31.12.18

à travers de doubles grilles


  Pour ce 273e billet de Quaternité, dernier de l'année,  je reviens aux grilles de lettres qui m'occupent depuis près de deux ans au premier plan, mais ma passion est bien plus ancienne, remontant jusqu'à l'adolescence où toute la famille se torturait les méninges pour résoudre les grilles de Max Favalelli.

  Par la suite je me suis passionné pour tout ce qui était carré, carrés magiques, carrés de lettres, jusqu'à concevoir un  logiciel fabriquant des carrés magiques de lettres.
  Ma première publication "littéraire" était un parallèle entre le carré SATOR et un carmen quadratum de Raban Maur, que j'achevais ainsi
[...] certaines constructions arithmologiques se hissent si près de la perfection qu'elles deviennent en quelque sorte informées par cette perfection, par le mystère ultime à la source de l'harmonie de l'univers.
  Le recueil Alphabets de Perec s'imposa à moi comme une évidence, 176 poèmes de 11 vers de 11 lettres, chaque vers utilisant la série ESARTULINO des 10 lettres les plus fréquentes en français, plus une des 16 autres lettres.
  Ceci se passait en 1996, alors qu'une relecture des aventures d'Arsène Lupin me conduisait à remarquer que la valeur du nom du héros de Leblanc, 134, apparaissait de façon significative dans plusieurs de ses aventures. Par hasard, ou pas car je voyais diverses influences de Leblanc sur Perec, 134 était aussi la valeur de ESARTULINO.

  Toujours chez Leblanc, je pus déduire du nom d'un personnage, Elisabeth Lovendale, dans La lettre d'amour du roi George, le jeu ROMANAMOR-LOVENOVEL.

  En 1998,  je projetai l'écriture d'un roman basé sur ce jeu, Novel Roman, et j'en rédigeai quelques pages, dont la table des chapitres d'un roman imaginaire, formée de 11 titres composés des 10 lettres ESARTULINO + 1 joker; la grande diagonale du carré 11x11 permettait de lire ROSENCREUTZ, car je voyais aussi dans la geste lupinienne des échos à l'affaire Rose+Croix, notamment le thème récurrent de la découverte d'un tombeau.
  Sans créditer aucunement la fable rosicrucienne, je m'intéressais au manifeste relatant la découverte du tombeau de Rosencreutz en 1604, 120 ans après sa mort en 1484, ce qui semblait prédit par l'inscription sur la porte du caveau, Post CXX annos patebo, "Dans 120 ans je m'ouvrirai." Avec les autres inscriptions sur le cercueil de Rosencreutz, il y a en tout 23 mots totalisant 135 lettres de valeur 1484 (selon l'alphabet latin), plus le nombre CXX = 120, menant à 1604.
  Comme 11 fois 134 font 1474, il ne m'était pas difficile de choisir 11 jokers totalisant 130, pour parvenir au total significatif 1604, mais ceci donna lieu à un plus inattendu. J'avais aussi fait figurer dans mon carré la diagonale brisée ARSENELUPIN (en bleu ci-dessous), et RYEUENLQEEL en première colonne, anagramme d'Ellery Queen (lequel a fait apparaître son nom dans l'acrostiche des titres de chapitre d'un roman).

R A I S O N A U T E L    A
O U S I R E L T A N    Y
E T S U S A L O R I N    S
U L C E R A T I O N S    C
E O N I N T R U S L A    N
E L U I C A S T O R    C
L A D U N E R O S I T    D
U I S O R T E L A N    Q
E S P O I R A L U N T    P
E BI S U N A L T O    B
L O I U N E S T R A Z
    Z

  Il s'est trouvé que les 7 jokers qu'il m'était obligatoire d'utiliser pour faire apparaître ces 3 noms étaient YSNCQPZ (en gras à droite ci-dessus), de valeur 120, ainsi le découpage de 1604 en 1484+120 était possible dans ma grille.
  Un autre plus m'apparaît aujourd'hui, lors de l'écriture de ce 273e billet de Quaternité: les deux noms que j'ai ajoutés à l'essentiel Rosencreutz, Arsène Lupin et Ellery Queen, ont pour valeur 134 et 139, somme 273, gématrie de l'hébreu arba', "quatre", en 4 lettres. Les mêmes lettres ארבע forment le verbe "je rends carré", "je quadruple", "je féconde".
  273 est encore le produit de mes Fibos fétiches, 21.13, et je publie ce billet le 31/12, en pensant au roman Pygmalion 2113, s'achevant le 31/12/2113

  Le projet Novel Roman resta en plan, se rappelant parfois à mon souvenir, mais un fait essentiel apparut en juin 2012, grâce à un hasard phénoménal sur lequel je ne reviens pas. Si ma passion pour les grilles de lettres est cruciale, elle est loin d'être suffisante pour rendre compte de l'accumulation des coïncidences dans cette folle affaire.
  Bref tous les détails ayant été donnés dans d'autres billets, j'ai appris l'existence du roman Les lieux-dits de Ricardou, en 8 chapitres titrés de noms en 8 lettres, lesquels disposés en carré permettent de lire en diagonale BELCROIX, quatrième des dits lieux.
  Ces lieux sont en outre parcourus selon l'ordre alphabétique, Ricardou rappelant que l'alphabet était jadis la Croix de par Dieu, enseignée par les bons pères comme un article de foi.

  La grille a donc été composée suivant deux contraintes formelles, l'ordre alphabétique et la diagonale BELCROIX, mais Ricardou est ensuite revenu à diverses reprises sur cette grille, constatant qu'elle recelait bien davantage que ce qu'il avait voulu y mettre.
  Ainsi l'autre diagonale énonce, de bas en haut, MAADRBRE, se réarrangeant aisément en MAD ARBRE, en quoi l'on devine un écho à l'un des deux principaux personnages du roman, Olivier (arbre) Lasius (dont l'anagramme asilus est explicitement donnée), pyromane échappé d'un asile.

     B a n n i è r e 
     B e a u f o r t 
     B e a r b r e 
     B e l R o i X
     C e n D R i e r 
     C h a u m n t 
     H a u t b o s 
     M o n t e a u X

  Ricardou voit encore la dernière colonne pouvoir se réarranger en TESTER XX, "tester le croisement des (bel)croix", et constate que ce croisement se fait sur l'initiale de Croix.

  Je crois y avoir vu davantage encore, en remarquant que le centre effectif de la grille, le croisement des deux diagonales, est formé des lettres RCRD, les consonnes de RiCaRDou, les voyelles iaou étant proches. Ricardou, qui ne cachait pas que le roman devait beaucoup au fait que son nom comptait 8 lettres, n'aurait vraisemblablement pas manqué de signaler cette correspondance s'il l'eût vue.

  J'ai été encore plus loin dernièrement en constatant que ce croisement CRDR est encadré par les lettres LONI, formant LION, alors que deux lions tiennent le blason écartelé (en quatre quartiers) du paquet de Pall Mall longuement décrit au coeur du roman.

  L'étape suivante est en février 2017, et là quelques détails sont nécessaires. J'avais un a priori négatif sur Ricardou, ce qui m'a fait longtemps retarder une lecture attentive des Lieux-dits. Je me décidai enfin à commander son édition Gallimard, laquelle offre une pagination qui pourrait être significative (son 4e chapitre s'achève page 80, son 8e page 160).
  Le 14 février, je me suis rendu au club de lecture d'Esparron, espérant trouver le Ricardou dans notre boîte aux lettres, au bout du chemin menant à notre maison. Il n'était pas encore là, et j'ai feuilleté le Formules n° 9 (2005) que j'avais emporté pour le montrer au club, car il y figure un de mes poèmes.
  J'y ai remarqué le texte Ecrire en colonne de Cyril Epstein, s'achevant sur un "roman", un carré de 81 lettres dont la lecture horizontale fort obscure n'est guère éclairée par les 7 pages d'introduction.
  Les première et dernière colonnes livrent des messages immédiats, Girare Roi et Anagramme. Mes connaissances bibliques m'ont permis de voir dans les colonnes 2 et 3 des références au livre d'Esther et à la shoah, ce qui a été confirmé par Cyril.
  Il a été en revanche étonné de ma lecture de la colonne centrale, anagramme parfaite de Nom Prénom, alors que la lecture horizontale contient un prénom, Manon, et un nom, Wagner, écho aux wagons de la shoah.
  Il a été encore plus surpris de ma lecture de la ligne centrale, anagramme de Marie Renn, nom fictif de l'auteur d'un album fictif dans le film Dédales (2003). C'est qu'à travers Manon, Cyril entendait évoquer la Vierge Marie, volontiers vue comme "reine" par la chrétienté (Salve Regina, Regina caeli).

