28.7.23

ave, rêvez ! ave, vivez !

à Migdall & Cerf

  Une découverte en fin d'écriture du précédent billet mérite d'être reprise avec plus de recul, et développée.

  J'y ai été amené à chercher des références en ligne du jeu transformant l'hébreu צבי, translittéré ÇBY, tsevi, "cerf", en HSM, HaShem,"Le Nom", désignation courante du nom sacré YHWH, le Tétragramme qu'il est interdit de prononcer. Cette transformation s'opère par le procédé dit atbash, peut-être le plus vieux codage attesté, utilisé dans la Bible, remplaçant chaque lettre d'un mot par sa correspondante dans l'alphabet écrit à rebours.
  Ne trouvant pas de référence en français ou anglais, j'ai le matin du 11 juillet posé en hébreu la requête "HSM" "ÇBY" "ATBS". Les premières réponses pertinentes concernaient Sabbataï Tsevi, Messie autoproclamé dans l’empire turc du 17e siècle, déclenchant un vaste espoir de retour des Juifs dans la Terre Promise. Il s'autorisait à prononcer le Nom interdit YHWH, peut-être justement parce que son nom était "Le Nom", HaShem par atbash.
   J'avais lu jadis quelque chose à ce propos, peut-être dans l'essai de Gershom Scholem, Sabbataï Tsevi le Messie mystique. Il ne s'y trouve qu'une référence à l'atbash, mais claire, la note 235, à propos d'un message où le "Cerf Céleste" se proclamait le nouveau Moïse. Scholem explique:
Dans la littérature sabbataïste, cette identification est normalement admise. Le nom de Tsevi devient Moïse par inversion des lettres de l’alphabet selon le procédé connu sous le nom de AT-BASH, procédé très couramment utilisé en exégèse mystique.
  Ceci me convenait plutôt, d'autant plus que Scholem voyait ici comme "courant" un double retournement, tel celui que j'avais imaginé ici.
   
   J'ai donc trouvé cela après avoir téléchargé le livre de Scholem le matin du 11. Le fichier des téléchargements, alors sous mes yeux, m'a rappelé que j'avais téléchargé quelques jours plus tôt, le 7, un thriller récent, Le maître des énigmes, de Danielle Trussoni, une auteure que je ne connaissais pas.
   Le lecture quelques semaines plus tôt de sa 4e de couv' m'avait rendu un peu curieux de ce qu'était l'énigme évoquée, mais il n'était aucunement précisé qu'elle était kabbalistique, ce qui m'aurait mieux motivé.
  Au plus bref, la clé de la principale énigme est que la véritable lecture du Tétragramme YHWH est HW HY, son retournement.

  Ainsi, quelques instants après avoir cherché une référence pour la transformation de ÇBY en HSM, HaShem, "Le Nom", et trouvé celle de ÇBY en MSH, Moïse, un hasard me mène à un roman dont l'énigme principale est le retournement du Nom YHWH  en HW HY.
  L'auteure déclare avoir été inspirée par l'essai de Mark Sameth, The Name, "Le Nom", HaShem, et l'expression hébraïque apparaît à maintes reprises dans le roman, ainsi que son identité avec le nom de Moïse, retourné.

   Trussoni n'est ni hébraïsante, ni conceptrice d'énigmes sophistiquées. Les énigmes de son livre sont dues à des spécialistes, et la principale, un cercle magique qu'Abraham Aboulafia aurait créé au XIIIe siècle, est l'oeuvre d'un certain Dimitris Lazarou, bien nommé puisque le cercle aurait le pouvoir de ressusciter les morts...



  Pour cela, il faut compléter le diagramme avec 6 lettres, à inscrire dans les petits cercles au centre. Mike Brink découvre que les carrés blancs et noirs du pourtour sont du code binaire, donnant deux fois les nombres 15, 3, 27, 39, 63, 51, auxquels correspondent sur le cercle de 72 lettres hébraïques HY GM HW, soit "Elle aussi Lui".

  Je n'ai d'abord pas cherché à déchiffrer exactement les 72 lettres, car diverses confusions sont possibles. J'ai juste constaté qu'elles ne semblaient pas livrer de message cohérent. Et puis en fin d'écriture du précédent billet je me suis avisé qu'au début du roman figure une autre version du diagramme, supposée être une reproduction faite de mémoire. Il n'y figure pas les carrés blancs et noirs du pourtour, et la couronne intérieure ne compte que 45 lettres, et non 72.
  Les 45 lettres forment 17 groupes de 1 à 4 lettres, la plupart dénués de signification, excepté le 7e, avec aux rangs 32-33-34 les lettres יבצ, soit ÇBY, tsevi (ou zwi), "cerf", dont l'atbash est HSM, HaShem, "Le Nom", désignation de YHWH.
  Les rangs ne sont pas indifférents, car YHWH (HaShem, "Le Nom") est codé sur le cercle aux rangs 3-15-51-63, moyenne 33, comme les rangs 32-33-34 de ÇBY.
   A noter que la lecture est ici contraire à celle du réel mot hébreu צבי, à lire de droite à gauche, mais les rangs imposent cette inversion. Il n'est d'ailleurs pas assuré que ma lecture soit la bonne, car la lettre Bet, ב, ressemble fort à la lettre Kaf, כ. Seul Lazarou pourrait indiquer quelle lettre il a écrite, s'il a pensé au mot צבי, s'il en connaissait l'atbash, si sa position était calculée...
...de même le "centre" du cercle en 33, car, selon Samuel,
33 est la guematria de la racine « Gal », גל, liée à la délivrance, au dévoilement, à ce qui tourne (roue, cycle…).
  Le web connaît plusieurs Dimitris Lazarou, je ne sais quel est le bon. J'ai écrit à Danielle Trussoni qui n'a pas répondu. C'est peut-être elle qui a effacé certaines des lettres du diagramme du début, ceci au moins était à sa portée.
  Il n'est pas sûr que Lazarou l'ait informée que son codage utilisait la même symétrie que l'Etoile de David, ce qui n'est pas mentionné dans le roman.
 

  Etudier plus précisément les 72 lettres du cercle m'a d'ailleurs conduit à penser que le codage binaire n'était pas indispensable. Certaines lettres hébraïques ont deux formes, une normale, et une autre spéciale lorsque la lettre achève un mot. Sur les 72 lettres, une seule est une lettre finale, un Mem, ainsi le chercheur peut comprendre qu'elle est l'une des 6 lettres à trouver, et déterminer quelles sont les autres selon l'Etoile de David.
  En la fin est le commencement, formule clé dans cette affaire révélant que le Tétragramme doit être lu en commençant par la fin. Une autre curiosité du roman est que Gaston LaMoriette (GLM, évidente allusion au GoLeM) a tenté d'utiliser le diagramme pour ressusciter sa fille, mais l'expérience a tourné à la catastrophe parce qu'il avait écrit à rebours le mot au centre du cercle d'Aboulafia, חיים, hayyim, "vie", pour une raison absurde (le texte d'Aboulafia aurait été écrit en boustrophédon).

  J'ai d'autres exemples de bizarreries liées au jeu ÇBY-HSM. L'an dernier j'ai relu un roman de Glenn Cooper, Le testament des Templiers (2011), et ai été frappé par une coquille.
  Tsevi, "cerf", qui a différentes translittérations, est aussi un prénom. Un des personnages du roman se nomme Zvi Alon. Il devient page 201 Zvi Mon.
 

  "M" au lieu de "Al", c'est une erreur typique de reconnaissance OCR. Quoi qu'il en soit, je précise que mon exemplaire est le Pocket n° 14589, tirage de mars 2014.
  Ainsi le nom Alon ("chêne") devient MON, retournement de NOM, tandis que le prénom zvi donne l'atbash HaShem, "Le Nom", devenant "Moïse" par retournement.
  L'intrigue du roman concerne une recette d'immortalité, ou du moins d'extrême longévité. Ce secret est détenu dans une grotte ornée de peintures pariétales, dont des cerfs.

