25.9.08

Quintett, ou Jungtett ?

Quintett est une BD en 5 albums publiés de 2005 à 2007, scénario de Frank Giroud avec un dessinateur différent pour chaque album.
Les 4 premiers albums, ou "mouvements", sont intitulés
Histoire de Dora Mars
Histoire d'Alban Méric
Histoire d'Elias Cohen
Histoire de Nafsika Vasli
et se passent en 1916 dans une garnison d'une petite ville de Macédoine, loin des grands combats. Le médecin de la base, pianiste, a formé un quatuor avec un aviateur, le mécano Elias et l'officier Alban, mais l'aviateur a été descendu... La chanteuse Dora, ex petite amie d'un aviateur, arrive à la base, et est recrutée, ainsi qu'une autochtone, l'aubergiste Nafsika.

Le médecin, d'une autre génération, ne semble pas concerné par les événements dramatiques qui bouleversent les vies des autres membres du Quintett en cet automne 16.
Giroud ne cache pas avoir été influencé par Rashomon de Kurosawa, où on revoit 4 fois les mêmes événements vus selon la subjectivité des différents protagonistes.
On trouvera les couvertures des 4 albums par exemple sur le site de l'éditeur, j'ai pour ma part procédé à un montage des 4 vignettes des 4es de couverture, montrant les 4 musiciens arriver à la chapelle où ils répètent, se préparer et commencer à jouer:

Le dernier album, ou 5e mouvement, s'intitule La chute. Nous y retrouvons les 4 héros du Quintett en 1932, où ils sont amenés à découvrir que les événements de 1916 ne devaient rien au hasard, et à enquêter pour en découvrir l'instigateur.
Je ne crois pas gâcher le plaisir de futurs lecteurs en dévoilant que ce personnage est le 5e membre du Quintett, le médecin pianiste Charles Guibert, plus que secondaire dans les premiers épisodes, au point qu'on ne fait le plus souvent que le deviner sur les vignettes réunissant le Quintett.
Sa main apparaît cependant sur la 4e des vignettes de couverture, ci-dessus; je rappelle qu'une main compte 5 doigts, caractérisés par l'opposabilité du pouce aux 4 autres doigts.
Si un lecteur perspicace pouvait se douter que ce n'était pas sans intention que le scénariste avait fait participer ses 4 héros à un Quintett, cet aspect du mystère est levé d'emblée dès la couverture de La chute où, aux 4 visages des héros des premiers mouvements, s'ajoutent les mains du pianiste qui tissait dans l'ombre leurs destins.
La "chute" annoncée, c'est bien autre chose, et ce beau titre trouvera une triple signification que je ne déflorerai pas.


Il y a une autre différence entre ce 5e album, qui compte 80 pages, et les autres, qui en ont 64. Il faut savoir qu'un scénariste de BD est astreint à calibrer son histoire selon certains nombres de planches correspondant à des impératifs de fabrication, ainsi 62 planches est un format extrêmement courant (celui des Tintin par exemple), permettant, avec 2 pages de titre et autres, d'obtenir 64 pages qui seront reliées en 4 cahiers de 4 feuillets de 4 pages...
Ainsi la fabrication des 256 pages des 4 premiers albums correspond-elle à un 4×4×4×4 effectif, rêve de Perec qui dans une lettre à son Cher, très cher, admirable et charmant ami... songeait à écrire un roman de 4 parties de 4 chapitres de 4 sections de 4 paragraphes. Si cette velléité ne semble avoir connu d'accomplissement que dans le poème Rail, en 4 strophes de 4 vers de 4 mots de 4 lettres, Charles Palliser a réalisé avec Le Quinconce un cycle romanesque de 5 tomes de 5 parties de 5 chapitres de 5 sections...
Quintett est d'accès plus facile, et je suis comblé par ce 5e tome de 80 pages, en 5 cahiers de 16 pages, que ç'ait été intentionnel ou non. En effet si Giroud ne pouvait calibrer son récit en 62 planches ou pages, les impératifs de fabrication lui imposaient probablement de passer à 78 pages (plus toujours 2 pages initiales de titre et autres).
Toutefois quelques indices appuient l'intentionnalité. Sur la couverture de ce Dernier mouvement, la vignette représentant les mains du docteur est plus large que celles des 4 autres membres du Quintett; précisément, elle mesure 5 cm, contre 4,1 cm pour chacune des autres (4 cm exactement aurait été plus décisif).
Par ailleurs, c'est à la page 63 que les héros découvrent le rôle du docteur, à la page 64 qu'ils se rendent à sa clinique pour l'explication finale sur les événements de 1916, qui couvre donc le cinquième et dernier cahier de 4 feuillets, correspondant aux pages 65 à 80 (avec un coup de théâtre final dans les 4 dernières pages, donnant une unité structurelle à tous les albums, mais je n'en dirai pas plus.)
On aurait ainsi :
- 4×4 cahiers pour les 4 premiers albums;
- 4 cahiers pour l'enquête, quintessence de 4×4;
- 1 cahier pour le dénouement final, quintessence de la quintessence...
Je remarque encore que l'omniprésence du nombre 4 et de ses puissances semble surdéterminée par les dates : les 16 cahiers de 16 pages des 4 premiers albums décrivent les événements de 16 (1916, au milieu des 5 années de la guerre 14-18), et le 5e album qui a 16 pages de plus se passe 16 ans plus tard.
C'est le 16 septembre que j'ai repéré ce 5e album parmi les nouveautés du rayon BD de ma médiathèque, et que j'ai donc pu achever la lecture de ce cycle dont la forme m'avait a priori intéressé, mais je n'avais pas trouvé dans les 4 premiers mouvements mieux qu'un réel plaisir de lecture. J'avais jeté un coup d'oeil à La Chute en librairie, histoire de vérifier le rôle du médecin pianiste, mais un coup d'oeil était insuffisant pour apprécier la subtilité du dénouement, et surtout pour envisager une hypothèse hardie, impossible à la seule lecture des 4 premiers albums où le prénom du docteur Charles Guibert n'était pas donné.
L'effacement du personnage, bien entendu voulu par le scénariste, était souligné par son physique : bedonnant, aux rares cheveux presque blancs, il est clairement d'une autre génération, non concernée par les passions qui embrasent ses jeunes partenaires, or le vieux CG donne par antithèse CG jeune, soit CG Jung, puisque jung signifie "jeune".

