20.4.19

dits pris du réel


  Il y a bien longtemps, j'écoutais souvent l'album 666 des Aphrodite's Child, et je n'ai jamais oublié le refrain d'une des chansons de cet évangile selon Vangelis, The four Horsemen;
The leading horse is white.
The second horse is red.
The third one is a black.
The last one is a green.
  Bien plus tard, lorsque je me suis intéressé à Vocalisations de Perec et à sa source Voyelles de Rimbaud, je me suis avisé que les couleurs des quatre premières voyelles correspondaient, dans le désordre, aux quatre cavaliers de l'Apocalypse, dans cette version du moins.
  Il a été depuis longtemps remarqué qu'il y avait des images apocalyptiques dans le dernier tercet de Rimbaud, avec le Suprême Clairon évoquant la trompette du jugement dernier, l'Oméga faisant pendant à l'Alpha ouvrant la série, les majuscules de Ses Yeux pouvant désigner Dieu.
  C'est quelque chose que je n'ai pas songé à exploiter plus avant, jusqu'au 7 novembre 2018 après que Robert Rapilly eut posté plusieurs poèmes inversés sur la liste oulipo, comme ce Desdichado en octobre. J'ai donc composé un sonnet en vers isocèles, reprenant plus ou moins l'ordre inverse de Rimbaud, révisé pour coller avec les quatre cavaliers.

d'yeux violets le rayon renversa Son silence,
l'oméga dans l'alpha l'ange dans l'indécence,
les sons de la trompette en un éclat furieux,
oeil de Dieu l'amiral là rima l'oeil de Dieu.

le dernier cavalier couleur des mers virides,
cycle passif vrombi par les studieuses rides.
le cheval précédent surgi des golfes d'ombre,
flamberge et déversant cette puanteur sombre.

le second destrier carmin des chaudes lèvres,
l'ivresse la colère au ton des rires mièvres.
le premier cavalier blanc comme les ombelles,
vapeur faisant crouler la tente des rebelles.

tel que le révélait l'apôtre entre tous Jean,
la voyelle se fit bleu vert noir rouge blanc.

  J'aurais volontiers vu à l'ensemble une gématrie multiple de 666, mais mon premier jet en était loin. Une légère modification m'a permis cependant de parvenir à 5772, soit 13 fois 444, nombre angélique paraît-il…

  Ceci n'est resté qu'un exercice parmi bien d'autres jusqu'à la réception du Viridis Candela du 15 mars dernier. La première de ses Nouvelles de Nulle Part, à la fin de la revue, est consacrée au roman Cosme de Guillaume Meurice, paru le 7 mars 2018.
  Meurice est un humoriste qu'on n'attend guère dans le domaine de l'exégèse littéraire, et de fait il s'agirait d'un livre co-écrit avec son ami Cosme Olvera, lequel aurait découvert en 1997 le "secret des Voyelles". La clé serait donc l'Apocalypse, avec les quatre cavaliers, l'Alpha et l'Oméga, le Suprême clairon, mais la réelle trouvaille originale est d'avoir trouvé par au moins trois fois le nombre 666 dans le sonnet, avec
- les trois "des" alignés aux vers 3-4-5, avec des "d" que Rimbaud trace sur le manuscrit autographe comme des 6 à l'envers, alors il suffit de le renverser pour avoir "666";
- un alignement analogue apparaît dans le dernier tercet;
- la triple présence de "vi" au vers 9,
vibrements divins des mers virides,
avec deux mots plus ou moins inventés, et il s'agirait donc d'un emploi conscient du nombre latin VI, "6";
- enfin le sonnet compterait 666 espaces typographiques, en prenant en compte les espaces et signes de ponctuation.

  J'ai d'abord vérifié à partir de cette version en ligne, et ça marchait, puis je me suis procuré Cosme, et j'ai appris que le compte 666 était obtenu d'une autre manière. Le dernier vers du sonnet est ordinairement donné
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
avec une espace après le tiret, mais Cosme le lit, d'après le manuscrit,
—O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !—
avec un tiret fermant, et sans espaces entre les tirets et le texte qu'ils encadrent. Pourquoi faire subir cette violence aux règles grammaticales, alors que la leçon usuelle, établie précisément selon ce manuscrit, fournit le "bon" compte, 666. La marque finale après le point d'exclamation finale est plutôt considérée comme démarquant le sonnet du paraphe A. Rimbaud, elle ne ressemble pas au tiret ouvrant, et, surtout, elle n'est pas collée au point d'exclamation, de même que le tiret ouvrant n'est pas collé au O.
  Le diable est dans les détails, dit-on...

  Il faudrait sans doute s'imaginer en 1997, et examiner toutes les éditions antérieures de Voyelles. Je n'ai ici que le Bouquins Rimbaud-Cros-Corbière-Lautréamont (1980). Le sonnet offrirait le total 666 malgré une évidente coquille, un point-virgule à la fin du vers 5, au lieu d'une virgule (ce point-virgule n'étant pas précédé d'une espace).

  Cosme est divisé en 6 parties, A-E-I-U-O-Y, introduites chacune par un sonnet, d'abord Voyelles, puis cinq sonnets de Cosme. La première partie montre Cosme au moment de sa découverte, en 1997, ayant subodoré qu'il y avait quelque chose à tirer du nombre d'espaces du sonnet, mais ne parvenant pas à vérifier son idée dans différentes éditions. Il décrète qu'il lui faut le manuscrit autographe, et arrive à se le procurer sur le web alors balbutiant, dans des circonstances épiques.
  Ce n'est guère vraisemblable puisque le manuscrit avait été souvent reproduit, notamment dans le numéro de Bizarre qui venait d'être mentionné figurant parmi ses livres...

  Les sept universitaires conviés sur le blog de Lauren Malka à donner leurs avis sur Cosme ne sont guère enthousiastes, c'est le moins qu'on puisse dire, mais ils n'ont guère poussé leur analyse, et la mienne m'a d'abord fait envisager un canular hénaurme.
  Puis j'ai découvert que Cosme avait un visage, et même la parole. Les deux compères ont présenté leur livre en public lors d'une longue entrevue disponible sur YouTube. On n'y apprend pas grand-chose, mais rien ne permet de douter qu'ils ne soient pas ce qu'ils prétendent, un chercheur marginal timide certain d'avoir trouvé la clé de Voyelles, un ami rencontré tardivement qu'il a convaincu. Par ailleurs, si mystification il y avait eu, elle aurait pu être dévoilée quelques mois plus tard, avant que l'événement ne soit complètement oublié.

  J'en viens à mes découvertes. Les sonnets de Cosme sont imprimés en Courier new, une police à chasse fixe qui permet en principe de compter facilement les espaces typographiques. Il suffit de mesurer la longueur de 10 espaces, puis de quelques calculs élémentaires...
...sauf qu'ici ça ne marche pas. Sans que je puisse l'expliquer, mais je ne suis pas professionnel de la composition, les caractères de chacun de ces sonnets ne sont pas alignés verticalement, comme le veut une police à chasse fixe. Pourtant le but visé était vraisemblablement d'inciter les lecteurs à de tels calculs, et ce n'est qu'une première anomalie.
  J'ai donc dû recopier les sonnets en police Courier new normale pour procéder aux comptages, en commençant par le dernier, car c'est dans la partie Y que Cosme révèle son interprétation de Voyelles. J'ai trouvé 606 espaces typographiques, ce qui pouvait éventuellement faire sens. Bref, j'ai procédé de même pour le sonnet précédent, et j'ai trouvé 636.
  Voyant que le sonnet précédent était plus dense, je l'ai aussi recopié, m'attendant à trouver 666 espaces typographiques. Non, c'était 663, mais j'ai vite compris qu'il y avait trois ligatures "œ", "œil" aux vers 1 et 3, "cœur" au vers 11, et il est facile d'imaginer que 666 était bien visé. Je précise que quand on écrit "oeil" avec un traitement de texte, le logiciel rectifie de lui-même "œil". Voici le sonnet tel qu'il se présente dans Cosme, sauf qu'ici les caractères sont parfaitement alignés verticalement, permettant de dénombrer 45-44-48-43-43-45-48-52-49-46-47-52-52-49 espaces, soit 663 en tout, 666 en "corrigeant" les vers 1-3-11. Le sonnet est intitulé Race humaine.

Nous avons l’esprit s’amenuisant à vue d’œil,
Il nous éclaire sur notre état létal latent.
Nous avons un autre œil, nombre le met en deuil,
Qui nous souvient à la machinerie du Temps.

Nous avons une aura, comme tout être à vue,
De ses larmes passées elle nous imbibe l’âme.
Nous n’avons qu’une vie, ses moissons d’imprévus
Et son heure de s’éteindre comme toutes les flammes.

Nous avons la conscience, aux quotas verrouillés,
Que le mal est coté, ses artères patrouillées,
Et que pour un cœur vif il génère mille enfers.

