5.5.20

révolutions miniatures



  Le 17 mars dernier, premier jour du confinement, je me consacrais au dénombrement des mots de Révélations minuscules, dont certains résultats sont exposés dans le billet précédent.  Tâche harassante, que j'abandonnais facilement pour feuilleter le livre, ce qui m'a fait réexaminer la nouvelle L'enlèvement, récriture de Gravitation dans le recueil original de 1971, avec beaucoup plus de modifications que dans les autres nouvelles.

  C'est la seule dont le titre a été changé, et doublement. Une facette du texte se comprend mieux dans cette ultime version: un voyageur lit une revue dans une rame de métro. Trois stations sont nommées dans L'enlèvement, Ranelagh et République, ce qui permet d'identifier la ligne 9, puis Saint Exupéry, inconnue au bataillon (mais Saint-Ambroise est la seconde station après République sur la ligne 9). Ceci peut souligner le nombre 9 des nouvelles, le mot "nouvelle" convenant à ce qui fait "neuf", comme il est dit dans la préface.

  Dans la nouvelle Gravitation, le voyageur lit Gravitation dans sa revue, et dans la récriture il s'agit bien sûr de L'enlèvement, mais avec une finesse supplémentaire. C'est page 185 du recueil qu'il apparaît ceci:
De plus, en remontant les yeux sur le feuillet au plus haut de l'histoire, il constate que le titre courant n'est plus, comme il le fut de page en page, jusqu'ici, L'ELEVE MENT, mais bien, tout simplement, L'ENLEVEMENT.
  Or, le lecteur du recueil constate que, si le titre au haut de cette page 185 est bien L'enlèvement, et celui de la page précédente, en vis-à-vis, L'élève ment, ce n'est qu'à la page 184 que cette forme du titre apparaît, tandis que toutes les autres pages affichent L'enlèvement.
  Je l'avais remarqué lors de ma première approche, rapide, de cette récriture, mais je n'avais pas alors eu la curiosité de dénombrer les pages occupées par la nouvelle, ni de déterminer à quel rang se trouvait l'anomalie.
  L'enlèvement occupe les pages 171 à 188, soit 18 pages, et la page 184 où le titre devient L'élève ment est la 14e page parmi ces 18.

  Ceci m'est monumentalement significatif.

  Je suis revenu à maintes reprises sur ma découverte d'octobre 1996, lors de la lecture d'une nouvelle de Leblanc, où Elisabeth Lovendale cherche la 14e lettre d'amour du roi George, contenue dans la reliure du tome 14 d'une édition en 18 volumes des romans épistolaires de Richardson.
  La lettre 14 est N, "haine".
  Les autres lettres sont contenues dans les tomes 1 à 13, 15 à 18, A-M, O-R, "amour" en occitan, la langue où est né le ROMAN, N+AMOR.
  Le nom de l'Anglaise qui cherche la 14e lettre a 18 lettres, de même valeur 171 que les 18 lettres de A à R, et la seule lettre à sa place est le N. Ce N de LoveNdale est précédé par LOVE, "amour" en anglais, et N+LOVE permet de former NOVEL, "roman" en anglais.
  Dans les 18 pages de L'enlèvement, c'est à la 14e page qu'est "enlevé" du titre un N, 14e lettre. Il me semble que si j'étais tombé sur cette Nouvelle avec le sentiment que sa pagination était intentionnelle, et ce fait pourrait en être un indice, j'aurais pu arriver au même résultat qu'avec La lettre d'amour du roi George.
  Or, précisément, dans cette nouvelle édition de Révolutions minuscules, Ricardou a calibré la préface afin que sa page 99 tombe à un endroit précis, afin qu'une phrase ayant pour 99e mot central "centre" tombe page 99, en hommage à la première parution d'une des nouvelles dans le n° 99 de la NRF (qu'il transforme en Nouvelle Révolution Française).
  Et, justement, dans cette page 99 reprenant une phrase de la page 47, apparaît une construction, forgée d'après le logo de l'éditeur, où j'ai vu les lettres "roman novel" pouvoir s'inscrire dans ce rectangle que j'ai encadré de rouge (la page 47 est reproduite dans le précédent billet).

  Je profite de cette Nouvelle Révolution pour rappeler que, dans Letters de John Barth (1979), il est projeté l'écriture d'un roman par un ordinateur, un roman appelé RN, pour Revolutionary Novel. La table organisant la distribution des lettres est d'une ingéniosité rappelant Ricardou, offrant des similitudes patentes avec la table des chapitres des Lieux-dits, dont l'ordre alphabétique. L'avant-dernière lettre se borne à un acrostiche issu d'un recueil de bénédictions de mariage du 16e siècle, de A à Z, mais la lettre N en est étrangement absente.

  Je pense que l'apparition ci-dessus de "roman novel" découle de l'utilisation du logo "Les impressions nouvelles", détourné en "Les romances nouvelles", sans qu'il ait été perçu le jeu entre les mots NOVEL et ROMAN. Je pense aussi que Ricardou a demandé l'enlèvement d'un N dans l'en-tête de sa nouvelle à la page précédant le commentaire sur cet enlèvement, sans être conscient que ceci se ferait à la 14e page.

