17.11.13

Deux livres, deux mondes


  J'ai appris récemment que "livre" se dit kniha en tchèque et en slovaque. Ceci m'a aussitôt rappelé que le livre Nahik consistait le fil rouge de la série BD Le Décalogue de Frank Giroud (comme de sa suite Le légataire). Il me semble a priori assez peu probable que l'anagramme ait été voulue, et ce cas rejoindrait donc les coïncidences déjà étudiées sur les mots de 5 lettres désignant les créations littéraires, roman/novel chez Leblanc, LIVRE chez Peeters, Bible/Babel chez Borges.
  J'ai voulu rafraîchir mes souvenirs sur Le Décalogue, dont la médiathèque n'avait de disponibles que les tomes V à X, que j'ai empruntés. Le passage au rayon BD m'a fait découvrir une série inconnue, La Prophétie des Deux Mondes, scénarisée par Frédéric Lenoir dont j'écoute régulièrement l'émission Les racines du ciel et dont j'ai lu les romans.

  J'ai emprunté le premier album ce 6 novembre, et suis revenu deux jours plus tard emprunter les 3 autres de la série, présentant une particularité vraisemblablement unique.
  Prévue initialement en 5 albums, les 3 premiers sont parus de 2003 à 2005 chez Albin Michel, puis il y a eu un problème avec l'éditeur, si bien qu'il a fallu attendre avril 2008 pour voir la fin paraître chez un autre éditeur, en un seul album débutant par un résumé en 4 pages de ce qu'aurait été l'album intermédiaire prévu.
  Ceci est évidemment fascinant pour l'amateur de quaternité, mais je ne l'ai appris qu'après coup, et c'est d'abord le scénario qui m'a retenu.

  L'histoire se passe dans un monde partagé de façon immémoriale en deux royaumes antagonistes, le royaume de l'Etoile, dont le symbole est un pentacle, et celui de l'Anneau. Selon une prophétie transmise par Ishâ, l'envoyée des Eternels, les royaumes ne peuvent survivre que si un serment est proféré tous les 21 ans par les dauphins des deux familles royales.
  Le Grand Rituel doit se faire à l'aube du 8e jour du 9e mois, après une conjonction de trois astres, et les deux princes doivent alors élever vers le ciel les deux symboles en les unissant en un seul. Sinon les deux royaumes seront anéantis.
  L'aube du 8e jour du 9e mois me rappelle que c'est peu avant l'aube du 8e jour du 9e mois que j'ai eu mon intuition sur l'harmonie quintessentielle de la vie de Jung autour du 4/4/44, le 8 septembre 2008. C'est précisément en 2008, de façon imprévue, qu'est paru le dernier album de la série, La nuit du serment, s'achevant le jour du Rituel. Si pour moi ce 8 septembre a surtout été le premier jour de l'an pataphysique 136 (135e anniversaire de la nativité de Jarry), c'est dans le calendrier vulgaire la Nativité de Marie, ce qui a pu inspirer Lenoir, les femmes jouant un rôle essentiel dans la série (isha signifie "femme" en hébreu).

  L'histoire se passe l'année d'un Rituel marqué par de grandes incertitudes car, à l'issue de la dernière cérémonie, la princesse Lariana, héritière du royaume de l'Etoile, a disparu, et avec elle le symbole sacré de l'Etoile et sa formule du serment. Les recherches menées depuis 20 ans ont été vaines, et en dernier recours Lowen, fils du roi de l'Anneau Heloas, se lance dans une ultime quête avec son ami Nhâram.
  Ce Nhâram-Lowen chez Lenoir m'a aussitôt évoqué le roman-novel chez Leblanc, où c'est Elisabeth Lovendale qui cherche le tome perdu des romans (novels) de Richardson.
  Nhâram perd ses jambes dès le début de l'histoire, si bien que Lowen doit continuer seul, avec l'aide de femmes pas toujours désintéressées. C'est ainsi qu'il devient l'amant de la fougueuse Besraëlle, puis de Solâna, étrange créature dont le nombril n'est tatoué ni d'un anneau, ni d'une étoile.
  Lowen fait un rêve dans lequel Besraëlle et Solâna participent à une cérémonie, auréolées des symboles de l'Etoile et de l'Anneau se conjoignant au moment où ses deux amantes vont s'embrasser; il est alors réveillé par l'appel de son nom. Le sens s'en précisera ultérieurement : Besraëlle est la détentrice de l'Etoile sacrée volée il y a 20 ans, tandis que Solâna est la fille cachée de la princesse disparue Lariana, héritière de la formule du serment.
  Après diverses péripéties, dont la mort de Lowen ressuscité le troisième jour car les Eternels ont estimé sa survie nécessaire, Lowen et Solâna se rendent le jour dit au sanctuaire de l'île au centre des mondes, sans grand espoir car ils n'ont pu récupérer l'Etoile cachée par Besraëlle. Cependant Ishâ apparaît et leur annonce que les royaumes vont être épargnés car Solâna porte l'enfant de Lowen. Leur amour (LOVE) a été plus fort que la haine (N) qui divisait les royaumes depuis des générations (sic). Ce tendre roman s'achève sur la proposition de Solâna d'appeler leur enfant Shana, "l'enfant de la paix".