Je précise d'emblée que je ne pense pas que ceci ait été intentionnel, aussi faut-il prendre cette identification avec précaution, mais l'accumulation des coïncidences me fait soupçonner une synchronicité.
Charles est la forme française du prénom germanique Carl, et Guibert est probablement une forme de Gilbert, autre prénom germanique.
En 1932, l'encore plus vieux CG est directeur de la clinique psychiatrique Les Pervenches, où il habite, dans la tour à gauche des bâtiments.


Si je ne connais pas grand-chose des autres psys, je sais du moins que Jung est particulièrement associé à la Tour de Bollingen, et je découvre en relisant le chapitre de Ma Vie précisément intitulé La Tour à quel point il s'identifiait à cette maison, qu'il a fait construire en 4 étapes, séparées chaque fois par 4 ans :
Ainsi naquit une quaternité, quatre parties de construction différente et cela au cours de douze années.

Jung donne le détail de chacune des étapes, en 1923, 27, 31 et 35. La maison resta inchangée ensuite pendant plus de 20 ans, puis Jung décida une nouvelle transformation après la mort de sa femme en 55.
On pourrait dire que j'ai construit la tour dans une sorte de rêve. Plus tard seulement, je vis ce qui était né et la forme pleine de sens qui en était résultée, un symbole de totalité psychique. Elle s'était développée comme une graine ancienne qui avait germé.

J'aurais volontiers cité ceci sur mon billet précédent, comme parfait exemple de quaternité sous la forme du motif 4+1, avec de plus ceci de remarquable que les 4 premières formes de la Tour ont vu le jour avant 44, la date clé de la vie de Jung, et la dernière après 55, correspondant sur la photo ci-contre à la chambre ajoutée en 56 entre les deux tours (élevées en 23 et 31).
Et j'ai été amené à ces pages de Jung (il faudrait citer tout le chapitre, et cette Tour est si importante que le cahier central de Ma Vie en montre 4 états) par le 5e album de ce qui m'avait paru d'emblée une quaternité prometteuse, et sa tour du "vieux CG" (la Tour correspondait pour Jung à son aspect "archivieux".)

Charles Guibert a des lunettes ovales cerclées d'acier, comme Jung dans sa "jeunesse". Plus tard, il a opté pour des verres plus ronds, mais est resté fidèle aux fines montures de métal qui font partie de son image, et qui étaient alors "modernes".
Si par ailleurs Guibert ne ressemble pas à Jung, il est notable qu'il soit le seul personnage identifié du cycle Quintett à porter des lunettes, ceci probablement au départ pour souligner son personnage de "vieux", de "pas intéressant". On le voit fumer dans La chute, et Jung est connu comme tabagique invétéré.