Nous avons nos manières, l’air d’avoir fière allure,
A l’égard de l’immonde et des biens qui l’enferrent.
Nous portons tous le deuil des futures blessures.

  A ce stade, je me suis dit que Cosme avait voulu montrer qu'il avait maîtrisé l'écriture de ces sonnets en 666-636-606 espaces, de même qu'il supposait Rimbaud avoir maîtrisé l'écriture de Voyelles, mais ça ne prouve pas grand-chose, surtout si des incidents typographiques altèrent cette lecture.
  Je m'abstiens de commenter les sonnets de Cosme. Il dit dans la présentation précitée qu'il peut travailler sur un sonnet 18 heures par jour pendant 3 semaines, et si les résultats émerveillent Meurice, je me demande ce qu'il éprouverait devant certaines créations de la liste Oulipo, où les contraintes les plus extravagantes trouvent souvent des applications dans les heures qui suivent leur émergence, en respectant les règles de Malherbe dont Cosme ne semble guère se soucier.
  Tiens, s'il se repose le dimanche, ce qu'annonce Cosme pourrait correspondre à 6+6+6 heures pendant 6+6+6 jours😉

  J'ai poursuivi l'analyse. Le poème précédent, introduisant la partie I, est un sonnet en vers isocèles, chaque vers couvrant 42 espaces typographiques, et j'imagine que ce 42 a été choisi parce que c'est aussi un des nombres de l'Apocalypse, avec les 42 mois ou 1260 jours qui interviennent plusieurs fois à la fin des temps.
  Je ne sais si les auteurs connaissent les interprétations de Pierre Bézoukhov dans Guerre et Paix de Tolstoï, où selon un codage particulier
QUARANTE DEUX = 666,
42 ans étant l'âge de Napoléon lorsque son armée entre en Russie, et Napoleone Buonaparte serait bien l'Antéchrist prophétisé, car
L'EMPEREUR NAPOLEONE = 666.
  Toujours est-il que le titre du poème en vers isocèles de 42 espaces, L'esprit du désir, est aussi une expression de valeur 666 selon ce même code:
L'ESPRIT DU DESIR = 666.

  Il reste le premier sonnet de Cosme, ouvrant la partie E, et c'est précisément un monovocalisme en E, ou presque, car un A apparaît dans le dernier mot. Voici comment se présente ce poème, Genèse, ou plutôt comme il devrait se présenter si la police Courier new avait été respectée au pied de la lettre (et de l'espace, car ce sont essentiellement les espaces qui sont étrécies, mais pas que).

L’Eternelle Mer s’engendre, en l’effervescence
Des enchevêtrements entremêlés... Elle est,
-Extrême envers des Temps cernés- le Sens scellé :
De Ses Lèvres déferlent des perles d’Essences...

Célestement gemmées de pensées et de sèves
-Tels les reflets, cendrés d’ébènes, de Nefs gréées
Enflées de vents cléments...!- secrètement créées...
Et le Vent, en de tendres bercements de rêves,

Redescend, se régénère et se révèle en Elle...
Pérenne est le Serment et le Terme éphémère ;
Le Cercle est né...! En le Centre des Sept Sphères,

Le Ventre est l’Emblème des Présents de l’Eden... Femme
Et Déesse, Ensemble et Eléments... L’Eternelle
Ensemence Les Terres désertées de ses Âmes...

  J'ai compté 46-43-50-48-42-51-52-46-46-45-51-55-46-45 espaces, soit en tout 666... Diable! Là ça marche, mais au prix d'une ponctuation pléthorique, sinon contradictoire. Je ne sais comment un lecteur pourrait exprimer la nuance ...!, ...?
  Cosme a recours à des incises entre tirets, sans espaces selon sa lecture de Voyelles, au vers 3 et aux vers 6-7, et multiplie les points de suspension. Lorsqu'on tape trois points ... sur un traitement de texte, en Courier new, le logiciel les rassemble automatiquement en un seul caractère, , or il y a de ces dans les deux derniers sonnets de Cosme, ce qui m'avait mené aux comptes 666-636-606 pour les trois derniers sonnets, ce qui semblait significatif.
  Mais en principe, on ne peut compter à sa guise les points de suspension pour 1 ou 3 caractères, alors faut-il rétablir ces ponctuations en 3 caractères, car à l'évidence le premier sonnet, Genèse en 6 lettres, est soigneusement bâti pour aligner 666 espaces?
  Seuls les auteurs peuvent répondre, mais il y a plus grave. Le dernier sonnet, celui qui introduit la dernière partie où est imposée la lecture
—O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !—
avec un tiret fermant, et sans espaces entre les tirets et le texte qu'ils encadrent plutôt que
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
avec une espace après le seul tiret ouvrant, eh bien ce sonnet s'achève de même que cette leçon condamnée, avec ce dernier tercet:
- Cône d’ombre ouvrant l’infinie Voie de l’Abîme !
Ô Immensité ! Vierge enceinte d’imminences
de Présents dévoilant les lèvres du Silence…

  C'est encore aux auteurs de s'expliquer sur cette aberration. En principe, un auteur reçoit les épreuves du livre à paraître, et c'est à lui de vérifier s'il est bien conforme à ses souhaits (mais ce n'est pas toujours aussi simple). Peut-être ont-ils été négligents sur ce point, faisant confiance à l'éditeur.
  Ce n'est pas tout. Sur le manuscrit original, du moins sur cette reproduction, l'idée que la marque suivant le point d'exclamation final puisse faire partie du poème n'est pas exclue, même s'il est difficile de prétendre qu'elle soit collée au point d'exclamation,
mais voici la reproduction donnée sur le bandeau de Cosme:
  Il y en a une autre reproduction noir sur blanc dans l'ouvrage, mais la définition est à peine meilleure.

  J'en viens à plus personnel. Cosme dit que c'est en 1997 qu'il a découvert sa clé apocalyptique de Voyelles, et c'est en janvier 1997 que j'ai découvert une formidable harmonie dans Vocalisations, la récriture par Perec de Voyelles, sans E. Une façon de l'exprimer est
ce sonnet de 4 strophes, 14 vers, 112 mots, a pour somme gématrique 4.14.112, ou 6272.
  J'ai d'abord été certain d'avoir percé le secret de Perec, et sitôt après avoir rédigé un premier exposé de ma découverte, je l'ai faxé à Bernard Magné, le spécialiste de Perec dont j'avais lu quelques articles et que j'avais rencontré deux mois plus tôt.
  Il est question de Perec dans Cosme, pour deux ouvrages, La Disparition, roman de 500 pages (sic) sans utiliser la lettre e, mais il n'est pas signalé la récriture de Voyelles qu'il contient, et La Vie mode d'emploi, surtout pour son étrange poème, mystérieux du moins jusqu'à ce qu'un jeune universitaire en découvre le secret, les diagonales A-M-E structurant ses 3 parties. Cet universitaire, non identifié dans Cosme, était un thésard de Bernard Magné.

  Je n'ai pas tardé à comprendre que Perec n'avait pas composé sciemment un poème en 112 mots de gématrie 6272 ou 112 fois 56, car il avait plus tard publié une version "améliorée" de Vocalisations, n'ayant ni 112 mots ni la gématrie 6272. Dès mars 1997, j'écrivis la brochure, En vers recompter tout - Codage et surcodage chez Perec, dont des exemplaires furent déposés à l'Association GP et à la BN.
  J'y énonçai l'idée qu'un codage conscient pouvait conduire à un surcodage inconscient, parfois bien plus sophistiqué. J'ai aujourd'hui beaucoup d'autres exemples de ce phénomène, sans prétendre l'expliquer.

  Après cette concomitance en 1997 de nos découvertes sur Vocalisations et Voyelles, il y a cette autre concomitance en 2018, avec la publication de Cosme et ma composition quelques mois plus tard d'une récriture isocèle de Voyelles basée sur l'Apocalypse, en toute ignorance de cette publication.
  Il y a donc un autre sonnet isocèle dans Cosme, où Cosme a renoncé à toute ponctuation. Je m'étais pour ma part borné à un seul signe de ponctuation, à la fin de chaque vers, une virgule ou un point. La largeur des vers, 45 espaces, avait été dictée par le vers 4, palindrome phonétique,
oeil de Dieu l'amiral là rima l'oeil de Dieu.
  A noter que pour Cosme le "O bleu" de Rimbaud cache Dieu, comme dans les jurons type "sacrebleu","morbleu", etc. (mais "O Dieu" serait mal venu...)
  Mon sonnet a donc 14 fois 45 espaces, soit 630, et c'est un nombre qui peut être relié à 666, somme des 36 premiers nombres, tandis que 630 est la somme des 35 premiers nombres.
  Mieux, j'avais posté deux fois mon sonnet le 7 novembre 2018 sur la liste oulipo, car je m'étais emmêlé les pédales et avais d'abord posté ma première version, ensuite révisée pour parvenir au total gématrique 13 fois 444. Ainsi mes deux versions totalisaient 1260 espaces, autre nombre de l'Apocalypse, celui des règnes des Bêtes, 1260 jours, 42 mois, ou encore "un temps, et des temps, et la moitié d'un temps". J'ai supposé que les 42 espaces du sonnet isocèle de Cosme étaient choisis à partir de ce détail.

