1.6.13

Jour des Rois


  Je reviens sur ce qui s'est passé vers le 13 mai dernier, en partie raconté dans le billet précédent, où j'ai décidé de différer certains éléments.
  Le 10 mai a été diffusé aux USA le dernier épisode de la série Touch, non renouvelée par la Fox après la baisse d'audience de la 2e saison. J'ai parlé à plusieurs reprises de la série, dont le premier épisode débutait sur les mots du jeune Jake Bohm :
The ratio is always the same: 1 to 1.618, over and over.
  Soit "La proportion est toujours la même, 1.618, encore et encore."

  Malgré ce début le nombre d'or ne jouait de rôle ni dans l'épisode ni dans la suite de la série, où il apparaissait néanmoins de façon quasi subliminale avec un livre énumérant la suite de Fibonacci dans l'épisode 01/2, un tableau de calculs impliquant Phi dans le 01/9, un projet Fibonacci dans le 02/3... Le nombre d'or est encore présent dans chaque épisode avec le générique montrant la spirale calculée à partir de la suite de Fibonacci (superposée à un escalier en spirale, pour faire un lien avec le billet précédent) :
Touch - touch-tv-series Fan Art

  Les images promotionnelles insistent sur la suite de Fibonacci : Jake en répète ici les 12 premiers termes sous les yeux de son père, Martin Bohm.
  Les deux premiers épisodes de la série étaient à mon sens plutôt réussis, malgré la totale gratuité des échos numériques entre les diverses situations. Peut-être mon appréciation est-elle subjective car ces épisodes m'ont révélé l'indicatif téléphonique 212 de Manhattan et le lion russe lyov, échos à certaines de mes préoccupations.
  Les épisodes suivants ont été inégaux, et la méga-intrigue tardait à se développer : quels étaient les buts de la firme Aster Corps qui s'intéressait de près aux surdoués des nombres tel Jake, ou Amelia précédente pensionnaire de l'institution hébergeant Jake ?
  La Fox a dû imposer des contraintes drastiques pour poursuivre la série, et la seconde saison a démarré sur de nouvelles bases, Kiefer Sutherland semblant y retrouver le punch de Jack Bauer, ce qui n'a pas été suffisant pour renouveler l'audience et la série a été annulée, précipitant un dénouement hâtif laissant dans l'ombre divers petits mystères.
  J'ai donc vu le dernier épisode, 02/13, Leviathan, le 11 au soir. Martin parvient à délivrer Jake et Amelia enlevés par Aster Corps, alors que les méchants tentaient de leur extorquer les derniers chiffres de la "Suite d'Amelia", une suite de 100 chiffres donnant à ses détenteurs une connaissance absolue de l'avenir...
  Les méchants sont embastillés, les bons sauvés, Amelia in extremis, mais lorsqu'elle revient à la vie elle a perdu le pouvoir dont Jake semble désormais le seul détenteur. Ceci semble accrédité par le grand rabbin d'une secte juive qui a kidnappé Avram, l'ami hassid des Bohm, pour l'empêcher d'interférer avec le "plan de Dieu". Le chef montre à Avram un cahier qui semble d'une vénérable antiquité, contenant des indications en hébreu sur les 36 Justes (L'existence de la création repose sur l'existence des 36; Si quelqu'un prétend qu'il est l'un des 36, c'est faux), des schémas ésotériques, et les 100 chiffres de la Suite d'Amelia... Après le dénouement, le cahier est ouvert à une autre page où sont inscrits les noms Jake Bohm et Amelia Robbins, et le rabbin barre la ligne Amelia :
  Ceci pourrait appuyer mon idée que Jake et Amelia restaient les derniers Justes après l'élimination des 34 autres, ce qui était la situation au début du roman danois Le dernier homme bon, avec les 34 morts se répartissant en 21 identifiés et 13 inconnus, partage fibonaccien qui m'avait interpellé.
  J'y avais repensé en retrouvant cette idée d'élimination des 36 Justes dans la 2e saison de Touch, en remarquant que le tueur de Justes semblait les localiser sur la carte du monde en utilisant la spirale, tandis que dans Le dernier homme bon les Justes se répartissaient dans le monde selon des orbes circulaires concentriques.
  Je n'avais plus en tête alors tous les détails du roman danois, où il se révèle que Dieu entreprend de temps à autre de tuer ses Justes, un chaque vendredi au coucher du soleil jusqu'à Noël (tiens, les épisodes de Touch étaient diffusés le vendredi soir). Il appartient au dernier Juste de prendre conscience de sa condition, et de commettre un péché grave pour perdre son statut, permettant ainsi au monde de repartir pour un autre cycle avec 36 nouveaux Justes. Niels Bentzon dernier Juste en 2009 découvre ainsi qu'il y a eu une autre vague en 1943, et que le dernier Juste d'alors, Thorkild Worning, a su quoi faire, poignarder sa femme Amalie, la seule qui croyait à son histoire (elle a survécu).
  Amalie est non seulement une forme d'Amelia, mais encore son exacte anagramme. Si le dénouement de Touch est trop brouillon pour permettre d'affirmer que Jake est bien le dernier Juste, il est au moins clair que Jake et Amelia sont privilégiés, et frappant de trouver une Amelia menacée de mort aux côtés du dernier Juste, peut-être pas fortuitement puisque les scénaristes de Touch ont vraisemblablement été inspirés par le roman.

