31.8.11

de jour comme de nuit


31 08 : Blog Day pour certains, pour moi d'abord le 21e jour du 13e mois pataphysicien, anniversaire de plusieurs coïncidences, notamment de ma lecture il y a trois ans de Des jours et des nuits, le roman jungien de Gilbert Sinoué, qui me rappela aussitôt les polars minoens de Paul Halter.
Je relus ces polars les jours suivants, ce qui remua tant mes neurones qu'il me vint dans la nuit du 7 au 8 septembre l'intuition du 4/4/44 aux 4/5es de la vie de Jung, dont la vérification m'amena au nombre unitaire de 6272 jours, pour moi valeur fétiche d'un sonnet de Perec, dont j'avais composé une anagramme en 2006.
Voir notamment mes billets du 31/08 2009 et du 31/08 2010.

Ma lecture de Sinoué était un prolongement de ma première lecture d'un de ses romans le 2 août précédent, Les silences de Dieu, polar où l'énigme touche au nombre d'or. Ce fut une première occasion de relier Sinoué à mes recherches perecquiennes, car son héroïne est une auteur de polars nommée Gray, et le couple GRAY-SINOUE livre selon la numérologie usuelle (d'ailleurs abordée dans le roman) les valeurs 51-83, en rapport doré optimal particulier car
- l'angle dont le cosinus correspond au nombre d'or est 51,83°, aussi dit "angle de Kheops", évoqué dans le roman;
- les 10 lettres les plus fréquentes en français ont pour valeur 134, en rapport d'or avec les 16 autres lettres de l'alphabet, et ces 10 lettres se subdivisent en 5 voyelles AEIOU = 51 et 5 consonnes LNRST = 83;
- Perec semble avoir magnifié cette curiosité avec son recueil Alphabets, dont chacun des 1936 (44x44) "vers" contient ces 10 lettres AEIOU-LNRST, + 1 autre lettre.
- l'enthousiasme de ces découvertes en avril 2005 m'a conduit à un hommage en forme de sonnet d'abord intitulé L'art si noué, puis L'art noué (si...), sans aucune pensée pour l'auteur Sinoué dont je n'avais jamais rien lu.

En novembre dernier, la démarche contée dans le billet on sait l'heure... me faisait constater que le couple HALTER-SINOUE contenait les 10 lettres AEIOU-LNRST, + HE, ce qui rendait extrêmement probable la présence de séquences anagrammes correspondantes parmi les poèmes en H d'Alphabets, sinon d'énoncés significatifs. De fait le premier poème débutait par Hélas ni route (...), mais c'est surtout le Sait-on l'heure ? du 4e poème qui m'enthousiasma, puisque c'est grâce à Sinoué-Halter qu'on sait l'heure d'un événement crucial du siècle dernier (à mon avis du moins), le 4/4/44 à midi.
Je n'ai pas souvenir d'avoir alors constaté que les lettres additionnelles EH correspondent aux nombres de Fibonacci 5-8, et qu'en conséquence le partage voyelles/consonnes de Sinoué-Halter livre un autre rapport doré optimal, AEEIOU/HLNRST = 56/91 = 8/13 (Fibonacci encore).
C'était un fabuleux prélude à ma découverte 4 mois plus tard d'une coïncidence ahurissante, contée ici :
- Dans la nouvelle de Philippe Claudel Tania Vläsy, cette vieille fille Tania Vläsy change brutalement de vie le 4 avril 1959, où elle devient reine sous le n° 5691 et est possédée sans trêve par de jeunes mâles tout en expulsant des bébés à tire-larigot.
- Dans le roman L'insolite aventure de Marina Sloty, de Raoul de Warren, cette jeune étudiante fait un saut dans le passé le 7 mars 1959, et trouve le moyen de regagner son époque le 4 avril 1959. Le 7 mars dernier j'ai eu la curiosité de calculer les valeurs de ce nom :
MARINA/SLOTY = 56/91 = 8/13

En préparant ce billet j'ai cherché une illustration montrant le recueil de nouvelles de Philippe Claudel, et découvert son édition Folio (2004) avec en couverture un tableau de Burne-Jones, Laus Veneris (1870). C'est une nouvelle coïncidence ébouriffante puisque la première édition du roman de Warren à L'Herne (1980) est aussi illustrée par un tableau de Burne-Jones, La tête funeste (1887).
Il est encore fascinant qu'il s'agisse d'un tableau de 1870, l'année vers laquelle s'est ouverte une porte temporelle en 1959 dans le roman de Warren. C'est du moins la première date que j'ai trouvée pour le tableau sur la page ci-dessus, également donnée ici, mais il est plus généralement donné de 1873-78; des versions antérieures à l'aquarelle expliquent peut-être ces divergences.
Le personnage principal de chaque tableau semble de plus issu du même modèle, peut-être l'égérie des préraphaélites tôt disparue Lizzie Siddal : J'ai envie de récapituler les coïncidences entre les deux oeuvres:
- Nom féminin slave présent dans le titre;
- Même date du 4 avril 1959, qui est peut-être dans les deux cas celle de la perte de virginité de l'héroïne;
- Nombre 5691 explicitement associé à Tania, tandis que le numérologue discerne 56-91 en Marina Sloty;
- Couverture de Burne-Jones;
- Eventuel contexte fibonaccien...