  L'étape suivante est en juin suivant, où un hasard m'a conduit à rouvrir un livre d'un colistier oulipote, El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly (2011), et à y prêter attention à l'un des poèmes, repris dans le rabat de la couverture. C'est une grille de 9x10 lettres, construite pour faire apparaître des messages en première et dernière colonnes, mais j'y ai vu dans la colonne médiale NOMOPINMRE l'anagramme de NOM-PRENOM + I. Robert a aussi démenti toute intentionnalité ici, mais le prénom et le nom du presque unique personnage du livre sont de première importance pour lui, MANUEL MAURAENS.
 
  Je l'ai dit et redit: il ne doit pas y avoir des masses de grilles "ferroviaires" de 9 lettres de largeur conçues pour faire apparaître des messages dans leurs rails latéraux, et ces deux grilles font involontairement apparaître dans leurs colonnes centrales les lettres NOM PRENOM, significatives dans chaque cas.
  Il y a quelque peu davantage, car dans ce numéro 9 de Formules où Epstein a signé sa seule collaboration, il y a aussi la seule participation de Rapilly à la revue, avec trois carrés de lettres.
  Alors, dira-t-on, Rapilly a forcément eu en mains la revue,et il a pu être influencé plus ou moins consciemment par la grille d'Epstein. Robert assure n'avoir fait que survoler le texte de Cyril, et je me permets d'affirmer qu'il faut le lire plus qu'entre les lignes pour avoir une petite idée de sa signification. Si la grille débute par le mot GARE, Cyril prétend que l'opéra Bastille a été construit sur l'emplacement d'une gare de bus, alors que tout ancien Parisien sait qu'il s'agit d'une gare ferroviaire, active jusqu'en 1969. Il n'est question dans tout le texte ni de train, ni de shoah, ni de quoi que ce soit de juif.

  Je suis aussi dans ce numéro 9 de Formules, où c'est ma seule collaboration poétique, pour le SONÈ, une forme que j'ai imaginée, 100 lettres composant deux carrés de 64 et 36 lettres, autorisant deux lectures, horizontale et pandiagonale:


  Quel ne fut pas mon ébahissement en constatant une possible lecture LOVEN dans la diagonale du grand carré, orthogonale à DALE, selon des axes que je n'avais pas envisagés.
  Or les 81 et 90 lettres des grilles de Cyril et Robert m'avaient évoqué les valeurs 81 et 90 des prénom et nom ELISABETH LOVENDALE, qui m'avaient mené au jeu NOVEL ROMAN, ou des nom et prénom LASIUS OLIVIER, le personnage principal des Lieux-dits.

  Je suis revenu à plusieurs reprises sur ce jeu hautement improbable, mais voici du neuf. Je me suis demandé s'il y avait quelque chose à tirer de la colonne centrale du carré du projet Novel Roman, inspiré donc par Elisabeth Lovendale, soit NRAATCERRUE.
  L'une des anagrammes les plus parlantes est CARRE NATURE, car la lecture horizontale du grand carré du SONÈ débute par le mot NATURE, qui pourrait être considéré comme un prénom, car ce texte codé est supposé avoir pour destinataire une certaine Nature Cosig, avec une pensée pour le quatrain introduisant le Cinquiesme Livre de Rabelais, signé NATURE QUITE (anagramme dont plusieurs solutions ont été proposées, et j'y trouve aujourd'hui toutes les lettres de QUATERNITE, plus un U, soit "quater-unité", sens effectif du terme, singulièrement approprié pour cette "autre quinte").


  J'avais tendance à appeler ce grand carré le "carré nature"...

  Les points de rencontre entre ces diverses grilles m'ont conduit à proposer ici cette construction quintessentielle:


  Enfin, puisque Epstein, Rapilly, et Schulz étaient réunis dans ce Formules n° 9, je me suis demandé le mois dernier s'il était question de Ricardou dans ce numéro, ce qui n'avait rien d'improbable puisqu'il avait été associé à la revue dès ses débuts, ses créateurs Bernardo Schiavetta et Jan Baetens ayant fréquenté son séminaire.
  La principale occurrence figure dans une étude de Nicolas Wagner, Quand lire, c'est voir. Elle débute par une présentation succincte de la page de titre du roman Letters de John Barth (1979):
  Ceci se lit en tant que sous-titre An old-time epistolary novel, by seven fictitious drolls & dreamers, each of which imagines himself actual, soit "Un roman épistolaire d'autrefois, par sept fictionnels curieux & rêveurs, chacun d'eux s'imaginant réel."
  Si l'on éloigne quelque peu l'oeil de la page, la disposition inhabituelle des lettres permet de lire le titre LETTERS, "lettres", précisément.

  Me renseignant plus avant, j'appris que les "lettres" s'inscrivent dans des matrices 7x5 correspondant à 7 mois consécutifs de 1969, que chaque ligne correspond à un épistolier différent, et qu'en conséquence le dispositif gouverne l'origine et la date de chacune des 88 "lettres" composant le roman.
  Ceci a quelques points communs avec la table des chapitres des Lieux-dits, en 8 fois 8 lettres gouvernant la subdivision de chacun des 8 chapitres en 8 sections, d'autant que Barth s'était imposé comme contrainte supplémentaire de faire apparaître la séquence alphabétique ABCDEFG dans sa première colonne, la barre verticale du "L", correspondant aux premières lettres (missives) de chaque épistolier, alors que Ricardou avait classé ses lieux par ordre alphabétique.

  Il m'a paru nécessaire de lire Letters, ou plutôt de le feuilleter, car mon anglais est plutôt rouillé.
  J'ai fait état dans le précédent billet de coïncidences phénoménales avec mes préoccupations, notamment qu'un thème essentiel de Letters est l'écriture du roman NOVEL par l'ordinateur LILYVAC à Lily Dale.
  Je signalais que Lily ("lis", la fleur) est aussi le diminutif d'Elisabeth, mais j'avais oublié que, si je voyais LOVEN et DALE dans le grand carré du SONÈ, j'avais aussi envisagé LISA (autre diminutif d'Elisabeth) et DALE dans le petit carré (les deux sous formes d'anagrammes).

  Anagramme... Je rappelle qu'un essai d'impression du roman NOVEL (celui de Letters) débute par le codage du mot ANAGRAM, or le mot ANAGRAMME est codé dans la grille de Cyril Epstein, ce qui m'avait fait tenir pour certain que l'anagramme NOM-PRENOM de la colonne centrale était intentionnelle.
  Chez Barth, le codage d'ANAGRAM est suivi par celui de LEAFY, et anagram leafy est l'anagramme de l'alias de la programmatrice de LILYVAC, Margana (ou Morgana) Le Fay (un prénom et un nom).

  Il va de soi que Margana est une forme de la fée Morgan/Morgana/Morgane, en laquelle figure les lettres ROMAN. Il me souvient que dans une NOUVELLE de Queen, My queer dean!, il y a un jeu entre Morgan et Gorman.

  Les prénom-nom de la grille de Cyril, Manon-Wagner, permettent d'écrire MORGANA ou MORGANE, et c'est encore un détail effarant que ce soit un article de Nicolas WAGNER qui m'ait conduit au roman Letters.
  Une anagramme complète de Manon Wagner pourrait être Morgana Wenn (wenn "blanc" en breton, "quand" en allemand).
  Je rappelle que Cyril dit avoir choisi les lettres composant sa grille, GENIOPRA pour le Génie et l'Opéra de la Bastille, M pour le prénom Rémi figurant sur la carte postale prétexte de départ (alors qu'on y lit nettement Henry), et W parce que c'est le renversement de M.

  L'article de Nicolas Wagner est suivi dans Formules n° 9 de celui d'un autre Wagner, Frank, et ceci est encore si riche en échos que ce sera le point de départ d'un autre billet.

  Et puis il y a le nombre d'or, et la découverte que Letters est l'un des premiers romans où il joue un rôle essentiel, intervenant dans un roman antérieur de Barth, Chimera (1972), d'ailleurs postérieur au projet Letters (vers 1968 dit-il), si bien qu'il est possible que Barth ait écrit ce roman en pensant à ce qu'il allait faire de son personnage Jerome Bray dans Letters.

  La gématrie est aussi présente dans Letters, avec les valeurs 55 et 49 de ANAGRAM LEAFY. Ceci m'a conduit à confronter Letters, se passant en l'année 1969, et Les lieux-dits, publié en 1969:
LES LIEUX-DITS = 159
LETTERS = 99,
or la somme 258 se partage selon le nombre d'or en 99-159, dont le rapport .622... est moins bon que 99/160 (.618...), de la suite 61-99 (ROMAN NOUVEAU).
  Or NOVEL ROMAN = 129 est la moyenne exacte entre 99 et 159, avec divers prolongements. D'abord Jerome Bray est un amateur du nombre d'or, mais aussi du rapport de moitié, 1/2, .5.

  Ensuite Letters est un "NOVEL" qui a peu de chances de devenir un "roman", ou d'être traduit dans une quelconque langue, vu l'importance qu'y joue sa langue d'écriture, et il en va de même pour Les lieux-dits,"ROMAN" qui attend toujours un traducteur.