  Tout hébraïsant aura tiqué plus haut devant la transcription en hébreu du nom Jake Bohm (alors que celle de Amelia Robbins est tout à fait normale).
   Jake est transcrit ג'איק alors que ce nom est toujours transcrit en hébreu moderne ג'ייק (et le signe ' employé n'existe qu'en hébreu moderne pour donner à certaines lettres des prononciations inexistantes en hébreu ancien).
  Bohm est transcrit באהם alors que ce nom est toujours transcrit בוהם, on pourra en voir un exemple avec le physicien David Bohm, ou דייוויד בוהם.
  Ce sont aussi toujours les graphies ג'ייק et בוהם qui sont utilisées dans les pages en hébreu sur la série Touch, ou "מגע", magga', "contact", comme celle-ci, qui donne une autre image promotionnelle montrant Jake derrière une baie vitrée couverte de nombres de Fibonacci, avec Martin Bohm et Clea Hopkins, le personnage féminin de la première saison. J'avais remarqué ici que ces deux noms ont la même valeur 113, alors que le second épisode de la série a pour titre 1+1=3, or מגע est en hébreu un mot de gématrie 113.

note du 12/2/23: J'ai revu récemment cette saison 2 de Touch, et dans un épisode (10 je crois) la présidente d'Aster Corps demande à Calvin Norburg s'il connaît Martin Bohm, ou Bahm. Bahm est aussi un nom de famille, moins répandu que Bohm (1243 occurrences aux USA contre 3973).

  La graphie באהם se translittérerait dans notre alphabet BAHM, ou BAEM en respectant scrupuleusement la filiation des lettres sémites dans notre alphabet, l'important pour moi étant que dans l'alphabet hébreu ces lettres ont les rangs 2-1-5-13, qui réordonnés 1-2-5-13 correspondent aux 4 premiers termes impairs de la suite de Fibonacci. Or une propriété de cette suite est que tout terme pair est la somme de tous les termes impairs précédents. En voici les 4 premiers exemples, avec en jaune les Fibos impairs, en rouge les pairs :

