18.5.13

à point nommé

A Maxim Dufrax

  Arsène Lupin fut pour moi une charnière, lorsque en 1996 je découvris dans la geste lupinienne la récurrence de la valeur de son nom, 134, soit sous cette forme explicite,  soit en tant que valeur de cryptogramme, notamment le premier cryptogramme proposé,
THIBER-MESNIL = 62-72, correspondant exactement à ARSENE-LUPIN = 62-72.
  Les aventures de Lupin ont enchanté ma jeunesse, et je les ai régulièrement relues ensuite. J'ai lu aussi Perec très tôt, dès son premier roman en 1965, conseillé par mon prof de français en 1e. Jérôme et Sylvie des Choses se voyaient comme de nouveaux Arsène Lupin, et d'autres références lupiniennes émaillent l'oeuvre de Perec, comme l'architecte Lubin Auzère du 11 rue Simon-Crubellier, nom proche de Lupin Arsène et qui a même valeur 134.
  Le seul emploi explicité de la gématrie dans l'oeuvre de Perec apparaît curieusement dans le dernier jeu proposé à la revue Ça m'intéresse, paru en avril 82, le mois suivant sa mort :

TROUVEZ L'INTRUS
La clé de ce difficile problème est le nombre 66
A V O U E
R O G U E
S A U T E
N O M E S
L O P I N

  C'est moi qui ai donné aux mots un autre ordre que l'original, alphabétique, et mis en évidence ARSN LOPIN (Leblanc a déclaré que le nom de son héros lui serait venu d'un conseiller municipal nommé Arsène Lopin).
  La solution est que tous les mots ont pour valeur 66, sauf AVOUE = 64.

  Je découvris aussi la richesse numérique du sonnet Vocalisations, pièce maîtresse dans La disparition de Perec, dont les 112 mots pouvaient correspondre au 11 février, date clé de 1943 où plusieurs membres de sa famille partirent pour Auschwitz; le roman sans E, sans "eux", traduit cette absence.
  J'ai longuement décrit ailleurs les merveilles de ces 4 strophes, 14 vers et 112 mots qui totalisent la gématrie
6272 = 4 x 14 x 112,
nombre qui m'avait aussitôt évoqué le 62-72 d'ARSENE-LUPIN, qui aurait figuré honorablement dans cette célébration de "l'E blanc" (et qui y figure par ailleurs chapitre 7 : "On dirait du Lupin").
  Alors que dans un premier temps je n'avais pas douté de l'intentionnalité des combinaisons découvertes tant chez Leblanc que chez Perec, un approfondissement m'apporta la preuve que les harmonies de Vocalisations n'étaient pas voulues par Perec, ce qui rejoignait mes conclusions sur d'autres dossiers, et jetait la suspicion sur toute possibilité de jeu non explicite chez tout auteur (et même une revendication explicite ne prouve rien, car j'ai maintes fois expérimenté dans ma propre écriture l'apparition spontanée de jeux ensuite exploités).

  Si je suis certain que ces combinaisons ne peuvent toutes être fortuites, je me sens tout à fait incapable de donner une théorisation du phénomène, et ne reconnais pas ma propre expérience dans les diverses théories tentant d'en rendre compte, comme la synchronicité de mon cher Jung.
  J'ai déjà dit et redit tout ça, et signalé l'approche non rationaliste de Hans Bellmer à laquelle j'adhère totalement. J'ai aussi déjà dit que mon obsession de Vocalisations m'a conduit à coder le sonnet en 1999 dans mon roman Sous les pans du bizarre, puis à en réaliser une première anagramme en 2006, telle que chaque vers comptait 8 mots et la gématrie 448.
  Et puis il y a eu, à l'aube du 8 septembre 08, l'étrange intuition que les 4/5es de la vie de Jung tombaient le 4/4/44, et la découverte du nombre unitaire de ce motif, 6272 jours, qui m'a aussitôt rappelé le sonnet de Perec.
  Il m'a cependant fallu plus d'un an pour pleinement évaluer la portée de la coïncidence, car 3 anagrammes du sonnet avaient été publiées en ligne en avril 2001, ainsi j'avais donné un 5e arrangement des lettres de valeur 6272, alors que je devais découvrir 2 ans plus tard le schéma des 4+1 fois 6272 jours.
  Mon culte lupinien m'avait aussi conduit à baptiser d'une anagramme un personnage essentiel des Pans du bizarre, Irène Lapnus. Je devais découvrir ensuite que le partage correspondant 51-83 était le partage doré de 134, comme le partage en voyelles-consonnes des lettres ESARTULINO chères à Perec, les 10 lettres les plus fréquentes en français, ce qui correspond encore au découpage doré de l'alphabet en 10-16 lettres de valeurs 134-217. C'est encore Perec qui a conçu un livre entier autour de cette répartition, en 44x44 vers.
  Une autre anagramme conçue en 2001 pour ma nouvelle C'était avant l'horreur... était Inn Alpurèse, dont le partage 37-97 correspond à la répartition de 134 selon le carré du nombre d'or. J'avais ici volontairement choisi ce découpage, mais pour sa correspondance avec DIX MILLIARDS, magot de Lupin dans le dernier roman de Leblanc publié.
  En 2002 une autre nouvelle m'a conduit à imaginer Arsène Lupin intervenant dans la légende de Parsifal, vu selon Wagner comme "le pur fol";  après coup je me suis avisé qu'une autre anagramme était "le pur insane", correspondant idéalement à ce "pur fol".