  J'en viens à ma relecture du Décalogue, ou plutôt de ses 6 derniers albums. Les 10 sont parus de 2001 à 2003, grâce à la tactique de Giroud de recourir à un graphiste différent pour chaque album.
  On y suit donc, à rebours, l'histoire du livre Nahik dont le contenu exact reste flou, le point essentiel étant qu'il contient une reproduction d'une omoplate de chameau sur laquelle Mahomet aurait, à la fin de sa vie, gravé une dernière sourate, sous forme d'un décalogue dont les préceptes contredisent certains aspects violents du Coran.
  Chaque album illustre un précepte de ce décalogue, d'abord en suivant la piste du livre Nahik, de l'album I à Glasgow en 2001 jusqu'au VII à Paris où a été imprimé le 16 avril 1823 Nahik pour financer une loge des Carbonaris, mais une dénonciation a pour conséquence la destruction de tout le tirage, sauf un unique exemplaire.
  Le nom de l'imprimeur est Alban Jouvel, ce qui a quelque écho avec l'éditeur Albin Michel de La Prophétie des Deux Mondes de Lenoir, et pour moi avec Alban Lenoirc, nom du narrateur de mon projet Novel Roman que j'avais prévu de faire paraître sous cette signature.
  L'album VIII, Nahik, révèle la raison de ce nom. Le livre a été écrit par le frère de l'écrivain en vogue Hector Nadal, Eugène. Celui-ci est revenu fou de l'expédition de 1798 en Egypte contée dans l'album suivant, au terme de laquelle il a été gravement blessé d'un coup de sabre au visage. Hector lui doit ses succès littéraires en stimulant cruellement la folie d'Eugène, lui extorquant des pages qu'il transforme ensuite en romans. La peur de son frère conduit Eugène à crier "Non Hector" chaque fois qu'il apparaît, ce qui dans sa bouche déformée devient "Na Hik".
  Leur soeur découvre cette abjection alors que Hector s'apprête à publier le chef-d'oeuvre tiré des visions d'Eugène lors de l'expédition en Egypte. Elle s'approprie le manuscrit, qui sera donc publié ensuite par Alban Jouvel avec pour titre Nahik, et pour auteur Alan D., anagramme de Nadal.
  Je remarque cette anagramme de 5 lettres alors que précisément Nahik est l'anagramme de kniha, "livre". Par ailleurs Nadal signifie Noël en occitan et autres langues, et parmi mes personnages forgés à partir de  Novel Roman figuraient le couple anacyclique Noël Navrom - Morvan Léon. J'ai conté ici comment j'ai découvert ailleurs le personnage Noël Morvan.
  Giroud indique que cette histoire, inspirée par le frère de Victor Hugo, Eugène, a d'abord constitué un projet autonome avant de devenir le point de départ du Décalogue.