  Un bel exemple de surcodage est le titre donné par Cosme à ce sonnet isocèle de largeur 42, intercalé entre deux sonnets de 666 espaces,
L'ESPRIT DU DESIR = 666,
selon le code où
QUARANTE DEUX = 666.
  Le titre de ce billet est une anagramme de L'esprit du désir, et a donc aussi pour valeur 666, selon le code donné par Tolstoï.
  Il me semblerait plus joli d'avoir 18 lettres, comme L'EMPEREUR NAPOLEONE, mais réparties en 3 mots de 6 lettres, 6-6-6 = 666. Je n'ai pas trouvé d'anagramme significative à partir de cette expression, ni avec NAPOLEAN BUONAPARTE qui semble avoir présidé bien plus tôt à l'établissement de ce code, mais j'ai songé à mon cher Jacob-Abraham Soubira, lequel a composé vers 1830 divers poèmes composés de vers de valeur 666, selon une variante du code donné par Tolstoï, avec des valeurs identiques pour les lettres de A à V.
  Il ne reste qu'à prendre les poèmes de Soubira, repérer les vers de 18 lettres, et anagrammatiser.

  A partir du dernier vers d'un poème de 1828, "verra pâlir son égide", j'ai trouvé
    livres : danger, aporie
ou encore
    Olvera dénigre pairs
ces pairs étant les universitaires qui n'ont rien compris à Voyelles avant que n'arrive Cosme Olvera.
  A partir d'autres vers, j'ai trouvé
    sermon, salade futile
que le démon pourrait souffler aux fidèles allant à la messe,
    relief érudit centré
qui pourrait s'appliquer au sonnet isocèle.
  Le vers source m'a inspiré un écho anagrammatique,
    Et, rentier de Lucifer,
    Dieu te récrit l'enfer.

  J'achève ce billet la veille de Pâques, un 20 avril qui était aussi il y a 130 ans la veille de Pâques, le 20 avril 1889 au soir duquel est né un être au nom trois fois maudit,
    HITLER HITLER HITLER = 666,
toujours selon le code de Tolstoï ou de Soubira.
  Selon le codage ordinal immédiat,
    HITLER HITLER HITLER = 216 = 6.6.6.
  J'ai étudié ici un autre ensemble de 18 lettres (6+6+6) ayant pour valeur 216 (6.6.6) ou 666 selon deux codes immédiats. Ce sont les 18 lettres composant les sigles coraniques des sourates 40-46 et 50. Le Coran et Mahomet reviennent volontiers dans les compositions de Soubira.

  Puisque j'avais recopié les sonnets de Cosme pour en compter sans erreur les espaces, j'en ai profité pour les passer au Gématron, selon divers codages, ordinal, Soubira, Tolstoï... Le fait le plus immédiat est que ses deux poèmes de 666 espaces ont selon le code ordinal
523 lettres de valeur 5659,
532 lettres de valeur 6641.
  Il est difficile de tirer quelque chose de ces nombres séparément, mais la somme
5659 + 6641 = 12300.
  On peut penser à
GEORGES PEREC = 123, et j'ai vu le surcodage à l'oeuvre dans
LE PUZZLE = 123
de La Vie mode d'emploi partir du premier chapitre,
DANS L'ESCALIER, 1 = 123,
jusqu'au dernier,
BARTLEBOOTH, 5 = 123.
  S'il en allait de même des 98 autres chapitres, on aurait 100 fois 123... J'y ajoute aujourd'hui que, si le mystérieux poème du chapitre LI est bien l'âme du livre, Bernard Magné a baptisé "bathmostiche" son procédé d'acrostiche diagonal, et
BATHMOSTICHE = 123.

  Des numérologues de bas étage se sont extasiés du fait que les permutations circulaires de 123 ont pour somme
123 + 231 + 312 = 666.

  Cosme aurait-il négligé de compter les mots de Voyelles, 111? Ceci paraîtrait significatif si les 666 espaces étaient réels, sinon intentionnels. On sait ainsi que le mage Aleister Crowley, s'étant fait longtemps appeler "666", a opté à la fin de sa vie pour "777".
  Le premier sonnet 666 de Cosme a aussi 111 mots, l'autre 129. Moyenne 120 (en hébreu "cent", mea, a pour gématrie 46, et "vingt", esrim, 620, somme 666).

  Cosme donne un autre argument, un autre sonnet de Rimbaud, Oraison du soir, lequel a aussi 666 espaces. Ceci semble encore exact, mieux assuré même puisque la ponctuation n'y pose aucun problème, mais ne prouve qu'une chose: il n'y a rien d'extraordinaire à ce qu'un sonnet d'alexandrins compte 666 espaces, et il en existe certainement de nombreux autres. Ceci n'offre d'intérêt que s'il peut y avoir un rapport avec l'Apocalypse, et ce n'est pas le cas pour Oraison du soir.
  Cosme en appelle aux matheux pour calculer la probabilité que ces deux indiscutables 666 soient un "simple hasard", mais je me permets de souligner que ce hasard est beaucoup moins étonnant que les deux 46665 qui apparaissent dans un même rare contexte, si rare que je n'en connais aucune autre occurrence que ces deux cas: le film Pi (1998), de Darren Aronofsky, et le roman House of Leaves (2000), de Mark Z. Danielewski, s'achèvent tous deux sur un nombre qui fait référence au titre de l'oeuvre, la fraction 748/238 (=3.14...) et le document 081512 (à lire 08-15-12, H-O-L); ce nombre est précédé par un autre, qui dans chaque cas est 46665, et je crois avoir démontré que Danielewski l'avait choisi parce que c'était son code postal.

16.4.19

blake & weiss


  Diverses coïncidences onomastiques ont surgi peu après l'écriture du billet  WTC 9/11, je tente d'en faire le tour.
  Deux jours après la publication du billet, nous avons regardé le film espagnol Mirage. L'infirmière Vera Roy vient d'emménager dans une nouvelle maison, où elle trouve un caméscope et des cassettes. Elle visionne une cassette enregistrée 25 ans plus tôt par le jeune Nico Lasarte.
  Se renseignant sur les anciens locataires, elle apprend que Nico Lasarte a entendu des bruits étranges venant de la maison voisine, le soir du 9 novembre 1989, la nuit où le Mur de Berlin a commencé à être détruit. Il est sorti, et a découvert que le voisin venait d'assassiner sa femme, Hilda Weiss. Nico s'est enfui, et a été écrasé par une voiture. L'agitation a conduit à l'arrestation du voisin, sans qu'il ait pu mener à bien son plan de dissimulation du crime.
  Vera Roy revisionne la cassette, enregistrée juste avant le drame, et s'aperçoit qu'elle peut entrer en contact avec Nico... Elle le supplie de ne pas sortir.
  Elle reprend conscience à l'hôpital où elle travaille, elle n'y est plus infirmière, mais chirurgienne. Elle avait interrompu ses études lors de son mariage, mais elle n'est plus mariée, et n'a plus sa fille... Nico Lasarte n'est plus mort, et le voisin n'a jamais été inquiété pour son crime... Elle doit retrouver Nico pour qu'ensemble ils trouvent une solution...

  J'ai tilté devant le nom Hilda Weiss, car il y a une Hilda Weiss dans une autre histoire de saut temporel, le roman pour ados Le fantôme dans le miroir (1993), de John Bellairs.
  J'avais précisément lu ce roman à cause d'une coïncidence onomastique. Je professe depuis longtemps qu'Ellery Queen est un auteur à décrypter, et l'un des romans qui m'intrigue particulièrement est Le mot de la fin (1958), qui se déroule en trois temps, 1905, année de naissance des cousins Queen, où Claire Sebastian meurt à Mount Kidron en mettant au monde des jumeaux la nuit du 5 au 6 janvier, 1930, où Ellery fait partie de 12 personnes réunies pour célébrer les 12 nuits de Noël, s'achevant la nuit du 5 au 6 janvier, et où est assassiné John Sebastian dans d'étranges conditions, 1957 où le mystère est enfin résolu.
  L'onomastique souligne le clair-obscur, avec Kidron signifiant "obscurité" en hébreu, Claire qui se passe en français de commentaire, et l'une des 12 personnes, Samson Dark, dont le prénom signifie "lumineux", "solaire", en hébreu, dark étant "sombre" en anglais.
  Un "mont de l'obscurité" est plutôt étrange, et une recherche m'a appris que cette expression n'apparaissait que dans Queen, et dans le roman de John Bellairs dont les protagonistes, Mme Zimmermann, 64 ans, et Emily, 14 ans, roulant en voiture en juillet 1951, se trouvent soudain au sortir d'un tunnel sur la route enneigée de Mount Kidron, en février 1828. C'est à proximité que vivait Mamie Wetherbee, celle qui a enseigné la magie à Mme Zimmermann, et qui était alors la petite Hilda Weiss, 12 ans.