  Rien de nouveau jusqu'ici, et j'abrège ce rappel des coïncidences lupiniennes pour en venir à du vraiment NEUF. Un projet non abouti m'a fait aussi envisager une projection thématique au Ciné-Broc (renversement de Corbénic, le château du Graal) des films Spirale Neun et Ten Utelcas. Le premier, "Spirale 9", était supposé avoir trait à une escadrille allemande pendant la guerre de 14, mais sa seule raison d'être était l'anagramme d'Arsène Lupin.
  La récurrence multiple de la spirale ces derniers temps m'a rappelé cette anagramme, et j'ai eu la curiosité de googler fin avril "Spirale neun". Il n'y avait que 18 résultats, dont plusieurs pages d'un automate générateur d'anagrammes en allemand, où j'ai repéré un Pleasure Inn auquel je n'avais pas pensé en créant mon Inn Alpurèse.
  Le principal résultat est une photo du mégasite Flickr qui héberge des millions de photos. C'est un certain Jeverwolf, alias de Kay-Uwe Wolf, qui a mis la photo sur le site le 9 octobre 07 et l'a baptisée "9".
  Je suis honteux de n'avoir pas immédiatement compris la raison de ce nom : le 9 peut être considéré comme un début de spirale, ce à quoi je n'avais pas pensé avec Spirale neun.
   Et pourtant... Lors de ma découverte d'une possibilité de schéma Fibonacci dans les 9 premiers romans de Queen, 9 romans aux titres de même forme totalisant 233 chapitres, j'ai émis l'hypothèse que Queen aurait pu donner une clé de lecture dans le roman suivant, une novelette plutôt, cas unique pour les aventures d'Ellery.
  Ce texte a d'abord été publié en octobre 1935, quelques mois après le 9e et dernier Mystery (The Spanish Cape Mystery), sous le titre House of Haunts. Il est reparu en 1940 sous le titre The Lamp of God, dans le recueil The New Adventures of Ellery Queen.
  Le recueil est devenu en français Le dragon creux (1947), traduit par Alain Glatigny (aussi traducteur de Cristal qui songe), avec pour titre de la novelette Le char de Phaéton, qui a connu une récente édition Librio (1994).
  Ellery se trouve entraîné par un ami avocat dans une campagne isolée, où il arrive le soir à la Maison Blanche, à côté de laquelle se dresse la Maison Noire où vient de mourir un vieil original, maison qu'Ellery et l'avocat visitent avant de passer la nuit à la Maison Blanche. Au réveil le lendemain, ils constatent que la Maison Noire a disparu !
  Ellery finit par expliquer cette fantasmagorie. Il existait deux Maisons Blanches jumelles, jadis construites pour deux jumeaux, et une seule Maison Noire a ensuite été bâtie. Ellery et l'avocat ont été drogués et transportés d'une maison à l'autre pendant leur sommeil. La route voisine des deux sites décrit une boucle, un "neuf" est-il dit explicitement, avec deux embranchements menant aux maisons jumelles, ce qui a permis de tromper Ellery et l'avocat supposés prendre le premier embranchement à leur retour.
  L'histoire du "neuf" m'a semblé tout à fait superflue, et je me suis demandé si Queen n'avait pas indiqué ici un mode de lecture spiralé de ses 9 premiers romans. J'y reviendrai, mais la curiosité essentielle me semble être que le sujet de la novelette est très proche d'une aventure d'Arsène Lupin, La demeure mystérieuse 1928, où une formidable énigme repose aussi sur l'existence de deux maisons jumelles.
  J'ai choisi ci-dessus la couverture de l'édition de 1933 dans la collection Le point d'interrogation, déjà choisie en première illustration, pour la ressemblance entre ? et 9.
  Cette ressemblance était encore plus nette au temps de Dürer.

  Que Queen se soit inspiré ou non de La demeure mystérieuse est ici secondaire, car je n'imagine guère que sa route en 9 soit une référence voulue à Spirale Neun.
  Quoique... Je suis en revanche tout à fait certain de l'intention anagrammatique pour le nom Ennis du suspect dans le dernier Queen publié, Un bel endroit privé (1971), roman surdéterminé par les 9. Ennis y est donc accusé par Ellery d'avoir tué l'obsédé des 9 (nines), Nino Importuna né le 9/9/99 (1899).
  Ceci m'est l'occasion de rappeler que ma découverte du schéma dans la vie de Jung est étroitement associée à la mort de l'actrice Ruth Roman le 9/9/99 (1999). C'est cette date qui m'a rappelé le 4/4/44 jungien.
  Ruth Roman est née Norma Roman... Dans son roman Le quatrième côté du triangle (1965), Queen anagrammatise explicitement les noms Hurt et Ramon en Ruth et Norma.
  Dans Le roi est mort (1952), Ellery a baptisé Arsène Lupin le pigeon le plus vorace de son bloc de la 87e rue ouest.
  Je reviens sur la photo qui m'a aidé à comprendre que Spirale neun était un quasi-pléonasme, photo qui aurait pu être prise par n'importe qui, mais qui le fut par un Wolf, un "loup", un lupin...
  La photo aurait échappé à ma recherche si Wolf n'avait pas disposé les tags (mots-clés) identifiant sa photo selon un ordre précis :
Architektur architecture spiral loop helix Spirale Neun Nine 9
  Je passe sur les tags suivants, confirmant que Wolf a presque toujours commencé par donner un mot-clé et ses synonymes en allemand, puis ses équivalents en anglais. L'unique exception est pour la spirale.
  La photo "9" fait aussi partie d'un album thématique de Flickr, CircularStairs, où je remarque particulièrement une autre photo, prise par un autre loup, wie-wolf.
  J'ai inversé la photo pour en faire un autre 9. Elle a été prise à l'université très récente de Cottbus, tandis que la photo "9" de Jeverwolf venait de l'université de Chemnitz, à environ 150 km de Cottbus.

  J'ai cherché ce que j'avais dans la collection Le point d'interrogation, créée en 1932 par Pierre Lafitte, lequel avait lancé Arsène Lupin en 1905 dans Je Sais Tout, puis reprise par Hachette (qui chapeautait en fait déjà Lafitte en 1932).
  Je n'ai pas cette Marque du loup, mais j'ai l'un des premiers numéros (5) de 1932, Eve Sernin, détective, de Hervé de Peslouan, la première nouveauté, les 4 premiers opus étant des rééditions de Leblanc et Leroux.
  Je n'ai pas grand-chose à dire ici de ce roman, me bornant à remarquer que le nom de cette garçonne est proche de Paul Sernine anagramme d'Arsène Lupin dans "813", premier numéro de la collection. Leblanc imaginera en 1939 Paule Sinner dans Les milliards d'Arsène Lupin.
  Curiosité : mon exemplaire a appartenu à Marie-Louise Gabillon, 11 bd Chanzy, Le Blanc (Indre).