  Une particularité de la série est que les dos des 10 albums réunis permettent de lire son titre, Le DECALOGUE. J'ai eu la curiosité de disposer les 6 volumes en ma possession temporaire avec les 4 de La Prophétie, et je remarque d'abord l'absence de l'étiquette indiquant la cote sur le 4e album (celui imprimé par un autre éditeur), dessinant un motif 3-1-6 qui m'évoque aussitôt le nombre 613 des préceptes de la Tora, relié par les commentateurs aux 620 lettres du Décalogue en hébreu.
  Les lettres des tranches des 6 autres albums forment ALOGUE, ce qui m'a aussitôt évoqué Le Mont AN-ALOGUE de Daumal, auquel la conjonction des symboles de l'Anneau et du Pentacle m'avait déjà fait penser, pour l'Histoire des hommes-creux et de La Rose-amère qui y est contée au chapitre 3. Il y est question des jumeaux Mo et Ho que rien ne distingue l'un de l'autre, sinon les colliers qu'on leur a mis lors de leur baptême, portant une croix et un anneau. Mo vient à mourir en allant chercher la Rose-amère en montagne, et Ho récupère son collier pour devenir Moho, réunissant les symboles de l'anneau et de la croix.
  Il m'avait paru que Daumal avait pensé au latin homo, "homme" en latin, et je suis encore plus certain que la prophétesse conjoignant l'Anneau et l'Etoile n'est pas par inadvertance isha, "femme" en hébreu.
  Il y a plusieurs ascensions de montagnes escarpées parmi les multiples obstacles rencontrés par Lowen durant sa quête.

DEC - ALOGUE
AN   - ALOGUE
  Je suis éberlué de voir les syllabes absentes pouvoir former le mot DECAN. Ma découverte du motif 4-1 dans la vie de Jung, le 8e jour du 9e mois de l'an 08, a été suivie quelques jours plus tard de la lecture du 5e et dernier album de la série Quintett de Giroud, avec plusieurs coïncidences :
- une réelle différence de structure avec les 4 premiers albums, de 64 pages (4 cahiers de 16 pages), tandis que La chute en a 80 (5 cahiers de 16 pages).
- les initiales des 5 membres du Quintett, DAENC, peuvent être homologuées aux notes en quinte CGDAE.
- le leader du Quintett, le psychiatre Charles, présente divers points communs avec Jung.

  Quintett a pu être publié de 2005 à 2007 grâce à l'idée de Giroud de recourir à un graphiste différent par album, comme pour Le Décalogue, avec ici une parfaite adéquation car les 4 premiers albums relatent les mêmes événements, chacun selon la perspective subjective d'un des membres du Quintett.
  Un seul graphiste a participé aux deux projetsPaul Gillon qui a dessiné l'album VII du Décalogue, celui de l'édition par l'imprimeur Alban Jouvel du livre Nahik d'Alan D., et le second de Quintett, Histoire d'Alban Méric (tiens un autre Alban, par ailleurs homo).
  J'avais repéré que les deux états du Quintett, DAEN et DAENC, pouvaient former les mots DEAN et DECAN, tous deux issus du latin decanus, "dixième". Une autre piste, partie de Léviathan de Boris Akounine, autre histoire à 5 voix et construction quinaire, m'a conduit à une série de BD de Paul Gillon en 3 albums, Les Léviathans, avec pour héros Olivier Décan !
  La série a connu comme La Prophétie des Deux Mondes des déboires éditoriaux. D'abord commandé par une revue ayant fait faillite, le premier album est paru aux Humanos en 1982, s'achevant sur la mort de Décan, lequel ressuscite pour une seconde aventure en 1990. Un dernier album paraît en 2000 chez un autre éditeur.
  Un hasard m'avait conduit peu après l'étude ce ces Léviathans à découvrir la couverture d'un livre ésotérique d'Anton LaVey (mode d'emploi ?) avec en couverture un pentacle dans un anneau; aux 5 pointes du pentacle sont associées les lettres לויתן, "Léviathan".
  Monde de mon démon...

  Quelques petites choses encore. A propos de l'absence du 4e album de la série La Prophétie, découverte 5 ans après l'achèvement de ma lecture de Quintett, je remarque que c'est le 4e album de cette série, Histoire de Nafsika Vasli, qui demande une astuce pour passer de l'initiale N à G permettant d'obtenir la série des quintes GDAE (correspondant je le rappelle à l'accord du violon d'Alban Méric).

