31.8.13

Eve & Adam


  Je poursuis mes investigations sur Cette hideuse puissance de CS Lewis, étudié dans les deux précédents billets, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lus tant la principale coïncidence abordée ici est significative en elle-même.
  J'y viens au plus vite. A la tête des mauvais de Belbury il y a donc Alcasan, étudié dans le billet précédent. A la tête des bons de Ste-Anne il y a Ransom, héros des deux précédents volets de la trilogie, appelé désormais Fisher-King, le Directeur, ou le Pendragon, mais un rôle essentiel est dévolu à une jeune femme, Jane, épouse de Mark Studdock qui a rejoint les mauvais de Belbury, lesquels ne lui ont offert un emploi valorisant que dans l'espoir d'attirer de leur côté Jane, dont les exceptionnels talents médiumniques serviraient leur projet.
  Le nom de jeune fille de Jane est mentionné, Tudor, et il semble important pour ceux de Ste-Anne qu'elle soit apparentée aux Tudor de Warwick.
  Il m'importe bien plus d'avoir imaginé un personnage nommé Jeanne-Eve Turdo pour un de mes projets romanesques inaboutis.

  J'y reviendrai, mais je donne d'abord l'autre élément de la coïncidence, qui la transcende en quelque chose d'exceptionnel, au-delà de l'imaginable.
  J'ai l'honneur de l'amitié de Philippe Kerbellec, exégète autodidacte de Roussel, auteur de deux livres publiés sur l'énigmatique personnage. Phi continue de scruter son oeuvre, et le 21 août il me confiait par mèl sa dernière trouvaille sur un épisode de Locus Solus (1914).
  Comme souvent chez Roussel, le lecteur est confronté à une situation totalement loufoque, qui ne sera explicitée que bien des pages plus loin. En l'occurrence il s'agit, au début du chapitre 4, de Gérard Lauwerys montré oignant d'un onguent rose un Enfant Jésus de pierre, et lui confectionnant un bonnet avec des fibres tirées de déchets de poires. Ensuite Lauwerys écrit un long poème avec une épine de rose. Je passe sur moult autres détails bizarres.
  Si une explicitation vient ensuite, le lecteur averti sait qu'elle ne lui donnera pas les réelles raisons de ces bizarreries, à chercher dans des jeux de mots issus du fameux "procédé" rousselien. Il s'agit de synonymies, souvent pêchées dans le Bescherelle, et Phi venait de découvrir que Roussel avait joué ici avec les variétés de poires d'hiver, dont l'épine, décrite ainsi dans le Bescherelle :
   Quant au visage (ou poire) du petit Jésus oint d'un onguent rose, il doit certainement beaucoup au petit-oin (ou petit-oint). J'ai choisi ici la définition du Dictionnaire de la culture des arbres et de l'aménagement des forêts, parce qu'elle est précédée de la Rousseline qui a pu retenir notre auteur :
   Quelques jours plus tard, le 25, Phi me signalait un autre probable jeu piriforme. Lauwerys est prisonnier d'un brigand calabrais qui demande une rançon exorbitante pour le libérer. La situation est sans espoir (mais pas sans poires), jusqu'à ce qu'une amie de la femme de Lauwerys, Eveline Bréger dont la beauté lui a permis un splendide mariage, donne généreusement la rançon libératrice. Voici la définition de la belle-et-bonne du Bescherelle :

  J'ai jadis particulièrement scruté cet épisode, mais j'avais oublié ce nom Eveline Bréger lorsque j'ai imaginé en 2003 le personnage d'Adam Breger, narrateur dans mon projet de roman Le parfum de l'amant d'Anouar.
  Je vais revenir sur ces projets, mais je veux d'abord souligner qu'il n'y a rien de spécialement extraordinaire à cette homonymie, comme à l'anagramme Tudor-Turdo. C'est d'abord leur découverte presque simultanée, en ce mois d'août 2013, qui est remarquable, et surtout l'attribution à mes personnages des prénoms Eve et Adam.
  L'ahurissant vient ensuite. Le précédent billet m'a conduit, alors que Phi ne m'avait pas rappelé l'existence d'Eveline Bréger, à développer le couple roi-reine (rwa-ren en pensant à l'aristocratique Raoul de Warren); une réminiscence me souffla qu'un chapitre de Jung avait ce titre, et c'est en fait la 4e des 6 parties de Mysterium Coniuctionis qui est titrée Rex et Regina. La 5e partie a pour titre Adam et Eve ! Voici les titres des 6 parties :
Les composants de la conjonction
Les paradoxes
Les personnifications des opposés
Rex et Regina
Adam et Eve
La conjonction
  C'est en grande partie une homonymie Ogier qui a été responsable de ce développement, sans lequel j'aurais traité le cas de Jane Tudor dans le précédent billet.

  C'est à partir de 1998 qu'il m'est venu des velléités d'exploiter mes découvertes littéraires sous forme de fiction. Ce fut d'abord le projet Novel Roman, dont j'ai souvent parlé, notamment pour l'exacte homonymie d'un de ses personnages Noël Morvan (anagramme de Novel Roman) avec un personnage d'un roman à l'eau de rose (mais pas la rose à épine de Lauwerys).
  Le projet était bien avancé lorsque JB Pouy me proposa d'écrire un roman pour sa nouvelle collection Pierre de Gondol. J'abandonnais donc Novel Roman pour écrire pendant l'été 99 Sous les pans du bizarre. Candide, j'y imaginais un succès qui m'aurait permis de continuer sur ma lancée, et l'approche du 21e siècle me fit concevoir l'idée du Roman du siècle, imposant une parution proche du 1er janvier 2001.
  Mais la parution des Pans tarda, jusqu'en novembre 2000, et le succès attenduno code in the Spanish translation ne fut pas au rendez-vous, malgré l'achat des droits par un éditeur catalan qui remboursa le Seuil des frais engagés. J'eus alors l'idée de recycler le Roman du siècle dans un autre projet, Indécente (L'), destiné à la collection Pierre de Gondol, mais le libraire de Douze maîtres au carré s'y trouverait métamorphosé en Léon de Pridegor (anagramme de lettres) éditeur à l'enseigne des Treize mérous d'occase.
  Cette anagramme phonétique avait grandement inspiré l'intrigue : Léon éditait les oeuvres de Jeanne-Eve Turdo, auteure disparue en 1941 de 13 enquêtes d'un détective privé sourd-muet surnommé le Mérou. Je ne me souviens plus de toutes les raisons qui m'ont amené à ce nom. Il y avait l'acronyme très rousselien JET, la nécessité d'avoir le nom total en 14 lettres, car un codage révélait qu'un 14e Mérou supposé inachevé était en fait bel et bien terminé.
  Turdo me faisait penser au turbot, autre poisson, et j'avais pensé à l'anagramme Tudor. Aujourd'hui je découvre que turdo signifie "grive" en portugais, du latin turdus.

  Alors que je me suis parfaitement rappelé avoir déjà lu les deux premiers volets de la trilogie de Lewis, acquise à sa parution en 1979 chez Néo, il ne s'est rien passé de tel pour Cette hideuse puissance, et j'imagine avoir été jadis vite lassé par ce texte, et n'être pas arrivé au nom de Jane Tudor, mentionné une seule fois.
  Jane est donc la principale alliée de Ransom, dont l'unique interlocutrice dans le volet précédent de la trilogie était l'Eve de Perelandra (Vénus), planète au stade édénique avant la chute, où le couple primordial correspondant à Adam et Eve est aussi nommé le Roi et la Reine.
  Dans le dernier chapitre de Cette hideuse puissance, l'eldil (l'ange) de Vénus descend à Ste-Anne pour emmener Ransom, avec toutes les qualités traditionnelles de Vénus-Aphrodite, ce qui déclenche une fougue génésique irrépressible chez tous les animaux. "Cela devient indécent" profère un résident de Ste-Anne, ce à quoi réplique Ransom :
Au contraire, cela devient décent, dans l'ancien sens du mot decens, approprié. Vénus elle-même est sur Ste-Anne.
  Avant son départ pour Perelandra, les derniers mots de Ransom sont pour Jane, à laquelle il demande de renouer avec son mari, et de faire des enfants. Nous ne sommes pas loin du Croissez et multipliez adressé à Adam et Eve.
  Dans mon projet, "l'indécente" est Tine Dencel (anagramme) qui aiguille Léon vers le décodage du message caché dans l'oeuvre de Jeanne-Eve Turdo.

