26.7.17

¡RES debe ser!


  Le billet précédent s'achevait sur une découverte ahurissante.
  Je rappelle que les grilles de 9x9 lettres de Cyril Epsein, publiée dans Formules n° 9 (2005), et de 9x10 lettres de Robert Rapilly, publiée dans El Ferrocarril de Santa Fives (2011), toutes deux conçues pour faire apparaître des messages en première et dernière colonne, contiennent sans intention de l'un ou l'autre des anagrammes de NOM-PRENOM dans leurs colonnes centrales.
  Ces 81 et 90 lettres m'ont évoqué un personnage dont les prénom et nom ont tous deux 9 lettres, ELISABETH LOVENDALE, de valeurs 81 et 90, soit 9x9 et 9x10, échos aux grilles de Cyril et Robert. Ce personnage d'une nouvelle de Leblanc m'avait paru extrêmement significatif en octobre 1996, et m'avait conduit au jeu ROMAN AMOR - LOVE NOVEL, que j'avais envisagé de magnifier dans un roman, Novel roman.
  Des coïncidences liées à ce jeu m'ont conduit à m'intéresser en mars à la grille de Cyril, et, indépendamment, en juin à celle de Robert, lequel était par ailleurs convié pour la première fois dans ce numéro 9 de Formules, avec des coïncidences étudiées dans le précédent billet. J'y étais aussi, également pour la première fois, comme Cyril et Robert, avec une double grille 8x8 + 6x6, où un message utilisant les 100 lettres du texte apparaît en lecture pandiagonale (voir ici toutes les explications). J'ai été stupéfait, en concluant le précédent billet,de trouver dans deux diagonales involontaires du grand carré LOVEN et DALE, avec LOVEN dans ce qui est en principe la diagonale principale du carré, celle déjà concernée par une coïncidence entre mon carré de Novel roman et celui de Ricardou dans Les Lieux-dits.
  Je n'avais donné que le grand carré du SONÈ dans le précédent billet, mais voici l'ensemble, avec une autre découverte dans le petit carré:
  Conformément à la lecture pandiagonale, il m'a semblé qu'il fallait s'intéresser plutôt à l'autre grande diagonale du petit carré, où je lis dans les mêmes conditions ALIS, puis, orthogonalement, LEDA, anagramme de DALE.
  ALIS peut faire penser à LISA, diminutif d'Elisabeth, mais le prénom vient de l'hébreu elisheva', qui peut se trancrire ALISBA.
  Léda est par ailleurs l'épouse du roi de Sparte, qu'elle a trompé avec le roi des Dieux, Zeus. Les Lovendale seraient des bâtards de la lignée du roi George IV.

  A partir de Lovendale s'étaient greffés divers surgeons, étudiés alors dans des textes quelque peu naïfs que je viens de remettre en ligne, tels quels. Les échos avec de nouveaux thèmes sont tels qu'il va falloir quelque temps et quelques billets pour défricher le terrain, sachant que chaque approfondissement amène souvent de nouvelles trouvailles...

  J'ai d'abord choisi de m'attacher aux trois poèmes concernés, la grille de 81 lettres de Cyril, celle de 90 lettres de Robert, et ma double grille totalisant 100 lettres (64+36).
  En tout 271 lettres, ce qui correspond au 9e nombre hexagonal centré, et ce n'est pas un hasard, car en partant de 81=92, les grilles obéissent au schéma
n2 + n(n+1) + (n+1)2 = 3n2 + 3n + 1, ce qui est précisément la formule des nombres hexagonaux centrés (suite A003215 de l'OEIS). Graphiquement :

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█ █ █ █ █ █ █ █ █    █ █ █ █ █ █ █ █ █ █      █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
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█ █ █ █ █ █ █ █ █    █ █ █ █ █ █ █ █ █ █    █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
█ █ █ █ █ █ █ █ █    █ █ █ █ █ █ █ █ █ █   █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ 
les 3 grilles équivalent à l'hexagone     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █   █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █    █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █      █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █       █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █        █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █         █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █          █ █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █           █ █ █ █ █ █ █ █ █ █
                     █ █ █ █ █ █ █ █ █ █

  Il se trouve que j'ai réfléchi récemment aux possibilités oulipiennes offertes par les hexagones, et fait un essai posté sur la liste Oulipo le 26/11 dernier. C'était une récriture en 216 lettres du texte de l'Oulipien de l'année, en l'occurrence une Oulipienne, Michelle Grangaud (dont la soeur Elisabeth - son mari Maurice ne se nomme ni Leblanc ni Lovendale - a réalisé la mise en pages du Formules n° 9).
  J'avais été séduit par le  8e nombre hexagonal, 217 ou 216+1, et avais choisi de laisser la case centrale vierge, comme dans le jeu de Rikudo.

  Ceci n'est pas permis dans le cas présent, et ma première tentative a utilisé le fait que les 90 lettres du poème ferroviaire de Robert peuvent occuper exactement les 7 et 8es enceintes de l'hexagone, de 42 et 48 cases, comme deux rails... 
  Ci-dessous, les 3 premières lignes de la grille de Cyril partent du G central, Gare opéra iwan Manon Roman pria, en 2 spires et demie. Suivent les 100 lettres de mon poème, dans sa version significative, Au paradis..., avec les 36 lettres du second carré occupant exactement la 6e spire. Suivent les deux rails hexagono-argentins de Robert, et la dernière spire déroule les 6 dernières lignes de la grille de Cyril.

         G R E N E M A I N R
        E I L D E F I L E I E
       R A B O L I L O C O N I
      E R A E L A N S M E M F N
     N E N N E R E L E V L O I E
    G L I E R T E N D L E E T N R
   A E E D E T A N P R E E S I I O
  W R R E V A M A I W I X V E V L I
 A O F I A N O R A R A A I E T E E M
E S H R R S O R E G E N A L A E S I A
 M Y P I A N S N P O M U E U P E T R
  I A A N T E I O N A P N R R M M I
   R P M I T S D A R A A E I B O A
    P E E F I U A C I P D V A T G
     M R S A L E D E M I E L I E
      I T L L E I A B E D L V M
       O
N I E L O S S E E L I
        I
E E E H R R O G O R
         M N A M O W N O O M

