30.6.14

rêvolutions


  Mon pénultième billet, Dis, Seth..., s'achevait sur ces constatations :
DIS  SETH = 32-52, couple doré
DIX  SEPT = 37-60, autre couple doré
GIACOMETTI  RAVENNE = 102 + 79 = 32+52 + 37+60
en 10 et 7 lettres... Vérification sur le Gématron.

  J'y omettais le total effectif 181, nombre qui avait pourtant pour moi de nombreux échos. D'autres échos me motivèrent lorsque je m'avisai que 181 était la valeur de l'écriture développée de la lettre arabe Q, ق, Qâf, قاﻒ, lettre abondamment commentée dans le billet précédent, La preuve par 19, et que le 30 juin, anniversaire de la mort de Haemmerli, était le 181e jour d'une année normale de 365 jours.
  J'ai lancé une recherche "qaf 181", curieux de ce que quiconque aurait pu y associer, et l'un des premiers résultats était un sujet d'un forum guénonien, en sommeil depuis 2009, où participait le membre QAF_181 (explicitement parce que Qâf a pour valeur 181), et ce sujet Sur l'initiation avait été débuté le 30 juin 2008.

  Ce qui n'est pas confirmé par le hasard n'a aucune validité. Le principe de Bellmer étant vérifié, allons-y !
  Un de mes plus beaux 181 est le nom Mark Z. Danielewski, nom doré qui se découpe en
MARK Z = 69
DANIELEWSKI = 112
avec de plus MARK = 43 et Z = 26, ainsi le nom de cet écrivain amateur de nombre d'or se découpe en une quine faisant apparaître 5 termes d'une série additive :
26-43-69-112-181
  Dans La maison des feuilles, Danielewski imagine un essai d'un certain Aristides Quine, titré Concatenating Corbusier. J'observais ici que Le Corbusier est le père du Modulor, gamme de mesures dorées, et qu'il n'est pas inimaginable que Danielewski, ayant vécu en France, ait connu la "quine des bâtisseurs", ensemble de cinq mesures d'or supposé remonter à la plus haute antiquité, mais bien plus probablement inspiré par le Modulor.

  Je remarquais aussi certains points communs entre les deux premiers romans de Danielewski et la Trilogie des fourmis de Werber. Ainsi La maison des feuilles aux profondeurs insondables peut rappeler la maison d'Edmond Wells, dans la cave de laquelle plusieurs expéditions disparaissent. Ainsi Only Revolutions, à structure palindrome totale, le livre pouvant se lire dans les deux sens, est proche du 3e volet de Werber, La révolution des fourmis, offrant une structure palindrome plus discrète mais néanmoins patente.
  Je remarquais encore que la valeur de ce titre,
LA REVOLUTION DES FOURMIS = 293
correspondait au terme suivant de la "quine Danielewski" :
112+181 = 293

  C'est en 2007 que j'ai rédigé cette page, et je n'ai pas manqué d'y mentionner ma composition de l'anagramme du sonnet Vocalisations de Perec un an plus tôt. Je projetais depuis longtemps de réaliser une version idéale de ce parfait équilibre de 112 mots totalisant la gématrie 6272 = 112 x 56, probablement sans que Perec en ait eu conscience, mais ma version aurait souligné l'harmonie avec pour chaque vers 8 mots (112/14) et la gématrie 448 (6272/14).
  La mise en ligne du Gématron début décembre 2006 me fournit un outil commode pour ce projet, et l'inclusion par Gef du calcul des sections d'or me donna l'idée de partages d'or du sonnet, notamment des 112 mots en 43-26-43.
  J'ignorais en écrivant la page qu'en septembre 2008 je découvrirais l'équilibre de la vie de Jung en 4+1 fois 6272 jours autour du 4/4/44. De plus mon anagramme complétait en quelque sorte une "quine", puisqu'il existait déjà 4 arrangements des mêmes lettres du sonnet de Perec.

  Après sa Trilogie, Werber a écrit Les thanatonautes, explorateurs du phénomène NDE par mise volontaire en état de mort clinique. Je devais découvrir ensuite que le 30 juin 1944, jour de la mort de Haemmerli, peut-être le premier médecin ayant recueilli un témoignage de NDE, et n'y ayant vu que délire, était aussi le jour de la naissance de Raymond Moody, lequel ferait 30 ans plus tard connaître au monde le phénomène avec son bestseller La vie après la vie.

  Me replonger dans la suite additive "Danielewski-112" m'a fait calculer les termes suivants. Après 112+181 = 293, il vient 181+293 = 474 et 293+474 = 767, deux termes palindromes. Un peu de réflexion m'a mené à cette représentation des 5 termes à 3 chiffres :
112 - 181 - 293 - 474 - 767
  Pourquoi avoir écrit le dernier chiffre de chaque nombre en rouge ? Parce qu'un réarrangement conduit à
2 - 1 - 3 - 4 - 7 - 11 - 18 - 29 - 47 - 76
soit les 10 premiers termes de la suite de Lucas,  en partant de L0 = 2. Je vais y revenir, mais ceci m'a aussitôt évoqué une séquence additive de 5 termes de 3 chiffres déjà remarquée :
131 - 212 - 343 - 555 - 898
et à enfin voir qu'elle pouvait se réarranger exactement de la même manière en 10 termes consécutifs de la suite de Fibonacci:
1 - 2 - 3 - 5 - 8 - 13 - 21 - 34 - 55 - 89
en partant de F2 = 1, les premiers termes de la suite de Fibo étant 0-1-1-2-3-5-8-...
  Je ne me rappelle pas avoir jadis considéré cette manière de voir la quine 131-212-343-555-898, toujours est-il que le parallélisme de ces réarrangements me fascine. Une même définition peut les réunir : avec 10 termes consécutifs d'une suite additive quelconque, pourvu que les 5 premiers termes aient 1 seul chiffre et les 5 autres 2, est-il possible de construire 5 termes de 3 chiffres 10Sn+5 + Sn tels que le rapport entre deux termes consécutifs soit optimalement doré ?
  Le bon sens souffle qu'il n'existe que les deux solutions vues précédemment, du moins en base 10, et il est aisé de le vérifier empiriquement, tant les possibilités sont restreintes.

  A noter que la palindromie n'apparaît pas dans la définition. Elle est totale pour la quine dérivée de la suite de Fibo, et 3 termes sur 5 sont palindromes pour la quine issue de la suite de Lucas.
  Si de telles quines existent, il est plutôt normal de les trouver issues de ces suites de Fibo et Lucas, les suites additives les plus immédiates. Des livres et des sites entiers y sont consacrés, et je me borne à rappeler leur similitude patente d'après ces formes des équations donnant leurs termes d'ordre n:
Fn = (φn  ψn) / (φ  ψ)
Ln = (φn + ψn) / (φ + ψ)
où φ et ψ (ou 1 – φ) sont les deux solutions de l'équation
x2 – x – 1 = 0
soit (1 + √5)/2 et (1  √5)/2 ou 1.618... et  0.618...
   Les deux suites étant liées par Ln = Fn-1 + Fn+1, il est encore normal de retrouver partiellement l'aspect palindrome de la première quine dans la seconde (par exemple 474 = 131+343).