  J'ai quelque peu avancé dans le projet, mais le Seuil a décidé l'arrêt de la collection Gondol avant qu'un contrat fût signé. Je me suis lancé en 2003 sur un autre projet, Le parfum de l’amant d’Anouar.
  Adam Breger y est le secrétaire du détective Samson Sholem (Holmes), et aussi l'auteur de romans relatant leurs enquêtes. La présente concerne le meurtre pendant la nuit pascale 2004 d'un homme qu'ils étaient supposés protéger. La victime a pu proférer une syllabe avant de trépasser, "jour...".
  J'avais choisi le nom Breger parce que ce narrateur était, comme le docteur Sheppard ("berger") dans Le meurtre de Roger Ackroyd, l'assassin (ou en fait peut-être pas...) J'avais légèrement travesti Berger en Breger, en pensant à la forme A. Breger, sans soupçonner que c'était un nom courant, porté notamment par deux frères, Arthur et Alcide (Alcide Bava est un pseudo de Rimbaud) que voici posant devant leur imprimerie de la rue Thénard :
  Incidemment, Roussel connaissait bien la rue des Bergers, où il suivait de près la fabrication de ses livres à l'imprimerie des éditions Lemerre.

  "Adam" était un choix encore plus impératif. Mon meurtre était calqué sur celui de La dernière femme de sa vie, de Queen, où la victime mortellement atteinte pendant la nuit de Pâques 1970 peut énoncer une syllabe pour désigner son assassin, mais un ensemble de circonstances fait que chacune des syllabes désignant immédiatement l'assassin pourrait également désigner quelqu'un d'autre. Il ne peut dire que c'est le seul homme (man) présent, ni que c'est son avocat (lawyer), car sa fiancée se nomme Laura Manzoni...
  Sa dernière syllabe sera hom..., pour homosexual, compris home, "maison", mais tout ceci est bien difficile à traduire, notamment en français où "homme" est immédiat. Bref, j'ai choisi adam qui signifie d'abord "homme" en hébreu, et lié à la couleur "rouge" car le crime de Breger serait une réaction à la profanation de l'oeuvre de Gaston Leroux.
  Kerbellec remarquait que Lauwerys ressemble beaucoup à lawyers, les tenants de la "loi", de la "règle", mot-clé pour Roussel. C'est encore l'anagramme exacte de US lawyer, l'avocat américain, l'assassin du roman de Queen.

  Adam Breger comme Jeanne-Eve Turdo sont des auteurs dont les oeuvres recèlent des niveaux secrets à décoder.

  Il est remarquable que le prénom de la dame Bréger de Roussel soit Eveline, débutant par "Eve", bien que l'étymologie du prénom soit probablement à chercher ailleurs.
  L'association entre Eveline et Eve est cependant courante, et une recherche Eveline "Eve" m'a conduit dès les premiers résultats à Evelyn Nesbit, un personnage dont il a été indirectement question dans un récent billet, auquel une certaine Paula URUBURU a consacré une biographie, American Eve: Evelyn Nesbit.
  Je n'en ai pas cru mes yeux en découvrant le nom de la biographe, après l'affaire de l'ouroboros tombé du ciel relatée dans le précédent billet, mais c'est un nom relativement courant, dérivé du basque uriburu, "tête de la cité". Paula a donné sur YouTube les illustrations de son livre, sous le nom Puruburu Uruburu.
  Il n'était question dans le billet concerné que du mari d'Evelyn, Harry Thaw, odieux criminel psychotique qu'un romancier américain a imaginé copiner avec Jung. Tiens, Harry et Eve se sont mariés un 4/4, le 4 avril 1905.

  Le premier amant d'Evelyn, Stanford White, assassiné par Thaw en 1906, est comparé par Uruburu à Barbe-Bleue, ayant fait poser Evelyn pour ce mandala représentant les femmes de Barbe-Bleue...
  Elle se serait appelée Evelyn White si elle l'avait épousé, ce qui m'évoque le cas de Chris Costner-Sizemore (née le 4 avril 1927), décrit dans le livre Les Trois Visages d’Eve, donné en exemple des cas de personnalités multiples dans L'adversaire d'Ellery Queen, se passant dans le mandala échiquéen de York Square.
  Dans la version schématisée du film, Eve White abrite une personnalité opposée, Eve Black. La thérapie amène l'émergence d'une 3e personnalité, Jane, qui intègre les Eves opposées et peut mener une vie sociale "normale".
  Jane-Eve... Mes recherches queeniennes m'avaient mené à étudier de près ce cas, mais je ne crois pas l'avoir eu consciemment à l'esprit lorsque j'ai imaginé le personnage Jeanne-Eve Turdo. Chris Costner-Sizemore a donné une suite aux Trois Visages d’EveLe dernier visage d'Eve, publié sous le pseudonyme Evelyn Lancaster, et je me suis demandé si Queen avait été inspiré par ce nom pour situer son intrigue dans la famille York, en pensant à la Guerre des Deux-Roses, qui s'est soldé par l'avènement des Tudor, unissant dans la Rose Tudor les emblèmes des Maisons York et Lancastre :
  J'ignorais alors l'existence de Jane Tudor, dont l'hérédité intéresse les gens de Ste-Anne parce qu'elle descend d'un Tudor qui aurait rêvé le déroulement exact de la bataille de Wakefield, pendant la Guerre des Deux-Roses.
  Côté mandala, j'imagine que Charles Palliser s'est inspiré de l'histoire de la Rose Tudor pour son Quinconce, ensemble de 5 romans, avec 5 parties par roman, 5 chapitres par parties, 5 sections par chapitre... Au centre exact des 625 sections de l'ensemble est donné le schéma héraldique résolvant l'énigme dynastique du cycle.
  Tiens un Charles créateur de "romandala", tandis qu'un Theodore (Sturgeon) a collaboré à L'adversaire et à son mandala centré sur Nathaniel (équivalent hébreu du Theodoros grec).

  Evelyn Nesbit en femme de Barbe-Bleue m'a bien sûr rappelé que le méchant de Belbury était le Barbe-Bleue François Alcasan, guillotiné pour le meurtre de sa femme, dont la tête a été récupérée et ressuscitée, ce qui m'éveille divers échos.
  Mon Parfum de l'amant d'Anouar était bien sûr inspiré par celui de la Dame en noir de Gaston Leroux, or celui-ci a recyclé en 1923 la récente affaire Landru dans le roman La machine à assassiner, où le relieur Bénédict Masson est guillotiné pour les meurtres de plusieurs jeunes femmes qu'il aurait brûlées dans la chaudière de sa maison de Corbillères. La presse l'a nommé Barbe-Bleue de Corbillères.
  Il était en fait innocent, mais ce qui m'intéresse ici est que sa tête est récupérée par le chirurgien Jacques Cotentin (JC) et ressuscitée pour animer un automate.

  Il y a aussi dans Locus Solus une histoire de tête guillotinée ayant l'apparence de la résurrection, celle de Danton.
  Et une vraisemblable allusion à Barbe-Bleue avec, dans les tableaux des vrais ressuscités dont le premier est Lauwerys, le sculpteur Jerjeck qui dessine des Gilles en négatif, en raturant des pages préalablement peintes en noir. Ce sont donc des Gilles rayés ou des Gilles de raies...
  Je rappelle que j'avais étudié ici une nouvelle de Ray Russell (!) où Jack l'Eventreur était un avatar de Gilles de Rais, devenu en 1919 acteur au Théâtre du Grand-Guignol, rue Chaptal, à côté duquel Kerbellec a longtemps habité.

  J'avais trouvé en 2009 un motif de m'émerveiller du choix du nom Adam Breger pour l'assassin de la nuit de Pâques 2004. Ce nom ressemble quelque peu à Adamsberg, le héros de Fred Vargas, et dans Dans les bois éternels (2006), Adamsberg ressuscite quelqu'un le soir d'un vendredi qui semble bien être le Vendredi saint 2004.

  Ma marotte numérologique m'a conduit dans le billet précédent à chercher des relations dorées dans des couples roi-reine, or au couple primordial correspond précisément un partage doré optimal :
ADAM / EVE = 19/32
  Précisément, j'ai été conduit récemment à découvrir cette relation, probablement en lisant Perelandra où Ransom découvre la planète Vénus à l'état édénique, où les Adam et Eve locaux sont aussi appelés le Roi et la Reine.

  19-32 appartiennent à la suite additive se poursuivant par 51-83-134-217-351, les nombres qui me sont apparus structurer l'alphabet en 26 lettres de somme 351, magnifié par le recueil Alphabets où Perec a donné un rôle particulier aux 10 lettres les plus usitées, ESARTULINO de valeur 134, se répartissant en voyelles AEIOU = 51 et consonnes LNRST = 83.
  Ma fascination devant ces harmonies m'a conduit en 2005 à imaginer une forme poétique hétérogrammatique en 351 lettres dont les unités sont le diaor, 2 vers en 19 pieds, et le teror, 3 vers en 32 pieds, et je suis charmé d'apprendre qu'à ces nombres peut correspondre le couple fondateur de l'humanité (selon la tradition judéo-chrétienne du moins, et en français puisqu'en maintes langues Eve est Eva).
  Mon premier essai doré hétérogrammatique était un sonnet d'abord intitulé L'art si noué, en ne songeant aucunement à l'auteur Gilbert Sinoué dont je n'avais rien lu, lequel jouerait un rôle essentiel dans ma découverte du motif 4-1 de la vie de Jung autour du 4/4/44.
  Sinoué a notamment écrit La reine crucifiée, sur Inès de Castro, or
INES / CASTRO = 47/76, même rapport doré que
PEREC / GEORGES ou DIAOR / TEROR,
car c'est en hommage à Perec que j'avais baptisé mes unités métriques.