  Il était question dans WTC 9/11, entre autres, du thème roi-reine, de la formule d'Ehrich Weiss, alias Houdini, du saut dans le temps dans Créature de Belletto, du 11 septembre 2001 au 16 août précédent, du thème blanc/noir, notamment chez Belletto, dont un personnage se nomme Clara... Voici que la vision de Mirage m'amène Vera Roy, l'écho avec Queen ("reine"), Hilda Weiss, un saut dans le temps concernant le 9 novembre, le 9/11 au lieu du 11/9, ou le 11/9 au lieu du 9/11 selon la notation US.
   Peut-être ces deux dates peuvent-elles être considérées comme les deux événements majeurs de ces 50 dernières années, symboles des vacillements des deux Super-Grands. Le déclin du communisme a été un processus lent, marqué notamment par l'ouverture du Rideau de Fer en Hongrie au printemps 1989, permettant déjà à des milliers d'Allemands de passer à l'Ouest, mais le démantèlement du Mur reste l'image la plus frappante de la chute du communisme.
  A noter que l'annonce de l'ouverture des frontières semble avoir été une bévue, et que c'est donc par hasard que l'événement s'est trouvé lié à une date déjà importante dans l'histoire allemande, car c'est le 9 novembre 1918 que Guillaume II a abdiqué et qu'est née la République de Weimar, les 8 et 9 novembre 1923 que Hitler a raté le Putsch de Munich, la nuit du 9 au 10 novembre 1938 qu'a eu lieu le pogrom de la Nuit de Cristal.

  Tiens, je lis ceci sur la page Wikipédia consacrée au Mur:
Une trouée claire comme le jour divise alors un Berlin autrefois dense et sombre. 

  J'y vois aussi que le Mur est en fait constitué de deux murs jumeaux, avec un chemin de ronde entre les deux, et qu'il a été érigé dans la nuit du 12 au 13 août 1961.
  Quelques jours après la mort de Jung le 26 juillet, mais je retiens surtout ce 13 août, 13/8 ou 8/13 qui passionne les amateurs de Lupin, à commencer par son biographe qui écrivait dans "813":
  Il s'est trouvé que le 8 mars dernier, au moment où je signalais à çoeur dp la destruction de la Terre jumelle par un astéroïde le 11 septembre 2001 (dans le roman de 2000 de Belletto), elle m'informait par un courrier croisé qu'elle venait d'apprendre par un document en vente sur e-Bay la succession de Louis le Pieux à son père Charlemagne le 11 septembre 813. Le 11 septembre ne faisait pas partie de nos échanges récents.
  Ceci m'évoquait un autre 813. Raban Maur a introduit ses 28 figures des Louanges à la Sainte Croix par une autre figure en hommage à Louis le Pieux. En 2005, j'ai composé le poème (11+11+11)(11+11+11), inspiré par un carmen quadratum de Raban Maur illustrant par 4 croix de 69 lettres les 276 jours passés par Jésus dans le giron de Marie, du 25 mars de l'Annonciation au 25 décembre. Alors que la figure originale était un carré 35x35, j'ai opté pour un carré 33x33, soit 1089 lettres réparties en 276 pour les croix et 813 pour le reste. 9 mois sous le signe du 11, ou 1089 = 9x11x11...

  Le 24 mars, après que je lui eus signalé la parution de mon billet, phrère Laurent me signalait qu'il venait de voir le premier épisode de American Gods, débutant en 813 par l'arrivée des Vikings en Amérique. Il en va de même dans le roman original de Neil Gaiman, mais la série TV reprend ce nombre à la fin de l'épisode, où le personnage Ombre (Shadow en VO) déclare avoir lu 813 livres pendant ses 3 années de prison, dont 4 livres de mathématiques, où il a appris que 8 et 13 étaient des nombres de Fibonacci.
  Les captures d'écran sont ici, plus de détails , avec l'utilisation du miroir 318, pour une chambre (il y a des chambres 813 dans 4 films de Truffaut). Je n'ai vu nulle mention de ces livres ou de Fibonacci dans le roman, et c'est donc un apport des scénaristes, la série de Fibonacci revenant souvent dans les séries.
  Ainsi, sans concertation, dp et Laurent me signalaient la date 813, assortie d'une part au 11 septembre, m'évoquant Belletto, d'autre part au partage fibonaccien 8-13. J'ai poursuivi mes investigations bellettiennes en lisant ses autres textes, et ai trouvé ceci chapitre IV de Sur la terre comme au ciel:
Je bus un bol de café noir dans lequel je trempai treize petits Lu. Huit auraient suffi, mais je voulais finir le paquet.
  Si les éléments dorés que je relève çà et là relèvent souvent pour moi de la coïncidence (signifiante néanmoins), j'ai des doutes pour Ellery Queen, où un indice peut-être essentiel apparaît précisément dans Le mot de la fin, chapitre 10:
Huit boîtes, 13 objets; un rapport mathématique existait-il ?
  Peut-être en 1982 Belletto faisait-il allusion à l'association polar 813 créée en 1982? Peut-être en a-t-il été membre à ses débuts, il ne l'était en tout cas pas lors de mon adhésion en 1996.

  Retour au 11 Septembre: j'avais mentionné une création de l'oulipien Ian Monk, un texte en 2 colonnes isocèles de 110 rangées illustrant les deux tours du WTC. Je me suis demandé si la chute du Mur avait inspiré d'autres créations, et ai été voir sur le site Anagrammy.
  J'y ai apprécié l'anagramme d'Adie Pena du Another brick in the Wall des Pink Floyd, celle par la même du poème November d'Elisabeth Coatsworth, avec un acrostiche NOVEMBER NINE, et surtout l'anagramme par Mey K. du sonnet To Germany de Charles Sorley où les lettres WE, symbolisant la réunion de l'Ouest et de l'Est (West-East), dessinent un marteau, le premier outil utilisé pour abattre le Mur (un marteau qui m'évoque bien sûr Haemmerli).

Our cultured human minds must understand
That those that need no help stay quite impeded,
And sometimes, we could need an aiding hand -
Yes, even if
we swear that hand's unneeded.
The things
we borrowed may be ours for good
And what
we know we'd gained is bound to stay -
Though
we all owe a debt of gratitude,
And when
we owe, we strictly must repay.
Therefore,
we help weak brethren left behind,
Then ascertain our po
wer's up and running,
For only those that sho
wed an open mind
Can gain a thrilling bond so great and stunning:
Our thriving, happy harmony for all...
If only human minds can crack that wall.


  Le sort particulier de ces lettres WE ("nous") me rappelle l'impression particulière des lettres US ("nous" décliné) dans Only Revolutions, le livre dingue de Danielewski, en 360 pages de 360 mots chacune, en 4 sections de 90 mots. Deux de ces sections sont historiques, évoquant les événements de 1863 à 1963 pour le côté "Sam", 1963 à 2063 pour le côté "Hailey", aussi y a-t-il toutes chances de trouver des mentions des deux événements, et c'est bien le cas, côté Hailey, page 211 pour le Mur, page 277 pour les Tours (211+277=488, le matricule de Jung à l'OSS).
    La page 211 côté Hailey est aussi la page 150 côté Sam, et ceci vient souligner une petite chose qui m'était apparue en considérant les dates du Mur dans le sièclele Mur (61-89),  correspondant à mon nom selon l'état civil
REMY SCHULZ = 61+89 = 150.
  La naissance du Mur le 13/8, 13 août, est bien venue en français,
LE MUR DE BERLIN = 17+52+9+60 = 138.

  Je ne suis évidemment pas le premier à avoir pointé les deux dates 9/11 et 11/9, et un autre roman dingue, Villa Vortex de Dantec, se déroule pendant ce qu'il appelle l'entre-deux-guerres, de la chute du Mur à la chute des Tours. J'en avais dit un mot pour une tout autre raison dans ce billet, et je m'aperçois en y rejetant un oeil que c'est aussi là que j'avais parlé du poème de Ian Monk sur les Twin Towers (dont il existe aussi une version française).

  J'ai enquêté sur le nom Hilda Weiss, qu'il me semble improbable d'avoir été emprunté à un roman pour ados d'il y a 25 ans. Ce n'est pas un nom rare, on en trouve 5 sur Face Book, et il y a une sociologue connue de ce nom, ainsi qu'une poétesse.