  J'ai aussi On ne tue pas pour s'amuser, de Jean Marcillac (1959), dont cette couverture sur Flickr m'évite d'avoir à scanner mon exemplaire.
  Ce roman a fait coïncidence en mai 2007, car je l'ai découvert alors juste après avoir fait la connaissance d'Etienne Cornevin, écrivain-éditeur pataphysicien, Céphalophore entêté, ami de JP Le Goff souvent cité ici, or le roman débute par l'explosion d'une bombe au métro Chevaleret, qui détruit l'escalier à double révolution de la station aérienne, et fait une victime, la poinçonneuse, Mme Cornevin. De plus le principal suspect est un réfugié hongrois, Ystvan, équivalent vernaculaire d'Etienne.
  Reprenant le livre, j'y découvre que ce premier attentat est daté du 2 avril, d'une année qui n'est pas précisée, mais tout porte à croire que l'auteur pensait à l'année en cours 1959. D'une part l'enquête évoque un fait passé survenu en 1957, d'autre part Ystvan superstitieux a tenu à se faire livrer 7 bombes le vendredi 13 mars, et cette date est effective en 1959.
  Le criminel a prévu un attentat par jour, et je me suis intéressé à celui du 4 avril. Je rappelle que j'ai vu une phénoménale série de coïncidences entre le roman de Raoul de Warren L'insolite aventure de Marina Sloty et la nouvelle de Philippe Claudel Tania Vläsi, pouvant se résumer ainsi :
L'héroïne au nom slave associé au nombre 5691 perd sa virginité le 4 avril 1959.
  Il y a aussi des slaves dans cette histoire se passant la première semaine d'avril 1959, mais la virginité du personnage féminin principal semble alors appartenir au passé. En février, Edouard a rencontré par hasard son ancien condisciple Ystvan au métro Chevaleret, et a été ébloui par sa compagne, Mado. Ils ont été dîner ensemble, puis sont allés au cinéma, où Edouard et Mado se sont installés à des places voisines et se sont effleurés dans le noir...
  La relation de Mado avec Ystvan est précaire, il est violent avec elle et semble impliqué dans des attentats pour la cause hongroise. Edouard la persuade de quitter Ystvan et de venir partager sa vie. Deux mois plus tard la série d'attentats semble indiquer que le Hongrois a oublié sa cause pour se venger du couple : le 2 c'est le métro où ils se sont rencontrés, le 3 le restaurant où ils ont dîné, le 4 le cinéma Western où ils ont connu leur premier émoi... C'est l'attentat le plus meurtrier de la série avec 9 morts et 11 blessés.
  L'affaire se complique avec la bombe du 5 avril, déposée au jardin du Luxembourg où ils ont eu leur premier rendez-vous, près de l'arbre où ils ont entrelacés leurs initiales, E et M, mais Ystvan n'a pu assister à ce rendez-vous. Je me suis essayé à l'exercice ci-dessus avec un E blanc en hommage à Maurice et un M orange en hommage à Daniel Marmié, qui vient de disparaître.
  La solution de l'énigme est plutôt insignifiante, et tout ce que j'ai envie d'ajouter est que l'enquêteur du roman est le commissaire Daumale.

  Wikipédia m'a appris que le roman avait obtenu le Prix du Quai des Orfèvres 1959, et que Jean Marcillac avait choisi son pseudo en souvenir d'un petit village de l'Aveyron. Il se trouve que j'ai passé une semaine dans ce village à l'été 1972, sans avoir été marqué par le site, et j'ai été sur GoogleEarth tenter de ranimer quelques souvenirs, sans grand résultat.
  J'ai profité d'être sur GoogleEarth pour voir si les photos satellite de ma région avaient été actualisées, et c'était le cas, avec des photos de septembre 2012. Ainsi le rond-point spiralé conçu par mon gendre entre Digne et Aiglun est désormais visible :
  Je rappelle que ma pleine appréciation de la coïncidence de mon anagramme du sonnet de Perec m'est apparue en novembre 2009, avec un apex lors de ma visite à ce rond-point et la découverte à proximité de la résidence des dames Jung à un numéro 1480, nombre au centre doré de la gématrie 6272 du sonnet, et au centre de la pierre de Bollingen ciselée par Jung en commémoration de sa guérison de 44, valeur de Telesphoros dieu de la convalescence.

  J'ai regardé assez souvent si de nouvelles photos satellite étaient proposées, sans grand espoir proche car l'an dernier ont été offertes des photos de septembre 2009, juste avant les travaux du rond-point, et les photos précédentes étaient de 2004.
  Mais voilà que via Etienne Cornevin et Jean Marcillac je découvre enfin ce rond-point vu du ciel. Ceci serait anecdotique s'il n'était survenu une curiosité quelques heures plus tard. En consultant ma boîte aux lettres, j'y trouvai un message d'Etienne Cornevin :
  Il signalait à ses correspondants qu'il exposerait prochainement ses livres au Rond-Point des Champs-Elyséees !
 Le message précédent conservé venait de l'informaticien Jean-Luc Piédanna, qui avait recherché dans un dictionnaire étendu toutes les grilles "corner" 9x9. Je suis intéressé par tous les carrés de lettres, et une légère coïncidence concerne ces carrés 9x9, car un autre informaticien de la liste, Nicolas Graner, avait publié les deux seuls carrés 9x9 obtenus avec l'ODS5 dans Formules n° 9, juste après mon SONÈ, et son "tari Eden" source d'un fabuleux écho conté ici.
  Il m'est arrivé à quelques reprises d'assister aux Jeudis de l'Oulipo à la TGB. A chaque fois, après le repas avec quelques oulipotes, j'ai accompagné Gef et Nicolas à la station Chevaleret.

  9x9 : je prends conscience que les lettres communes aux prénom et nom ETIENNE CORNEVIN sont NINE, "neuf" ! Son message a été posté à 20:09, m'évoquant 2009 année du rond-point de Seb, et il m'a aussi fait prendre conscience de la date, le 13/5/13.
  J'ai évoqué à diverses reprises le couple 5-13, notamment le 4 avril dernier pour l'hypertrope 18 de Braffort, où la structure 5-13-18 intentionnelle se superpose à un 30-78-108 (6 fois 5-13-18) fortuit. Ceci m'est significatif au plus haut point car ma première approche du couple 5-13 est venue de l'escalier de la Dive, décrit au chapitre 35 du Cinquiesme livre.
  Ses 108 marches sont liées explicitement à des modèles symboliques, la Tétrade pythagorique (1-2-3-4), et la Psycogonie de Platon (1-2-4-8 = 15 et 3-9-27 = 39). L'arrêt de Panurge à la 78e marche m'a fait me demander si Rabelais n'avait pas eu en tête un modèle unissant ce lambda platonicien (15/39 = 5/13) et la double Tétrade de Pythagore (10/26 = 5/13).
  La description de l'escalier se borne à donner ses 4 premières volées, de 1-2-3-4 marches, avec à chaque étape un tournant à gauche. La seule chose que je peux en déduire est que ceci ne s'accorde pas avec une cage carrée. Le modèle octogonal ci-contre me semble compatible avec les données de Rabelais, ce tour complet de 36 marches se répétant 3 fois.
  D'autres solutions sont probablement envisageables, mais le point essentiel ici est que le texte indique nettement que l'escalier est en spirale. Et c'est le rapport 5/13 de cet escalier qui m'a conduit à découvrir d'autres rapports 5/13 dans l'oeuvre de Rabelais.