  134 est encore la valeur d'Arsène Lupin; j'avais nommé de l'anagramme Irène Lapnus un personnage important de Sous les pans du bizarre, et le chapitre la concernant fut si dur à écrire que je ne pus le faire qu'en dernier lieu. Je le terminai le 7 septembre 99, m'apercevant ensuite que ce jour était la Ste-Reine, anagramme d'Irène. Plus tard je constatai qu'à ce nom correspondait le partage doré 51-83 de la valeur d'Arsène Lupin, alors que je ne me préoccupais aucunement de cette question en 99.
  Aujourd'hui je constate que IRENE ou REINE se partage selon voyelles/consonnes en EEI/NR = 19/32 (comme ADAM/EVE).
   Je ne vais pas reprendre tous les cas dorés significatifs... Cet EVE/ADAM où Eve à la part majeure me rappelle une autre découverte récente, non encore mentionnée je crois,
ELLE / IL = 34/21 (Fibonacci), remarquablement parallèle à la trilogie cosmique de Lewis dont les 3 volets totalisent 17-17-21 chapitres (chez Néo du moins).

  Les noms complets de mes (Jeanne-)Eve et Adam n'ont pas de valeur immédiatement évocatrice à mes yeux,
JEANNE EVE TURDO = 49+32+78 = 159
ADAM BREGER = 19+55 = 74
mais la somme 159+74 = 233, 13e Fibonacci, nombre qui a d'abord attiré mon attention pour une toute autre raison.
  233 est la valeur en hébreu de 'ets ha'hayim, l'arbre de vie, qui a tout de même un rapport certain avec Adam et Eve (ci-contre, après Cranach et Blake, Adam, Eve et l'arbre de vie de Burne-Jones). L'arbre de vie semble se confondre au centre du jardin d'Eden avec l'arbre de la connaissance du bien et du mal, dont la valeur en hébreu est 932 = 4x233.

  Eveline Bréger = 72+55 = 127 ne m'évoque rien, mais
JANE TURDO = 30+78 = 108,
motif qui m'est essentiel depuis que je l'ai rencontré chez Rabelais, où apparaît une répartition 30-78 des 108 marches de l'escalier de la Dive, étudiée récemment ici, détaillée dans mon étude de 1995, avec notamment 78 valeur de TRENTE dans l'alphabet latin.
  Je retrouvais le rapport 30/78 ou 5/13 dans les dimensions données par Rabelais à Thélème, 60 pas de diamètre pour les tours, 312 pas entre les tours. Si les centres des tours sont axés sur les côtés, alors chaque côté de Thélème a 60+312+60 pas, ou encore 120+312 en réunissant les éléments similaires. Or 120/312 = 30/78 = 5/13.
  30-78 est encore la valeur de Jean Queval, dédicataire de ROMAN AMOR = 108, 18e des Hypertropes de Paul Braffort, et par un complet hasard l'addition fibonaccienne 18 = 13+5 est une contrainte de ce poème.

   Sur son schéma de Thélème donné dans le précédent billet, Gaignebet avait fait figurer les symboles ♂ et ♀, parce que Rabelais a dévolu le côté ouest de l'abbaye aux moines, et le côté est aux moniales. Ceci faisait pour moi échos aux deux premiers volets de la trilogie de Lewis, se passant sur Mars et Vénus dont ce sont aussi les symboles.
  La couverture du 3e volet (chez Néo) montrait deux triangles pointe en haut △ et pointe en bas ▽, qui sont aussi des symboles du masculin et du féminin, peut-être significatifs de la conclusion du roman appelant à la conjonction sexuelle tous azimuts.
  J'avoue n'avoir eu aucun désir de me documenter sur CS Lewis et sa vie privée, mais un bizarre hasard m'y a en quelque sorte forcé. J'ai conté ici la coïncidence de ma vision du film Runaway train avec la catastrophe de Compostelle. Me renseigner plus avant m'a appris que le scénariste du film était Ed Bunker, ex-taulard dont le roman le plus célèbre est Aucune bête aussi féroce, adapté au cinéma sous le titre Le récidiviste.
  Nous avions vu le début de ce film en streaming il y a quelques mois, parce qu'il y figurait Theresa Russell qui m'est chère, mais nous n'avions pas terminé son visionnement. Il m'a semblé devoir y revenir, et j'ai fait une recherche Theresa Russell : le film n'était plus disponible. J'ai vu au passage La veuve noire, où son duo avec Debra Winger est remarquable.
  Theresa m'a fait penser à son mari, Nicholas Roeg, dont je suis anxieux de voir Performance, avec Mick Jagger et James Fox, depuis la vision de The allegory of love, enquête de l'inspecteur Lewis dont le titre est emprunté à CS Lewis. Une recherche Mick Jagger n'a eu pour résultat que Freejack, déjà vu, où jouait aussi Anthony Hopkins, et j'ai cliqué sur le nom de cet acteur envoûtant.
  Je connaissais la plupart des films, mais pas Les ombres du coeur, et sa fiche m'apprend qu'il s'agit d'un réel épisode de la vie sentimentale de Lewis! Peut-être le seul d'ailleurs, car c'est à 57 ans que ce vieux garçon a épousé une romancière américaine, Joy Davidman, interprétée dans le film par Debra Winger !!
  Rien à signaler après la vision du film, pas déplaisant, sinon que c'est lui qui m'a appris que Clive Staples était "Jack" pour ses intimes, dans un contexte riche en Jacques et Jack (la catastrophe de Saint-Jacques de Compostelle, le 25 juillet, le film Freejack avec Jack Migger).

  Les hasards du streaming m'ont fait découvrir le 2 septembre, en achevant ce billet, une nouveauté, Double destinée. C'est un téléfilm dont le titre original All about Christmas Eve est une subtile allusion au chef-d'oeuvre de Mankiewicz All about Eve, diffusé en juillet dernier sur M6. Je n'ai pas manqué de regarder cette idylle entre un Aidan et une Evelyn surnommée Eve :
  Le scénario est plutôt bien agencé, l'exploration de deux vies possibles à partir d'une situation binaire, un avion dans lequel Eve a embarqué ou non. On a déjà vu ça avec Le hasard de Kieslowski et Mister Nobody de Dormael, mais là ça ne prend pas la tête...
  Je remarque que Haylie Duff est un nom doré, de plus correspondant à l'appellation "coupe d'or" donnée par Sérusier au rapport Phi.
HAYLIE / DUFF = 60/37 = COUPE / DOR

21.8.13

Ouroborindra


  Je reviens sur ma lecture de A plus hault sens, évoquée dans le précédent billet. Gaignebet consacre plusieurs pages à l'abbaye de Thélème, à laquelle Rabelais a donnée la forme d'un hexagone, pourvu à chaque sommet d'une tour.
  4 tours sont nommées d'après les 4 directions, Arctice au Nord, Hesperie à l'Ouest, Anatole à l'Est, Mesembrine au Sud. Gaignebet rappelle le jeu classique des gnostiques grecs, avec les 4 directions formant l'acrostiche ADAM, Anatole-Dysis-Arktos-Mesembria, et estime que Rabelais s'est basé sur ce jeu pour exprimer autre chose, MACCHA (bées) ou ACCHAM (pour Achamoth, la Sagesse des gnostiques).
  Pour ma part, sans me soucier des intentions de Rabelais, je remarque que la variante sur la tour occidentale amène un mot oriental, AHAM, "je" sanskrit, se renversant en MAHA, "grand". Je m'étais demandé si Daumal, indianiste, n'avait pas pensé à ceci lors de la création du Grand Jeu. Aujourd'hui je pense aux derniers mots attribués à Rabelais, "Je m'en vais vers un grand peut-être."
  Je remarque encore que les 6 initiales des tours peuvent former des triangles CCM et AAH, avec deux lettres identiques, de même que les formes atbash BBL et SSK (Babel et son codage Sheshakh dans le livre de Jérémie) qui m'avaient mené aux châteaux triangulaires de Wewel et Sisak.
  Je rappelle que Babel est l'antithèse de Jérusalem, et que la nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse est évoquée comme modèle de Thélème, du grec θέλημα ("volonté divine"). L'hébraïsant peut aussi songer à tselem, "image" (Adam est créé à l'image de Dieu), ou à Salem, premier nom de Jérusalem.