  A propos d'Ehrich Weiss, vrai nom de Houdini, il y a un Erich dans Créature de Belletto, le jeune Erich Bercheit, tombé dans une faille en montagne, secouru par hasard par Estella. Comme maints autres événements du roman, je ne vois pas quel sens il peut trouver dans l'ensemble, et j'ai souvent l'impression que Belletto écrit sans trop savoir où il va.
  Une chose sûre est que certains thèmes reviennent souvent dans ses livres, l'enfant en danger étant l'un d'eux. Ainsi il y aura un autre garçon en danger dans L'enfer, Simon de Klef, puis une fillette, Anna, dans Coda. J'avais vu que
SIMON DEKLEF = 70 43, deux nombres de la Série Rouge du Corbusier, aussi nombres de mesures d'une Fugue de Bach et de son Prélude, or ici
ERICH BERCHEIT = 43 70, le Prélude et la Fugue dans l'ordre, avec de plus les nombres de lettres fibonacciens 5 et 8 (13 au total), et le prénom contenu dans le nom,
BERCHEIT = ERICH + BET (ou 3+5=8 dans la suite de Fibonacci).
  Les résonances entre prénom et nom sont fréquentes chez Belletto, ainsi il y a un Eric Quiré dans ce même roman, ailleurs un Marc Kram.

  J'ai maintenant d'autres curiosités dorées concernant Bach dans l'oeuvre de Belletto, comme les cantates BWV 112 et BWV 181 mentionnées dans les mêmes conditions dans Être (2018). Ces nombres m'évoquent d'abord
MARKZ DANIELEWSKI = 69 + 112 = 181, amateur du nombre d'or au nom doré.
  Sur la terre comme au ciel (1982) cite aussi la Fugue BWV 997 encensée dans Ville de la peur (1997). J'avais imaginé que Belletto eût pu rencontrer le luthiste Marchand, lequel a consacré un livre entier à cette fugue et au nombre d'or, mais ce n'est qu'en 1985 que Marchand s'est intéressé à Bach.

  J'avais annoncé la complexité de Créature, en voici quelques autres éléments.
  Nadia REY, la soeur de Michel, habite LEROY Street à New York, avec son compagnon MARC LYON (prénom royal, nom du roi des animaux). Lorsque Michel REY vient à New York, il trouve à se loger KING Street.
  Tous ces rois alors que les Terres jumelles sont menacées par les astéroïdes Fisher ou Schiffer, "pêcheur" ou "marinier". Comment ne pas penser au Roi Pêcheur du Graal? Et la créature qui a tué Anna Rey habite rue PERCEVAL

  Passons à autre chose, en rapport néanmoins avec Belletto et son échange de vies Archer-Nomen le 6/6/66. Après l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44, j'ai examiné les naissances et mort du 8/8/88, et remarqué que ce jour où mourait Félix Leclerc naissait Flavia Bujor, auteure à 13 ans d'un roman à succès, La prophétie des pierres.
  Il m'a semblé devoir y jeter un oeil, découvrant un récit de fantasy en 31 chapitres numérotés, entrecoupés de 8 sections "Paris 2002", consacrés à la petite Joanna, 14 ans, sur le point de mourir à l'hôpital (31 et 8, et non 8 et 13). Le récit, ce sont ses rêves nuit après nuit,  où trois ados de 14 ans comme elle sauvent un monde menacé par l'obscurité, Jade, Opale, et Ambre. Joanna constate que leurs initiales forment le diminutif usuel de son prénom, Joa.
  Je constate pour ma part que j'avais cité ce roman à la fin du billet sur Passage, où Joanna Lander explorait les états de conscience proches de la mort, et qu'il est fort improbable que la Joanna de Flavia Bujor doive son nom à l'héroïne du pavé de Connie Willis, paru en VO en avril 2001, mais traduit en français en octobre 2003, plus d'un an après la parution de La prophétie des pierres. En couverture de cette édition: Is death the final mystery? Joanna is determined to find out.
  Je rappelle que Joanna meurt à la fin de la deuxième partie de Passage, et que la troisième fait partager ce qui se passe dans sa conscience pendant ce processus. Le roman s'achève sur cette réplique de Joanna:

- Tous les navires finissent par couler, dit-elle en levant la main pour répondre aux signes de bienvenue. Mais ce n'est pas pour aujourd'hui. Pas pour aujourd'hui.
  Les rêves de Joa-Joanna ont un dénouement heureux, et elle en déduit qu'elle va se rétablir. Le roman s'achève ainsi:
Mon rêve m'a rendu la vie. Il me reste à rendre le rêve à la vie.
  Et Blake dans tout ça? J'y arrive. Je suis passé pour la première fois à la médiathèque de Volx le 16 mars. J'y ai repéré un thriller ésotérique dont j'ignorais tout, L'Evangile des Assassins, de Adam Blake (2011). J'ai emprunté le livre, et l'ai lu en grande partie le jour même.
  C'est tout à fait palpitant et bien construit, trois enquêtes parallèles sur d'étranges faits, en Angleterre et en Arizona. La fliquette Heather Kennedy, matricule 4031, enquête sur des meurtres d'universitaires, tandis que l'ex-mercenaire Leo Tillmann cherche depuis des années ce qu'il est advenu de sa femme et de ses 3 enfants, disparus sans explication. Leurs enquêtes vont se rejoindre, et les mener à un suspect, venant de mourir en Arizona dans le crash d'un avion de ligne.
  Le dénouement est hélas peu crédible. La secte des Sicaires, dont faisait partie Judas l'Iscariote, a survécu secrètement au cours des âges, tuant impitoyablement tous ceux qui soupçonnent son existence. Leur livre sacré leur promet la domination sur le monde à la fin du 21e siècle, mais ils doivent se cacher tant que ceux qu'ils nomment les Adamites sont aux commandes. Là où le bât blesse, c'est qu'il s'agirait de plusieurs centaines de milliers d'individus, vivant pour l'heure dans des grottes sous Mexico.
  Ils sont aussi assimilés aux Esséniens, et je pense à la communauté de Quenan imaginée par Queen dans Et le huitième jour..., qui n'est sans doute pas beaucoup plus crédible, mais qui vaut d'abord pour l'allégorie.
  Je remarque le matricule 4031 de la fliquette (chapitre 19), et son association avec un Leo (Léon chez nous).
  Ricardou a imaginé dans La prise de Constantinople une roche vénusienne où figure des striures ressemblant à LEON, mais Léon Doca y voit plutôt, en renversant la roche, le nombre 4031, qu'une exploratrice transforme en DOCA.

  C'est un ambigramme qui pourrait être un peu amélioré, et j'y verrais plutôt U037. La lecture spéculaire de 4031 m'a semblé mieux adaptée, et voici ce que j'ai proposé dans Novel Roman.

  Je remarque la couverture française, créant un parallèle entre le pistolet et la croix à moitié ombrée.
  Ceci me rappelle le trajet lyonnais de Michel Soler dans L'enfer de Belletto (mais pas à dans le quartier de la Croix-Rousse), trajet précisément lié à un revolver. Lyon, lion, Leo...

  Adam Blake a écrit une suite à ce roman, Le code du démon, où des dissidents de la secte de Judas veulent précipiter leur avènement en déclenchant l'Apocalypse, un thème déjà rencontré à diverses reprises (notamment dans Le labyrinthe de la rose, par un autre auteur anglais, Titania Hardie). L'ex-fliquette 4031 et Leo s'y retrouvent pour contrecarrer cette entreprise, et à la fin de l'aventure Leo dit au chef Sicaire qu'il y aurait une bien meilleure solution à leurs problèmes que d'assassiner tous ceux qui seraient sur leur piste. Il suffit de tout révéler, ainsi l'affaire rejoindra les divers mythes controuvés, les extraterrestres, la terre creuse, etc. Du coup, on peut se demander si les deux romans d'Adam Blake, avec leurs outrances, ne feraient pas partie de cette désinformation...

  Adam Blake est le pseudo d'un scénariste de Comics, deux identifications différentes sont données sur la toile.
  J'avais vu que TITANIA HARDIE (74/45) est un nom doré, il en va de même pour
ADAM BLAKE = 19/31.
  Ce rapport m'est notamment évocateur des trois Préludes-Fugues dorés du Clavier bien tempéré, remis en jeu récemment par la lecture de Belletto. Parmi les "48", il n'y a rien d'inouï à en trouver 3, le Prélude étant généralement plus court que la Fugue, mais l'ensemble présente de remarquables curiosités. Ce sont donc
le PF 14 du premier cahier : 24-40 mesures;
le PF 24 du premier cahier : 47-76 mesures;
le PF 14 du second cahier : 43-70 mesures.
  Il est déjà remarquable d'avoir les deux PF 14, correspondant à B-A-C-H, mais on peut aussi considérer que le PF 14 du second cahier est le PF 38 de l'ensemble des deux cahiers.
  On a donc les PF 14-24-38 dorés, 14-24-38 pouvant constituer une suite additive dorée.
  Il se trouve qu'apparaît une moyenne exacte aussi bien pour les Préludes que pour les Fugues,
24+47+43 = 114 = 3 fois 38,
40+76+70 = 186 = 3 fois 62,
soit le partage doré de 100 en 38-62 (ou 50 en 19-31),
et ces nombres font partie de la suite additive dorée à laquelle appartiennent aussi les rangs,
14-24-38-62-100...