   Une autre erreur en début d'année a touché le mot français "Cerf", mais il me faut d'abord revenir à ce qui m'a conduit au jeu ÇBY-HSM, la nouvelle La mort et la boussole de Borges (1942).
  Borges a indiqué que la ville où se déroule le récit était Buenos Aires, et divers lieux et personnages sont identifiables. Il y est question des bordels, et avant-guerre l'Argentine était dominée par le réseau de proxénètes Zwi Migdal, si florissant qu'un bordel était pour tous un zwi migdal. Le nom pourrait venir d'un des membres fondateurs, c'est fort incertain, en tout cas les clients faisaient des jeux grivois sur les deux mots, signifiant "cerf" et "tour".
   L'inspecteur Erik Lönnrot est conduit à soupçonner qu'une série mystique d'assassinats frappe la ville, commandée par Le Nom, le Tétragramme JHVH. Trois meurtres ont eu lieu au Nord, à l'Ouest, et à l'Est de la ville, dans les nuits du 3 au 4 de mois consécutifs, et Lönnrot compte déjouer le 4e meurtre en devançant l'assassin au lieu complémentaire au Sud, mais il y tombe sur son ennemi Red Scharlach qui avait monté ce plan pour le tuer.
   Cette dernière mort a lieu dans le mirador d'une villa, tandis que le premier était dans un hôtel en forme de tour, deux tours donc pour cet axe vertical, et l'hôtel est dit avoir "l'apparence générale d'une maison close", en espagnol
y la apariencia general de una casa mala
et une réorganisation de ces mots livre
una casa Mala Y General De Apariencia La
una casa MYGDAL, une maison migdal, un bordel...

   C'est "Le Nom", expression revenant à maintes reprises, qui commanderait les meurtres, or zwi est l'atbash de HaShem, "Le Nom". Le mot shem est l'un des seuls mots hébraïques apparaissant dans la nouvelle.
   Les initiales des victimes forment MYGDAEL, à condition de les lire à l'hébraïque, de droite à gauche.
 

  J'ai modifié cette image donnée déjà à plusieurs reprises car trois nouvelles découvertes ont eu lieu ces derniers jours.
  La page Wikipedia YHWH en hébreu mentionne la nouvelle de Borges, et m'a appris que "boussole" se dit en hébreu matspen, MÇPN (en bleu ci-dessus), dont l'atbash est YHWT, ou JHVT, selon la translittération de Borges. Certes ça ne marche que pour les trois premiers cas, mais l'affaire du Nom est un leurre pour attirer Lönnrot dans la villa au Sud, et lorsqu'il y trouve Scharlach dans le mirador il lui demande:
— Vous aussi, Scharlach, vous cherchez le Nom Secret ?
— Non, dit Scharlach, je cherche Erik Lönnrot.
  La dernière lettre du nom Lönnrot est bien un T, un Teth dans sa transcription hébraïque. Scharlach est aussi appelé Dandy Red Scharlach, dont les initiales DRS forment en hébreu le verbe darash, דּרשׁ, "chercher", le Sander & Trenel signalant notamment "chercher YHWH":
 

  La forme YY ci-dessus est une autre façon de désigner le Tétragramme, qui n'est écrit pleinement dans le Sander & Trenel qu'à la rubrique YHWH.
  J'ai inclus ci-dessus la citation de Job, ani edrosh el-El, car j'avais pointé que la succession des crimes dessinait quelque chose rappelant la lettre Lamed, ל, la seule lettre possédant un jambage supérieur en hébreu, appelé pour cette raison "la tour". C'est une préposition, "à", "vers", seule ou sous la forme AL-, homonyme de El, "Dieu". Ainsi les initiales des protagonistes essentiels de la nouvelle, DRS AL, pourraient signifier "chercher Dieu" (Erik s'écrit en hébreu ARYQ, אריק).

   Le récent mot matspen, "boussole", est issu de la racine ÇPN, tsafan, dont le sens principal est "cacher", tsafon désignant le "Nord", "pays caché". Il y a une occurrence biblique du mot MÇPN, compris comme "chose cachée".
   Lönnrot est en suédois "orme rouge", mais le préfixe lönn- exprime l'idée de "secret".
note du 7/10: je découvre en explorant le site de phrère Sam qu'un post de quelques lignes y donne l'hébreu matspen, "boussole", en relation avec les mots hébreu tsevi, "gazelle" (ou "cerf") et magnet, "aimant" (en hébreu moderne). Il y cite Wikipedia:
Le mot « Aimant » est, comme le mot diamant, dérivé du grec ancien ἀδάμας, « Adámas » (« fer particulièrement dur ou diamant »)
  J'ai commenté ailleurs que les gnostiques grecs voyaient dans les 4 lettres ADAM les 4 points cardinaux, et que j'y ai vu pour ma part une équivalence avec Unus Mundus, de même que MIDI ou DIAM (mon billet suivant est précisément Le diam est l'Eternel), ou encore DAIM (Tsevi, la suite).

  J'ai appris que, dans la langue de Borges, la translittération du Tétragramme est Yavé.
Para transcribir el Tetragrámaton en español se recomienda y se preferencia Yavé;
  Il est ainsi notable que les deux premières victimes, les seuls morts réels, sont Yarmolinsky et Azevedo, correspondant à l'articulation des deux premières lettres du Nom.
   Une possibilité est offerte par le troisième cas. Un certain Ginzberg (ou Ginsburg) a téléphoné à la police pour dire qu'il avait des informations sur les premiers meurtres. La police découvre qu'il vient d'être enlevé, et que son nom était plutôt Gryphius. Gimel est la 3e lettre de l'alphabet hébraïque, ainsi que le nombre 3. Les deux G de ce personnage double pourraient donner la somme 6, et la 6e lettre est Waw, le W ou V du Tétragramme.
   Enfin le E final de Yavé pourrait être l'initiale d'Erik. Ses deux initiales forment EL, "Dieu" en hébreu, "lui" en espagnol. Le plus célèbre Lönnrot est Elias, forme grécisée d'Elie, Elyahu, nom doublement théophore, "Dieu est YHWH".

   Le maître des énigmes m'a permis d'envisager un rebond à une ancienne constatation. La première victime est trouvée morte à côté d'une porte, la seconde sur le seuil d'une boutique. C'est du marchepied d'une voiture qu'un des hommes ayant enlevé Ginzberg-Gryphius a tracé le dernier message sur la lettre du Nom. Enfin un paragraphe entier est consacré au portail de la villa où Lönnrot va mourir, portail au premier plan d'une couverture d'une édition de la nouvelle.
  Je m'étais demandé si toutes ces portes invitaient à penser à la 4e lettre de l'alphabet hébraïque, Daleth, signifiant "porte", forme de dal, DL, "porte".
  Le roman de Trussoni m'a rappelé que gam, GM, signifie "aussi", ainsi MGDL, "tour", pourrait livrer GM DL, "aussi porte".

  Revoir écrit brùjula, "boussole", me rappelle que Lönnrot reçoit une lettre signée Baruj Spinoza prophétisant que la mort de Gryphius est la dernière, car les lieux des crimes forment un parfait triangle équilatéral. Dans le texte original, Baruj est écrit en italique, la raison m'en semblant être l'écho avec brùjula.
  La boussole devrait inciter à penser qu'un des points cardinaux est absent, et le prénom Baruch, "béni", est  particulièrement associé à Dieu, avec notamment la formule baruch HaShem, "béni soit Le Nom" (le Tétragramme, YHWH), ci-contre sur un teeshirt.