Sans préjuger de la pertinence de ces allégations, The Golden Stairs de Burne-Jones (L'escalier d'or, 1880) est souvent cité comme un tableau aux multiples rapports dorés.
Je note que ce livre l'associe particulièrement au rapport 8/13.

Je reviens maintenant aux rapports de Sinoué-Halter, via 56/91 (8/13), essentiellement avec Marina Sloty. Leurs intrigues sont des dichronies, réelles pour Des jours et des nuits et Le chemin de la lumière, artificielles pour les deux autres polars minoens de Halter, où les prétendues résonances entre l'actualité et un lointain passé sont truquées, faisant partie d'un plan criminel.
Pour les deux autres romans, de même que Marina aime en 1959 un homme vivant en 1870, Ricardo et Michel sont obnubilés par une femme ayant vécu quelque 3500 ans plus tôt, à l'époque minoenne. S'il semble y avoir un réel saut dans le passé chez Halter, d'Andrée finalement rejointe par Michel, c'est dans le présent que Ricardo trouve sa Dora, mais dans des circonstances démontrant la réalité de leur lien avec un couple archétypal marqué par une tragédie hélas récurrente.

L'importance de la gématrie dans cette affaire m'a poussé à quelques autres investigations, et à découvrir que les substantifs du titre de SINOUE = 83 sont aussi des mots de valeur 83
JOURS = NUITS = 83 = SINOUE
Ainsi nous avons des nuits égales aux jours, et l'égalité vaut aussi pour les singuliers, étranges en l'occurrence :
JOUR = NUIT = 64 = HALTER
La gématrie est loin d'être une science exacte, aussi je ne suis pas sûr qu'il faille en tirer de conclusion définitive, néanmoins je note la parenté avec la transformation via l'hébreu et l'atbash du blanc héraldique, argent, en noir, sable.

Quant au titre de Halter, ses deux substantifs livrent
CHEMIN = 52 LUMIERE = 83
Ce n'est pas un excellent rapport doré, mais c'est néanmoins le partage optimal de la somme 135. C'est assez curieux, car ce "chemin de la lumière", l'objet magique qui permet le saut dans le temps, est un disque de terre creusé de 34 cupules sur son pourtour.
34 est un nombre de Fibonacci, mais Halter ne l'a pas imaginé, car c'est le réel nombre de cupules du kernos de Milia, ci-contre, qui a servi de modèle à l'auteur.
C'est en revanche lui qui a choisi de donner 55 chapitres à son roman, le nombre de Fibonacci suivant, sans d'ailleurs en avoir conscience, et je rappelle que l'année 1870 des Sloty se factorise en 34x55.
L'escalier d'or de Burne-Jones vu plus haut aurait pu être une idée d'illustration, car c'est à Moni Chryssoskalitissa, le "monastère de la Marche d'Or", que Michel retrouve la piste d'Andrée. Selon une légende, une des 90 marches des escaliers du monastère serait en or, mais uniquement visible par ceux qui ont le cœur pur. 90 moins 1, reste 89, le nombre de Fibonacci suivant 34 et 55, qui est encore le nombre d'années sautées par Marina Sloty, de 1959 à 1870, et inversement.

Je me suis demandé si les mots jour ou nuit figuraient dans un titre de Halter, oui avec La nuit du loup (août 2000), peu après Le chemin de la lumière (janvier).
C'est son 24e Masque, recueil de 8 nouvelles, Fibo.
Tania Vläsi est la dernière nouvelle d'un recueil de 13, la plus longue après la 8e. J'avais noté le prix de l'édition originale de 2003, 13 € 80.
NUIT = LOUP = 64 = HALTER, tiens...

J'ai rejeté un oeil rapide sur ces nouvelles dont plusieurs sont excellentes, notamment la nouvelle-titre, 8e et dernière du recueil. Je remarque surtout son numéro dans la collection, 2439, soit 3 x 813.
Ceci vaut surtout par rapport au numéro attribué à Tania Vläsi, 5691 = 7 x 813, en songeant que le 7 mars, 7-3, est la première date de translation temporelle chez Warren, avant le 4 avril, et à tous les jeux 7-3 ou 3-7 auxquels cette date a donné lieu dans l'oeuvre de Perec.
5691 + 2439 = 8130

Incidemment, les deux derniers romans de Warren parus à L'Herne, Le village assassin et Et le glas tinta trois fois, avaient pour numéros chez l'éditeur 812 et 813, ici dans le champ correspondant des numéros ISBN.
Un beau clin d'oeil du sort envers Raoul de Warren pour lequel l'influence de l'auteur de "813" semble avoir été primordiale, d'ailleurs explicitement revendiquée à diverses reprises.