  Après la réalisation vient la recherche d'éventuelles nouvelles lectures dans la juxtaposition des poèmes.
  Je remarque particulièrement deux possibilités symétriques par rapport à la ligne centrale:
- la ligne 5 s'achève sur LOIE, composé de lettres issues des 3 poèmes écrits en une spirale rappelant le jeu de L'OIE; les 3 lettres précédentes sont LEV, "lion" dans plusieurs langues slaves, et il m'a fallu 21 ans pour comprendre que Lovendale vient de Loewenthal, "vallée des lions"; la Bulgarie dont l'emblème est le lion a adopté le lev, "lion", comme monnaie nationale, et la pièce ci-dessus fait référence au coup d'état du 9/9/44, une date qui m'est significative (d'autant que le coup a débuté la veille, 1/1/72 du calendrier pataphysique);
- la ligne 15 s'achève sur ELIE, or j'ai été conduit à un parallèle entre Elie et Enoch, seuls personnages de l'Ancien Testament ayant été élevés vivants au ciel, et Jung et Haemmerli, protagonistes d'un des premiers cas de NDE décrits en détail; NDE ou en français EMI, qui sont précisément les 3 lettres précédant ELIE sur la ligne 15;
- les 4 lettres précédant EMIELIE sur cette ligne 15 sont ALED, anagramme de DALE, "vallée", complétant le LEV de la ligne 5; tiens VAL est le renversement de LAV, "lion" en serbo-croate (dans son Ecrire en colonne, Cyril utilise, pour l'homophonie avec "reine", la préfecture Rennes du département 35 d'où a été postée la carte, et renverse par ailleurs ce numéro en 53 pour les "53 jours" de Perec, et je songe à Laval préfecture du 53).

  Je rappelle que la diagonale principale du grand carré du SONÈ est NEVOLAVA, avec donc dans un sens LOVEN, "lion" danois ou norvégien, et dans l'autre LAV, "lion" serbe ou croate...

  C'était une première approche, presque automatique puisque mon choix essentiel a été de choisir la lecture diagonale Au paradis du SONÈ plutôt que la lecture horizontale Nature, qui donnerait ceci (sans donner de couleurs différentes aux textes):

         G R E N E M A I N R
        E I L D E F I L E I E
       R A B O L I L O C O N I
      E R A I S A L E T E M F N
     N E N D P I T A X E N O I E
    G L I E A I S E N E L E T N R
   A E E L L R A N P R V A V I I O
  W R R E E E M A I W I I N A V L I
 A O F P N C O R A R A A S E D E E M
E S H I A I E R E G E N N E T E S I A
 M Y P M T S M N P O M A V A N E T R
  I A A E E U A O N A T U R I M M I
   R P M R L D D E R U L E L B O A
    P E E E A E P O D A R E A T G
     M R S S R E D E V I F L I E
      I T L I B E N I R A L V M
       O N I E L O S S E E L I
        I E E E H R R O G O R
         M N A M O W N O O M

  Je n'y vois pas a priori de curiosité aussi notable que dans le premier exemple, mais il y a tant de possibilités... Chacun peut s'y atteler...

  Il y a une autre approche, plus élaborée. La grille de Cyril et la mienne totalisent 181 lettres, et j'ai déjà repéré à propos de Mark Z. Danielewski que 181 est le 6e nombre étoilé, correspondant au symbole nommé Sceau de Salomon, entre autres.
  Ces nombres, décrits par la suite OEIS 3154, répondent à la formule
6n2 - 6n + 1, et il n'y a rien d'automatique à ce que deux carrés consécutifs donnent un nombre de cette forme. Les rares possibilités sont données par la suite 1570. Une autre propriété est que leurs carrés sont des nombres hexagonaux centrés.

  Il n'y a  pas de possibilité de représenter le 6e nombre étoilé, 181, de largeur 21, à l'intérieur du 9e nombre hexagonal centré, 271, de largeur 19, et j'ai songé au "lion caché", l'étrange pavage du plan proposé par Russell Hoban dans Pilgermann, étudié ici.
  Cyril voit un lion sur la carte postale prétexte de sa grille. Il m'a fallu interroger la toile pour le repérer, c'est un lion sculpté à la base de la colonne par Antoine-Louis Barye, dit aussi Lion du zodiaque.
  Un LEON apparaît verticalement dans la grille de Robert, avec le plein statut de "lion caché"; et il en va de même du LOVEN de mon SONÈ.

  Par ailleurs le sens du nom Lovendale m'est resté longtemps inconnu, et il est possible que Leblanc l'ait choisi en pensant au lion, emblème essentiel de la monarchie britannique. Chaque souverain, d'abord prince de Galles, a ses propres armoiries, et je m'émerveille de trouver sur celles de l'actuel Charles, outre pas moins de 13 lions, une grappe de 15 grains de raisin, symbole du duché de Cornouailles.
  Avant de découvrir ces armoiries, j'avais choisi comme élément essentiel de ma construction un triangle de 15 cercles, jaunes pour Cyril.

  Le "lion caché" de Hoban a pour motif central la "roue de David", un Sceau de Salomon fait de 12 triangles de deux couleurs. Elle est entourée par 12 triangles de deux couleurs, de plus grande dimension, le tout formant un hexagone permettant de paver le plan, et Pilgermann entreprend de paver un terrain d'Antioche avec des tuiles de terre de deux couleurs. Un ami, surnommé Bab el-Burj, "porte de la tour", pour le jeu avec Babel Tower, construit une tour sur le terrain, permettant de visualiser l'ensemble de la réalisation.
  J'avais été sidéré de trouver un lion révélé par une Tour de Babel, alors que deux formes du mot "lion", lewew et sisak, m'avaient conduit 7 ans plus tôt aux deux châteaux triangulaires de Wewel et Sisak, que j'avais superposés en Etoile de Babel, à partir du jeu du livre de Jérémie, Babel, BBL, codé SSK selon l'alphabet atbash.

  J'ai modifié le motif du Lion Caché pour avoir 18 triangles égaux, comptant chacun 15 cercles, s'inscrivant aussi dans un hexagone et permettant un pavage du plan (tiens, la diagonale principale du petit carré du SONÈ débute par PAVE). Les triangles jaunes et turquoise, formant un Sceau de Salomon (ou une Roue de David), totalisant 181 cercles avec le centre, recevront les 181 lettres des "hébraïsants", Cyril et moi. Les 6x15 cercles fuschia recevront les 90 lettres de Robert.
  Ces 181 lettres ont pour valeur 1909, or j'ai relié l'année 1908 = 18 fois 106 au jeu sur les 18 lettres d'ELISABETH LOVENDALE, en conséquence la lettre centrale du Sceau sera un A de valeur 1, venant de mon texte.
  Il reste à en transférer 9 lettres vers la grille de Cyril, et il m'a semblé s'imposer de choisir les diagonales LOVEN DALE. La lecture horizontale de la grille de Cyril s'achève sur l'énigmatique "IO imprime". IO c'est la princesse aimée de Zeus, et qui a pour point commun avec Léda que le dieu venait l'honorer sous forme animale (taureau ou cygne). Cyril voit une vache sur la carte postale, et interprète aussi les lettres IO comme la colonne I dressée sur le cercle O de la place. Je suppose que ce fan d'informatique a aussi pensé aux 1-0 du binaire et aux I/O symbolisant les entrées et sorties, la place ayant joué à plusieurs reprises un rôle certain dans la détermination de qui était IN et de qui était OUT.
  Bref il m'a semblé que ce que IO a imprimé, c'est LOVENDALE caché 113 pages plus loin dans mon SONÈ, par les méandres de l'Inconscient Océanique... J'ôte donc ces 9 lettres de ma grille pour en faire la 10e ligne de celle de Cyril.
Jusqu'à neuf c'est O.K. tu es "IN"
Après quoi t'es K.O. tu es "OUT"
(Serge Gainsbourg, Qui est "in", qui est "out")