  Je ne sais si tout ou partie de cette approche hébraïque de la nouvelle de Borges résulte d'intentions de l'auteur, ou de son ami kabbaliste Alejandro Schulz, plus connu sous le pseudo Xul Solar.
  Enfin, après ces rappels, je peux en venir à ce qui s'est passé le 11 janvier dernier.
  L'une des pistes adjacentes essentielles est Ellery Queen, et surtour Fred Dannay, l'âme pensante de la signature Queen. Dannay a probablement été le premier non-hispanisant à avoir lu la nouvelle de Borges, vers 1946, son collaborateur Anthony Boucher lui en ayant fait une traduction pour la revue EQMM. Dannay a refusé de la publier, je pense parce que son sujet était étonnamment proche du roman qu'il avait alors en préparation: un criminel avait besoin pour mener à bien son plan d'y faire participer le détective Ellery, en l'orientant vers une piste métaphysique par divers indices, dont le Tétragramme YHWH.
   Ce 11 janvier, il m'était venu que Dannay avait peut-être dès 1932 fait allusion au Tétragramme, dans un roman où les derniers rejetons de la famille Hatter étaient John et William, JH et WH. J'étais parti ensuite en balade, avec un livre que je lis quand le terrain ou mon esprit s'y prête.
   Le tout récent rappel du roman de 1932 m'avait fait me souvenir qu'une de ses particularités était un meurtre commis avec une mandoline, or les initiales des victimes de Borges, MYDAGEL, rappellent aussi amygdalê, "amande" en grec. Je m'étais dit que la mandoline devait probablement son nom à sa caisse en forme d'amande, Mandel en allemand.
   Je m'étais promis de le vérifier en rentrant à la maison, et étais revenu à mon livre, découvrant avec stupéfaction le nom Mandel en tête du marque-page que j'utilisais, une demi-page issue de la bibliographie d'une thèse de physique quantique autrichienne, échue par hasard entre mes mains. J'en utilisais les versos vierges, car je n'entends rien à la physique quantique.
   La première référence concernait L. Mandel, la septième A. Migdall, alors que je venais d'associer "mandol(ine)" à "(a)mygdale". Depuis plus de 20 ans que je connais les Zwi Migdal, je n'avais encore jamais vu de personne portant ce nom Migdal(l).
  De retour à la maison, une recherche me permit de trouver la thèse de doctorat et d'en télécharger l'entièreté ici, et voici le début de la page 76 concernée:


  Ma demi-feuille s'arrêtait à la référence [69], et j'avais douté de ma raison en voyant ensuite [70] N.J. Cerf, car zwi signifie "cerf". Etonnamment, ce Cerf n'est pas à sa place dans cette liste respectant l'ordre alphabétique des patronymes, et j'avais remarqué qu'il aurait dû occuper la référence [26], 26 étant la gématrie de YHWH, "Le Nom".
   Après avoir publié les 3 et 6 juillet les billets où j'annonçais que ma vie s'arrêterait idéalement à 75 ans, je ne sais quelle manipulation m'a mené à une page du site sod1820 (ici en hébreu, "traduit" par Google), qui m'a fait ajouter cette note au billet du 6 juillet:
Note du 10/7: j'apprends, en cherchant autre chose, que "coïncidence" se dit en hébreu "צירוף מקרים", tserouf miqrim, "réunion d'événements", de même valeur 776 que "soixante-quinze", "שבעים וחמש".
J'apprends par la même occasion que "צירוף" seul, qui s'écrit aussi "צרוף", "anagramme" pour les kabbalistes, a pour autre sens "expression grammaticale".

  Le site sod1820 doit son nom à ce que 1820 serait un nombre particulièrement "divin", c'est par exemple le produit de la valeur du Tétragramme, 26, par celle 70 du mot sod, "secret", SWD ([70] N.J. Cerf aurait dû être [26]). Cette page en anglais donne quelques relations sur ce nombre 1820, certaines sont séduisantes, d'autres sont forcées.
  Ces sites sont exploités par des fondamentalistes pour lesquels la Tora est l'oeuvre de Dieu, et qui s'efforcent donc d'en démontrer la nécessaire perfection. Il est pourtant évident pour chaque être doué de raison que la Tora est un texte historique, aux multiples remaniements au cours des siècles, et pour un mécréant comme moi (un "mec créant" comme dit Samuel), si l'on y trouve des curiosités remarquables, et il y en a, comme la généalogie patriarcale abordée dans le précédent billet, on en trouve ailleurs, dans des textes sacrés d'autres religions ainsi que dans des textes profanes, et mon humble avis est qu'il faut chercher une origine commune à ces curiosités.

  Le secret sod me fait penser que le secret du cryptogramme du Maître des énigmes réside dans l'Etoile de David, dans le texte original Star of David, SOD.

  Je pense aussi à ce que Ricardou appelait la "maladie chronique". Il m'a fallu aligner des tas de phrases pour exprimer successivement ce qui forme un tout dans ma tête, et même une forme condensée ne rend pas compte de cette simultanéité:
- zwi migdal JHVH MYGDAEL chez Borges;
- Zvi Mon chez Glenn Cooper;
- Migdall Cerf dans la thèse;
- tsevi HWHY chez Trussoni.

  Et de multiples autres coïncidences sont liées à ces cas. Je pense ainsi que Dannay a publié en 1963 L'adversaire, une autre série de meurtres commandés par le Tétragramme. Sur cette édition allemande qui vend la mèche en couverture, les lettres W et H à droite sont interverties.


  Je pense encore que j'ai découvert Le maître des énigmes juste après avoir trouvé une erreur asssez impensable sur les lettres YHW dans un roman de Villemot.

  Je me souviens aussi de l'erreur incompréhensible de la première édition du Livre de saphir, de Sinoué, où les lettres du Tétragramme sont retournées latéralement, une à une (au centre d'une Etoile de David).

   Je ne peux me résoudre à ne pas rappeler le pastiche d'Ellery Queen écrit par Narcejac en 1944. Alors qu'il ne pouvait ni connaître la nouvelle de Borges, où Red Scharlach attire dans un piège le flic qui a tué son frère, ni prévoir les romans yahvistes de Dannay, Le mystère des ballons rouges montre une série de meurtres destinée à mener dans un piège le flic qui a tué le frère du comploteur, flic qui est le sergent VELIE, anagramme de L-IEVE, "pour YHWH".

  Cette page en anglais sur l'atbash m'a appris de nouvelles choses. Le premier mot de la Tora, bereshit, "au commencement", est l'un des plus commentés. Ici, il est remarqué que ses lettres BRASYT se réarrangent en ATBS RY, "atbash de RY", soit GM, "aussi", le mot ajouté au Tétragramme dans le cryptogramme du Maître des énigmes, j'imagine pour pouvoir former une Etoile de David.
   La page sur 1820 déjà signalée donne ce nombre pour valeur étendue de bereshit, et l'associe au 1820e verset de la Tora, Exode 12,2, "Ce mois-ci sera pour vous le premier de tous les mois (...)", qui serait le premier verset important, car il énonce la première mitswa, la première prescription de la Loi.
  Or, pour le rédacteur de la page sur l'atbash, la plus belle application du procédé concerne ce mot mitswa, MÇWH, l'obéissance à la Loi unifiant le Monde Supérieur caché et le Monde inférieur révélé, car MÇ a pour atbash YH, la première partie du Tétragramme, dont la seconde partie WH est immédiate dans le mot MÇWH.

  A nouveau, je laisse quelques points en plan, et j'achève sur l'explicitation du titre de ce 384e billet, double jeu du type Zevi (autre orthographe du Messie de Smyrne)  devenant HaShem par atbash, puis Moïse par retournement. Ainsi, dans notre alphabet,
ave, rêvez ! donne par atbash
Zevi, vé ! va ! se retournant en
ave, vivez !

Note du 31/7: Il me revient ce jour que Gershom Sholem a, entre autres, été publié par les Editions du Cerf.

16.7.23

si l'éon Napol existe il exagère

à Danielle & Michael

  L'an dernier, le 17 juillet, la publication du 345e billet de Quaternité faisait hommage à une formule de valeur 345 trouvée quelques jours plus tôt, ultime étape gouvernant un texte à contrainte, mais je n'avais pas alors rappelé tout ce que m'évoquait le nombre 345, présent notamment dans la chronologie des Patriarches, déjà évoquée à trois reprises, d'abord sur Blogruz en 2008, puis sur Quaternité en 2010 et 2019.

  Au plus bref la Tora, le Pentateuque, débute par la création du monde et s'achève sur la mort de Moïse à 120 ans. Les durées de vie de tous ses ancêtres paternels sont données çà et là, et j'ai eu la curiosité d'additionner les âges de ces 26 patriarches d'Adam à Moïse, dont la somme 12600 ans est étonnamment ronde au vu de l'hétérogénéité des nombres de la liste (cliquer ci-contre pour voir un tableau réalisé jadis).
  Toujours au plus bref, j'ai comparé cette liste biblique à celle des règnes des rois de Sumer, et constaté que l'âge le plus "babylonien" de la liste est les 600 ans de Sem.
  Sem mis à part, il reste 25 patriarches vivant en tout 12000 ans, soit une moyenne d'exactement 480 ans pour ces 25.
  600 et 480, ce sont 5 et 4 fois 120 ans, le dernier âge de la liste, celui de Moïse demeuré dans la tradition juive l'âge idéal que seuls quelques sages auraient ensuite atteint, mais jamais dépassé.
  Je me suis demandé quel était le patriarche approchant au mieux la vie moyenne de 480 ans, et c'est Eber, avec ses 464 ans, quatrième patriarche après le Déluge.