  Lorsque je m'émerveille de tels ensembles de nombres, je les manipule pour essayer de trouver autre chose. Les nombres de la "quine Fibo" ont pour somme 2139, ceux de la "quine Lucas" 1827, difficile d'aller plus loin.
  J'ai eu l'idée de ne considérer que les 3 termes palindromes de la "quine Lucas",
181 + 474 + 767 = 1422,
résultat qui additionné aux 5 termes palindromes de la "quine Fibo" donne
1422 + 2139 = 3561.
  Bingo ! Ce nombre m'est bien connu, par trois épisodes évoqués ici.
  Un : en avril 2010, j'ai eu l'idée d'étudier les couples dorés "anadromes", tels que si
abcd / efgh est un couple doré optimal, alors
dcba / hgfe l'est aussi.
  Gef m'a aidé pour cette étude, surtout son puissant ordi pour les nombres élevés, jusqu'à 10 chiffres.
  Un résultat de cette étude a été la découverte de relations en cascade, notamment un seul ensemble de deux fois 4 nombres de 4 chiffres :
0631 - 1022 - 1653 - 2675
1360 - 2201 - 3561 - 5762
On pourra vérifier par exemple que le partage doré optimal en deux entiers de 1653 est 631-1022, et celui de 3561 1360-2201.
  J'avais constaté que pour les couples anadromes de 4 chiffres les sommes ou différences étaient souvent des multiples des termes de la suite additive où apparaît la séquence palindrome 131-212-343-555-898. Il me semblait que ce n'était pas un hasard, mais ne voyais pas comment aller plus loin que ce constat.
  En reprenant aujourd'hui les calculs pour les deux fois 4 nombres, je suis effaré des corrélations avec la récente découverte.
  Je rappelle que pour un nombre de 4 chiffres :
abcd + dcba est toujours multiple de 11
abcd dcba est toujours multiple de 9
  Utiliser ces propriétés pour les sommes et différences des deux fois 4 nombres permet de retrouver les séquences vues précédemment :
1360 + 0631 = 11 x 181 ; 1360 0631 = 9 x 081
2201 + 1022 = 11 x 293 ; 2201 1022 = 9 x 131
3561 + 1653 = 11 x 474 ; 3561 1653 = 9 x 212
5762 + 2675 = 11 x 767 ; 5762 2675 = 9 x 343
  J'ai encore recouru au dernier chiffre en rouge pour souligner que les séquences obtenues correspondent aux premiers termes des suites de Lucas, (2)-1-3-4-7, et de Fibo, (0)-1-1-2-3. Il me semble évident que ceci n'est pas un hasard, mais je ne vois pas comment traduire cette évidence en un énoncé rationnel.

  Il me semble bien moins rationnel d'avoir pu faire ce lien grâce au nombre 3561, obtenu par une logique fort discutable, l'omission dans la "quine-Lucas" des deux termes non palindromes.
  Par ailleurs je n'ai pu me souvenir de cette propriété quaternaire de 3561 que parce que j'avais rencontré ce nombre dans deux autres circonstances.
  La première était le texte proposé par Zazipo en septembre 2011, C'est un soir de vent de Harry Mathews, que j'ai vite rebaptisé Un soir parce qu'il était composé de 4 phrases : les 2 premières comptaient 35 et 61 lettres, les deux autres 35 et 61 mots, et 35 et 61 sont les gématries de UN et SOIR.
  Ma seconde récriture utilisait le fait que 3 des phrases du texte de Mathews avaient des nombres de lettres de la forme 10Fn + Fn+1, et qu'il suffisait de mettre l'autre phrase au masculin pour avoir un nombre de la même forme. Je n'ai alors fait aucun rapprochement avec la séquence 131-212-343-555-898, dont je ne sais si j'avais remarqué la forme 10Fn+5 + Fn.
  Ma troisième récriture était un sonnet anagramme du texte original, basé sur la gématrie 5757 de ses 491 lettres, ce qui m'avait évoqué les 57+57 Qâf des sourates 42-50. Mon sonnet était titré Q, comme est titrée ق la sourate 50, mais je n'avais bien entendu alors aucune idée que la valeur complète de Qâf était 181, nombre de la forme 10Ln+5 + Ln.
  Suivirent d'autres récritures, jusqu'aux deux dernières utilisant encore cette gématrie 5757, associée au fait que la somme des 57 premiers nombres est 1653, renversement de 3561 ou 35-61, UN-SOIR. Les merveilles numériques de ce texte de Mathews me firent enquêter plus avant sur le livre dont il était tiré, Sainte Catherine, et découvrir ainsi que les harmonies relevées ne devaient rien à Mathews et venaient de deux erreurs de copie de l'alinéa. C'est encore l'occasion de rappeler le "génie" de Bellmer, qui ne chante de tout cœur que la gloire de l'improbable, de l'erreur et du hasard.

  Je n'avais plus conscience alors que le couple 1653-3561 apparaissait dans la tétrade de couples anadromes découverte en 2010, et c'est une nouvelle coïncidence qui m'y aida.  En mars 2012 débuta la série Touch, dont le personnage principal était Jake Bohm, jeune phénomène percevant l'harmonie du monde sous forme de coïncidences numériques, avec différentes allusions au nombre d'or et à Fibonacci dans les premiers épisodes.
  Ce talent lui permettait dans le premier épisode de tirer d'un fatras de chiffres ce que son père lisait d'abord 1653069212, avant de reconnaître en 212 l'area code de Manhattan, et de renverser la séquence en un numéro de téléphone important, 212-960-3561. Ceci m'a rappelé les coïncidences 1653-35-61 du pseudo-texte de Mathews, et une recherche dans ma messagerie pour retrouver ce que j'avais pu en dire m'a fait redécouvrir l'appartenance de 1653-3561 à l'unique tétrade dorée d'anadromes découverte en 2010.
  Du même coup il m'est souvenu de l'importance de la suite 131-212-343-555-898 dans ces relations dorées, et le numéro de Touch a une particularité car depuis plusieurs décennies les numéros de téléphone dans les fictions US sont régis par une règle simple : le second préfixe (souvent le seul car l'area code n'est pas obligatoire) y est obligatoirement 555, inutilisé jadis. Ceci devient quelque peu répétitif à la longue, et certaines productions achètent des numéros réels pour faire plus vrai.
  Voici par exemple un autre numéro fictionnel de Manhattan (de la main du mystérieux Krycek dans X-Files), 212-555-1012. Je remarquais que les préfixes 212 et 555 appartenaient à ma séquence additive de 5 palindromes, mais je n'avais pas vu alors cette séquence sous la forme 10Fn+5 + Fn, et ignorais son cousinage avec la suite 10Ln+5 + Ln, dont les termes peuvent s'obtenir par addition de deux termes séparés par un autre de la suite cousine, notamment 767 = 212+555, CQFD...