  Quant au A centre du Sceau, ce sera le A précédant LOVEN dans la diagonale principale du grand carré.
  J'avais cerclé aussi le T correspondant dans le petit carré. D'une part parce que c'est la forme dessinée par les lettres LOVEN et DALE dans le grand carré, ALIS et LEDA dans le petit, d'autre part parce que alef et taw, A et T, première et dernière lettre de l'alphabet hébreu, forment le premier couple atbash.
  Le problème d'arranger nos grilles 9x9 et 10x10 en grilles 9x10 (ou IO) semble encore évoqué en anglais par la diagonale parallèle à LEDA dans le petit carré, NINE, qui se lit exactement ainsi, la rotation de 180° des N les laissant inchangés. Dans l'autre carré pourrait y correspondre TEN, occupant une diagonale complète, mais faisant partie du texte inTENtionnel, Au paradis on atTENd...

  Le stade suivant consiste à récrire les deux nouvelles grilles de 90 lettres à la manière de celle de Robert, en deux fois 5 lignes de 9 lettres:
 ___________     ___________     ___________
GAR│EOPERA   AUP│RAD│ISN   FRE│INA│BOL
IWANMANON   ATT│NDL│XIL   ILO│COM│OTI
ROMANPRIA   ENP│ICA│USE   VES│EMB│ALL
AWAGNEREG   SAE│RER│EEV   EES│SOL│EIL
RENEMAINR   EEV│EAU│REI   SEM│APH│ORE  
 ___________     ___________     ___________
EINEROIMA   MED│EIT│TAR   LER│AIL│DEF│
RIAGEMIRM   IED│ENE│LAN   ILE│INF│INI│
OONWOMANM   SME│LES│ETE   LEI│TMO│TIV│
IOIMPRIME   PRI│VED│EBA   LOG│ORR│HEE│
LOVENDALE   IEL│AFI│NIR   ENT│REP│AYS

  Donc la grille jaune est celle de Cyril, avec ajout final de la ligne LOV END ALE. La grille turquoise est mon texte Au paradis... amputé des lettres LOVEN DALE et A, enfin la grille fuschia est celle de Robert, pratiquement identique à sa version publiée, si ce n'est que j'ai découpé chaque grille en 6 secteurs de 15 lettres. Chaque secteur correspondra à un triangle du "lion caché", dont chacune des 6 branches recevra 3 secteurs identiques des 3 grilles.
  Je disposerai à ma guise les lettres de chaque secteur dans le triangle correspondant, mais pour limiter les possibilités je me suis imposé une autre règle: chaque branche du lion caché devra comporter l'un des 6 mots codant l'ouverture des "coffiots" du roman de Siniac Les monte-en-l'air sont là! Des considérations sur le N de ELISABETH LOVENDALE m'avaient conduit à ce Folio Policier n° 185, et à y découvrir les 6 combinaisons des coffres convoités par les braqueurs
Auguste Maty et Armie Duclair :
RIVER - OPERA - ADOLF - MAFIA - ALLAH - NEGRO
  J'y avais repéré l'acrostiche RO(A)MAN, écho au ROMANAMOR auquel m'avait mené la nouvelle de Leblanc; par ailleurs les initiales AMAD des braqueurs m'évoquaient le jeu M-A-D, 13-1-4, également déterminé par le nom ELISABETHLOVE-N-DALE.

  Si j'avais vu jadis chaque combinaison évoquer une aventure de Lupin (notamment MAFIA évoquant les Milliards d'Arsène Lupin détournés dans un convoi de 18 camions, sauf le 14e), il ne m'est pas indifférent aujourd'hui que RIVER ait été choisi par Ralph Russel Rudder, vraisemblable allusion à Raymond Roussel, dont la Vue est prise comme exemple dans l'entreprise de Cyril de description d'une carte postale, montrant la place de la Bastille destinée à accueillir un OPERA, seconde des 6 combinaisons. Cyril s'intéresse aussi au canal qui coule sous la place, invisiblement (RIVER caché ?)

  Voilà, restait à appliquer ces règles et voici le résultat:


Ceci peut se lire:

wagon, sérail à ta MAFIA, par women épurées, rêve tes èves
cadre pardi, ménélas mage nu, plan OPERA, ino maman boche
raire en air, ô léon, n’arRIVER lion, exige le bis seul loti
A
idées à midi, lorelei, ein impie, le noir NEGRO, vil otello
pomme éden réel, weg, roi ferminien, ADOLF prévit sa mort
néant mérité, amer afin, ALLAH y a mimé bêtisier, aide vin


  En principe, le A central peut (doit ?) débuter chaque branche du Lion Caché. Comme je ne pouvais lui donner qu'une seule direction, j'ai choisi de le remplacer par son ancêtre Alef, א, aussi giratoire que le génie ou le roi de la Colonne de Juillet.

  Peut-être faudra-t-il attendre quelque temps pour décoder d'éventuels messages non calculés dans le Lion Caché, comme il a fallu près de 9 ans pour que je distingue le LOVEN caché dans le SONÈ. J'ai le sentiment que les textes très contraints génèrent de telles surprises.

  A ce propos je veux revenir sur Ricardou, pour une coïncidence en cours d'écriture de ce billet.
  Donc, ignorant tout de son roman de 1969, Les Lieux-dits, et de sa table des chapitres formant un carré dans la diagonale duquel peut se lire BELCROIX, j'ai eu aussi l'idée en 1998, à l'intérieur du projet dont le titre aurait été NOVEL ROMAN, de créer une table de 11 chapitres ESARTULINO + 1 joker, dans la diagonale duquel peut se lire ROSENCREUTZ (ROSECROIX).
  J'ai mentionné ceci à diverses reprises, sans avoir conscience que Ricardou était un théoricien du Nouveau Roman, et qu'il avait écrit précisément Le Nouveau Roman, en 1973, où il dévoilait d'ailleurs quelques jeux de sa propre prose, notamment la diagonale BELCROIX.
  C'est le 23 juillet que j'ai pris conscience de cette correspondance Ricardou-Nouveau Roman et Schulz-Novel Roman. Consultant Wikipédia, j'ai vu que Ricardou était mort le 23 juillet 2016, exactement un an plus tôt, ce 23 juillet étant par ailleurs l'entrée dans le signe du Lion.
  Son roman Les Lieux-dits est centré sur l'exégèse d'un paquet de Pall Mall, avec notamment diverses considérations sur ses 8 lions.
  Et bien sûr Jung natif du 26 juillet est un Lion, ce qui ne m'avait jusqu'ici pas retenu, vu mon peu d'intérêt pour l'astrologie. 

