27.9.17

Ana Mor, mords-moi à mort


  J'évoquais dans un récent billet ma lecture du dernier NEO, La gloire des maudits, et la liste de ses oeuvres m'a appris qu'un autre roman m'avait échappé, La dévoration (2014).
  Mettez un tigre dans votre auteur...
  Enfin j'ai fait des économies avec la version Poche, et sa lecture a été riche en échos.

  Le roman met au premier plan un écrivain, ce qui est presque une constante chez NEO, et l'écrivain se nomme ici Nicolas Sevin, ce qui suggère une certaine part d'identification de NEO.
  Sevin est un auteur à succès, spécialisé dans le morbide; Le Culte du sang conte les états d'âme d'un gardien de Buchenwald, Les Joies du mal ceux d'un éventreur letton...
  Les chapitres numérotés, constitués par le récit à la première personne de Sevin, sont d'abord entrecoupés de 9 épisodes contant l'histoire de la famille de bourreaux Rogis, depuis 1278 où des circonstances exceptionnelles ont conduit le condamné à mort Rogis à devenir le bourreau de Rouen, jusqu'à 1977, date de la dernière exécution capitale en France.
  Si NEO a fondu en une seule famille divers bourreaux ou lignées de bourreaux historiques, les Thérage, Sanson, Deibler et autres Obrecht, les détails des exécutions commentées sont authentiques, et le nom même Rogis semble issu de Louis Rogis, assistant d'Anatole Deibler.
  L'épisode de 1872 montre le père Rogis s'interroger sur l'avenir de son fils Louis, atteint d'hématophobie, peu recommandée dans l'exercice de la profession familiale. Ceci fait allusion au réel cas de Louis Deibler, père d'Anatole.

  Sevin est une autre forme de Sabin, et Henri Sabin a été l'assistant du bourreau Desfourneaux lors de la dernière exécution capitale en public, le 17 juin 1939.
  J'ignore si ces Rogis ou Sabin ont un quelconque lien de parenté avec NEO, mais dans le roman Nicolas Sevin apprend à la fin du chapitre 11 que le vrai nom de son père est Marcel Rogis, dernier bourreau de France (le réel dernier bourreau était Marcel Chevalier, neveu par alliance d'André Obrecht).
  Après cette révélation vient le dernier volet de la saga des Rogis, l'exécution à Marseille en septembre 1977 de Djandoubi.

  La date exacte n'est pas donnée, mais une coïncidence est venue souligner ce que je n'aurais peut-être pas songé à creuser sinon.
  Dans la matinée du 10 septembre, Anne consultant sa tablette me signalait que ce jour était le 40e anniversaire de la dernière exécution capitale en France, celle de Hamida Djandoubi le 10 septembre 1977. Un peu plus d'une heure plus tard, ma lecture en cours de La dévoration m'amenait à ce cas.
  Mieux, NEO est natif du 10 septembre (1974), et il fêtait ce jour ses 43 ans.

  Si Nicolas d'Estienne d'Orves est né un 10/9, Nicolas Sevin est né un 10/6 (1981). Son père avait résolu de ne pas avoir d'enfant pour interrompre la lignée des bourreaux, mais l'évolution abolitionniste et la charmante Lucie Metcalf ont eu raison de sa décision.

  Les chapitres 12 à 17 continuent la confession de Nicolas Sevin, entrecoupés désormais d'un autre récit à la première personne, celui de Hojime Morimoto, scrupuleusement calqué sur le "Japonais cannibale", Issei Sagawa, lequel a tué le 11 juin 1981 l'étudiante canadienne Renée, et a entrepris ensuite d'en déguster diverses parties de son corps, crues ou cuites.
  Sagawa, ou Morimoto, n'a guère été puni pour son crime, dont il a tiré parti pour écrire des ouvrages à succès après sa libération le 13 août 1985.

  Sevin se passionne pour son cas, dont il projette de faire le sujet de son prochain livre. Son obsession est telle qu'il en vient à mordre à pleines dents dans l'intimité de sa maîtresse du moment...

  Un épilogue surprenant mais logique fait se rencontrer à la fin du printemps 2013 Sevin, âgé de 32 ans, et Morimoto, 64 ans.

  Le cannibale MORimoto m'a rappelé les 3 polars "scandinaves" parus en mars dernier, étudiés dans Rom Ana Mor, le plus évocateur pour moi ayant été Mör, de Johana Gustawsson, laquelle est en fait une Marseillaise mariée à un Suédois, et qui vit à Londres. Ce titre évoque le cannibalisme, thème principal du roman, mör désignant en suédois la tendreté de la viande.
  Le cannibalisme m'a dessillé les yeux sur ce que j'aurais pu voir bien plus tôt. La richesse du second roman de Johana m'avait conduit à lire le premier, Bloc 46, et à y trouver un criminel Adam Berg qui m'avait rappelé le commissaire Adamsberg de Fred Vargas, mais comment avais-je pu oublier alors que l'enquête précédente d'Adamsberg avait aussi trait au cannibalisme.
  Mieux, les faits de cannibalisme sur lesquels Adamsberg enquête dans Temps glaciaires, le précédent Vargas paru en mars 2015, se sont produits en Islande, alors qu'un des autres polars scandinaves parus en mars dernier est Mörk, de l'Islandais Ragnar Jónasson, le premier roman islandais que j'ai lu en entier.
  Je n'y avais rien vu de particulier, hormis une structure en 40 chapitres numérotés entrecoupés de 25 extraits d'un journal intime. 40/25 se simplifie en 8/5, rapport fibonaccien, et ceci m'avait directement évoqué la première partie des Derniers jours de Paris, de NEO, en 34 chapitres numérotés où la narration suit Sylvain, entrecoupés de 21 sections du récit de Trinité à la première personne; la seconde partie réunit Sylvain et Trinité pour 34 autres chapitres.
  Moins directement, j'ai rencontré des possibilités fibonacciennes chez Vargas et Adler-Olsen.


  Je suis éberlué de ne pas avoir pensé tout de suite à Temps glaciaires lors de la découverte du cannibalisme de Mör et de l'islandisme de Mörk.  Ce n'est pas la première fois que je déplore mes faiblesses, enfin la presse récente est moins sévère à mon égard.
  Plus sérieusement, je suis mentionné, via le gématron de Gef, dans le dernier roman de Yolande Villemaire, Le rose des temps.
Elle a de nouveau changé le nom de l'héroïne de Le rose des temps. Après consultation intensive du Yi King et du gématron d'un site de calcul kabbalistique, elle revient au prénom qu'a porté longtemps le personnage du manuscrit qu'elle écrit depuis des années. La chercheuse en génétique textuelle l'a en effet mise en contact avec un blogueur kabbaliste qui a créé ce gématron, qui peut "sonder la profondeur d'un texte" de la même façon que "la géométrie s'occupe de mesurer la superficie d'un terrain." (page 274)

  De toute manière, le blogueur kabbaliste aurait eu besoin de revenir à Vargas après la lecture des récents NEO, et je vais donc pouvoir faire l'économie de quelques redites.

  Temps glaciaires débute par quelques morts suspectes, réunies par la présence sur les lieux d'un même dessin. Adamsberg décrète qu'il s'agit d'une guillotine, ayant eu connaissance d'une anecdote selon laquelle la machine de Guillotin aurait été présentée à Louis XVI; le couperet était alors convexe, et ce serait le roi qui aurait choisi la forme trapézoïdale...
  De fait, toutes les victimes font partie de l'étrange Association d’Étude des Écrits de Maximilien Robespierre, laquelle rejoue en costumes les grandes séances de l'Assemblée Nationale pendant la Révolution. L'Association compte des centaines de membres, protégés par un strict anonymat, ce qui ne facilite guère la tâche des enquêteurs.
  Les victimes ont de plus en commun d'avoir toutes participé à un voyage en Islande 10 ans plus tôt. Lors de ce voyage 12 personnes se sont trouvées bloquées sur une île isolée, où se trouve une pierre réputée magique. 2 personnes du groupe y sont mortes, et Adamsberg découvre qu'elles ont été assassinées, et que l'assassin a cuit leur chair pour la survie du groupe...
  De retour en France, l'assassin s'est débrouillé pour que tous les témoins de ses crimes, dont ils sont en partie complices, adhèrent à l'Association, afin de garder un oeil sur eux... Là j'avoue que, malgré tout l'art de Fred pour faire passer la pilule, je n'ai pas réussi à l'avaler.
 