  Je faisais le lien avec un épisode de la série Numb3rs, où le héros voitl'ensemble de la fresque... dans une étrange série de nombres une suite de type Fibonacci, menant à un numéro de téléphone caché :
1310216
2119974
3430190
5550164
  La série suivante débutera par
8980354

  La coïncidence du numéro de téléphone newyorkais 212-3561 dans l'épisode de Touch de mars 2012 m'avait semblé magnifiée par la publication ce même mois d'un roman de jeunesse de Perec, Le Condottière, où était répété un numéro parisien important, BAB 1563, avec l'indicatif de l'ancien central Babylone correspondant gématriquement à 2-1-2.
  S'il me semble devoir rappeler tout ceci, je crois qu'il est important de relire les pages et billets signalés. Mon cheminement semble se dessiner par à-coups, par dessillements successifs. Je suis contrit de ne pouvoir proposer d'emblée une recherche idéalement aboutie, mais de multiples indices semblent autant de confirmations que je suis de bonnes pistes, lesquelles semblent se fondre peu à peu en une seule voie, une voie que j'espère partageable.
  De fait une bonne part de ces progrès est imputable aux lecteurs de ces pages qui ont su pallier à mes oublis et lacunes.

  Je rappelle encore que ces événements ont coïncidé avec un intérêt pour les OSMOS m'ayant conduit à écrire en février 2012 un programme recherchant les OSMOS d'ordre 4. Lorsque j'ai découvert en mars les propriétés du couple 1563-3651, j'ai soumis ces nombres à mon programme qui a découvert dans les deux cas 4 OSMOS d'ordre 4, ce qui semblait étrange compte tenu de leur disparité, qui me fait penser maintenant à la disparité des nombres de lettres des sourates 42 et 50 contenant toutes deux 57 Qâf (3438 et 1494 lettres sans dédoubler les ligatures Lam-Alif).

  Ce retour de QAF_181 me permet une cheville non consciemment calculée pour conter une autre bizarrerie autour du nombre 181.
  L'exploration de La révolution des fourmis en octobre 2007 m'avait fait noter ses sections symétriques 13, Seule parmi les arbres, et 233, Seul parmi les arbres. Je remarquais que 13 et 233 étaient des nombres de Fibonacci (le 7e et le 13e), et les valeurs des termes hébreux ehad, "seul", et 'ets hahayim, "l'arbre de vie".
  Ceci m'était l'occasion de rappeler que l'autre arbre au centre du jardin d'Eden, "l'arbre de la connaissance du bien et du mal", a pour valeur 932, 4 fois 233. La découverte de cette relation quaternitaire au tout début de mes études bibliques, en 1985, a été pour moi un point de départ essentiel, et j'ai longtemps cru avoir été le premier à la voir, jusqu'à un jour de l'été 94 où diverses circonstances me conduisirent à la décharge de Bras-d'Asse. Un tas de papiers attendait d'être brûlé, des feuilles voletaient, j'y vis de l'hébreu...
  J'examinai un peu plus avant, il s'agissait de documents ronéotés en hollandais, avec quelques relations gématriques sur l'hébreu, et l'une des premières que je vis était celle sur les deux arbres de valeurs 233 et 932.
  Il s'agissait de cours donnés dans les années 60 à La Haye, par un certain professeur Friedrich Weinreb, et je pus découvrir qui avait jeté les documents, Paul Römer, habitant en Belgique et animant l'été des stages de rebirth en France. Je l'eus au téléphone à diverses reprises, sollicitant une rencontre pour qu'il me parle de ce professeur Weinreb qu'il avait bien connu, mais la chose ne put se faire.
  Toutefois, de retour en Belgique, il eut la bonté de m'envoyer un livre de Weinreb en allemand. J'ai gardé l'emballage du colis, parce qu'y figurait son adresse, 181 Wijngaardstreet dans une ville dont le code postal est 3620, 20 fois 181.
  Retrouvant le carton en décembre dernier, j'y vis de nouveaux éléments qui me firent envisager d'y consacrer un prochain billet, que j'aurais pu intituler 20 ans après :
- Le colis a été posté un 4 novembre, la Saint-Charles (le père de Carl Jung se nommait Paul).
- Römer habitait la rue du wijngaard, "vignoble", ce qui est aussi le sens de Weinreb en allemand.
- Wijn comme Wein signifient "vin", homophone en français de "vingt". Il y avait le 20 fois 181 du code postal, et "20" a pour moi quantité d'autres échos, notamment le "20" hébreu, 'esrim de valeur 620, nombre clé d'une de mes principales découvertes bibliques, avec notamment 3 passages de la Tora contenant chacun 620 lettres (3.620, et je repense aux 3 versets de 72 lettres, dont il est question sur la page où j'évoque Werber et Weinreb, 72 étant la valeur du "vingt" français).
- J'ai consacré le premier billet de 2013 à la tétralogie "Frederica" de AS Byatt, dont trois personnages importants sont des adeptes avoués du nombre d'or et de Fibonacci, l'universitaire Wijnnobel, le biologiste Lysgaard-Peacok, et le frère de Frederica, le mathématicien Marcus Potter. Je m'émerveille de pouvoir former Wijngaard avec les deux noms étrangers.
- Quant à Marcus, la page Werber-Weinreb m'était aussi l'occasion de donner deux coïncidences minéralogiques parallèles. Juste après la découverte des documents Weinreb l'été 94, je me remémorais les faits, butant sur le prénom de Römer dont je ne parvenais pas à me souvenir. C'est alors qu'apparut une voiture allemande dont l'immatriculation débutait par PA-UL... Une curiosité analogue survint l'été 2007, avec la rencontre du camping-car allemand MA-RK 251, ce qui me fit comprendre que 4 personnages d'un roman tout juste débuté correspondaient aux 4 évangélistes...

  J'ai pensé à Marcus Potter en rédigeant le billet précédent, avec Marcus Goldman, "homme d'or", découvrant que le roman attribué à son mentor Harry L. Quebert était en fait l'oeuvre de LUTHER CALEB, nom fibonaccien pourvu de revenir à la langue source pour l'hébreu kalev.