  Il y a d'autres éléments qui pourraient appuyer l'intentionnalité, comme la mention dans L'enlèvement (et Gravitation) du roman américain La ville, de Faulkner, dans des conditions peu claires (il est difficile de déterminer si ce roman est dans les mains du voyageur qui lit la revue, où figure une grille de mots croisés où apparaît SNOPES, le nom de personnages de Faulkner).
  Je me suis procuré La ville, mais un survol rapide ne m'a pas apporté de piste. Je remarque au moins qu'il s'agit d'un roman anglo-saxon, a novel, et que la nouvelle de Leblanc faisait référence aux romans épistolaires de Richardson.
  Il est souvent fait allusion à Richardson dans le roman épistolaire de John Barth, Richardson qui avait annoncé au 18e siècle la mort du roman. Il fallait donc inventer un "nouveau roman".

  Il y a encore la page 171 où débute L'enlèvement, 171 valeur des 18 lettres ELISABETH LOVENDALE ou des 18 premiers nombres ou lettres, ce qui m'avait mené au jeu NOVEL ROMAN. Il aurait pu être plus significatif que ce soit la 18e et dernière page qui soit foliotée 171, mais il n'est pas indifférent que la table des matières envoie à cette page 171.

  Un exemple de la complexité ricardolienne est l'apparition du mot tserouf dans Gravitation, à partir des chevilles d'une grille de mots croisés de la revue:
  Sans doute pourrait-on pousser plus loin les investigations. Il ne serait point trop malaisé, notamment, de partir des trois groupes OU, ER, et TSF et de retrouver une combinaison de leurs lettres telle que le vocable hébreu TSEROUF soit figuré.
  La signification de tserouf n'est pas donnée, et je ne vois pas où un lecteur lambda de 1964, date de la première parution de la nouvelle, ou de 1971, date de publication du recueil, aurait pu la trouver. Le mot n'apparaît pas dans la Bible, il dérive du verbe tsaraf, "purifier", et les dictionnaires d'hébreu moderne donnent pour le substantif tserouf les sens "affinage", "réunion", mais il m'a paru évident que Ricardou l'employait dans son sens cabalistique, qu'on peut trouver aujourd'hui en ligne:
צרוף [tserouf] : 1° technique d'anagramme au sens strict (un mot donne un mot)
  Je n'avais aucune idée d'où Ricardou avait pu tirer ce vocable, lequel n'apparaît pas dans les livres disponibles alors en français sur la cabale, à ma connaissance.
  La nouvelle était dédiée à Ursula Sephira, nom improbable car les sephirot, pluriel de sephira, sont un autre concept cabalistique, associées à un diagramme, l'arbre des sefirot, offrant une certaine ressemblance, soulignée ici, avec le tracé de la marelle, or l'essentiel de la nouvelle est consacré à une fillette jouant à la marelle, le lien avec le voyageur dans le métro étant peu clair.

  J'avais développé ici l'idée que Ricardou avait exploité cette ressemblance dans sa nouvelle, en utilisant également la ressemblance entre les mots tserouf et sefira, issus des racines tsaraf, "purifier" et sefer, "compter" aussi bien que "conter", "écrire", s'écrivant en hébreu par 3 lettres, translitérées ÇRP et SPR, les lettres Ç et S étant aisément interchangeables en hébreu, souvent transcrites par le même son (on trouve aussi l'orthographe seruf).
  J'avais d'autres arguments, dont une immatriculation 3526 RA 69, dont j'avais transformé les éléments 35-69-RA en les syllabes CE-FI-RA.

  Cette immatriculation a disparu de la récriture de 1988, de même que le vocable tserouf, mais d'autres références cabalistiques y apparaissent. Ainsi la nouvelle porte maintenant en exergue
Pour Ursula Sephira,
ce texte qui par rigueur l'exige.
  Dans Gravitation, il s'agissait de ce texte qui de lui-même l'exige, et le mot "rigueur" ajouté est le nom de la 5e des 10 sefirot, la sefira Gevoura.
  Par ailleurs, page 178, il est question des "cabalistiques directives intrinsèques à ce jeu" (la marelle), ce qui est plus explicite que l'abscons tserouf.

  Ricardou avait connu une Juive prénommée Ursula, érudite en cabale, et lui-même s'y était intéressé.
    Sa signature, JR schématisé, représente une patte d'oiseau, or l'hébreu ÇRWP (צרוף), tserouf, "anagramme", est l'exacte anagramme de ÇPWR (צפור), tsippor, "oiseau" (la différence פ-ף vient de ce que certaines lettres ont une forme différente à la fin d'un mot).
  C'est presque immédiat pour un hébraïsant, encore plus pour un cabaliste astreint à décortiquer toutes les composantes d'un mot, d'où j'imagine qu'Ursula a pu en informer Ricardou.

