31.8.09

des blancs et des noirs

Le 5 août dernier, une chaîne de la TNT rediffusait Des jours et des nuits, le téléfilm adapté du roman de Gilbert Sinoué, dont la lecture le 31 août 08 était intimement liée à ma découverte du 8 septembre 08, comme je l'ai exposé ici.
J'avais vu la première diffusion, le 1er janvier 2005 selon IMDb, que j'avais appréciée, sans plus. J'ai pu mesurer en le revoyant la distance prise par rapport au roman. Ce blog donne un résumé du scénario, qui a déplacé l'action de l'Argentine de 1930 à la France contemporaine. L'analyse jungienne y est limitée à une très courte scène, et l'indice essentiel du roman, l'île ronde qui permet à Ricardo de trouver Dora, l'inconnue qui hante ses rêves, est bien présent, mais il n'a pas la même importance, car Richard sait avant d'atterrir à Athènes que Dora travaille avec un archéologue, grâce à un article de journal lu dans l'avion; de plus il la rencontre dans le hall de son hôtel dès l'arrivée !
C'est l'énigme de "l'île ronde" qui m'avait évoqué Le géant de pierre de Paul Halter, où la même formulation permet d'identifier Théra-Strongylé, l'île jadis ronde ravagée par une explosion volcanique. J'avais pensé aux deux autres polars "minoens" de Halter, notamment Le chemin de la lumière, où une formidable coïncidence réunit en Crète Michel à son amour de jeunesse Andrée, devenue archéologue, et le "chemin" quiq les réunit est un disque magique, un autre mandala.
Certaines innovations de l'adaptation du roman de Sinoué renforcent les liens avec ce Chemin, où c'est dans l'avion vers la Crète que Michel se remémore son ancienne aventure avec Andrée, qui l'attend à l'arrivée, tandis que Richard découvre dans l'avion la réalité de la femme de ses rêves, et la rencontre effectivement dès son arrivée à Athènes, puis la retrouve en Crète. Dans le roman Ricardo ne trouvait Dora en Crète que dans les derniers chapitres.
Dans le roman la malédiction qui avait poursuivi les amants dans plusieurs existences les frappait à nouveau : après que Dora avait admis qu'elle avait bien vécu jadis à Théra, le couple mourait dans le naufrage du paquebot les menant en Argentine.
La fin du téléfilm est ouverte : Richard et Dora viennent ici de se remémorer leur vie passée à Théra à l'époque minoenne, et ils descendent vers le canot qui les a amenés.
La scène suivante montre la femme de Richard enquêter au même endroit, interrogeant un berger qui a trouvé la montre de Richard, étrangement disparu en compagnie de Dora.
A la fin du Chemin de la lumière, Michel et Andrée sautent ensemble d'une falaise au-dessus de la mer, en Crète, pensant que le pouvoir magique du Chemin les fera passer dans un autre monde, et effectivement le récit parallèle contant les aventures d'une certaine Andréa à l'époque minoenne voit la brusque apparition d'un jeune homme à ses côtés...

Une minuscule différence entre le roman et le téléfilm a eu pour moi de grandes conséquences. L'indice permettant à Ricardo/Richard d'imaginer que la femme de ses rêves vit actuellement en Grèce est qu'il la voit en vêtements modernes lire un journal grec, dans le roman Eleftheria Vima ("Tribune libre"), journal aujourd'hui disparu que les scénaristes du téléfilm ont eu à coeur de remplacer par un titre actuel voisin, To Vima ("La Tribune").
J'ai regardé attentivement cette rediffusion, et j'avais encore cette image en tête quelques jours plus tard lorsque, toujours préoccupé par Saint Antoine et son tau, au premier plan du billet du 2 août, il m'est venu l'idée de consulter Lettres, chiffres et dieux, de Guy Trévoux (1979), un livre original sur l'origine de l'alphabet, pour voir ce qu'il disait du T-taw-tau.
J'y vois que, selon lui, Tau correspondrait à Vénus, ou Ishtar, ayant donné son nom à l'Esther biblique. Ce qui m'intéresse au plus haut point, car maints spécialistes supposent que les exécutions contées dans le livre d'Esther, le plus souvent traduites par "pendaisons", aient été en fait des crucifiements, ce qui resserrerait encore les liens entre mes billets explorant l'histoire d'Esther et celui voué à la croix de Saint Antoine, le Tau.
Trévoux donne la correspondance du Tau dans le BOIBEL-LOTH, l'alphabet des arbres selon Robert Graves, et ça me donne envie d'en savoir plus sur ce nom rappelant Babel.
Je reprends le livre à son début jusqu'à ce que je trouve ce BOIBEL-LOTH, qui apparaît page 30; ce sont les 15 consonnes d'un alphabet celte que Robert Graves imaginait mémorisé sur les phalanges d'une main, en relation avec 5 voyelles symboliques, où BHMA correspond au pouce, les lettres que j'avais encore en mémoire du journal TO BHMA. TO est l'article défini en grec, et c'est un autre TAU grec qui m'a mené à ce BHMA !
L'illustration ci-dessus est extraite de La Déesse blanche, de Robert Graves (traduit par Trévoux et reparu sous le titre Les Mythes celtes). La page 30 de Lettres, chiffres... donne le tableau à gauche ci-dessous, comparé page 31 à un autre système mnémonique imaginé par Trévoux lui-même :
Je reproduis aussi sa conclusion, que je ne partage pas car la coïncidence essentielle entre les deux tableaux est la première colonne BHMA-BHiMa, or j'arrive à ce tableau avec un exact BHMA en tête qui n'a avec lui aucun rapport logique que je puisse imaginer.
Je crois pouvoir l'assurer sans avoir parfaitement compris le raisonnement qui a conduit Graves à ce tableau, en une longue démarche qui n'est guère partagée par la plupart des linguistes, voir La Déesse blanche pour plus ample information. Le tableau de droite donné par Trévoux est plus immédiat, il s'agit du découpage syllabique des noms des 5 Pandavas, demi-dieux du Mahabharata, Bhima, Arjuna, Yudhisthira, Nakula et Sahadeva, fils des femmes du roi Pându engrossées par des dieux.
Etrangement, dans le tableau comme dans ses commentaires, Trévoux omet de souligner la correspondance centrale entre T (du médius FTNgU), qu'il relie au sacrifice et au Tau de la crucifixion, et iTH, de Yudhisthira qu'il relie à la Judith biblique, où th est un Taw. Je suis particulièrement frappé par le fait, qui semble avoir été remarqué antérieurement à Graves, que cet alphabet des arbres ait une séquence centrale HDTCQ, correspondant aux initiales des nombres de 1 à 5 en gaélique, hoine duou ttri ccetuor qquenque, cette séquence centrale formant donc un mnémonique numérotant les doigts dans le système de Graves (cette numérotation est incidemment la même que celle notant les doigtés au piano).
Si je n'ai pas d'avis sur la pertinence de ces correspondances, je suis ébahi d'apprendre qu'il existe un roi Pându (ou Paandu), alors que mes Pendus bizarres du livre d'Esther m'avaient mené à cet arcane 12 du tarot, à l'orthographe singulière, et que c'est la correspondance de la lettre Tau avec Vénus-Esther qui m'a conduit à approfondir la question du BOIBEL-LOTH.
Parmi ces fils de Pandu, seul le nom d'Arjuna m'est familier, et curieusement à cause du livre d'Esther, où un ministre du roi se nomme Karshena (Es 1,14), ce qui s'écrit en hébreu en 5 lettres usuellement translitérées KRSNA (כרשנא), or c'est exactement la translitération du sanskrit Krishna, popularisée jadis par les prosélytes Hare Krishna.
J'avais appris alors que Krishna signifiait "noir", et qu'il était étroitement associé à Arjuna, signifiant "blanc".
Noir et blanc, et c'est le téléfilm Des jours et des nuits qui m'a conduit à relier ces deux coïncidences alphabétiques sur les noms de deux personnages du Mahabharata, Bhima ("terrible" en sanskrit) et Krishna. Bien que je ne trouve pas trace de cette dernière correspondance sur la toile, elle me semble trop immédiate pour être "due au hasard", et la Perse est tout de même plus proche de l'Inde que le pays de Galles.
Il m'est venu que le mot "aryen" pourrait être liée à arjuna, "blanc", mais l'étymologie le fait venir du sanskrit arya, "noble".