  Une autre curiosité est associée à ce 13 mai. Le site Archivum donne les contenus de nombreux forums normalement réservés à leurs seuls adhérents. J'ai donc été y voir pour donner les liens vers les messages concernés, mais parmi les messages de mai seuls manquaient ceux du 13 !
  Si ces bizarreries de l'Internet me semblent impénétrables, du moins peut-on les cerner plus exactement, et les archives officielles de la liste (à laquelle il suffit de s'inscrire pour les consulter) montrent que seuls 4 messages ont été omis, les 2 messages qui encadraient celui d'Etienne, et 2 messages intermédiaires que je n'ai pas conservés, de Nicolas et de Gef, en compagnie desquels j'étais les seules fois où j'ai pris l'escalier à double révolution du métro Chevaleret, et la première fois je n'ai pas manqué de leur parler de la mort de la poinçonneuse Cornevin.
  Je remarque encore les amoureux du métro Chevaleret, Edouard et Mado, qui ont entremêlé leurs initiales correspondant aux lettres 5 et 13.

  Il est temps de revenir comme promis à ma "lecture spiralée" des chapitres des 9 premiers Queen. Je n'en suis pas fier, mais voici ce à quoi j'étais parvenu, avec deux arrangements dont le second est difficilement justifiable.
  J'avais donc considéré que le découpage du 4e en 2 Books de 21 et 13 chapitres autorisait une dissociation, et par contre je n'avais pas vu de partage harmonieux possible sans réunir les 3 derniers romans, soit :
  Ma première spirale partait de 21, passait à 38 et s'achevait sur 30, soit 89 chapitres, l'autre partait de 13 et totalisait 144 chapitres. Ceci me semble aujourd'hui naïf, mais à l'époque je ne pouvais imaginer une absence d'intentionnalité dans cette accumulation fibonaccienne, un roman sur un tableau de Léonard dont le partage en 21-13 chapitres est souligné par un acrostiche, et ce roman appartient à un ensemble bien délimité en 233 chapitres. Comment aurait-il pu manquer un schéma interne soulignant le partage 89-144 ?
  Depuis j'ai découvert d'autres architectures semblant dorées, telle celle du Clavier bien tempéré, qui malgré sa cohérence ne peut être intentionnelle, et a contrario j'ai appris qu'une oeuvre se réclamant explicitement du nombre d'or ne se basait que sur de piètres approximations : il suffit à Eisenstein que le climax de son Cuirassé Potemkine, le hissage du drapeau rouge, se situe à la fin de la 3e de ses 5 séquences...

  J'ai aussi cru déceler des pistes dans le roman suivant de Queen, Halfway House (1936), plus directement dans la continuité éditoriale des 9 Mysteries que la novelette The Lamp of God. Je m'étais émerveillé de ce qu'il se passe à Philadelphie, avec
Phi-LA-DEL-PHIA = φ-13-21-34
alors que j'ignorais le fabuleux plan initial de la ville, conçue comme un damier de 8x21 blocs partagés en 3-5-8-13 par la place "centrale".
  Aujourd'hui je constate une autre curiosité sur ces deux titres :
HALFWAY HOUSE = 144
LAMP OF GOD = 89
  S'il faut omettre le The du titre, c'est un mot trivial et le titre bibliographique est Lamp of God (The). Ce déterminatif peut être facultatif en anglais, ainsi Lamb of God est le nom d'un groupe, lequel subit parfois la chiquenaude rousselienne (billard -> pillard) :
  A ce sujet, je me permets d'émettre un profond doute sur la traduction de lamp of God en char de Phaéton. L'expression de Queen est tout à fait adaptée à son contexte, et non seulement le char de Phaéton perd cette adéquation, mais tout un chacun (ou presque) sait ce qu'est ce char alors que la lampe de Dieu est une énigme.
  A un autre niveau, il est curieux de voir apparaître Phaéton, absent du texte original, sachant que Phaéton a été incapable de maintenir le soleil dans son trajet circulaire habituel, alors que le stratagème de l'intrigue implique que le chauffeur d'une voiture (un char au Canada) dévie de sa trajectoire circulaire.
  Le Gématron dévoile une autre curiosité:
Le char de Phaéton = 135
alors que le rapport 13/5 et la date du 13/5 sont récurrents dans ce billet...

...que j'ai d'abord intitulé L'Arsène à spiraler, selon un motif 1-6-1-8. Puis l'arrivée du rond-point m'a fait penser à l'expression "à point nommé", et je me suis avisé que
à point nommé = 135
se découpant en 1+134 ou 1+74+60.
  Dans mon projet Novel roman j'avais nommé un gentleman-cambrioleur Maxim Dufrax, en pensant à deux personnages de Leblanc, Maxime Tuillier et Maxime Dutilleul (latin frax, "frêne"). L'orthographe précise était conçue pour avoir un nom en 11 lettres de gématrie 134 comme Arsène Lupin, mais je n'avais aucun souci doré à l'époque et ignorais que Dufrax/Maxim = 74/60 correspondait à ce que Sérusier appelle la "double coupe d'or" (la "coupe d'or" simple étant une expression désignant Phi de rapport gématrique doré, coupe/dor = 60/37).
  J'ignorais aussi que Maxime/Tuillier = 65/106 correspond à un rapport doré, et que ce rapport est aussi celui du jeu selon/suivant : en 1999 Jean Ricardou et moi avons commis une même bévue, le remplacement de "suivant" par "selon".
  Ricardou et moi (Schulz) avons aussi en commun la gématrie 89, 11e Fibo valeur de Lamp of God, et surtout une même idée de cacher un mot oblique dans une table des chapitres, BELCROIX pour lui dans Les lieux-dits, ROSENCREUTZ pour moi dans Novel roman. Je rappelle que je croisais ce ROSENCREUTZ avec une anagramme verticale d'ELLERYQUEEN et un ARSENELUPIN oblique brisé, je n'ose écrire "spiralé". Ricardou croisait son BELCROIX avec un BELARBRE et un MADARBRE; le frêne et le tilleul sont assurément de beaux arbres...
  Il est nécessaire de lire les billets cités pour mesurer à quel point les échos se multiplient entre des affaires de prime abord distinctes; j'en suis le premier abasourdi et ai bien du mal à en rendre compte, et ai d'ailleurs dû remettre au prochain billet tout un volet des coïncidences 13/5.