  Ici débutent les réelles bizarreries, car ces noms Sem et Eber ont en hébreu des valeurs numériques traditionnelles, calculées en additionnant les valeurs des lettres dans le système numéral alphabétique propre à cette langue (mais apparu tardivement), et ces valeurs sont 340 et 272, soit 5 et 4 fois 68 (valeur du mot hayyim, "vie").
  Selon une translittération immédiate dans notre alphabet, les noms originaux hébreux deviennent
SM = 300+40 = 340 et
OBR = 70+2+200 = 272,
or, selon la même translittération, les noms hébreux des nombres "cinq" et "quatre" sont HMS et ARBO, et une même transformation permet d'obtenir les noms précédents, en supprimant les lettres initiales, donnant MS et RBO qu'il suffit de lire à rebours pour retrouver SM et OBR, les noms de valeurs en rapport 5/4 des patriarches de vies en rapport 5/4...

  Je donnais d'autres détails sur les billets précités, mais voici du neuf. A l'époque de ces recherches, en 1987, j'avais eu la curiosité d'examiner les différences des âges des 26 patriarches par rapport aux multiples de 120, et était parvenu à ceci:
- Sem et Moïse vivent des multiples exacts, 5 et 1 fois 120 ans,
- 12 patriarches ont des différences positives, cumulées à 345 ans (60×120 + 345);
- 12 patriarches ont des différences négatives, cumulées à 345 ans (39×120  345).

  Aujourd'hui je vois que, 345 étant 2×120 + 105, on pourrait énoncer ces résultats
62×120 + 105 et
37×120  105, or le total des 26 âges est
12600 = 120 × 105.

  En 1987 345 m'avait frappé en tant que valeur de Moïse, MSH, 26e patriarche, le seul personnage biblique ayant vécu 120 ans. S'il était obligatoire que les différences positives et négatives soient congrues modulo 120, il ne l'était pas qu'elles soient identiques, et immédiatement évocatrices.
  La tradition juive voit significative le don de la Tora à Moïse et la révélation de YHWH aux Hébreux lors de la 26e génération, car 26 est la valeur de YHWH, le Nom sacré qu'il est interdit de prononcer, auquel on se réfère par la formule "Le Nom", en hébreu HaShem, HSM, renversement de MSH, Moshe, Moïse.
  La révélation, c'est le Décalogue, les Dix Paroles en 620 lettres hébraïques, d'où le nom Keter Tora, "Couronne de la Tora", car keter est un mot de valeur 620, or il a été aussi vu ces égalités (en hébreu):
vingt-six = Dix Paroles = Couronne de la Tora (=1231).

  C'est vers mai-juin 1987 que j'avais découvert les deux différences 345. Juste après, ou quelques jours plus tard, je me suis éveillé un matin à Paris avec une image en tête, deux 345 côte à côte.
 

  Pas grand-chose à voir avec cette loco américaine qui m'a séduit en recherchant des images "345".
  Je ne peux aujourd'hui mieux préciser cette image que par "deux 345 côte à côte", et ne sais non plus si elle provenait d'un rêve ou d'un état hypnagogique. Tout ce que je peux dire est qu'elle m'avait marqué.
  Ce matin-là, j'imagine que j'étais allé faire des recherches à la BPI ou dans une autre bibliothèque. Je me déplaçais essentiellement à pied à Paris, et j'étais passé devant une assez importante librairie de la rue du Havre; il y avait un étal dehors, et deux casiers contigus affichaient, en gros, au-dessus des livres, "345" et "345". Peut-être était-ce "345 F", je ne sais plus, ni ce qu'étaient ces livres, 345 F étant un prix élevé en 87 où un poche coûtait environ 20 F.

  J'avais apprécié la coïncidence à l'époque, mais il m'a fallu 36 ans avant d'en saisir la portée. Ce 9 juillet, en balade, j'y ai repensé, et le nom de la librairie m'a instantanément frappé, Veber ou Weber, et que ce soit un V ou un double V, V est le chiffre romain 5, et Eber est le 4e patriarche après le Déluge, celui dont la valeur est les 4/5es de celle de Sem, dont la vie est les 4/5es de celle de Sem, dont le nom est lié à "quatre" comme celui de Sem à "cinq".
  Comment n'avais-je pu y penser à l'époque? Probablement parce que c'était une de ces "coïncidences exagérées" dont parle (verbeusement) Hubert Haddad, telle que je n'étais pas prêt alors à l'accepter.

  De retour à la maison, je n'ai pas trouvé confirmation de l'existence de cette librairie Weber rue du Havre; je sais qu'elle a disparu depuis pas mal d'années.
  Il semble que c'était aussi un éditeur, ayant publié divers livres un peu connus (Duvignaud, Nelli, par exemple).
  Je passais souvent par là car le Passage du Havre était un lieu enchanteur de mon enfance. Mes parents y achetaient le café Mokarex, avec ses fameuses figurines en cadeaux, et il y avait un important magasin de modélisme, où mon frère et moi trouvions les avions Airfix ou Revell, notamment.
  Je me souviens que la librairie était sur le trottoir opposé de la sortie du Passage, rue du Havre, du côté de la rue St-Lazare, si bien qu'il fallait que je revinsse en arrière pour passer devant, à moins que j'eusse omis de passer par le Passage, dont l'entrée rue St-Lazare n'était guère apparente. Ainsi c'est peut-être parce que j'avais loupé cette entrée que j'étais passé devant la librairie Weber.
  Je crois encore me souvenir que le logo de la librairie mettait en valeur la lettre W.
 
  Je me rends compte en rédigeant ceci que "passage" et "Havre" peuvent être significatifs. Le patriarche Eber est l'ancêtre éponyme des Hébreux (Sem celui des Sémites), et son nom se prononce 'ever, les Hébreux étant les 'ivrim. La racine est le verbe 'avar, signifiant "passer", "traverser".
  La maquette préférée de mon frère (et de moi, mais c'est essentiellement lui qui l'avait montée) était le Liberator de la marque Revell.
 

  Moïse est souvent appelé le libérateur des Hébreux, notamment dans Les dix Commandements de Cecil B. de Mille.
  La marque REVELL contient EVER, inversé, ce qui me fait prendre conscience que le RÊVE est associé à la quaternité, le verbe 'avar (OBR), "traverser", étant le renversement de rav'a, (RBO), "être carré".
  En mars dernier, j'avais été conduit à construire cette sorte d'ambigramme à partir des initiales AVAL des 4 enfants kidnappés par le criminel du roman RÊVER de Thilliez.

  Et voici une coïncidence encore plus exagérée, mais mieux vérifiable que l'affaire de la librairie Weber. J'ai commencé ce billet le 11 juillet. Evoquer le jeu HaShem-Moïse m'a rappelé que HSM est l'atbash de ÇBY, "cerf", et qu'il était fort intrigant que Borges ait construit ses meurtres commandés par JHVH (YHWH) sur fond de bordels zwi migdal, "cerf tour", récemment remanié en "tcerrouf", tserouf, "anagramme".
  Lors de ma première approche de Borges, en 2007, j'avais trouvé une référence pour ce jeu atbash, mais le lien n'est plus valide. Il est toujours difficile d'en trouver aujourd'hui en français ou anglais, aussi j'ai ce matin du 11 essayé en hébreu "HSM" "ÇBY" "ATBS". Il y avait tant de réponses, les premières non pertinentes, que j'ai relancé la recherche sur GoogleBooks, où il n'y avait que 3 résultats, les 2 premiers concernant Sabbataï Zwi, en hébreu et ladino (yiddish espagnol). C'est bien de la transformation atbash de ÇBY en HSM qu'il est question, mais mes capacités en hébreu kabbalistique ne me permettent pas de comprendre ce dont il est plus précisément question, et le traducteur Google n'apporte aucune aide.
 