La programmation de Des jours... présentait une curiosité dans mon journal TV (TéléZ édition TNT n° 1403):
Le résumé pour la 2e partie n'a rien à voir avec l'histoire. Il ne m'a pas fallu longtemps pour découvrir qu'il s'agissait du début du résumé d'un autre téléfilm en deux épisodes diffusé dans l'après-midi sur la même chaîne, Marie-Tempête, adaptation d'un roman de Janine Boissard paru le 6 juin 1998 (37e anniversaire de la mort de Jung).
Le résumé ci-dessus se poursuit par
Elle accueille pourtant Madeleine, sa maîtresse, et Maxime, son fils, tous deux menacés par la violence de Loïc Labbé. Marie se rapproche bientôt de Maxime mais c'est en mer qu'elle retrouve la paix de l'esprit. A bord, Noël Morvan, 17 ans, fait office de second.
Ce dernier nom m'a fait emprunter le livre à ma médiathèque, pour une nouvelle coïncidence onomastique, car un de mes projets romanesques, en 1998 précisément, était basé sur ma lecture en octobre 96 d'une nouvelle de Maurice Leblanc, où j'avais vu le jeu LOVE-N AMOR-N sous-entendre les anagrammes NOVEL ROMAN (novel signifie "roman" en anglais). Ceci m'avait conduit à envisager de multiples anagrammes de ces lettres, notamment les personnages Morvan Léon et Noël Navrom (palindromes).
Ainsi, à peu près au moment où j'envisageais ces anagrammes paraissait un roman mettant en scène un personnage au nom idéal, que j'ai d'ailleurs pu envisager parmi diverses combinaisons. La lecture du roman m'a appris que ce Noël Morvan était surnommé l'Indien, à cause de ses manières furtives, et que son père possédait un bateau nommé l'Honoré, en hommage à son aïeul Honoré Morvan, humble ramasseur de goëmon. Or Noël Navrom était le narrateur de mon intrigue, secrétaire du détective Honoré de Valmondada, également assisté de son fils adoptif Dom, issu d'une tribu indienne d'Amérique du Sud.
Le narrateur n'était connu jusqu'au dénouement que sous le nom d'Alban Lenoirc, qui aurait été le nom de l'auteur en couverture, nom calqué par antiphrase sur Maurice Leblanc. Blancs et noirs encore...
Le titre du roman de Janine Boissard n'était pas inédit, car il y avait eu en 1997 un roman Marie-Tempête de la canadienne Dominique Demers, et de 1990 à 94 quatre tomes d'une série BD de Cothias et Wachs.
Le nom d'un autre personnage du roman de Janine Boissard m'a frappé, Antonin Labbé. C'est le Tau d'Antoine, abbé (comme est souvent appelé Saint Antoine), qui m'a mené vers Bhima-Arjuna-Krishna. Je rappelle mon billet Sain Antoine où il était question de l'auteur de polar Anthony Abbot et du personnage Antoine Habt, anagramme de l'auteur Tobie Nathan.

Une dernière coïncidence est effarante, bien qu'il soit encore nécessaire d'en écourter la présentation. A la base de La Déesse blanche, il y a des séries d'énigmes posées dans des poèmes gallois, dont Graves a imaginé les solutions décrire un alphabet secret... Mon oeil a remarqué l'une de ces énigmes du Hanes Taliesin,
Je fus l'instructeur d'Elie et d'Enoch
Peu importe ici la solution qu'en donne Graves, mais j'indiquais dans un récent billet la correspondance numérique entre ces deux personnages de l'Ancien Testament, seuls montés de leur vivant aux cieux, avec Jung et Haemmerli, qui se seraient rencontrés dans l'autre monde en 1944, et ceci m'a conduit à tenter d'approfondir, d'autant que l'année 1944 est celle qu'indique Graves pour le début de ses recherches.
Une autre énigme du Hanes Taliesin est
J'ai été barde harpiste à Lleon de Lochlin
et la réponse qu'y donne Graves est Morvran (c'est le nom gaélique du cormoran, et c'est aussi un personnage mythologique).
Je n'essaierai pas de donner l'explication de Graves, qui me reste impénétrable, et ne ferai que résumer cette séquence ahurissante :
- 1996: Une lecture d'une nouvelle de Leblanc me fait découvrir le jeu N-AMOR.
- 1998: Je désire magnifier le jeu dans un Novel Roman écrit par Noël Navrom, alter ego de Morvan Léon, ignorant qu'il paraît cette année-là un roman avec le personnage Noël Morvan.
- 2009: Je découvre ce roman de Janine Boissard grâce à une erreur d'un programme télé, touchant un film où le mot BHMA me fait lire La déesse blanche, où une énigme à base de LLEON aurait pour réponse MORVRAN.

Par ailleurs l'énigme MORVRAN ne vaut que pour l'initiale M (de Muir, la vigne) et son inscription dans la matrice 3x5 des phalanges pour former le "mot" BHM(A). Je suis effaré de voir que chacune des "consonnes" de BHMA (dans l'alphabet oghamique car en grec H est une voyelle) s'est trouvée illustrée par mon enquête sur cet alphabet des arbres :
- C'est BOIBEL, "bouleau", qui a excité ma curiosité, et l'énigme proposée par Taliesin appelle la réponse, pour une fois évidente, BABEL.
- Le tremble, HESU, serait désigné par HUR, personnage biblique, mais c'est la correspondance avec HOINE, "un", qui me sidère, les 5 lettres de chaque séquence de l'alphabet oghamique étant notées par 1 à 5 traits.

Les lettres surnuméraires dans LLEON MORVRAN sontLOVE & HATE les liquides LR, qui s'échangent volontiers en passant d'une langue à l'autre, si bien que Trévoux considérait comme des coïncidences effectives les correspondances 'R-L et La-R dans les deux tableaux.

Je suis conscient de la fragilité de ces coïncidences onomastiques reposant en grande partie sur une théorie de Graves qu'il est impossible de comprendre sans avoir des connaissances approfondies en mythologie celte, mais la théorie, vraie ou fausse, demeure une réalité en elle-même, émanant d'une personnalité présentée comme "sans doute le plus grand écrivain anglais du 20e siècle".
Il me semble que Graves a puisé au moins une part de sa conviction communicative dans ce qu'il appelle des "chaînes de plus-que-coïncidences", qui ont marqué ses premières découvertes, lui imposant en quelque sorte de se consacrer entièrement à ce sujet, alors qu'il était en train d'écrire un roman, La Toison d'or. Dans la postface de l'édition de 1960 de La Déesse blanche (ici en anglais), il date cette première approche de Pâques 44, ce qui m'a fait réagir puisque le 4/4/44 de Jung était un Mardi saint, mais Graves démontre ici qu'il est faillible, car, La Toison d'or étant paru en janvier 44, ce serait plutôt à Pâques 43 qu'il faudrait situer l'événement.
L'année 44 a cependant son importance, puisque c'est en janvier 44 que Graves a écrit la première version de son oeuvre, sous le titre Le chevreuil dans le fourré, ensuite remaniée pour devenir La Triple Déesse, et enfin La Déesse blanche, proposée aux éditeurs en janvier 46 (et publiée en mai 48).
Note : J'ai depuis lu Robert Graves and The White Goddess, de Richard Perceval Graves, neveu de Robert qui comme son oncle donne pour date cruciale la semaine sainte 44, avec des détails très précis. Il demeure cependant des contradictions que je ne vois pas comment résoudre.

Pour revenir à ces "plus-que-coïncidences", ou synchronicités jungiennes, il me semble aventureux de leur attribuer du sens au-delà du phénomène lui-même.
Je m'explique, en prenant pour exemple un cas non personnel (bien qu'il ait de multiples composantes personnelles détaillées dans de précédents billets), l'identité numérique entre Elie-Enoch (ou Hénok) et Jung-Haemmerli.
On peut évidemment décréter qu'il s'agit d'un pur hasard, auquel cas il n'y a plus rien à dire, sinon "Jusqu'à quand cela restera-t-il un pur hasard ?"
Sinon, l'esprit qui, peut-être forcé par d'autres circonstances, aura franchi ce premier pas, demeure malgré tout un esprit rationnel, binaire, pour lequel les choses sont ou ne sont pas, tenté de voir cette synchronicité valider des propositions tranchées telles que :
- Les histoires d'Elie et de Hénok ne sont pas des fabulations.
- Jung et Haemmerli se sont réellement rencontrés dans un autre monde.
Pour la première, il faut rappeler que de multiples générations ont considéré les dires bibliques comme des vérités intangibles, et que cette croyance n'est pas totalement éteinte... Pour l'autre, si Jung ne décrit son expérience de 44 que comme une "vision", il lui a accordé une telle "réalité" qu'il a tenté de prévenir Haemmerli du danger qui le menaçait.
Fantastique pour fantastique, qui peut assurer que, si Jung avait considéré ses visions comme du pur délire, le sort de Haemmerli eût été le même ? et surtout que sa maladie ait été si exactement symétrique à la convalescence de Jung ?
Je n'en sais strictement rien, et Jung lui-même professait qu'il s'agissait d'un mystère ultime, que comme Rudolf Otto il appelait volontiers tremendum, "terrible"...
... et je me sens au bord d'un terrible abîme en me souvenant que c'est aussi le sens du sanskrit bhima...