  A propos de Io présente dans la grille de Cyril, il me souvient d'une des définitions de la génisse idolâtrée par les verbicrucistes, Coeur de lion..., pour IO au coeur des lettres LN, autre classique des mots croisés (Beauté phonétique).
  La nouvelle curiosité, c'est que Léda, apparue involontairement dans mon SONÈ, était la mère d'Hélène. Y a-t-il un lien avec l'apparition de Ménélas dans le Lion Caché?

  Je suis loin d'en avoir fini avec le lion sous ses différentes formes, mais je reviens à Pierre Siniac, qui était lui plutôt amateur de tigres.
  Mon découpage plus haut des 270 lettres en 18 secteurs verticaux de 15 lettres permet aussi un découpage horizontal en 90 groupes de 3 lettres.
  Après la décision d'utiliser les 6 combinaisons des coffiots, je me suis avisé que les 6 lettres de SINIAC correspondent aux groupes 33 et 38, ISN et ICA (avec les groupes 1 à 30 pour Cyril, 31 à 60 pour moi, 61 à 90 pour Robert). Aux groupes 45 et 89, REI et REP, correspond PIERRE (45 et 89 sont les valeurs de REMI SCHULZ).

  Ceci me permet d'aborder un dernier point. Les valeurs de nos noms sont
EPSTEIN  SCHULZ  RAPILLY = 88 + 89 + 93 = 270,
soit 3 fois 90, nombre de lettres de la grille de Robert comme de celles de Cyril et moi, après réarrangement en lui cédant les lettres LOVENDALE, de valeur 90 précisément.
  Les écarts de nos noms à la moyenne 90 sont -1, -2, et +3, me rappelant que les 3 carrés de Rapilly dans le Formules n° 9, situés entre ceux d'Epstein et Schulz, semblent magnifier de 3 façons différentes la valeur 123 de GEORGES PEREC.

  Ainsi le RES du titre de ce billet fait d'abord allusion à nos initiales, plutôt qu'à la res omnium rerum de César ou la thing of beauty de Keats. Le titre complet se réfère au dernier quatuor de Beethoven (ça rime avec LOVEN), n° 16 (4x4), qui a 4 mouvements. Le dernier mouvement porte une inscription de la main du compositeur : « Muß es sein? Es muß sein! » (« Le faut-il ? Il le faut ! », ou en espagnol ¿Debe ser? ¡Debe ser!).


8.7.17

prénom, Elisabeth - nom déclaré, Lovendale


   Retour aux grilles de Cyril Epstein et Robert Rapilly publiées dans Formules n° 9 (2005) et El Ferrocaril de Santa Fives (2011), grilles composées pour faire apparaître des messages dans les premières et dernières colonnes, GIRARE ROI et ANAGRAMME pour celle de Cyril,

G A R E O P E R A
I W A N M A N O N
R O M A N P R I A
A W A G N E R E G
R E N E M A I N R
E I N E R O I M A
R I A G E M I R M
O O N W O M A N M
I O I M P R I M E

FIVES LILLE et LILLE FIVES pour celle de Robert,

F R E I N A B O L
I L O C O M O T I
V E S E M B A L L
E E S S O L E I L
S E M A P H O R E
L E R A I L D E F
I L E I N F I N I
L E I T M O T I V
L O G O R R H E E
E N T R E P A Y S

  Voir le billet précédent pour plus de détails, notamment comment j'ai été conduit à ces grilles toutes deux "ferroviaires" qui contiennent chacune dans leurs colonnes centrales les lettres NOM PRENOM, exactement pour celle de Cyril, selon l'anagramme OMNNMREOP. La grille de Robert a dix lignes, et il y a donc une lettre supplémentaire, I, NOMOP-I-NMRE.
  Les deux auteurs ont certifié n'avoir eu aucune intention en ce sens,  bien que ces mots soient des plus significatifs dans leurs projets.

  J'y reviendrai, mais avant de hasarder des hypothèses sur les échos de NOM PRENOM chez l'un ou l'autre auteur, je vais commencer par ce que m'évoque le plus directement l'ensemble des deux grilles. Après tout, la coïncidence fabuleuse des colonnes centrales n'existe peut-être que parce que je l'ai vue... En tout cas il n'y aurait pas lieu d'en discuter sinon.

  Alors ce qui me frappe au premier chef, ce sont les 81 et 90 lettres des deux grilles, car 81 et 90 sont les valeurs d'un nom et d'un prénom à l'origine d'une découverte essentielle en son temps.
   En  1996 j'ai relu la nouvelle La lettre d'amour du roi George, de Maurice Leblanc, où il est question d'une édition en 18 volumes des romans épistolaires de Richardson, chacun contenant une lettre du roi à sa maîtresse, mais le volume 14 a disparu. L'Anglaise Elisabeth Lovendale recherche ce volume 14 et surtout cette lettre 14 qui prouverait son ascendance royale... Les lettres missives restantes 1-13 et 15-18 m'ont conduit aux lettres caractères A-M et O-R,  et la lettre manquante au jeu N-AMOR, anagramme de ROMAN, tandis que l'anglais N-LOVE est l'anagramme de NOVEL...
  Le nom complet de l'Anglaise a 18 lettres, de même valeur 171 que la somme des nombres de 1 à 18, et dans ce nom la seule lettre à sa place est la 14e, N:
E L I S A B E T H L O V E N D A L E = 171
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R = 171

  Divers détails de la nouvelle et d'autres textes de Leblanc pourraient accréditer l'intentionnalité du jeu, mais mon expérience des coïncidences textuelles m'interdit toute affirmation péremptoire.

  ROMANAMOR m'était devenu l'emblème de ce jeu lorsque j'ai découvert peu après un poème de Paul Braffort intitulé Roman amor, où il est question de Jack l'Eventreur. La parution récente du roman Mör, de Johana Gustawsson, où Jack l'Eventreur est aussi présent, m'a conduit à un nouveau découpage du palindrome, étudié dans le premier billet de mai, Rom Ana Mor. Il y intervient que mor signifie "mère" en suédois, de même que ana en turc.