  Les échos éveillent d'autres échos. CALEB LUTHER m'évoquent LE BACh LUTHERien qui a néanmoins composé une messe, BWV 232, dont j'ai pu qualifier le Credo d'oeuvre en phi majeur. Il se compose de 3 parties conformément au canon de la messe :
- la première se répartit en 129 mesures de choeurs et 80 d'une aria, partage doré idéal pouvant de plus se rapporter aux dates de Bach;
- la seconde se répartit en 233 mesures de choeurs et 144 d'une aria, partage fibonaccien d'autant plus troublant que l'ensemble donne le 14e Fibo, 14 nombre de BACH;
- 251 mesures du Confiteor, moins immédiatement interprétables.
  J'avais observé que les deux premières parties se répartissaient selon choeurs et arias en 362/224, ou en moyenne 181/112, valeurs des mots IESVS NAZARENVS d’une part, CHRISTVS de l’autre, selon les rangs des 23 lettres de l’alphabet latin, expressions de circonstance.
  Attendu que je n'imagine guère que tout ceci ait été calculé sciemment par Bach, je n'ai guère de scrupules à y intégrer l'immatriculation MA-RK 251.

  J'en viens à l'explication du titre de ce billet, 170e de Quaternité. Le nombre 170 avait une certaine importance dans le billet précédent, où je relatais la mésaventure de Laurent Cluzel qui exposera en septembre ses toiles signées 123, tiré de ses initiales LC ou 12-3, et qui s'est vu devenir Alain Cluzel sur le programme du Centre du Béon.
  J'ai remarqué que cet Alain aurait dû signer 13 (pour AC), or
LAURENT CLUZEL = UN DEUX TROIS = 170
ALAIN CLUZEL = UN TROIS = 116
  Laurent me disait aussi qu'en arabe al ain signifiait "la source", "l'oeil", comme cette ville de l'émirat d'Abou Dabi. Il remarquait aussi que l'Ain est aussi le département Un...
  Le même mot se retrouve en hébreu pour les deux acceptions "oeil" et "source", et c'est dans les deux langues le nom de la 16e lettre de l'alphabet, devenue le "o" des alphabets grec et latin, rond comme l'oeil.
  J'utilise la translittération OYN, qui n'est pas mon seul apanage, et je remarque que l'OYN a pour anagramme ONLY, en anglais l'adjectif invariable "seul" ou l'adverbe "seulement", dérivé de ONE, "un". On peut se demander si dans le titre Only Revolutions de Danielewski only a l'une ou l'autre fonction, ou si la polysémie est voulue.
  Quoi qu'il en soit, les couvertures de l'édition originale du livre à deux lectures montraient un demi-oeil ocre et un demi-oeil vert, ce qui fut repris dans l'édition française où le titre est devenu O Révolutions :
  Il semble avoir été important pour Danielewski comme pour son traducteur d'avoir 3 "o" dans le titre. Dans le texte "Hailey" tous les "o" sont ocres, verts dans le texte "Sam".

  J'écrivais dans le précédent billet que 123-170 m'évoquait le 24e et dernier Prélude-Fugue du premier volume du Clavier Bien Tempéré, qui compte 47+76 = 123 mesures écrites (nombres de Lucas), et en principe 170 mesures jouées car le Prélude est à reprises.
  C'est le seul Prélude à reprises du premier volume, et il entre dans une harmonie dorée qui m'éberlue encore 10 ans après sa découverte. Les spécialistes estiment que ce n'est pas par hasard que Bach a choisi pour son exploration des 24 tonalités un titre en 24 lettres, Das wohltemperirte Clavier, et j'ai remarqué qu'aux 3 r de ce titre correspondent trois paires Prélude-Fugue aux mesures en progression dorée, 65-105-170, soit 5 fois les Fibos 13-21-34.

REVOLUTIONS = 170, et son découpage en voyelles/consonnes mène aux même équilibre
EOUIO / RVLTNS = 65/105 (= 13/21)
  Le mot révolutions débute par un r, et l'oeuvre de Bach est aussi révolutionnaire en ce sens que le cycle des tonalités est infini.
  170 est encore la valeur de ARISTIDES QUINE (104-66) imaginé avoir écrit Concatenating Corbusier.
  J'ai encore songé à l'anagramme VERSOLUTION, qui pourrait concaténer l'idée que la clé, la solution, est dans le retournement, le verso.

REVOLUTION = 151, au singulier, nombre qui m'a fait remarquer que l'exergue de La révolution des fourmis étant
1+1=3
du moins je l'espère de tout mon coeur.
UN+UN+TROIS = 151, relié ici au second épisode de Touch, intitulé 1+1=3.
  Les jeux sur LAURENT et ALAIN CLUZEL du précédent billet m'ont conduit à étudier cette approche sur l'ensemble des nombres de 3 chiffres, et découvrir qu'il existait en français un seul cycle à deux temps (une seule révolution), 113-151, avec
UN+UN+TROIS = 35+35+81 = 151
UN+CINQ+UN = 35+43+35 = 113

  Lorsque j'ai rencontré les nombres de lettres 151-244 pour les deux dernières phrase du pseudo-texte de Mathews, de la forme 10Fn + Fn+1 il ne m'est pas venu que j'avais rencontré l'équilibre 244-395 pour l'oeuvre maîtresse de l'écrivain minimaliste Zu, imaginé par Antoine Bello, une trilogie centrée sur le personnage de Z. :
- Genèse (395 mots)
- Paternité (244 mots)
- Disparition (89 mots)
  Sans renier ce que j'avais dit alors, la nouvelle approche permet de définir ces 3 nombres à partir des Fibos 21-34-55 (ou 34 combiné aux valeurs des titres) :
395 = 10x34 + 55 (10x34 + GENESE)
244 = 10x21 + 34 (4x34 + PATERNITE)
89 = 34+55 (34 + GENESE)
  De toute manière Bello a lu ce billet et y a réagi, sans manifester d'écho fibonaccien, ce qui me porte à penser que ceci était loin de ses préoccupations, sinon il aurait pu idéalement achever la trilogie par
- Révolution (151 mots).

  Je n'ai pu encore caser que 293, valeur de La révolution des fourmis, et 181, valeur de l'auteur de O(nly) Revolutions, sont unis par
DEUX+NEUF+TROIS = 54+46+81 = 181

  Attendu que le 181e jour d'une année normale m'est significatif, 70e anniversaire aujourd'hui de la mort de Haemmerli, je me suis demandé quel était le 293e jour, et c'est le 20 octobre, qui sera le 109e anniversaire de la naissance de mon cher Dannay, alias Daniel Nathan, alias Ellery Queen, ou le 160e de celle de Rimbaud.
  Il m'est venu que la naissance de Jung un 26 juillet correspondait au 207e jour, 207 valeur de l'hébreu 'or, "lumière", ce qui m'avait échappé lorsque je me suis penché sur l'allemand LICHT, de même valeur que JUNG.