  Enfin voici le plus fabuleux. Le sous-titre de Letters (88 lettres) me semble fort proche de la table des chapitres des Lieux-dits (64 lettres) laquelle me semblait très proche pour d'autres raisons de la table des chapitres en 121 lettres que j'avais imaginée en 1998 pour le roman Un cercueil s'ouvrira (devenu dans la version effective de Novel Roman en 2018 Un caveau s'ouvrira, pour être plus proche de la fable rosicrucienne).
  J'ai décidé dès la fin de 2017 qu'il serait significatif que le dernier billet de 2018 soit le 273e de Quaternité, et en septembre dernier que ce billet concernerait les grilles de Ricardou-Schulz-Epstein-Rapilly. Mon SONÈ m'a paru un pivot entre les grilles d'Epstein et de Rapilly, ce qui m'a inspiré de les amalgamer dans le billet ¡RES debe ser!. De même les 64 lettres de Ricardou me semblent former un pivot entre les 88 de Barth et mes 121 lettres, et dans la nuit du 15 au 16 il m'est apparu que
64 + 88 + 121 = 273.
  En écrivant ceci je réalise que ces nombres peuvent se factoriser
8x8 + 8x11 + 11x11 (= 273 toujours), alors que les 81-90-100 lettres des grilles de Epstein-Rapilly-Schulz (SONÈ) peuvent se factoriser
9x9 + 9x10 + 10x10 (= 271), si bien qu'on aurait pu prévoir que l'élément complétant la série des 5 premières grilles aurait eu idéalement 88 lettres...
  Je ne connais pas d'autre table de chapitres dont chaque lettre soit en relation avec un élément du roman. Si Un caveau s'ouvrira n'a pas de réelle existence (pour l'instant), la rédaction effective de Novel Roman montre que chaque chapitre occupe exactement 22 pages, ou 11 pages recto-verso (ce qui était inspiré par la pagination des Lieux-dits).

 1 - Raison autel        .... page   7
 2 - You, sir Eltan !    .... page  29
 3 - Et sus à l'orin...  .... page  51
 4 - Ulcérations         .... page  73
 5 - Eon intrus, là      .... page  95
 6 - Né, lui, castor     .... page 117
 7 - La dune rosit       .... page 139
 8 - Qui sorte l'an      .... page 161
 9 - Espoir à l'UNT      .... page 183
10 - E bris, un alto     .... page 205
11 - Loi : un est raz    .... page 227


  En août dernier, j'ai découvert une propriété du nombre 273 que j'ai envisagée d'utiliser pour ce 273e billet, mais que j'ai préféré publier le 30 septembre, 273e jour de l'année.
  Je rapprochais cette propriété d'une autre concernant le nombre 365, et remarquais
TROIS CENT SOIXANTE CINQ = 273 (gématron),
en 21 lettres, soit une moyenne exacte de 13 par lettre.
  Il se trouve qu'en prenant mon identité selon l'état civil,
JEANRICARDOU JOHNBARTH REMYSCHULZ = 119+96+150 = 365.

  J'ai déjà commenté la découverte éplapourdissante dans Letters d'une référence au 14 août, jour d'or (phi-point) de l'année, le jour même où j'en parlais dans le dernier chapitre de Novel Roman.
  Il intervient à la fin de ce dernier chapitre un 273 caché que je n'ai pas encore commenté. Au chapitre 7, GRIFFE LES AMBIANTES !, ces ambiantes étaient 4 actrices incarnant
ORNELLA VRANESKA ERICA LOLITA = 77+91+36+69 = 273,
les deux premières étant les soeurs
HORTENSE = 104, et
ROSE-ANDREE = 104, deux soeurs issues du recueil Les huit coups de l'horloge de Leblanc.
  Dans le dernier chapitre, il est envisagé que le quadrille des ambiantes se reconstitue autour des quatre héritiers Monlorné, et j'ai voulu retrouver le total 273 pour la somme des prénoms réels. Il fallait donc 65 pour les deux derniers prénoms, or deux fameuses soeurs qui ont inspiré bien des baptêmes sont
RACHEL LEA = 47 + 18 = 65.
  Différentes harmonies fibonacciennes apparaissent dans ces deux séries de quatre noms, je n'y insiste pas.

  Est-il question du nombre d'or dans le numéro 9 de Formules? La version en ligne, accessible sur le site de la revue, donne deux résultats. Le premier est page 332, où Alain Zalmanski cite Le nombre d'or de Ghyka, à propos du carré SATOR, sans qu'il soit réellement question de Phi dans ce commentaire.
  Le second résultat est page 433, dans L'observatoire des contraintes littéraires où sont répertoriées et commentées de récentes parutions, dont le numéro 1 de la revue Teckel, où figurent notamment
[...] deux articles du néocabaliste Rémi Schulz où il est traité du carré Sator, et du nombre d’or chez Perec, entre autres mystères. Un lecteur non initié ne peut démêler si ses démonstrations relèvent du génie ou de la folie littéraire, mais ces articles enfoncent assurément les articles de « théorie » de la revue parodiée.
  Il suffit de s'initier, ou simplement de vérifier, sera mon seul commentaire.

  Le titre de ce billet, comme beaucoup de ceux publiés ces dernières années, a la valeur de son numéro ordinal:
A TRAVERS DE DOUBLES GRILLES = 1+103+9+78+82 = 273
  J'avais composé 7 strophes respectant la métrique du Gorille de Brassens avant de découvrir Letters de Barth. J'avais déploré de n'y voir rien de spécial en passant le poème au Gématron.
  L'ajout d'une autre strophe après cette découverte a conduit sans retouche à des totaux multiples de 34, 21 et 13, les nombres de Fibonacci qui me poursuivent
374 mots (34 fois 11),
1659 lettres (21 fois 79), de valeur
19383, multiple de 273 (ou 13 fois 21 fois 71), et
8 strophes, le Fibo précédent.


C'est à travers de doubles grilles
que les exégètes du coin
se demandent si la Bastille
dessert Lille-Roubaix-Tourcoing.
Car comme le notent ces maîtres,
dans chaque colonne au milieu,
apparaissent les mêmes lettres,
c'est plus que bizarre ou curieux,

c'est pas possible.

Epstein dans la première grille
se souvient de satanés trains,
tandis que Rapilly distille
un chemin de fer argentin.
Aucun des deux ne connaît l'autre,
mais ils ont tant de points communs
qu'il me faut me faire l'apôtre
de ce cas qui n'est point commun,

qu'est pas possible.

Jean et Rémi, de joyeux drilles,
pour les tables de deux romans,
ont chacun composé des grilles
par les titres des éléments.
Coïncidence phénoménale,
que leur indépendance accroît,
chacune des deux diagonales
se termine par le mot croix,

c'est pas possible.

On sait que le brave roi George
était un chaud-bouillant lapin
faisant goûter son sucre d'orge
à des dizaines de tapins.
Il s'éprit d'une jeune fille,
et Dorothée eut un garçon,
dont plus tard toute la famille
réclama titres et renom,

ça c'est plausible.

L'histoire de miss Lovendale,
inspira le brave Rémi,
pour composer sa diagonale,
ceci doit être bien admis.
Les valeurs du nom de la hase,
quatre-vingt-un, quatre-vingt-dix,
sont aussi les nombres de cases
des grilles d'Epstein-Rapilly,

c'est pas possible.

Et l'incroyable s'accumule,
voyez qu'on trouve réunis
dans un numéro de Formules,
Epstein, Rapilly, Jean, Rémi.
Or les lettres LOVEN et DALE,
qu'on lit dans la grille à Rémi,
apparaissent dans ce dédale,
par effet tout à fait fortuit,

c'est pas possible.

Dans ce numéro de Formules,
est aussi cité le roman
de John Barth qui semble un émule
de Ricardou prénommé Jean.
Vous le devinerez sans doute,
c'est encore un fieffé hasard,
si se croisent sans fin des routes
s'élargissant en boulevards,

c'est pas possible.

La conclusion se fait attendre,
malheureusement je ne peux
pas la dire sans faire esclandre,
on dit que j'en rajoute un peu.
Ce serait plutôt le contraire,
et quitte à vous turlupiner,
c'est bien plus extraordinaire
que nul ne peut l'imaginer,

c'est pas possible.

10.12.18

Drolls de dreamers


  J'ai décidé récemment d'achever cette année 2018 en revenant sur les grilles de Rapilly-Epstein-Schulz qui m'ont déjà bien occupé en 2017. Cette année s'est imposée une 4e grille, ou plus exactement la coïncidence entre les carrés formant des tables de chapitres, celui des Lieux-dits de Ricardou publié en 1969, et celui que j'avais fait pour mon projet Novel Roman en 1998. C'est en partie cette coïncidence qui m'a conduit à mener à terme ce projet cette année.  L'un des éléments réunissant Rapilly-Epstein-Schulz est notre présence dans un même numéro de la revue Formules, en 2005, aussi je me suis demandé s'il n'y avait pas quelque chose de Ricardou dans ce numéro 9.