   1      11
   2      31+2
   5      8 = 1+2+5
 13    21 = 1+2+5+13

  Le dernier épisode où est révélée cette "graphie ésotérique" de Bohm est aussi celui où s'achève la "Suite d'Amelia", dite aussi divine, composée de tous les nombres clés perçus par Jake dans chaque épisode, et pour ce dernier épisode le nombre est 318 comme dans le premier. Voici la suite telle qu'elle apparaît dans le cahier où est noté le nom באהם; j'ai souligné les 318 en jaune, et en rouge l'autre répétition de la liste, 1026 (qui fait partie de deux nombres, 10262000, date de naissance de Jake, dans l'épisode 2/07, 20131026 dans l'épisode 2/10) :
  3-1-8 ou 1-3-8 correspondent aux 3 premiers Fibos pairs; je remarque que l'inversion des deux premiers termes est la même que dans 2-1-5-13 correspondant à באהם, mais il est difficile d'imaginer ici une intention car le nombre 318 a à l'évidence été choisi d'après la date prévue pour le lancement de la série, le 18 mars, 3/18 à l'anglaise. La date prévue pour le début de la seconde saison était le 26 octobre, 10/26, mais ni l'une ni l'autre de ces prévisions n'ont été respectées par la FOX...
  Il est encore remarquable que la date 3/18 puisse correspondre aux rangs de בא/הם pris 2 à 2, 2+1/5+13.

  J'ai choisi la translittération BAHM pour באהם, plutôt que BAEM, parce que c'est l'usage, témoin le Tétragramme YHWH. A ma plus extrême confusion, il m'a fallu près d'un mois pour me souvenir que ces mêmes lettres, dans l'ordre BHMA, étaient apparues lorsque je m'étais intéressé aux Mythes celtes de Robert Graves, que celui-ci a commencé à mettre en forme durant la semaine sainte de 1944.
  Graves voyait un système mnémotechnique associant la main à l'alphabet oghamique, et son traducteur utilisait la correspondance de BHMA avec le pouce comme principal argument d'une bizarre théorie : les 5 Pandavas de la mythologie indienne, le premier étant Bhima, exprimaient la même chose. Peu près avoir vu ceci je découvrais le journal grec TO BHMA dans l'adaptation TV de Des jours et des nuits, le roman qui a joué un rôle essentiel dans ma découverte du schéma autour du 4/4/44.
  La première coïncidence BHMA touchait les translittérations de l'oghamique et du sanskrit, alors qu'ici il s'agit des réelles lettres grecques BHMA, qui étaient d'ailleurs présentes dans le roman sous leur translittération vima.
  Et maintenant ce sont les translittérations BAHM de l'hébreu qui sont concernées, avec un autre écho puisque j'avais ensuite appris l'existence dans le dictionnaire du Scrabble du mot bimah, translittération du mot hébreu désignant dans la synagogue l'estrade où est récitée la Tora, mot jadis emprunté au grec BHMA, "tribune". J'avais appris ce mot par une création de Mike Keith, lequel est aussi le premier à avoir anagrammatisé Vocalisations de Perec.
  Je souligne à nouveau que, dans cette création où les 5 mots verticaux font sens, bimah est le premier, comme BHMA correspondant au pouce selon Robert Graves.