  Ce billet aurait encore pu s'intituler
Mathews, Mark, Luk, Hans, Paul et les autres

Note du 8/7 : Les recherches ci-dessus sur les palindromes dorés m'ont conduit à étudier ce qui se passait dans d'autres bases, car il n'y a a priori aucune raison pour que les résultats obtenus soient spécifiques de la base 10.
  Ceci m'a conduit à diverses découvertes exposées dans les premiers commentaires à ce billet, un peu complexes. En voici un point qui constitue une formidable coïncidence : pour tout n impair supérieur à 1, le produit F3n par (Ln+1) est, lorsque exprimé en base Ln, un nombre de 4 chiffres identiques, chaque chiffre étant Fn.
  Pour n=3, on obtient le produit 34x5 = 170 exprimé en base 4 par 2222. Ce sont les nombres 181 et 293, associés aux Révolutions de Danielewski et Werber, qui m'ont conduit à approfondir la question, après avoir intitulé ce billet Rêvolutions, parce que ce mot de valeur 170 offre selon voyelles/consonnes un partage d'or parfait 65/105. Non seulement donc la valeur 170 est en base 4 le nombre 2222, premier résultat de cette recherche, mais son partage d'or 65/105 s'exprime par deux palindromes, 1001 et 1221.
  65 et 105 sont les 5/4 de 52 et 84, valeurs de JUNG et HAEMMERLI, encore dans le rapport 13/21 que je rencontre si souvent. Le produit 34x5 correspond à F9 x (L3+1), avec L3=4, soit donc 34 x (4+1), m'évoquant bien sûr la quintessence jungienne (et CARL = 34, avec CR-AL = 21-13).
  Pour donner une idée de la qualité de ce hasard, le nombre suivant 17010 ou 22224 est, pour n=5, 732010 ou 555511. De même le partage d'or de ce dernier nombre en base 11 donne des palindromes, et c'est une règle générale pour toute cette série de nombres. Le motif 4+1 de la vie de Jung autour du 4/4/44 m'avait aussitôt évoqué le poème Prisme de valeur 5555, plus tard anagrammatisé en mispar.
  n=1 aboutirait à une incohérence car la représentation usuelle des nombres n'autorise pas la base 1 (L1=1), incohérence qui peut être surmontée en admettant la représentation de la base non par 10, mais par un symbole propre à la base, réservant le rôle du symbole 0 au zéro absolu. Dans ce système, n=1 conduit à 410, devenant 11111 en base 1, ce qui ne change rien aux autres nombres de la série, les prochains répétant donc les Fibos impairs suivants, 22224, 555511, DDDD29 (ou 13;13;13;1329)...
  Je rappelle que Jake Bohm de Touch a joué le rôle essentiel rappelé plus haut, or je remarquais l'écriture bizarre en hébreu de Bohm dans le dernier épisode de la série, באהם, au lieu de l'attendu בוהם, le nom bizarre étant composé des lettres de rangs correspondant aux 4 premiers Fibos impairs, 1-2-5-13 (dans l'ordre 2-1-5-13).
Note du 12/7 : J'oubliais que ce billet était le 170e de Quaternité, billet qui m'a donc amené à la suite F3n (Ln+1) dont les premiers termes pour n=1 et n=3 sont quatre et 170.

1.6.14

l'affaire Luther Caleb


A BC

  La coïncidence initiatrice du billet précédent, Dis, Seth..., m'avait conduit du film Les pleins pouvoirs, opposant le cambrioleur Luther au flic Seth, au roman Le don des larmes, opposant le criminel Seth au flic Luther, découvert par hasard quelques jours plus tard.  Ces noms Seth-Luther me sont significatifs par leurs valeurs, 52-84, correspondant selon le même principe à Jung-Haemmerli, dont les destins se sont en quelque sorte échangés le 4/4/44, après une vision de Jung où il rencontrait Haemmerli dans l'autre monde, ce qui lui avait fait prévoir cet échange.
  Ce n'est qu'un aspect des coïncidences 52-84, un autre important ici est de retrouver ces valeurs 52-84 pour les noms hébreux Eliyahu et Hanokh, Elie et Enoch, seuls personnages de l'Ancien Testament à n'avoir pas connu la mort terrestre, élevés directement au ciel par Dieu.

  Diverses autres coïncidences Seth avaient émaillé ce billet, et voici que c'est au tour d'un Luther d'arriver en scène, personnage de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, du jeune romancier suisse Joël Dicker, m'ayant paru digne d'intérêt à sa sortie il y a deux ans, mais j'avais attendu sa disponibilité à ma médiathèque, ce qui arriva le 28 mai.
  Je dois révéler ici quelques clés essentielles, aussi ceux qui voudraient découvrir cette belle lecture par eux-mêmes sont-ils invités à la faire au préalable. Qu'il me soit d'ailleurs permis d'énoncer que la solution purement policière de l'affaire ne répond pas aux exigences d'un amateur aguerri de procedural, mais c'est un détail.
  Juin 2008 : Marcus Goldman, la trentaine, a connu le succès littéraire deux ans plus tôt avec un premier roman, mais son inspiration est tarie alors qu'approche la date butoir du 30 juin, où son nouveau manuscrit est exigible par l'éditeur auquel il est lié par un contrat draconien. C'est alors qu'est découvert le cadavre d'une jeune fille dans la propriété de celui qui lui a tout appris 10 ans plus tôt, son professeur Harry Quebert. Nola Kellergan était déclarée disparue depuis le 30 août 1975, 33 ans plus tôt, et les premiers résultats de l'enquête montrent que cette fille du pasteur local, âgée de de 15 ans, avait eu une liaison avec Harry, alors âgé de 34 ans. Cette liaison aurait inspiré le best-seller de Harry, Les origines du mal, publié en 1976, dont on trouve le tapuscrit original avec le cadavre. Harry est arrêté, Marcus se rend sur place pour enquêter et l'innocenter.
 
  Il y a d'abord eu pour moi un écho immédiat. Joël Dicker écrit en français, mais ses protagonistes sont des citoyens US, et il va donc de soi que le best-seller de Quebert serait en VO The Origins of Evil, et c'est bien cette forme qui apparaît dans la traduction anglaise du roman, or en 1951 est paru The Origin of Evil, 21e roman signé Ellery Queen, traduit sous le titre L'arche de Noé.
  Je sais par expérience qu'il y a fort peu d'auteurs anglo-saxons à la cote QUE (813 QUE pour les auteurs US), et l'idée des deux titres similaires à la même cote m'a fait imaginer une couverture pour le titre imaginaire de Quebert, sur le modèle d'une des éditions du Queen :
  Cet exercice n'avait pas pour seules motivations les points communs des titres et des noms des auteurs. L'enquête de Marcus lui révèle vite de nombreux points obscurs autour de la disparition de Nola en 1975, notamment la présence constante dans son sillage du mystérieux Luther Caleb, être disgracié à la suite d'une bagarre de rue, chauffeur du richissime Elijah Stern, propriétaire de la maison louée par Harry pour y écrire son roman.
  Le mois suivant la disparition de Nola, le corps calciné de Caleb a été découvert loin de là dans sa voiture accidentée. Le récit peut laisser des doutes quant à cette identification, suggérant une mise en scène à un lecteur chevronné de polars.
  Il y a de fait bien eu mise en scène, mais Caleb a été assassiné comme Nola la nuit du 30 au 31 août 1975. Cette brute au coeur tendre vivait par procuration l'amour entre Harry et Nola, épiant leurs échanges de courriers, subtilisant parfois une lettre, ou la retardant. De fait deux manuscrits ont été écrits cet été-là, celui de Harry, Les mouettes d'Aurora, sans réel génie, et la troublante réinterprétation par Caleb de l'idylle entre Harry et Nola, confiée pour évaluation par Caleb à l'auteur confirmé Harry.
  Harry, conscient de la médiocrité de son propre texte, s'est approprié celui de Caleb lorsqu'il a eu la certitude que personne ne connaissait l'existence de ce manuscrit, et l'a publié sous le titre Les origines du mal, en allusion à son plagiat.