  Comme souvent avec lui, il y a quelque peu davantage. Les personnages de la Bible ont souvent pour noms des substantifs, et il y a ainsi un Tsippor, "oiseau". Plus connue est Tsippora, la femme de Moïse, odorante oiselle.
  Mais les noms propres bibliques ont été longtemps assujettis aux transcriptions de la Vulgate, et c'est ainsi que Tsippor et Tsippora sont devenus Sephor et Sephora dans la plupart des traductions ultérieures.
  Ricardou évoque à maintes reprises sa signature dans la préface, la triple fourche empreinte de l'oiseau, du porte-plume (l'écrivain), par exemple dans la phrase de la page 47 reprise page 99 (celle avec Les romances nouvelles), mais aussi dans ces phrases des pages 42 et 45:
Me trompé-je, donc, à présent, et je regrette, même, de ne point l'avoir plutôt quelque part souligné, si j'observe que l'oiseau, après tout, dissimulé j'en conviens par les outrances de son vol, n'est jamais qu'une superlative occurrence du porte-plume ?
En effet, si l'on accepte, pourquoi non, de l'initiale fourche triple, qu'elle est la juste empreinte du porte-plume, nul doute alors, ayant dès le début saisi sans détour à quel point la sphérophilie était un pur prétexte en l'affaire, que Paulhan (il faut espérer, et le mieux, d'un écrivain voué aux minuties) avait anticipé une experte réponse en sachant disposer lui-même, avec une millimétrique rigueur, les quatre siliceux scrupules sur ses propres lèvres, sous couvert de baiser, au sol, le substitutif rond de Fanny, l'on s'en souvient, selon le clandestin rite occitan.
  C'est moi qui ai souligné deux mots symétriques dans la première phrase, exprimant peut-être l'idée connue qu'il faut cacher pour mieux révéler.
  La seconde phrase a tout juste 100 mots, alors que la phrase de la page 47 a 200 mots, avec pour mots centraux "(100) juste centre (100)". Lors de ses commentaires ultérieurs, Ricardou observe page 100 que "centre" se chamarre avec les lettres du mot "sans" (pour "cent"), et il n'est pas exclu que, dans la phrase ci-dessus en CENT mots, "SANS détour" soit intentionnellement symétrique de "MILLimétrique rigueur". Quant aux deux mots du milieu, ce sont "le mieux", limieu, melieux?
  L'expression "initiale fourche triple", désignant la signature de Ricardou, est symétrique de "rond de Fanny", la représentation du séant d'une demoiselle dénudée qu'un joueur de pétanque ayant un score nul doit traditionnellement embrasser. Paulhan aurait ainsi dû baiser un rond substitutif tracé au sol, et se serait relevé avec trois grains de sable sur la lèvre supérieure, et un grain sur la lèvre inférieure, évoquant la signature de Ricardou. Ces quatre grains sont évoqués à maintes reprises dans le texte.
  Note: çoeur dp m'a signalé que le 29 avril a été rediffusé le jeu La course au trésor se déroulant dans mon département, le 04. L'une des énigmes concernait le jeu provençal, et l'indice fourni était une photo d'un perdant embrassant le "rond de Fanny".


  Pour revenir au juste sujet, l'oiseau est donc le porte-plume, l'écrivain. Or, la transcription sephor, "oiseau", pour incorrecte qu'elle fût, est l'exacte anagramme de la transcription correcte sopher, "écrivain". C'est son sens biblique, comme l'indique le Sander & Trenel cité supra pour Sephor,
ce mot étant connu car les Sopherim étaient notamment les lettrés chargés de transmettre le texte biblique. La page citée indique qu'ils auraient dû ce nom au fait qu'ils comptaient les lettres des textes afin de s'assurer de la justesse de leurs copies. Ecrire serait compter, voilà qui pourrait s'appliquer à Ricardou (lequel s'imagine dans Le lapsus circulaire être le fils d'un comte, et joue avec les homonymes "compte" et "conte").
  Moïse, époux de Sephora, est le sopher par excellence,  celui qui aurait écrit la Tora sous la dictée de Dieu.
  Sephira/Sephora rappelle l'obsession de Ricardou pour l'interversion i/o, avec notamment la "prise/prose" (p et f sont une seule lettre en hébreu).

  Pour donner une idée de l'importance de cette signature dans la préface et dans le recueil, Ricardou évoque page 40 sa quatrième de couverture, où il a réussi à la faire figurer en bas à gauche. Il s'agit d'une autre zone du tableau La mort de Procris, de Piero di Cosimo, dont il est question dans la première nouvelle, Jeu, et j'y vois plusieurs triples fourches, la plus séduisante étant probablement les doigts de la main gauche de Procris

  Bref, Ricardou, écrivain amateur d'anagrammes, signait d'une patte d'oiseau, de porte-plume, et il existe en hébreu une relation assez immédiate entre les mots "anagramme", "oiseau", et "écrivain", ce qui rend difficile d'éluder le fait qu'il ait utilisé le vocable hébreu tserouf, quelque conscience qu'il ait eu de cette relation.

Note de novembre 2020: j'oubliais la Langue des oiseaux, désignant divers types de codages, notamment l'anagramme, ce qui est aussi la définition du tserouf. L'origine de l'expression n'est pas assurée.