  C'est donc le slovaque kniha, "livre", qui m'a conduit à revenir au Décalogue de Giroud, et à découvrir la Prophétie de Lenoir.
  J'ai découvert, je crois grâce à une édition en slovaque d'un autre texte satanique, le Livre 813 de Crowley, que "Dieu" se disait en slovaque Boh, donnant au datif Bohu, correspondant à l'hébreu bohu signifiant "vide"; la traduction classique de l'expression tohu wa bohu est "informe et vide".
  Ceci fournit une équivalence bilingue à une anagramme classique en vieux français :
DIEV = VIDE
  La page dont j'extrais cette image me rappelle La maison vide, aventure de Sherlock Holmes que j'avais utilisée dans mon projet Novel Roman, où le personnage du colonel Moran était devenu "Vonel Moran".
  La relation entre DIEU et VIDE était évoquée il y a 15 jours dans l'émission Les Racines du Ciel de Frédéric Lenoir, consacrée à Krishnamurti.
  Incidemment Krishnamurti signifie "aspect de Krishna, et le nom de ce dieu hindou signifie "noir"...

11.11.13

From Suria with love


  Je prévoyais de consacrer une part du billet Norwegian Gud à l'anagramme URIAS-ARISU. Arisu a fait coïncidence pour moi lorsque ce nom est apparu dans la réédition en 2010 de la BD Demi-tour, collaboration en 1996 de Benoît Peeters et Frédéric Boilet. Une particularité de l'album était l'apparition de Jean-Pierre Le Goff (JPLG), à plusieurs reprises évoqué sur mes pages pour les aventures partagées ensemble.
  Le Goff avait contacté Boilet à propos de son album Le rayon vert, et Boilet l'a fait apparaître dans son projet suivant, de façon quelque peu exagérée, sinon caricaturale :
  Je donnais plus de détails ici, sans explication d'une bizarrerie de la seconde édition, pratiquement identique à la première à l'exception des japonisations des noms de deux personnages. Miryam est devenue Misato, et Le Goff se nomme désormais Arisu, son double prénom restant inchangé :
  Une première curiosité est que Arisu est la forme japonaise du prénom Alice, peut-être choisie pour le Pays des Merveilles, en tout cas pas à cause de l'unique enfant de Jean-Pierre, Alice, dont Boilet ignorait l'existence. Par ailleurs ari est en japonais la "fourmi", l'un des grands intérêts de JPLG auteur de L'écriture des fourmis.

  Dans le roman de Jo Nesbø, Urias est le nom d'un soldat russe, ou plutôt son prénom, tué par un volontaire norvégien, Daniel Gudeson, qui adopte ensuite ce nom Urias. Après la mort de Daniel, son ami Gudbrand Johansen emprunte à son tour le nom Urias, que Nesbø n'indique pas, peut-être parce qu'il l'ignore, avoir le même sens que Gudbrand, "feu (ou lumière) de Dieu". Puis plus de 50 ans après la fin de la guerre Urias revient venger les volontaires considérés comme traîtres.
  Urias est le seul nom "russe" du roman, et il m'est apparu que Nesbø avait pu choisir ce nom en pensant à Russia, Russie anglaise, sinon à Rusia, Russie dans diverses langues (espagnol, indonésien, malais...) Ainsi Urias aurait pu personnifier à lui seul la Rusia, ce qui expliquerait l'importance de sa mort pour les volontaires norvégiens, et leur appropriation de ce nom.
  J'ai aussi pensé à une forme ursia, qui pourrait dans une langue quelconque désigner l'animal totem de la Russie. Je n'ai pas trouvé le nom dans cette acception, sinon dans un jeu de rôles où c'est le nom d'une province d'Archaea, dont le symbole est éloquent. Le nom d'une autre province est Riga, homonyme de la ville de naissance du père de Xul Solar, Elmo Schulz, et de mon personnage Tom Lapnus, calqué sur un autre Schulz. Le site offre une carte d'Archaea, avec au sud-ouest Ursia, capitale Ursa.