4.4.19

quatre quarts au carré, Carl !


  4 avril 2019, 75e anniversaire de l'échange du 4/4/44, que Jung a célébré lors de son 75e anniversaire, en 1950, en sculptant la pierre de Bollingen.
  Je n'ai pas rencontré de 4 avril notable ces derniers temps, mais un événement récent est fortement quaternitaire.

  Le 13 février, Nicolas Graner proposait une nouvelle contrainte sur la liste Oulipo, composer des éléments textuels de 0-1-2-3-4-5-6-7-8 syllabes tels qu'ils puissent former huit alexandrins lorsque assemblés selon les rangées, colonnes, et diagonales du carré magique d'ordre 3:
3 8 1
2 4 6
7 0 5
   L'exemple de Nicolas n'est donné que sur la liste. Gef a donné ici deux essais dans cette voie.

  Ma passion pour les carrés magiques m'a parfois fait envisager des contraintes littéraires les exploitant, notamment le carré d'ordre 4, le premier permettant la pandiagonalité: lorsqu'on pave le plan de ses 16 nombres, tout alignement de 4 nombres offre la constante magique, 34 pour un carré régulier formé des nombres de 1 à 16.
  Il est connu depuis près de 10 siècles en Inde, où il figure sur un pilier du temple de Khajuraho, les chiffres indiens correspondant à

 7 12  1 14
 2 13  8 11
16  3 10  5
 9  6 15  4


  Il m'est venu que 34 peut être le nombre de lettres d'un alexandrin, d'où la tentation de transformer les syllabes de Nicolas pour l'ordre 3 en lettres pour l'ordre 4.
  J'ai renoncé à envisager des segments de 1 à 16 lettres tels qu'ils puissent se combiner par groupes de 4 pour former des énoncés cohérents selon les 16 alignements magiques du carré. J'ai plutôt songé à l'anagramme.
  Une autre propriété du carré pandiagonal d'ordre 4 est que chaque carré 2x2 de 4 nombres offre aussi la constante magique 34, soit 16 nouvelles possibilités en envisageant encore le pavage du plan par le carré. L'une de ces possibilités est 16-9-5-4, ce qui correspond aux rangs des lettres P-I-E-D.
  Le pied est aussi l'unité du vers, ainsi si je donnais à mes segments de 1 à 16 lettres des valeurs correspondant aux multiples par 12, alors chaque alexandrin aurait la valeur 34x12, chaque pied la moyenne 34, valeur de PIED, chaque lettre la moyenne 12, valeur de l'initiale L de Lettre.
  J'ai d'abord réarrangé les nombres du carré pour avoir 16-9-5-4 au centre, par des permutations gardant toutes les propriétés du carré:

13  3  6 12
 2 16  9  7
11  5  4 14
 8 10 15  1


  Ceci se traduit en lettres par

M C F L
B P I G
K E D N
H J O A


  Ensuite vient la détermination du carré gématrique, par simple multiplication par 12 des éléments du premier carré:

13  3  6 12 > 156  36  72 144
 2 16  9  7 >  24 192 108  84
11  5  4 14 > 132  60  48 168
 8 10 15  1 >  96 120 180  12


  L’étape suivante est la construction d’une strophe respectant les deux carrés, par les nombres de lettres et gématries associées:

CROISERENVRAI LES MAINSP OETEDULEVANT
SE NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR SDUREEL
TENTERLEFLO TCARR ELOP INIATREVANTANT
CESTLORD REECHOVOTI FALETREUNIVERSE L


  Le Gématron permet de vérifier le respect des contraintes. L’ensemble correspondant à PIED n'est pas au programme des transformations projetées, mais j'ai vite eu la tentation de l'étudier,

NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR TCARR ELOP

et voici  l'anagramme que j’en ai tirée,
          le pied structurant le carré, trop le pied !
ce qui pourrait décrire la tentative.

  Voici le résultat, en quatre quatrains, avec le premier quatrain lecture directe horizontale du carré "magimatrique", et les quatrains suivants anagrammes des lectures verticales et diagonales. Chaque vers a 34 lettres et la gématrie 408, chaque lettre la moyenne 12, chaque pied la moyenne 34. Les quatrains sont anagrammes les uns des autres, sans qu'aucun vers soit anagramme d'un autre.
  Il y a ici quelques améliorations par rapport à la première version donnée sur la liste Oulipo le 1er mars.

Croiser en vrai les mains, poète du Levant,
Sentir le pied trapu des lecteurs du réel,
Tenter le flot carré, l’opiniâtre vantant,
C'est l'Ordre, écho votif à l’être universel.

Renforcer tels crédos, totaliser l'envie,
Etre dit puant d'or, proscrit le chevalier,
Par les lectures mû, foi présente en la vie,
L'an disant l'odelette au vent aventurier.

Prendre Sel capital, Vitriol, ne produire
L'actuel en fervent rose, Adversaire têtu,
Lire ce fonds posthume, et va-t-on le relire
Si l'ancien sens, le tort, détracte la Vertu ?

Sort le tarot devant le cercle séducteur,
Choisir ce verso pâle ou rêver de l'Orient,
Intense alternative à fins révélateurs :
"Apprend-on l'intérêt ?", rit la fille du Temps.


  Parmi mes motivations, il y avait que 16 vers de 34 lettres totalisent 544 lettres, or je m'étais émerveillé de trouver 544 lettres (ou caractères puisqu'il y figure un &) pour l'ensemble des 6 grilles auquel m'ont mené les 88 lettres de la grille de Barth en décembre dernier, alors que 544 est la valeur des 48 lettres de l'épitaphe du Chevalier Rose-Croix, valeur qui a conduit Van Houten et Kasbergen aux folles hypothèses de Bach et le nombre. Précisément, la diagonale de ma grille carrée de 121 lettres était ROSENCREUTZ, composée pour un projet de 1998 en ignorant qu'une grille composée 30 ans plus tôt par Ricardou dans une même optique avait pour diagonale BELCROIX.
  Il y a eu la formidable coïncidence de janvier, avec l'apparition de la fugue BWV 544 dans Hors la loi, fugue qui compte 88 mesures.
  J'avais envisagé une anagramme de ces 544 lettres, sans idée précise d'une réalisation effective, et voici qu'une voie plus immédiate s'ouvrait avec le carré pandiagonal. J'ai choisi de débuter le poème par "croiser", et d'y faire figurer les mots "rose" et "chevalier".

  Après avoir décidé de partir d'un carré structuré autour de PIED, j'ai vu quelques autres mots lisibles dans la grille, notamment FIDO dans la 3e colonne, "j'ai foi" en latin.

M C F L
B P I G
K E D N
H J O A


  Dans ma nouvelle "rosicrucienne" L'enchanté réseau, partageant divers points avec le projet incluant la grille ROSENCREUTZ, intervenait le code SOL FIDEI, "soleil de la foi". Ceci m'a fait inclure le mot FOI dans le vers correspondant.
  Je remarque aussi la diagonale HEIL, "salut" allemand qui n'est pas réservé au sinistre Hitler. L'adjectif heil signifie "sain", et dans la même famille il y a heilig, "saint", et heilen, "guérir", vertu rosicrucienne.
  Je remarque enfin la diagonale LOEB, "lion" en vieil allemand, et je pense au LOVEN, "lion" danois apparu subrepticement dans mon Sonè (et au LEON de la grille de Robert Rapilly, non moins subreptice).

  Je n'analyse pas plus avant les quatrains. L'Adversaire du vers 10 a sans doute à voir avec le fait que les carrés pandiagonaux sont aussi appelés "diaboliques". Je pense aussi à L'Adversaire d'Ellery Queen, où Dieu et Diable s'affrontent sur l'échiquier carré de York Square.