  Ce nom Salem n'apparaît dans la Bible qu'à propos de Melchisédech, roi de Salem (Gn 14,18) dont il était question dans le précédent billet, pour sa figuration parmi les personnages élevés au ciel sans avoir connu la mort, dans Cette hideuse puissance de CS Lewis.
  J'ai été étonné de trouver deux triangles pointe en bas et pointe en haut sur la couverture de l'édition Néo, chacun dans un cercle formé par un serpent ourobore, se mangeant la queue. Le matin du 30 juillet, j'ai cherché dans le texte en ligne "snake", sans trouver d'occurrence significative. Par ailleurs le texte d'une invocation maléfique psalmodiée par les mauvais est donné à deux reprises,
“Ouroborindra!
Ouroborindra!
Ouroborindra ba-ba-hee!”
mais il n'en est donné aucune explicitation. La triplicité de la formule a-t-elle inspiré les triangles ouroborés de la couverture ?
  Juste après cette recherche nous sommes montés à la chapelle au-dessus du village, où nous allons plusieurs fois par semaine depuis bientôt 30 ans que nous habitons Mézel, pour marcher ou courir autour de la butte jouxtant la chapelle, chacun à son rythme (il me plaît d'imaginer que la netteté de ce cercle sur GoogleEarth soit due à nos circumambulations).
  Ce 30 juillet, après environ une demi-heure à tourner autour de la butte, Anne a crié "Un serpent !"   C'était plutôt un orvet, juste sur notre trajet; il semblait mal en point, formant presque un cercle, et j'ai à peine modifié sa position pour prendre cette photo une fois remonté avec l'appareil:
  Le lendemain il était toujours là, bel et bien mort, dévoré par les fourmis.
  J'ajoute que je n'ai aucun souvenir du moindre reptile sur ce parcours, hormis des lézards. Ni Anne ni moi ne pensons avoir pu piétiner par inadvertance la bête, qui aurait par ailleurs logiquement dû fuir ces parages martelés par nos pas. La meilleure explication qui me soit venue est que l'orvet ait été capturé par un rapace - on en voit souvent au-dessus de la colline -, qu'il lui ait échappé en vol pour tomber presque sous nos pas, et ne se soit pas remis de l'aventure.
  Cette anecdote me semble analogue à l'épisode du taxi Melchizedek vu dans le billet précédent, montrant que le contenu de nos pensées influe aussi sur le monde extérieur, et l'ourobore est bien venu pour l'exprimer, symbolisant que Tout est Un, comme Un est Tout, formule affectionnée par Jung (j'avais proposé ici une variante de la formule grecque EN TO PAN, EN TO PARS, "Un est la partie"). De plus, je remarque que l'orvet s'est matérialisé sur un court chemin en cercle, dont je ne vois d'autre exemple loin "à la ronde" que les ronds-points routiers, autour desquels il ne viendrait à l'idée de quiconque d'aller courir.

  EN TO PARS est une anagramme du mot magique PENSATOR, et il m'est venu que SERPAONT décrirait idéalement un serpent faisan(t) la roue. L'idée soumise à Phrère Laurent lui a inspiré de voir mon serpenteau en SERPANT O, et ce dessin:

  Il ne s'agit donc pas ici de prétendre comprendre ce qu'ont voulu signifier Rabelais ou Lewis dans leurs oeuvres, mais d'explorer toutes les circonstances qui m'ont conduit à les relire en juillet.
  La "hideuse puissance", c'est Babel, et le titre de Lewis est emprunté à un poème de David Lyndsay (c. 1490 – c. 1555, exact contemporain de Rabelais, c. 1490 - 1554), Ane Dialog betwixt Experience and ane Courteor, "Un dialogue entre Expérience et un courtisan", étrangement rendu par "Dialogue d'Anne" aussi bien chez Néo qu'à L'Age d'Homme.
L'Ombre de cette hideuse puissance
avait six milles de long, et plus.
  Il est d'ailleurs discutable de traduire strength par "puissance", et selon Lewis le mot désignait pour Lyndsay la "forteresse" de Babel, la Tour (ce qui me rappelle la parenté des mots fortis-Berg-purgos).
  Toujours est-il que le fief des mauvais est un lieu imaginaire que Lewis a baptisé Belbury, pouvant se comprendre "district de Bel", Bel dieu de Babel, et bury est une variante de borough, de même racine que Burg-Berg. Il semble significatif que le pénultième chapitre du livre, qui voit la destruction de Belbury et la mort de ses chefs, soit titré BAnquet at BELbury (ici une étude érudite en français). Sans équivoque apparaît dans le texte même la "malédiction de Babel".
  C'est dans ce chapitre 16 qu'apparaît l'hymne Ouroborindra, et je me demande si son numéro, et donc toute la structure du roman, serait lié à l'arcane 16 du tarot, La Tour (ou Maison-Dieu).
  En amusante résonance avec Ane Dialog traduit par "Dialogue d'Anne", les bons habitent le manoir Sainte-Anne, et le chapitre 17 et dernier, après Banquet at Belbury, est Venus at St-Anne's (ici un pdf complet). Tiens, il paraît que l'arcane 17, L'Etoile, serait directement lié à Vénus. Je rappelle que le volet précédent de la trilogie, Perelandra, se passe sur Vénus et a aussi 17 chapitres.
  Par ailleurs la Sainte-Anne est le 26 juillet, jour de naissance de Jung.

  Les mauvais de Belbury ont à leur tête une "tête", précisément, celle de François Alcasan, un explicite "Barbe-Bleue" qui a été guillotiné "dans un pays voisin" et dont la tête a été récupérée et ressuscitée pour servir d'intermédiaire avec les puissances maléfiques.
  Le nom Alcasan est discuté ici, et un commentateur évoque la ressemblance avec Aslan, le lion ressuscité du Monde de Narnia, débuté dès 1939 par Lewis, bien que le premier tome ne soit paru qu'en 1950. Aslan ("lion" en turc) est un personnage entièrement positif, figuration christique (le Christ est le lion de Juda), opposé dans certains épisodes du cycle au dieu démoniaque Tash ("rocher" en turc); des partisans de Tash tentent de convaincre les foules de l'adorer en assurant qu'il est aussi Aslan, son nom complet étant Tashlan... C'est un nommé Emeth ("vérité" en hébreu) qui dévoile l'imposture.
  Toujours est-il que Alcasan et Aslan ont une ressemblance effective, et que le voisinage de la "tête" de Babel avec un "lion" m'ébahit, car c'est le mot "lion" qui m'a mené aux châteaux triangulaires Wewel et Sisak, via le russe львев, sa forme polonaise Lwów et le tokharien śiśäk, noms étonnamment évocateurs de l'hébreu BBL et de sa forme atbash SSK.
  Je rappelle que si BBL se renverse en LBB, "coeur", SSK se renverse en KSS, "comme six", ce qui peut évoquer les 6 milles de l'ombre de la hideuse puissance de François Alcasan, ou les 6 tours de la Thélème de François Babelais.

  Je suis encore stupéfait que Alcasan soit nommément un Barbe-Bleue (Bluebeard), car mon billet sur le valet de pique Ogier, mentionné dans le précédent billet à propos d'Ogier et Artus remplaçant Elie et Enoch dans la seconde édition de Pantagruel, m'avait amené à découvrir que, dans l'opéra Ariane et Barbe-Bleue de Dukas et Maeterlinck, Ariane qui vient d'épouser Barbe-Bleue découvre 5 épouses précédentes de Barbe-Bleue, toujours en vie mais prisonnières, dont les noms dans l'ordre du livret forment l'acrostiche SYMBA, évoquant simba, le lion dans plusieurs langues africaines:
Sélysette (mezzo-soprano)
Ygraine (soprano)
Mélisande (soprano)
Bellangère (soprano)
Alladine (rôle muet)
  Google donne de nombreux résultats avec l'orthographe "symba", c'est notamment le nom d'un groupe funk californien, la pochette de cet album étant éloquente.
  Enquêter plus avant m'apprend que Maeterlinck a tiré ces 5 noms de personnages de ses oeuvres antérieures, ainsi Ygraine et Bellangère viennent de La Mort de Tintagiles (1894), un nom qui évoque évidemment Tintagel et Arthur. De fait Igraine est le nom de la mère d'Arthur, femme du premier Pendragon, Uther. Incidemment, je vois que son nom latin est Igerna, anagramme de regina, "reine", et une recherche "igerna" "regina" donne de nombreux résultats, dont plusieurs textes latins offrant l'immédiate succession regina Igerna (ici juste sous Tintagol) ou Igerna regina (dans une étude en français sur la naissance d'Arthur).
  Antonio Furtado remarque l'anagramme dans une thèse étudiant l'influence d'Alexandre de Macédoine sur la légende arthurienne. Je remarque pour ma part que cet Alexandre est le roi de trèfle, sa dame étant Argine, nom probablement forgé à partir de regina. Le valet est Lancelot, chevalier d'Arthur (et amant de la reine Genièvre, dont m'avait frappé l'anagramme Vigenère, théoricien de la cryptologie). Un autre Lancelot était un personnage du roman d'Eve de Castro La trahison de l'Ange, découvert en cherchant Cette hideuse puissance.
  C'est le 2 août que j'ai appris que ce Barbe-Bleue Alcasan pouvait être apparenté au lion Alsan, au lendemain de la condamnation à 1000 ans de prison du "Barbe-Bleue de Cleveland", Ariel Castro, de prénom angélique et de même nom que l'auteur de La trahison de l'Ange.