  Un premier point est que la guillotine joue un rôle important dans La dévoration, où elle est présente dans 5 des épisodes "Rogis", à commencer par celui de 1792 où le bourreau se désole d'être réduit au rang de mécanicien. Le roman de NEO est paru en août 2014, 7 mois avant celui de FAR (Frédérique Audoin-Rouzeau), laquelle a travaillé longtemps dessus, ainsi les deux auteurs écrivaient en même temps leurs romans offrant deux thèmes communs, cannibalisme et guillotine qui n'ont rien d'immédiatement complémentaire.

  Le mot "dévoration" apparaît dans Temps glaciaires, chapitre 47, de façon figurée, à propos du président de l'Association, François Château, obsédé par Robespierre au point de s'identifier à Lui.

  François Château, initiales FC, un autre thème récurrent sur Quaternité. Elles ont notamment joué un rôle dans le billet Queval-Utu, où les palindromes de Rapilly (Robert) m'ont conduit au roman de Férey (Caryl) Utu, puis au "voyage poèmes" de Robert, El Ferrocarril de Santa Fives, et à sa grille de 9x10 lettres aux Formidables Coïncidences avec la grille 9x9 de Cyril Epstein.
  Peu après les palindromes de Robert sur l'oulipien Queval et sur le dieu solaire Utu, mon oeil est tombé le 7 juin à la médiathèque de Gréoux sur un nombre significatif parmi les rayonnages, 4444, numéro en 10-18 d'un roman islandais, Le cheval soleil.
  L'Islande fait un lien avec Mör-Mörk d'une part, avec Temps glaciaires d'autre part, et le titre déjà coïncidentiel a un écho avec les bourreaux ayant utilisé la guillotine, de Charles-Henri Sanson, le bourreau de la Terreur qui n'a pas chômé, jusqu'à Marcel Chevalier, notre dernier exécuteur qui n'a présidé qu'à deux décapitations.
  Sanson est une forme de Samson, du héros biblique dont le nom hébreu shimshon signifie "solaire", de l'hébreu shemesh, "soleil".

  La seconde victime de Temps glaciaires se nomme Henri Masfauré, propriétaire d'un haras et mécène de l'Association Robespierre. Les chevaux de son haras ont des noms de dieux grecs. J'ai remarqué les lettres MAS débutant ce nom qui semble avoir été forgé par Vargas. Je rappelle que ces lettres m'évoquent les 3 lettres mères de l'alphabet hébreu, A-M-S, formant notamment le mot SMS, "soleil".

  Les voyelles O et U sont souvent interchangeables, si bien que le début du nom Sigurðardóttir de l'auteur du Cheval soleil, SIGUR ("victoire" en islandais), peut être considéré comme le renversement de ROGIS, la lignée de bourreaux de NEO qui intègre donc les Chevalier et Sanson. J'apprends qu'un groupe islandais mondialement connu se nomme Sigur Rós.
  Le renversement exact SIGOR signifie aussi "victoire" en vieil anglais.

  Le lecteur de Temps glaciaires n'apprend le nom de l'assassin qu'une fois celui-ci démasqué, Charles Rolben. Les enquêteurs le connaissaient déjà sous le pseudo Lebrun, secrétaire de l'Association, et, toujours en admettant l'interchangeabilité de O et U, ROLBEN est l'anagramme de LEBRUN.

  ROLBEN est aussi l'exacte anagramme de BLERON, et Patrick Bléron est un récent lecteur de Quaternité, m'ayant appris la mort d'Etienne Cornevin dans les circonstances synchronistiques relatées dans Eberluant anniversaire., mon 233e billet, où je remarquais la valeur de son nom,
PATRICK BLERON = 78+66 = 144, le Fibo précédant 233.
  En cours d'écriture de ce billet, une demande d'un autre lecteur, Pietro de Palma, m'a fait relire le billet A point nommé, et à y retrouver que j'avais procédé à un jeu sur ETIENNE CORNEVIN, dont les lettres communes au nom et au prénom sont EINN, formant notamment NINE, "neuf". Une grande partie de ce qui m'occupe depuis mars est la présence des anagrammes NOM-PRENOM dans les colonnes centrales des grilles de Cyril et Robert, de 9 lettres de largeur.

  Lebrun peut encore évoquer Michel Lebrun, plusieurs fois cité sur Quaternité, dernièrement en mai en tant que traducteur des romans d'Andrew Bergman, et je soulignais l'équivalence de "brun" et "maure" (moro). Lebrun a aussi été le fondateur de l'association 813, dont est membre Fred Vargas, sous le numéro 640 (tiens, c'est la valeur de l'hébreu SMS, shemesh, "soleil").
  Fred a peut-être pensé à 813 avec son Association Robespierre, comptant plus de 700 membres, en tout cas j'y ai vu de claires allusions dans d'autres romans, comme les 812 cassettes de la Vierge de Dans les bois éternels.

FRANCOIS CHATEAU = 85+59 = 144 aussi. Avant de faire le lien entre la firme GMA & FAF du RAIL NOIR n° 1 et les lettres gamma et waw ancêtres de nos C et F, j'avais vu la valeur des majuscules
GMA/FAF = 21/13, les Fibos d'ordres 8 et 7,
tandis que les minuscules correspondantes sont
randes achines gricoles et / abrications açon = 233/144, Fibos d'ordres 13 et 12.
   Je suis revenu sur ces lettres CF avec un personnage du premier livre publié par NEO,
FELICIEN / COUDERCHET = 63/102 = 21/34, Fibos d'ordres 8 et 9.
  C'est le personnage principal d'une nouvelle dont le thème a été repris dans Les Derniers jours de Paris, où apparaît aussi un rapport 21/34 pour les éléments entrecoupant les chapitres numérotés, de façon très similaire au rapport 25/40 du roman islandais Mörk.
  Je me suis interrogé sur les velléités fibonacciennes de NEO en retrouvant ce nom Couderchet pour un personnage secondaire de La Gloire des maudits, où la romancière Sidonie Porel est pendant 21 ans membre puis présidente du jury Goncourt de 34 à 55, date de sa mort et année où enquête sur elle Gabrielle Valoria, habitant 34 rue de Montpensier. Il y a ici un jeu avec Colette, une voisine du 9 rue de Beaujolais, dont le vrai nom était Sidonie-Gabrielle Colette, membre puis présidente du jury Goncourt de 45 à 54.
  Les deux "34" devraient être des "36", car Sidonie Porel est dite avoir pris en 34 le fauteuil de Léon Hennicque, mort fin 35 et remplacé en 36; NEO a lui-même habité un an au 36 rue de Montpensier.

  Une autre coïncidence "médiathique"... Je suis bibliothécaire bénévole à la petite médiathèque d'Esparron, qui n'héberge que quelques centaines d'ouvrages, mais qui donne accès aux 500 000 documents du réseau DLVA. Lors d'un retour, mon oeil a accroché le nom Johana Gustawsson. C'est la coauteure de On se retrouvera, un polar de 2013 dont la couverture ne porte que le nom de Laëtitia Milot, actrice de Plus belle la vie. Sur la page intérieure de titre, Laëtitia Milot et Johana Gustawsson sont imprimés dans le même corps.
  J'avais vu mention de ce roman, et n'avais pas ressenti le besoin de le lire, pressentant que Johana n'y avait livré que sa plume, mais, comme je l'avais sous la main, j'ai fini par le regarder de plus près, puis le "dévorer", juste après La dévoration.

  La mère de l'héroïne Margot Bellaud lui confie avant de mourir qu'elle a été conçue lors d'un viol collectif 30 ans plus tôt, le 20 mars 1981. Margot enquête, non pour faire justice elle-même, mais 3 des 4 violeurs meurent par légitime défense, accident provoqué, ou suicide, après qu'elle les a démasqués. Ceci peut faire un point commun avec La dévoration, où Nicolas Sevin enquête sur le crime de Morimoto en juin 1981, 32 ans plus tôt, et redevient un Rogis pour l'exécuter.
  Un indice pour le meneur des violeurs est les initiales JB, que Margot interprète "Jean-Baptiste". C'est le dernier des violeurs démasqués, celui qui se suicide après avoir tenté de tuer Margot. Son prénom est en fait Roland, et on l'appelait jadis JB à cause de son goût pour certain whisky.
  Dans son premier polar signé de son seul nom, Johana Gustawsson a choisi de nommer son criminel Adam Berg, succédant donc au Jean-Baptiste du roman cosigné avec Milot pour former presque parfaitement le nom du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg.
  Que ce "Jean-Baptiste" se prénomme en fait Roland m'est encore évocateur, car il m'a semblé discerner un tic d'écriture chez Vargas, prénommer ses criminels Roland (ou ses anagrammes Arnold et Lorand). J'ai communiqué à Fred mes supputations, dont elle a accusé réception, tout en signalant qu'elle se refusait à tout commentaire sur les analyses de ses oeuvres.