Une curiosité est que les deux caractéristiques jungiennes de Guibert, les lunettes et la tour, semblent soulignées par des discordances dans les dessins. Ainsi ses verres ont tantôt des branches latérales, tantôt non, et c'est particulièrement frappant lors de sa première apparition dans La chute, page 53:
Malgré la précision de la seconde vignette, Guibert semble porter un lorgnon, alors que les branches des lunettes apparaissent clairement sur la première image. Dans ses rares apparitions des précédents épisodes, il semble le plus souvent porter un lorgnon, mais des branches de lunettes sont nettement visibles pages 26 et 61 du 3e album.

Guibert siégeait dans son bureau de la tour des Pervenches, où il pianote page 64, lorsque les héros viennent lui demander des comptes. En se reportant à la vue d'ensemble de la clinique donnée plus haut, il est clair qu'on devrait voir à droite de la tour un corps du bâtiment, en tout cas certainement pas cet arbre.
Voilà. Peut-être s'agit-il de vains pinaillages, peut-être un intérêt porté à tel ou tel autre détail mènerait-il à découvrir d'autres anomalies, toujours est-il que les caractéristiques jungiennes du psychiatre C. Guibert donnent lieu à ces indiscutables discordances.

Il me reste enfin à expliquer pourquoi j'ai inscrit sur mon montage initial des 4 vignettes de 4e de couverture les initiales des héros, Dora, Alban, Elias et Nafsika. C'est qu'avant de connaître La chute j'en avais vu une anagramme significative dans un autre contexte, à savoir DEAN dans les romans d'Ellery Queen.
Ce sera le sujet d'un autre billet, mais ce DEAN est aussi plein de sens après la lecture du dénouement. Ce mot signifie "doyen" en anglais, issu du bas latin decanus, désignant au départ un moine responsable choisi parmi dix (decem). Ce moine étant souvent le plus âgé, le mot a pris le sens laïc d'aîné, ou de chef.
Ceci semble pouvoir s'appliquer au Quintett, dont le docteur est assurément l'aîné, l'initiateur, sinon le chef malgré son rôle volontairement sous-estimé dans les premiers épisodes, ainsi le DEAN des 4 héros consumés par la fureur de vivre peut-il cacher le doyen qui les manipule, que La chute révèle se prénommer Charles, apportant précisément la lettre C qui avait été élidée dans decanus...
Le décan (decan ou decanate en anglais) est d'ailleurs un mot existant, mais il y a plus curieux encore. Pour de bonnes raisons, Nafsika ne fait qu'une apparition dans La chute, où la scène finale réunit Dora, Elias, Charles et Alban, DECA, or le grand cycle précédent écrit par Giroud était Le Décalogue, en 10 albums (+1 ultérieurement) portant sur leurs tranches Le, puis D, E, C, A, etc.
DECA, ou CADE, racine du latin cadere, tomber, à l'origine de cadecta (devenu "chute" précisément), de la cadence musicale, sinon de la coïncidence...

Note du 6/10 : Après mon billet du 5/10, où j'examine les initiales CGDAE des membres du Quintet d'Altman, correspondant à des notes anglaises en QUINTES successives, et où je note la proximité avec les initiales CNDAE du Quintett de Giroud, je me suis rappelé qu'il est courant qu'un musicien rende hommage à un ami en composant une pièce sur un thème obtenu à partir des lettres de son nom.
La convention la plus courante est de reporter la gamme ABCDEFG sur chaque séquence suivante de 7 lettres, à commencer par HIJKLMN. Ainsi N correspond à G, et les 5 membres du Quintett sont donc en harmonie de quinte selon cette convention.
Attention spoiler : Mieux, la distinction de Nafsika à l'octave supérieure fait sens puisque c'est elle qui est en harmonie immédiate de quinte sous le Chef Charles, et la Grecque (G !) est le seul membre du Quintet s'étant comporté selon les calculs du docteur.
Je suis désolé de n'avoir en tête d'autre exemple de musique sur un nom que la Fantaisie sur le nom SALCEDO pour guitare d'Emilio Pujol (correspondant aux notes EAECEDA). Le Menuet de Ravel sur le nom de Haydn est bien plus célèbre, mais il utilise une convention légèrement différente.