  Sabbataï Zwi a été reconnu comme Messie dans l’empire turc du 17e siècle, déclenchant un vaste espoir de retour des Juifs dans la Terre Promise. Il s'autorisait à prononcer le Nom interdit YHWH, peut-être justement parce que son nom était "Le Nom", HaShem par atbash.
  J'avais lu jadis quelque chose à ce propos, peut-être dans le livre de Gershom Scholem. J'en ai téléchargé la version anglaise, Sabbatai Ṣevi The Mystical Messiah, où il n'y a qu'une référence à l'atbash, la note 235, à propos d'un message où le "Cerf Céleste" se proclamait le nouveau Moïse. Scholem explique:
In Sabbatian literature this identification is taken for granted. The name Ṣevi becomes Moses by AT-BASH inversion of the Hebrew alphabet, a procedure much employed in mystical exegesis.
Dans la littérature sabbatienne cette identification est assurée. Le nom Zwi devient Moïse par atbash, un procédé courant dans l'exégèse mystique.
  Ceci me convenait plutôt, d'autant plus que Scholem voyait ici comme "normal" un double renversement, tel celui que j'avais imaginé ici.

   J'ai donc trouvé cela après avoir téléchargé le livre de Scholem le matin du 11. Le fichier des téléchargements sous mes yeux m'a alors rappelé que j'avais téléchargé quelques jours plus tôt, le 7, un thriller récent, Le maître des énigmes, de Danielle Trussoni, une auteure que je ne connaissais pas (ou du moins pensais ne pas connaître).
   Le lecture quelques semaines plus tôt de sa 4e de couv' m'avait rendu un peu curieux de ce qu'était l'énigme évoquée, mais il n'était aucunement précisé qu'elle était kabbalistique, ce qui m'aurait mieux motivé.
  Au plus bref, la clé de la principale énigme est que la véritable lecture du Tétragramme YHWH est HW HY, son renversement.

  Ainsi, quelques instants après avoir cherché une référence pour la transformation de ÇBY en HSM, HaShem, "Le Nom", et trouvé celle de ÇBY en MSH, Moïse, un hasard me mène à un roman dont l'énigme principale est le renversement du Nom YHWH  en HW HY.
  Le roman est paru cette année, alors que je m'intéresse au jeu ÇBY-HSM depuis longtemps. Il est revenu depuis janvier dernier dans plusieurs billets, j'y reviendrai.
  Le mot HaShem apparaît dans le roman,
Le nom du Créateur était originellement prononcé par tous les juifs, tous les jours, dans les prières, les salutations, les bénédictions. Et quand le Second Temple fut détruit, le véritable nom du Créateur a été enfoui sous terre. Au vrai Nom, les rabbins ont substitué Adonaï. Au fil des siècles, même ce mot est devenu trop sacré pour le partager avec les étrangers à nos traditions, et c’est le mot HaShem, ou simplement Le Nom, qui a été utilisé dans la vie quotidienne.
et son renversement en "Moïse" est signalé:
Par exemple, quand on retourne le nom de Moïse, en hébreu, on obtient HaShem, signe qu’il est le chemin et le vaisseau du vrai Nom.
  J'avais en fait lu il y a quelques années le premier roman de Trussoni, La malédiction des anges (2010), mais n'y avais rien trouvé d'intéressant, et n'en ai aucun souvenir précis.
  L'intrigue de celui-ci est plutôt mal fichue à mon sens. Son personnage principal est Mike Brink, lequel à la suite d'un accident cérébral a été victime du "syndrome du savant", et a développé d'extraordinaires aptitudes pour les structures numériques et les énigmes. Il a exploité ce don, est célèbre pour ses casse-têtes, et est contacté par Thessaly Moses (forme anglaise de "Moïse"), la psychologue d'une prison où croupit Jess Price, condamnée pour un meurtre atroce, mutique depuis 5 ans.
   Trussoni a été secondée par des spécialistes pour les énigmes, certaines très jolies, mais ça ne suffit pas pour faire de Brink un personnage crédible, du moins selon moi qui suis quelque peu arithmo-maniaque.
   Bref le meurtre attribué à Jess a été commis par la poupée Violaine, fabriquée au début du XXe siècle par Gaston LaMoriette, à l'image de sa fille adorée morte tragiquement. Un rabbin de Prague l'a initié au secret du Golem, afin qu'il puisse faire revivre Violaine, grâce à un cercle magique d'Aboulafia.
  Aboulafia aurait créé au XIIIe siècle 10 représentations symboliques du nom caché de Dieu, le Shem-HaMephorash. Ils sont constitués de 72 variations du Tétragramme, et correspondent aux 10 Sefirot (mais le traducteur ignore qu'il s'agit d'un féminin pluriel, et écrit "le Sephiroth").
 

  Ce cercle est aussi une énigme, et 6 lettres doivent le compléter, à inscrire dans les petits cercles au centre du diagramme.
   Mike Brink découvre que les carrés blancs et noirs du pourtour sont du code binaire, donnant deux fois les nombres
001111, 000011, 011011, 100111, 111111, 110011, c’est-à-dire les nombres 15, 3, 27, 39, 63, 51. Et chacun des nombres du cadran correspond à une lettre hébraïque.
  Il attrapa son stylo et écrivit 6 lettres hébraïques dans 6 cercles au centre de l’étoile, pour que Rachel puisse voir : H Y G M H W.
 

  Rachel est supposée comprendre
— Parce qu’il n’y a pas que la prononciation des lettres qui veut dire quelque chose, elles ont un sens par elles-mêmes : HWHY en hébreu veut dire « il-elle », répondit Rachel. Aboulafia a inclus deux mots additionnels entre les deux, GIMEL et MEM, qui veulent dire en hébreu « et aussi », ce qui rend parfaitement clair que le vrai Nom signifie Il et aussi  Elle.
  Trussoni n'est pas plus hébraïsante qu'arithmologue, et semble avoir mal compris ce qu'on lui a communiqué. Gimel et Mem sont des lettres qui forment le mot gam, "aussi".
   Ce n'est pas la seule incohérence. La poupée Violaine s'est révélée maléfique parce que LaMoriette avait recopié à l'envers le mot au centre du cercle d'Aboulafia, חיים, hayyim, "vie". Or toutes les représentations du cercle présentent cette inversion, y compris celle donnée plus haut, censée être l'original d'Aboulafia.
  L'emploi du code binaire par Aboulafia est évidemment outré, mais nous sommes dans un roman. Il n'est en fait pas indispensable, car les lettres désignées, aux rangs 3-15-27-39-51-63, correspondent aux pointes d'un Sceau de Salomon, si bien qu'il aurait suffi d'essayer les diverses combinaisons pour dénicher la bonne, ou d'un unique indice pour calibrer la solution (par exemple les deux Sceaux du diagramme ont 6-6 sommets, et les lettres forment des couples 66, comme 3+63).
 

  Je n'ai pas essayé de déterminer quelles étaient exactement les 72 lettres du cercle, plusieurs prêtant à confusion. En tout cas elles ne semblent pas former un message, et la chose la plus notable est que la seule lettre répétée séquentiellement est W, ו, et ceci à deux reprises, aux positions 51-52 et 58-59 (cette lettre est aussi le chiffre 6, en possible écho aux clés 6 et 12 de déchiffrement de l'énigme, mais le texte ne mentionne pas la disposition étoilée des 6 lettres codées).

  Parmi les confusions possibles, il y a notamment celle entre le He du Tétragramme, ה, et le Het de חיים, écrit םייח au centre du cercle. Il est fort difficile de les différencier sur le diagramme (où les deux ה du Tétragramme ressemblent à des ח).
  J'ai téléchargé le roman le lendemain du jour de publication du précédent billet, où j'étudiais précisément une erreur, découverte récemment, faisant du He du Tétragramme un Het. Cette erreur était dans un roman en 3 parties de 33 chapitres chacune, or le rang moyen des 6 lettres codées 3-15-27-39-51-63 est 33 (possible allusion aux deux triangles entrelacés du Sceau de Salomon).