  Sachant que surya est le "soleil" en sanskrit, je me suis demandé s'il en existait une forme suria dans une langue quelconque, et c'est le cas en malais, où l'alphabet latin a été adopté.
  Une recherche "suria" m'a appris que Suria KLCC (Kuala Lumpur City Centre) était le plus important centre commercial de Malaisie, abritant 400 magasins juste sous les tours Petronas qui ont été un temps les plus hautes du monde.
  Ce trust Suria a pour logo un symbole solaire qui peut évoquer la roue solaire, symbole des fascistes norvégiens, et encore plus le soleil noir de Wewelsburg, mosaïque au centre de la grande salle de la tour Nord (mais ce soleil a 12 rayons, contre 11 pour le logo malais).
  Une autre province d'Archaea, Etthar, a pour symbole un soleil flamboyant (avec 13 rayons).

  L'apparition du mot Petronas m'évoque l'intérêt commun que JPLG et moi avions pour le carré Sator, uniquement composé des 8 lettres AEONPRST, dont nous avions tous deux envisagé des approches numériques. La sienne a été décrite ici, la mienne passait par la comparaison avec le carré Iuras, disposition en carré des 25 lettres du titulus de la crucifixion, Iesus Nazarenus Rex Iud(a)eorum, telle que chacun des 12 alignements de 5 lettres avait la valeur 65 selon les rangs de l'alphabet latin, de même qu'un carré magique classique d'ordre 5.
  Le programme que j'avais conçu avait trouvé 111 solutions, parmi lesquelles se démarquait ce que j'ai appelé le carré Iuras, riche d'harmonies supplémentaires et faisant apparaître un mot latin, iuras ("tu promets"). Lorsque j'ai découvert JPLG en ARISU, anagramme de IURAS, je me suis demandé si cette forme apparaissait parmi les solutions, et elle apparaît effectivement, une unique fois, dans la ligne centrale de ce carré.
  Suria apparaît également une unique fois, dans la seconde colonne de ce carré, à rebours.
  Pour le rapprochement avec le carré Sator, ce billet décrivait la remarquable propriété des lettres  AEONPRST de former le mot PENSATOR, lequel bissé en boustrophédon permet de composer un autre carré magique numérique dont je n'ai trouvé d'équivalent ni en français ni en anglais.
  Une autre anagramme de PENSATOR-PETRONAS pourrait être PORTEÑAS, les habitantes de Buenos Aires telle la princesse de Faucigny-Lucinge chez qui Borges a situé la première irruption du monde fantastique (mais en espagnol Ñ est une lettre à part entière).

  La relecture des billets consacrés à JPLG m'a remémoré quelque chose que j'avais oublié lorsque j'ai été amené à parler d'Uqbar qui aurait donc été Ur pour Borges. J'avais daté ces 4 billets du 1/1/11 à 11:11, or ce 1/1/11 a été livrée la dernière grille de mots croisés en ligne du Monde, avec UR défini non comme "Patrie d'Abraham" mais comme "Demi-tour", le titre même de l'album où apparaît Arisu-Urias :
  J'y remarque maintenant le mot IGNE en V-1.

  Demi-tour était basé sur deux réels hôtels se faisant face à Dijon près de la gare SNCF, Terminus (depuis devenu Kyriad) et Climat, dont les noms avaient en leurs centres MI et IM, Boilet-Peeters ayant imaginé une intrigue entre deux occupants, JoachIM et MIryam/MIsato, sous le regard perplexe de Le Goff/Arisu, qui a fait connaissance avec Joachim dans le train (avant cette vignette inférieure occupant toute la largeur de la page, l'album suivait sur une colonne le parcours de Joachim et sur l'autre celui de Miryam).
   Je n'ai pas pensé à ces hôtels lorsque je suis revenu récemment sur Une troublante identité, de Rosamond Smith (r.sMIth), pour des homonymies avec les personnages de Pandore et l'ouvre-boîte : Moreau, Grunwald, Virgil. Le roman débute par l'arrivée de Tristram Heade à Philadelphie par le train; une brusque intuition le conduit, une fois arrivé devant l'hôtel Sussex où il a ses habitudes, à demander au taxi de le déposer à l'hôtel Moreau de l'autre côté de Rittenhouse Square, où on semble le connaître sous un autre nom, Angus Markham.

  Il y a beaucoup d'échos avec JPLG, à commencer par le nom de l'auteur, Smith signifiant "forgeron" comme Goff (ce n'est pas un pseudo car Joyce Carol Oates est mariée à Raymond Smith).