  Je ne serais pas gêné que Ricardou eût ignoré cette relation entre les mots "anagramme", "oiseau", et "écrivain", et le hasard semble avoir présidé à ma prise de conscience de cette relation.
  J'indiquais dans le précédent billet que Ricardou suggérait qu'il y avait d'autres niveaux de codage dans Révélations minuscules que la symétricologie. L'une des phrases qu'il reprend avec les mots numérotés a 121 mots, débute par "Nier", finit par "Fanny.", et a "force" pour mot central. S'il y a bien un écho entre les syllabes initiale et finale, il constate qu'il n'y a aucune autre correspondance dans la phrase, et que le mot central, "force", exhibe ironiquement "une vigueur absente".
  Ricardou revient plus loin sur cette phrase, y révélant des jeux avec les parenthèses et les anagrammes. J'ai poursuivi mon étude dans cette voie, et me suis attardé le 12 avril sur cette phrase, de 119 mots, avec pour mot central de nouveau "force" (page 55): 
Ce que personne, de nos jours, ne devrait méconnaître, avait-il commencé (puisque même l'Académie, pour avoir lu, dit-on, Le cimetière marin, paraît, ne serait-ce qu'un peu, en avoir aperçu l'idée, et sauf à faire à votre tour, trop prévue, la désolante preuve d'une crasse inculture en l'espèce), c'est avec quelle force les directives d'écriture, funambulesques maintes fois quelques-unes il est vrai, loin d'interdire, ainsi que les naïfs le croient, les mouvements de la pensée, lors confondue sans doute avec le vague à l'âme, savent offrir à l'invention, au contraire, et parce qu'elles lui posent, tout simplement, de très exacts problèmes, les meilleures des chances.
  La phrase a pour syllabe initiale "Ce" et pour syllabe finale "(chan)ces", d'accord, mais c'est aussi la syllabe finale de la parenthèse, "(espè)ce", laquelle s'insère entre les mots "(commen)cé" et "c'est"; d'autres phrases montrent que "ce", "cè", "cé", et même "cent",  sont équivalents en symétricologie.
  "(for)ce" au centre s'achève aussi par cette syllabe redondante, quoique en principe la syllabe initiale soit privilégiée par le procédé. Il me semblait évident qu'il devait y avoir une signification à la présence de ce mot "force" au centre de deux phrases, mais laquelle?
  La nuit suivante, vers 2 h, je me suis réveillé avec une idée en tête, intervertir les deux syllabes de "force", pour obtenir "ce for", et c'est ce qui m'a conduit au jeu tserouf-sephor-sopher.

  Il y a plus. En écrivant le précédent billet, je me suis gardé de donner mon sentiment sur cette "minutieuse préface", dont l'argument essentiel semble être de traiter de con un ancien ami, Jean-Pierre Richard, lequel a commis les fautes d'accepter une chaire en Sorbonne et de commettre une phrase ouverte à la raillerie, au début de son essai Terre écrite. Qu'aurait tiré Ricardou du refrain de Ma grand-mère de Béranger?
            Combien je regrette
            Mon bras si dodu,
            Ma jambe bien faite,
            Et le temps perdu !
  Bref Ricardou lit "ce con" dans les syllabes finale ("Lutè-ce") et initiale ("Com-bien") de la phrase de Richard, et récrit sa phrase pour obtenir l'édulcoré "ce minus", en écho aux Révolutions minuscules auxquelles introduit cette complice préface.
  Je suis constamment revenu sur les insolites convergences entre l'écriture ricardolienne et la mienne, mais moi, Rémi, n'eusse jamais (onc!) joué avec les mots "con" ou "minus".
  Et si "ce minus" répondait à "ce fort", à "sephor" qui est aussi le (petit) oiseau auquel s'identifiait l'écrivain, le "sopher" par tserouf? Ce serait drôlement fortiche, et vertigineux si ce n'était pas intentionnel. Attention, le petit oiseau va forcir.
  J'avais cité dans le précédent billet la phrase précédente de la page 55, laquelle avait pour mot central "moins" (minus en anglais). J'avais renoncé à signaler qu'elle faisait partie d'un paragraphe constitué de deux phrases, d'extrémités "Que-quiconque." et "On-métatextualisation.", à possiblement décoder "con" (il y a d'autres exemples de jumelages de phrases d'un même paragraphe), avec à la ligature des deux phrases "(qui)conque on".
  Le paragraphe suivant est aussi constitué de deux phrases, d'extrémités "Ce-chances." (avec "force" au centre) et "On-Congrégations.", à éventuellement comprendre "ce 'on", euphémisme courant pour "ce con".

  Davantage encore. La transcription sephor pour "oiseau" renforce l'écho entre (Ursula) Sephira et tserouf, et mon analyse de 2018. Il me semble certain que l'ajout du mot "rigueur" dans l'exergue de 1988 est une allusion à la sefira Gevoura (גבורה), la Rigueur, mais "rigueur" est le sens cabalistique de ce mot, dont le sens usuel est précisément "force":
  Le diagramme des sefirot donné par wikipédia donne d'ailleurs pour premier nom de cette sefira 5 Force, acception que je n'avais jamais vue, je pense, dans les divers ouvrages de Cabale que j'ai consultés.
  La recherche d'autres noms de sefirot dans ces textes de Révolutions minuscules n'est guère fructueuse.  Il faut tout de même signaler que la sefira 8, laquelle avait quelque chance de séduire l'octophile RICARDOU, est Hod, la Gloire, un des 12 mots du titre de la préface, Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, 12 mots en probable référence aux 12 lettres de JEAN RICARDOU, de même pour les 12 participants aux "messes boulistiques".
  Le mot sefira est lié aux divers sens de la racine sefer, "compter" et "écrire", mais probablement aussi au grec sphaira, "sphère". Les boules de pétanque sont souvent nommées "sphères" dans la préface, ce qui est admissible, mais aussi "sphérules", ce qui doit être plus que rarissime. Ce mot "sphérule" apparaît encore plus étrangement dans Gravitation et sa récriture L'enlèvement, le palet que la fillette pousse dans les cases de la marelle étant une boîte ronde lestée de "sphérules sonores".