T'as vu ce Bhima

Wow !

Il est Terrible !

PS Les nouvelles pistes ouvertes depuis la décision d'écrire ce billet m'ont fait oublier un point important. La trame du Mahabharata est une guerre entre les Pandavas et leurs cousins les Kauravas, qui, en trichant aux dés, ont gagné l'unique épouse commune aux 5 Pandavas, Draupadi.
Il est probable que j'ai jadis su cela, ayant au moins commencé à regarder jadis l'adaptation du Mahabharata par Peter Brook et JC Carrière, toutefois je n'y pensais pas en concoctant mes personnages anagrammes de Novel Roman., faisant souvent écho à des personnes réelles ou fictives. Ainsi j'avais pensé à LORd carNArVON, devenu LOR MENAVON pour les besoins de l'anagramme. Pour justifier le passage de Lord à Lor, j'ai imaginé que ce Lord ait jadis joué sa femme bien-aimée aux dés, certain que la chance allait enfin tourner dans une partie qui l'opposait à un repoussant Egyptien. Hélas... Apprenant trop tard que sa défaite était due à une tricherie de son adversaire, Menavon avait développé une phobie des dés et de la lettre D, dont un effet avait été la transformation officielle de son nom en LOR MENAVON.

16.8.09

it's real

to Kristin
Comme il l'est dit dans le texte introductif de ce blog, je relate mes expériences comme elles viennent, si déconcertantes pour moi que je n'ose imaginer comment elles peuvent être ressenties par mes lecteurs.
Je suis tout à fait conscient de l'apparente gratuité du cheminement qui m'a mené, à partir du nom du docteur Haemmerli, à Babel, aux châteaux triangulaires de Wewel-Sisak, au livre d'Esther, aux crop circles, à la revue Planète... J'ai été le premier à douter de la pertinence d'en parler ici, alors que diverses pistes immédiates envisagées au tout début de mon expérience quaternitaire sont toujours en plan, et voici que deux films vu en août viennent valider ma démarche.
C'est une validation par le hasard, comme disait Hans Bellmer (Ce qui n'est pas validé par le hasard n'a aucune réalité), dont il ne faut pas attendre une "explication" définitive.
Je commence donc par 1984, emprunté le 29 juillet à ma médiathèque, en partie par hasard parce que le DVD était en tête d'une rangée. Je ne crois pas l'avoir vu précédemment, mais j'étais motivé pour y prêter attention depuis la coïncidence du Planète 34, quelques jours plus tôt, qui m'avait remémoré mes propres créations littéraires inspirées par Orwell, le roman 2048 et la nouvelle Le dernier des 84.
L'un des premiers plans du film montre Winston Smith commencer un journal intime, et il le fait en inscrivant la date du 4 avril.
Cette date était déjà dans le premier chapitre du roman, et j'apprends ici que la scène du film a été tournée le 4 avril 84. Par ailleurs le tournage a respecté autant que possible les autres indications temporelles du roman, plus vagues.

Avant d'aller plus loin je dois évoquer quelque chose qui m'a frappé lors de mes recherches sur les crops. Kristin donnait dans ce message sur le forum Unus Mundus cette photo du crop apparu à Oliver's Castle, le 16 août 2008 :Je ne commentais que sa forme, semblant basée sur le Sceau de Salomon, et m'étais abstenu de signaler que le site m'avait frappé, dès mon premier survol du forum, par ces ondulations qui me rappellent des paysages de ma région, les robines.
Et voici qu'en regardant 1984 j'arrive à cette image :
Julia a donné son premier rendez-vous à Winston Smith, en campagne où les citoyens ne sont plus espionnés par les télécrans omniprésents en ville. Elle l'emmène à travers des bois touffus, qui soudain s'ouvrent sur cette vue :
- Look ! fait Julia (Regarde !)
- It's a dream... s'émerveille Winston (C'est un rêve...)
Après vérifications, par exemple ici, je peux affirmer que cette colline est indubitablement Oliver's Castle, l'endroit dont le nom m'a fortement interpellé, où est apparu en juillet 1992 un crop triangulaire "château de Sisak", et qui a ensuite vu apparaître 6 autres crops.
La seconde apparition fut celle du 16 août 1996, miraculeusement filmée "en direct" par un innocent campeur, en fait un vidéographe professionnel qui a évidemment monté l'affaire avec des complices qui ont tracé le crop. Je donnais parmi mes hexcentricités le lien vers ce debunkage :

A mon avis, les images montrant Oliver's Castle dans 1984 sont elles aussi truquées, l'utilisant en arrière-plan. Par exemple le lieu apparaît dans le film alors que Julia et Winston émergent d'une forêt inexistante selon l'angle de vue donné, et les images apparaissant ensuite à diverses reprises sont clairement des rêves fantasmés par Winston, ainsi Oliver's Castle semble-t-il un lieu privilégié pour les trucages vidéo.

On peut voir sur la vidéo précédente le paysage vu d'Oliver's Castle, ce qui m'a permis de situer le champ concerné. J'ai reporté en jaune le diagramme du crop sur cette carte GoogleMap, ainsi que celui du 16 août 08, simplifié en un Sceau de Salomon. J'ignore où se trouvait le "Sisak's Castle" de 1992.J'ai encore souligné en blanc le contour de l'ancien fort, de l'âge du Fer, dont il ne subsiste qu'un talus planté de quelques hêtres caractéristiques. Il me semble que ce contour peut être qualifié de triangulaire, ce qui est particulièrement net sur cette photo du crop de 2007 (dans le même champ que celui de 2008).
Je pensais en écrivant Hexcentricités que c'était l'ensemble du plateau qui constituait Oliver's Castle, et non cette seule pointe triangulaire, ce que je n'aurais probablement jamais découvert si 1984 ne m'avait mené à approfondir la question. J'invite à se reporter à Hexcentricités pour évaluer à quel point il est phénoménal que ce lieu, identifié par le nom OLIVER auquel j'ai vu la même propriété que l'hébreu BBL-SSK qui m'a mené aux châteaux triangulaires de Wewel et Sisak, corresponde à un ancien fort également triangulaire, et que ce soit là que soit apparu l'un des premiers "château de Sisak", en juillet 1992, alors que deux autres motifs analogues apparaissaient le même mois en Allemagne, l'un à 50 kms de Wewelsburg.
J'ai aussi appris que le lieu devait son nom à Oliver Cromwell, bien qu'il soit douteux qu'il fût venu en personne sur les lieux. C'est encore curieux, car la seule occurrence de "oliver" dans le roman 1984 concerne Oliver Cromwell, dont il y aurait une statue équestre sur la place de la Victoire, et c'est quelques paragraphes après la mention de cette statue, chapitre 9, que Julia indique à Winston la façon de se rendre au coin de campagne qu'elle connaît, qui sera donc Oliver's Castle dans le film (où aucune statue n'est visible sur la place de la Victoire).

Julia dévoile ses cercles intimes devant Oliver's Castle, ce qui m'évoque les crops "Julia", des figures plus ou moins inspirées des fractales de Gaston Julia, dont la première, particulièrement commentée, serait apparue en quelques minutes, en plein jour le 7 juillet 1996, juste à côté de Stonehenge.
Cette page analyse sans complaisance les "preuves" de ce prétendu prodige.

Je comptais explorer la piste d'un réel cheval sur un flanc d'Oliver's Castle, l'un des chevaux de craie du Wiltshire. On trouvera quelques renseignements en français sur la question ici.
Cette page donne une vue en janvier dernier d'Oliver's Castle sous la neige, semblant s'extasier sur le fait que le crop de l'été demeure visible... Certes, mais il en va de même des tramlines, les traces des tracteurs qui n'ont a priori rien de paranormal.
Ce long reportage vidéo sur le 6e crop à Oliver's Castle émane d'un partisan de l'origine supranaturelle.
D'autres photos d'Oliver's Castle...