  Ce n'est que le 12 juin que ceci m'est revenu, grâce à l'actualité qui citait le journal To Vima à propos de la crise grecque. Précédemment, j'avais pleinement pris conscience des possibilités fibonacciennes de BHMA le 13 mai, le 5/13 qui est depuis longtemps pour moi un rapport essentiel, ce que j'ai tenté d'expliquer dans le billet précédent, mais la veille est venue une coïncidence dont je n'ai perçu toute la portée que plus tard.
  Je me suis donc demandé dans l'après-midi du 12 si באהם, mais j'adopte désormais la forme BAHM, correspondait à un mot utilisé dans la Bible, et une recherche avec le graticiel Tora4u2 m'a appris que la séquence apparaît 25 fois dans le texte hébreu, aucune occurrence ne concernant un mot entier. La forme prépondérante est WYBA HMLK, "et le roi vint", avec 9 cas dont 5 concernent David, le roi par excellence.
  Je ne voyais aucun écho immédiat. Vint le soir où nous allâmes voir sur un site de streaming quels nouveaux films étaient proposés, j'ai repéré The Forger, soit "Le faussaire", ce qui m'intéressait a priori. J'ai cliqué sur le titre, ce qui m'a envoyé à une page avec un écran de visualisation, proposant une image où j'ai aussitôt reconnu un acteur que j'identifie d'abord par son rôle du psychiatre Malick dans Identity de James Mangold.
  Après cette identification "Malick", j'ai cherché son nom sur la fiche du film, et ai eu la surprise de lire Malec Forgeron, de Buster Keaton en 1922. Les erreurs de ce type sont assez fréquentes sur le site, où quelqu'un qui ajoute un film nouveau n'a pas toujours à coeur de créer une fiche correspondante, auquel cas le site cherche automatiquement dans sa base de données ce qui ressemble au mieux. A noter que Malec n'existe qu'en France, où Buster a été ainsi rebaptisé.
  La surprise a donc été de trouver sous Malec celui auquel j'associe "Malick", parce que ce nom faisait partie des multiples coïncidences entre deux films sortis en septembre 03, Dédales et Identity, de thématique identique, avec ces distributions :
  C'est donc Alfred Molina qui jouait le docteur Malick, parallèlement à Tomer Sisley qui jouait Malik dans Dédales, et je remarquais que Malik, "roi" arabe, était un nom bien choisi pour un docteur, sachant que Jung s'émerveillait que les médecins de Cos se proclamaient "rois". Je remarquais aussi les deux Ray, dont une étymologie est "roi", mais je ne peux reprendre toutes les coïncidences relevées dans le billet.
  Dans The Forger, Molina joue donc le trafiquant de faux Everly Campbell qui engage le jeune Joshua chargé de peindre un Winslow Homer pour renflouer ses finances. Joshua peint en secret un faux grossier qu'il substitue au dernier moment au faux capable d'abuser les experts, provoquant la déchéance d'Everly.
  Ceci est assez proche du roman de jeunesse de Perec, Le Condottière, paru en mars dernier, où le faussaire Gaspard Winckler tue son patron Anatole Madera. Je l'ai lu juste après avoir vu le premier épisode de Touch, et ai été frappé par des numéros de téléphone très proches, BAB 1563 dans l'un, 212 (960) 3561 dans l'autre. 4 derniers chiffres dans le désordre, et les rangs 2-1-2 des lettres B-A-B, mais je ne pouvais deviner alors la transcription de BO(HM) en BA(HM).

  Je n'imagine aucune intention profonde dans les bizarreries de transcription de Touch, qui relèvent à mon sens de l'inadvertance ou du je-m'en-foutisme, ce qui donne à mon sens toute leur portée aux coïncidences en résultant. Il y avait de même d'étranges erreurs sur l'hébreu dans un film qui a peut-être aussi inspiré Touch, Pi de Darren Aronofsky, où Max Cohen a découvert la clé de l'univers, une suite de 216 chiffres, ce qui le conduit à être pourchassé par des financiers comme par des rabbins.
  Pi est encore le seul film au format d'or, et la spirale y est aussi omniprésente, témoins deux des images ci-dessus, et celle-ci où L'homme vitruvien de Léonard est utilisé pour une construction d'une totale gratuité.
  Le prénom Max est moins gratuit, faisant de Max Cohen le pontifex maximus, le Grand Prêtre seul autorisé à pénétrer dans le Saint des Saints. Ceci peut faire écho aux Max(im) du billet précédent...