  Un point de ce billet a été développé dans le suivant, Des lions jusqu'en bas, dont l'écriture a été ponctuée par des coïncidences avec des palindromes publiés par Robert sur la liste Oulipo, ce qui m'a conduit à la découverte de l'anagramme de NOM PRENOM dans la colonne centrale de sa grille de El Ferrocarril, en formidable écho à celle de la grille de Cyril étudiée en mars.
  Or ces grilles de 9 lettres de largeur ont 81 et 90 lettres, valeurs des prénom et nom ELISABETH et LOVENDALE, en 9 lettres chacun, qui m'avaient conduit aux jeux ROMANAMOR et LOVENOVEL. Parfaite circularité qui me fait remarquer que les deux lettres centrales de la grille de Robert sont PI:
S E M A P H O R E
L E R A I L D E F
  Je remarque les lettres HOL à côté de ce PI, écho immédiat aux billets d'avril sur le film Pi et le roman HOL (House of Leaves), liés aux billets de mars sur Cyril, philosophe "sans-philo"...
  Au moment où j'écris ceci, ce 2 juillet, OLivier PY est l'invité de l'émission Musique Emoi d'Elsa Boublil.

  Bref, 6 et 12 ans après les publications des grilles de Robert et Cyril, j'ai voulu me joindre au concert en honorant dans une grille 9x9 ELISABETH et LOVENDALE en colonnes 1 et 9, et tout à fait consciemment NOMPRENOM dans la colonne centrale:


E X X O N E P E L
L
E L E O N T R O
I
S K O M A R O V
S
K Y E P E L L E
A
Q O U R S Z U N
B
A R J E N C O D
E
W A G N E R F A
T
M A N O N M A L
H
E U R M Y T H E

  Ça se lit horizontalement:
Exxon épelle Léon Trois, Komarovsky épelle Aqours Zunbar... J'encode Wagner fat. Manon, Malheur, Mythe.
  Je confesse avoir forgé certains mots pour parvenir à un pangramme (tout l'alphabet est présent) de valeur 999, mais j'ai appris ensuite que le professeur Zunbar est un personnage Marvel, quelqu'un qui entend greffer le cerveau du Prince des mers, Namor, sur une créature qu'il a fabriquée... J'avais appris l'existence de ce personnage Namor en 1996, peu après la découverte de romaNamor, car il était alors question d'un film de ce nom aux studios Disney, projet qui n'a pas abouti.

  J'avais écrit AQUORS, mais Google m'a suggéré Aqours, nom d'un groupe de 9 filles imaginé dans le manga japonais Love Live! Sunshine!!, créé en 2016, adapté en série animée TV.
  Aqours semble être la prononciation nipponne de aqua, et les Aqours sont un groupe aquatique, peut-être repéré par le professeur Zunbar qui a échoué à voler le cerveau de Namor. Ce manga est la suite de Love Live!, autour d'un autre groupe de 9 idoles, les μ's. Y aurait-il une allusion aux 9 MUses? Je repense aux lettres MU de rangs 13-21 dans notre alphabet, au sigle MU de Marvel Universe où est aussi connu le continent Mu, fréquenté par Namor.

  Pour le reste, Manon et Wagner viennent de la grille de Cyril, en lecture horizontale. J'ai placé Léon Trois parce que j'aime bien ce prénom, et qu'il fallait trouver ensuite un mot de 5 lettres --OI-, et puis je me suis avisé que LEON était présent en lecture verticale en bas de la grille de Robert (des lions jusqu'en bas!). Dans la colonne voisine apparaît REIG, un nom catalan que je connais car le traducteur de Sous les pans du bizarre en espagnol se nomme Marc Reig (l'évangéliste Marc est symbolisé par un "lion", león en espagnol). C'est peut-être ce Marc Reig qu'on voit ici donner des conseils pour se présenter à un concours de l'ONU; il est suivi de deux jeunes femmes prénommées Ana.

  Exxon est le pollueur océanique plus connu comme Esso, et Komarovsky a provoqué les pleurs de Lara jusqu'à l'assèchement de la mer d'Aral.
  J'observe après coup que les 8 noms propres de mon texte, en comptant Trois, totalisent la gématrie 657 pour 47 lettres, reste 342 pour les 34 autres lettres, 2 fois 171 valeur d'ELISABETH LOVENDALE (ou de ROBERT RAPILLY).
  Robert a conçu El Ferrocarril de Santa Fives à partir d'une histoire réelle, la construction à la fin du XIXe par une entreprise de Fives-Lille d'une voie ferrée en Argentine, mais son personnage central, le contremaître Manuel Mauraens chargé de superviser les travaux, est fictif.

  Le contrat est signé le 10 octobre 1888, et Manuel chargé de se préparer à sa tâche. La date se situe au coeur de l'affaire de l'Eventreur londonien, dont les meurtres canoniques s'échelonnent du 31 août au 9 novembre 1888.

  Page 77 Manuel Mauraens étudie lui-même son nom:
Or, décomposé au prisme de l'état civil, j'y reconnais le tenace métissage d'un prénom latin et d'un patronyme mauresque à désinence flamande.
  Robert m'a donné quelques précisions:
Rapilly est le nom paternel, normand, seul reconnu ; comme par effet de balancier, il s’agissait de raviver l’identité maternelle — le grand-père wallon Yvan Maurage / la grand-mère flamande Maria Christiaens.
J’aime à me souvenir des traits de quasi négritude de l’un, et d’elle très hispanique. Quant au prénom Manuel, la résonance argentine du livre a peut-être interféré avec mon histoire singulière.
  Ceci m'a éveillé maints échos:
  Le billet SNCFQD m'a conduit au roman Code salamandre, dont le héros Yvan Sauvage donne les correspondances 13-21 des lettres C-F selon le carré de Polybe. Le n° 1 de la collection Rail Noir semble avoir pour essentielle énigme le nom de l'entreprise GMA & FAF, de correspondance gématrique 21 & 13, tandis que les deux sigles m'évoquent la lettre grecque gamma, ancêtre de notre C, et la lettre hébraïque waw, ancêtre de notre F.

  Le prénom de la grille de Cyril est Manon, diminutif de Marie, à travers laquelle il se réfère aux apparitions mariales. Le parallélisme est immédiat avec la Maria Christiaens de Robert.
  Le nom de la grille de Cyril est Wagner, par lequel il se réfère aux wagons de la Shoah. Il est frappant que les lettres communes avec Maurage soient AEGR, formant le mot GARE, premier mot horizontal de Cyril, tandis que Robert a construit sa grille pour faire d'abord apparaître verticalement la gare argentine FIVES-LILLE.

  Le prénom de Mauraens est devenu Manuel, débutant par les mêmes lettres MAN que Manon. Sans rapport étymologique pour l'un ou l'autre, l'anglais man correspond au grec anthropos, "homme", la fiche Strong 444 qui a fait coïncidence avec le palindrome "Le Tellier" de Bob de valeur 444.