   Passées les bornes, y'a plus de limites, et dans la nuit du 13 au 14 il m'est venu un lien entre le roman et ce que j'ai vu être la "coinc des coincs" dans la Bible, pas absolument pour elle-même, mais pour son identité, étudiée ici, avec la "coinc des coincs" dans le Coran.
   Ce n'est pas gratuitement que le cercle attribué à Aboulafia est basé sur le nombre 72, car la tradition juive voit le Shem Ha-Mephorash, le Nom Caché de Dieu, lié au nombre 72. Il y en a de multiples approches, mais l'une repose sur un fait tangible et intrigant: les trois versets Exode 14,19-20-21, parlant de l'ange de Dieu et de la mer s'ouvrant pour laisser passer les Hébreux, ont chacun 72 lettres. La tradition a construit 72 "mots" trilittères selon une règle logique, et leur a adjoint des terminaisons en -el ou -iah pour former 72 noms d'anges. Aux 42e et 50e rangs apparaissent les groupes trilittères מיכ et דני (MYK et DNY),
formant avec les suffixes -el les noms Michael et Daniel, le seul ange nommé dans la Bible hébraïque et le prophète dans le livre duquel il est nommé. L'exégèse identifie en outre l'archange Michael à l'ange de l'Exode. 

   Je ne reviens pas sur ce que ces faits ont d'extraordinaire. Ce qui m'est apparu dans la nuit du 13 au 14, c'est que Daniel(le Trussoni) a baptisé Michael son Maître des énigmes. Il est connu de tous comme "Mike", mais un lien magique semble l'unir à Jess Price, laquelle l'appelle d'emblée de son nom de baptême, Michael.
  Ce lien a permis à Jess de résoudre ce casse-tête, et de comprendre que ses indices constituaient une signature alphanumérique:
  Je me demande si le spécialiste en énigmes qui a collaboré avec Danielle a trouvé cela à partir du nom Mike Brink, ou si le nom découle en partie du casse-tête. Quoi qu'il en soit, en écrivant ceci, ce 15 juillet, je m'avise que Michael Brink donne, transcrit en lettres hébraïques,
מיכאל  ברינך
= 40+10+20+1+30  +2+200+10+50+20  = 383,
or ce billet est le 383e de Quaternité, et le billet précédent, 382e donc, s'est conclu avec une coïncidence imprévue sur le nombre 382, ignorée au départ.
  Le seul autre casse-tête donné dans le roman utilise la signature MIKE B, soit 38 2... J'envisageais comme numéros alternatifs des deux précédents billets 38-1 et 38-2, pour Leben-1 Death-2, 1La vie 2mortelle...

  Les choses vont très vite en ce moment, tant que je n'arrive plus à suivre toutes les pistes qui s'ouvrent et s'enchevêtrent avec les précédentes, et ce matin du 16 vient une nouvelle sidération.
  En exergue du roman figure une autre version du diagramme essentiel, supposée être une reproduction faite par Jess de mémoire. Il n'y figure pas les carrés blancs et noirs du pourtour, et la couronne intérieure ne compte que 45 lettres, et non 72 (45 et 72 sont les remplissages du Tétragramme avec des Alef et des Yod, mais c'est une autre histoire).
  Les 45 lettres forment 17 groupes de 1 à 4 lettres, la plupart dénués de signification, excepté le 7e, avec aux rangs 32-33-34 les lettres יבצ, soit ÇBY, tsevi (ou zwi), "cerf", dont l'atbash est HSM, HaShem, "Le Nom", désignation de YHWH.
  Je rappelle que YHWH est codé sur le cercle aux rangs 3-15-51-63, moyenne 33, comme les rangs 32-33-34 de ÇBY.

  Les idées se bousculent dans ma tête, et je me borne à rappeler que c'est par hasard que j'ai ouvert ce livre, juste après ma recherche du jeu ÇBY-HSM, m'ayant mené à la note 235 de Scholem sur la lettre de Sabbataï Zwi, le "Cerf céleste".
  Cette lettre est un patchwork de citations bibliques, où se distinguent trois versets consécutifs, Exode 23,20-21-22, traitant de l'ange de Dieu, le même ange que celui d'Exode 14,19-20-21, Michael...

  Décidément, l'éon Napol fait plus qu'exagérer, mais je ne trouve pas de terme adéquat. J'ai bien sûr conçu ce titre à partir d'une chanson de Brassens, en remplaçant son "Dieu" par Napol, mon éon personnel dont le nom est explicité ici. La première forme qui m'est venue s'est imposée lorsque j'ai vu que
si l'éon Napol existe il exagère
compte 26 lettres, 26 gématrie des lettres hébraïques YHWH, et que la valeur des 26 lettres est 300, gématrie de MÇPÇ, l'atbash de YHWH.


6.7.23

2Le noir, l'amour, la mort, _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ (le blanc, la haine, la vie)

à Thanatos & Lavie

  Ce 382e billet de Quaternité est la seconde partie du précédent, qu'il faut donc avoir déjà lu.
  Le 381e billet a été initié par la découverte que le nom d'un auteur qui m'était cher,
Jean-Marie Villemot, contenait
ma vie mortelle, une expression issue d'un rêve fait à 25 ans, associée aux chiffres 1 et 2. Ce rêve possédait une certaine adéquation avec l'arithmologie, car
MA VIE / MORTELLE = 50/100 = 1/2, alors que je ne faisais pas de tels calculs à 25 ans. C'est peut-être ce rêve qui m'y avait mené.

 Après la mort de ma compagne, j'ai pris la décision, pas absolument définitive, d'en finir avec la vie à 75 ans, et l'écriture du précédent billet m'a fait prendre conscience que le rêve fait à 25 ans partageait ces 25 ans en
25/50 = 1/2, et 25-50 sont les moitiés de 50-100.


  Villemot ne m'était important que pour un seul roman, Abel Brigand (2002), où son héros abbé d'initiales A-B suit un jeu d'énigmes qui lui font découvrir 4 lettres-missives dans des lieux, l'Aéroport du Bourget, le Lac d'Enghien, l'Eglise de Royaumont, le Cirque d'Orry, dont les lettres-initiales semblent désigner Alec Cooper.
  Mais les lieux forment géométriquement un rectangle 1×2, ce qui désigne l'autre suspect, le peintre Alain Vogt dont toutes les toiles ont ce format.
  En fait toute l'affaire est truquée, et Cooper et Vogt sont innocents...

  J'avais été marqué par ce roman, car j'avais découvert l'année précédente La bibliothèque de Villers (1980), de Benoît Peeters, où 4 crimes sont commis tous les 25 jours aux 4 coins d'un carré dans la ville de Villers.
  Les initiales des 4 morts, dans l'ordre IVRE, forment l'allemand VIER, "quatre", mais Peeters avait une tout autre raison pour choisir ces initiales.
  J'ai mentionné les 25 jours dans le précédent billet, mais omis de faire le lien avec ma VIE de 25-50 ans, et Verley meurt 25 jours après Imbert, Ervil 50 jours après Verley. Leurs 3 initiales forment VIE.

  J'ai découvert le roman de Peeters le lendemain du jour où je signais le mien au Salon du Livre, le 18 mars 2001. Or mon roman faisait mourir 4 latinistes aux sommets d'un rectangle 3×4 dans Paris. Ce n'est qu'aujourd'hui 4 juillet 23 que je réalise, alors que j'aurais pu le faire il y a 21 ans, que les 3 quadrilatères rectangles définis dans ces romans ont les formats, en choisissant pour côté commun 4,
4×4, 3×4, 2×4... !!!
  C'est par hasard que les lieux que j'avais choisis pour les 3 premières morts aient formé un triangle de Pythagore, alors que ce triangle était au coeur de l'affaire, et j'avais utilisé explicitement ce hasard. Il y avait des jeux dans les noms des victimes, en partie dus au hasard aussi, voir ici, et je me suis aperçu en 2010 que les noms des 3 premiers lieux avaient un point commun, "franc", voir .
  Le 4e lieu était la rue La Condamine, et je découvre aujourd'hui qu'elle a abrité la première loge féminine de franc-maçonnerie.

  Le précédent billet m'a conduit à voir que les lettres BERO, initiales des 4 lieux d'Abel Brigand, formaient le mot hébreu RBOE, reva'a, "quatuor". Je n'ai pas besoin de demander à Villemot si c'était intentionnel, et heureusement puisqu'il est mort voici 12 ans.