  Je me permets de rappeler la phrase de 100 mots citée supra, avec les symétries entre "sans détour" et "millimétrique rigueur", et entre "initiale fourche triple", désignant la signature de Ricardou, et "rond de Fanny"
  Il me semble que ceci est une variation sur le thème I-O cher à Ricardou, et que la circularité est essentielle dans cette préface, comme dans le premier texte de l'autre recueil paru simultanément, Le lapsus circulaire, utilisant aussi la symétricologie, avec, peut-être, davantage d'ingéniosité (mais il faudrait avoir percé toutes les finesses de ces textes pour en juger).
  Diverses phrases de la préface ont pour extrémités symétriques I et O, ou encore Y et O, l'Y appelé "patte d'oie", proche de la signature de Ricardou. L'expression "initiale fourche triple" débute par un I, et le première voyelle de "rond de Fanny" est un O rond.
  Si Ursula connaissait l'obsession de Ricardou pour I-O, elle a pu lui parler des lettres équivalentes en hébreu, Yod (י) et Waw (ו), assimilés par la cabale à la goutte spermatique du Père donnant naissance au Fils; le fameux Tétragramme YHWH est ainsi assimilé à une tétrade Père-Mère-Fils-Fille, trouvant son homologation dans les sefirot 2-3-6-10, aussi nommée le Char (merkava, Ricardou compare la syllabe centrale de son nom au rapide car anglais, comparé au poussif char de Richard).
  L'énergie divine circulerait par 22 chemins entre les sefirot, chaque chemin correspondant à l'une des 22 lettres de l'alphabet hébreu. J'ai surligné sur le diagramme ci-contre les sefirot du Char, et les chemins correspondants, pouvant rappeler certaine cygnature.
  Le prénom Jean vient de l'hébreu Yehohanan, YHWHNN, "YHWH gracie".

  J'ai omis de surligner le chemin horizontal entre les sefirot 2 et 3, qui est la lettre ש, Sin ou Shin, dite aussi fourche à trois dents... Cette lettre a deux prononciations, s et ch, et j'ai déjà évoqué à propos du tserouf mon billet sur un roman où une enquêtrice s'interroge sur le pseudo Seraph. L'initiale correspond-elle à un Samekh, pour la racine saraf, "brûler", un Tsade, pour la racine tsaraf, "purifier", ou un Sin, pour l'ange Séraphin.
  Mon nom transcrit en hébreu a pour initiale un Shin, une triple fourche.
  Le mot même "fourche" se prête à l'anagramme cherouf, tserouf si Shin permute avec Tsade.

  Les graphismes (י) et (ו) sont si proches qu'un Yod manuscrit à la queue un peu longue peut être confondu avec un Waw à la hampe un peu courte, ce qui a conduit à des erreurs patentes dans les copies des livres saints par les Sopherim, erreurs que la sacralité du texte a fait perdurer; pas un iota, pas un yod ne devait être modifié.

  Si une partie de ces dernières considérations est probablement fort éloignée des intentions de Ricardou, car il est au moins acquis que l'ésotérisme mystique lui était étranger, j'en viens à des développements qui n'ont assurément rien à voir avec sa démarche.
  Ce qui s'est d'abord imposé à moi lorsque m'est venue l'idée de renverser "for-ce" en "ce-for", c'est Seuphor, le poète Michel Seuphor qui a choisi son pseudonyme à partir d'Orpheus, le prince des poètes, dont c'est une anagramme. J'avais appris son existence par le blog Alluvions, et avais aussitôt vu une autre anagramme, serouph, une transcription valide de (צרוף), tserouf, "anagramme".

  Le prénom m'était monumentalement significatif, car, à partir de mon nom, j'avais forgé pour un projet romanesque de 2002 le personnage Michel Sérouf, détective dans 14 enquêtes écrites par Jeanne-Eve Turdo, auteure méconnue d'avant guerre, ayant aussi écrit 4 recueils de poésies. Comme la 14e enquête était particulière, c'était encore une allusion au jeu N-AMOR qui m'obsède.

  J'avais forgé ce nom en étant pleinement conscient que sérouf signifiait "anagramme", car c'était l'anagramme de mon nom, Rémi Schulz, avec le Z transformé en FOE, pour une raison que je vais laisser de côté, mais qui n'avait rien à voir avec l'obtention de sérouf, laquelle m'avait comblé.
  Ce 13 avril, la révélation majuscule "ce-for" m'a conduit à constater que ce drôle d'OISEAU de Ricardou était en hébreu l'anagramme de TSEROUF, "anagramme".

  Ricardou a appliqué les "cabalistiques directives" de la marelle aux vignettes de JC Forest, et ceci en regard de ses Improbables strip-teases, où est codée une récriture du Cygne de Mallarmé (un oiseau!). A la marelle on passe d'abord d'une case à la suivante, puis on saute une case, puis deux... Ricardou a divisé la Barbarella dénudée de Forest en 48 zones, a d'abord fait apparaître une zone sur deux , puis une zone sur 3...  FOREST renversé sonne TSEROF, fort proche de TSEROUF. En novembre 2010, des considérations sur l'île "ronde" Strongylé, intervenant de manière identique dans les romans de Sinoué et Halter, m'avaient conduit à l'anagramme "FORTE FORET" pouvant traduire strong hylé.
  Mon premier billet sur Révélations minuscules m'avait fait évoquer le poète Georges FOUREST, parfaite anagramme et parfait renversement phonétique de TSEROUF.

