Ceci m'a rappelé la toile signée LC dans La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, LC qui y était le véritable auteur du roman Les origines du mal, ce qui m'avait évoqué le Queen suivant Double, double, en 1951, The Origin of Evil.
  Ce billet sur Quebert-Queen avait coïncidé avec une exposition de phrère Laurent (Cluzel) qui avait adopté pour sa nouvelle manière le pseudo 123, pour 12-3, rangs des lettres L-C.
  Laurent, informé de cette Mona Lisa fleuriste de LC, m'a signalé que ses toiles étaient proposées chez le même vendeur.

  Tiens, à propos du pseudo Arkado de LC-CL, pour lequel l'art est un "cadeau", les lettres KADO correspondent sur un clavier de téléphone à 5236, évoquant la coudée royale, inspirée par un autre LC (Le Corbusier).

  LC peut encore être La Colonne, celle de la Bastille qui a inspiré Cyrille Epstein pour son texte Ecrire en colonne étudié en mars.
  L'acrostiche du Songe de Poliphile m'avait conduit à énoncer que le sieur Francesco Colonna était prédestiné à écrire son nom "en colonne"...

  Il y a un Jean-François Colonna qui est chercheur à Polytechnique, qui donne ici 100 000 décimales de pi, et qui est aussi créateur d'images artistiques mathématiques.

 Malgré mon intérêt pour Sinoué, j'ai loupé la parution en 2015 de son Petit livre des grandes coïncidences, que je n'ai découvert qu'en décembre dernier dans son édition poche.
  Sinoué y reprend bien des cas déjà connus, et surtout révèle comment il en est venu à s'intéresser à la question. En 1996 une dépression l'a conduit à suivre une analyse avec une psy jungienne, Marie-Laure Colonna. Plusieurs coïncidences l'ont fait prendre conscience du phénomène, d'abord ce songe:
Je me voyais dans une grotte, campé dans un décor à la Indiana Jones. Des gens m'entouraient. Manifestement des explorateurs. Brusquement, j'aperçois dans un coin de cette grotte un visage, celui d'une jeune femme brune aux grands yeux noirs. Elle me fixe et je vois briller dans son regard une colère indicible. Submergé de terreur, j'exhorte mon entourage à quitter les lieux sans tarder, sinon: « la déesse Ishtar nous tuera.»
  Sinoué raconte son songe le lendemain à Colonna, et celle-ci lui montre l'article qu'elle était en train de rédiger cette même nuit, sur la première page duquel se détachait un nom en caractères gras, Ishtar.
  Je rappelle que c'est le nom INANNA, autre nom d'Ishtar, vu dans une colonne du carré concluant Ecrire en colonne de Cyril Epstein, qui m'a conduit aux développements relatés en mars.
  Selon Colonna, le songe de Sinoué signifie que ce sur quoi il travaille n'est pas bon, et, effectivement, relisant ce qu'il a déjà écrit, il décide d'abandonner le projet en cours. Il lui vient ensuite l'idée d'exploiter ce qu'il est en train de vivre, avec un Argentin qui rêve de façon obsessionnelle d'une femme, et qui consulte une psy jungienne...
  La psy relève des éléments troublants dans les visions de Ricardo, et le conforte dans l'idée de tout abandonner pour tenter de trouver cette femme, et partir pour la Crète car elle lui est apparue tenant une statuette typique de la civilisation minoenne.
  Ce roman est Des jours et des nuits, dont l'achèvement a coïncidé avec la fin de l'analyse de Sinoué. Il l'a dédié à Colonna, ou plutôt à Adelma Maizani, son avatar dans le roman.
  Elle l'a lu, puis lui a demandé de venir chez elle en parler, et là elle lui a montré une statuette parfaitement similaire, laquelle était depuis plusieurs années dans une pièce jouxtant son cabinet de consultation.
  Je rappelle que les coïncidences entre Des jours et des nuits et les polars minoens de Paul Halter ont déclenché en septembre 2008 une ébullition jungienne qui m'a conduit aux découvertes à la source de ce blog Quaternité (tiens, le roman est sous-titré Le rire de Sara, écho au sourire de Sara Mason).
  Il n'y a eu qu'une seule édition du Halter le plus coïncidentiel, Le chemin de la lumière, et elle offre une erreur de composition un peu analogue aux deux cas queeniens: la lettrine ouvrant le chapitre 16 est manquante, et au lieu de "Malgré" on trouve "algré l'approche de la nuit, (...)", page 115. Je l'ai vérifié sur plusieurs exemplaires, et le retrait du "a" initial est le même que celui des autres paragraphes.
  Tiens, le titre de ce chapitre 16 est Dans la maison trop grande et trop vide (la maison Navidson est "trop grande" mesurée de l'intérieur).

  Le titre sur la couverture du livre de Sinoué est contenu dans un cercle, superposé à une série de dés. Les dés non voilés par le cercle pourraient former la séquence 465665.

  Francesco Colonna, FC... Le billet S.N.C.F.Q.D. m'avait conduit en juin dernier à diverses considérations sur les lettres gimel et waw hébraïques, gamma et digamma grecques, et leurs correspondances dans notre alphabet.
   Gimel correspond à C ou à G, waw (ou wow) à F ou à W, voire aux voyelles O ou U. Je pense au WOW de Cyril, au peintre Gustavus Frankenstein, inventeur du premier cube magique mentionné plus haut, ou encore à Gaspard Winckler, nom récurrent chez Perec, dont le premier avatar a été le peintre Faussaire du Condottière.

   La recherche "Diable à quatre" m'a conduit à plusieurs romans portant ce titre, dont un paru en 1960 dans la collection L'as de pique, aux éditions Karolus.
  1960, l'année où Dannay a reçu les traductions des pastiches de Narcejac, dont Le mystère des ballons rouges. A ce propos, Vincent Bourgeois a recensé pour Enigmatika (2007 n° 1) les pastiches d'Ellery Queen; il commence par Le mystère des ballons rouges et finit par Prenez garde aux ballons rouges, de Pierre Véry, uniquement pour sa dédicace: A Ellery Queen, grand seigneur au royaume de la fantaisie.

  Omer a l'or m'a conduit en février dernier aux premières publications de Léo Malet sous le pseudo Omer Refreger, en 1944, dans une autre collection L'as de pique, aux Editions et Revues Françaises.
  Jamais 203, et en consultant l'excellent site Queen de Kurt Sercu j'y ai appris la récente édition en coréen des romans de Queen, avec comme élément principal en couverture Dannay et Lee dans un W pour les enquêtes à Wrightsville, et dans un Q pour les autres.
   Il s'y ajoute un petit détail caractérisant chaque roman, et pour Double, double c'est un as de pique, car un élément du plan de l'assassin consiste à faire tirer au superstitieux Dr Dodd dans un jeu de 52 cartes un as de pique, présage de mort.  Ceci se produit dans le "sanctuaire" du Dr Dodd, terme mentionné plusieurs fois, une pièce fermée à clé où il a réuni divers grigris. L'obsédé queenien pense au "sanquetum" de Et le huitième jour...,  la seule pièce fermée à clé de Quenan, contenant les trésors de la communauté.

  Je n'en ai pas fini avec Et le huitième jour..., ni avec le document  046665 de La maison des feuilles, et j'aborderai dans le prochain billet leur rapport avec Phil Dick.
  MZD a eu le toupet d'assener dans son interview Haunted House qu'il serait surpris que quelqu'un trouve une interprétation de son oeuvre qu'il n'eût pas prévue. Je pense pouvoir relever ce défi.