  Il est question ici d'un symbolisme numérique dans l'opéra de Maeterlinck-Dukas, où Barbe-Bleue a 6 femmes; son château a 6 portes et 6 fenêtres, pourquoi pas 6 tours comme Thélème ?
  Parmi ses exploits, Lancelot délivre Genièvre du château de Baudemagu gardé par deux lions.

  J'avais découvert SYMBA à partir d'une coïncidence sur le nom Ogier apparaissant dans des circonstances similaires dans des romans écrits à peu près simultanément par Fred Vargas et Alain Demouzon, fortuitement comme me l'ont confirmé les deux auteurs qui ont été incapables de préciser les raisons de ce choix.
  J'étais parvenu à Ariane et Barbe-Bleue parce que le roman concerné de Demouzon, La promesse de Melchior, est une enquête sur un tueur qui emprunte quelques traits aux contes de Perraut, au Petit chaperon rouge, car il se nomme Wolf ("loup") et mord ses victimes, à Barbe-Bleue car il habite le pays de Retz (Gilles de Rais serait l'inspirateur du conte) et attache ses victimes avec du fil bleu.
Le Triangle St-Marcellin_St-Quentin_St-Etienne  Les lieux des crimes connus de Wolf forment un approximatif triangle équilatéral entre Saint-Marcellin ("marteau"), Saint-Quentin ("quintessence") et Saint-Etienne ("couronné").
  Je remarquais que le nom Melchior était triplement royal : c'est le nom d'un roi mage, construit sur l'hébreu melekh, "roi", avec une désinence "ior" se renversant en "roi".

  Le mot BARBE m'est multiplement évocateur. La première victime de La mort et la boussole est un rabbin barbu, tué dans la nuit du 3 au 4 décembre. On pense d'abord qu'il fait partie d'un schéma ternaire, avec 3 victimes tuées le 3 du mois en 3 points formant un triangle équilatéral dans la ville, mais le schéma s'avère quaternaire, avec 4 victimes tuées plutôt le 4, aux 4 sommets d'un losange. Le' 4 décembre est la Ste-Barbe, conservée dans le calendrier pataphysique où c'est le 4e jour du 4e mois. Alain Calame a conçu un pastiche fibonaccien de la nouvelle, ou le mystérieux Baruj Spinoza de Borges, accréditant le schéma ternaire et le triangle, a été remplacé par Barbe Eloha, accréditant un autre schéma ternaire basé sur la divine proportion. L'enquêteur apprend cependant que B-arbe Eloha signifie "En quatre (est) Dieu", et en déduit qu'il va y avoir un 4e crime.

   Outre Barbe-Bleue, un autre barbu est mentionné dans Cette hideuse puissance. Au chapitre 13 sont cités 5 noms d'hommes qui ont été élevés au ciel sans avoir connu la mort, Enoch, Elie, Moïse, Melchisédec et Arthur. Cette particularité est rappelée chapitre 17, lorsque Ransom est appelé à ce même sort, et 4 noms sont cités, Elie, Enoch, Arthur et Barberousse.
  Le premier roman de Paul Halter (publié cependant 10 ans après son écriture) joue avec la légende de Barberousse, suspecté de plusieurs morts étranges en Alsace. Le commissaire local se nomme Loebe, "lion", tandis que le narrateur est Etienne Martin, couronné par son prénom, "ours" par son nom.
  Le sommeil des rois Arthur (arktos "ours") et Barberousse est homologué à l''hibernation de l'ours, jadis roi des animaux. Cette hibernation débute traditionnellement à la St-Martin, le 11/11, pour s'achever à la St-Blaise, le 3/2, naissance de Gargantua.
 Cette date est essentielle dans l'analyse de Gaignebet, et je remarque au passage que Blaise est l'anagramme de Basile, "roi", m'évoquant particulièrement le Basileus de Kos cher à Jung. Le mage Merlin réapparaît dans Cette hideuse puissance, et le nom de son instructeur est mentionné, Blaise.
  Le roi ours a été au cours des âges détrôné par le roi lion (Simba chez Disney), et il est étonnant que, lors de l'anéantissement de Belbury, la "tête du Sarrasin", Alcasan éventuel "lion" via Aslan, soit réduite en lambeaux par un réel ours.
  Je m'avoue incapable de trouver une cohérence à toute cette ménagerie; je crois plutôt qu'il est inadéquat de la chercher et que l'éventuel message délivré par tous ces "lions" et "ours" est du même ordre que celui du "serpaont" tombé du ciel.

  Ouroborindra contient aussi Indra, dieu védique dont la présence ici ne s'explique guère. Pour ma part j'avais été mené à Indra en étudiant les anagrammes de NADIR, et j'y remarquais que ce "roi des dieux" était l'oncle de Bhima, alors d'actualité pour l'anagramme bimah; il l'est redevenu récemment avec le tsadiq, le juste Jake BAHM.
  J'y remarquais aussi que NADIR est l'anagramme de RADIN, Dean Radin actuellement chercheur le plus connu en parapsychologie, et de RANDI, James Randi non moins célèbre pourfendeur des pseudo-sciences, créateur du One Million Dollar Challenge promettant $1,000,000 à qui démontrerait la réalité d'événements paranormaux.
  Radin est aussi redevenu d'actualité, pour deux raisons. Dans le précédent billet Jacques Vallée m'a conduit à Philippe Guillemant, dont la page FaceBook m'a appris que Radin avait réussi à publier dans une revue "scientifique" une expérience sur les fentes de Young (!) indiquant une probable influence de la conscience sur la réduction du paquet d'ondes...
  Par ailleurs je faisais état dans le billet précité de la visite à Radin de Stéphane Allix (encore un "couronné"),  réalisateur des excellentes Enquêtes extraordinaires diffusées par M6 en 2009, or une nouvelle série d'Enquêtes débute sur M6 en ce 21/8/13, date la plus fibonaccienne du siècle.
  NB Après visionnement de ces nouvelles Enquêtes je me dois d'apporter à mon appréciation élogieuse un fort bémol concernant le 3e voletContacts avec des extraterrestres. Sans mettre en cause la bonne foi des témoignages recueillis, leur choix offre une telle cohérence qu'il suggère une évidente conclusion : nous sommes visités par des ET, décrits de façon similaire par ces témoins, ET qui ont choisi certains cobayes pour étudier les humains... J'ai quelque peu étudié la question, et cette cohérence logique me semble totalement erronée. Allix ne semble pas connaître les études qui tentent d'évaluer le phénomène dans son ensemble, comme celles de Jacques Vallée ou de Bertrand Meheust.

  Je reviens au valet de pique OGIER, en remarquant qu'il a 4 lettres communes avec REGINA (ou ARGINE, ou IGERNA). Les lettres différentes O et NA ont même somme numérique, que ce soit en gématrie actuelle ou "rabelaisienne" (latine), ainsi le jeu ARTUIS/OGIER = 84/52 vu dans le précédent billet est aussi valable pour ARTUIS/REGINA, le Roi et la Reine, conjonction alchimique essentielle, Rex et Regina étant par ailleurs le titre d'une des parties du Mysterium Coniuctionis de Jung.
  En repensant à la thèse vue plus haut selon laquelle la légende d'Arthur serait calquée sur celle d'Alexandre, il me souvient avoir rencontré la valeur 84 en gématrie actuelle d'ALEXANDRE, et le couple royal à trèfle illustre remarquablement ce couple essentiel 84-52 (à condition de choisir la gématrie latine pour REGINA = ARGINE). Bienvenue aux clubs (nom anglais de la couleur).
  Si cet amalgame est discutable, on peut songer dans l'alphabet actuel à
ARTHUR/IGERNA = 86/54 = 43/27, couple doré aux multiples échos.

  François Alcasan est donc le Barbe-Bleue ressuscité de Cette hideuse puissance. Sa valeur est 136, comme les couples 84-52 Haemmerli-Jung, Enoch-Elie, Nathaniel-Seth ou Artuis-Ogier, son nom se découpant en
FRANCOIS / ALCASAN = 85/51 = 5/3, partage fibonaccien moins significatif que 84/52 = 21/13, mais un partage 5-3 suffit souvent aux exégètes pour décréter une intention dorée; je rappelle que PHIL/DICK = 45/27 = 5/3 donnait ce rapport pour les 8 cartes d'une couleur (nombres/figures) dans un jeu de 32 cartes. Bienvenue aux clubs...
  La "gématrie rabelaisienne" m'avait fait voir du sens aux valeurs 81-64 de son nom, qui peut m'être également significatif en gématrie actuelle :
FRANCOIS RABELAIS = 85+67 = 152
  J'étudiais récemment le nom du personnage de La trahison de l'Ange,
NATHANIEL NDOUALA = 84+68 = 152
en parfaite harmonie dorée avec
DAUMAL RENE = 52+42 = 94
car 84/52 = 21/13 et 68/42 = 34/21 sont des rapports fibonacciens, mais il n'en est pas moins vrai que 85-52 et 67-42 sont des partages dorés optimaux, et la filiation est immédiate entre Rabelais et Daumal, puisque Le mont Analogue est un hommage évident, via le Faustroll de Jarry, aux pérégrinations de Pantagruel et Panurge dont l'ultime étape est le temple souterrain de Bacbuc.