  Je pensais avoir lu ses autres romans, un Série Noire et deux autres enquêtes d'Abel Brigand, où je n'avais rien vu à commenter, or j'ai appris qu'il en existait un 5e, paru juste avant sa mort, L'évangile obscur.
   Le roman suit Yeshuâ (Jésus) en Palestine en l'an 28. Il est alors âgé de 33 ans, et le roman a 3 parties de 33 chapitres chacune, découpage évidemment intentionnel.
  Au passage, je note que c'est donc un ROMAN qui a intentionnellement 99 chapitres, et je suis particulièrement attaché aux rapports d'or 160/99/061, valeurs de
NOUVEAU ROMAN = 99 61.

  Enfin, pour la nouveauté, c'est pas l'idéal ici. Villemot a imaginé que Myriam (Marie) avait accouché de jumeaux, Yeshuâ et Imânouel (Emmanuel). J'ai imaginé que ç'allait être l'explication de la résurrection, mais le récit ne va pas jusque là.
  Il existe un clan pour lequel Yohanon (Jean le Baptiste) est le vrai Messie. Le clan a entendu parler de l'annonce faite à Myriam, surveille les jumeaux, et tente de les éliminer lorsqu'ils prennent conscience de leur destinée messianique.
  Yeshuâ et Imânouel ont été séparés juste après leur naissance, lors de la chasse aux bébés de Bethléem organisée par Hérode. Yôsef a marqué leurs fronts de signes distinctifs.
  A la fin de la première partie, les jumeaux se retrouvent.
  A la fin de la seconde partie, Mariamene (Marie de Magdala) leur apprend que les signes sur leurs fronts sont des lettres hébraïques. Yeshuâ porte
qui seraient les lettres Yud, Chet, Zayin, et Imânouel
qui seraient les lettres Yud, Shin, Ayin.
  Au début de la troisième partie, Mariamene réunit ainsi les deux inscriptions:
  Yeshuâ comprend "Yahvé le sauvera". Ceci signifie qu'ils doivent se rendre au mont Horeb, là où Yahvé s'est révélé au peuple juif.

  Je suis profondément troublé. Quand un auteur fait intervenir une langue étrangère, soit il la connaît, soit il se renseigne, or les lettres formant le Tétragramme YHW(H) sont en hébreu
Yud,   He,   Waw, יהו, rangs 10-5-6, et non
Yud, Chet, Zayin, יחז, rangs 10-8-7.
  Si ça se ressemble, ces lettres sont voisines dans l'alphabet, et la ressemblance ainsi immédiatement perceptible devrait inciter à la circonspection.
  C'est loin d'être la seule erreur, mais il est clair que Villemot ne bénéficiait pas d'un conseiller fiable en hébreu, alors je n'insiste pas. Je ne comprends guère pourquoi les jumeaux doivent se rendre à l'Horeb (je signalais dans le précédent billet que BERO, initiales des 4 lieux d'Abel Brigand, se renverse par rot-13 en OREB).
  Une autre fausse interprétation permet de passer quelques chapitres, envoyant les jumeaux à Jéricho, et l'idée vient enfin de lire les inscriptions dans l'autre ordre:
  Yeshuâ y lit alors "Isaïe (chapitre) 7", car ז est aussi le nombre 7, et ce chapitre 7 d'Isaïe est celui de la prophétie dite de l'Emmanuel, annonçant qu'une jeune femme donnera naissance à un enfant qui sauvera le royaume de Juda.
  Les partisans de Yohanon retrouvent les jumeaux, Yeshuâ est tué, mais Imânouel décide de prendre son identité, Yeshuâ de Nazareth...

  Et le roman s'arrête là. J'avoue ne pas bien comprendre ce que ça change, que Jésus ait été Jésus ou son frère jumeau. Peut-être cela permet-il d'accommoder la revendication christique de la prophétie d'Isaïe, Jésus devenant ainsi à la fois le Sauveur et l'Emmanuel. A la suite de Matthieu, bien des traductions ont rendu le mot "jeune femme" d'Isaïe par "vierge".
  Curieusement, Villerot n'a pas rendu le nom Isaïe par une prononciation vernaculaire, or, fondamentalement, Isaïe (Yeshayahu) et Jésus sont le même nom, même si l'on ignore quel était exactement le nom hébreu ou araméen de Jésus, pour autant qu'il ait existé...
  C'est aussi le nom Josué, le vainqueur de Jéricho, après l'expédition des deux espions, à laquelle m'a fait penser l'incursion des jumeaux.

   Villerot a profané multiplement le Tétragramme, en se trompant doublement sur son orthographe, et en ne lui donnant que 3 lettres. Serait-ce Dieu qui l'aurait fait mourir quelques mois après la parution du roman?
  Comme, en espagnol ou en portugais, Yahvé est transcrit Javé, je propose une nouvelle anagramme de
Jean-Marie Villemot
le roman limite Javé.

  J'ai découvert cette erreur hénaurme trois mois après une autre aberration auctoriale, celle de Thilliez dans La forêt des ombres, où l'allemand acht, "huit", est orthographié dans ses 9 occurrences archt.
  Je ne vois pour l'heure rien de comparable, des petites bévues, certes, mais ici les erreurs touchent des points essentiels des intrigues. Je suis émerveillé que
- (יהו)  =  21  devient  (יחז) = 25;
- ACHT = 32 devient ARCHT = 50;
25 - 50, L'ÂGE ! MA VIE !!
 
  Je rappelle que Thilliez donnait dans son roman suivant un triangle équilatéral de côté 50 km (ce qui était, après vérification, fortement approximatif, probablement parce que les noms des lieux aux sommets avaient été choisis pour un jeu subtil).
  Il y avait d'autres occurrences de 50 dans ce roman, nombre auquel les Esséniens vouaient un culte, parce qu'il est la somme des carrés des côtés du triangle 3-4-5 (9-16-25). L'évangile obscur débute avec l'arrivée de Yeshuâ à Qumran.
  Les néo-Esséniens de Quenan vénèrent aussi le nombre 50. Queen a également joué avec la prophétie de l'Emmanuel, car le Maître des Quenanites meurt le Vendredi saint 1944, et le Dimanche pascal un avion s'écrase à proximité, son pilote rescapé se nommant Manuel.

  Les erreurs en hébreu et en allemand me rappellent un point laissé en suspens dans le précédent billet, où j'indiquais avoir avoir trouvé au fil des ans des échos au rêve de mes 25 ans,
1LA VIE 2MORTELLE.
  En hébreu, j'avais trouvé assez tôt
423 = (תחיה), tahayah, « tu vivras », moitié de
846 = (תמות), tamout, « tu mourras ».

  En allemand, c'était un à-côté de mes études bachiennes, où il apparaît une curiosité dans les diptyques Prélude-Fugue du second cahier du Clavier bien tempéré:
Mi maj: Prélude  54  Fugue 43 mesures; moitiés de
mi min: Prélude 108 Fugue 86 mesures, or, selon la gématrie prêtée à Bach,
43 = ich lebe, « je vis », moitié de, ou mi-
86 = ich sterbe, « je meurs ».
  Fort étonnamment, avec des suppléments détaillés ici, la relation 423-846 apparaît pour les 24 Fugues du premier cahier, avec
423 mesures pour les 8 premières Fugues, moitiés de
846 mesures pour les 16 autres Fugues.
  Je m'avise aujourd'hui, 5 juillet 23, que les 8 premières fugues vont de Do maj à mi♭ min, les 16 autres de Mi maj à si min, et selon la notation allemande
C-es = 26, double de
E-h  = 13, toujours selon l'alphabet prêté à Bach.

  Bach connaissait évidemment les noms italiens des notes, et il était à sa portée (waf waf!) de jouer avec les mi-...
  En tout cas Boilet-Peeters l'ont fait dans leur album Demi-tour (1996) auquel il a été fait allusion dans les deux précédents billets. Boilet avait rencontré Jean-Pierre Le Goff, qu'il avait manifestement pris pour un demi-fou, et l'avait un tant soit peu ridiculisé dans le personnage de André-Marie Le Goff, devenu Arisu dans la seconde édition de 2010:

  Ce Le Goff, parce que Joachim et Miryam ont tous deux les lettres MI dans leurs prénoms, décrète qu'ils forment un couple idéal, et, lorsque chacun part de son côté, fait valoir que "deux MI = demi", ils devront faire demi-tour. C'est bien ce qui se passe, mais pas avec le résultat escompté.
 