Je ne fais que mentionner ces pistes parce que, grâce au retard pris à écrire ce billet, j'ai découvert en septembre un sensationnel écho à la mention d'un haut-lieu de la cropologie dans 1984, associée au 4 avril.
J'ai vu en septembre la série Taken (2002), en français Disparitions, donnant une vision du phénomène OVNI-ET de 1944 à 2002. La série débute lors d'un raid de bombardiers au-dessus de l'Allemagne en 44, où une Forteresse Volante B-17 abattue est prise en charge par des soucoupes volantes... La série suit ensuite la famille de son commandant, dont l'arrière-petite-fille Allie Keys sera le personnage principal des 4 derniers épisodes, se déroulant en 2002.
Les crop circles sont présents en une unique occasion, au début du 4e épisode, et il s'agit d'un crop apparu le 4 avril 1970 dans un champ de l'Indiana :
Il peut être utile de préciser qu'en 1970 on était au tout début du phénomène, et que les crops se limitaient alors à d'effectifs "cercles" de plantes aplaties, de petite taille par rapport aux formations ultérieures. Après quelques petites fantaisies dans les années 80, ce n'est qu'au début des années 90 que sont apparus des motifs plus imaginatifs, et le motif ci-dessus semble inspiré par le premier crop de Barbury Castle le 7 juillet 1991, ci-contre (un autre château, une autre forme triangulaire).
Toujours est-il que le colonel dirigeant le programme secret OVNI se rend aussitôt sur place, ce 4/4. Il assure qu'il s'agit d'une piste d'atterrissage, que les ET vont bientôt y débarquer, et qu'il est impératif que le Président vienne immédiatement pour les accueillir. Il monte avec des responsables gouvernementaux dans un hélicoptère pour survoler la zone, et il y a dans un champ voisin cet autre crop qui est un évident canular (howdy est un raccourci pour How do you do ?, et le motif est le symbole de la paix et de la contre-culture).
L'affaire ridiculise le colonel et provoque sa destitution, à la suite de cet article : "Des plaisantins mystifient le gouvernement pour dévoiler le secret".
On y voit mieux le motif du crop, et sa ressemblance avec celui de Barbury Castle. L'article est de Tom Clarke, qui est peut-être à l'origine du canular, et qui est par ailleurs un sceptique auteur de livres sur le phénomène, le seul dont le titre est déchiffrable étant Flying Saucers : a Modern Mythology. Carl Jung est l'auteur d'un livre sur la question, Ein moderner Mythus, paru en français avec le sous-titre : Un Mythe Moderne - Des "Signes Du Ciel" Ou La Question Des Soucoupes Volantes.
Si le premier crop ci-dessus est fortement apparenté au triangle "château de Sisak", apparu à Oliver's Castle, un triangle de lumières est constamment associé aux manifestations OVNI dans la série. Ci-contre cette image montre l'OVNI de Roswell, peu avant le crash supposé de 1947, et ces trois sources lumineuses apparaissent ensuite à chaque manifestation, présentes d'ailleurs dans le générique de la série. Je suppose que ce triangle est inspiré par les photos et témoignages de la "vague belge", que je supposais à l'origine du motif du crop d'Oliver's Castle.
Dans l'épisode 7, God's Equation, il est avancé que les manifestations OVNI se produisent selon la suite de Fibonacci, ce qui conduira au décodage des inscriptions ET sur un mystérieux transmetteur... Il me semble que c'est une idée originale, quoique j'avoue ne pas suivre assidument toutes les spéculations sur le phénomène. Je remarque la coïncidence dans cette série diffusée pour la première fois en décembre 2002 d'un code Fibonacci alors que Dan Brown avait vraisemblablement fini son Da Vinci Code, paru le 18 mars suivant, dont j'évoquais dans le billet précédent le début utilisant la suite de Fibonacci comme codage.

Ceci est une des dernières images tournées par Richard Burton, mort en août 84, juste après le tournage du film achevé en juillet. O'Brien a été son dernier rôle.
Comme je l'ai dit plus haut, je ne pense pas que lui et John Hurt se soient déplacés à Oliver's Castle pour tourner la scène, purement onirique. Quoi qu'il en soit, je m'émerveille de voir O'Brien devant un paysage qui me fait aussitôt penser aux robines de ma région. Ci-contre une vue de La-Robine-sur-Galabre.
Car ROBINE est l'anagramme de OBRIEN, et ma nouvelle Le dernier des 84 s'achevait sur une vision cauchemardesque du monde, désormais entièrement soumis à Big Brother. Le héros y remarquait que le nom d'un des ministres du gouvernement d'alors, Gilles de ROBIEN, était l'anagramme de OBRIEN.
Une autre vue typique de "robines noires", où la végétation est rare.