  La gématrie rabelaisienne montrait une étrange récurrence du nombre 109, notamment sous forme de triade 327 = 3 x 109. En hébreu, les 6 lettres
BBL-SSK = 34+620 = 654 = 2 x 327 = 6 x 109

  Le prochain billet sera consacré aux "bons" de Cette hideuse puissance.

5.8.13

L'espace, le temps & Melchizedeq

  Je rappelle certains aspects de l'événement essentiel à la base de ce blog, le témoignage de Jung sur ses visions alors qu'il était entre la vie et la mort en 1944, s'apparentant à une NDE.
  Jung s'est vu emmené dans l'espace, jusqu'à un rocher où se trouvait un temple, mais au moment où il allait franchir le seuil du temple il a senti une présence, celle du docteur qui le soignait, Theodor Haemmerli, qui lui a fait savoir qu'on avait encore besoin de lui sur terre, et Jung a réintégré son corps de souffrance. L'avoir rencontré dans l'autre monde a conduit Jung à soupçonner que Haemmerli pouvait avoir lui aussi un pied dans la tombe, et il lui a communiqué sa vision, prise par l'autre pour du pur délire, mais le 4/4/44, le jour où Jung fut autorisé à se lever, Haemmerli dut s'aliter, et son état empira jusqu'à la mort lorsque Jung quitta l'hôpital.
  Hormis la vision de Jung, reposant sur son unique témoignage, ces faits sont vérifiables et intrigants en eux-mêmes, et je crois leur avoir donné un nouveau relief avec diverses découvertes :
- Les valeurs numériques de JUNG et  HAEMMERLI sont 52 et 84, identiques aux gématries des noms hébreux des deux seuls personnages de l'Ancien Testament montés au ciel sans avoir connu la mort, Elie et Enoch.
- 52 et 84 sont encore deux termes de la suite de Fibonacci, 13 et 21, multipliés par 4. Leur somme 136 correspond au nom hébreu du roi Ezéchias, à qui a été ajoutée une tranche de vie, ce qui peut rappeler le cas de Jung.
- Le matin où je me suis réveillé avec l'étrange intuition que le 4/4/44 était exactement aux 4/5es de la vie de Jung était le premier jour de l'an 136 pataphysique.
- 136 est encore la somme des 16 premiers nombres, qui disposés en 4 lignes de 4 (4-4-4-4) peuvent former le carré magique dit de Jupiter, dont la forme la plus connue fait apparaître dans chaque colonne le partage 13-21.
- Le premier document où j'ai découvert les valeurs de Elie et Enoch côte-à-côte est un livre de l'évêque Devoucoux, où cette mention suit immédiatement un motif 4-4-4-4 :
  Après ces quelques rappels j'en viens à du neuf. J'ai eu en cadeau d'anniversaire un livre rare (et cher), A plus hault sens, de Claude Gaignebet (1986), analyse hardie des 5 livres de Rabelais. A la suite d'une rencontre avec une thésarde de Gaignebet en 1995, je m'étais penché sur l'oeuvre de Rabelais et y avais entrevu quelques clés numériques. Si je ne renie pas l'étude qui en a résulté, je sais aujourd'hui à quel point les coïncidences peuvent interférer avec une recherche, et n'imagine plus guère que ces clés aient correspondu à de réelles intentions de Rabelais.
  J'avais lu alors A plus hault sens, mais de nouvelles préoccupations sont apparues depuis, et sa relecture m'apporte quelques émois.
  Ainsi dès la seconde page du texte apparaît la suite de Fibonacci (page XIV), avec quelques lignes plus loin une transposition de la formule de Pourim, Baroukh Mordekhai, Arour Haman, dont je remarquais récemment l'identité des initiales en hébreu BMAH, avec l'inattendu nom BAHM en hébreu du Dernier des Justes, Jake Bohm, dans la série Touch, correspondant aux Fibos 2-1-5-13.

  Gaignebet attache par ailleurs beaucoup d'importance à une modification apportée à la première édition du Pantagruel (1532) où, chapitre 23, Gargantua est dit avoir été emmené aux pays des Fées, comme le furent jadis Enoch et Elie. Dans l'édition de 1542, "Enoch et Helye" sont devenus "Ogier et Artus".
  Voir A plus hault sens pour savoir tout ce qu'en déduit Gaignebet, selon lequel Pantagruel personnifierait Elie, et implicitement son père Gargantua Enoch. Ce que je remarque est la présence d'un motif 4-4-4-4 entre les deux géants, Gargantua étant dit au chapitre 2 avoir engendré Pantagruel à "quatre cent quatre-vingt quarante et quatre ans", ce qui était au temps de Rabelais une forme aussi incongrue qu'elle l'est aujourd'hui.
  Je me suis bien sûr intéressé au couple qui a remplacé Enoch et Elie. Artus est le roi Arthur, assimilé à l'ours et à Gargantua par Gaignebet. Ogier est un chevalier danois, pair de Charlemagne, qui a donné son nom au valet de pique. J'ai étudié ici une homonymie Ogier concernant les victimes hors normes de tueurs en série dans deux romans publiés à quelques mois d'écart. Il était question dans le dernier billet d'un Lancelot, qui est le nom de l'autre valet noir (trèfle).
  J'ai calculé les valeurs de OGIER et ARTUS selon la "gématrie rabelaisienne" envisagée dans mon étude, laquelle n'est autre que l'option "latin par rang" du Gématron, et obtenu 52 et 75. Sachant qu'en vieux français on rencontre souvent les graphies concurrentes en -us et en -uis (exemple pertus-pertuis), je me suis dit qu'il y avait quelque chance de trouver la graphie ARTUIS, de valeur 84, et une recherche "artus" "artuis" m'a conduit à une concordance des oeuvres de Rabelais (page 52 !) :
  Il s'agit bien du roi Arthur, et la référence indique que cet Artuis apparaît au chapitre 26 du Cinquiesme Livre, du moins dans l'édition 1970 de La Pleïade choisie par l'auteur de la concordance, mais rien n'est simple avec Rabelais.
  De son vivant sont parus les 4 premiers volets de la geste pantagrueline, de Pantagruel (1532) au Quart Livre (1552), et 10 ans après sa mort a été publiée une suite, sous diverses formes, dont l'authenticité a été contestée. Il a de plus été découvert au 19e un manuscrit non autographe présentant de notables différences avec les éditions du 16e, et c'est d'ailleurs dans ce manuscrit, qui a servi de référence à la première édition de La Pleïade, qu'apparaît le roy Artuis, absent de l'édition la plus complète de 1564, choisie comme référence par Mireille Huchon pour la nouvelle édition de La Pleïade en 1994, si bien que Artuis n'y apparaît plus que dans les variantes (mais Huchon trouve la leçon Artuis meilleure que celle de l'édition 1564).
  Enfin je n'entends rien démontrer ici, ni que Rabelais eût jamais écrit de sa main "Artuis", ni surtout qu'il eût connu la relation 52-84; je me borne à constater la possibilité de voir Elie-Enoch, 52-84 en hébreu, remplacés par Ogier-Artuis, 52-84 selon l'ancien alphabet, et ceci dans un contexte 4-4-4-4, avec de plus un motif 4+1, le problème de l'authenticité du Cinquiesme Livre posthume.

  En ce mois de juin où j'ai reçu A plus hault sens j'ai aussi appris l'existence du dottore Sacslei, ce qui m'a conduit à relire la trilogie de CS Lewis. et à confier dans les deux précédents billets mes réactions sur les deux premiers volets.
  J'ai entamé le 3e, Cette hideuse puissance, dans l'édition L'Age d'Homme. Ransom affronte à nouveau les forces du Mal, cette fois sur Terre, après Mars et Vénus. Je n'ai pas été emballé, constatant de plus que le texte était plus long que les deux premiers volets réunis. L'édition Néo retrouvée, j'ai été surpris qu'elle soit bien plus courte, au moins deux fois, ce digest étant dû à Lewis lui-même.
  J'ai d'abord lu le texte en postface de Jacques Bergier, issu de ses Admirations (1970). J'y ai appris que Ransom, héros de la trilogie, rejoignait finalement un lieu de Vénus "où habitent les hommes particulièrement nobles qui ont été enlevés de la Terre pour y vivre éternellement : de Melchisédech au prophète Elie."
  Ceci m'a motivé pour scruter le roman, et découvrir au chapitre 13 que ce lieu est la Maison des Rois dans le pays d'Abhalljin (nom vénusien d'Avalon) :
Car Arthur n'est pas mort; notre Seigneur l'a pris avec son corps en compagnie d'Enoch, d'Elie, de Moïse et du roi Melchisedec. C'est dans la demeure de Melchisedec que l'anneau du Roi étincelle à l'index du Pendragon.
  Si Enoch et Elie sont les deux seuls personnages de l'Ancien Testament à n'avoir pas connu la mort, le christianisme leur a adjoint Moïse et Melchisédech, d'après divers passages du Nouveau Testament.
  On retrouve donc Arthur parmi les "non-morts", comme chez Rabelais, et une innovation de Lewis est d'avoir imaginé une lignée de "Pendragons", des êtres d'exception qui se relaient en une chaîne ininterrompue au cours des âges pour contrer les forces du Mal. Ransom est ainsi le 78e Pendragon depuis Arthur, et il y en a eu avant lui, tel Cassibelaun qui s'est opposé à Jules César. Ce nom m'évoque quelque peu Cassiel, l'ange de Saturne, et je vois qu'il en existe une forme Cassivel qui fait écho à une remarque que je m'étais faite lorsque CASSIEL via SACSLEI (Huxley) m'avait amené à CS LEWIS : ces noms de 7 lettres en ont 6 communes. Je n'hésite plus à la partager, sachant que le plus ancien prédécesseur Pendragon de Ransom pourrait être CASSIVEL, A (un) CS LEVIS.
  Un petit-fils de ce chef Casswallan/Cassivel serait Avalach aussi nommé Amalech, ce qui fait écho d'une part au jeu melekh-malakh, "roi-ange" en hébreu, d'autre part à Amalec, personnifiant la "hideuse puissance" dans la tradition juive, objet d'une formidable coïncidence exposée ici. La graphie Amalech (Vulgate, King James) pour cet Edomite est courante, parallèlement aux graphies Melchisedec/Melchisedech.