  Virgil : nous nous sommes connus en 2001 parce que lui avait remarqué mon polar "virgilien", tandis que de mon côté je m'étais émerveillé de son Cachet de la poste.

  Moreau : une performance réalisée ensemble a été d'aller à Thoard; lors du retour JP a remarqué une pancarte NOMBRE D'OR quelques minutes après que nous en eûmes discuté. Il s'agissait du nom donné à une maison construite par Nathaël Moreau, et une recherche "nombre d'or" "Moreau" nous fit aller à Thoiry, dont le château aurait été construit selon la divine proportion par Philibert de l'Orme pour Raoul Moreau. J'ai relaté ceci sur la page E = AMOUR.

  Tristram : JPLG est né à Port-Rhû, en face de l'île Tristan. La coïncidence la plus ébouriffante de Pandore était probablement la localisation de Virgile Grünenwald, l'académicien qui n'a écrit aucun de ses livres, dans l'immeuble voisin du 7 rue Simon-le-Franc, alors que le réel oulipien Bénabou auteur de Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres habitait au 5, or dans le film Tristan, ce personnage amateur de littérature habite au 9 rue Arthur-Rozier, là même où venait de déménager JPLG.
  - Une autre coïncidence touchait son adresse lorsque je l'ai connu, 97 rue Jouffroy. Lorsque j'ai reçu son premier courrier donnant cette adresse, je me suis souvenu avoir remarqué dans cette rue une plaque commémorant la naissance du musicologue Jacques Chailley (illisible sur cette vue Google), et j'ai demandé à JP si par hasard il n'habitait pas l'immeuble concerné : c'était bien celui-là. Chailley avait écrit avec Jacques Viret Le symbolisme de la gamme, où ils développaient des considérations sur le carré Sator qui m'avaient amené à les contacter, et c'est grâce à eux que j'ai pu publier mon premier article "sérieux" (en 97!). Jacques Chailley a écrit un livre sur le Tristan und Isolde de Wagner.
  - Port-Rhû signifie "port rouge", "rouge" pouvant s'écrire aussi ru en breton, soit "demi-tour" avec un demi-tour....
  - Ces coïncidences d'adresses concernant "vert" et "rouge" évoquent aussitôt un des thèmes de prédilection de JPLG, le "vert" du pseudo-écrivain Grünenwald étant à lui seul suffisant, LPLG ayant publié le petit  livre Du crayon vert.

  Heade : c'est un peu plus complexe et il va me falloir rassembler divers éléments. Head me concerne d'abord au premier chef, car j'admire profondément le jeu de Queen dans Face to face sur les notes à lire entre les lignes, soit les notes en tierce FACE dans la notation anglaise. J'ai associé ceci à la séquence en quarte HEAD dans le thème à la dominante de la première fugue du Clavier bien tempéré :
  C'est selon la notation allemande qu'apparaît  head, "tête" anglaise, devenant selon la notation anglaise bead, "perle" (de verre). La perle était un autre thème essentiel de JPLG, mais pas la musique, si bien qu'il ne m'a pas suivi sur ce terrain.
  Ce thème de la Fugue I a 14 notes, et il apparaît à 24 reprises (parfois tronqué) dans la pièce, ces deux nombres signifiant pour divers exégètes que BACH = 14 est le maître des 24 tonalités. Il est ainsi curieux que Chailley ait publié en 72 un livre sur L'Art de la Fugue, où il prétendait restituer le plan original de l'oeuvre en 24 fugues. De nouveaux éléments ont permis ensuite d'assurer que ces fugues étaient au nombre de 14.