  Dans son roman suivant, L'armée furieuse, j'ai identifié le criminel dès la vue de son nom, le gendarme Emery. Puis vient Lebrun alias Charles Rolben dans Temps glaciaires, or le Schulz le plus connu a pour prénom Charles, devenu celui de son héros Charlie Brown, Charles Le Brun ?
  Enfin, dans le tout récent Quand sort la recluse, le violeur d'une intrigue annexe se nomme Rémy Marllot (en fait pseudo de Sylvain Bodafieux). Un suspect pour l'intrigue principale se prénomme Roland...

  Je transmets mon hypothèse à çoeur dp, laquelle m'informe que Charles Le Brun a été le peintre officiel du Roi-Soleil, auteur notamment de ce dessin, Louis XIV à cheval, couronné par une victoire (je repense à sigor, "victoire" en vieil anglais).

  Le premier assassin Roland chez Vargas est Roland Vinteuil, dans Les quatre fleuves. Il y a dans le dernier NEO, La gloire des maudits, un personnage d'homo nommé Vineuil qui se livre à de louches agissements vers l'urinoir devant la prison de la Santé, et je me suis demandé s'il ne fallait pas y voir VinTeuil sans T, nom d'un personnage de Proust (l'épisode Vineuil fait allusion à la manie des soupeurs, auprès de laquelle le cannibalisme semble nettement plus tentant). Vinteuil est l'auteur de la fameuse Sonate (ô Santé !)
  Concernant Sevin, je me suis aussi demandé si le mélomane NEO n'avait pas forgé ce nom en songeant au pianiste Ricardo Viñes, dont le journal intime était codé selon le chiffre MARIA (3-1-8-9-1).
  Une autre possibilité est un déguisement de SEVEN, à partir de estienNE orVES, en pensant à la décapitation du film Se7en qui a inspiré des esprits faibles...

Note : çoeur dp m'a appris que le collabo Lucien Rebatet utilisait comme signature le pseudo Vinneuil, précisément en référence au Vinteuil de La Recherche. NEO le sait certainement, car son roman Les fidélités successives mêle des personnages réels de la France de Pétain, tel Rebatet, à des personnages fictifs, tel Marco Dupin, qui réapparaît dans La gloire des maudits, et qui est un ami de Roger Vineuil. Mais si ce nom n'est pas innocent, il est clair que NEO vise, à travers les personnages de Licht, fondateur de la firme Luks, et de son secrétaire Vineuil, Eugène Schueller, L'Oréal, et André Bettencourt, lequel a épousé Liliane, fille de Schueller, décédée ce 21 septembre...
  La très érudite dp a encore soulevé, à propos du nom Rogis, la piste de l'illustre Jean Rogissart, écrivain lancé par Robert Denoël, autre personnage des Fidélités successives.
  Tiens, les premiers mots des Inconnus dans la maison, de Simenon, sont Allô! Rogissart?, ce qui conduit à une curiosité: dans l'adaptation de Lautner en 1992, le procureur Rogissart est interprété par Jean-Louis Richard, lequel a aussi joué dans Le dernier métro le collabo Daxiat, figurant clairement Laubreaux, autre personnage des Fidélités successives.

  Au moment où j'écris ceci, le 21 septembre, les tenants de la fin des temps débutant le 23 septembre, selon le signe apocalyptique de la Femme dans le ciel nimbée du Soleil et de 12 étoiles, voient un nouveau signe confortant l'hypothèse, la fusion des ouragans JOSE et MARIA (les parents terrestres de Jésus) prévue pour cette date...
Note du 26 : Finalement, Jose a perdu de sa puissance mais a tout de même influencé la trajectoire de Maria. Le monde semble par ailleurs continuer à tourner, et je me risque à prédire que les évangélistes ne vont pas tarder à trouver une autre proche date pour la fin des temps...

  On se retrouvera a été adapté à la TV en 2015, avec Laëtitia Milot elle-même dans le rôle de Margot. La réalisation en a été confiée à une JB, Joyce Bunuel, mais la loi Evin (et non Sevin) a imposé une autre interprétation de JB (initiales du premier amour de Roland).

  Le retour des initiales FC m'a conduit à lire le premier volet de la Saga maorie de Caryl Férey. J'ai conté dans Queval-Utu comment le palindrome UTU de Robert Rapilly m'avaient conduit au moment de la lecture de Mör à Utu, roman de Férey (Caryl), puis au Ferrocarril de Santa Fives du même Rapilly (tiens, On se retrouvera a été composé par Nord Compo Multimédia, 7 rue de Fives, 59650 Villeneuve-d'Ascq). J'y avais découvert sa grille de 90 lettres au double acrostiche FIVES-LILLE, et à la colonne centrale offrant une anagramme de NOM-PRENOM, comme la grille de 81 lettres de Cyril Epstein; ces 81-90 m'avaient envoyé au personnage ELISABETH LOVENDALE de Leblanc, lequel m'avait fait découvrir le jeu ROMAN AMOR que le roman MÖR de johANA m'avait conduit à transformer en ROM ANA MOR. Le couronnement était la découverte de LOVEN-DALE dans les diagonales de ma grille pandiagonale publiée dans le numéro de Formules où figuraient aussi les premières contributions de Cyril et Robert.

  L'anthropophagie de Mör était alors un point sans résonance immédiate, mais le couple guillotine-cannibalisme dans Temps glaciaires et dans La dévoration change la donne, et le retour à Férey me rappelle que Utu s'achève sur une cérémonie cannibale d'un groupe de Maoris, au milieu de têtes coupées plantées sur des pics. Un personnage essentiel du roman est la MaORie hANA.
  Il y a aussi des scènes de cannibalisme chez les Maoris dans Haka, le premier roman de Férey, et son personnage féminin principal se prénomme Ann. L'autre est Eva White, et le billet Eve & Adam m'a conduit à ces 5 têtes de l'Eve américaine (Evelyn Nesbitt) dans un photomontage de son amant White. Eve White est aussi l'un des Trois visages d'Eve (le livre qui a fait connaître le syndrome des personnalités multiples, évoqué dans Quaternité à propos de L'Adversaire de Queen).
  Dans les deux volets de la saga apparaît le sobriquet Moorie pour Maori. Moor signifie "Maure", et est employé aussi pour tous les teints sombres (cf mörk, "sombre" en islandais), et le nom commun moor signifie "marais", comme ana en celtique. Je n'avais pas encore songé à cette seconde rencontre, après mor signifiant "mère" dans les langues scandinaves, comme ana en turc.

  Têtes coupées... Un thème auquel je pourrais consacrer un billet de Quaternité, avec le décapiteur de The Egyptian Cross Mystery, le Queen qui a suivi les 21-13 chapitres de The Greek Coffin Mystery, avec  le SAINT-GRAAL (= 63/39 = 21/13) découvert un 31 août (ou 21/13 pataphysique) dans Graal, avec les deux parties en 21-13 chapitres de Mon coeur mis à nu qui s'achèvent sur la tête coupée de HARWOOD / LICHT = 84/52 = 21/13 offerte dans un carton à chapeau à son père.