Note du 7/10 : Une heure après avoir ajouté hier la note précédente, j'avais un mèl d'un lecteur de ma page Kunst des Bach, où j'évoque les procédés permettant de transformer du texte en musique, et je me suis jugé hier inexcusable, alors que j'avais vu tout de suite 4 des initiales des membres du Quintett correspondre à des notes, de ne pas avoir pensé aux quintes, et à la lecture cyclique de l'alphabet permettant d'intégrer Nafsika. D'autant que je me suis rappelé hier, avant le mèl, avoir écrit cette page sur Bach où j'utilisais cette lecture cyclique de l'alphabet ; depuis près de 3 ans qu'elle est en ligne, c'est la première fois que j'avais une question sur ce sujet.
Puisqu'il est question de ces procédés, je signale que l'oeuvre moderne la plus marquante ainsi composée est le Kammerkonzert d'Alban Berg (1925), où Berg a codé dans des thèmes dodécaphoniques les séquences correspondant à des notes allemandes (ABCDEFGHS) des noms des 3 fondateurs de l'école de Vienne, ainsi que des membres de leurs familles, femmes, enfants, domestiques, jusqu'au chien de Webern...
Ce prénom rare Alban est aussi celui d'Alban Méric, dont le nom s'anagrammatise en C-ré-mi, soit do-ré-mi ou CDE...
Enfin, un exemple célèbre de do-mi-nation est le cycle des 24 Préludes op 28 de Chopin, que le pianiste aliéniste CG ne pouvait ignorer. Les tonalités impaires suivent le cycle des quintes majeures, CGDAEB..., tandis que les tonalités paires correspondent aux mineures relatives, aeb... Ainsi les 5 premières tonalités majeures 1-3-5-7-9 sont CGDAE, et les 5 première tonalités tout court 1-2-3-4-5 sont CaGeD.

20.9.08

CARL V

Carl Gustav Jung (1875-1961) a beaucoup compté pour moi au début des années 80, puis, sans aucunement remettre en question ce qu'il m'avait apporté, je l'ai quelque peu délaissé pour d'autres sujets.
Il y a quelques années, je reviendrai plus loin sur les circonstances, un hasard de lecture m'a fait prendre conscience qu'une des rares dates données par Jung dans son autobiographie, Ma vie - Souvenirs, rêves et pensées, pouvait s'exprimer sous la forme 4/4/44, un quadruple 4 carrément adéquat pour le chantre de la quaternité, une notion à laquelle j'ai immédiatement adhéré parce qu'elle énonçait quelque chose que je savais déjà, confusément.
Jung, victime d'un infarctus en 1944, a alors été très proche de la mort. Dans son livre publié en 62, plus de dix ans avant La vie après la vie, il évoque son expérience de 44 qui ressemble fort à ce qu'on nomme aujourd'hui NDE, ou EMI (Expérience de Mort Imminente), et son récit donne déjà des thèmes devenus aujourd'hui familiers, l'esprit désincarné s'éloignant de la terre, la vision de tous les actes d'une vie réunis en un tout cohérent, la rencontre de proches annonçant que le temps n'est pas encore venu... Une différence est que ce n'est pas un parent décédé qui lui communique ceci, mais son médecin, et d'avoir rencontré son médecin "de l'autre côté" lui fait soupçonner que celui-ci est près de mourir.
Et c'est ce qui se passe ! Le jour où Jung recouvre assez de forces pour s'asseoir sur son lit, c'est son médecin qui est alité, et qui ne se relèvera plus...
Et ce jour est le 4/4/44.

Très récemment, le hasard de mes recherches m'a conduit à un roman mettant en jeu la psychologie des profondeurs et Jung lui-même. J'ai consacré une étude à ce roman où j'ai vu de multiples coïncidences, essentiellement autour du mandala, soit de ce que Jung considérait comme l'aboutissement de ses recherches sur les archétypes, la quaternité centrée.
Le 7/9, je me suis couché avec 4 livres impliqués dans ces coïncidences, tous parcourus avant de m'endormir. Je me suis réveillé tôt, et dans le demi-sommeil qui suit la pleine conscience rationnelle il m'est venu l'idée que le 4/4/44 pouvait correspondre aux 4/5es de la vie de Jung. Je précise que, si j'ai lu jadis ses dates de naissance et de décès, j'aurais été incapable de mieux préciser que juillet 1875 et 1961. Toujours est-il que je me suis levé pour trouver sur le web le 26 juillet 1875 à 19h30 et le 6 juin 1961 à 16h, et procéder au calcul rigoureux exposé en détail ici : les 4/5es de la vie de Jung sont tombés le 4 avril 1944 à 11h54, autant dire le 4/4/44 à midi.