  Caleb est un important personnage biblique, kalev, dont le nom signifie "chien", d'où le chien sur ma couverture. Ce nom est souvent interprété ka-lev, "comme le coeur" (d'où le coeur et le point d'interrogation).
  Le chien joue un rôle important dans The Origin of Evil de Queen, où la question du plagiat est peut-être aussi très subtilement abordée. Après les couvertures française et anglaise, voici l'édition hébraïque, L'homme qui revient du passé, avec également un chien en couverture.
  Au plus bref, l'affaire touche deux associés, Hill et Priam, à la tête d'une joaillerie. Hill reçoit une série d'animaux morts, ainsi qu'une étrange menace de mort. Il est cardiaque, et meurt d'une crise après avoir trouvé un chien mort sur le pas de sa porte.
  Ellery enquête et découvre que les deux hommes ont jadis été impliqués dans une expédition anthropologique, avec un troisième larron, Adam, qu'ils auraient abandonné dans des circonstances précaires, après la découverte d'un trésor qui leur aurait permis de lancer leur affaire de joaillerie.
  Adam pourrait bien être le secrétaire de Priam, engagé récemment par celui-ci, au passé mystérieux, mais il aurait utilisé le formidable orgueil de Priam afin de se débarrasser des deux associés sans aucun risque pour lui-même. Adam aurait ainsi soufflé à Priam le plan pour éliminer Hill, lui envoyer divers animaux morts selon l'échelle de l'évolution, sans que Priam ait conscience d'avoir été manipulé, doublement car d'une part il fait le jeu d'Adam en éliminant Hill, d'autre part de multiples imperfections du plan soufflé par Adam conduisent Priam à être accusé et condamné, et à se suicider en prison pour rester maître de son destin.
  L'un des indices accusateurs est l'avertissement de mort envoyé à Hill, tapé sur la machine de Priam alors que sa touche T était en panne. Adam a su convaincre Priam que son génie lui permettrait de résoudre la difficulté, mais ceci a conduit à un texte étrange, qu'Ellery a fini par comprendre être un lipogramme en T, accusant Priam. Le titre danois du roman est d'ailleurs Le T manquant, inscrivant Queen parmi les précurseurs de l'Oulipo (Queen a par ailleurs utilisé anagramme, acrostiche, tautogramme, gématrie, structures numériques sophistiquées).

  J'ai décelé dans ces petits jeux des récurrences autour de la lettre T et du nombre 20, son rang dans l'alphabet, ce qui m'a semblé pouvoir être une signature du "Queen principal", Frederic Dannay, né un 20 octobre, et éventuellement faire allusion au mode d'écriture des cousins Queen : Dannay concevait des intrigues que Lee finalisait, avec au départ une parfaite entente.
  Puis Dannay a souhaité s'écarter du polar de détection de leurs débuts pour des intrigues plus profondes, avec de plus en plus de difficultés du côté de Lee, et des relations de plus en plus tendues jusqu'à une rupture en 1958. Dannay reprendra ensuite une écriture totalement libérée avec d'autres auteurs tenant le rôle de Lee.
  J'imagine facilement que des romans tels The Origin of Evil (1951), ou le suivant The King is Dead (1952), basés sur des paires d'associés où l'un se prétend chef incontesté alors que c'est en fait le partenaire introverti qui prend toutes les décisions importantes, décrivaient de manière voilée le mode de fonctionnement selon Dannay des cousins Queen, avec assez d'habileté pour que Lee n'y perçût pas les allusions.

  Le point culminant de ce schéma serait le message sans T, que Priam revendique entièrement alors que c'est vraisemblablement Adam qui en a soufflé chaque mot. J'ai développé le schéma ici, et il est temps de souligner à quel point il ressemble au plagiat littéraire, car un bon plagiaire ne peut convaincre son monde que s'il parvient à se convaincre d'être le réel auteur des textes qu'il a "empruntés".
  Je n'y insiste pas, sauf sur le fait qu'il s'agit pour moi d'un fait acquis depuis plus de 15 ans : Dannay a caché des allusions aux problèmes d'écriture avec Lee dans plusieurs romans, le plus notable étant The Origin of Evil, et il m'a été ainsi immédiat de découvrir le roman The Origins of Evil, volé par Harry Quebert à Luther Caleb. Tout ce que je peux ajouter pour justifier la chose me semble diluer cette immédiateté.

  Il y a encore le "chien", kalev en hébreu, dog en anglais, et le jeu classique dog-God, "chien-Dieu", vraisemblablement présent dans The Origin of Evil où les employés de Priam le surnomment en secret Dieu, en raison de sa propension à tout régenter. Le premier Queen sans Lee, L'adversaire (1963), emploiera explicitement ce jeu dog-god.
  Dannay, né dans une famille juive pratiquante, avait au moins quelques notions d'hébreu, et il est possible que le jeu kalev = ka-lev ("chien" "comme coeur") lui ait inspiré l'idée de faire mourir Hill d'une crise cardiaque après la réception d'un chien mort.
  Joël Dicker, également d'origine juive, a peut-être aussi songé à ce jeu en forgeant le nom Luther Caleb, sachant que le symbole luthérien essentiel est la rose de Luther, une croix dans un coeur dans une rose... Ceci me rappelle les Deux-Roses, York et Lancastre, évoquées précisément à propos de L'adversaire de Queen.

  La découverte du nom Luther Caleb m'a aussitôt évoqué les récents couples Luther-Seth = 84-52. Il m'est immédiat que la valeur du mot hébreu Caleb (kalev) est 52, ainsi Luther Caleb pourrait représenter un trait d'union entre les jeux 84-52 occidentaux (tel Haemmerli-Jung) et sémites (tel Hanokh-Eliyahu, Enoch-Elie).
  Il ne m'est évidemment pas indifférent que Caleb soit patronné par un Elie, explicitement juif, Elijah Stern.