  Il en est une que je vais cependant encore donner, faisant lien avec le billet précédent où je signalais le goût pour Jung de l'auteur de thrillers Jack Higgins. J'ai appris par hasard qu'un de ses romans, La nuit des loups (!), se passait en avril 44, ce qui m'a conduit à le relire. Jung y est cité, page 135 de l'édition originale Albin Michel.
  La seule date précisée dans le roman est le 7 avril 44, 44e anniversaire du héros Harry Martineau, l'essentiel de l'action se passant une quinzaine plus tard. Ce 7 avril 44 n'est pas seulement le jour de la mort du Teacher dans Et le 8e jour... de Queen, mais ce Vendredi saint serait aussi la première date du calendrier grégorien réitérant les mêmes circonstances que la Crucifixion originelle du 7 avril 30 (cette date étant discutée).
  Détail amusant, le titre original du roman est Night of the fox, mais ce ne pouvait être traduit La nuit du renard car c'était déjà le titre de la traduction d'un autre auteur Higgins, A stranger is watching de Mary Higgins Clark.

  Etienne Cornevin a signé un livre du pseudo transparent Esteban Hornwine qui se trouve être un nom doré (66/106, proche du 65/106 de selon/suivant). Ceci me rappelle que j'ai nommé Esteban/dos Campos (66/105) un personnage de Sous les pans du bizarre, calqué sur Marcel Duchamp (via Etienne-Marcel).

5.5.13

Fictions


  Je vais tâcher de faire un point ici sur les fictions concernant Jung ou le jungisme, point qui sera actualisé si besoin est (merci de me faire part de tout oubli, mais je précise que les ouvrages à vocation biographique n'ont pas leur place ici).
  Je commence avec les fictions où Jung apparaît en tant que personnage, et je choisis d'abord
- Des jours et des nuits, de Gilbert Sinoué (2001, France)Et le désir s'accroît
  Jung n'y a qu'une petite place, mais sans aucun aspect négatif. Les rêves récurrents de Ricardo à Buenos Aires en 1930 l'amènent à débuter une analyse, et la psy communique son cas à Jung, lequel s'y intéresse et donne de précieux commentaires.
  J'ai parlé à maintes reprises de ce roman dont la lecture a probablement déclenché mon intuition de septembre 2008.

- L'interprétation des meurtres, de Jed Rubenfeld (2006, USA, The interpretation of murders)
  On passe du meilleur (Jung) au pire, car l'auteur ne semble connaître Jung que par le Freud ou Jung ? d'Edward Glover (1950), pamphlet où tout est bon chez Freud, et tout mauvais chez Jung, à grand renfort de citations tronquées ou sorties de leur contexte.
  Ceci dit, ce polar se passant pendant le séjour de Freud et Jung à New York en 1909 est intéressant, même si Jung s'y montre fourbe, vaniteux, antisémite, l'épilogue énonçant qu'après sa rupture avec Freud il n'a plus rien fait de notable, sinon connu des épisodes psychotiques.
  J'ai choisi la couverture de l'édition allemande qui peut rappeler celle de l'édition originale de Des jours et des nuits.
  Si Mord signifie "meurtre" en allemand, il est amusant que son palindrome (ou plutôt anadrome) drøm signifie "rêve" en norvégien.

- Un monde transparent, de Morris West (1983, Australie, The world is made of glass)
  West, s'inspirant très librement d'un cas mentionné brièvement dans Ma vie, a créé un récit à deux voix, où la narration alterne d'un chapitre à l'autre entre Jung et sa patiente Magda von Gamsfeld, femme du trafiquant d'armes Basil Zaharoff.
  Bien évidemment, cette narration à la première personne ne reflète que le point de vue de West sur Jung. Pour en donner une idée extrême, West a voulu adapter son roman au ciné, et a engagé Anthony Shaffer (Sleuth de Mankiewicz, Frenzy de Hitchcock) pour en écrire le script; ceci n'a pas abouti car West tenait absolument à une scène où Jung se masturbe pendant une séance avec Magda, ce que Shaffer se refusait à écrire.
  J'ai lu ce roman à sa sortie en 1983, et y ai remarqué la naissance de Jung un 6 juillet, comme moi. C'était une erreur de la traduction française, qui m'est revenue juste avant mon intuition de septembre 08.

- Pilgrim, de Timothy Findley (1999, Canada, Pilgrim)
  Un autre roman où Jung est l'un des deux principaux protagonistes. L'autre est Pilgrim, immortel qui a traversé les siècles dans le sillage de diverses personnalités, ayant notamment posé pour la Joconde... Ses proches l'envoient au Burghölzli, où il est pris en charge par un Jung fort sympathique.
  J'en ai parlé récemment ici, notamment pour la date du début du roman, le 17 avril 1912, qui apparaît aussi dans A dangerous method.
  Findley a choisi cette date à cause d'un événement précis, le naufrage du Titanic. Les besoins de son intrigue imposaient une grossesse d'Emma Jung, qui s'achève sur une fausse couche. Il est curieux que le roman de West exploite la réelle grossesse d'Emma en 1913, ayant porté son fruit, le 5e et dernier enfant des Jung, Helene.

- Mon patient Sigmund Freud, de Tobie Nathan (France, 2006)
  Un curieux livre, comme tous les romans de Tobie Nathan, si foisonnant qu'il est difficile de cerner les buts exacts de l'auteur. J'ai tenté ici de suivre quelques pistes.
  Il ne montre en tout cas pas une excessive tendresse envers Jung, aisé à deviner sous le personnage de Carl Gustav Alt, mais ce sont plutôt Freud et Otto Gross, apparaissant sous leurs noms réels, qui semblent intéresser Nathan.