13.8.09

signé AL RC

 Il y avait quelques arrière-pensées dans le titre de mon billet CARL A RLC.
 Je pensais en effet à la répartition en AL, initiales d'Arsène Lupin, et CR, initiales de Christian Rosencreutz, prétendu fondateur de la fraternité des Rose-Croix, dont un signe de reconnaissance était supposé être ces initiales CR ou RC. Au-delà de l'anagramme, ma nouvelle L'enchanté réseau parue en mai dans Rêves de Razès explorait la connexion entre RLC (Rennes-le-Château) et les Rose+Croix, privilégiée par Gérard de Sède, avec quelques allusions à Lupin. Si je n'ai jamais pris au sérieux l'hypothèse d'un lien entre Arsène Lupin et RLC, j'ai pu jadis penser avoir mis en évidence un schéma rosicrucien dans plusieurs oeuvres de Maurice Leblanc, où les héros découvrent à 5 reprises au moins des sépultures ignorées, avec des détails évocateurs. Il en est ainsi dans L'Aiguille creuse, où Beautrelet découvre une crypte secrète recelant le corps d'Arsène Lupin, qui s'y serait terré le jeudi saint de l'an 1908, date clé rosicrucienne car multiple de 106, le présumé fondateur de l'ordre Christian Rosencreutz ayant vécu de 1378 à 1484, et mon abbé Ursin-Enée Bargère (anagramme de Bérenger Saunière), découvrait le tombeau de Rosencreutz le soir de ce jeudi saint 1908.
  Il y a déjà eu des ponts jetés entre Arsène Lupin et l'affaire RLC, sujet de l'érudit Arsène Lupin Supérieur Inconnu, de Patrick Ferté. Plantard lui-même, le mystificateur à l'origine de l'affaire, avait jeté la première pierre en signalant une pierre gravée des environs portant l'inscription Ad Lapidem Currebat Olim Regina, cryptogramme issu de La Comtesse de Cagliostro. A cette parfaite adéquation des initiales correspond un parfait équilibre numérique. Selon les équivalences ordinales de l'alphabet: CR = 21 (3+18) AL = 13 (1+12)
et CARL = 34 = 21+13... 
 Je retrouve la magie des nombres de Fibonacci 13-21-34, avec les fameux Planète 13-21-34, et mes publications de mai dans diverses collections ou revues avec ces mêmes numéros 13-21-34. Voir les deux précédents billets. J'y donne des liens vers mon autre blog pour d'autres coïncidences récentes sur ces nombres, mais je connais la question au point de pouvoir donner plusieurs découvertes personnelles touchant ces nombres dans le domaine rosicrucien.
 J'ai conté comment j'étais venu à m'intéresser au nombre d'or, en réaction négative à un article envisageant un point d'or choisi par l'auteur de l'Hypnerotomachia Poliphili, célèbre texte ayant notamment inspiré les premiers manifestes rosicruciens, au milieu du 24e de ses 38 chapitres, où les héros découvrent le tombeau d'Adonis. Il me semblait particulièrement outré d'envisager des demi-chapitres dans cet ouvrage divisé en deux livres, de 24 et 14 chapitres, alors que les chapitres du second livre sont bien plus courts que ceux du premier. Songeant à l'acrostiche formé par les lettrines ouvrant ces 38 chapitres, POLIAM FRATER FRANCISCVS COLVMNA PERAMAVIT, il m'est venu que la possibilité la plus convaincante de structure dorée eût été d'avoir un partage harmonieux entre les deux livres, et que ce partage concernât également l'acrostiche, or il existe un tel partage, pour un polar publié en 1932 par Ellery Queen, divisé en deux books, "livres", de 21 et 13 chapitres, dont les initiales des chapitres donnent le titre du roman et le nom de son auteur THE GREEK COFFIN MYSTERY BY ELLERY QUEEN Ci-contre le début de la première page de la Table, donnée in extenso ici. Je présume que Dannay, le Queen principal, bibliophile, ne pouvait ignorer l'Hypnerotomachia, pour certains "le plus beau livre du monde", le "cercueil grec" du titre pouvant d'ailleurs faire allusion au tombeau d'Adonis. Quoi qu'il en soit, il m'est venu l'idée de calculer la valeur numérique de l'acrostiche original, selon les rangs de l'alphabet latin, et son découpage selon les deux livres: POLIAM FRATER FRANCISCVS CO = 252 = 12 x 21 LVMNA PERAMAVIT = 156 = 12 x 13 Comme le Gématron le confirmera, la valeur de l'acrostiche 408 = 12 x 34 se répartit idéalement selon le nombre d'or entre les 24 lettres du premier livre, 12 x 21, et les 14 lettres du second, 12 x 13. Je n'en déduis rien, sinon que ç'aurait pu être un meilleur argument pour une intention dorée dans l'Hypnerotomachia, mais que dire alors de Queen, bien plus explicite ? Précisément. Une recherche sans rapport avec 21-13, menée pendant l'écriture de ce billet, m'a mené à ce site, où un certain Gaspard envisage que l'expression MONA LISA correspond, selon un alphabet latin réduit, aux valeurs 13-21, et en déduit toute une théorie dont la pertinence historique me semble douteuse, puisque l'orthographe originale était Monna (pour Ma Donna, "ma dame") Lisa. Que déduirait Gaspard du roman en 21-13 chapitres de Queen, sachant que ses protagonistes s'y disputent un tableau présumé de Léonard de Vinci, une étude pour La Bataille d'Anghiari. Gaspard remarque encore que SaLoMoN et MoNa LiSa ont les mêmes consonnes, ce qui justifierait ce Sceau de Salomon. Que dirait-il encore en apprenant que l'énigme de La décade prodigieuse, de Queen en 1948, est résolue lorsque le détective s'avise qu'un personnage a surnommé sa femme SaLoMiNa parce qu'elle a le sourire de son anagramme, MoNa LiSa. Je suis arrivé à ces pages en faisant une recherche sur la statue de Saint Antoine dans l'église de Rennes-le-Château, qui serait au coeur d'un acrostiche GRAAL dessinant par ailleurs la lettre M, ce qui me rappelle fortement l'acrostiche REMY que j'ai imaginé dans un autre Queen, dessinant un N. C'est sur ce blog que j'ai trouvé le lien vers Gasparcadia, suivi par curiosité. Il me souvient que le premier cryptogramme de Da Vinci Code (ce n'est pas une invitation à le lire) est
13-3-2-21-1-1-8-5 O, Draconian devil! Oh, lame saint!
où la suite de Fibonacci 1-1-2-3-5-8-13-21... donnée dans le désordre est une piste vers les anagrammes de lettres (Leonardo da Vinci et The Mona Lisa). Je suis frappé par le lien entre Mona Lisa et la suite de Fibonacci jusqu'à ses termes 13-21, et par l'anagramme choisie pour The Mona Lisa, "Oh, saint boiteux !", alors que le saint boiteux par excellence est Saint Antoine. Au plus bref un cas expliqué en détail ici. Aux 24 tonalités du Clavier bien tempéré pourraient correspondre les 24 lettres de son titre original donné par Bach en 1722, DAS WOHLTEMPERIRTE CLAVIER. Mes recherches dorées m'ont conduit à un résultat unique, un triplet d'ensembles prélude-fugue aux nombres de mesures en rapport doré, proportionnels aux nombres 13-21-34, et ces ensembles correspondent aux 3 lettres R du titre : 
13 : 30 + 35 = 65 = 5 x 13 
15 : 19 + 86 = 105 = 5 x 21 
24 : 94 + 76 = 170 = 5 x 34 
 Une hypothèse hardie a fait de Bach un initié rosicrucien. C'est évidemment outré, quoique les arguments avancés soient impressionnants, mais ses auteurs n'ont pas repéré cette harmonie homologable à celle de l'Hypnerotomachia, à base de R comme Rosencreutz. Avant mes publications de mai dernier, ma publication précédente avait été un article dans l'Aiguille preuve n°10, fin 2008, où j'abordais la question du nombre d'or chez Maurice Leblanc. J'y envisageais les retrouvailles de Véronique et de son père Antoine dans L'île aux 30 cercueils, un des romans les plus étudiés en rapport avec RLC (pour son Prieuré...)
 Ces deux noms ont pour valeurs (dans l'alphabet de 26 lettres) 126 et 78, soit 6 fois 21 et 13. Je clos là, en indiquant encore que, comme dans les cas de l'Hypnerotomachia et de Bach, il ne s'agit aucunement de tentatives d'interprétations des auteurs concernés, mais de constats qui à mon humble avis relèvent plus de la synchronicité que d'autre chose. Synchronicité n'est peut-être pas encore le bon mot, mais j'avoue ne rien avoir de mieux à proposer que la tentative de Jung pour donner un semblant de statut aux coïncidences signifiantes. Il se trouve que le couple 21-13 peut trouver sens dans le cadre de l'événement fondateur, l'échange Haemmerli-Jung du 4/4/44.
 J'observais ici que les valeurs de ces deux noms étaient 84 et 52, soit 4 fois 21 et 13. Je remarquais aussi le couple ZUERN-JUNG, idem 84-52, étroitement associé à ma découverte, et j'ai depuis pensé à une formidable corrélation dans la tradition juive. Jung et Haemmerli se seraient donc rencontrés dans l'autre monde, selon la "vision" relatée par Jung, considérée comme du délire par Haemmerli. Il existe deux personnages de l'Ancien Testament qui n'ont pas connu la mort et sont montés directement au ciel rejoindre Dieu. Ce sont Enoch (ou Hénok, Gn 5,24) et Elie (2 Rs 2,1-13), fréquemment associés par la mystique ultérieure pour cette raison, or les noms hébreux d'Enoch (חנוך) et d'Elie (אליהו) ont selon l'alphabet numérique traditionnel hébreu les valeurs 84 et 52. Mes investigations bibliques mènent si loin que je me borne ici à ce cas, particulièrement frappant puisque Enoch et Elie sont fréquemment cités comme premiers exemples de NDE ou EMI (Expériences de Mort Imminente). Il suffit pour le vérifier de googler "near death" enoch elijah.
 