Question numéro dans une collection, Des jours et des nuits est sorti en poche Folio sous le numéro 3883, palindrome évocateur. On peut notamment songer que l'héroïne de SINOUE = 83 y est DORA = 38.
Note du 18/6/17: En fait, Des jours et des nuits est sorti en Folio sous le numéro 3731, et c'est un autre Sinoué, Lettre à mon fils à l'aube du troisième millénaire, qui a le numéro 3883. Je ne sais comment j'ai pu faire cette erreur, mais un autre Sinoué a un numéro éminemment significatif, 2965 (BLACK=29, WHITE=65).

L'un des titres des polars minoens de Halter, Le géant de pierre, a pour valeur un nombre de Fibonacci, 144, de même que L'insolite aventure de Marina Sloty (377). Il se décompose en deux syntagmes
LE GEANT = 64 DE PIERRE = 80
J'ai déjà rencontré cette combinaison 64/80 = 4/5 à diverses reprises (ici par exemple à propos de Jean-Pierre, géant aujourd'hui terrassé). J'avais presque vu un signe, lors de la fondation de Quaternité, dans son numéro identificateur (blogID) débutant par 8064...

Toujours à propos de nuit, le premier hétérogramme en H de Perec commence par
Hélas ! Ni route ni salut hors la nuit héroïne.
J'ai relu cette série en H, et trouvé les mot Hosannah ! Route lisse. dans le 5e poème, ce qui m'a rappelé mes récentes lectures de Claude Amoz/Ozanam.

Des jours et des nuits a fait l'objet d'une adaptation télévisée, avec Caterina Murino dans le rôle de Dora, antique Minoenne et moderne Grecque.
Je remarque l'anagramme
Caterina Murino = Marina "cet or uni" (Sloty signifie "or" en polonais).
Le dernier avatar de Marina Sloty dans le roman de Warren est Marina Catherina.

Rapport à Tania Vläsi devenant la reine d'une ruche humaine un 4 avril, un hasard m'a appris récemment que le 4 avril ou 15 germinal était dans le calendrier républicain le jour de l'Abeille.
Incidemment, ce calendrier était quaternitaire, avec pour chaque décade
- 4 jours voués aux végétaux ou minéraux saisonniers,
- 1 jour voué à un animal,
- 4 autres jours voués aux végétaux ou minéraux,
- 1 jour voué à un outil forgé par l'homme.
Et après le 30 fructidor, jour du Panier (16 septembre), l'année s'achevait sur les 5 jours sansculotides... Hélas ça n'a guère duré, pas plus que la journée de 10 heures de 100 minutes de 100 secondes.

Il n'y a donc jamais eu de 4/4/44 révolutionnaire, ou 4/4/XLIV, mais j'ai regardé sur cette seule page détaillant les mois républicains que j'ai trouvée, curieusement datée du 4 décembre dernier, soit le 4/4 pataphysique, à quoi correspondait le premier quatridi du 4e mois, ou 4 Nivôse : c'est le 24 décembre, jour du Soufre, ce qui intéressera probablement l'alchimiste.
Jésus serait né pendant cette nuit sulfureuse, ce qui est plutôt jungien (et numérologique car JESUS = LUCIFER = 74), et il est assez remarquable que le tableau Laus Veneris illustrant Tania Vläsi ait d'abord été inspiré par un poème de Swinburne où la naissance du Christ était évoquée:
Knights gather, riding sharp for cold; I know
The ways and woods are strangled with the snow;
And with short song the maidens spin and sit
Until Christ's birthnight, lily-like, arow.

Je rappelle mes approfondissements Marina 1870 et Sloty 1959, entre autres.

Jour et Nuit d'Escher me semble approprié pour conclure :
PS : Après avoir achevé ce message je me suis souvenu que j'avais Le livre des fleurs, de Burne-Jones, qui s'avère être un ensemble de 38 médaillons s'achevant par Day and Night.
Cette page m'apprend que Burne-Jones avait en 1870 (sans conteste cette fois) peint des illustrations Night et Day pour un recueil de poèmes de William Morris, et voici sur ce montage les images de 1870 encadrant la vignette ultérieure :
PPS : J'avais imaginé sur mon billet on sait l'heure... quelques autres anagrammes de Sinoué-Halter, mais je n'avais pas alors pensé à Marina Sloty (en polonais "or", dont le symbole chimique est Au), paru chez L'Herne :
Herne Au Sloti