  Le première coïncidence était pour le palindrome L'aveu Queval donné au moment où je venais d'écrire voir ANA et MOR dans rAbAN MAUR, et je les trouve aussi dans yvAN MAURAge comme dans mANuel MAURAens.
  Il est frappant que ce grand-père Maurage ait eu le teint très foncé, digne d'un maure.

  Manuel vient d'Emmanuel, "Dieu avec nous" en hébreu (tiens j'ai trouvé ceci qui donne à décoder le sens du nom selon un carré de type Polybe).
  Les mois de mai et juin ont vu un triomphe des initiales EM remodelant le paysage politique, après l'autosabordage de LR dont on commence à mesurer aujourd'hui toutes les roueries.
  Les lettres E-M comme leurs rangs 5-13 me sont depuis longtemps significatifs, d'abord par mes études rabelaisiennes où le Cinquième livre montre une étrange panique de Panurge après avoir descendu 78 des 108 marches de l'escalier menant au Temple de la Dive.
30/78 = 5/13, de même que 120/312, les dimensions données par Gargantua à chaque côté de l'abbaye de Thélème.
  Je signalais ici la relation que j'avais faite ensuite avec
ROMAN AMOR = 108
le poème de Braffort dédié à
JEAN QUEVAL = 30/78 = 5/13
pour ce 18e hypertrope devant citer les hypertropes 5 et 13.
  J'ai voté EM aux deux tours présidentiels, puis REM aux deux tours législatifs, la candidate pour ma circonscription étant Delphine Bagarry, mon médecin traitant...
  Il ne m'est pas indifférent que REM soit aussi l'acronyme de Rapid Eye Movement, traduit en français par MOR, Mouvement Oculaire Rapide.

  Les grilles de Cyril et Robert ouvrent une autre piste, car dans le Formules n° 9 contenant la grille de Cyril il y a aussi 3 grilles de Robert, ce qui constitue également sa première participation à la revue.
  Chacune de ces grilles est un carré, chacune illustre une facette du talent créatif de Robert dans l'imagination de contraintes, chacune m'a conduit jadis à m'aventurer dans ces nouvelles voies.
  Le première est un carré SATOR, l'apport de Robert consistant à pratiquer des enjambements, alors que le SATOR original est construit à partir de 5 mots de 5 lettres. Robert en avait donné une version stéréographique dont je ne livre ici qu'une moitié.

  La seconde grille est un carré de type "corner", du nom d'une des dernières publications anthumes de Perec, une grille de mots croisés sans cases noires publiée par Ça m'intéresse en février 1982 (reprise dans Jeux intéressants). Les mots horizontaux y étaient identiques aux verticaux.
  Robert avait étendu le concept à un carré 19x19 où un sonnet peut se lire aussi bien horizontalement que verticalement. On peut le lire sur le site de la revue, comme sur celui des Nouvelles d'Archimède où il avait été publié en 2003. Je n'en donne que le dernier vers, citant Perec, phare pour tous les amateurs de contraintes:
Île Perec en a l'inanité sonore.

  La dernière grille est encore un carré 19x19, avec un concept encore plus hardi. La lecture horizontale livre un sonnet complet, et la lecture verticale un sonnet complètement différent qui en est bien sûr l'exacte anagramme. Si l'idée en revient toujours à Robert, je revendique le baptême de cette contrainte, le schizonnet.

  La présence de ces grilles dans la revue même où figurait celle de Cyril, initiateur fortuit du NOM-PRENOM, m'a conduit à les analyser et découvrir ainsi de remarquables équilibres gématriques autour du nom de Perec, remarquable en lui-même par son harmonie dorée, donnée en exemple par le Gématron

Georges76 Perec47 [123]

avec 76/47 = 1.617..., 123/76 = 1.618...

  Voici les valeurs des 3 grilles de Robert:
1: 25 lettres = 252
2: 361 lettres = 3633
3: 361 lettres = 3762

  La somme des 3 est 7647, qu'il est tentant de scinder en 76-47, valeurs des prénom et nom de Perec, lequel procédait de même en fusionnant par exemple sa date de naissance 7/3 en 73 ou 37.
  Le Gématron permet de vérifier cette belle relation, qui me rappelle que j'avais repéré la gématrie 4776 (vérification ici) pour les 15 premiers vers de Gaspard Hauser chante, dont Perec a proposé 15 micro-traductions.

  La somme pour les 2 poèmes où le nom Perec apparaît est 252+3633 = 3885, qui selon ce même principe se scinde en 38-85, or 38 et 85 sont les valeurs des lettres de rangs pairs et impairs dans le prénom et le nom:
GEORGES  PEREC > ERE + EE = 38; GOGS + PRC = 85
  Je remarque que le Sator de Robert évoque précisément l'ERE PEREC...

  La différence entre les poèmes évoquant Perec et le schizonnet est
3885 - 3762 = 123, valeur de GEORGESPEREC.
  1, 2, 3, soleil, suis-je tenté d'invoquer, en songeant que le mot SOLEIL apparaît dans la grille FIVES-LILLE de Robert, et qu'il existe des soleils (tournesols) qui ont 76 parastiches dans un sens et 47 dans l'autre. Je m'émerveille que le tournesol ci-dessus, exemple de ce cas, ait le numéro 171 dans l'étude en ligne ici, 171 valeur de ELISABETH LOVENDALE comme de ROBERT RAPILLY.

  Précisément, la valeur 3762 du schizonnet est un multiple de 171 (22x171).
  J'ai indiqué plus haut comment ce nombre m'avait conduit à la structure 5-13-18 déjà vue chez Rabelais, mais je l'ai ensuite trouvée chez Perec qui, répertoriant ses adresses parisiennes, avait remarqué que les 3 principales, 18 rue de l'Assomption, 5 rue de Quatrefages, 13 rue Linné, formaient une suite additive 5+13=18.
  Tiens, je remarque maintenant qu'en répartissant en 13+5 les 18 lettres ELISABETHLOVE-NDALE jusqu'à la lettre N qui occupe son rang 14, on a pour les 5 dernières lettres
ND - AL - E = 18 - 13 - 5
 
  L'actualité s'en mêle avec la parution du n° 1176 de la Quinzaine littéraire début juillet, avec Perec en couverture pour sa récente édition en Pléiade. Le nombre fétiche du roi Georges (=76) était 11, avec par exemple les 176 onzains d'Alphabets, ou l'immeuble de La Vie mode d'emploi au 11 rue Simon-Crubellier.
123 + 171 = 294, et 1176 = 4 fois 294.