 Mon dernier billet m'a conduit à la collection L'Empreinte, créée en 1932 par Alexandre Ralli. Ces prénom-nom ont pour valeurs 84-52, dans notre alphabet bien sûr. Je rappelle que le label L'empreinte a été repris après la guerre par Endrèbe, dont j'ai par hasard les numéros 13-21-34, tandis qu'Alexandre Ralli créait en 1946 chez Albin-Michel la collection Le Limier, où il a continué de publier Ellery Queen. Curieusement, il avait publié dans L'empreinte tous les Queen d'avant-guerre, sauf The Greek Coffin Mystery avec son acrostiche sur 21+13 chapitres, paru en 1934 chez Gallimard (collection Détective, Deux morts dans un cercueil).
 Je pensais avoir déjà mentionné le nom d'Alexandre Ralli sur mes pages, et une recherche m'a montré que c'était arrivé à une unique occasion, dans la nouvelle Le dernier des 84, écrite en 2004. J'y comparais une bizarrerie dans la traduction de 1984 d'Orwell, écrit en 1948, à une autre bizarrerie dans la traduction de La décade prodigieuse, le Queen de 1948 mentionné plus haut, publié par Alexandre Ralli, et illustré par une photo de Willy Ronis (qui ne lui doit probablement pas sa notoriété). Je signalais dans mon pénultième billet que la citation de Jung dans Planète n°34 m'avait instantanément évoqué mon roman 2048, écrit en 1983 dans l'espoir de le voir paraître en 1984. Relisant Le dernier des 84, dont le fichier était intitulé 84.htm, il m'est venu que "dernier" était en anglais last, un mot de valeur 52, ce que je n'aurais pas mentionné ici si une coïncidence survenue 3 semaines plus tard n'y avait apporté un remarquable écho.
 Le 10 septembre, j'étais en train d'étudier le blog mentionné plus haut, où j'ai remarqué l'équivalence mona-lisa 13-21. C'est un blog hébergé comme Quaternité par Blogger, dont le bandeau d'en-tête affiche la commande "Blog suivant". Il m'est arrivé une belle coïncidence une des premières fois où j'ai essayé cette commande, qui à ce que j'ai compris expédie vers le dernier post mis en ligne sur Blogger; depuis je pense de temps à autre à tenter le hasard, et c'est ainsi que j'ai découvert cette image le 10 septembre, en tête du blog thelast84, qui se borne apparemment à un seul billet daté du 27 mai dernier (et qui donc en principe n'aurait pas dû apparaître ce 10 septembre, mais mon billet commencé le 13 août n'a été en fait mis en ligne que le 21 septembre). Il s'agit d'une accroche publicitaire d'un gars réalisant des logos, je n'essaie pas d'en comprendre davantage.
 A propos de 2048, j'avais signé ce premier roman La Riva Contrera, nom emprunté à un musicien vénézuélien, que je me simplifiais volontiers en LRC m'évoquant RLC, non Rennes-le-Château, mais les circuits RLC.
 Mon projet romanesque suivant est venu en 1998, avec Novel Roman, inspiré par une curiosité rencontrée dans une histoire d'Arsène Lupin, avec des échos Bach et Rose+Croix. Ce roman était centré sur le jeudi saint de 1908, comme ma nouvelle de Rêves de Razès, et je comptais le signer Alban Lenoirc, nom de son narrateur, forgé par antiphrase à partir de "Maurice Leblanc". Je jugeais significatives ses initiales AL, identiques à celles du héros de Leblanc, ainsi que la bizarrerie finale "rc", qui m'était imposée par une contrainte numérologique : il "fallait" que ce nom ait la valeur 106, à cause des 106 ans de Christian Rosencreutz, et la finale "rc" évoquait la Rose+Croix tout en rappelant le c muet de Leblanc...
 J'avais prévu dans ce roman une table des matières en 11 chapitres permettant de lire en acrostiche et autres Ellery Queen, Arsène Lupin, Rosencreutz. J'y reviendrai dans un prochain billet.
 Pour revenir à Jung et Arsène Lupin, j'indiquais dès la première approche de ma découverte des (4+1) x 6272 jours de Jung que je connaissais déjà ce nombre 6272, pour lui-même à cause d'un poème remarquable de Perec calqué sur Voyelles de Rimbaud (et je m'y étais intéressé pour sa structure 4+1). Par ailleurs j'avais scindé 6272 en 62-72, valeur d'Arsène-Lupin, et ces nombres 62 et 72 comme leur somme 134 s'étaient ensuite trouvés au centre de diverses analyses, chez Leblanc comme chez Perec.
 A ceci s'ajoute que 134 est la valeur de mon nom, rémi schulz (45+89), dont le découpage m'apparaît significatif puisque c'est un 8/9 (8 septembre) que j'ai découvert que le 4/4/44 était aux 4/5es de la vie de Jung, en 2008 qui aurait été depuis le 26 juillet la 134e année de Jung (qui aurait eu 133 ans ce jour).  Le vague plan envisagé en débutant ce billet le 13/8 a été bouleversé par de nouvelles découvertes en cours d'écriture, en telle abondance que j'ai décidé de limiter ce billet à quelques aspects de ce que j'avais d'abord prévu. Je veux encore signaler que j'avais intitulé en 2002 ma première approche du nombre d'or chez Queen
L'or de Queen : plus réel que celui de Rennes-le-Château ?
 Il s'agissait d'une allusion au livre de Gérard de Sède, L'or de Rennes. L'affaire RLC ne m'intéressait auparavant que très médiocrement, et cette rencontre m'a conduit à réétudier la question. Enfin je reviens sur les Planète 13-21-34, ayant retrouvé dans mes archives les mèls à propos de leur acquisition. Je les trouvai donc le 31 août 03 au marché de Digne, date non quelconque car depuis quelques années le 31-08 est devenu le Blog Day, en vertu d'une similitude graphique discutable. Toujours est-il que le 2 septembre, j'ai emprunté à la Médiathèque de Digne Frissons de Noël, recueil thématique de nouvelles policières. Le lendemain j'ai lu Noël, Noël, de Barry Perowne, et appris que sa nouvelle Le trou de mémoire était considérée comme la reine des histoires de chambre close, ce qui m'a donné envie de la lire. Le 7 septembre, examinant les Planète acquis une semaine plus tôt, j'ai découvert Le trou de mémoire au sommaire du n° 13, que je n'avais acheté que pour son numéro. Pour donner une idée de mon implication dans les nombres de Fibonacci en ce temps-là, voici un poème dont la construction est expliquée ici, composé en juin 03, formé de lignes de 34 lettres réparties en 13+21: note ultérieure : le 31 août se trouve aussi être le 21e jour du 13e mois pataphysique !

2.8.09

sain antoine

Le précédent billet développait le parallèle entre les numéros 13-21-34 de Planète et mes publications de mai dernier, porteuses des mêmes numéros dans différentes collections.
La curiosité majeure était la présence dans Planète 34 du nom de l'éditeur de "mon" n° 34, Phil Marlin-Miécret, qui jeune homme en 67 avait répondu à un questionnaire de la revue qui lui avait valu d'être un des 100 bénéficiaires d'un abonnement gratuit.
Ce nom connu dans une assez longue liste m'a rappelé quelque chose. Il y a un certain temps, avant 2002 puisque avant l'euro, j'ai acheté sur un vide-greniers dans un village proche un lot de polars des collections L'empreinte (1932-40) et L'empreinte-Police (1946-49), à 2 F pièce. J'avais pris tout le lot, 13 titres de la première collection, 5 de l'autre.
L'empreinte a créé, à partir de son numéro 87, un jeu-concours doté de 50 prix, Etes-vous un bon détective, dont les résultats étaient publiés 4 mois plus tard, soit dans le 8e numéro suivant la publication du problème. Puis le concours a été remplacé par une rubrique d'Echecs, de François Le Lionnais, futur fondateur de l'Oulipo.
J'ai 4 de ces numéros avec concours. Après la solution du problème est donnée la liste des 50 gagnants, puis celle de concurrents moins heureux dont les réponses ont cependant été "particulièrement remarquées par le jury". Cette seconde liste occupe 6 pages de L'empreinte n° 107 de décembre 1936, Sic transit Gloria, de Milward Kennedy, et compte 167 noms. Le 161e a attiré mon attention :
Ce Bernard Endrèbe est certainement Maurice-Bernard Endrèbe, qui deviendra après la guerre un incontournable de la littérature policière, traducteur, auteur, critique, directeur de diverses collections dont précisément L'empreinte-Police.

Endrèbe, né le 27 septembre 1918, avait à peine 18 ans quand il a participé à ce concours paru dans L'empreinte n° 99, en août 36. S'il avait déjà publié une nouvelle policière l'année précédente, imaginait-il que 10 ans plus tard il serait le directeur de la collection L'empreinte-Police, directe héritière de L'empreinte, une bonne part de son activité ayant consisté à rééditer ses anciens titres ? Ceci est très proche du cas du jeune Philippe Miécret, lecteur de Planète qui y vit son nom publié, et qui 20 ans plus tard créerait l'Oeil du Sphinx (OdS), maison d'édition à l'optique similaire, promouvoir les "littératures différentes", pour reprendre une rubrique "planétaire".
Que le mot clé dans le cas Endrèbe eût été "empreinte" est curieux, puisque en 2005 l'OdS a acquis une illustre vitrine pour diffuser ses produits, l'Atelier Empreinte, la librairie de Rennes-le-Château désormais tenue par Nicolas Miécret, fils de Phil Marlin. C'est d'ailleurs là qu'on peut commander l'OdS n° 34, Rêves de Razès, mais, si on veut y arriver à partir de mon nom, il faudra entrer "Schultz" en raison du T ajouté à mon nom, peut-être celui oublié dans le Planète 34 où on trouvait l'orthographe "Miecre".
Cette affaire d'empreinte m'a rappelé une curiosité : je me suis intéressé en 2005 au mot "ormus", une des fantaisies imaginées par l'équipe qui a "fabriqué" l'énigme RLC (Rennes-le-Château). Quelques jours plus tard, un tag "ORMA" m'a sauté aux yeux; j'ai appris que ce mot, ressemblant à un féminin de ORMUS, signifie "empreinte" en italien.