... ainsi qu'au "roi" melekh ou malik, et je suis saisi de vertige devant toutes les possibilités. La plus effarante est le roman Serial eater, dont l'auteur Tobie Nathan est d'une telle culture et d'une telle intelligence que j'imagine que rien n'est laissé au hasard dans son roman, mais je m'avoue incapable d'en démêler tous les fils.
  Je renvoie à cette page pour une analyse détaillée, cette autre pour la comparaison avec les autres romans où apparaît le Lebensborn, et n'insiste ici que sur BA-MLK.
  Un tueur met donc en oeuvre un plan antisémite consistant à tuer des femmes et à en disposer des morceaux en forme de lettres hébraïques composant la formule ATTY ALH BQRBW, ototey eleh beqirbo, "(je mettrai) mes signes parmi eux", tirée d'Exode 10,1, où Dieu dit à Moïse qu'il a appesanti le coeur de Pharaon pour qu'il refuse de laisser sortir les Hébreux d'Egypte, afin de laisser aux générations futures un témoignage de sa puissance. Il a été question le mois dernier de ce coeur appesanti, ou "coeur-foie", à propos de Liverpool et du rêve de Jung qui lui a inspiré sa Fenêtre sur l'éternité.
  Nathan ne précise pas le verset où figure l'expression, qui est le premier de la section Bo, partie de la Tora ou parasha destinée à la lecture hebdomadaire à la synagogue, or l'affaire s'achève le 17 janvier 02 où le tueur a fait 5 victimes (ATTYA) mais est capturé au moment où il s'apprête à sacrifier la 6e (L, au Lebensborn de Lamorlaye), et ce 17 janvier appartenait cette année-là à la semaine où était lue la section Bo dans les synagogues, sur la bimah.
  Ce mot bo est le premier mot significatif du premier verset de la parasha, il signifie "va" ("Dieu dit à Moïse : va chez Pharaon...") et est écrit en hébreu BA (בא). Mais alors, dira-t-on, n'est-il pas normal que Bohm ait été transcrit BAHM (באהם) ? Eh bien non, l'hébreu moderne est très différent de l'hébreu biblique, tout hébraïsant le confirmera. La première de Touch a eu lieu le mercredi 25 janvier 2012, qui était aussi cette année la semaine de lecture de la parasha Bo.
  La juge Béatrice-Belle qui enquêtait sur le serial eater a été capturée par lui le 17 janvier, et sauvée au 22e chapitre par l'énigmatique psy profileur Salomon Ghani qui a su décrypter le message du tueur. Il y a un 23e et dernier chapitre, épilogue en juin où Béa (c'est moi qui choisis ce diminutif) se trouve enceinte, sans savoir qui est le père (AB en hébreu), le tueur qui l'a violée, ou l'un des trois hommes à qui elle a accordé ses faveurs pendant l'enquête... Elle fait part à Ghani, un des pères putatifs, du problème de choisir un prénom, et celui-ci lui cite un passage du midrash de Rabbi Akiba, qui fait défiler devant le Créateur les 22 lettres de l'Alef-Bet, dans l'ordre inverse, pour solliciter l'honneur de débuter la Tora. Chacune se voit tour à tour récusée, jusqu'à Bet qui sera donc la première lettre de Bereshit. Il reste Alef, qui n'ose se présenter, mais Dieu lui dit qu'il débutera le texte le plus important de la Tora, le Décalogue.
  Un lecteur non familier de la mystique juive ne peut faire le lien entre ces lettres Bet-Alef et la parasha Bo, Ghani ne citant du midrash que le passage des lettres M-L-K, récusées parce qu'elles forment ensemble le mot MLK, melekh, "roi", et que le monde ne peut se passer de roi. Béa croit deviner que Ghani lui suggère ainsi un prénom, et il le lui confirme en indiquant toutefois que l'arabe Malik, de même sens, serait plus indiqué que Melekh.
  Ceci est assorti de propos nébuleux sur le plan du tueur qui a échoué sur la lettre L, et il faut encore être hébraïsant pour savoir que la traduction donnée par Ghani de l'expression ototey eleh beqirbo est approximative. Il ne s'agit pas de placer des signes ou lettres à l'intérieur d'EUX, les Egyptiens, mais de LUI, Pharaon, le roi d'Egypte (MLK, Ex 1,8), et L est bien la lettre médiale dans MLK.