  Je pourrais discerner une structure 21-1-13 dans La dévoration, en forçant un peu, mais en m'appuyant sur les 21 éléments du récit de Trinity entrecoupant les 34 chapitres numérotés "Sylvain" de le première partie des Derniers jours de Paris. En laissant de côté Prologue et Epilogue, les 12 premiers chapitres "Sevin" sont entrecoupés des 9 épisodes "Rogis", avec donc le chapitre 12 consacré à la prise de conscience de Sevin que sa carrière d'écrivain du mal est la conséquence de son sang Rogis.
  Après ces 21 éléments viennent les 9 épisodes "Morimoto" entrecoupés de 5 chapitres "Sevin", 14 donc en tout. Si 21-14 = U-N n'est pas à négliger, 21-1-13 s'obtiendrait en classant à part le premier épisode "Morimoto", Naissance, et 21-13-1 le dernier, Aujourd'hui.
  Après ces deux récits à la première personne vient l'épilogue ou une narration extérieure montre Sevin devenu Rogis aller au Japon pour exécuter Morimoto, avec sa complicité bienveillante.

  Je remarque les 699 ans séparant 1278, l'année où le décès inopiné du bourreau de Rouen a conduit le premier Rogis à le remplacer, de 1977, l'année de la dernière exécution capitale attribuée à Marcel Rogis. 699 c'est 3 fois le 13e Fibonacci, 233, et c'est aussi le nombre de lettres d'un poème que j'avais appris par coeur dans mon adolescence, Ballade à propos de deux ormeaux qu'il avait, de Verlaine (dédiée à un Léon, Léon Vanier).
  Il n'existe plus beaucoup d'ORMes en Europe, victimes de la graphiose qui n'a rien à voir avec une maladie propre à l'écriture. Je pense aussi à la "Coupure de l'Orme", la prétendue scission des Templiers entre une branche exotérique et l'Ormus, autre nom du Prieuré de Sion imaginé par Plantard, lequel soulignait la possibilité de lire les mots OR et OURS, contenus dans le M symbolisant MARIE, sur l'emblème supposé de ce non moins supposé ORMUS.
  MOR, où est ta SIGOR (victoire) ?

  Le plus long saut entre deux épisodes "Rogis" est le premier, de 1278 à 1551, 273 ans, 13x21. Viennent ensuite des sauts de 81 ans, 126, puis 34, 13+21, avant l'instauration de la guillotine en 1792.
  En comptant 2013 comme retour à la besogne des bourreaux Rogis, 36 ans après la dernière exécution de 1977, on obtient un total de 735 ans, 35x21, ou (13+22)x21 que je ne vois pas comment arranger en (13+21+1)x21. Qu'aurait-il pu se passer en 1992 justifiant ce partage?

  Lors de ma première analyse des parutions Mör-Mörk-Mørck de mars dernier, j'avais omis de m'intéresser à la 7e enquête de Carl Mørck effectivement parue en mars, Selfies.
  J'ai relaté plus haut ma découverte du roman islandais Le cheval soleil dans des circonstances ahurissantes (entre autres numéro 4444 de la collection 10-18). J'ai alors pensé à une chanson de Dylan, All the tired horses, dont les uniques paroles se limitent à deux vers, répétés ad libitum par des choeurs,
All the tired horses in the sun
How'm I supposed to get any ridin' done 
  Je n'ai pas jugé opportun d'en parler alors, mais depuis il m'est venu que cette chanson est la première du double album Self Portrait (un terme équivalent récent est Selfie), et que précisément Selfies m'avait fait penser à Bob Dylan, dont le vrai nom est Robert Zimmermann. Le département V y enquête sur la mort de Rigmor Zimmermann (une autre mor, "mère"), et un suspect est un Américain revenu à Copenhague après un exil en Suède. J'ai pensé au prix Nobel de Dylan, difficilement prévisible début 2016 lors de la parution originale de Selfies.

  Parmi les petites choses laissées en cours de route, il me semble encore que la réunion en huis clos de 12 personnes dans Temps glaciaires peut évoquer la Cène et le miracle de la transsubstantiation, le pain de l'Eucharistie se transformant en corps du Christ, Prenez et mangez car ceci est mon corps.
  J'ai commenté ailleurs comment le sang d'Adamsberg permet de ressusciter Violette Retancourt dans la nuit suivant le Vendredi saint 2004. Les mots hébreux adam, "homme", dam, "sang", edom, "rouge", adama, "terre", procèdent d'une même racine. Prenez et transfusez...

  La couverture de La dévoration  étant un détail d'un tableau de Salvador Dali (Rêve provoqué par le vol d'une abeille autour d'une grenade une seconde avant le réveil, 1944), j'ai songé pour le titre à l'anagramme NEOvator Dali.
  Pour l'auteur, sachant que Dali était influencé à cette époque par la section dorée (qui correspond ici horizontalement au nombril du modèle), je proposerais
Nicolas d'Estienne d'Orves
= Nicolas Sevin s'étend, doré
= Nicolas Sevin est Eden d'or
et en songeant à son penchant libidineux
Nicolas Sevin, détendre os.

  Le nombre 273 m'est important pour deux raisons essentielles, le produit 13x21 des deux Fibos qui m'obsèdent, et la gématrie de l'hébreu arba', "quatre". Jung disait ne connaître qu'une relation mathématique, 3+1 = 4, et je remarque que la période de 273 ans de 1278 à 1551 sépare donc les premiers 1278 ans, 3 x 426, de notre ère, des 426 ans où les Rogis resteront les bourreaux officiels de France, de 1551 à 1977.
  J'ai rencontré récemment ce nombre 273, dans un contexte éminemment quaternaire. Un Américain a décidé récemment de mettre en ligne tout un corpus jungien, avec jusqu'à 574 articles postés en mars dernier. Il a donné le 7 mai la réponse de Jung à une carte de Kos de Armin Haemmerli en 1955, où il lui dit se rappeler la date du 4/4/44 où il a été autorisé à s'asseoir sur son lit, tandis que son frère Theodor Haemmerli devait s'aliter pour ne plus se relever.
  J'ai cité la version française de cette lettre ici, mais j'ignorais qu'elle occupait dans l'édition anglaise la page 273 du tome II de la correspondance de Jung.

8.9.17

Un petit jeune homme habitant 18 rue de l'Assomption


  8 septembre 2017, ou 1er absolu 145 du calendrier pataphysique, 144e anniversaire de la naissance de Jarry.

  Je relatais dans le pénultième billet ma vue le 23 août d'une troisième immatriculation 4444, 2052 jours après la seconde, le 10 janvier 2012, elle-même 513 jours après la première, le 15 août 2010, avec 2052 = 4 fois 513, nombre qui m'est significatif.
  Ma découverte du motif 4-1 de la vie de Jung autour du 4/4/44 s'était accompagnée d'un fantastique corollaire: le nombre unitaire du motif, 6272 jours, m'était déjà connu depuis fin 1996. C'est la valeur des 112 mots du sonnet Vocalisations de Perec, réécriture lipogrammatique de Voyelles de Rimbaud.
  Cherchant des harmonies numériques dans des poèmes à forte structure symbolique, j'avais pensé à Voyelles dont Rimbaud proposait une structure AEIU + O, puis à la version de Perec qui devient plutôt AIUO + E manquant, l'E blanc et le premier écho de la valeur 6272 du sonnet fut le 62-72 d'ARSENE LUPIN, le personnage imaginé par Leblanc.
  Puis je vis que 6272 correspondait au produit 4 x 14 x 112, 4 strophes, 14 vers, 112 mots.

  J'y vis d'autres harmonies, engendrant une fascination qui me fit coder le sonnet dans les 14 chapitres du roman publié en 2000, Sous les pans du bizarre.
  Puis le 8 décembre 2006 je réalisai un vieux projet, grâce au Gématron que venait de créer Gef, une anagramme où chaque vers compte 8 mots et la gématrie 448 = 8 fois 56. Par ailleurs, comme l'outil incluait les sections d'or, j'avais aussi marqué les césures d'or entières pour les mots, les pieds, les lettres, et la gématrie.

  Il m'a fallu plus d'un an après ma découverte du 8 septembre 08 pour réaliser que j'étais le 4e anagrammiste à me frotter à Vocalisations. En avril 2001 un challenge du forum Anagrammy avait conduit 3 membres à proposer leurs anagrammes en anglais, l'un à l'échelle du poème entier, l'autre de la strophe, le dernier du vers.
  Ainsi, en comptant l'original de Perec, il existait en principe 5 arrangements des mêmes 497 lettres de valeur 6272, et moi qui avais réalisé le 5e avais découvert les 4+1 fois 6272 jours de la vie de Jung autour du 4/4/44...