  J'ai eu recours à la version en ligne, accessible sur le site de la revue, où il suffit de taper Ricardou dans l'onglet "chercher" pour avoir toutes les occurrences.
  Les principales mentions sont dans un article de Nicolas Wagner, Quand lire, c’est voir, consacré aux contraintes d'écriture qui ne sont plus seulement visibles, mais voyantes. Les Improbables strip-teases sont convoqués, où Ricardou a codé dans un texte des majuscules intempestives composant un sonnet, une récriture du Cygne de Mallarmé, et le propre commentaire de Ricardou sur cette entreprise est cité sur une demi-page.
  Ceci est inclus entre les hétérogrammes de Perec et Le domaine d'Ana de Lahougue, mais le premier exemple donné par Nicolas Wagner est le roman Letters de John Barth (1979), dont la page de titre se présente ainsi:
  Ceci se lit en tant que sous-titre An old-time epistolary novel, by seven fictitious drolls & dreamers, each of which imagines himself actual, soit "Un roman épistolaire d'autrefois, par sept fictionnels curieux & rêveurs, chacun d'eux s'imaginant réel."
  Si l'on éloigne quelque peu l'oeil de la page, la disposition inhabituelle des lettres permet de lire le titre LETTERS, "lettres", précisément.

  J'avais déjà vu ceci, mais les commentaires érudits de Nicolas Wagner ne m'avaient pas permis d'appréhender toute la subtilité du dispositif.
  Chacune des "LETTRES" s'inscrit dans un rectangle 7x5 correspondant à la façon usuelle de représenter un mois sur un calendrier. Un autre diagramme est donné à la fin du livre:
  Il est difficile d'imaginer de meilleures façons de représenter les lettres dans une matrice 7x5, ainsi les 88 signes utilisés semblent la solution optimale.
  Chacune des 7 lettres-caractères de LETTERS correspond à un mois, de mars à septembre 1969, et pour chaque mois les dates d'envoi des lettres-missives correspondent aux jours sur lesquels tombent les signes employés.
  Pour des raisons inhérentes au procédé, certains signes tombent sur des blancs dans la matrice d'un mois donné, par exemple pour les lettres SW qui tombent avant le 1er du mois d'avril (la grille ci-contre introduit la seconde des sept parties du roman). Ces lettres vont être datées des 30 et 31 mars. Les rares cas de ce type ne tombent jamais sur un jour déjà employé pour une autre lettre.
  A noter que les lettres-missives n'apparaissent pas selon l'ordre séquentiel des dates, mais selon la lecture "normale" de ce tableau, NOLDYTRORWSHIM.

  La première colonne de la première grille, mars, correspondant à la branche verticale du L, fait apparaître la séquence alphabétique ABCDEFG, ce qui n'a pas dû être facile à réaliser, le sous-titre étant assez élégant.

  Les 7 lignes du sous-titre correspondent aux 7 épistoliers, lesquels sont 6 personnages issus des 6 premiers livres de Barth, parus de 1957 à 1972, dont 5 ont été traduits en français, parfois avec beaucoup de retard. Letters est son 7e livre, dont une traduction serait problématique, et le 7e épistolier est The Author, "l'auteur", qui signe John Barth, supposé néanmoins aussi fictif que ses personnages.

  Ainsi ce titre/sous-titre génère tout le programme du roman, avec chaque lettre-missive identifiée par une lettre-caractère, ses dates d'envoi et son auteur étant déterminés.
  Ceci m'a dans un premier temps semblé très proche de la table des chapitres des Lieux-dits de Ricardou, 8 mots de 8 lettres classés par ordre alphabétique qui déterminent la structure du livre en 8 chapitres de chacun 8 sections, et livrant la diagonale significative BELCROIX, l'un des lieux-dits.
  De même le titre/sous-titre de Letters détermine la structure du roman, 88 lettres découlant de l'écriture "en toutes lettres" de LETTERS, réparties en 7 mois et 7 épistoliers selon une logique absolue, avec le sous-titre livrant le mot significatif LETTERS.

  Il s'y ajoute diverses coïncidences numériques, l'idée du carré avec d'une part 8x8 et de l'autre 7x7, et les 8x8 lettres des Lieux-dits ont un écho immédiat avec les 88 "lettres" de LETTERS.
  Il y a encore le choix de l'année 1969 pour Letters, année de parution des Lieux-dits, que le prof de "lettres" Barth pouvait connaître, mais il dit avoir eu l'idée de Letters dès 1968, et il semble établi que le choix de 1969 est d'abord motivé par la contemporanéité avec les romans dont sont issus les épistoliers.

  Mais Letters, ça parle de quoi? J'ai trouvé un pdf en ligne, scanné par un amateur qui dit avoir passé 77 heures à en vérifier le texte, et a aussi scanné les 6 premiers livres de Barth, dont la lecture est selon lui essentielle avant d'aborder Letters. Pour ma part, j'ai suffisamment de mal avec ses 620 pages touffues, mon anglais s'étant pas mal rouillé, et je me contente de pignocher de ci, de là, en m'aidant de la fonction Rechercher.
  Ceci a conduit à une formidable coïncidence le 25 novembre, où je rédigeais le matin le dernier chapitre de Novel Roman, se passant le 14 août, ce qui était planifié dès 1998, où je ne me souciais pas du nombre d'or. Ayant depuis constaté que le nombre d'or, au-delà de toute considération esthétique, était un facteur de coïncidences, j'y faisais remarquer par un personnage que c'était le jour où tombait la section d'or de l'année.
  Dans la soirée, étudiant Letters découvert quelques jours plus tôt, je tombe sur un passage où il est précisément question de ce Phi-point de l'année, le 14 août. Il s'agissait de sa deuxième occurrence, et voici la première, dans la lettre "O" de Lady Amherst à l'Auteur, du 16 août.
As of yesterday, "Phi-point of the calendar year and of LILYVAC's Five-Year Plan," the Mating Season was closed. Today -- "St Neapolus's Day and Bicentennial of the Emperor's birth" -- began "the Fall Work Period of Year E: i.e., Year Four of the Five-Year Plan." Which, however, in the light of "the Perseid Illuminations," might well prove to be "Year N, the first of a new Seven-Year Plan."
  Il s'agit en fait de la retranscription d'une conversation de la veille, 15 août, comme en témoigne la St Neapolus et l'anniversaire de Napoléon le même jour (ce qui n'est pas un hasard, j'y reviendrai), et c'est donc bien l'avant-veille, 14 août, que tombe le Phi-point, ou section d'or, de l'année, ainsi que du plan quinquennal LILYVAC.
  Quèsaco? L'instigateur de ce plan LILYVAC est Jerome Bray, personnage venu de Chimera (1972), où il en est déjà question. Bray habite Lily Dale, village de l'état de New York qui accueille spiritualistes et chercheurs marginaux divers. Il a nourri un ordinateur, LILYVAC, croisement de Lily Dale et EDVAC, avec des textes de fiction, afin de produire de nouveaux textes, en 5 étapes correspondant aux années de 1971/2 à 1975/6, nommées N, O, V, E, L. L'ordinateur a déjà produit des textes à partir des livres d'un auteur non nommé, mais leurs titres laissent facilement deviner qu'il s'agit de ceux de Barth, et ce ne semble pas un hasard si J. Barth et J. Bray ont les mêmes initiales.
   La finalité du projet est de produire le R.N., Revolutionary Novel, et lorsque LILYVAC commence à en cracher le titre, NO..., les chercheurs s'ébaubissent en attendant le complément VEL, mais le titre finalement donné est NOTES.
  On trouve aussi dans Chimera l'idée qu'on doit trouver au Phi-point d'un roman une anecdote le résumant.

  On retrouve ce plan quinquennal NOVEL/NOTES dans Letters, mais il y couvre les années 1966/7 à 1970/1. Je ne crois pas que le Phi-point du plan soit calculé aussi exactement qu'il l'est pour l'année 1969, et il me semble désigner d'abord la lettre E parmi les 5 lettres de NOVEL ou NOTES (car 5x.618 vaut un peu plus de 3).
  La dernière phrase de la citation supra évoque un plan septennal débutant par une année N. C'est qu'il est question maintenant que LILYVAC s'attelle au projet NUMBERS, en 7 lettres, mais maints indices pointent vers un couac du même ordre que celui qui a mené de NOVEL à NOTES, et que NUMBERS va devenir LETTERS, toujours en 7 lettres.
  La lettre "R" du 1er avril de J. Bray à Todd Andrews reprend d'ailleurs cet épisode de Chimera, en précisant que c'est à partir de ce 1er avril, correspondant à la fin de l'année V du plan, que LILYVAC fait un premier essai d'impression du R.N., le Roman Révolutionnaire, qui commence donc par NOTES au lieu de NOVEL. L'essai doit durer jusqu'au 4 avril, qui était cette année 1969 le Vendredi saint, et que des Spiritualistes de Lily Dale prévoyaient devoir être le jour du Jugement Dernier...
  C'est dans cette lettre "R" du 1er avril qu'il est pour la première fois question du nombre d'or.