  Le partage doré de 171 en 106-65 est si riche que je l'ai étudié dans Puzzle échevelé (106+65), qui par hasard s'est trouvé être le 123e billet de Quaternité, puis tout à fait volontairement dans le 171e billet, Alphabet, puzzle (65+106).
  Le 125e billet, Diagonales, m'avait amené au personnage Olivier Lasius des Lieux-dits de Ricardou, de valeurs 90-81, renversement du 81-90 d'Elisabeth Lovendale. Je rappelle que ma découverte de la grille de Cyril, en février dernier, était la conséquence de la non-réception de l'édition originale des Lieux-dits, où Ricardou avait imaginé une table des matières formant un carré de lettres livrant des messages en diagonales et colonnes, ce que j'avais aussi fait dans un projet issu de l'affaire ROMANAMOR-LOVENOVEL.
  Etc, etc. Tout le blog est à lire et relire, ce que je me dois de faire aussi...

  Ma grille du projet NOVEL ROMAN en 1998 permettait de lire en diagonale ARSENE LUPIN, et je rapproche ceci de ce qui semble être la dernière énigme proposée par Perec aux lecteurs de Ça m'intéresse, parue en avril 1982, après sa mort, et que je n'ai connue qu'en 2001 lors de sa publication dans Jeux intéressants. Il s'agissait de trouver l'intrus parmi les mots:
A V O U E
R O G U E
S A U T E
N O M E S
L O P I N
  Les mots étaient en fait donnés en ordre alphabétique, et j'ai coloré certaines lettres qui me semblent significatives. Toujours est-il que la solution est gématrique, tous les mots ont pour valeur 66, sauf AVOUE = 64 (L'aveu Queval...). Perec était très diminué lorsqu'il a envoyé ce problème à la revue, alors soit il l'a emprunté ailleurs, dans une source qui pourrait être identifiée, soit la technique lui était très familière (je pourrais en trouver un exemple lupinien avec l'architecte du 11 rue Simon-Crubellier, LUBIN AUZERE, de même gématrie 134 que ARSENE LUPIN.

  Un couple nom-prénom de valeur 123 a une certaine spécificité, car, précisément,
NOM PRENOM = 42+81 = 123
  Hier, j'ai été doublé par une BMW dont il m'a semblé que le modèle était 4281. Non, une fois rentré, j'ai constaté que c'était 428i. J'ai légèrement modifié l'immatriculation sur cette photo trouvée en ligne:

  Il y a encore l'actualité de la liste Oulipo, où Robert initiait il y a quelques jours, le 1er juillet, une récriture du sonnet fétiche de la liste, El Desdichado (dont Nicolas Graner propose ici près de 500 récritures), selon une contrainte qu'il explore depuis peu, l'isogrammisme (une même séquence de lettres se découpe en deux séries différentes de mots).
  Robert a donc proposé une récriture tarabiscotée des deux premiers vers, j'ai suivi avec les deux suivants, GEF a emboîté le pas, et le lendemain nous avions bouclé le sonnet, avec quelque chose qui ne me satisfaisait guère; il aurait fallu prévoir de meilleures rimes pour celles répétées des quatrains, et jouer avec la prononciation pour avoir deux tercets plus classiques. Toujours est-il que les mots ont tourné dans ma tête pendant la nuit et qu'au matin j'ai envoyé ce El disogrammado à la liste:
D’âme de fer en ténèbres, sans avaleur
(Dame déférente), né bressan sa valeur,
Duc à veau d’or meurtri, stèle de grès agace,
Du caveau, dormeur triste, le degré sagace.

Enrober tarte, toi, le fil antérieur,
En Robert art, étoile filante, rieur,
De rose nuper, si, que ce page déplace,
D’Eros en U persique, cépage de place.

Être Circé, Thor, Io ?... Nabab ou chenapan ?
Étrécir, cet horion à babouche n’a pan;
De sirène rêve l’an, tâcheron de vie…

Désire ! ne révélant Achéron dévié
De trépasser assis… Quel aven irradié
D’être passé rassis que l’avenir radie !
  Il y avait quelques emprunts aux distiques des oulipotes, et surtout une innovation, la gématrie 4444, qui s'est imposée lorsque j'ai regardé ce que donnait la version presque achevée, où je comptais modifier le distique médian, alors sous la forme
De rose mû, Persi, que ce page déplace (...)
et ai trouvé 4442. Il suffisait par exemple de transformer l'M en N, et je sais grâce à çoeur dp que l'étrange Noël de la Houssaye signait volontiers ses textes Nuper Leo ("récemment lion").
  Avant d'oublier ce sonnet, qui pourrait facilement être amélioré, je remarque encore les vers 1-4 et 11-14 débutant tous par D, des D-D-D-D correspondant à 4-4-4-4.

  Nuper sous-entend donc Leo qui apparaissait sous la forme Léon (Trois) dans la grille ELISABETH LOVENDALE donnée plus haut (de valeur 999). Je rappelle que mes récentes investigations dans les polars nordiques m'ont appris que LOVE ou LOVEN étaient en danois et norvégien des formes de "lion".
  Fort probablement, Noël de la Houssaye songeait au jeu LEO-NOEL, et moi je songe à un roman de la collection Rail Noir encore évoqué dans SNCFQD, Ma Chine arrière, de Fan Tong (2005), dont le sujet a quelque rapport avec celui de El Ferrocarril.
  Le roman est construit en deux récits alternés, l'un suivant Léon engagé comme caissier dans les années 20 pour une nouvelle ligne qu'une compagnie française vient de construire entre l'Indochine et le Yunnan, l'autre contant le voyage sur les lieux 75 ans plus tard d'une amicale ferroviaire, sous la houlette d'un certain Noël.
  Il se passe des choses bizarres, supposées s'expliquer parce que Noël est le fantôme de Léon... Je rappelle que mes investigations en machine arrière toute m'avaient conduit au blog de l'Indonésien Rion Liar, propre à réjouir le palindromiste Bob...

  Je n'en ai pas fini avec Léon. Les contraintes de la grille 999 m'ayant conduit à y inscrire Léon Trois, j'ai été voir quand avait régné le pape portant ce numéro, et c'est de 795 à 816. C'est le pape qui a couronné Charlemagne, et il se trouve que Bob a fait débuter son blog le jour de Noël 1800, pour le millénaire de ce couronnement par Léon.
  Le poème composé pour l'occasion est attribué à Yvan Maurage...
  C'est vers 810 que Raban Maur a composé les 28 grilles du De laudibus sanctae crucis. Il sera publié en 814 avec une autre grille en prologue, hommage à Louis le Pieux, le fils de Charlemagne.

  S'il n'y a guère de ressemblance entre Ma Chine arrière, polar à la lisière du fantastique, et El Ferrocarril, recueil poétique, on y voit dans l'un Léon embarquer au Havre pour la Chine, et dans l'autre Manuel embarquer aussi au Havre, mais pour l'Argentine.