  Je remarque pour la première fois que 3 événements essentiels coïncident avec des fêtes mariales importantes, l'anagramme du 8 décembre à l'Immaculée Conception, la découverte du 8 septembre à la Nativité de Marie, la première immatriculation 4444 le 15 août à son Assomption. Conception, naissance, et fin de la vie terrestre...
  Selon le dogme catholique, Marie a été emmenée vivante au ciel par Dieu. C'est analogue aux cas de Enoch et Elie dans l'Ancien Testament, dont les noms en hébreu ont pour valeur 84 et 52, ce que j'ai rapproché de la rencontre de Haemmerli et Jung (mêmes valeurs 84-52 dans notre alphabet) sur un roc flottant dans l'espace, selon une vision de Jung qui l'a conduit à prédire que Haemmerli pourrait mourir à sa place.
  J'ai jusqu'ici privilégié le 8 septembre en tant que Nativité de Jarry, ce 8/9/08 ayant été le premier jour de l'an pataphysique 136 (84+52), mais je dois mettre de côté mon antireligiosité pour constater que les croyances catholiques ont aussi quelque écho avec l'affaire.
  Tiens, les lettres MARIE sont contenues dans HAEMMERLI, et son anagramme MARIE HELM existe en plusieurs exemplaires, en Arizona par exemple. Par ailleurs une auteure allemande se nomme Eve Marie Helm (1933-2015), et il y a Jung dans le sous-titre de ces 555 bouilloires : "Devinettes à double sens du temps de grand-mère pour les vieux et les jeunes (Jung)". Je rappelle que Marie a été considérée comme une nouvelle Eve par la chrétienté.

  Manon Lescaut a été utilisée par Cyril Epstein comme substitut à Marie dans son Ecrire en colonne aux multiples échos à mes préoccupations. Dans la grille associée, la colonne centrale anagramme de PRENOM-NOM croisait avec une rangée centrale anagramme de MARIE-RENN, auteure fictive ayant déjà attiré mon attention. Bien que la dernière colonne de la grille de Cyril soit ANAGRAMME, ces anagrammes étaient involontaires.
  Dans son autre texte publié, Les deux tours dans Théorie-rébellion, Cyril cite la date du 8 septembre 1858, où Mariam Baouardy, égorgée, se voit transportée dans une grotte où une religieuse vêtue en bleu la soigne et la guérit.

  Si je n'étais guère satisfait de mon anagramme de 2006, ayant fait quelques progrès ensuite, j'hésitais à y revenir à cause du motif 4-1, auquel existait cependant un bémol. Les anagrammistes non francophones étaient partis d'une source où manquaient 4 lettres. Leurs anagrammes ont été corrigées ensuite, mais il manquait encore une lettre dans le texte source. Un autre motif 4-1...
  Toujours est-il que je franchis le pas le 24 février 2012, ébloui par l'idée que la seule consonne absente de Vocalisations était W, lettre éminemment perecquienne. J'écrivis donc Consonnantisations, hommage au W absent et aux 20 autres consonnes, avec les mêmes contraintes que pour ma première anagramme, et deux supplémentaires:
- lignes isocèles de 44 espaces typographiques;
- répartition des 16 premières consonnes dans les deux quatrains pour former un carré magique de constante 45.

  J'y reviendrai. Le 15 mai dernier nouvelle anagramme motivée par ceci: il y a 32 façons de décomposer 6 syllabes en mots de 1 à 6 syllabes, ce qui peut conduire à 16 alexandrins comptant chacun 7 mots, 112 mots en tout... J'ai donc procédé à une nouvelle anagramme, en vers isocèles de 39 espaces comptant chacun 7 mots et la gématrie 392 = 7 fois 56, sans me préoccuper des sections dorées.

  Une nouvelle idée m'était venue récemment à l'esprit. Comme 448 c'est 4 + 444 et que le découpage des 497 lettres en 14 vers isocèles de 8 mots privilégie des vers de 44 espaces (avec 21 signes de ponctuation), il était tentant d'avoir des vers commençant tous par D, afin d'actualiser cette lecture 4-444 sur 44 espaces.

  Puis est venue la voiture 4444 du 23 août, magnifiant un motif (1+4) fois 513 jours, avec 513 qui pourrait correspondre au nombre de lettres d'un sonnet, ce qui m'a donné l'envie d'un hommage sous cette forme.
  Il m'a semblé devoir y associer la gématrie 6272, puisque le 4/4/44 répartit la vie de Jung en (4+1) 6272 jours.
  Bref il m'est venu d'utiliser l'idée 4-444 sur 44 espaces, en partant encore des 497 lettres de Vocalisations, de valeur 6272. Comme il difficile de parler des nombres treize et vingt-et-un sans E, et qu'il me fallait trouver 16 lettres supplémentaires pour parvenir à 513, j'ai décidé de convertir en E des lettres du texte source, et je suis parti avec le contingent 490 lettres originelles + 23 E correspondant à la conversion de 1 Y et 6 O.
  Comme les 112 mots de valeur 6272 restaient un impératif, et que 44 fois 14 = 616, excédant de 5 les 611 unités correspondant aux 513 lettres + 98 espaces entre les mots, j'ai décidé d'utiliser pour seule ponctuation les tirets ou apostrophes de mots composés, et mon programme réclamait déjà la double présence de vingt-et-un.

  Je m'y suis mis le 2 septembre, après avoir achevé le précédent billet. La rareté de certaines lettres du contingent originel s'est vite avérée. Un seul Z, alors que je prévoyais 2 treize, 3 G, alors qu'il fallait caser 2 vingt-et-un, bref j'ai vite envisagé de m'accorder quelques licences supplémentaires.
  Mauvaise surprise en passant au Gématron la première version achevée, elle avait 514 lettres, car j'avais utilisé le mot composé aujourd'hui au vers 5, mais l'y avais cependant considéré comme deux mots... Il a fallu modifier pas mal de choses pour ne pas contrevenir aux contraintes annexes, sections dorées, découpage du texte selon les valeurs des Fibos anglais, et le premier résultat correct obtenu, après de nouvelles licences sur les lettres, était si barbare que je comptais le modifier, jusqu'à ce que j'examine sa décomposition en lettres, offrant de telles coïncidences que j'ai laissé le sonnet tel quel.

Déclinons machiavel par cinq un trois un Uit
deux treize vingt-et-un ça fait un doré Truc
doublons un par usage arrangeant ce qui suit
dans la vicinale loi Trois suivant saint luc

doit ravir son ras mix au jobard aujourd'hui
Divin chiot cinq aurait parfait son ovin suc
durci Si certains là voudraient un koan huit
disons ça moins long Puis un compulsif caduc

décida pour lui sans fluxion onc nul lampant
du naissain aux bourbons ne trahira son plan
damné Puis vingt-et-un fixe son rang aux pas

des rois sans abdomens marris dans un miroir
des rifloirs de minuit pour officier le soir
dors mon amour allions la faine aux séquoias


  Les majuscules découpent le texte en sections de 34-34-58-56-42-49-99-141 lettres, correspondant aux valeurs des noms anglais des Fibos 1-1-2-3-5-8-13-21. La présentation perturbe l'adéquation du texte pour les Fibos 1-1-2 (évoquant les 112 mots du texte).
  De même l'exposition débute par 5-1-3 pour évoquer les 513 lettres. J'ai eu recours à l'orthographe UIT en vieux français parce qu'ainsi les 8 noms français des Fibos ont aussi la gématrie 513, mais sans les harmonies de l'anglais exposées ici.
  Les césures d'or surviennent dans les sections consacrées à 5 et 13 (encore 513), après Divin chiot cinq (???) et avant onc nul lampant (ce qu'avait décrété le compulsif caduc pour éviter une répétition de treize interdite par l'absence de Z lorsque j'essayais de respecter au mieux le contingent originel de lettres).

   Voici donc les 497 lettres originelles de Vocalisations, à gauche, et les 513 de Fibonaccisations (pourquoi pas?, et la valeur 159 est la même que Vocalisations), à droite, selon le logiciel Anagram Artist de Mike Keith (l'un des premiers anagrammistes à s'être frotté à Vocalisations).
  Les hasards de la composition ont fait que 26 lettres de V ont disparu pour devenir 42 lettres de F, avec 26/42 = 13/21, non seulement mes Fibos fétiches, mais ceux qui sont au coeur de l'harmonie "513", avec 
1+1+2+3+5+8 = 13x21 (=273)
1x1x2x3x5x8  = 13+21 (=240)
(les nombres soulignés représentent les valeurs des noms des nombres en anglais)
  J'imagine avoir été le premier à découvrir cette propriété des noms anglais des 8 premiers Fibos, en tout cas je n'en ai trouvé nulle trace en ligne, de même que je n'ai trouvé aucune trace du motif de 4+1 fois 6272 jours autour du 4/4/44.