- Livre à vendre, de Philippe de Cherisey et Roland Dubillard (France, 1977)
  Un texte délirant écrit à quatre mains, mais je reconnais le délire particulier de Cherisey dans ce qui concerne Jung.
  Le grand-père du narrateur est soigné au début du siècle par les représentants de la nouvelle psychanalyse, Adler, Jung qui "l'entoura de ce romantisme qui fait de lui le seul cas intéressant qu'on puisse relever dans les manuels de psychologie pour le baccalauréat", et Freud qui "le baptisa W (on se demande pourquoi.)"
  Puis le pépé passe chez un psy moldave, dans les notes duquel on trouve ceci :
Retour du congrès neurologique de Zürich. Charmant accueil (...) Mort d'un martin-pêcheur dans le jardin de Jung.

Voeux, de Georges Perec (1979)
  Encore plus anecdotique, mais je me dois de me souvenir d'un de mes auteurs favoris, lequel ne semble cependant s'être intéressé qu'à Freud.
  Le nom de Jung n'apparaît à ma connaissance qu'une seule fois dans son oeuvre. Perec imprimait chaque année un recueil de Voeux pour ses amis, rassemblant des devinettes homophoniques sur un même thème.
  En 1979 il proposait 40 noms de jazzmen, hypographiés dans l'ordre alphabétique, avec en avant-dernière position Lester Young et cette anecdote :
Freud fit un jour un lapsus tout à fait freudien. Il était en train de discuter avec Jung et Ferenczi : Ferenczi parlait tout le temps, et Freud voulut lui demander de laisser un peu la parole à l'autre. Mais il fit exactement le contraire !
Il faut comprendre "Laisse taire Jung !"

- Finnegans Wake, de James Joyce (Irlande, 1939)
  Il s'agit encore d'un jeu de mots, mais avec une implication personnelle car Jung, consulté en 1934, n'a pu guérir la fille Lucia de Joyce, schizophrène. La défiance de Joyce envers la psychanalyse s'exprime par ces calembours intraduisibles de Finnegans Wake :
Be who? farther potential? and so wider but we grisly old Sykos who have done our unsmiling bit on alices when they were yung and easily freudened in the penumbra of the procuring room and what oracular compression we have had to apply to them.
  Par ailleurs Jung s'était mêlé de donner un avis plutôt négatif sur Ulysse (1920), et un ami de Joyce lui avait suggéré que ceci était d'abord dirigé contre Freud (allemand "joie", comme l'anglais joy).

  Je passe maintenant à d'autres medias :
- A dangerous method, de David Cronenberg (Canada, 2011)
  Film basé sur une pièce de Christopher Hampton, elle-même basée sur une biographie de Sabina Spielrein, mais les adaptateurs semblent avoir ajouté leur grain de sel, avec notamment dans le film des scènes sadiques entre Carl et Sabina.
  Jung y est interprété par Michael Fassbender.
  J'en ai parlé ici, remarquant notamment un point commun avec le roman de Tobie Nathan, le rôle d'Otto Gross qui aurait poussé Jung à satisfaire ses désirs refoulés.

- Vienna, November 1908, de Carl Schultz (USA, 1993)
  Il s'agit de l'épisode 2/09 de Young Indiana Jones. Je n'ai pas vu, mais l'attribution du rôle de Jung à Ernst-Hugo Järegård âgé de 64 ans lors du tournage ne plaide pas pour un souci exagéré d'exactitude (Jung avait 33 ans en 1908).
  Le vieil Indy raconte à la psychiatre Carol Schultz (!) comment il a connu les pères de la Psychanalyse. Ce nom est dérivé de Carl Schultz, réalisateur de l'épisode (avec Billie August).
  Cette page indique une première diffusion le 10 avril 93, ce qui était la veille du Dimanche de Pâques (mais IMDb ne connaît pas cette date).
  Il en a aussi été tiré une BD.

  Et à propos de BD je rappelle le tome IX de la série L'histoire secrète, de Pécau, La loge Thulé (2007), où Jung ressuscite un certain capitaine Curtis dans sa clinique de Zürich...
  Me remémorer ceci me fait penser que c'est le mois suivant la découverte de cette BD, vite oubliée, que j'ai découvert dans un poème de Perec les mots Sait-on l'heure ?, anagramme de Sinoué-Halter, les deux auteurs qui ont joué un rôle essentiel dans ma découverte de septembre 08, l'heure des 4/5es de la vie de Jung, le 4/4/44 à midi.
  Dans le poème, ces mots Sait-on l'heure ? sont immédiatement précédés par Rois à Thulé :


A World within a World, de Suzanne Steinberg (USA, 2012)
  Il s'agit d'une biographie fictionnelle en e-book, dont le premier tiers est accessible en ligne gratis. C'est pas terrible à première vue, mais ce peut être amusant pendant quelques paragraphes, et l'illustration de couverture virtuelle témoigne d'une certaine recherche.

  Cette page donne parmi quelques autres pistes ces livres que je ne connais pas :
Between the Bridge and the River, de l'écossais Craig Ferguson (2006). C'est un roman où Jung apparaît comme un fantôme où une hallucination à l'un des principaux personnages.
Possessing the Secret of Joy, de Alice Walker (USA, 1992)
  La couverture est éloquente (la pierre de Bollingen). Le roman développe l'histoire du personnage Tashi du bestseller de l'auteur, La couleur pourpre, venant d'un pays d'Afrique où elle a subi l'excision. Tashi est analysée par un certain Mzee que la postface révèle être Jung.
  Je remarque que Alice Walker est née le 9 février 1944, deux jours (ou moins avec le décalage horaire) avant l'accident de Jung initiant les "événements de 44".

  Il y a encore
The Wicked, de Carlo Lizzani (Italie, 1991, Cattiva)
  Un film déjà inspiré du cas Spielrein, où Jung apparaît en tant que "Gustav", interprété par Julian Sands. On peut en voir une scène ici (avec "Sabina" nue dans une baignoire, comme dans A dangerous method), une autre (avec le mari de "Sabina" qui ressemble étrangement à Viggo Mortensen jouant Freud chez Cronenberg).

- Le livre des enfants, de A.S. Byatt (Angleterre, 2009, The Children's Book)
  J'ai mentionné ici la présence presque anecdotique de Jung dans ce pavé, dont un des nombreux personnages a été soigné au Burghölzli par Jung et Gross. Presque car les idées de Jung sont mentionnées ailleurs dans l'oeuvre de Byatt, notamment dans 3 des volets de la tétralogie Frederica, avec par exemple une longue citation de Psychologie et alchimie dans le 1er volet.