  Un autre nom hébreu, pas nécessairement d'un personnage juif, a attiré mon attention, celui du vieux bibliothécaire d'Aurora, Erne Pinhas, auquel est dédié le livre bouclé en hâte par Marcus Goldman le 31 août 2008, L'Affaire Harry Quebert, correspondant aux deux premières parties de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. Luther Caleb y est présenté comme le probable assassin de Nola, et bien d'autres choses ont échappé à Goldman. La publication du livre permet à Goldman de recevoir de nouveaux témoignages, et à Joël Dicker d'ajouter une troisième partie rétablissant la vraie vérité.
  Si j'ai remarqué Pinhas, aussi appelé Phinéas, Pin'has ou Pinchas, c'est que Caleb et Pinhas sont réunis par la tradition juive qui les identifie aux deux espions venus repérer les défenses de Jéricho, au chapitre 2 du livre de Josué, épisode lu à la synagogue après la section de la Tora Shelach (Nombres 13,1 à 15,41), relatant l'expédition envoyée par Moïse pour reconnaître la terre promise, Canaan, après la sortie d'Egypte et la traversée du désert. Moïse choisit 12 hommes représentant les 12 tribus, qui font à leur retour un rapport à Moïse et Aaron (Nb 13,26) si catastrophique que le peuple d'Israël maudit YHWH de les avoir sortis d'Egypte. C'en est trop pour le Seigneur, qui condamne toute cette génération à mourir dans le désert sans pouvoir entrer en Canaan; seuls Josué et Caleb, qui se sont rebellés parmi les 12 contre l'avis général, sont épargnés.
  40 ans plus tard, alors que toute la génération du désert a disparu et que Josué est devenu le leader du peuple, une nouvelle mission de reconnaissance est nécessaire. L'exégèse juive estime que l'erreur de la première mission a été de choisir 12 membres des tribus profanes, sans y faire participer la 13e tribu sacrée, celle des prêtres lévites, ainsi a-t-il été imaginé que les deux espions étaient Caleb, survivant de la première expédition, et Pinhas, lévite s'étant particulièrement distingué.
  Lors de mes lointaines recherches bibliques, je me suis avisé que :
- les noms hébreux des 12 explorateurs avaient pour somme gématrique 2404, 4 fois la valeur 601 des chefs lévites Moïse-Aaron auxquels ils ont fait leur rapport;
- les deux espions étaient identifiés à Caleb = 52 et au lévite Pinhas = 208 = 4 fois 52;
- 52 est soi-même 4 fois 13, nombre réel des tribus en comptant les lévites, et valeur du mot e'had, "un";
- j'étais déjà alors imprégné du motif 1-4 issu de mes lectures jungiennes, bien que ne pratiquant pas encore la gématrie par rangs dans notre alphabet, où JUNG = 52.

  Je pensais avoir eu l'occasion de parler de Caleb sur Quaternité, à propos de sa lecture "comme le coeur", tant le mot "coeur" y est important (voir récemment ici), composé en hébreu des lettres Lamed-Bet (voir aussi , où il est beaucoup question de Perets et Zerach, qui selon une autre hypothèse seraient les deux espions de Jéricho). Il semble que je n'ai rien dit de Caleb jusqu'ici, mais j'ai parlé de Pinhas à propos d'un épisode de Medium où étaient réunis des personnages nommés Phineas, Joel et Nathan.
  J'y remarquais que dans la tradition juive Pinhas est vu comme une préfiguration de Elie, si bien qu'à la lecture de la section de la Tora Pinhas est associé un texte sur Elie (en hébreu ALYHW, "Dieu est YHWH"), et que Joel (en hébreu YHWAL, "YHWH est Dieu") est vu comme un autre nom de Enoch.
  Dans cet épisode Allison Dubois est confrontée à l'escroc Joel qui prétend avoir reçu l'âme de l'écrivain Nathan à côté duquel il était lors de sa mort. Ceci me paraît suggérer un rebondissement avec l'auteur Joël Dicker qui a imaginé un titre proche de The Origin of Evil de Frederic Dan-nay, lequel a forgé son nom à partir de son nom de naissance Daniel Nathan (nom sous lequel il a d'ailleurs publié un texte très personnel en 1953).

  The Golden Summer, Marcus Goldman enquêtant sur Nola pendant l'été 2008... Je n'y insiste pas mais remarque que les prénoms des auteurs sont en rapport doré :
FREDERIC / JOEL = 68/42, le couple trouvé à diverses occasions proche du couple essentiel 84/52, pouvant correspondre ici à LUTHER caleb (via l'hébreu pour le patronyme).

  A propos d'échos entre ces deux auteurs, j'ai remarqué la date de naissance de Nola, le 12 avril 1960, qui était cette année-là le mardi de la Semaine sainte, de même que le 4/4/44 de l'échange Jung-Haemmerli. Je n'imagine guère que Joël Dicker ait choisi à dessein une date pascale, mais suis en revanche certain que Frederic Dannay a multiplié les allusions pascales dans divers romans, notamment Et le huitième jour... dont les 8 chapitres couvrent exactement la Semaine sainte 1944, avec un chapitre consacré au 4/4/44.
  Le 4 avril 1960 a une certaine particularité, car ce fut le jour de l'indépendance du Sénégal, commémorée le 4/4/2004, 44 ans plus tard, par la chanson 4-4-44 de Youssou N'Dour.

  Que le "chien" Caleb (en hébreu כלב de valeur 52) soit "comme le coeur" me rappelle que l'anglais heart a aussi pour valeur 52, et que son anagramme Thera est un autre nom de Santorin, jadis Strongylé, l'île ronde présentée comme une énigme dans les romans de Sinoué-Halter (Sait-on l'heure ?) qui ont joué un rôle essentiel lors de ma découverte du schéma 4-1 de la vie de Jung.

  C'est donc le 28 mai que j'ai débuté la lecture de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, achevée le 30 avec l'idée immédiate d'y consacrer un billet, dont un point fort serait les échos avec Queen. J'ai remarqué la proximité du premier juin, ou 1/6, qui est pour moi la "Jour des Queen", la date moyenne de naissance des cousins Queen en l'an 1905, opposée au 6/1, la "Nuit des Rois", ce qui m'a semblé avoir été vu par Dannay, et m'a motivé l'an dernier pour publier le billet Jour des Rois à cette date.
  J'ai donc décidé de dater ce nouveau billet du 1er juin, et ce jour sont survenues deux coïncidences tout à fait spéciales, en rapport étroit avec Caleb. Il faudra pour une part accepter ma bonne foi pour admettre qu'elles sont bien survenues le1er juin, mais le reste, déjà étonnant, est vérifiable.