  Ceci me permet d'amener un final éblouissant. Dans Formules n° 9, la contribution de Robert, qui débute page 361 (et qui contient deux carrés 19x19=361), fait partie du dossier Poèmes carrés.
  Elle est immédiatement précédée par Un carré chinois, page 355, où Jean-René Lassalle propose un carré de monosyllabes chinois de sa composition, dont les polysémies permettent maintes lectures dont il donne quelques exemples.
  La contribution encore immédiatement précédente est celle de l'Argentin Bernardo Schiavetta, lequel présente des carrés de lettres attribués au Suisse imaginaire Elvio Zagghi. Ces carrés inintelligibles à première vue sont supposés demander une "réflexion" du spectateur, lequel pour cet exemple découvre dans le miroir les pronoms équivalents YOU (anglais), TU (espagnol), TOI (français), et leurs permutations.
  Je songe pour ma part à un découpage YO (moi) UTU (soleil sumérien ou vengeance maorie) TOI.

  Il me semblait avoir conté quelque part comment j'avais rencontré Bernardo, mais je n'en trouve pas trace, alors voici. En 1996, mon étude sur Rabelais m'avait fait rencontrer le seiziémiste Jean-Pierre Brach, également rédacteur en chef de Politica Hermetica. Un matin, alors que j'étais en chemin vers la Bibliothèque Nationale, je lui ai téléphoné, et au cours de la conversation lui ai signalé que je m'intéressais maintenant beaucoup à Perec. Il m'a dit qu'il y avait aussi à Politica un passionné de Perec, un Argentin dont il ne se souvenait plus du nom...
  Une demi-heure plus tard, j'étais à la BN où je me rendis pour la première fois à la salle des Périodiques. Je commençai par consulter l'un des postes d'accès au catalogue, et un homme au poste voisin me demanda un renseignement. La conversation s'engagea, et de fil en aiguille j'appris que c'était Bernardo, celui dont me parlait précisément Jean-Pierre quelques instants plus THOTH.

  Bernardo m'apprit alors la prochaine création de Formules, où ma collaboration fut envisagée...
  Comment imaginer alors que cette collaboration effective serait marquée de coïncidences de la même farine bise, avec mon carré "carpe tostale" faisant écho à la carte postale du texte de Cyril, choisi par Bernardo, avec le NOM-PRENOM de la grille de Cyril réapparaissant dans la grille de Robert bien plus tard, comme le fantôme de Léon sous la forme Noël, dans un polar ferroviaire en Chine que j'ai rapproché de l'aventure argentine de Manuel, avec les carrés de Robert dans Formules précédés de carrés chinois et argentins, ces derniers de Bernardo...

  Il succède aux carrés de Robert les Margelles de Sandra K. Simmons, une sorte de charade graphique que je suis bien en peine de commenter, n'ayant pu la résoudre. Sans être sûr de tous les mots, j'y vois
PLEUR  VERS  EAU
RIME    PAIR   DIRE
VENT  NUEE  DUEL
mais qu'en faire ? Je retiens que SKS se réclame de la textique et de Ricardou.

  Ensuite vient mon SONÈ, et y jeter un regard en achevant ce billet, dont le titre était déjà décidé, me révèle encore l'impensable.
  J'y vois très franchement dans le carré 8x8 le nom LOVEN-DALE réparti en LOVEN dans la grande diagonale principale et DALE qui lui est symétriquement orthogonal.
  La difficulté d'écrire ce type de texte impliquant deux lectures géométriques des mêmes lettres interdit tout troisième niveau calculé. Tout au plus peut-on constater que le mode d'écriture implique des successions voyelle-consonne en diagonale, favorisant l'apparition de mots intelligibles.
  Cet autre billet revenait sur la coïncidence avec Ricardou, qui en 1969 a donné pour table des chapitres des Lieux-dits  un carré 8x8 où se lit BELCROIX dans la diagonale principale, avec d'autres messages ailleurs, tandis que, ignorant tout de Ricardou, j'imaginais en 1998 une autre table des chapitres formant un carré 11x11, avec ROSENCREUTZ dans la diagonale principale.

  Au plus bref, je reliais alors plusieurs romans de la geste lupinienne aux ROSE+CROIX, avec Lupin mort et ressuscité dans L'aiguille creuse en 1908 (18 fois 106), tandis que le chevalier Rosencreutz est dit avoir vécu 106 ans, de 1378 à 1484, 13 et 14 fois 106. Je reliais cette 14e période parmi 18 au 14e des 18 volumes de Richardson, comme à la 14e des 18 pièces de l'Art de la Fugue, égarée elle aussi, comme au nom ELISABETHLOVE-N-DALE, ou encore au mot MAD=18 qui se décompose en 13-1-4...

  Je n'ai plus aujourd'hui ce genre de folie interprétative, mais lorsque je vois que Ricardou revendique pour l'autre diagonale de son carré l'anagramme MAD ARBRE, se référant au personnage OLIVIER LASIUS (ou ASILUS), vu plus haut de valeurs 90+81 (contre 81+90 pour ELISABETH LOVENDALE), je me demande quel genre de folie serait adéquat.

  Ma diagonale complète peut livrer quelque chose ressemblant à un prénom-nom, Ava Loven, et il y en a une sur MySpace. La requête sur GoogleImages montre des pulls arborés...
  D'autres résultats pour "avaloven"...

  L'autre diagonale livre ASEPEXAD, on trouve des pubs (ads) de l'ASEPEX, Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations.

  Et Fibo dans tout ça? Je me souviens de la date octobre 96 pour ma découverte du jeu Lovendale; en novembre 2004 j'ai composé le SONÈ, près de 8 ans plus tard (posté sur la liste Oulipo le 18/11); ce n'est que près de 13 ans après, le 8 juillet 2017, que j'y ai vu la croix LOVEN DALE, quelques jours après la composition de la grille ELISABETH LOVENDALE donnée plus haut, 21 ans après le premier pas.

  Il y a d'autres niveaux dans la complexité. Me souvenant que mes 10 carrés de 10x10 lettres publiés le 10/10/10 avaient fait coïncidence avec une particularité du SONÈ, je retrouve que cette coïncidence était liée aux diagonales isogrammes de 8 des poèmes, en S-O-N-E.
  Par ailleurs, ce sont les brouillons de ces poèmes qui m'avaient fait détacher d'un vieux cahier une page où il y avait pas mal de place libre, et où j'avais jadis noté les mots d'indices Strong 444 et 4444, anthropos et purgos, abondamment convoqués à partir des billets de mai.

PS du 10/7: En fait Lovendale vient du nom allemand Loewenthal, "vallée des lions" (merci dp). Affaire à suivre...