  La relecture de l'article d'Alluvions, le 19 avril, a donné lieu à une fabuleuse coïncidence, si fabuleuse que je ne peux exiger qu'on me croie, mais ce n'est pas une raison suffisante pour la taire.
  Elle a d'ailleurs plusieurs facettes, c'est une constellation plutôt qu'une luciole, selon les termes chers à Patrick.
  Donc, la citation de Michel SEUPHOR est suivie par un dessin de Joann SFAR. Je ne me suis pas attardé à examiner ce qui justifiait cette succession, frappé par cette structure consonantique identique, SFR. Je me suis demandé ce que signifait ce patronyme, pensant qu'il dérivait du verbe sefer hébreu.
  Non, il semble que Sfar, issu d'une famille sépharade (un mot qui vient de l'hébreu biblique SPRD, appliqué ensuite à l'Espagne et aux Juifs expulsés d'Espagne), doive son nom à l'arabe sfar, "jaune", "blond". J'ai trouvé ceci dans un article du numéro 55 de la Nouvelle revue d'onomastique, et ai remarqué ce numéro, la publication de ce billet étant prévue le 5/5.
  Je suis passé ensuite à tout autre chose. Le réseau de médiathèques auquel j'appartiens venait d'annoncer une initiative, le prêt de livres numériques, et j'étais curieux d'en voir le fonctionnement (je suis bibliothécaire bénévole dans mon village).
  Le réseau ne proposait que 55 livres (tiens, 55), dont ceux qui auraient pu m'attirer étaient déjà indisponibles. J'ai emprunté un livre de Gilles Legardinier, Pour un instant d'éternité (2019), parce que ça se passe à l'époque de l'exposition universelle de Paris en 1889, ce qui m'a rappelé L'enfant du premier matin.
  L'opération a marché. Le titre m'a rappelé quelque chose qui m'a fait me reporter à l'article d'Alluvions, toujours présent dans une fenêtre de l'ordi, L'énigme Augenblick. Patrick y cite un poème de Seuphor s'achevant ainsi,
Sais-tu qu’une goutte
peut libérer des flots
que chaque instant
vaut une éternité ?
et le fait suivre par deux pages (170-171) de l'album Je t'aime, ma chatte de Sfar, où le dessin pleine page, page 171, offre cette bulle.

  Il est tout à fait possible que mon choix ait été orienté par l'article d'Alluvions, où mon oeil avait pu enregistrer inconsciemment les mots clés, et j'avais de toute manière déjà lu l'article en 2017. Les mots "instant" et "éternité" peuvent appeler à une association, et ce 21/4, une recherche révèle parmi ses premiers résultats,
1 : "l'instant d'éternité" est une expression nietzschéenne;
2 : Instant et éternité est un titre de Ladislav Klíma;
3-4-5 proposent le roman de Legardinier.

  Je me souviens vaguement avoir vu ce roman en tête de gondole, sans qu'il me soit alors venu à l'idée d'en lire le résumé. Il a donc fallu qu'il paraisse récemment, qu'une pandémie incite la médiathèque à proposer des livres numériques, que je me hasarde à emprunter ce roman un court instant, dans toute l'éternité, après avoir survolé, sans en être conscient, le texte de Patrick motivé par une collision entre "instant" et "éternité".
  Un parcours accéléré du roman ne m'a rien évoqué.

  Il peut y avoir davantage. Le mot "instant" apparaît à 21 reprises dans Révélations minuscules, et "éthernité" une fois, dans la toute dernière phrase. Le temps y est présent avec de profus "midi" et "minuit", faisant allusion à la dernière nouvelle du second recueil, L'art du X, où je pense avoir repéré une construction voulue: ses 60 phrases particulières de 12 mots font référence aux deux divisions du cadran de l'horloge en 12 heures et 60 minutes. J'ai rapproché ceci de la remarquable étude Short Time’s Endless Monument, où AK Hieatt a révélé, 365 ans après sa publication, que les 24 strophes de l'Epithalamion de Spenser comptaient 365 longs vers, ce à quoi j'ai ajouté mon grain de sel.
  Je n'avais pas alors relu ce texte, et je vois qu'une énigme supplémentaire de l'Epithalamion est un vers manquant, or il semble manquer une phrase dans la construction logique de L'art du X. Le vers manquant chez Spenser est le 11e de la 15e strophe, laquelle aurait dû avoir 18 vers. J'envisageais une explication à cette absence, et remarque aujourd'hui qu'un partage 10-7 correspond aux nombres de textes des deux recueils de Ricardou.
  J'ai rencontré une anomalie symétrique, avec le chapitre 8 de la 3e partie de Mon coeur mis à nu, en sections numérotées de I à XVIII, mais il n'y a pas de section VIII.

  Le titre de l'étude de Hieatt fait référence au dernier vers de Spenser
 And for short time an endlesse moniment.
que j'avais traduit "et la célébration éternelle d’un instant éphémère".
  Par ailleurs L'art du X est la célébration d'un événement biotextuel éphémère.

  Tiens, cherchant si le texte de Short Time’s Endless Monument est maintenant en ligne, je tombe sur l'article Spenser as Orpheus.