  Dans la lettre "A" du 8 juillet de J. Bray à J. Barth, Bray réplique à Barth, lequel lui a communiqué son idée de le prendre comme personnage de Littérature, que lui Bray a programmé le nombre de Barth dans LILYVAC, afin qu'il devienne un personnage de la première oeuvre de "Numérature", le projet NUMBERS.
You think to make us a character in yet another piece of literature! You, "sir" -- now we have your number programmed into LILYVAC -- will be a character in our 18 14 (a.k.a. R.N.): the world's 1st work of Numerature!
  Précédemment dans cette lettre, Bray avait donné quelques indications nébuleuses sur le Phi-point:
In the lull between the end of our Spring Work Period (and of Year 3, a.k.a. T, a.k.a. V of our 5-Year Plan) and the Mating Season which will commence Year 4 (a.k.a. E etc.); in the afterglow of the "Gadfly (whoops) Illuminations" of July 4; in the pause at the Phi-point 6 1 8 (e.g. 3/5ths, 5/8ths, 54/88ths) -- your letter reaches us proposing that we participate in your fiction! Oh ha phi on you! (Tell him, LIL.)
  Les rapports 3/5es et 5/8es sont issus de la suite de Fibonacci, et le 54/88es qui suit, proche de 55/89es dans la suite de Fibonacci, fait bien entendu allusion au Phi-point des 88 lettres, qu'il y a au moins 3 façons d'ordonnancer.
  Il y a bien sûr l'ordre tel qu'il se présente dans le roman, mais il y a aussi l'ordre d'envoi des lettres, quelque peu différent. Il y a encore l'ordre correspondant aux lettres-caractères du sous-titre, selon lequel la lettre "R" du 1er avril, où il est pour la première fois question du nombre d'or, est la 55e, soit au Phi-point des 88 lettres-caractères (88x.618=54.4).
  Par ailleurs, Bray est le 5e épistolier, soit au Phi-point des 7 (7x.618=4.3). Barth lui fait remarquer dans sa lettre "C" du 27 juillet que NUMBERS est un mot de 7 lettres, et que son Phi-point tombe sur sa 5e lettre, E, qui est aussi la 5e lettre de l'alphabet. Ce serait aussi le cas pour LETTERS, et bien sûr pour ABCDEFG, l'acrostiche du sous-titre.

  Je conçois que tout ceci peut apparaître un peu compliqué pour qui ignore tout du nombre d'or, et très naïf pour les matheux, mais ces quelques développements étaient nécessaires pour faire comprendre que le Phi-point de l'année n'était pas anecdotique dans Letters, et que le personnage caricatural de Bray emprunte à Barth de réelles convictions sur le nombre d'or.
  J'en viens maintenant à l'essentiel, les rebonds à la coïncidence de ma découverte du 14 août doré dans Letters le jour même où je rédigeais le passage de Novel Roman où il en était question. Je le répète, cette date du 14 août (1908) était prévue dès 1998, pour des raisons n'ayant rien à voir avec Phi, qui ne m'intéressait guère alors.
  Je rappelle que ce projet est fondé sur la curiosité des mots ROMAN (N-AMOR) et NOVEL (N-LOVE), déduite de la lecture d'une aventure de Jim Barnett (un autre JB), où l'anglaise Elisabeth Lovendale recherche la 14e lettre (missive) cachée dans la reliure du 14e tome parmi les 18 d'une édition des romans épistolaires de Richardson (il est question de ces romans, emblématiques du genre, dans Letters). Je suis maintes fois revenu sur ce jeu, dernièrement ici, lié à la gématrie, notamment celle 171 des 18 lettres ELISABETH LOVENDALE, équivalente à celle des 18 premières lettres, ou somme des 18 premiers nombres, avec le N comme seule lettre à son rang alphabétique.

  Un mot clé essentiel de Novel Roman est "anagramme", et on y voit tour à tour éliminés 18 héritiers, tous portant des noms anagrammes de ROMAN NOVEL, avec dans à peu près tous les cas une autre anagramme associée à chaque héritier.
  Le chapitre 17 m'a conduit à forger l'anagramme avec des symboles atomiques, Al, O, Er, Mo, V, NN. Ce premier essai m'a fait constater que les numéros atomiques correspondants étaient deux à deux en rapport d'or, 13/8, 68/42, 23/14, et j'ai donc décidé de faire intervenir Phi dans ce chapitre, et de le rappeler dans le final avec le 14 août.

  J'ai hésité pour mon titre entre Roman Novel (R.N.), en parfaite adéquation avec l'illustration donnée ci-dessus, et Novel Roman, choisi à cause du Nouveau Roman.

  Un élément central de Letters est le plan d'écriture du R.N., ou N-O-V-E-L, par l'ordinateur LILYVAC, à Lily Dale, "vallée des lys", mais la personnification apportée par le baptême de l'ordi (aussi appelé LIL) peut faire penser que Lily, en tant que prénom, est le plus souvent considéré comme un diminutif d'Elisabeth. Ainsi on aurait Elisabeth-Novel-Dale...
  A remarquer que la 4e de couverture énonce
At once John Barth's most novel novel,
  Un essai d'impression de NOVEL (ou de NUMBERS), dans la lettre "S" du 13 mai, donne d'abord 1 14 1 7 18 1 13 12 5 1 6 25, puis des lignes de 55 "s" et de 49 "s", alternativement, page après page.
  Il faut remplacer les numbers par des letters pour lire
ANAGRAM LEAFY ("anagramme feuillue", ou "touffue"), et 55 et 49 sont les gématries correspondant à ces deux mots.
  Il faut encore savoir que Bray est aidé par la jeune programmatrice Merope Bernstein, laquelle se fait appeler Morgana le Fay ("Morgane la fée" en anglais), ou Margana le Fay (orthographe qu'on rencontre effectivement ailleurs que dans Letters), anagramme de ANAGRAM LEAFY.

   Nombre d'or, anagramme, gématrie, tout y passe et il y a encore plus hallucinant. Un des ajouts au projet de 1998 a été une table des chapitres avec des titres tous en 18 lettres de valeur 171, formant divers messages annexes dont l'acrostiche alphabétique ABCDEFGHIJKLMNOPQR dans le première colonne. Le chapitre 14 correspondant à N est particulier, choisi dès 1998 devoir se dérouler le 16 avril 1908, Jeudi saint.

  Le sous-titre de Letters est donc disposé de façon à faire apparaître en première colonne l'acrostiche ABCDEFG, et le procédé est évoqué à diverses reprises dans le roman, notamment dans l'avant-dernière lettre, "A", datée du 7 septembre, contenant uniquement cet acrostiche issu d'un recueil de bénédictions de mariage du 16e siècle (on n'est pas obligé de tout lire):
Alle
Blessynges
Content that Cheereth ye
Darkest Days No
Enemy but many
Friendes
Good luck & Good
Health to
Inspire
Joye Bee happy as a
Kynge through a
Longe lyfe
May Mirthe
Open a
Path of Peace & never
Quit you but give you
Rest &
Sunneshine In
Trial may you bee
Unceasynglie
Victorious & attaine
Wealthe & Wisdom &
Xcellence Bee
Younge in hearte with
Zest to enjoy these & alle other good thyngs
  Seules 25 lettres composent l'acrostiche, et la lettre manquante est le N !!! Il semble que ce soit déjà le cas dans le recueil original (du moins dans une version que j'ai trouvée en ligne).
 
  C'est loin d'être tout, et je ressens cruellement ce que Ricardou appelle une "maladie chronique", l'impossibilité de communiquer en même temps tout ce qui bouillonne à peu près simultanément dans ma cervelle émerveillée.
  Il y a donc aussi la lettre "R" du 1er avril, où il est pour la première fois question du nombre d'or, or j'ai décidé, avant d'écrire le chapitre 18 final de Novel Roman, de reprogrammer les dates de publication des 18 chapitres sur le blog, du 18 au 1er avril, de manière à ce que les chapitres apparaissent dans le bon ordre dans un même mois des Archives. Le chapitre "publié" le 1er avril est donc celui dont le titre débute par "R", Riche drame d'hériter.
  J'ai décidé de titrer ce billet Drolls de dreamers, écho à Drôle de drame bien sûr, avant d'avoir vu la coïncidence du Phi-point de l'année entre Letters et mon chapitre Riche drame d'hériter.
  Je remarque que la lettre "R" du 1er avril est la dernière du mot DREAMER, "rêveur", et que, si Margana est l'anagramme de "Anagram", "rêveur" est le revers phonétique de "revers".