Je dois encore préciser que pour moi le concept de quaternité, ou quintessence, se traduit linéairement par le motif 4-1. Si cet aspect quantitatif est discutable au niveau psychologique, il a été pour moi essentiel, et je dois oublier mon infinie modestie pour souligner que c'est moi qui semble avoir découvert cette coïncidence dans la vie de Jung, frappante hors de toute hypothèse ou croyance. Le 4/4/44 donc sa vie a été en quelque sorte échangée contre celle de son médecin, lui accordant une tranche de vie supplémentaire dans le "système des caissettes" (ses visions lui ont montré ce monde limité à trois dimensions, où chaque personne occupe un volume rigoureusement délimité par cette contrainte spatiale, alors que l'autre monde ignore cette rigidité).
Ci-contre l'une des faces de la pierre que Jung a lui-même gravée pour fêter ses 75 ans, en 1950. On y voit Télesphore, dieu de la guérison, figure essentielle pour Jung, au centre d'un cercle divisé en 4 parties, lui-même inscrit dans un carré.

Je ne sais plus si j'ai repéré l'aspect fortement quaternaire de la date du 4 avril lorsque j'ai lu Ma Vie, mais je me souviens qu'une coïncidence est associée au moment où je me rappelle en avoir été conscient... Consultant mes archives, je découvre qu'il s'agit du 04/04/04 !
Il me faut d'abord préciser que, suite à la publication de mon roman (où j'ai exploité la date pascale du 4/4/99, mais ceci n'en fut pas la cause), j'ai fait la connaissance d'une lectrice fort amatrice de coïncidences dont je ne donne que les initiales, dp, dont le mari est natif du 4 avril 50.
Cette date est celle où débute un roman d'Ellery Queen, Double double (1950, Coup double en français), que j'ai vu construit autour du nombre 4 et de la lettre D (4e dans l'alphabet), dont je lui avais déjà parlé, et voici ce que je lui écrivais dans un courrier électronique le 4/4/4, à 14h18 :
Tout à l'heure j'avise un livre dont je sais pas trop comment il est arrivé là, Les raisons de l'irrationnel de Paul Misraki. En feuilletant je vois une anecdote que je connaissais, mais plus dans le détail, et que je vérifie dans Ma Vie.
Au début 44, à 68 ans, Jung a fait un infarctus et a failli y rester. Il a fait un genre de NDE et s'est retrouvé planant dans l'espace et regardant la terre, pas déçu de l'abandonner.
Mais il rencontre son médecin dans sa forme première de "Basileus de Cos" (roi de Cos où naquit Hippocrate) qui lui transmet que la terre déplore son départ, et qu'il doit y retourner.
Alors commence une lente guérison, au cours de laquelle Jung s'inquiète du fait qu'il a rencontré la forme première de son médecin, ce qui signifierait qu'il est sur le point de mourir. Il essaie de l'avertir, mais le toubib ne comprend pas.
Il imagine que c'est une sorte d'échange, et que le docteur doit mourir à sa place.
"Et en effet je fus son dernier malade. Le 4 avril 1944 - je sais encore exactement la date - je fus autorisé pour la première fois à m'asseoir sur le bord de mon lit et ce même jour, il se coucha pour ne plus se relever. Peu après, il mourut de septicémie."
Ca lui apprendra à être sceptique (commentaire RS).

La dernière fois où j'ai lu cet épisode, j'étais hors d'état de songer que ce 4/4/44 était le mardi de la semaine sainte qu'Ellery Queen passe à Quenan, où il revit une passion où le Teacher meurt pour laisser la place à un remplaçant qu'on pense un temps être Ellery Queen lui-même, appelé El Roï (le roi au lieu de la Reine), mais Manuel Aquina débarque en parachute...
Le TEACHER RACHETE nos péchés.

Alors qu'on vient de parler du prochain Marathon de Caen (quand ? le 17 juin), qui célèbrera le 60e anniversaire du débarquement, je m'aperçois que ce 04/04/04 est le 60e anniversaire du 4/4/44.

Je fais allusion dans le message à un autre roman d'Ellery Queen, Et le huitième jour... (1964), exploitant de façon évidente la Semaine sainte de 1944, qui tombait comme en 1950 du 2 au 9 avril.
J'ai donné le message tel quel. Je suppose que la radio venait de parler ce 4/4/4 du Marathon de Caen, mais une recherche m'apprend que sa 17e édition s'est courue le 13 juin 2004.
Les carrés de patchwork illustrant ce billet font partie d'un travail en cours de mon amie Anne.

Note du 30/3/09: depuis l'écriture de ce billet j'ai découvert comment vérifier simplement la relation 4/5 dans la vie de Jung, grâce à cette page qui convertit les dates grégoriennes en jours juliens astronomiques, et réciproquement. Ainsi le 26 juillet 1875 à 19h30 correspond-il au jour julien 2406096.312, le 6 juin 1961 à 15h45 au 2437457.156. Ajouter les 4/5es de la différence au premier résultat mène à 2431184.987, correspondant au 4/4/44 à 11h41.