  Quelques jours après avoir posté ces quatrains, je me suis avisé que le carré "diabolique", lorsqu'il est limité à ses 4 rangées ou 4 colonnes, contient 14 carrés offrant la constante magique 34. Je rappelle le carré:

13  3  6 12
 2 16  9  7
11  5  4 14
 8 10 15  1


et voici les 14 combinaisons carrées, de AAAA à NNNN:

A A B B  E F E F  * I I *  * * * *  M * * M
A A B B  G H G H  * I I *  K K L L  * N N *
C C D D  E F E F  * J J *  K K L L  * N N *
C C D D  G H G H  * J J *  * * * *  M * * M

  Le sonnet reste une des formes favorites de la liste Oulipo, aussi j'ai proposé à ses membres le jeu de composer un sonnet d'alexandrins à partir de mon quatrain "magimatrique" et de ces nouvelles combinaisons, produisant 14 autres groupes de 34 lettres de valeur 408.
  Gef a créé ceci, Noël Bernard cela, et voici ce que j'ai concocté, une énième version de Voyelles, faute d'autre idée:
A drap, E perdre, I cri, U vil, O sens, lettrines,
le sculpteur les dénoue, à dire vastement :
A d'orchestre récrit, flot coloré tel vent,
envol final larvé, parturiente à tétines,

rêverie; E complot, profilant les narines,
tendre anis étoilé, velu tact, art navrant;
I, vers seul et celé, de reflet ressourçant,
le lot dudit livreur, prophète de racines;

U, dur ciel désappris, l'étant sempiternel,
fiérot porcher, octave à l'être universel,
le centre du départ, rite scriptural, pôle;

O le flétri pétrel du transparent crédit,
test inepte en rondeur, la clause le ravit,
l'O nadir vertical, ce sens ouvert et drôle!
  Voici les combinaisons dont chaque vers est l'anagramme, correspondant aux carrés ABCD EFGH IJN KLM:

CROISERENVRAI LES SE NTIRLEPIEDTRAPUD
MAINSP OETEDULEVANT ESLECTEUR SDUREEL
TENTERLEFLO TCARR CESTLORD REECHOVOTI
ELOP INIATREVANTANT FALETREUNIVERSE L

CROISERENVRAI MAINSP TENTERLEFLO ELOP
LES OETEDULEVANT TCARR INIATREVANTANT
SE ESLECTEUR CESTLORD FALETREUNIVERSE
NTIRLEPIEDTRAPUD SDUREEL REECHOVOTI L

LES MAINSP NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR
TCARR ELOP REECHOVOTI FALETREUNIVERSE
NTIRLEPIEDTRAPUD ESLECTEUR TCARR ELOP

SE NTIRLEPIEDTRAPUD TENTERLEFLO TCARR
ESLECTEUR SDUREEL ELOP INIATREVANTANT
CROISERENVRAI OETEDULEVANT CESTLORD L


  Parmi les 1820 combinaisons de 4 nombres différents parmi les 16 nombres de 1 à 16, il y en a 86 de somme 34. Ces nombres m'évoquent
CARL JUNG = 34 + 52 = 86.
  Les 16 vers des quatrains et les 14 du sonnet conduisent à 30. Il serait tentant d'arriver à 34 vers de 34 lettres, et donc de trouver un autre ensemble logique de 4 combinaisons, mais s'il existe bien un partage logique 34-52 des 86 combinaisons de somme 34 dans le carré pandiagonal, il est de 52 combinaisons parfaitement symétriques, et de 34 qui le sont moins.
  Par parfaitement symétriques, j'entends tout motif spatial qui gardera la constante 34 si on le décale dans le plan pavé par le carré, ou si on lui fait subir une rotation. Il y a ainsi
8 alignements verticaux ou horizontaux;
16 carrés 2x2;
les 28 autres éléments sont constitués de deux paires de nombres de somme 17 chacune, se répartissant en 4 groupes,
8 diagonales;
16 bateaux (13-5-4-12 par exemple, en prenant 2 nombres consécutifs dans une rangée ou colonne, et les 2 nombres complémentaires à 17 dans la rangée ou colonne de même parité);
4 carrés (ceux formant le second quatrain du sonnet).
  52 en tout donc, et s'il y a des motifs répétitifs parmi les 34 autres combinaisons, aucun n'a les mêmes possibilités de translation ou rotation.

  La découverte des partages verticaux 13-21 du carré de Dürer m'avait conduit en 2010 à cette représentation, songeant que les 4-4-4-4 nombres du carré ont pour somme 136, correspondant à
JUNG HAEMMERLI = 52+84
avec 52/84 = 13/21, le même partage apparaissant pour les lettres paires et impaires de CARL,
AL / CR = 13/21, ou pour les rangées des nombres de 1 à 16 dans l'ordre normal,
(1) 1-2-3-4 = 10
(2) 5-6-7-8 = 26
(3) 9-10-11-12 = 42
(4) 13-14-15-16 = 58
(10+42) / (26+58) = 52/84 = 13/21.

  Mon étude de 2010 citait l'interprétation dorée du polyèdre par Yvo Jacquier. Depuis a été mise en ligne une autre analyse, fort érudite, déniant une construction utilisant l'angle de 72°. En fait le polyèdre serait un objet impossible, et la page suivante montre que son but aurait été d'obtenir une double projection correspondant au carré magique.

  Je ne peux que recommander de lire l'ensemble de l'étude, montrant de multiples implications du carré magique. Il y est envisagé une correspondance entre le carré magique et les dés de la Passion, le dé étant d'une certaine façon un cube magique, somme 7 des faces opposés, 1-6, 2-5, 3-4. Il me semble fructueux de constater que ces couples se retrouvent dans le carré pandiagonal, avec ses 16 éléments offrant 52 combinaisons logiques de somme 34 (et 34 autres moins immédiates).

   En 2012 a encore été mise en ligne une étude détaillée du polyèdre selon l'angle doré de 72°, avec une réalisation effective de l'objet, et un rapport au carré magique qui est loin d'être aussi convaincant.

  Pour l'heure, je constate que le carré pandiagonal offre de nouvelles perspectives jungiennes, avec le partage 52-34 des combinaisons de valeur 34, correspondant à JUNG CARL.
  Ceci ne retire rien au jeu JUNG HÆMMERLI car les paires verticales 13-21 sont toujours présentes dans ce carré pandiagonal, et voici l'équivalent du carré de Dürer présenté plus haut. J'ai ici réarrangé le carré pandiagonal pour avoir la diagonale immédiate 12-15-5-2, LOEB, "lion", me souvenant notamment de la naissance de Jung sous ce signe.

  52 possibilités d'obtenir la constante 34 totalisent 1768, ce qui me rappelle les valeurs 17-68 rencontrées dans le billet précédent pour
LE PASSAGE = 17 68,
titre d'un film de René Manzor mettant en jeu un échange de vies passant par l'Au-delà, ce qui m'a évoqué l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44, Jung qui avait 68 ans lors de son infarctus, et qui aurait donc vécu 17 ans de plus, le quart de 68, grâce au sacrifice de Haemmerli. Ainsi
CARL + JUNG = 86, mort dans sa 86e année, laisse aussi présager par
CARL x JUNG = 1768 le remarquable partage de sa vie en 4+1.

Note du 12/12/21: Relisant ce billet, je m'avise qu'en considérant les 1820 combinaisons de 4 nombres parmi 16, les 52 possibilités "logiques" d'obtenir la constante 34 totalisent 1768, et qu'il reste donc 1820 moins 52 autres possibilités, soit également 1768.
Comment obtient-on ce 1820? 16 possibilités de choisir le premier nombre, 15 le second... Les 16x15x14x13 arrangements ordonnés doivent être divisés par 1x2x3x4 pour obtenir les combinaisons différentes (sans tenir compte de l'ordre).

  Les 34 autres possibilités d'obtenir la constante 34 totalisent 1156, carré de 34, et le découpage 11-56 m'est aussi évocateur, pour une fantastique coïncidence détaillée ici.
  En bref, ma recherche d'harmonie gématrique dans un texte complet a été couronnée en janvier 1997 par l'analyse de Vocalisations, récriture sans E par Perec de Voyelles de Rimbaud. Les 112 mots du sonnet ont pour valeur 6272, soit 112x56, avec diverses autres harmonies, notamment que ce nombre 6272 est divisible par 56 et 32, valeurs de NOIR et BLANC, deux mots essentiels du sonnet.
  Ma fascination pour ce sonnet était telle que je l'avais codé dans mon roman publié en 2000, par des lettres en corps supérieur d'une unité, éparses dans le texte, sans plus de justification que le roman comptait 14 chapitres, soit un vers par chapitre.
  En juin 2016, j'ai découvert des lettres en gras, éparses dans le texte d'un livre sur Rennes-le-Château privilégiant la piste rosicrucienne. Quatre chapitres et la bibliographie permettent ainsi d'accéder à des textes cachés, le premier étant
Ma Dame adorée dans l’heure fleurie dissout les ombres ténébreuses
  Le passage au Gématron m'a appris que ces 11 mots et 56 lettres totalisent la valeur 616 = 11x56. Ainsi ce nouveau message codé selon un principe analogue à celui que j'avais utilisé en 2000 offre la même harmonie qui m'avait essentiellement motivé, la valeur moyenne 56 des mots, et une harmonie supplémentaire, la valeur moyenne 11 des lettres.
  Je trouve un écho à ceci après des approfondissements sur le carré diabolique initiés par l'écriture de textes ayant 12 pour valeur moyenne des lettres. Je n'avais pas pensé à une harmonie sur les mots lors de ces compositions, et me prends à le regretter maintenant. Après coup, je constate que mon troisième quatrain  a 32 mots, soit une moyenne de 51 par mot.
  Les deux quatrains précédents totalisent 64 mots, même moyenne 51. Hélas le dernier quatrain n'a que 30 mots, ce qui pourrait être corrigé par une version antérieure de son troisième vers,
Vie enfin sainteté sans l'art révélateur : 
forgée pour avoir le mot "sainteté", en écho au HEIL diagonal, mais j'ai été plus séduit ensuite par la possibilité de caser le mot "alternative". 
  Le premier quatrain du sonnet a aussi 32 mots.