  Et il y a la menace de la fin du monde le 4 avril, le Vendredi saint en 1969. Dans mon projet de 1998, Norman Love devait "mourir" le 16 avril 1908, Jeudi saint, la date où Arsène Lupin semblait mortellement blessé dans L'Aiguille creuse. Mais Lupin est immortel, et le cadavre qu'on découvre n'est évidemment pas le sien, de même que le mort du chapitre 14 de Novel Roman n'est pas celui de Norman Love, que j'ai fait naître un 4 avril (en écho à son modèle, Norman Bates, inoubliablement incarné par Tony Perkins, né le 4 avril 1932).
  Lors de la rédaction effective du chapitre, il m'est apparu qu'il n'était guère possible de situer cette pseudo-mort le 16 avril, et je l'ai placée dans la nuit suivante, le Vendredi saint donc.

  Le 4 avril m'évoque bien sûr au premier chef le 4/4/44 de Jung. Cherchant si cette prédiction du Doomsday un 4/4 avait une quelconque réalité; je n'ai rien trouvé en ce sens, mais découvert le Doomsday Algorithm, proposé par le fameux matheux John Conway pour déterminer facilement quel jour de la semaine correspond à une date donnée. L'algorithme est basé sur le fait que, dans une même année, le 4/4, le 6/6, le 8/8, le 10/10, et le 12/12, des dates faciles à mémoriser, tombent le même jour.
  Et alors? Ayant constaté que les 31360 jours et 20 heures vécus par Jung jusqu'au 6/6/61 à 16 heures se répartissaient en 5 périodes de 6272 jours et 4 heures, la dernière partant du 4/4/44 à midi, la date donnée dans Ma vie... pour l'échange de son destin avec celui de Haemmerli, j'ai eu la curiosité de voir à quelles dates menaient d'autres ajouts de 6272 jours et 4 heures, soit
- au 8/8/78, 20 heures,
- au 10/10/95, 24 heures,
- et enfin au 12/12/12, 4 heures, avant que l'harmonie des dates gémellaires ne se perde.
  Ainsi la date de naissance de Jung, le 26 juillet 1875, n'ayant a priori rien de particulier, se trouve, rapportée au 4/4/44, avoir pour futur symétrique le 12/12/12.
  J'avais remarqué que Jung était mort un mardi, comme le 4/4/44 qui était le Mardi saint (de même que le 1er avril 1969), mais je n'avais pas vu que les 4/4, 6/6, 8/8, 10/10 et 12/12 des années 44-61-78-95 étaient tous des mardis. Pour 2012, les 4 heures supplémentaires aux 6272 jours (896 semaines) font passer au mercredi.

  J'ai étudié ceci dans le billet Revolution 139, du 26 juillet 2014, 139e anniversaire de la naissance de Jung, où j'avais volontairement écrit revolution en anglais, en pensant à Revolution 9 des Beatles (1968, année V du Revolutionary Novel).  J'ai eu la surprise de trouver mention du 94e anniversaire de la naissance de Jung dans la lettre "H" de Ambrose Mensch, du 4 août, sans autre lien que la date avec l'événement concerné, l'hystérectomie de son amie Magda Giulianova.

  Jung est mentionné à deux autres reprises dans le roman, pour son influence sur Joseph Campbell dans la même lettre, et pour son patient Hermann Hesse dans la lettre "D" de Lady Amherst du 26 avril.

  Deux autres personnes voient leur anniversaire posthume précisé, d'abord le président James Madison, né le 16 mars 1751, dans la lettre "T" du 3 avril (de Jacob Horner, parce que lui-même est né le 16 mars 1923. Il a fini ses études le 16 mars 1951, qu'il précise être le 200e anniversaire de Madison. Dans le même paragraphe est fait allusion au 14e des Cent-Jours de Napoléon (du 20 mars au 28 juin 1815).
  C'est justement Napoléon qui fait l'objet de l'autre anniversaire posthume, dans la lettre "O" de Lady Amherst à l'Auteur, du 16 août, dans un passage cité supra, pour précisément le 200e anniversaire de Napoléon, né le 15 août 1769.
  C'est aussi le 34e anniversaire de Jerome Bray, dont le nom complet qu'il mentionne à chaque occasion est Jerome Bonaparte Bray (ou J.B.B., ou 10 2 2), et qui est un descendant de Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon.

  Comme j'ai eu à maintes reprises l'occasion de l'indiquer, je n'ai rien d'un observateur indépendant, et maintes coïncidences littéraires que j'ai relevées n'auraient probablement pu l'être par quelqu'un d'autre, surtout lorsque ma propre écriture est concernée, comme le cas du Phi-point de l'année, mais comment rendre compte de mon approche de Letters juste au moment où je rédigeais l'épisode de Novel Roman où il en est question?
  Dans Letters, c'est donc un membre de la famille de Napoléon, bonapartiste lui-même, qui met en avant ce Phi-point de l'année, or je pourrais moi-même appartenir à cette famille, sans en être aucunement fier. Ma trisaïeule Souverbie était lingère à la cour de Napoléon III, où elle a été engrossée par paraît-il un haut personnage (j'ai déjà eu l'occasion d'y voir un parallèle avec l'aïeule Lovendale, engrossée par George IV).
  Sur cette photo de juillet 1911 figurent au premier plan à droite mon arrière-grand-père Max Souverbie, fils de la lingère, à gauche son petit-fils, mon père Maxime qui n'a pas encore 3 ans, derrière lui ses parents, Lucien et Marcelle Schulz, née Souverbie.
  Max Souverbie a eu trois enfants. Ma grand-mère Marcelle pensait que son grand-père était Maximilien de Habsbourg, et elle a baptisé mon père Maxime pour cette raison. Pour son frère Jean et sa soeur Suzanne, le géniteur était Napoléon III, dont une photo figure en tête de leurs albums de famille. L'identité réelle du suborneur était contenue dans une cassette scellée, disparue lors d'un cambriolage...

  A propos de Max, un spécialiste des lettres américaine qui a consacré un livre à Barth se nomme Max F. Schulz.

  Je ne pensais pas le révéler, mais j'ai daté dans mon dernier chapitre le vol des 18 camions (sauf le numéro 14 bien entendu) par Maxim Dufrax du 1er septembre 1908, parce que c'est la date de naissance de mon père Maxime.
  Dans le chapitre précédent, l'un des prétendus tableaux dorés de Nolven Amor est une toile de 1912 de Jean Souverbie, et le petit garçon représenté est mon père.
  L'un de ses autres tableaux dorés est supposé avoir eu pour modèle Béa Mucha, fille imaginaire du peintre Alfons, réel auteur de la toile. Ce nom était forgé pour avoir tous les nombres de Fibonacci correspondant à des lettres, 2-5-1-13-21-3-8-1.
  Un personnage essentiel de l'entourage de Jerome Bray est Bea Golden, avec qui il compte fonder le Nouvel Âge d'Or (New Golden Age). Diverses dates sont données pour le début de cet Âge d'Or, la fin du plan quinquennal NOVEL en 1971, puis le 5 avril 1969, lendemain de la Fin du Monde, puis le 5 avril 1977, fin du plan NUMBERS.

  Jerome Bray, toujours lui, annonce dans sa première lettre, "E" du 4 mars, qu'il compte attaquer John Barth pour plagiat de ses propres oeuvres, publiées sous des pseudos avec toujours pour initiales J.B., à commencer par J.A. Beille, allusion à Henri Beyle, Stendhal.
  Je faisais écho dans le chapitre 15 de Novel Roman à l'Avertissement ouvrant La Chartreuse de Parme, où le récit est dit être une "nouvelle", et où apparaît l'expression "nouveau roman".

  61 ans séparent l'action de Novel Roman, 1908, de celle de Letters, 1969, où doit être imprimé le premier essai de NOVEL, or 61 est la valeur de ROMAN. Je me suis émerveillé du couple doré NOUVEAU ROMAN, 99/61, or 99 est précisément la valeur de LETTERS, ou de LETTRES en éventuelle traduction française, où NOVEL deviendrait ROMAN.
  Je rappelle que 1969 est composé des mêmes chiffres que 99/61 (ainsi que 1996, l'année où j'ai eu l'idée de Novel Roman).

  Une de mes obsessions, associée à Jung-Haemmerli, est la paire fibonaccienne 13-21. Deux lettres successives, "E" et "N" des 8 et 29 août, de Letters font apparaître ces deux nombres dans leurs intitulés:
E: Todd Andrews to his father. 13 R, a visit from Polly Lake, a call from Jeannine.
N: Todd Andrews to the Author. A series of 21's and an intention to bequeath.
  Todd pense que les phases de sa vie se répètent, ainsi la période actuelle 13 R reprend une période antérieure 13 L. Je n'ai pas eu envie d'approfondir.
  La seconde lettre concerne une série de coïncidences autour du nombre 21.
  Il n'est bien entendu pas exclu que l'auteur ait choisi ces nombres parce qu'il est lui-même intéressé par la suite de Fibonacci. J'ajoute que le zipcode de Todd Andrews est 21613 (21 étant l'un des indicatifs du Maryland).
  C'est l'adresse où Todd Andrews vit, sur un bateau accosté dans la baie de Chesapeake. Son autre adresse est la Faculté (de lettres, bien sûr) Redmans Neck, où demeure aussi Lady Amherst, avec le zipcode palindrome 21612. Si ce zipcode est bien valide, la Fac Redmans Neck n'apparaît que chez John Barth.