  Le hasard a encore voulu que la valeur des 26 lettres de V, comme bien sûr celle des 42 lettres de F, est 340, un nombre qui m'évoque aussitôt la somme des valeurs des lettres de rangs 13 et 21 dans l'alphabet numéral hébreu, M = 40 et S = 300, qui forment ensemble le mot SM, "nom".
  J'indiquais dans le pénultième billet que le nombre 340 s'écrirait en base "quaternaire" 4444 (4x43 + 4x42 + 4x42 + 4x40 ).
  Les 2 séries de lettres différentes de V et F sont donc 68 lettres de valeur 680, qui peut se factoriser en 20 x 34, ou (1+1+2+3+5+8) x (13+21).

  Le détail donne 2A-10O-3I-1Y-1N-5R-2L-1F-1B de V, devenues
26E-4T-1S-1H-1M-3C-3G-1P-2V dans F.
  Les 42 lettres se décomposent en 26 E et 16 autres, 26/16 = 13/8 Fibo.
  Ces 26 E ont pour valeur 130, les 16 autres 210, 130/210 = 13/21 Fibo.
  La lettre la plus abondamment ajoutée est ensuite T, avec 4 T de valeur 80 permettant encore une répartition Fibo 130-80-130.

  Je remarque les 8 lettres dont le compte reste inchangé de V à F, UDWKXJQZ, dont la somme des valeurs est 136, représentant en tout 82 lettres de valeur 1309. Je note pour l'instant 136 m'évoquant  l'an pataphysique 136 dont le premier jour a été celui de ma découverte à propos de l'échange JUNG-HAEMMERLI (52+84=136). 136 est aussi la somme des 16 premiers nombres, alors que ces lettres sont les seules dont les contingents n'ont pas été modifiés par l'ajout de 16 lettres à l'original de Vocalisations.

  Je passe sur d'autres comptes qui ne me semblent guère significatifs (pour l'instant) pour en venir à une autre fabuleuse harmonie.
  Pour les césures d'or des 513 lettres, je m'étais borné à calculer qu'elles tomberaient après les 196e et 317e lettres du sonnet, sans réaliser qu'elles déterminaient un partage 196-121-196, soit 142-112-142, or j'ai déjà eu plusieurs fois affaire à ce rapport d'or entre deux carrés, dont une conséquence est que 14/11 est une bonne approximation de √φ (1.272...)

  Le fabuleux ici est que j'ai précisément rencontré ces carrés 121 et 196 dans Consonnantisations, ma seconde anagramme de Vocalisations, après son écriture, sans calcul préalable donc, et dans des conditions très similaires. Revoici ce sonnet, aussi en vers de 44 espaces, cette fois en utilisant la police Liberation Mono, plus attrayante que Courier New.

T voilà transfixions quand D damans nandous,
M maux Nanon nonnain, H aux laquais vaudous,
K coquin au blouson, G faisait croupion pur,
J jour Carl disparu Q soudain pris d'Arthur,

L lourdaud irlandais au P plain du voussoir,
C cours induit. N nord dur nobliau saouloir,
B blanc dit noircissant R roux lors infinis,
S soins pour clinicat, F foison aux choisis,

V vibrant un vassal forfait. Toi mi-moirant,
moirant l'ourson Armin d'un amaigri courant,
l'ouubli, n'ouïra-t-il ta consonnantisation?

X chiasma non moisi d'un froussard mordicus,
Y faillait un six, vrai flicard trois sinus,
Z soupir d'un poignard racial par incursion.

  Les césures d'or étaient respectées ici aussi à tous les niveaux, mais pour 497 lettres elles partageaient le sonnet en 190-117-190. Puisque j'avais choisi de décliner les consonnes, à ce partage correspondait TDMHKGJQLPC-NBRSFV-(W)XYZ, ou selon la gématrie 121-81-75 (sans compter W non nommé).
  112 (en 11 lettres) + 75 = 196, 142 (en 14 lettres) encadrant 81, 92, et dans les mêmes conditions les deux fois 196 lettres de Fibonaccisations, 142, encadrent 112 lettres.
  Tiens en écrivant ces nombres en toutes lettres,
QUATORZE = 123 et ONZE = 60,
1232 + 602 + 1232 = 33858 = 513 x 66,
bel écho à  142 + 112 + 142 = 513.

  J'ai eu la curiosité de calculer le nombre de lettres des divers avatars de Vocalisations dus à Perec et à moi-même, soit 497x4 + 513 = 2501, un nombre qui m'a aussitôt rappelé quelque chose.
  Encore une immatriculation allemande. Le 22 avril 2012, passant lors d'une balade par Beynes, minuscule village sis sur un éperon rocheux au-dessus de Mézel, j'ai vu sur le parking cette Mercedes:
  C'était plutôt curieux car je n'ai jamais vu d'autre immatriculation RE MI, en provenance de la ville de Recklinghausen (en Rhénanie, 115000 habitants); le parking de Beynes n'accueille pas plus d'une dizaine de voitures; par suite d'un bug quelconque, l'annuaire du 04 m'a domicilié à Beynes pendant une dizaine d'années, de l'obtention de notre ligne ADSL jusqu'à notre déménagement. Voici la totalité des abonnés de la commune sur l'annuaire de 2015 (page 21):

  Je n'avais pas jugé pertinent de partager sur Quaternité cette coïncidence, semblant alors uniquement personnelle. J'ai en revanche évoqué ici deux autres rencontres d'immatriculations allemandes livrant des prénoms dans un contexte significatif, en 1994 et 2007.

  La possible signification de 2501 aujourd'hui me conduit à étudier ce nombre et découvrir qu'il s'agit d'un nombre pentagonal, alors que les 2501 lettres correspondent aux 5 avatars de Vocalisations, l'original de Perec et mes 4 réécritures (ou encore mes 5 REécritures MIrobolantes, puisque la version que j'avais codée dans mon roman anagrammatisait deux mots).
  C'est de plus le 41e nombre pentagonal, que je suis tenté de scinder en 4-1.

  La présente réécriture a pour origine l'immatriculation OD ** 4444, de bad OlDesloe, 2052 jours après ŠI 4444 **, de ŠIbenik. Je remarquais la possibilité de faire SI DO avec ces indicatifs de provenance, et il devient sidérant de pouvoir continuer la gamme dans un contexte si doré (de plus SI/REMI = 28/45 est doré).

  La voiture RE MI 2501 est survenue 103 jours après ŠI 4444 ZV, que je rapprochais dans ce billet de ma décision de consacrer les SIx derniers vers de Consonnantisations aux consonnes V à Z.
  103 jours... Mes recherches sur NOM-PRENOM, évoquées plus haut, m'ont conduit à leurs valeurs 42-81, somme 123, et aux deux nombres français inférieurs à 1000 dont le nom a pour valeur 123. Il s'agit de
QUATORZE qui se répartit selon voyelles consonnes en
UAOE - QTRZ = 42 - 81, et
CENT - TROIS = 42 - 81.
  Donc 103 jours après ŠI 4444 ZV, j'étais confronté à mon propre PRENOM à Beynes, et je relatais dans ce même billet que 42 jours après ŠI 4444 ZV, je rencontrais exactement dans les mêmes conditions, au carrefour de la D907 et de la RN85, un NOM que je recherchais depuis longtemps dans les nouvelles immatriculations françaises, BA-CH, curieux du nombre qui serait associé à la première occurrence.  J'avais été comblé par ce 24, nombre que s'était attribué le maître des 24 tonalités sur l'arbre généalogique de sa famille. Maintenant je remarque que l'apparition de ce NOM 42 jours après ŠI 4444 induit un partage 42-471 des 513 jours entre SI 4444 et OD 4444, de même que Fibonaccisations se répartit en 471 lettres originales de Vocalisations, et 42 nouvelles lettres. 42 est en outre la valeur de FIVE, dont les 42 lettres sont coupées en QUATORZE et 28 par la césure après Divin chiot cinq.
  Les 5 premiers Fibos ONE-ONE-TWO-THREE-FIVE totalisent la valeur 224, les 3 autres 289, carré de 17.
  112-224-448... Phrère Laurent a vu que le 22/4 d'une année normale est le 112e jour d'une année normale. En 2012 année bissextile le 22/4 de RE MI 2051 était le 113e jour, mais il y a une résonance troublante avec mes billets 112 et 113, le premier étant Consonnantisations, du 24/2, où pas par hasard je donnais ma nouvelle anagramme en 112 mots.
  Le billet 113 publié le lendemain était Carrés à sacrer, continuation des commentaires sur le sonnet de la veille, et présentation des voitures SI 4444 et BA-024-CH.
  Le nombre 14, valeur de BACH, semble jouer un rôle essentiel dans sa musique, de même que les notes correspondant à son nom, où notamment C et H sont DO et SI...
 