  Pour la première, il m'est souvenu la veille ou le matin qu'il y avait en arabe une similitude encore plus patente entre les mots "chien" et "coeur". Mon lexique m'a rappelé que les mots correspondants étaient كلب, kalb ou kelb, et قلب, qalb ou qelb.
  Mon lexique était encore ouvert à cette page dans l'après-midi lorsque nous nous sommes accordés une pause cinéma-streaming. Il m'est souvenu qu'il y avait un récent polar avec Isabelle Huppert, Tip Top, qui tardait à être disponible, et voici qu'il l'était. Nous l'avons regardé.
  Ce que j'en ai essentiellement retenu est ceci, le flic Robert Mendès (François Damiens) recrute des indics dans la communauté arabe, et s'efforce d'apprendre la langue. Alors qu'il s'y essaie, un Arabe le reprend et lui indique qu'il a dit kalb, "chien", alors qu'il voulait dire qalb, "coeur".
  Je remarque que le mot "coeur" est prononcé exactement au temps 55:34, 55/34 étant un rapport fibonaccien.

  La seconde coïncidence est à épisodes. Luther Caleb est aussi peintre, et c'est la découverte chez Elijah Stern d'un tableau montrant Nola nue, signé LC, qui persuade Marcus Goldman que Caleb a joué un rôle important.
  Ce tableau LC m'a aussitôt fait penser à "phrère Laurent", Laurent Cluzel, l'ami illustrateur avec qui je corresponds régulièrement depuis deux ans, rencontré en avril à Paris. Laurent signait ses oeuvres LC, mais il a eu récemment l'idée d'une nouvelle manière, et exposera en septembre prochain une série de tableaux signés des chiffres 123, accompagnés de LC stylisés.
  12 et 3 sont les rangs des lettres L et C, mais Laurent lit plutôt cette séquence "cent vingt-trois" ou "un-deux-trois".
  Ma familiarité avec les nombres m'a permis de lui signaler une adéquation dont il a été enchanté :
LAURENT CLUZEL = 91+79 = 170
UN DEUX TROIS = 35+54+81 = 170
  Puis j'ai découvert que l'autre LC était le véritable auteur du bestseller signé Harry L. Quebert, nom complet, à l'américaine avec une initiale intermédiaire, du mentor de Goldman, or
HARRY L QUEBERT = 70+12+88 = 170
  J'ai aussitôt signalé la chose à Laurent, le soir du 31 mai. Il m'a répondu le lendemain assez tard, à 20:39, en m'apprenant une curiosité. Le centre où il va exposer en septembre a fait imprimer un programme de ses activités, et Laurent venait d'en recevoir un exemplaire où son nom est étrangement devenu Alain Cluzel. Selon les mêmes modalités ayant conduit Laurent à signer LC puis 123, Alain Cluzel signerait AC ou 13, or
ALAIN CLUZEL = 37+79 = 116
UN  TROIS = 35+81 = 116

  Difficile d'imaginer erreur tombant plus juste, mais c'est loin d'être tout. Au cours de ce Jour des Queen, il m'était encore souvenu qu'un personnage d'une nouvelle de Queen se nommait Caleb. J'ai vite retrouvé la nouvelle en question, As Simple as ABC, parue en mai 1951 dans EQMM (Ellery Queen's Mystery Magazine), appartenant à une série thématique : chaque numéro du mensuel donnait une enquête d'Ellery associée à un événement du mois en cours (les 12 nouvelles seront ensuite rassemblées dans le recueil Calendrier du Crime).

  Dans As Simple as ABC (anglicisme équivalent à "Simple comme 1+2 = 3"), Ellery passe dans un petit village le jour de Memorial Day, 30 mai commémorant les morts pour la patrie. Le village s'enorgueillissait de compter trois vétérans de la Guerre de Sécession, Caleb Atwell, Zach Bigelow et Abner Chase, 97, 95 et 94 ans. Mais le 30 mai précédent Caleb Atwell est mort en soufflant dans le clairon historique qui joua un rôle dans la bataille de Gettysburg. Tôt le matin de ce nouveau 30 mai Abner Chase est découvert mort, apparemment d'une crise cardiaque, et lorsque Zach Bigelow souffle dans le clairon il s'effondre à son tour, victime d'un poison sur l'embouchure de l'instrument.
  Le reste est trivial, les 3 hommes prétendaient connaître un trésor dont seuls profiteraient les héritiers du dernier survivant, mais la mort de Chase est un réel accident, et c'est son héritière qui avait empoisonné le clairon, ainsi les morts auraient dû se succéder selon la logique A-B-C.

  ABC comme le 123 de Laurent. Je remarque que c'est aussi en 1951 qu'est paru The Origin of Evil, avec sa menace de mort écrite sans T, sans la 20e lettre. Pour donner une idée de la complexité queenienne, Dannay avait concocté en 1958 un chant du cygne, The Finishing Stroke, dont l'une des traductions françaises est titrée L'ABC du crime,  où 12 personnes natives des 12 mois de l'année se trouvent réunies de Noël à la Nuit des Rois dans la demeure de l'imprimeur ABC, Arthur B. Craig, avec une ambiance rappelant AC, la reine du crime Agatha Christie (laquelle a notamment écrit ABC contre Poirot et Un, deux, trois).
  Quelques indices suggèrent que les 12 personnes soient natives de dates géminées, tels le 3/3 ou le 12/12 livrés explicitement, excepté le poète John Sebastian, né le 6/1, la Nuit des Rois, mais il y a en fait deux John, car il a invité son jumeau secret, et Ellery lui-même, que le lecteur sait être double, déclaré natif de juin (que je me suis permis de préciser 1/6, Jour des Queen). De mystérieux cadeaux pour John sont trouvés chaque jour, au total 20 objets en 12 livraisons.
  Il y a eu en fait trois John Sebastian, l'un des triplés étant mort. J'ai étudié sur cette page l'idée que ces triplés auraient pu être identifiés A,B,C, donnant un indice supplémentaire pointant vers John Sebastian BAC(h), or la signature 123 de Laurent menant vers
LAURENT CLUZEL = UN DEUX TROIS = 170
m'avait rappelé le dernier Prélude-Fugue du premier volume du Clavier Bien Tempéré, en
47+76 = 123 mesures écrites,
mais le prélude est à reprises, si bien qu'on a en fait
47+47+76 = 170 mesures exécutées.
  Ce dernier Prélude-Fugue est dans la tonalité si mineur, h selon la terminologie allemande, d'où une possibilité 123h ou ABCh. Sur cette page Bach, je remarque que, parmi les 16 tonalités BACHbach des deux volumes du CBT, les seules à reprises sont dans l'ordre hcaB, envers de Bach (l'endroit aurait nécessité un 3e volume).

  Ceci a un écho avec l'expo 123 de Laurent, en septembre où il fêtera ses 47 ans : 123 + 47 = 170.

  Voici la partie du programme des activités du Centre d'Actions Culturelles du Béon (89100 Soucy) consacrée à l'expo d'Alain Cluzel :