  Je reviens sur mon éventuelle parenté napoléonienne avec Jerome Bray. J'ai évoqué à diverses reprises l'éon Napol, le nom que j'ai donné vers 1995 au phénomène que Jung a nommé synchronicité, pour me démarquer de la théorisation qu'il en donne.
  Ce nom symbolisait pour moi le rapport 5/13 (ou 13/5), non parce que ce sont des termes de la suite de Fibo, mais parce que je les avais remarqués dans l'oeuvre de Rabelais, avec Panurge saisi de frayeur à la 78e des 108 marches des Degrés Tétradicques descendant vers le Temple de la Dive. 108 serait selon Rabelais deux fois la "psycogonie de Platon" soit les premières puissances de 2, 1-2-4-8, somme 15, et celles de 3, (1)-3-9-27, somme 39, sans compter le 1 répété.
  On a donc 15/39 = 30/78 = 5/13, et on retrouve ce rapport à Thélème, dont chaque côté mesure 432 pas répartis en 120 et 312, avec 120/312 = 5/13.
  La disposition classique des puissances de 2 et 3 en un lambda grec, Λ, m'a conduit à constater que, selon l'isopséphie grecque,
Λ = 30, l'écriture complète de la lettre étant
Λαμβδα = 78, tandis que
TRENTE = 78, toujours en gématrie latine.
  Comme Rabelais envisage une équivalence entre le 30e monde de Métrodore et le 78e de la Plaine de Vérité, le mot PLAINE = 54 m'a conduit à
P / LAINE = 15/39 = 5/13 (gématrie latine encore en usage au 16e), et
AIE / PLN = 15/39 = 5/13.
  Les puissances de 2 et 3 m'ont conduit à envisager une forme en 2 et 3 lettres, et comme I+E = O en gématrie latine, je suis arrivé presque naturellement à NAPOL, avec
AO/NPL (ou P/NAOL)= 15/39 = 5/13,
et tout aussi naturellement à l'éon Napol, une personnification ne devant rien à mon éventuelle parenté avec le despote.
  Un fabuleux écho a été la découverte du poème fibonaccien Roman Amor, basé sur les nombres 5 et 13 et dédié à
JEAN QUEVAL = 30/78 = 5/13.

  Je peux maintenant aborder le formidable rebond que m'a permis Barth, en faisant naître Bray le même 15 août qui avait vu naître Bonaparte. Le 21e siècle m'a vu devenir pataphysicien, et prêter attention au calendrier collégial, avec quelques collisions époustouflantes. Ainsi c'est le 8 septembre 2008, jour de l'An 136 pataphysique, que je découvris la relation quintessentielle autour de l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44, avec
JUNG HAEMMERLI = 52+84 = 136.
  Il y a encore 84/52 = 21/13, or cette découverte était liée à la lecture d'un roman jungien le 31 août précédent, 21e jour du  13e mois pataphysique de l'an 135.
  Si le 31 août est un 21/13, le 15 août est bien sûr un 5/13:
  Et c'est ainsi que Napol(éon) est né un 5/13.
  Comme il craignait que la postérité oublie sa date de naissance, il a trouvé un obscur saint dont le nom rappelait le sien, Neapolus, et le pape a complaisamment déplacé la fête de ce saint au 15 août. Voir cette page, laquelle m'a appris que l'empereur signait parfois son courrier Napol. J'y ai aussi vu mention d'un Napoléon Sévin guillotiné en 1873 (l'an 1 pataphysique), ce qui pourrait fournir une piste pour la famille de bourreaux Sevin dans La dévoration.

  L'autre date "napolienne" serait le 13 mai du calendrier vulgaire, le 13/5, et l'une des lettres de Bray est datée du 13 mai 1969, celle exposant l'essai d'impression de NUMBERS. J'ai été amené à calculer où tombaient les sections d'or de la vie de Jung, et la petite section d'or était le 13 mai 1908.

  Je n'en ai pas fini avec Barth, et étudierai dans le prochain billet les rebonds liés à sa présence dans la revue Formules n° 9.

  Note: çoeur dp, qui a été l'une des premières lectrices de ce 272e billet de Quaternité, me communique qu'elle a trouvé ce matin en rangeant des livres le numéro 9 de la revue Anagrom, ainsi baptisée à cause de Morgana. Elle me fournit aussi un lien vers une note bibliographique du numéro 134 (Arsène Lupin, voir le billet précédent) de la revue Bibliothèque de l'École des chartes, où la note occupe les pages 272-273 (ce 272e billet sera suivi du 273e où il sera encore question de Barth).

4.12.18

Arsène Lupin et Jim Barnett

  J'ai évoqué récemment Le retour d'Arsène Lupin, de Frédéric Lenormand, paru le 10 octobre dernier, faisant notamment coïncidence avec Novel Roman parce qu'il se passe en 1908.

   Un autre roman qu'il m'a semblé devoir lire est paru en octobre 2018 (le 4), le Werber de l'année, La boîte de Pandore.
  J'ai jadis rencontré une curiosité dans ses Thanatonautes, la section 216 donnant quelques noms des 72 anges "de la kabbale", noms que je savais avoir été composés à partir d'étonnants versets bibliques successifs de 72 lettres chacun (Ex 14,19-21), 216 lettres en tout.
  Je connaissais déjà une remarquable coïncidence à propos de ces anges et du nombre 216. Je n'en connais pas de mention antérieure au Zohar, or dans l'édition de référence du Zohar, la liste des 72 combinaisons de 3 lettres est donnée page 216 (ou folio 108b), voir ici.

  Je me souviens de ma première ascension du pic d'Oise, près de Digne, le 23 octobre 2007. En grimpant, je lisais La révolution des fourmis, que je venais d'emprunter à la médiathèque, et y découvrais avec stupéfaction une structure palindrome sophistiquée.
  Le roman se partage en deux récits alternés, chez les humains et chez les fourmis, évoluant de façon parallèle mais passant par des phases en ordre inverse, ce qui permet une remarquable symétrie des 245 sections numérotées (ou chapitres) du livre, avec des titres parfois identiques, et souvent en immédiate corrélation.

  Ceci ne semblait qu'un premier pas, car la répartition de ces sections en 4 parties, Coeur, Pique, Carreau, Trèfle, était visiblement choisie parce que TREFLE est l'anagramme de REFLET, et que le CARREAU reflète...
  Ces 4 parties comptent 60-62-71-52 sections. Le dernier nombre correspond probablement au jeu de 52 cartes, et j'ai tenu pour certain que les 62-71 centraux étaient une signature de l'auteur,
BERNARD + WERBER = 62 + 71, un nom possédant une symétrie partielle, BER...BER (et je crus distinguer des sous-groupes dans ces parties correspondant aux 4 syllabes BER-NARD-WER-BER).
  Pour les 112 autres sections, j'avais envisagé d'en faire 113 en y adjoignant la citation d’Edmond Wells en exergue,
« 1 + 1 = 3 (du moins, je l’espère de tout mon cœur) »,
possible section 0 (113 au lieu de 112, 1+1=3 au lieu de 1+1=2).

  J'ai entrevu d'autres niveaux de sophistication dans le roman, sinon dans la trilogie des Fourmis, et les ai exposés dans Rewerberations, que je pus remettre à l'intéressé quelques jours plus tard.   

  Bien sûr la structure en miroir de La révolution des fourmis était intentionnelle, mais c'est moi qui ai appris à Werber que la valeur de son nom était 71, que les noms des anges de la kabbale venaient d'un passage biblique de 216 lettres, etc., etc.