  Dans cette nouvelle lutte entre le Bien et le Mal les Oyeresu (anges supérieurs) des cinq planètes traditionnelles descendent sur Terre pour assister Ransom (ni Arbol le Soleil ni Sulva la Lune ne semblent avoir d'Oyarsa, ni les "nouvelles" planètes Uranus et Neptune).
  C'est probablement à cela que fait allusion la prédiction de la descente de Saturne, juste après la mention de Melchisedec au chapitre 13. Lurga (Saturne) est la planète traditionnelle la plus éloignée du Soleil, mais l'Oyarsa de Lurga est le 4e à apparaître, après ceux de Virtrilbia, Perelandra et Malacandra (Mercure, Vénus et Mars). Le dernier Oyarsa à apparaître est le plus formidable, celui de Glundandra (Jupiter).

  Je ne sais si Lewis savait qu'en hébreu la planète Jupiter se dit Tsedeqצדק, signifiant par ailleurs "justice", qu'on retrouve dans Malkitsedeq, transcription plus fidèle à l'hébreu, "roi de justice" qui pourrait tout aussi bien signifier "roi de Jupiter". Ainsi la mention du "roi de Jupiter" juste avant la descente de (l'ange de) Saturne prend-elle un étrange aspect pour moi, d'autant que dans les premières sources juives l'ange de Jupiter est Tsadqiel, ÇDQYAL, un nom évidemment dérivé de Tsedeq, ÇDQ. Le premier nom connu pour l'ange de Saturne est Tsafqiel, ÇPQYAL, de racine inconnue, et je me suis demandé si ce nom n'avait pas été calqué sur ÇDQYAL. Ensuite est apparue une variante où la racine est inversée, QPÇYAL, qui a donné la translittération Cafsiel puis l'erreur Cassiel.
  Je rappelle que la gravure Melencholia de Dürer mêle des symboles de Saturne (comme le sablier et le cadran solaire) et de Jupiter (le carré magique de 4-4-4-4 nombres).

  Lorsque je me suis penché sur la transcription BAHM (באהם) du Juste (tsadiq) Jake Bohm dans Touch, une recherche dans le corpus biblique m'a mené à un maximum d'occurrences pour BA HMLK, "le roi vint" (suivi par BA HMLAK, "le messager vint"), ce que je n'aurais pas mentionné si une série de coïncidences "royales" n'avait accompagné cette recherche.
  Je ne voyais alors aucun lien immédiat entre Jake et quelque roi que ce fût, mais je n'avais pas pensé à Malkitsedeq, alors qu'aujourd'hui la chaîne ininterrompue des 36 Justes de la tradition juive me semble proche de celle des Pendragons, imaginée par Lewis être en rapport étroit avec Malkitsedeq.
  En cherchant parmi les personnages de Touch des échos avec ceux de Lewis, je découvre que le premier tsadiq ayant croisé le chemin de Jake est un nommé Walter King, dans l'épisode 1/03, bien avant que les 36 Justes apparaissent explicitement dans la série. J'avoue que mon intérêt pour la série ne va pas jusqu'à revoir les épisodes, et celui-ci m'avait déçu après les deux premiers, mais je suis abasourdi en en lisant le résumé. A côté de ce King-roi-melekh tsadiq apparaissent un dragon (le Pendragon est un "chef dragon") et une Epée de Vérité : l'Epée de Vérité évoque Narnia de CS Lewis, dont je ne sais pas grand-chose, sinon que c'est un classique de la littérature pour la jeunesse (plus de 100 millions d'exemplaires vendus).
  Je connais cette Epée de Vérité car elle est conservée dans le pub d'Oxford Eagle and Child, fréquenté par Lewis et ses amis Inklings, où paraît-il Lewis la brandissait lorsqu'il lisait ses textes. J'ai appris son existence dans un épisode de la série Inspecteur Lewis, où elle était utilisée pour un meurtre. L'acteur Art Malik jouait un rôle dans cet épisode, dont le titre original était un titre de CS Lewis, The allegory of love.

  Une autre coïncidence "malik" est apparue en relation indirecte avec Cette hideuse puissance. Pour découvrir où dans le roman était mentionné Elie, j'ai posé la requête elijah "hideous strength" qui m'a livré en premier résultat le texte en pdf (où la première mention de Elie est en fait Elias), mais parmi la première dizaine de résultats il y avait aussi une page intitulée Terrence Malick and Father Elijah.
  J'ai parlé ici de Père Elijah, "thriller religieux" de Michael O'Brien qui n'a guère attiré l'attention en France mais dont un exemplaire est arrivé à la modeste médiathèque de Digne, comme L'effaceur qui m'a fait découvrir Cassiel. Un personnage secondaire connu par un sobriquet se révèle à la toute fin du roman être Frère Enoch, ceci afin de répondre à l'Apocalypse de Jean où certains identifient les deux Témoins de la fin des temps à Elie et Enoch.
  Ces histoires trouvent mieux un public aux USA, et Malick a envisagé en 2007 d'adapter le roman. Il semble en fait que le projet ait d'abord été celui de sa femme Alexandra Malick (80/49, un nom doré), mais il a de toute manière été abandonné.
  Le sujet du forum ci-dessus est apparu parce qu'un intervenant y évoquait une analyse de Cette hideuse puissance par O'Brien, totalement erronée à son avis.

  Les premières coïncidences roi-malik n'avaient aucun rapport immédiat avec Jung. Le lien apporté par Lewis entre Melchisedech et Elie-Enoch change la donne, et je rappelle que lors de ses visions de 44 Jung a vu son docteur (et lui-même) sous sa "forme première", celle du Basileus de Kos, où les médecins se considéraient comme des rois. Il a aussi assisté à des hiérogamies, Tifereth avec Malchuth (Beauté et Royauté),  Zeus avec Héra (Jupiter et Junon).
  Une page récente sur un site libertaire donne le texte anglais des visions de 44.
  Dans Cette hideuse puissance Ransom a pris le nom Fisher-King, écho au Roi-Pêcheur du Graal, comme lui atteint d'une blessure inguérissable (en ce monde du moins).
  J'ai encore appris en consultant les oeuvres de Lewis qu'une des chroniques de Narnia était The Magician's Nephew. C'était aussi le titre d'un épisode de Inspecteur Barnaby en 2008, que j'avais commenté dans le 4e billet de Quaternité; on y voyait un mandala, et le café Jungs. Bizarrement, ce billet avait été le plus consulté du blog les jours précédents.
  Il s'est décidément passé bien des choses notables en cette année 2008, où a été rééditée la Trilogie cosmique dans la collection Folio SF, la plus importante collection SF de poche actuellement, dont le catalogue dépassera bientôt celui de Présence du Futur, arrêtée en 2000 sur un numéro et un titre significatif, le numéro 666 pour Route 666 de Roger Zelazny.
  Incidemment, la collection Fleuve Noir Anticipation s'est arrêtée en 1997 avec le numéro 2001, L'odyssée de l'espèce de Roland Wagner.