  Du côté des oulipotes, Gef a réalisé un autre équilibre avec 34 mots dans son second quatrain, moyenne 48, et 51 mots dans les deux tercets, même moyenne 48.
  Je rappelle que chaque vers a la moyenne 12 par lettre et 34 par pied (e caduc éventuel omis). Tout ceci confirme que
(l')écho votif à l'être universel, c'est l'ordre 
autre forme du vers qui me séduit le plus dans le quatrain original, mais qui compte hélas 10 maudits mots.

  Tiens, avec 128 mots dans cette nouvelle version, les harmonies moyennes des 4 quatrains sont
544 lettres de moyenne 12;
192 pieds de moyenne 34;
128 mots de moyenne 51.
  544+192+128 = 864, valeur de Πυθαγόρας (lettres-nombres 80-400-9-1-3-70-100-1-200), Pythagore, selon lequel Tout était Nombre...
  Ainsi chacun de mes quatrains, anagramme l'un de l'autre, aurait pour somme de ces harmonies moyennes le quart de 864, 216, or j'avais associé la valeur 864 de Pythagore à la légende selon laquelle il se réincarnerait tous les 216 ans, sans aller jusqu'à ce parallèle avec Jung:
- Pythagore, 864 = 4 fois 216 se réincarne 216 ans plus tard;
- Jung ayant vécu 68 ans, 4 fois 17, survit à son infarctus pour vivre encore 17 ans.
  Tiens, 864+68 = 932, valeur en hébreu de L'arbre de la connaissance du bien et du mal, et 216+17 = 233, valeur en hébreu de L'arbre de vie. Cette relation m'a semblé essentielle lorsque je l'ai découverte (elle l'avait déjà été par d'autres, Crowley notamment).

  Je rappelle que le motif quintessentiel de la vie de Jung est encore plus remarquable en jours, 4 fois 6272 jours avant le 4/4/44, 6272 jours après, et j'ai déjà souvent indiqué que c'était la valeur du sonnet Vocalisations, m'ayant fasciné bien avant de découvrir le motif quintessentiel de la vie de Jung (mais c'est parce que Voyelles comme Vocalisations concernent la quinte des voyelles AEIOU que j'avais étudié de près ces sonnets).
  C'est cette fascination qui m'a poussé à faire diverses récritures de Voyelles, ou de Vocalisations, avant et après la découverte du motif jungien, mais j'ignorais en choisissant cette solution de facilité pour le sonnet inspiré par le carré diabolique que son étude allait me conduire au partage 34-52 correspondant à CARL JUNG.
  Je n'avais plus à l'esprit lors de ce choix que j'avais proposé une anagramme de Vocalisations, Consonnantisations, laquelle m'avait fait construire un carré semi-magique avec les 16 premières consonnes.
  1944, c'est 9 fois 216. Je ne crois pas avoir encore mentionné une curiosité vue récemment:
1944 = 27.72
6272 =  27.72

  A propos des lettres en gras éparses dans le livre de Doumergue, j'ai ensuite découvert qu'il avait probablement emprunté l'idée à ses préfaciers, Giacometti-Ravenne, lesquels avaient codé des formules maçonniques par des lettres en italique éparses dans leurs premiers romans.
  Ceci était encore postérieur à la parution de mon roman, mais j'ai découvert peu après que Ricardou avait encore été mon précurseur, avec des majuscules éparses dans son Improbable strip-tease blanc (1972), ces majuscules écrivant aussi un sonnet. Tiens, il s'agit d'une récriture du Cygne de Mallarmé, dont le "lac dur" est devenu "passage".
  Je projette de faire un point sur ces diverses tentatives, en commençant par le petit parchemin de Rennes-le-Château, dont la réalisation a été revendiquée par Philippe de Chérisey, où ce sont des lettres décalées par rapport à la ligne d'écriture qui forment un message.

  L'obsession quaternitaire m'a conduit à une autre construction.
  Partant du carré centré sur PIED, j'ai ajouté 36 à chaque nombre pour avoir un autre carré pandiagonal de constante 178.
49 39 42 48
38 52 45 43
47 41 40 50
44 46 51 37


  Ensuite j'ai ôté 4 à 4 nombres dans des rangées et colonnes différentes pour avoir 34 à côté de 52.
49 39 42 44
34 52 45 43
47 41 36 50
44 42 51 37


  Le carré n'est plus pandiagonal, mais toujours magique, avec rangées, colonnes, et grandes diagonales de constante 174. La constante 176, ou 4.44 serait plus tentante, et il faut alors ajouter 2 à 4 nombres dans des rangées et colonnes différentes pour avoir un carré magique de constante 176, ou 4.4.44 pour l'ensemble.
49 41 42 44
34 52 45 45
47 41 38 50
46 42 51 37


  Il y aurait eu de multiples autres façons d'arriver à un carré 4.4.44 où figurent côte à côte 34-52, CARL JUNG, et beaucoup de possibilités de choisir ensuite des mots de 4 lettres de gématries correspondantes, comme ceci:
LORD BOUC APTE PERE
CARL JUNG GARS DOUE
LIEU SANG DANS PAIX
NEUF RARE ROND DOME

qui pourrait se lire selon rangées, colonnes, diagonales
Lord bouc apte père
Carl Jung gars doué
lieu sang dans paix
neuf rare rond dôme
Lord Carl lieu neuf
bouc Jung sang rare
apte gars dans rond
père doué paix dôme
Lord Jung dans dôme
père gars sang neuf
  Peut-être une ponctuation minimale rendrait-elle ceci plus lisible, mais ce n'est qu'un essai à titre d'exemple.
  J'observe que la constante 176 de ce carré est aussi la valeur du nom complet
CARL GUS-TAV JUNG = 34+47+43+52 = 176.
  Je ne me souviens pas avoir jamais été conscient que les 4 syllabes de son nom ont pour moyenne 44, et ceci m'a fait construire cet autre carré magique,
34 47 43 52
44 51 35 46
50 41 49 36
48 37 49 42

qui peut se traduire par ces syllabes, bornées à une lecture horizontale:
Carl Gustav Jung,
T'es crête, un crêt ?
Crées-tu ton blog ?
Fends-moi ton nom !

  Ceci m'a donné une autre idée. Le second ordre de carré pandiagonal régulier est 5, avec pour constante magique 65, 5 fois 13, pour le carré formé des nombres de 1 à 25..
  Il est aisé d'obtenir un carré magique régulier (construit avec des nombres successifs) de constante 220 ou 5 fois 44, il suffit de remplacer les nombres de 1 à 25 par 32 à 56. Aux nombres 3-16-12-21 correspondront les valeurs 34-47-43-52 de CARL-GUS-TAV-JUNG.
  J'ai alors regardé si des successions intéressantes apparaissaient parmi les 36 types de base de carrés pandiagonaux d'ordre 5, et ai particulièrement remarqué le 18e:

 1  7 19 15 23
14 25  3  6 17
 8 16 12 24  5
22  4 10 18 11
20 13 21  2  9


  J'ai figuré en noir sur blanc les nombres 1 et 25, car ils correspondront à 32 et 56, BLANC et NOIR.
  16 et 12, qui correspondront à GUS-TAV, sont côte à côte, juste en dessous de 3, CARL.
  21 (JUNG) est dans le même alignement, précédé de 13 qui deviendra 44. Ainsi ce couple 13-21 qui m'obsède depuis longtemps, et que j'ai associé à CARL et au carré d'ordre 4 de 4-4-4-4 nombres, réapparaît-il dans le carré d'ordre 5, selon un approfondissement du lien 44-JUNG.
  Je remets à plus tard la transformation en un texte.

  Ce qui était prévu au départ pour n'être qu'un exercice en marge m'a donc conduit à de nouvelles découvertes jungiennes, éveillant divers échos qui livreront sans doute d'autres fruits.
  Je termine avec la version provisoirement définitive des quatre quatrains, en 128 mots:

Croiser en vrai les mains, poète du Levant,
Sentir le pied trapu des lecteurs du réel,
Tenter le flot carré, l’opiniâtre vantant,
C'est l'Ordre, écho votif à l’être universel.

Renforcer tels crédos, totaliser l'envie,
Etre dit puant d'or, proscrit le chevalier,
Par les lectures mû, foi présente en la vie,
L'an disant l'odelette au vent aventurier.

Prendre Sel capital, Vitriol, ne produire
L'actuel en fervent rose, Adversaire têtu,
Lire ce fonds posthume, et va-t-on le relire
Si l'ancien sens, le tort, détracte la Vertu ?

Sort le tarot devant le cercle séducteur,
Choisir ce verso pâle ou rêver de l'Orient,
Vie enfin sainteté sans l'art révélateur :
"Apprend-on l'intérêt ?", rit la fille du Temps.