  La mutation de Le Goff en Arisu avait eu divers échos, et je n'en reprends qu'un ici, pour une nouveauté. En japonais, ari signifie "fourmi",
 

et, JPLG n'étant pas fou pour tout le monde, Pour la Science avait fait écho à son expérience de faire écrire ants, "fourmis", par des fourmis, dans un entrefilet où le hasard fit apparaître une remarquable dispositions des lettres ants.
  L'expérience s'était tenue à la mi-mars 2001, précisément au moment où je découvris La bibliothèque de Villers de Peeters, le lendemain de ma signature au Salon du Livre.
  J'ai connu JPLG parce qu'il avait lu mon livre, et parce que j'avais lu le sien paru quelques mois plus tôt. C'est lui qui m'a fait connaître Villemot, belle intrication...
 
  Aujourd'hui, je remarque que, si "deux MI = demi", "fourmi = four mi = quatre MI", le double...
...et ridiculiser Le Goff / Arisu par des demis devient un hommage pansémiotique en constatant que
LE = 17, moitié de 
GOFF = 34, moitié de
ARISU = 68. 


  Autre point laissé en suspens, l'anagramme complète de
Jean-Marie Villemot   est
ma vie mortelle  jaïn.
  Un jaïn est un adepte du jaïnisme, du sanscrit jina, "vainqueur", ce qui m'a aussitôt rappelé La Tétralogie du Monstre, d'Enki Bilal. J'avais entendu lors de la publication du premier volet en 1998 une interview de Bilal où la journaliste l'interrogeait sur le fait que le nom du principal personnage, Nike, était l'anagramme d'Enki. "Je ne m'en étais pas aperçu", assura Bilal.
  Je sais que nikê signifie "victoire" en grec, et c'est bien pour cette raison que la marque a adopté ce nom.
  Anne était fan de Bilal. Moi pas tellement, mais ça ne m'a pas empêché de lui offrir le dernier volet de la tétralogie en 2007, Quatre?, pour son 60e anniversaire, le 18 mai.
  J'y avais inscrit ce quatrain palindrome phonétique,
la liberté mollit,
l'Aztèque a trop pâli.
il apporta Quetzal,
il omettrait Bilal!
et je vois aujourd'hui qu'il compte 64 lettres, 4×4×4, de valeur
768 = 64 × 12, ou 4×4×4×4×3.

  La liste Oulipo avait aussi participé; j'avais invité ses membres à composer 138 anagrammes de Pamela Anderson. Pourquoi elle? parce qu'une anagramme idéale allemande exprime idéalement ses atouts mammaires, Das Paar Melonen (la paire de melons).
  Pourquoi 138? parce que c'était la valeur de son nom, et que le 18 mai était le 138e jour de 2007.
  J'avais trouvé en dernier lieu une anagramme qui titra l'ensemble, Palmes d'or à Anne, car le lendemain avait lieu la remise des prix du Festival de Cannes. De plus le Festival, créé en 1947, fêtait aussi son 60e anniversaire.
  La Palme d'or fut attribuée le 19 mai à 4 mois,  3 semaines, 2 jours, un titre que ne me disait rien alors, mais qui aujourd'hui m'évoque furieusement les quadrilatères rectangles décrits plus haut, de formats
4×4, 3×4, 2×4...

  Il me reste à expliciter les titres de ces deux billets, 381e et 382e de Quaternité. Les recherches pendulaires de Lethbridge
l'ont amené à des résonances équivalentes pour le blanc, la vie, l'amour à 20 pouces d'une part (50 cm), et le noir, la mort, la colère à 40 pouces d'autre part (100 cm). Il m'a semblé que LA HAINE était un antonyme plus immédiat de L'AMOUR, et j'ai constaté que
LEBLANC LAVIE LAMOUR = 49+49+80 = 178,
LENOIR LAMORT LAHAINE = 73+79+50 = 202,
la somme de l'ensemble étant 380, et le billet 380 m'avait conduit à pouvoir exprimer ce nombre à partir de BLANC NOIR JOUR NUIT.

  J'ai interverti LAMOUR et LAHAINE afin d'avoir pour le premier billet, du 3 juillet,
1LAVIE LAHAINE LEBLANC = 149 = LA VIE MORTELLE.
  Pour ce second billet, j'ai renversé totalement l'ordre afin d'avoir en tête
LENOIR = 73, car aujourd'hui 6 juillet est mon 73e anniversaire.
  C'est en fait
2LENOIR = 75 = 25 + 50 = 2NI + LERO, correspondant à la décision que j'ai prise quant à mon avenir.
  Tiens, ce 6 juillet 1950 était aussi un jeudi, et mes 26663 jours de vie représentent donc exactement 3809 semaines. J'entamerai ce soir ma 3810e semaine.
  Le billet 380 forme une trilogie avec ces billets 381-382, car c'est pendant son écriture que m'est venue l'anagramme de Villemot. Ainsi
380+381+382 = 1143, un nombre fort évocateur dans la galaxie perecquienne, auquel j'ai trouvé des échos synchronistiques.
  Le centrage sur 381 est aussi significatif, car le motif 1-2 répartit ce nombre en 127 et 254, or le pouce mesure exactement 2,54 cm, en conséquence
127 et 254 correspondent à 50 et 100 pouces (MAVIE MORTELLE).

  J'ai envisagé aussi comme titres alternatifs des billets 381-382
Leben1 et Death2, car l'allemand Leben, "vie", et l'anglais death, "mort", ont tous deux pour valeur 38.

  Lethbridge, "pont sur le Léthé" ?, m'a conduit à m'apercevoir que
LA MORT / LA VIE = 79 / 49
est un partage d'or idéal de la somme 128.
LOVE & HATE   Il en va de même de
L'AMOUR / LA HAINE = 80/50
qui de plus est la traduction exacte d'un autre partage d'or idéal,
LOVE / HATE = 54/34.

  Je paraphraserais volontiers Jung ainsi:
Pour moi, c'est un fait d'un irrationnel absolu que l'énergie vitale doive avoir toutes sortes de liens avec le nombre d'or.
  Irrationnel pourrait qualifier ce qui s'est passé hier pendant ma balade journalière. A Esparron, je suis connu comme le "monsieur qui lit en marchant", et hier je lisais Sombre nuit de Jefferson Farjeon (Le Masque, 1957).
  J'expliquerai prochainement pourquoi je relis des Farjeon, dont un commentateur a dit de ses romans:
Le lecteur peut s'attendre à ce que le héros y rencontre, dans cet ordre, une jeune fille, un cadavre.
                                     TLS. Times Literary Supplement
  Sombre nuit ne déroge pas à cette règle, et le héros Paul Kennet rencontre dès le premier chapitre la jeune Grace, mais il faut attendre la dernière ligne du chapitre 20 (sur 30) pour voir apparaître le cadavre. 20-10 a éveillé ma curiosité, et j'ai alors regardé quel était le numéro du roman dans la collection, 566.
  Je savais qu'il y avait des bizarreries dans la numérotation des Masques, or Sombre nuit offre en fin de volume la liste complète des numéros antérieurs, et j'ai retrouvé les anomalies, il y a eu deux numéros 382 et deux numéros 387, ainsi
 

  Bien entendu, il n'est pas paru de numéro 382 bis, mais deux numéros 382. J'ai le numéro 381, dont le titre exact est Le Crime de la 5ème Avenue, il a été achevé d'imprimer le 10 août 1950, et coûtait 100 francs. Un livre ne se fait pas en 24 heures, ainsi l'erreur, d'où qu'elle vînt, est proche de ma date de naissance.
  Le Gématron donne pour le titre de ce n° 381:
     Le Crime de la 5ème Avenue                 = 183.

  Si j'associe 382 à la mort, que Lethbridge voit vibrer à la même fréquence que le Nord, le titre et l'auteur du second n° 382 ne manquent pas d'à-propos...

  Si le n° 566 de Sombre nuit ne me disait rien a priori, il n'en est plus de même après la découverte de ces 2 382, car
566 = 283.2.

Note du 10/7: j'apprends, en cherchant autre chose, que "coïncidence" se dit en hébreu "צירוף מקרים", tserouf miqrim, "réunion d'événements", de même valeur 776 que "soixante-quinze", "שבעים וחמש".
J'apprends par la même occasion que "צירוף" seul, qui s'écrit aussi "צרוף", "anagramme" pour les kabbalistes, a pour autre sens "expression grammaticale".