  Pour ceux qui voudraient intégrer Jung à leurs jeux de rôle, il existe depuis peu cette figurine articulée...

  J'en viens aux fictions mentionnant explicitement les idées de Jung, étant entendu qu'il ne saurait être question d'étudier tous les créateurs inspirés par Jung, mais uniquement les oeuvres qui mentionnent ce tribut. Ainsi quelqu'un comme Hermann Hesse, prix Nobel 1946, doit énormément à son psy et ami Jung, mais il ne le cite pas à ma connaissance. Il est bien connu encore que Tintin au Tibet est on ne peut plus jungien, mais aucune note n'y explicite la synchronicité entre le rêve de Tintin et la lettre de Chang.

- La trilogie de Deptford, de Robertson Davies (Canada, 1975)
  C'est l'oeuvre qui vient immédiatement à l'esprit, entièrement inspirée par la psychologie jungienne. Son second volet, Le manticore, est principalement consacré à une analyse à Zürich avec la thérapeute Johanna von Haller, que beaucoup, y compris moi, ont identifiée à ML von Franz, mais Davies certifie ici qu'il a entièrement imaginé le personnage, ne connaissant von Franz que de nom.

  Je suppose qu'il doit y avoir bien d'autres fictions faisant intervenir des analystes jungiens, mais mes lectures me portent essentiellement vers les "mauvais genres", notamment la SF où mon auteur favori, Phil Dick, est un grand lecteur de Jung, qu'il cite souvent.
  L'essai de Jung sur les OVNIs, archétypes surgis de l'inconscient, avait de quoi inspirer les auteurs de SF, et de multiples oeuvres peuvent être citées, L'oeil dans le ciel, de Dick (USA, 1955), Les visiteurs du miracle, de Ian Watson (GB, 1978), Les yeux géants, de Michel Jeury (France, 1980)...
  En fait ces deux derniers romans sont d'abord inspirés par l'essai Science-fiction et soucoupes volantes, de Bertrand Méheust qui a relevé d'étranges corrélations entre les témoignages sur le phénomène OVNI et les écrits antérieurs d'anticipation.
  Très directement jungien est Les chronolithes de Robert Charles Wilson (Canada, 2001), avec des catastrophes provoquées par la matérialisation de monolithes titanesques, et la synchronicité comme solution du phénomène, mais je préfère illustrer avec un autre ouvrage de l'auteur, plus gidouilleux...

  Côté SF TV, au moins 3 épisodes de X-Files citent Jung. Il y a même eu un blog Jung-Files dédié à l'analyse jungienne de la série.

  Fellini et Kubrick sont des cinéastes imprégnés de l'oeuvre de Jung, mais il n'y a de citation explicite que dans Full Metal Jacket, avec Joker qui arbore à la fois un "Born to kill" et le symbole de la paix. Interrogé par son colonel, il évoque la dualité de l'homme, le "truc de Jung".
  On peut voir la scène ici.
  Kubrick est né un 26 juillet comme Jung.

  L'auteur anglais de thrillers Jack Higgins (né un 27 juillet) cite volontiers Jung, notamment dans son premier grand succès, L'aigle s'est envolé (1975), adapté au cinéma en 1976. Il s'y est permis d'utiliser la synchronicité dès fin 1943, soit bien antérieurement à la théorie de Jung (1950) qu'on peut voir ici exposée par le colonel Radl (Robert Duvall) à un certain Karl.

  Un autre auteur anglais, Philip Kerr, a encore plus anticipé la synchronicité dans La pâle figure (The Pale Figure, 1990), qui se passe à l'été et l'automne 38. Il y est diversement question de Jung, et juste après la mention de la synchronicité l'enquêteur se rend au Wewelsburg.

  Les "reines du crime" anglaises sont souvent férues de psychanalyse, PD James, Ruth Rendell... Il me vient particulièrement à l'esprit Minette Walters dont L'ombre du caméléon (2007) est un roman utilisant explicitement le thème jungien de l'ombre.
  Je choisis cette couverture pour son marteau.
  Le caméléon de l'histoire a pour prénom Charles.

  L'américain William Bayer, auteur de polars atypiques, cite assez souvent Jung à mon souvenir, au moins dans Tarot où la synchronicité est évoquée. La psychanalyse jour un rôle important dans plusieurs romans, notamment Le rêve des chevaux brisés. Dans un Bayer récemment lu, Wallflower, un psy naïf se prénomme Carl.