  Je crois sage d'arrêter ici les développements numériques, déjà vertigineux.
  Il reste à expliciter le titre. Je pensais avoir déjà évoqué, mais je n'en trouve pas trace, le roman Goupi-Mains Rouges à Paris, de Pierre Véry (1949), où une bonne à tout faire est demandée au 18, rue de l'Assomption. Parmi les occupants figure un jeune monsieur de 13 ans, ce dont s'inquiète la bonne, or il y avait au 18 rue de l'Assomption en 1949 un gars de 13 ans qui se nommait Georges Perec...
  Ce n'est sans doute pas par hasard que Véry a choisi cette adresse, car il y habitait aussi Christian-Jaque, lequel avait notamment adapté Les disparus de Saint-Agil.
  Bref mon titre a pour valeur 513, et le mot ASSOMPTION qui l'achève a pour valeur 141, de même que TWENTY-ONE correspondant aux 141 dernières lettres de Fibonaccisations.
  J'ai achevé le sonnet le 3 septembre, 181e anniversaire de la naissance de Hugo Vernier, le personnage du Voyage d'hiver de Perec, qui a probablement travesti sa naissance le SEPT 3 1936 en 3 SEPTembre 1836.

2.9.17

éberluant anniversaire


 Bientôt le 8/9/17, 9e anniversaire de ma découverte du 8/9/08, le motif de 4+1 fois 6272 jours de la vie de Jung axé sur le 4/4/44, l'une des rares dates données dans ses mémoires, celle où il imagine devoir sa guérison à la mort de son soigneur (plutôt docteur, mais j'adore l'anagramme).

  Çoeur dp m'informa récemment que, dans le numéro du 22 juillet de M, le magazine du Monde fourni avec le numéro du samedi, un article sur Jean-Pierre Melville parlait de son obsession du temps, avec pour exemple le premier plan du film Le Samouraï, où un sous-titre annonce : " Samedi 4 avril, 6 heures du soir".

  Il y a un autre film dont le premier plan commence un 4 avril, le 4 avril 1984, le film 1984 de 1984, où de plus la scène est tournée le 4 avril 1984, date déjà présente dans le premier chapitre du roman. Le réalisateur Michael Bradford a tenté de respecter les précisions temporelles données dans le roman écrit en 1948.

  Le Samouraï est sorti en 1967, et je me suis demandé quel était le premier samedi 4 avril antérieur à 1967, et c'était en 1964, dans la semaine qui a suivi Pâques, cette année là le 29 mars.
  Je m'étais précisément demandé en découvrant le 4 avril de 1984 s'il ne se serait pas passé le 4 avril 1964 quelque chose pouvant faire écho à mes préoccupations, car c'est le 4 avril 2004 que j'ai découvert le schématisme du 4/4/44, et il manquait donc un 4 avril 64 pour avoir une tétrade de 4/4/xxx4 tous les 20 ans.
  Il y avait bien Et le huitième jour... de Queen, paru en 1964 et se passant pendant la semaine sainte de 1944, avec un chapitre intitulé Mardi 4 avril, mais c'est plutôt insuffisant pour décréter que Queen (ici Dannay et Sturgeon) aurait pu concevoir ou écrire le chapitre le 4 avril 64.

  Que ce 4/4 soit le SAMedi du SAMouraï est par ailleurs devenu récemment important, avec le motif des lettres hébraïques SAM développé notamment dans le billet Sam en Beth.
  C'est de plus un Samuel (Blumenfeld) qui est l'auteur de l'article de M de juillet dernier. On en trouve le texte ici, avec d'intéressants détails. Melville a écrit le scénario au début des années 60, avec dès le départ l'idée que seul Delon pourrait incarner le personnage. Il est allé chez l'acteur début 66 pour lui lire le scénario. Delon a tout de suite été emballé, et a demandé le titre du film. Lorsque Melville lui révèle Le Samouraï, Delon le conduit dans sa chambre, décorée de trois objets, une lance, un sabre, et un poignard de samouraï.

  Les dates de JP Melville sont aussi pour moi des anniversaires. Jean-Pierre Grumbach est né le 20 octobre 1917, soit 12 ans après la naissance de Daniel Nathan, alias Frederic Dannay, lequel a selon moi codé cette date dans diverses aventures d'Ellery Queen. Dannay a aussi cité Rimbaud, né un autre 20 octobre (1854).
  Melville est mort le 2 août 1973, et l'un des esprits avec lequel je me suis senti le plus d'affinités est un autre Jean-Pierre, Le Goff, né à Douarnenez le 2 août 1942, sous le signe du Lion (l'un des petits rôles de Melville en tant qu'acteur a été dans Le signe du Lion, de Rohmer).

  J'avais pensé à JPLG en regardant Le Samouraï, dont un passage marquant est la filature dans le métro, se passant principalement dans les stations Place des Fêtes et Télégraphe, près de la dernière demeure parisienne de JPLG, 9 rue Arthur-Rozier. J'ai relaté ici une autre coïncidence cinoche avec le film Tristan, où Tristan habite ce 9 rue Arthur-Rozier, alors que JPLG est né en face de l'île Tristan.

  Une coïncidence très récente est associée à JPLG, que j'ai cité dans le billet Un Ricard, ou le Jean, à propos de sa fille Alice, habitant Châteauroux. Une nouvelle recherche effectuée alors m'a appris que JPLG avait depuis peu sa fiche Wikipédia. La recherche m'a fait passer par le site d'Etienne Cornevin, professeur de Châteauroux que j'avais rencontré via JPLG, et constater que ce site n'était plus actualisé depuis avril 2016.
  C'était inquiétant, et j'ai songé à demander des nouvelles à un ami commun, Bruno Duval, mais deux jours plus tard, le 17 août, une notification du groupe FB Synchronicity, dont je fais partie depuis quelques mois, signalait l'admission d'un second membre français, Patrick Bléron, de Châteauroux. Je lui ai aussi souhaité la bienvenue, en glissant une allusion à Etienne, au cas où...
  ...et effectivement Patrick avait connu Etienne, qu'il avait rencontré quelques mois avant sa mort, le 2 mai 2016.

  C'est attristant d'apprendre la mort de quelqu'un qu'on a connu, surtout si ce quelqu'un est plus jeune que soi. En fait, Etienne n'était pas tellement plus jeune, puisqu'il est le 26 juillet 1950, 20 jours après moi, mais j'ai conservé le souvenir de ce qu'il était en 2007, lors de notre rencontre, et omis de le faire vieillir.
  Sa date de naissance m'est doublement évocatrice. Ce 26/7/50 était le 75e anniversaire de Jung, et c'est à l'occasion de ses 75 ans qu'il a sculpté la pierre de Bollingen, en commémoration de sa guérison de 44.

  Par ailleurs mon intuition sur l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44 est liée, de quelque façon que ce soit, à une erreur dans la traduction française d'un roman de Morris West, Un monde transparent. Juste avant qu'il me vienne cette intuition, je me suis réveillé avec la réminiscence que, dans ce roman lu 25 ans plus tôt, il était attribué à Jung le même jour de naissance que moi, le 6 juillet, ce qui m'avait ravi avant que je n'apprisse que c'était faux.  Ainsi j'ai de bonnes raisons de m'intéresser à cette date du 26/7/50.