  A propos de ce nombre 171, qui était déjà l'un de mes points de rencontre avec Ricardou, j'ajoute que mon comptage des mots des phrases de Révélations minuscules était motivé par une trouvaille "récente": les syllabes formant "CENT-RE" se renversent en "RE-CENT", et l'analyse mot à mot m'aurait permis de découvrir si ce mot était employé.
  Ce n'a pas été le cas, et je le prévoyais car une recherche partielle est possible sur GoogleBooks. La recherche d'un mot dans le recueil complet (curieusement intitulé Révélations miniscules en guise de préface à la gloire de Jean Paulhan: suivi de Révolutions miniscules) donne le nombre de ses occurrences et des extraits des 3 premières pages concernées. Il n'était trouvé nulle occurrence de "récent", et une seule de "récente", dans la première phrase de L'enlèvement, page 171.
  Je rappelle que le jeu CENTRE-RECENT faisait pour moi écho à CENTRE-NOUVELLES, les mots centraux des deux dernières phrases analysées par Ricardou. Si je n'ai pas trouvé confirmation de ce jeu, j'ai été conduit à proposer le renversement analogue FORCE-CEFOR (ou FORCE-SEPHOR).

  Dans le 17e et avant-dernier chapitre de Novel Roman, j'ai évoqué l'une des manifestes confusions entre Yod et Waw dans la Bible, avec les lieux identiques Peniel et Penuel, "face de Dieu", donnés dans la Bible pour le lieu où Jacob s'est battu avec l'ange. J'en avais déjà parlé dans ma page consacrée au nombre 171, parce que la forme Peniel a pour gématrie 171. La Vulgate n'a donné qu'une seule forme pour ces deux mots, Phanuel, et la forme alternative Phaniel aurait pu être rapprochée du rituel évoqué supra du "cul de Fanny". Ricardou écrit aussi "Phanny", et signale que le mot est une désignation du "cul" en anglais. Un même mot pouvant signifier "face" et "cul" selon la langue, voilà qui serait symétricologiquement significatif.

  17e parmi 18. Le trajet identifiable du voyageur-voyeur de L'enlèvement se fait entre les stations Ranelagh et République de la ligne 9, deux stations débutant par la lettre R, 18e dans l'alphabet, mais Ricardou lui donne la valeur 17 (dans Le lapsus circulaire). Il y a 17 stations de Ranelagh à République, mais il y avait jadis une autre station sur ce segment, Saint-Martin, juste avant République, fermée en 1939.
  L'emplacement est réapparu sur les plans de la ligne en 2012, parce que sur les quais désaffectés avaient été entreposés les décors du film Prometheus de Ridley Scott.
PRO met ("avec" en néerlandais) HEUS, ça fait ORPHEUS, SEUPHOR, SEROUPH....

  La dernière station mentionnée dans L'enlèvement est encore plus fantomatique, Saint-Exupéry. Une autre forme d'Exupéry ou Exupère est Spire, pouvant évoquer Sephira. Par ailleurs Saint-Ex était un prosateur...

  Un 17e manquant parmi 18 me rappelle Le procès-verbal, de JMG Le Clézio, dont les chapitres sont "numérotés" par des lettres, de A à R, mais il n'y a pas de chapitre Q (cul?).

  L'abondance des SPR me conduit à rappeler ce que j'écrivais ici:
J'avais remarqué l'hébreu SPR (donc "livre" ou "saphir") pour une autre raison. Ma fascination pour le code atbash m'avait fait éplucher tous les mots du dictionnaire pour trouver lesquels codaient pour des mots existants. Les résultats tenaient sur quelques pages, avec fort peu de cas pouvant faire sens. L'un était précisément SPR, donnant HWG, "cercle".
  Le code atbash, soit la correspondance des lettres dans un alphabet écrit à l'envers, est en soi un exemple de symétricologie. L'idée de "livre circulaire" est récurrente chez Ricardou, notamment dans cette préface dite "circulaire" dès sa première phrase.
  On peut assimiler l'arbre des sefirot à un mandala, "cercle" en sanskrit. Il en irait alors de même de la marelle, la pratique de ce jeu expliquerait-elle l'intuition féminine?
  Les exemples sûrs de code atbash dans la Bible sont KSDYM, "les Chaldéens", travesti en LB QMY, "le coeur de mes ennemis", et BBL, "Babel", travesti en SSK. Le renversement LBB de BBL est aussi un mot signifiant "coeur", mot significatif pour riCARDOu, souligné dans les constructions de plusieurs phrases, et par l'orthographe alternative riCOEUR, prétendu nom de sa çoeur.

  Le mot "chiffre" vient de l'arabe ṣifr (entendu "chifr") où ce mot désigne le seul chiffre 0, "zéro". On a d'abord eu le latin médiéval cifra. Il y a de quoi se demander si l'ajout d'une "préface circulaire" aux 9 révolutions minuscules ne correspondrait pas au chiffre 0, alors qu'un thème important du texte est le baiser au "rond de Fanny" auquel est assigné un joueur dont le score est zéro. Le mot "zéro" apparaît à 9 reprises dans le texte, avec deux occurrences supplémentaires car deux des phrases concernées sont reprises ensuite.
  Même si la racine sefer, "compter", est plus ancienne, la proximité des mots ṣifr, signifiant "vide" en arabe, et sefira, pourrait faire question, le concept des 10 sefirot étant apparu dans le Sefer Yetsira, où elles sont clairement les 10 premiers nombres, fondant la numération, associées aux 22 lettres fondant l'écriture. Le Sefer Yetsira est apparu en Egypte à peu près au moment où les Arabes adoptaient la numération de position.