Voici maintenant ce que j'ai découvert en réexaminant les numéros des collections Empreinte acquis donc il y a une dizaine d'années, alors que je ne m'intéressais pas encore aux nombres 13-21-34 :
- Parmi les 5 livres de la collection L'Empreinte-Police, il y avait les numéros 13-21-34 (+ les 16 et 22). Cette collection s'est d'ailleurs arrêtée au n° 34, Meurtre anniversaire, de Lange Lewis (traduit par M-B Endrèbe).
- En couverture du n° 13, Meurtre à l'hôtel Granada, il y a une erreur sur le nom de l'auteur, Vincent Starrett, auquel il manque un T. La même erreur apparaît sur la tranche, mais Starrett est orthographié correctement sur la 4e de couverture et à l'intérieur du livre.
Voici cette couverture, à côté de celle du n° 107 de l'ancienne collection L'Empreinte (dans un état épouvantable), ce qui permet de constater la similitude des maquettes des deux collections:- Le problème qui a valu à MB Endrèbe la publication de son nom était le n° 13, Qui a menti ? La solution de ce problème dans L'empreinte n° 107 suivait l'exposé du problème n° 21, L'inspecteur Boyd est optimiste.
Je rappelle que c'est parce que j'avais un sentiment particulier pour la série 21-13-34 (plutôt sous cette forme) que j'ai acheté en 2003 les numéros 13 et 21 de Planète, alors que je n'étais intéressé que par un article du 34. Sans cela, je n'aurais vu aucune résonance entre l'OdS 34 et le Planète 34, et n'aurais pu découvrir dans ce dernier le nom Miecre, et voici donc que sont directement présents les numéros 13 et 21 dans ce L'Empreinte où apparaît le nom Endrèbe, futur directeur de L'Empreinte-Police qui publiera 34 volumes...
Le problème policier du n° 13 n'était pas sans écho RLC, bien que je n'en connaisse que cette brève solution :
Il faut savoir que tout un pan de l'affaire RLC repose sur les pierres tombales de la marquise de Blanchefort, ce qui était au coeur de ma nouvelle.

Alors que l'affaire des Planète 13-21-34 peut être diversement attestée, il me serait plus délicat de démontrer la véracité de mon achat non calculé des L'Empreinte-Police 13-21-34, comme du L'Empreinte 107, que je ne peux assurer être le seul où figure le nom d'Endrèbe, n'ayant consulté que les 4 numéros (sur 67) en ma possession donnant les résultats du concours. mais ces hasards me semblent presque dérisoires par rapport à des événements tout récents.
Le dernier volume de L'Empreinte-Police annonce la parution en janvier 50 du n° 35, Les linceuls noirs, par Conyth Little, mais la collection publiée par La Maîtrise du Livre s'est interrompue au n° 34. Elle a connu un bref avatar au Portulan, où Endrèbe dirigeait (ou co-dirigeait) la collection La Mauvaise Chance, alors en perte de vitesse, et 5 volumes sont parus en 1950 sous l'étiquette La Mauvaise Chance - L'Empreinte avant l'effacement définitif de toute Empreinte...

Endrèbe est étroitement associé à une supercherie littéraire dans la collection La Mauvaise Chance, où de 1945 à 48 sont parus 5 livres signés Franz-Rudolph Falk, prétendu écrivain autrichien réfugié aux USA après l'Anschluss, prétendument traduit par un prétendu Philippe Géry. Ce n'est qu'après la mort de l'auteur en 1971 qu'il a été dévoilé que ces livres étaient l'oeuvre d'un étrange polygraphe, le comte Philippe du Puy de Clinchamps, qui a écrit dans des genres très différents sous de multiples pseudonymes.
J'ai appris ceci en 2001 grâce à la passionnante étude de l'oulipien Paul Braffort, aujourd'hui disponible en ligne, révélant notamment les parcours parallèles de Clinchamps et Endrèbe, lequel a utilisé aussi plusieurs pseudonymes, assurant notamment sous le nom de Louise Lalanne une rubrique critique dans Mystère-Magazine, où il lui arrivait de parler d'Endrèbe. Il y a dans les romans d'Endrèbe de multiples allusions à Clinchamps, discrètes et incompréhensibles pour le commun des lecteurs. Ainsi un personnage récurrent d'Endrèbe est le journaliste Patrice Géron, auteur de polars impressionnistes qu'il prétend traduire de l'allemand... Et Falk a placé un certain Bernhardt Endrew dans un de ses romans... C'est le genre de choses qui m'intéresse, mais je me suis tant ennuyé à tenter de lire les deux premiers Falk que j'ai vite abandonné cette recherche, me promettant d'oublier à tout jamais F-R Falk.
Et pourtant le 17 juin dernier, alors que je passais chez l'indispensable dp, un hasard a fait sortir le dernier Falk de son capharnaüm de livres, en cherchant autre chose, et elle m'a fait remarquer que ces pendus rappelaient mes pendus bizarres. Parce qu'un autre hasard m'avait fait consulter la veille un autre volume de La Mauvaise Chance, j'ai pris en considération ce double signe, et emprunté le Falk.
C'est précisément dans Les pendus de peu d'importance qu'apparaît Bernhardt Endrew, matelot de la Lena Laud, dont l'équipage est détaillé sur deux pages du roman.
A part les 15 membres de l'équipage il y a 5 passagers :
Cinq : deux femmes et deux hommes, et une femme encore. (...) Ce n'était plus une patrie qu'ils fuyaient mais toute la terre. Il n'étaient de nulle part.
(de quoi attirer l'attention d'un amateur de quaternité)

Une femme est trouvée pendue, le mécanicien Philip Soemst mène l'enquête. Le lecteur a accès à ses notes et à sa curieuse façon de présenter ses suspects, sur une rose des vents. Le dernier de 4 diagrammes donne son coupable, Bernhardt Endrew, précisément, mais avec le T de Bernhardt omis, et le texte accompagnant les diagrammes indique que l'auteur est conscient de cette "orthographe mal assurée". De fait, le nom apparaît sur 3 des 4 diagrammes, chaque fois différemment, Bernhart Endrew (sans D), Ber. E., et enfin Bernhard Endrew (sans T).
Après l'accusation lancée par Philip Soemst, le capitaine Jörg Jedermann rend son verdict : le véritable assassin est Philip, qui va être le second pendu de peu d'importance, et un nouveau diagramme actualise ce retournement...
Bernhard ou Philip, Philippe ou Bernard, il est difficile d'imaginer, sachant ce qu'on sait aujourd'hui, que cette histoire n'ait pas signifié quelque chose pour les compères Endrèbe et Clinchamps. Je me bornerai au constat que cette complicité a autorisé l'impossible, l'écriture de "Bernard Endrèbe" sans T.
La complexité du personnage de Philippe de Clinchamps m'avait amené à le signaler à la liste Serpent Rouge (de Philippe Marlin). Il a été sous le nom Antoine Bouch le refondateur et directeur pendant 20 ans de L’intermédiaire des Chercheurs & Curieux, revue qui a abondamment parlé de RLC dès la publication du livre de Gérard de Sède. Son goût de la mystification me fait notamment penser à l'un des personnages au coeur de l'affaire, le marquis Philippe de Cherisey qui a revendiqué la fabrication des parchemins de RLC (que de Philippe !)

Incidemment, les premiers directeurs de L'Intermédiaire ont été Carle de Rash (anagramme de son fondateur Charles Read), Lucien Faucou, et le général Iung.