  Il faudrait ajouter pour la bonne intelligence du midrash que Alef était d'abord en hébreu une consonne au son presque imperceptible, utilisée essentiellement pour marquer la présence en début de mot d'une voyelle. Ainsi la lettre Lamed marque un double centre, centre des 21 lettres sonnantes de l'Alef-Bet, centre du "roi du monde" cher à René Guénon.
  Le tarot anglo-saxon exploite cette quasi-mutité de Alef en le faisant correspondre à l'arcane non chiffré, le Mat, ainsi Lamed correspond à l'arcane 11, La Justice, figure féminine. Je ne suis pas sûr que Tobie Nathan soit concerné par le tarot, mais le choix d'une juge comme exemple de Lamed est évidemment frappant.
  Je rappelle que dans le roman qui m'a fait m'intéresser au tarot, Sépulcre de Kate Mosse, La Justice est identifiée à l'héroïne Meredith qui échappe de peu à une mort atroce à la fin du roman.

  Dans le tarot français, Lamed correspond à l'arcane 12, Le Pendu, ce qui m'évoque aussitôt mon billet le plus lu cette année, suite à la parution du Code d'Esther (mais je conseille vivement pour une analyse objective des coïncidences "Esther" mes billets sur la question).
  Il y a une autre coïncidence fabuleuse à propos de la fête de Pourim. Le Talmud (Megilla 7b) demande de s'enivrer ce jour jusqu'à ne pas savoir distinguer entre "Maudit soit Haman" et "Béni soit Mardochée". Les rabbins qui ont ensuite scruté cette prescription se sont avisés que ces deux expressions ont en hébreu la même valeur :
ARWR HMN = 407 + 95 = 502
BRWK MRDKY = 228 + 274 = 502
  J'ai appris cette recommandation dans le livre Aggadoth du Talmud de Babylone (Verdier, 1982), où elle figure page 502 ! Aujourd'hui je remarque que les initiales des 4 mots concernés sont AHBM. Le procédé de lecture des initiales (ou finales) des mots est classique dans l'exégèse hébraïque, témoin cette page en français qui mentionne aussi les valeurs 502, ou cette autre en anglais qui rappelle que, si le livre d'Esther est le seul où le Tétragramme YHWH ne figure pas, il apparaît dans l'acrostiche des 4 mots de Es 5,4,
יבוא המלך והמן היום
soit YBWA HMLK WHMN HYWM, "que viennent le roi et Haman ce jour". C'est une autre graphie de l'expression YBA HMLK, découverte en cherchant les occurrences bibliques de BAHM. L'exégèse a encore supposé que, dans le livre d'Esther, toutes les occurrences du mot "roi" désignent Dieu.

  Je suis tout à fait conscient de l'apparente gratuité de rapprochements nés en partie de hasards de diffusion, en partie de mes obsessions personnelles où les romans de Tobie Nathan sont essentiels, mais des échos plus généraux sont possibles.
  Ainsi la mère de Jake, Sarah Bohm, est morte dans la tour 1 du WTC le 11 Septembre, victime du vol AA-11 piloté par Atta, qui selon Nathan avait pour complice le "père" du Serial Eater, du moins l'homme que celui-ci nomme "père", en hébreu AB. C'est la mort de ce "père" qui conduit le fils déboussolé chez le psy A. Padoue, où il se perd en conjectures sur la signification de ce A, sans la deviner, ABdelaziz, "serviteur du Puissant" (Dieu). Jake Bohm est interprété par le jeune David Mazouz, l'arabe mazuz étant de même sens que aziz. Le prénom David peut résonner avec le physicien David Bohm, peut-être raison du choix de ce nom, comme le personnage Teller, 318 rue Tesla (Tesla et Teller étaient aussi des physiciens de renom); je pense encore au roi David, auquel m'avaient mené en priorité les occurrences de BAHM.
  A propos de la sortie du DVD The Forger au moment de la diffusion du dernier épisode de Touch, je remarque que The Forger se passe en Californie, à Carmel, mot hébreu signifiant "verger", s'écrivant KRML, soit les lettres de MLK, "roi", avec un R additionnel, or le créateur de Touch est Tim Kring, king avec un R additionnel.