  Pearl désigne plus spécifiquement en anglais la perle de nacre. L'évocation dans le précédent billet de Nathaniel Hawthorne m'a fait penser à Pearl, l'enfant illégitime de La lettre écarlate. C'est sans rapport avec les ur, lux, Licht ("lumière" en hébreu, latin, allemand) des billets récents que j'ai appris l'existence du film Lumière, sur un mouvement un tantinet newageux prétendant que l'homme peut ne se nourrir que de lumière, mais ces échos m'ont conduit à le regarder aussitôt.
  Je suis depuis longtemps fasciné par les cas d'inédie de Marthe Robin et Theres Neumann qui ne se sont alimentées durant des dizaines d'années que d'une hostie hebdomadaire, et c'est loin d'être le phénomène le plus extraordinaire de leurs vies. Le mécréant que je suis déplorait que ces cas les mieux documentés soient ceux de mystiques chrétiennes, et je suis tout prêt à accueillir favorablement d'autres témoignages, notamment celui du psy jungien Willy Barral, qui après s'être guéri d'une SEP n'aurait plus mangé pendant les 18 derniers mois de sa vie.
  Je reviendrai sur ce phénomène de l'inédie, l'écho le plus immédiat du film avec mes préoccupations récentes étant le témoignage de Robert Jahn, doyen de Princeton, en faveur d'un "nouveau paradigme" appuyé par les travaux du PEAR ou PEARLPrinceton Engineering Anomalies Research Lab, notamment la fameuse expérience montrant l'interaction de la conscience avec un générateur aléatoire.
  J'avais parlé à JPLG de ces acronymes PEAR et PEARL, mais sans connaître alors ni la récente découverte de Kerbellec sur les poires d'hiver dans Locus Solus, le domaine de Martial Canterel imaginé par Raymond Roussel, ni la passion pour les poires d'hiver de Martial Moreau, le nègre de Virgile Grünenwald.

  La consultation de la page suria du wiktionnaire m'a appris qu'un autre mot malais pour "soleil" était matahari. Je savais que le nom Mata-Hari signifiait quelque chose comme "soleil levant", mais je n'avais pas cherché à approfondir. J'apprends ici que la signification littérale est "oeil du ciel", ce qui me rappelle les "yeux de Dieu", Soleil et Lune.
  Et bien sûr Jeanne Moreau a incarné Mata-Hari agent secret H21 dans le film de JL Richard et F Truffaut, seconde manifestation en 1964 du tic 813 de Truffaut.
  Hélas la plupart des illustrations de ce billet, issues de Blogruz, ont disparu, et la nouvelle interface m'interdit de les réinsérer dans le billet original; on en trouvera ici, et revoici une image de l'ouverture du coffre de combinaison 381 813 par M-H (13-8), combinaison figurant imprudemment sur la clé du coffre.
  381 et 138 sont les deux permutations circulaires de 813, et ceci m'évoque le type de prodige dont JPLG était capable. Inspiré un jour par ce fameux 813, il lui a suffi de pianoter quelques minutes sur sa calculatrice pour énoncer que toutes les permutations circulaires d'un nombre à 5 chiffres divisible par 813 étaient aussi divisibles par 813.
  Il est facile de le vérifier (et de le démontrer), mais je ne peux toujours comprendre comment JPLG arrivait intuitivement à de telles trouvailles. Toujours est-il que je me suis demandé très récemment quel était le plus petit multiple de 813 à 5 chiffres ne comportant pas de 0, avec donc 5 permutations circulaires effectives.
813 x 13 = 10569 ne convient pas.
813 x 14 = 11382 est donc le nombre cherché, avec des échos immédiats :
- 11382 est un "nombre bachien" selon Houten-Kasbergen, et mieux encore sa permutation 21138 (813 x 26) un nombre bachien ordonné, b-a-a-c-h dont ils ont relevé une occurrence dans la Sinfonia 9.
- la fugue 14 du CBT compte 813 notes (le point essentiel au départ de mes recherches bachiennes est le constat que les seuls ensembles Prélude-Fugue en rapport doré selon les mesures soient les deux ensembles 14 de chaque recueil du CBT).
- ceci m'est encore l'occasion de rappeler que Bach n'a à ma connaissance composé qu'une seule pièce à reprises en rapport 8/13, la gigue (en 32-52 mesures) d'une Suite Française qui a bien plus tard reçu le BWV 813...
- ... et que la gématrie du verset Gn 1,3 (Que la lumière soit !) est 813, et que le soleil grec est Ἥλιος de valeur 318, Soleil à 3° 18' sur le thème de naissance de Jung.