Authentiques ou non, les indices de l'affaire RLC font souvent intervenir au premier plan des lettres T, je ne donnerai comme exemple que les premiers mots de la stèle de Blanchefort, CT GIT... T est encore le Tau, ou croix de Saint-Antoine, selon la forme caractéristique donnée à la béquille de l'ermite boiteux, et la Saint Antoine, le 17 janvier, est la date cruciale de RLC.
Si mon histoire fait intervenir plusieurs hasards qui seraient difficiles à démontrer, voici pour conclure (provisoirement) des faits qui passent largement la limite de l'absurde, et sont pourtant incontestables.
Saint Antoine le Grand, celui fêté le 17 janvier, est appelé couramment en anglais Anthony Abbot (Antoine l'Abbé), et un auteur américain a choisi de signer des polars du pseudonyme Anthony Abbot, alléguant que cela le placerait en tête des listes d'auteurs (pour la même raison les titres de ses romans commençaient tous par le mot About, "à propos de...") C'était par ailleurs sous son vrai nom Charles Fulton Oursler un auteur religieux, à qui l'on doit La plus grande histoire jamais contée. Ci-contre sa pierre tombale, à examiner jusqu'à ce que l'eau du radiateur soit refroidie.
Toujours est-il qu'il a été essentiellement traduit en français dans L'Empreinte, qui a publié 4 de ses titres, dont 3 ont été réédités par L'Empreinte-Police, selon donc un probable choix d'Endrèbe. L'un était dans mon lot, L'homme sans femme, et il n'y a rien à en dire de particulier. La curiosité se trouve dans les récapitulatifs des volumes parus dans la collection, donnés en pages intérieures dans les derniers numéros de L'Empreinte-Police, les 28 et 34 que je possède par exemple. Il y apparaît 3 fois l'orthographe Abbott :
Dans des numéros antérieurs, cette liste était donnée en 4e de couverture, et Anthony Abbot y était correctement orthographié, de même que dans les listes de L'Empreinte, avant-guerre. Le dernier Abbot est paru en mai 1948, à peu près au même moment que Les pendus de peu d'importance, dont le dépôt légal est daté du 2e trimestre 48. Les 3 T excédentaires, ou croix de Saint-Antoine, sont donc apparus dans le catalogue de la collection dirigée par Endrèbe peu après la publication dans l'autre collection qu'il (co-)dirigeait du roman de Falk, où son nom apparaît par 3 fois sur une rose des vents, une croix donc, dont voici le premier exemple, avec les 3 suspects correspondant aux 3 branches de ce qui constituerait un Tau (je remarque que, dans chacun des 5 diagrammes, la pointe nord de la rose est tronquée).
Si cette concomitance est évidemment un "hasard", il me semble que la curieuse disposition des suspects sur des roses des vents pourrait receler une subtilité me rappelant quelque chose. Le premier Queen traduit en France est paru en février 1934 dans L'Empreinte, Le mystère des trois croix, qui était en fait le 5e roman de Queen (The Egyptian Cross Mystery).
C'est un roman qui marque. Un mystérieux vengeur semble poursuivre les trois frères Tvar, d'origine slave, qui sont retrouvés l'un après l'autre crucifiés et décapités, leurs corps formant donc des T, ou croix de Saint-Antoine, l'expression apparaissant dans le texte.
Il s'agit d'une machination tortueuse d'un certain Andrew, et il m'a semblé que c'était une première apparition d'un thème récurrent chez Queen, le X ou croix de Saint-André.
Quelle qu'eût été l'intention de Queen, ses lecteurs ont pu avoir la même idée que moi, ou d'autres auteurs imaginer indépendamment des intrigues opposant des Antoine et des André, ou leurs croix correspondantes, qui se superposent dans une rose des vents complète...
La forme "Endrew", logique transposition allemande de "Endrèbe", est aussi une forme anglaise de "André", et mon enquête m'a révélé un petit mystère sur ce nom Endrèbe, qui serait selon plusieurs sources l'anagramme de son vrai nom Derbène, qu'il a d'ailleurs utilisé pour une partie de ses traductions. Le monumental Dictionnaire des Littératures Policières lui donne par contre pour nom de naissance Endrèbe-Lataulère.
Or il n'existe sur les sites généalogiques en ligne (ici par exemple) aucun Endrèbe, et pas davantage de Derbène. Bernède est par contre un nom courant dans le sud-ouest d'où est originaire "Endrèbe", où il existe aussi des familles Andrèbe. Lataulère est également attesté, dérivé de l'occitan taule, "table".
Qui qu'il en soit, s'il est avéré que Philippe (Clinchamps) a bien tiré Bernard vers "André", il est remarquable qu'un de ses principaux pseudos soit Antoine (Bouch, directeur en 1951 des Chercheurs & Curieux).

Une bernède est en occitan un bois de bergnes, d'aulnes, et le pseudonyme Ellery Queen a été choisi par Dannay (le principal cosignataire des Queen) à partir du prénom Ellery, d'un ami disparu, qu'il a ensuite appris être dérivé du nom anglais de l'aulne (ell, alder).
Après avoir publié plusieurs Queen à peu près contemporains, L'Empreinte a publié les deux premiers Queen (un peu faiblards à mon avis) sous les numéros 106 et 108, encadrant on ne peut mieux le n° 107 où est apparu "Bernard Endrèbe".

Une de mes études sur Queen concerne particulièrement le T dans son oeuvre, ainsi dans un roman les titres de chapitre sont tous formés de mots débutant par T, tandis que dans un autre c'est l'absence de T dans une lettre qui est significative...
J'ai déjà signalé ma première publication queenienne importante, en 2000, Quelle queenerie la vie; j'y parlais aussi des T, notamment dans Le mystère des trois croix. Un des rares exemplaires de cette brochure se trouve à la Bilipo, et je vérifie sur son catalogue qu'elle y est bien référencée. J'ai la surprise de n'en pas trouver trace en entrant "Rémi Schulz", et c'est en entrant "queenerie" que je découvre ceci, aussitôt capturé car ce sera peut-être corrigé :
Cette erreur sur mon nom est commune, mais il est correctement orthographié pour mes autres publications, où le T n'est pas à l'honneur.

Dans cette étude sur Tobie Nathan, je remarquais qu'il avait donné à un personnage fort déplaisant un nom anagramme du sien, Antoine Habt, et je remarquais que la béquille de cet unijambiste ressemblait à une allusion au Tau de Saint Antoine. Le germanisme des noms falkiens m'a fait me demander comment se disait "abbé" en allemand, et c'est Abt, ainsi Anthoine Abt (la forme actualisée privilégie vraisemblablement les initiales AH) constitue une exacte transposition franco-allemande de Anthony Abbot, et Tobie Nathan semblait prédestiné à devenir un nouveau San-Antonio.
Puisqu'il est question d'initiales, je remarque que deux pseudos de Clinchamps ont les initiales AB (abbé !), Antoine Bouch et Aloysius Bourgogne (nom sous lequel il assurait une rubrique de jeux dans Tout Savoir).
Après sa tétralogie policière chez Rivages/Noir, Nathan a publié en 2006 chez Perrin un 5e roman, Mon patient Sigmund Freud, où apparaît un certain Carl Gustav Alt.

Télérama n° 3108, paru ce 4 août, donne les choix de quelques personnalités dans la catégorie du roman de mystère; François Guérif, éditeur de Tobie Nathan, donne parmi ses 6 romans préférés Le mystère des trois croix (alors que seule l'édition de L'Empreinte en 1934 porte ce titre) et La chambre ardente de John Dickson Carr (paru dans L'Empreinte-Police, traduit par Endrèbe, mieux que traduit même puisqu'il a eu l'idée d'intervertir les scènes finales du roman, ce que Carr lui-même a reconnu comme judicieux).

Je consacrerai mon prochain billet aux aspects numérologiques de cette affaire 13-21-34.

Note du 10 août : J'ai reçu hier le bulletin mensuel de la librairie Grave Matters, à laquelle j'ai commandé l'an dernier un polar nommé Quintet, au titre alléchant, mais je n'ai pu finir ces 5 enquêtes de Akhenaton Beelzebub Chase (ABC).
Toujours est-il que ce bulletin m'informe qu'une association indépendante de libraires spécialisés a choisi ce mois Megan Abbott en n° 1 :
KILLER BOOKS - August 2009. These selections are chosen by members of the Independent Mystery Book Sellers Association.
1) Bury Me Deep by Megan Abbott
2) Sweeping Up Glass by Carolyn D. Wall
3) Awakening by S.J. Bolton
4) Royal Flush by Rhys Bowen
5) Dixie Divas by Virginia Brown
Bien entendu une exploration de la toile avec "Megan Abbot" livre de nombreux résultats

PS du 17 novembre : Comme me l'a signalé un commentateur, Endrèbe a signé Bernard Bernède une traduction, aussi me semble-t-il judicieux de montrer la page 143 du Guide Totem Le Polar, de Baudou et Schléret, où Endrèbe apparaît à la page Bernède :C'est que l'article précédent concerne Berkeley Anthony, MB Endrèbe ayant d'ailleurs le privilège peut-être unique dans ce guide d'avoir une seconde fois sa photo, à l'article dédié.
J'ai supprimé 4 lignes de texte entre la photo et le début de l'article Bernède, et translaté la légende de la photo.