  Patrick Bléron et moi avons échangé quelques posts sur son blog, Alluvions, d'une grande richesse, et j'aurais certainement à y revenir. Je lui ai fait part de ces dates, il m'a signalé que dans un de ses derniers courriers, reçu le 3/3/16, 60 jours avant sa mort, Etienne lui citait un poème de Michel Seuphor, extrait de Solfège, un brin prémonitoire:
J’aurai jeudi prochain
cent vingt-deux ans.
J’ai dix-sept jours
encore à vivre
à vivre encore
dans le bonheur
de chaque instant.
  En reprenant ce que j'avais écrit à propos d'Etienne, je me suis avisé que notre seule rencontre avait eu lieu le 2 mai 2007, exactement 9 ans avant sa mort. C'était lors d'une journée littéraire à Saint-Denis, où j'ai rencontré Benoît Virot, pour lequel j'avais écrit diverses choses, dont le schizonnet La décidabilité d'un îlet, dans le cadre d'un projet de disparution du nouveau roman de Houellebecq, noyé parmi une flopée de titres analogues.

  C'était ma première tentative de ce type, avec les blancs dans le carré permettant de caser un sonnet okapi de 365 lettres dans une grille 21x21.
  L'un des invités de marque de la journée du 2 mai était Jean-Marc Scanreigh, venu présenter les livres qu'il fabrique artisanalement. Le titre d'un de ces livres, Ça se matérialise si je ne m'abuse, me frappa plus tard, en scrutant le catalogue qu'il m'avait offert. Le texte était de Françoise Biver, sa compagne, et comme une femme rayonnante était souvent en train de parler avec lui, j'en ai déduit ensuite qu'il s'agissait de Françoise Biver.
  Bref, le titre et la femme rayonnante m'ont inspiré mon second schizonnet de cette forme, Ça se latéralise si je ne m'abuse, et je l'ai envoyé à Scanreigh qui m'a répondu que Biver ne participait pas à la journée, et que la femme que j'avais remarquée était probablement Arlette, la femme d'Etienne...
  J'ai signalé à Patrick Bléron ce billet, et il m'a répondu que Seuphor avait expérimenté à partir de 1951 le dessin à lacunes, où des formes, qui sont parfois des lettres, apparaissent en tant que vides laissés sur le papier par des lignes interrompues. Ceci était assez proche des formes laissées par l'absence de lettres dans mes grilles de schizonnets.
  Par ailleurs je mentionnais dans ce billet le nom Michel Sérouf, personnage d'un projet de roman, forgé à partir de mon nom, le serouf ou seruf désignant l'anagramme en hébreu. Or, pour peu qu'on change f en ph, ou l'inverse, SEROUF et SEUPHOR sont des anagrammes exactes, et l'artiste a choisi son pseudo pour l'anagramme d'ORPHEUS...

  Vertige absolu, que j'ai tenté de célébrer avec une récriture du poème fétiche de la liste Oulipo, El Desdichado, où Orphée est cité. Voici :

je suis inconsolé lorsque l'on me cloisonne
avec lui dont la tiare est depuis peu tarie
si nous nous éprenons d'une triple personne
quand nous pensons aimer cette unique Marie

et ceux qui caneront valent que ça cartonne
quand leur double idéel discourt à la Délie
mais faut-il s'abonner au cul de la baronne
si le Pampers qu'on aille à la rose s'allie

j'aime les spins fendeurs et Diane Dufresne
car la reine Artémis avait rêvé ses maîtres
en leur antre ternaire où j'espère renaître

j'ai traversé l'Enfer en rempotant le frêne
matriçant par sérouph sur l'orgue d'Orphéus
les écrits de Seuphor pour récits d'Ephorus

  Le mot à la rime est l'anagramme du mot à l'hémistiche dans chaque vers. Une de mes premières contributions à la liste Oulipo, le 15/2/2002, était un Desdi où le mot à la rime était le rot-13 du mot à l'hémistiche (mais ce sonnet n'était pas en vers isocèles).
  En cherchant "serouph" "orpheus", l'une des deux seules réponses provenait d'un site déjà rencontré à propos de Cassiel, donnant les 2520 anagrammes de 7 lettres proposées. Le mot proposé ici était EPHORUS. J'ai appris qu'il s'agissait d'un historien grec du 4e siècle avant JC, ou plus récemment d'un logiciel détectant les plagiats...
 
  Le frêne/enfer est choisi avec en arrière-pensée la fin de House of Leaves. Ce doit être réellement ardu de rempoter Yggdrasil.

  Une première version du sonnet était un peu plus sage, mais lorsque je l'ai passée au Gématron et découvert que la petite césure d'or de sa valeur proche de 5900 la répartissait exactement en 5-9 vers, j'ai cru devoir procéder à de petits ajustements pour parvenir à ce séduisant équilibre (2254-3646), et c'est ainsi que les "preux fendeurs" sont devenus des "spins fendeurs".

  Je m'étais émerveillé d'avoir pour dernier vers "vertical" de Ça se latéralise si je ne m'abuse ceci:
désuni, l’épuré sature le semis.
parce que c'est du verbe "épurer", çrp, tsaraph, que vient le tsérouph, les jeux kabbalistiques sur les lettres, alors que le renversement de çrp est prç, perets, "brisure", le nom d'un des jumeaux de Tamar, et le nom originel de la famille de Perec, spécialiste du tsérouph.
  J'avais cherché si le renversement du nom de son jumeau, Zérach, zrh, "briller", avait un sens, mais hzr n'existe pas en hébreu biblique. Ce n'est que bien plus tard, à l'occasion de la fabuleuse coïncidence Zérach, que j'ai découvert que hzr existe en hébreu non biblique, et signifie "rimer" (d'où l'élection de Perets au détriment de Zérach pourrait s'interpréter comme une préférence divine pour la poésie contrainte versus la poésie traditionnelle).
  Ce n'est qu'aujourd'hui, à l'occasion de ces retours en arrière, que je peux m'émerveiller que les deux premiers vers de la lecture horizontale sont:
ça se lit érigé, ça se lit en abîme…
sur un élu tamis ami s’unit à rime.
  Je remarque particulièrement ce dessin de Seuphor
qui me rappelle que dans le billet dont la préparation m'avait conduit à constater l'arrêt des interventions d'Etienne sur son site, il était question des mots araméens ana et ata, "je" et "tu". Les multiples JE et TU du dessin amènent la possibilité d'un IL unique, peu visible à première approche.
  C'est encore étourdissant de songer que, dans mon premier schizonnet évoqué plus haut, La décidabilité d'un îlet, le mot ILE apparaît en clair et en grand sur la version imprimée.

  Ce billet est le 233e de Quaternité, 233 13e terme de la suite de Fibonacci, dont le terme précédent est 144, carré de 12, seul carré non trivial (1) de la suite, renversement de 441, carré de 21, nombre de cases des grilles de mes deux schizonnets.
  Recherchant le 144e billet de Quaternité, je vois que c'est 223 322, publié le 23/3/2012, et qu'il y est question du nombre 144. J'y commentais l'épisode de Touch vu le matin même (auquel j'ai fait allusion dans le précédent billet), mais je ne sais si j'étais alors conscient d'écrire mon 144e billet, en tout cas je n'en parle pas, ni de l'écho avec le 23/3, concaténable en 233. L'épisode montrait une page d'un livre, fabriqué pour l'occasion, donnant les nombres de Fibonacci, et j'y remarquais le 144e, débutant par 5555. J'ai vu ensuite que, parce que le nombre d'or à la puissance 67 est très proche de 1014 (le billet précédent me conduisait au nombre clé 67 d'un épisode de Touch), on retrouvait très souvent les mêmes chiffres débutant les Fibos à 67 rangs d'écart.

  En tout cas il y a des 144 et 233 associés à ce 233e billet, dernier de l'an pataphysique 144 (c'est le 8/9, que je lis volontiers 89, 11e Fibo, que nous passerons à l'an 145).
  J'ai trouvé le titre de ce billet
éberluant anniversaire = 233 ("ahurissant" convenait aussi)
avant de voir que
Patrick Bléron = 144,
Patrick sans lequel une bonne partie de ce billet n'aurait pu voir le jour.
  Je ne sais quel jour il est né, mais je décrète que son
anniversaire officieux = 233
est le 8/9, le 14/4, ou le 23/3...
  Je remarque enfin que son nom compte 13 lettres, et mes deux expressions de valeur 233 21 lettres chacune. Voir mon billet 21-13 colligeant plus de 120 cas...