  Stéphanie Benson est un auteur anglais qui écrit en français. Elle cite souvent Jung, et dans Biblio-quête, un des 6 épisodes de sa série EPICUR, elle a transformé la rue lyonnaise Charles Jung en rue Carl-Jung.
  J'ai relu pour ce billet le diptyque Synchronicité (1999). Le titre est en fait emprunté aux chansons de The Police Synchronicity I et II, dont les paroles sont intégralement données en exergue des 29 chapitres correspondant aux 29 mois de la grève des dockers de Liverpool, de septembre 95 à janvier 98 (à propos de pop music je rappelle que Jung figure parmi les personnages de la fameuse couverture de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band).
  Par ailleurs le premier volet du diptyque, Si sombre Liverpool, est introduit par une citation de Jack London, tandis que le second, Brumes sur la Mersey, est introduit par un rêve de Jung donné dans Ma vie..., rêve crucial de 1927 où Jung se voit à Liverpool, et découvre que la ville est organisée radialement autour d'un centre, un îlot lumineux où pousse un magnolia.
  Les quartiers autour de ce centre sont de même organisés radialement autour de centres secondaires, et c'est ce rêve qui a inspiré à Jung sa Fenêtre sur l'éternité, peinture du Livre Rouge figurant dans Ma vie..., et lui a confirmé l'importance du mandala. Il y interprète liver pool comme "étang du foie", ou "étang de la vie", le foie liver étant selon une vieille conception le siège de la vie (to live, "vivre").
  Je n'avais aucun souvenir du magnolia dans ce rêve essentiel lorsque j'ai vu en octobre 2008 le film Magnolia (1999) de p.t. anderson, qui débute par une série d'extraordinaires coïncidences entraînant les commentateurs à parler de synchronicités. J'ai regretté que ces coïncidences fussent fictives, alors qu'il en existe de bien réelles non moins extraordinaires, mais je constate maintenant une réelle synchronicité entre anderson et Benson, que je n'imagine pas s'être concertés pour sortir la même année 1999 des oeuvres associant synchronicité et magnolia...
  Les rêves se concrétisent parfois, et un certain Peter O'Halloran dit avoir identifié le centre de Liverpool du rêve de Jung à un lieu réel de la ville, où il a acheté en 1974 un bâtiment qu'il a transformé en école de "Langue, Musique, Rêve, et Calembour", sous le patronage de Jung et de son rêve avec cette plaque inaugurée le 6 juin 2007, 46e anniversaire de sa mort. Cet article donne l'histoire de l'école, visitée par un petit-fils de Jung, et il y a plein de photos sur cette page FaceBook.
  Cette croix centrée sur un magnolia me rappelle la rose d'une vignette de Kélilan, auteur jungien de BD, donnée sur mon billet Ma drôle de morale.
  Je reviens au diptyque de Benson, d'une grande complexité qui me semble tourner à la confusion dans le second volet (pour aborder l'auteur je conseille plutôt son premier livre publié, Une chauve-souris dans le grenier).
 Toujours est-il que les forces du Capital, multiples et ne poursuivant pas les mêmes buts, ont suscité pour briser la grève un "éventreur de Liverpool", ce qui résonne fortement avec mes deux derniers billets, d'autant que je prévoyais originellement de publier cette étude sur les fictions jungiennes en tant que 4e billet d'avril, avant que les développements halteriens de Ripperomanie ne nécessitent une suite à part.
  Un faux coupable est identifié à l'éventreur, Billy Tyler, néo-nazi neveu d'un syndicaliste meneur de la grève. Ceci me rappelle l'Eventreur moscovite tué par Fandorine le soir du 20 avril 1889, quelques heures après la naissance de Hitler. Tyler-Hitler ?
  Le réel éventreur, manipulé, est le fils caché d'une grande dame de la politique anglaise qui n'est pas nommée, mais en laquelle il est aisé de reconnaître la Dame de Fer, d'ailleurs impliquée dans la manipulation... Incidemment, dans un polar US de Patrick Quentin, The Green-eyed Monster (1960, Belle et bien morte), l'assassin se nomme Margaret Thatcher.

  Une recherche synchronicité éventreur mène essentiellement au diptyque de Benson, 9 résultats sur 10, dont une critique récente du 22 avril, très favorable. L'autre page est écrite dans un sabir étrange en lequel j'ai reconnu une traduction automatique, et poser la requête en anglais m'a aisément conduit à la page originaleThe Amazing Power of Synchronicity, due à un certain Donald Nelson.
  D'autres résultats sont intéressants, comme le blog SynchroSecrets, avec la page Ripples on a pond, où un amateur de syncs concernant Jack the Ripper compare le phénomène à des cercles concentriques sur l'eau d'une mare, ce qui m'évoque "l'étang de vie" de Jung.
  L'auteur du blog est aussi un écrivain, Rob MacGregor, et je découvre en marge du blog son livre Double Heart, "double coeur", or liverpool "étang du foie" m'avait évoqué l'idée hébraïque d'une dualité des coeurs, le "bon" coeur gauche, et le "mauvais" coeur droit, le coeur endurci de Pharaon, kaved lev, littéralement "coeur-foie". J'avais hésité à en parler plus haut, à propos du film Magnolia, où la seconde plaie provoquée par le "coeur-foie" de Pharaon est omniprésente, notamment par la récurrence du nombre 82 correspondant à Ex 8,2.
  Autre coïncidence, avec le Young Indiana Jones qui aurait connu Jung, MacGregor a aussi publié des aventures inédites d'Indiana Jones.

  Il y a bien sûr des centaines de fictions où le nom de Jung apparaît anecdotiquement, mais je tiens à citer ces deux-ci :
- La section dorée, de Pernille Rygg (Finlande, 2000)
- Le nombre d'or, de Claudine Chollet (France, 2008)
  J'ai signalé ici ces deux polars qui sont à ma connaissance les seules fictions dont le titre est une dénomination de Phi, mais ils ont un autre point commun, une mention de Jung, à propos de la synchronicité dans un cas, en opposition à Freud dans l'autre.
  Stéphanie et Claudine ont en commun d'avoir écrit un Poulpe doré :
- parmi les 61 premiers numéros de la collection Baleine 61/Phi ≈ 38 sont des Poulpes, le 38e étant signé Benson;
- parmi les 228 premiers numéros de la collection Baleine 228/Phi ≈ 141 sont des Poulpes, le 141e étant signé Chollet.

  Je rappelle que parmi les auteurs vus plus haut deux au moins montrent un grand intérêt pour le nombre d'or, Byatt et Dick, et je signale encore ceci :
Le musée imaginaire de C.G. Jung, de Christian Gaillard (France, 1998)
  Je n'ai jamais vu ni donc feuilleté ce livre, mais je remarque l'illustration de couverture, une miniature du Codex Vindobonensis 2554, une Bible française du 13e siècle.
  Il s'agit de la création du monde, et Guy Mourlevat a vu dans cette miniature divers rapports d'or, d'une précision frappante, notamment celui entre le diamètre du cercle du monde, mesuré par Dieu, et le diamètre de l'auréole. Un autre rapport d'or, en cascade, apparaît entre le diamètre de l'auréole et la distance séparant les centres du soleil et de la lune, ce qui m'évoque aussitôt mes spéculations sur les dates pivots des événements de 44, 11/2-4/4-30/6, délimitant 53 et 87 jours, valeurs des mots hébreux "soleil" et "lune", en rapport d'or.
  Ceci ne signifie en rien qu'il y ait eu une réelle intentionnalité dorée dans la conception de cette miniature, mais ce cas a le mérite d'être précis et multiple, alors que bien des allégations concernant le nombre d'or (le Parthénon, l'Homme de Vitruve) reposent sur des rapports bien moins précis (et dans ces deux cas il est établi que les oeuvres n'ont rien à voir avec le nombre d'or !)
  La brochure où Mourlevat détaille ses calculs, Nombre d'or et architecture romane (1980), est difficile à trouver, mais je n'ai pas envie de citer d'autres ouvrages où ces calculs ont été repris. Il est aisé de les vérifier sur une bonne reproduction.

  PS Pour finir, non pas une fiction mais la série TV Freud (1984) en 360 mn, où Jung était interprété par Michael Pennington.
  Le scénariste de la série était Carey Harisson, fils de Rex Harisson et de Lilli Palmer, né à Londres le 19 février 1944, 8 jours après l'accident de Jung.