  L'ouverture du coffre 381 813 constitue le climax du film Mata-Hari, survenant à peu près à sa section d'or (soit vers les 8/13es). Il est remarquable de trouver d'autres occurrences des citations 813 aux sections d'or des films de Truffaut, notamment dans La mariée était en noir (1967), seul autre rôle truffaldien de Jeanne Moreau, rôle "noir" qui lui était tout naturellement dévolu puisque c'est la signification de moreau, et c'est pour cette raison que le nègre de Virgile Grünenwald a été nommé Moreau.
  La citation 813 survient donc aussi vers les 8/13es du film, avec un vol 813 qui doit mener Jeanne Moreau à la 4e de ses 5 victimes programmées, alors qu'elle vient de barrer le 3e nom de sa liste. Je remarquais alors le doublé fibonaccien 3/5 et 8/13, mais je ne connaissais pas alors le plan original de Philadelphie 8 x 21 blocs découpés en 3-5-8-13 par la place "centrale".
  J'ai eu la curiosité de googler "the bride wore black"  philadelphia : 1 200 000 réponses... Les premières concernent surtout la seconde publication du roman original dans le supplément dominical du Philadelphia Inquirer, le 22 juin 1941 (le jour même de l'Opération Barbarossa, l'invasion de la Rusia). Je remarque que l'illustration montre les 4 victimes effectives du roman, où la vengeresse est arrêtée avant de commettre son dernier meurtre, tandis que Truffaut lui a permis d'aller jusqu'au bout de son programme quintessentiel.

  Il y a donc Jeanne Moreau, l'hôtel Moreau à Philadelphie, Nathaël Moreau, Raoul Moreau, Martial Moreau. L'activité principale de cet amateur de poires était la confection des mots croisés quotidiens signés Grünenwald, et j'avais négligé un point commun entre les deux "romans", sous-titre commun à Pandore et l'ouvre-boîte  et La Vie mode d'emploi : les deux textes contiennent une grille de mots croisés, complète dans le premier, inachevée dans le second, donnée pour être en cours de résolution par deux habitantes du 11 rue Simon-Crubellier, l'infirmière de Madame Moreau chapitre 23, Madame Altamont chapitre 25.
  En explorant la filmographie de Jeanne Moreau, je découvre que le premier film dont elle a été la réalisatrice fut Lumière (1976). La première affiche trouvée sur GoogleImages donne aussi le titre allemand Licht.

  Jeanne Moreau a encore donné sa voix à un personnage du film d'animation Kérity La Maison des Contes (2009) dont le personnage principal est le petit Natanaël qui doit surmonter ses problèmes de lecture pour prononcer la phrase magique
Ce n'est pas parce que c'est inventé que ça n'existe pas.
permettant à ses amis de continuer à vivre.

  Depuis ma découverte de 813 dans Mata-Hari j'ai appris de nouveaux éléments qui me conduisent à considérer le contrepet maha-tari :
- maha c'est "grand" en sanskrit, où le renversement aham signifie "Je" (le Grand Je de Nathaniel Daumal); hama est encore le "soleil" hébreu.
- les lettres TARI sont entrées ici dans un jeu magique impossible à résumer.

  Dans Jeanne comme dans Jean, à l'origine Yahohanan ("grâce de YHWH"), "Je" équivaut au Tétragramme divin.

  Je me suis demandé si suria signifiait aussi "soleil" en indonésien, proche du malais. Il ne semble rien en être, mais Suria y est la Syrie, comme dans de nombreuses autres langues, dont certaines où Rusia est la Russie. Une recherche "suria" "syria" m'a mené au site suria-net qui aurait peut-être besoin d'être réactualisé :
www.suria-net.com/‎
Syria is probably the most peaceful and friendly country in the Middle East. Where there is no civil war or bombing, no terrorist attacks or kidnapping. 
soit : Le plus paisible et amical pays du Moyen-Orient est probablement la Syrie, où il n'y a ni guerre civile ni attentats.

   En hébreu aussi Syrie (סוריה) est l'anagramme de Russie (רוסיה). La récente initiative russe sur la destruction de l'arsenal chimique syrien a conduit les partisans du code biblique à trouver cette grille, où "Syrie" apparaît en diagonale, "Russie" à la verticale, en compagnie d'autres mots significatifs selon le rabbin Glazerson.