  L'apparition de Melchisedech m'a encore rappelé un livre de Jacques Vallée, dont j'ai lu les oeuvres avec passion dans les années 80. Vallée, né à Pontoise, est parti poursuivre ses études aux USA où il a fait carrière dans l'informatique et l'astrophysique, non sans avoir écrit écrit à 19 ans un roman de SF couronné par le prix Jules-Verne. Parallèlement à cette brillante carrière il a en outre été marqué par la vision d'un OVNI, ce qui l'a conduit à devenir un pionnier dans l'étude du phénomène, avec un point de vue original. Il a notamment été le modèle du docteur Lacombe ("la vallée"...), interprété par Truffaut dans Rencontres du troisième type de Spielberg.
  Dans OVNI : La grande manipulation (1979), Vallée raconte ses investigations parmi les cultes soucoupistes. Un griffonnage dans le métro parisien l'a conduit à assister en décembre 1975 à une réunion de l'Ordre de Melchizedek, selon lequel "Le Seigneur est un extraterrestre"... Peu après, de retour en Californie, il découvre une petite annonce conviant aux offices de l'Ordre de Melchizedek à San Francisco (j'emploie l'orthographe utilisée par Vallée).
  Vallée enquête donc sur les raisons qui poussent les groupes soucoupistes à se réclamer de Melchizedek. Le 21 février 76 il donne une interview à la station KABC, 3321 S La Cienega Blvd, Los Angeles. Il prend un taxi et conserve le reçu du chauffeur, peut-être pour se le faire rembourser, toujours est-il que quand il le regarde il voit qu'il est signé Melchizedek. La consultation de l'annuaire de LA lui apprend qu'il s'agit du seul Melchizedek de la ville...
  Vallée a été très marqué par l'événement, et il produisait encore le reçu dans une conférence donnée à Bruxelles le 22/11/11, dont on peut lire le texte français ici. S'il existe des coïncidences dont la loi des grands nombres peut rendre compte, celle-ci est plus qu'extraordinaire, puisqu'elle survient dans un contexte déjà paranormal, initié par d'autres coïncidences. Il la verse à l'appui d'idées précédemment exprimées dans ses livres antérieurs, à savoir que le phénomène OVNI échappe à l'espace et au temps tels que nous les concevons ordinairement.
  Il va encore plus loin dans la conférence susmentionnée, où il cite Jung (entre autres), et rejoint la théorie de Philippe Guillemant sur la double causalité : les coïncidences ou synchronicités n'ont rien d'extraordinaire et ne sont que des manifestations de la nature même du réel. C'est notre approche du réel qui détermine notre aptitude à vivre des synchronicités, sinon à co-créer nos vies...
  Je n'ai pas d'objection à ces formulations, bien que je sois peu enclin à théoriser sur la question. L'idée d'un indéterminisme à l'échelle macroscopique, comme à l'échelle quantique, me séduit d'autant plus qu'elle a d'abord été avancée par le Nobel Ilya Prigogine, un Elie.

  Si les Ordres de Melchizedek étaient plutôt discrets lors de l'enquête de Vallée, il est apparu en 1990 un individu plus tonitruant, "tonitruand" ai-je envie d'écrire comme Perec ("Ce n'est pas un gangster prénommé Antoine"), qui s'est baptisé Drunvalo Melchizedek pour transmettre ce que lui ont enseigné des anges et divers instructeurs venus de tous espaces et tous temps...
  Son vrai nom semble être Bernard Perano, ce qui me rappelle que Perec a écrit PERANO en déclinant les 125 possibilités de varier les 5 voyelles à partir du mot PARANA. Ce Perano parano rejoignait le courant prévoyant l'apocalypse en 2012...
  Je confesse avoir dans ma bibliothèque le Tome 1 de son Ancien secret de la Fleur de vie, acquis (d'occasion) parce que deux chapitres y sont consacrés à Fibonacci et nombre d'or (sans rien apporter de neuf).

  Je remarque que c'est à Los Angeles, la Cité des Anges où Silberling a situé son remake des Ailes du désir, que Melchizedek a conduit Vallée au numéro 3321 du boulevard La Cienega ("le marécage"), un nombre que je sais être la somme des 81 premiers entiers, composant le carré magique d'ordre 9, homologué à la Lune. Les anges incarnés du film de Wenders, Peter Falk et Damiel, sont devenus à LA Nathaniel et Seth, valeurs 84-52 de somme 136 comme les 16 nombres du carré de Saturne (et 84-52 comme Haemmerli-Jung, Enoch-Elie, Artuis-Ogier).

  Nul n'est tenu de croire aveuglément Vallée sur cet incident du taxi. Il aurait pu découvrir ce Melchizedek dans l'annuaire et s'arranger pour obtenir ce reçu, afin de manipuler ses lecteurs, et d'aucuns l'accusent par ailleurs d'interpréter certains faits à sens unique. Je n'ai pour ma part aucun mal à croire son récit, lequel m'incite à partager un fait survenu le 25 juillet, sans que je puisse en fournir la moindre preuve.
  Le 24 j'ai terminé le précédent billet, mis en ligne sitôt fini. Le soir j'ai commencé à regarder un film en streaming, Runaway Train (1985), histoire d'un train fou sans conducteur ni freins. La diffusion a été interrompue après environ une demi-heure par un écran invitant à souscrire un abonnement, où a attendre une heure.
  Le lendemain 25 j'ai commencé le présent billet, et remarqué que ce jour était la Saint-Jacques, qui selon Gaignebet est le jour de la naissance de Pantagruel. Je pensais en avoir trouvé des confirmations gématriques, voir l'étude précitée pour les détails. Il est possible que j'ai associé consciemment cette Saint-Jacques au pèlerinage de Compostelle, présent chez Rabelais et Gaignebet, cette association étant pour moi quasi automatique.
  Toujours est-il que l'après-midi j'ai rouvert l'ordi consacré au streaming. A l'écran de souscription s'était substitué celui de reprise du visionnement, et j'ai alors constaté que le film s'était arrêté au temps 26:42. Le climax du billet publié la veille était pour moi la valeur du nom Maleldil imaginé par Lewis, se décomposant en MAL/ELDIL = 26:42 = 13:21, le rapport fibonaccien qui me poursuit, par exemple avec JUNG/HAEMMERLI = 52:84.
  J'ai donc repris le visionnement et suivi le train fou que Jon Voight parvient à sauver en le séparant de la motrice, au sacrifice de sa vie. Je m'intéresse assez peu à l'actualité, et ce n'est que le soir que j'ai appris l'accident du TGV survenu la veille dans la banlieue de Compostelle.
  J'apprends juste après avoir écrit ces lignes que CS Lewis était Jack pour ses proches.

  Si ceci reposait sur ma seule parole, ce qui suit doit être aisément vérifiable.
  Lorsque j'ai soumis la requête Jacques Vallée sur Google, voici les premiers résultats qui étaient donnés ce 3 août.
  D'abord sa page Wikipédia, puis son propre site, puis une importante biographie.
  En 4e position venait la traduction de la conférence du 22/11/11 où j'ai capturé le reçu du taxi Melchizedek (mais j'ai donné plus haut le lien vers la page originale du site de Guillemant, reprise à l'adresse ci-contre).
  Le 5e résultat était une vidéo YouTube, une interview en français de Vallée sur les OVNIs, de durée 13:21 !!!

  Pour conclure, mais je suis loin d'en avoir fini avec Lewis et Rabelais, voici une possibilité de relation 13/21 faisant intervenir Melkizedeq. Ma propre enquête m'a rappelé que la tradition juive l'a identifié à Sem, le fils de Noé. La requête Malkitsedeq Shem permet d'en trouver des confirmations en ligne, à commencer par cette page en français.
  Il se trouve que dans le dernier numéro de Viridis Candela (n° 24 de la 8e série), publié le 1er gidouille 140 (15 juin 2013), figure un article que j'avais proposé à la revue il y a quelques mois, Père Héber, prépostmoderne ?, suite à quelques exégèses dans les précédents numéros liant le père Hébert modèle d'Ubu au patriarche Héber.
  Les exégètes s'étaient bornés aux sources chrétiennes, et il m'a semblé intéressant de faire connaître la tradition juive voulant que Héber ait dirigé avec son bisaïeul Sem une Académie enseignant la Tora (le Pentateuque) à leurs contemporains, Tora qui conte leurs vies et des événements bien postérieurs...
  Il est ainsi considéré comme "établi" que, puisque "Jacob était un homme intègre qui habitait les tentes" (Gn 25,27), ces tentes ne pouvaient être que les "tentes de Sem" dont il est question en Gn 9,27, tentes qui seraient donc celles de Melchizedek.
  Or les valeurs des noms hébreux Jacob (יעקב) et Melchizedek (מלכיצדק) sont 182 et 294, dont le rapport 182/294 = 13/21.
  Par ailleurs le chaînon entre Malkitsedeq et Jacob est Sem, en hébreu שם, formé des lettres de rangs 21 et 13 dans l'alefbet. Le nom de naissance du tsadiq Jake dans Touch est Jacob Bohm.

  Un repentir, accessoire ici. Je développais dans l'article les coïncidences 4-5 liées à Héber-Sem, exposées ici, et je remarquais que la geste d'Ubu était elle-même déclinée en cinq cycles :
  Je remarquais que les initiales associées, RCEAS, formaient le mot "sacré", mais il m'avait alors échappé qu'elles pouvaient aussi former "César", alors qu'un texte important de Jarry est César-Antéchrist, où Ubu est d'ailleurs présent comme le titre ne l'indique pas.