  Ceci m'a conforté dans mon soupçon qu'un effort de structuration de l'écriture peut entraîner des effets imprévus, et j'ai continué à jeter un oeil sur les parutions de Werber, sans guère y trouver matière à rebondir, jusqu'à aujourd'hui.
  Avant de lire un quelconque livre je regarde d'abord sa structure, en 134 chapitres pour La boîte de Pandore, alors que les romans de Werber dépassent souvent les 200 chapitres (ou sections).
  134 est d'abord pour moi la valeur d'ARSENE LUPIN, significative car un de mes premiers pas dans la gématrie "moderne" a été en 1996 le constat d'une certaine redondance du nombre 134 dans l'oeuvre de Maurice Leblanc, tel quel ou implicite dans les divers cryptogrammes affectionnés par l'auteur

  La boîte de Pandore, c'est l'accès aux incarnations précédentes d'une personne, et le héros du roman, René Toledano, découvre grâce à l'hypnotiseuse Opale un accès privilégié à ses vies antérieures. L'expérience se présente comme l'ouverture d'une porte, derrière laquelle il y a un couloir, avec des portes numérotées. Dans le cas de René, ces portes sont numérotées de 1 à 111, ce qui signifie que son âme est actuellement dans sa 112e incarnation.
  112 m'est aussi significatif dans le cadre lupinien, car c'est la valeur de JIM BARNETT, l'une des multiples identités d'Arsène. Il y a tant d'identités de Lupin que ceci ne pourrait guère être considéré comme une coïncidence si, 6 jours après la parution de La boîte de Pandore, n'était paru Le retour d'ARSENE LUPIN (=134), où Lupin apparaît en tant que JIM BARNETT (=112).
Note de 2020: Werber conte ici comment une voyante lui a assuré en 1997 qu'il était dans sa 112e incarnation.
  Ceci m'a ouvert a quelque chose que j'aurais pu voir bien avant, mais il y fallait peut-être ce déclic.
  Début 1997, je me suis extasié de constater que le sonnet de Perec Vocalisations, version sans E des Voyelles de Rimbaud, comptait 112 mots de valeur totale 6272, soit 112 fois 56, avec de multiples relations afférentes.
  A l'époque, le nombre 6272 m'a d'abord évoqué
ARSENE LUPIN = 62 72, d'autant que mes premières trouvailles gématriques associaient Perec et Leblanc, avec par exemple l'architecte du 11 rue Simon-Crubellier nommé Lubin Auzère, un nom qui peut rappeler quelqu'un, d'autant que
LUBIN AUZERE = 58+76 = 134 = ARSENE LUPIN.

  S'il m'était alors venu d'associer JIM BARNETT et ARSENE LUPIN, j'aurais pu constater que
JIM+ARSENE / BARNETT+LUPIN = (32+62)/(80+72) = 94/152 = 47/76,
soit PEREC / GEORGES, avec 47 et 76 nombres de Lucas, offrant un excellent rapport doré (47/76 = .618421..., tandis que les premières décimales de Phi sont .618033...) Je remarque au passage que le nombre d'or revient à plusieurs reprises dans l'oeuvre de Werber, avec sa première apparition dans La révolution des fourmis, précisément. L'héroïne de la trilogie des Fourmis, 103 683e (diminutif 103e) a pour numéro d'ordre une permutation ordonnée de ces décimales 618033, mais ce n'était pas intentionnel.

  Le découpage des 112 mots de Vocalisations amène quelques parallélismes avec JIM BARNETT:
- le premier quatrain compte 32 mots, JIM;
- le second quatrain 35, BARN;
- le premier tercet 25, ET;
- le second tercet 20, T.
  Il y a moyen de détacher les initiales JB, car le premier vers, formant un tout (A noir (Un blanc), I roux, U safran, O azur,), compte 10 mots, J. Le sonnet offre par ailleurs un unique enjambement entre les deux quatrains, déjà présent chez Rimbaud, et les 2 premiers mots (Caps obscurs;), B, du second quatrain font partie des correspondances du A noir (qui était suivi chez Rimbaud par l'E blanc, futur créateur d'Arsène, disparu chez Perec).

  Bien entendu, Perec n'a pas plus ici songé à JIM-BARN-ET-T qu'à ARSENE-LUPIN = 62-72 en composant ce sonnet, en probablement pas plus de quelques minutes.
  Et pourtant il y apparaît aussi la valeur complète 134 d'ARSENELUPIN. En calculant pour chaque vers l'écart de la valeur de ses N mots par rapport à N fois 56, on obtient un déficit de 134 pour les 67 mots des quatrains, évidemment compensé par un gain de 134 pour les 45 mots des tercets. Ceci pourrait être souligné par un équilibre unique pour les 16 mots des deux premiers vers des tercets, et on a donc
- 8 vers en 67 mots de valeur 3618 = 67x56 - 134,
- 2 vers en 16 mots de valeur 896 = 16 fois 56,
- 4 vers en 29 mots de valeur 1758 = 29x56 + 134.

  Sur son blog, Werber indique qu'il a structuré son roman selon le modèle du tétraèdre (lequel était aussi présent dans La révolution des fourmis, avec les 8 triangles formés par 6 allumettes disposées en tétraèdre et son reflet dans le miroir).
  Je ne sais ce qu'il entend par cette structure. Peut-être est-ce les trois parties bien distinctes du roman, formant un triangle, unies par le personnage central, René.
  Toujours est-il que les nombres de sections (ou chapitres) des trois parties peuvent m'être significatifs, 37-42-55.
  Dans la première partie, Hypnos, René apprend à contrôler son accès à ses vies antérieures, et découvre que sa première incarnation a été un Atlante qui vivait il y a 12000 ans, âgé de 800 ans et haut de 10 mètres...
  Dans les deux autres parties, Sauver l'Atlantide et L'Egypte, René se mêle de modifier le passé, ou d'actualiser le rôle qu'il n'a pas manqué d'y avoir eu... Sachant le cataclysme qui va frapper l'Atlantide, il demande à sa première incarnation d'en devenir le Noé, et un groupe d'Atlantes parvient en Egypte, où leur arrivée est à l'origine de divers mythes et croyances.
  Bref, le découpage de 134 en 37-97 m'est significatif, depuis que j'ai vu la correspondance avec
DIX MILLIARDS = 37 97,
la fortune de Lupin telle qu'elle est évaluée dans le dernier roman publié par Leblanc, Les milliards d'Arsène Lupin, où ces milliards sont convoyés par 18 camions (sauf le 14e camion qui contient autre chose, écho à la 14e lettre parmi les 18 de Jim Barnett).

  Ceci m'a conduit à trouver une anagramme de ARSENE LUPIN répondant à ce partage 37-97, et je l'ai fait dans la nouvelle C'était avant l'horreur..., avec le diplomate Inn Alpurèse, réel auteur des aventures d'Arsène.
  J'ai appris ensuite que 37 et 97 étaient des termes de la suite "de Pythagore", une des premières suites additives de type Fibonacci, 1-4-5-9-14-23-37-60-97..., ainsi le rapport 97/37 = 2,62... est-il proche du carré du nombre d'or, 2,618...
  Le découpage de 97 en 42 (deux fois 21) et 55 m'est significatif, selon l'aspect fibo puisque 21 et 55 sont deux termes de la suite de Fibo, avec 55/21 = 2,619..., et selon l'aspect chapitrage car j'ai été frappé par la répartition des 55 chapitres du Chemin de la lumière, de Paul Halter, un roman qui a joué un rôle essentiel dans ma découverte de la répartition de la vie de Jung en 4+1 fois 6272 jours autour du 4/4/44, en deux parties de 13 et 42 chapitres. Cette seconde partie peut se subdiviser en deux épisodes de 21 chapitres, le saut temporel de l'héroïne en Crète minoenne, et sa participation à une expédition en Egypte...
  Il est fortement supposé que la légende de l'Atlantide a pour origine la ruine de la civilisation minoenne, provoquée par la catastrophe de Santorin.

  Je n'insiste pas sur les développements fibo qui pourraient m'entraîner très loin.
  Le partage 55-79 des 134 chapitres de Werber évoque aussi Lupin, car une autre anagramme (après Paul Sernine et Luis Perenna) apparaît dans Les milliards d'Arsène Lupin,
PAULE SINNER = 55 79,
et ce sont les 5 lettres P-A-U-L-E qui forment le chiffre de la combinaison des coffres abritant les dix milliards.
  Le dernier partage 42-92 est encore évocateur, car au moins quatre auteurs ont eu recours à l'anagramme
RENE PAULINS = 42 92.

  Tiens, René est le prénom du héros de ce Werber, choisi pour son sens plutôt que pour son nombre, mais il y a encore ici un écho numérique.
  Mon étude de La révolution des fourmis m'avait conduit à calculer la somme des numéros de section correspondant aux 112 sections des première et dernière partie, soit 13244, qui correspond à 42x43x44/6, un nombre tétraédrique, correspondant au nombre d’éléments d’un tétraèdre dont un côté serait constitué de 42 éléments.
  Les recherches pour ce billet m'ont fait découvrir le blog de Jean-Pierre Goux, pour lequel La révolution des fourmis et la rencontre de Werber ont été décisives. Un ami à lui a créé cette projection du tétraédre pour illustrer la formule 1+1=3 que j'avais imaginée pouvoir constituer la section 0 du roman, qu'on pouvait ajouter aux 112 sections pour obtenir 113, sans modifier la somme tétrédrique 13244.

  Je remarque encore le titre de la partie centrale de La boîte de Pandore en 42 chapitres (RENE):
SAUVER L ATLANTIDE = 86+6+86 = 184, ou deux fois 92 (PAULINS),
tandis que la première partie en 37 chapitres (DIX, INN) est
HYPNOS = 97 (MILLIARDS, ALPURESE, les 97 chapitres suivants).

  Pour ce 271e billet s'imposait le titre
ARSENELUPIN ET JIMBARNETT = 134+25+112 = 271.