  Dans cette affaire où les lettres Alef-Bet, A-B, sont si importantes, il est curieux que la première apparition connue de l'expression "section dorée" (d'où ensuite "nombre d'or", "raison d'or") soit dans un livre de 1835 de Martin Ohm, ne différant en hébreu de Martin Bohm le père de Jake que par un A (אוהם) au lieu d'un B (בוהם).

  J'ai nommé ce billet Jour des Rois parce que pour moi le 1er juin est le Jour des Queen, le 1er juin 1905 étant la date moyenne de naissance des cousins Queen. Je crois que Dannay a fait ce calcul et l'a notamment utilisé dans Halfway House, où un homme menant une double vie est assassiné le 1er juin 1935. Je développe sur cette page l'idée que Dannay ait caché dans ses scénarios de multiples indices ayant trait au mode d'écriture des Queen, dont Lee devait se prétendre le principal artisan. Ceci se traduit notamment dans deux romans consécutifs, L'arche de Noé et Le roi est mort (1951-52) où celui qui est aux yeux de tous un chef n'est en fait qu'une marionnette. Pour donner une idée de la filiation des deux romans, le chef du premier est Priam jouet entre les mains de Adam, tandis que dans l'autre le roi Cain obéit en fait à son frère Abel.

  Le titre du roman en hébreu, hamelekh met, me rappelle la légende du golem, statue de terre qui s'anime lorsqu'est écrit sur son front AMT, emet, "vérité", et qui s'immobilise quand on en efface le A, laissant le mot MT, met, "mort".
  Après le sauvetage de la juge à la fin de Serial eater, le psy Ghani trace des lettres sur son front. Lorsque la juge se regarde dans un miroir, il ne subsiste de l'inscription que la lettre alef, A. Je présume que Ghani a écrit AMT et a effacé lui-même MT.

  Le titre Leviathan du dernier épisode de Touch m'a été évocateur, ce mot étant apparu dès les premières semaines de mon épopée quaternitaire, via le roman éponyme de Boris Akounine. J'étudiais ici le fil "royal" de ce roman, évoquant toute une tradition de commentaires autour de l'égalité de la valeur 496 de leviathan avec celle de malkhout, "royauté".

  Le coréalisateur de Malec forgeron est Malcolm St Clair, mort un 1er juin. Je me suis demandé si ce prénom n'était pas apparenté au sémite MLK. Non, mais il s'agit d'un nom forgé par un roi écossais, originellement Máel Coluim signifiant "disciple de Saint Columba", ce qui me renvoie à un thème cher, dove-dov-iona. La version féminine écossaise du prénom Malcolm est Malina.

  J'ai déjà parlé du psychiatre Malineau à propos de Molina jouant le psy Malick. Sans pouvoir donner de précisions trop personnelles, ceci est associé à mon séjour à Marcillac évoqué dans le billet précédent, et à la date du 1er juin.

  J'ai décidé de publier ce billet le 1er juin avant la date effective, sans espérer qu'il se passerait quelque chose ce jour. Il y a eu au moins ceci dans ma boîte mèl,
  C'est moins frappant que le "Rond-point" d'Etienne le 13/5 (voir le billet précédent), mais Roland signale un recueil de 496 Je Me Souviens, Les pas perdus de Gilles Jacob, et l'autre message informe du décès de Jack Vance le 26 mai. Jack Vance a signé Ellery Queen 3 polars vers 1960, dont Une chambre pour mourir qui est digne d'intérêt, et son nom est évoqué pour l'écriture des derniers "vrais Queen" en collaboration avec Dannay. C'est de toute manière la disparition du dernier auteur ayant signé "Queen".
  Les messages concernent deux "Jacques" (mais Jack est le diminutif de John, Jean, le diminutif de Jacob étant Jake).

  Il y a eu une autre coïncidence mèl le 4 juin, si fabuleuse que j'y consacrerai l'essentiel du prochain billet.