  J'hésitais à citer un exemple SPR, le début du sonnet en X, "Ses purs", ayant quelques assonances avec sa fin, "septuor" (page 37):
 Erreur, me fut-il répondu, car, même si maints naïfs, pour se rasséréner, le croient exceptionnel, le méthodique goût pour les reflets extrêmes s'assigne en vérité dans une tradition (celle des écrivains point trop enclins aux énoncés qui n'ont ni queue ni tête), et si quelqu'un, d'aventure, souhaite qu'on lui prodigue ici un bref cumul d'exemples, qu'il se reporte, selon d'abord leur incipit et enfin leur clausule, au Cimetière marin, à Finnegan's Wake, à Parmi les noirs, A la recherche du temps perdu, au second des Sonnets en X, lequel, chacun le sait, sauf sorbonnale ignorance durable, veut que son début, ''Ses purs ongles", retentisse en sa fin, "septuor", (...)
  Je rappelle que le verbe tsaraf, racine de tserouf, signifie "purifier". "Ses purs" peut s'entendre "c'est pur", et "septuor" est l'anagramme rigoureuse de "tseroup". J'ai indiqué plus haut que la lettre hébraïque Pe (פ) se prononce p ou f (la transcription académique de tserouf serait çerup). Les ignares sorbonnards verraient-ils les poutres dans l'oeil d'un septuor?
  Dans la phrase de la page 45 donnée supra, je remarque encore l'expression "pur prétexte" symétrique de "experte réponse". J'imagine que Ricardou a sciemment placé en vis-à-vis les mots "prétexte" et "experte"; il y a de multiples exemples de jeux similaires ailleurs dans ce texte, et il est bien dans son esprit d'avoir complété ces presque anagrammes par deux mots dont les premières consonnes sont PR et RP, qu'il ait connu le sens premier de tserouf ou non.
  Dans son détournement du logo de l'éditeur, Ricardou renverse un "u" en "n". De même, il prétend se nommer "noël ricardou" dans Le lapsus circulaire, se réjouissant d'avoir "no" répondant en tête-bêche à "ou".
  Alors la "réponse" peut devenir "repouse", ou "seeroup" (ou "tseeroup" en empruntant le T surnuméraire dans "prétexte" par rapport à "experte"), ce septuor de lettres  "répondant" à "pur".

  Plus fort encore. Le texte ouvrant l'autre recueil, Le lapsus circulaire, utilise localement la symétricologie, avec d'autres niveaux d'intrication. Page 36, le narrateur souligne l'expression "services superflus" qu'il vient d'employer, page 35, pour les lettres "se-es" et "su-us" bornant ces mots, mais ne signale pas que "superflus" est le mot central d'une phrase de 61 mots débutant par "du" et finissant par "secret", "du" avec pour finale "u", "secret" avec pour initiale "s", les lettres "us" étant significatives pour Ricardou (voir L'enlèvement).
  "superflus" peut livrer l'anagramme "plus" + "seruf", transcription courante de tserouf. Je rappelle que deux phrases successives de Révélations minuscules, page 55, sont centrées sur les mots "moins" et "force".

  Si tout cela est très fou, il y a plus fou encore, mais ce sera pour un prochain billet.
 
  Je dois revenir sur le mot manquant de la dernière phrase de Révélations minuscules.
  J'avais lu "comment vouliez-vous que je (φ)", avec la lettre grecque phi, φ, symbole du nombre d'or, pouvant se lire "fis" ou "fisse", mais il s'agirait du symbole du deleatur, signifiant qu'un mot doit être supprimé.
  Du coup, le mot effacé n'a plus de raison d'être "fisse" (plutôt "susse", je présume, comme peut le suggérer le cas antérieur d'un blanc entre parenthèses, page 103), et il devient fort difficile de soutenir que les 183 et 226 mots de ces deux dernières phrases fissent une allusion voulue au Modulor (mais φ est bien "proche le déléatur", et le nombre d'or reste une piste à suivre).
  Par ailleurs, j'avais donné ici les dénombrements au mot à mot de ces phrases, parvenant donc à 226 ou 225 mots pour la dernière, selon que le symbole soit compté ou non, mais mon étude détaillée de toutes les phrases m'a conduit à penser que "celui-là" compte pour deux mots, en conséquence la phrase compte 227 ou 226 mots. Dans le premier cas, le mot central serait "conviens", ce que je ne sais comment interpréter, mais je crois que les dernières phrases du texte, toutes très longues, obéissent à d'autres contraintes que la symétricologie.

  J'ai choisi pour ce 299e billet de Quaternité, un titre de valeur 299. Je tenais à "Révolutions", mot dont la valeur 170 m'est significative, voir mon 170e billet, Rêvolutions, et il fallait donc un adjectif de valeur 129, autre nombre significatif, valeur de NOVEL ROMAN, en 5+5 lettres, et mon programme prévoyait la publication de ce billet le 5/5.
  Ma préférence a été à "miniatures", mais d'autres épithètes de 10 lettres auraient pu convenir, "plurielles", "fiévreuses", sinon "folledingues", "enchevêtrées"...

  Ma découverte des 18 pages de L'enlèvement a donc eu lieu le 17 mars, une date quelque peu biotextuelle car c'était le 18e anniversaire de ma petite-fille Ornella. Elle avait obtenu son permis en septembre dernier, et elle se réjouissait de pouvoir faire sa première sortie seule dans la voiture que ses parents lui avaient achetée, mais ce 17 mars a aussi été le premier jour du confinement.