20.3.11

Fat Phil

Après avoir lu mon précédent billet sur L'insolite aventure de Marina Sloty, voyageuse dans le temps, Gef m'a signalé l'existence d'une nouvelle de 1916 de Max Beerbohm, Enoch Soames, au thème proche.
On trouve en ligne le texte anglais, son résumé en anglais, et un commentaire plus succinct en français.
Beerbohm y dépeint le réel milieu artistique londonien des années 1890, en y introduisant le médiocre poète Enoch Soames, dont il donne quelques pièces, extraites du recueil Fungoids.
Beerbohm lui-même est le narrateur du récit, où il s'entretient avec Soames qui se désole d'être méconnu, et espère que la postérité saura reconnaître son talent. Le Diable écoutait leur conversation, et propose à Soames, en échange de son âme comme il se doit, de faire un saut dans la bibliothèque du British Museum 100 ans plus tard, le 3 juin 1997, pour savoir ce qu'il en sera.
Soames se laisse tenter, et revient du futur désespéré. Aucune oeuvre de lui n'est répertoriée en 1997, et son nom n'est mentionné qu'à propos d'une nouvelle (d'assez mauvaise facture est-il précisé) de Max Beerbohm, celle que le lecteur a sous les yeux.

Si la nouvelle n'a qu'un rapport lointain avec Marina Sloty, j'y remarque plusieurs choses dignes d'intérêt.
Le nom du voyageur dans le temps est aussi un nom doré, ce qui avait été la motivation principale de mon dernier billet :
MARINA / SLOTY = 56/91 = 8/13, deux nombres de Fibonacci;
ENOCH / SOAMES = 45/72 = 5/8, deux nombres de Fibonacci aussi.

Je découvre cette nouvelle, avec un Enoch dans le titre, deux mois après avoir découvert Père Elijah, le roman apocalyptique de Michael O'Brien. Je suis revenu à maintes reprises sur mon parallèle entre Elie-Enoch, les 2 personnages de l'Ancien Testament qui sont montés au ciel sans mourir, et Jung-Haemmerli, protagonistes de ce qui pourrait être la première NDE répertoriée. Le parallèle passe par les valeurs numériques, selon notre alphabet pour les Suisses, selon l'alphabet hébreu pour les prophètes :
JUNG / HAEMMERLI = alyhw / Hnwk = 52/84 = 13/21, deux nombres de Fibonacci encore...

Père Elijah s'achève sur cette phrase
Ainsi Enoch et Elijah descendirent-ils dans la ville, tandis qu'au-dessus d'eux un Airbus virait sur l'aile et amorçait sa descente sur l'aéroport à côté de la mer.
où Enoch est le personnage secondaire jusqu'ici connu sous le nom de Frère Ane, Brother Ass dans le texte anglais.
Or, après son retour en 1897, Enoch Soames dit à Max Beerbohm qui lui suggère des artifices puérils pour échapper au Diable :
'It's like my luck,' he said, 'to spend my last hours on earth with an ass.'
Soit "C'est bien ma chance de passer mes dernières heures sur terre avec un âne."
Hors l'écho avec Frère Ane, cette phrase a une curieuse résonance en français où le jeu âne/âme fait l'objet de divers contes où le Diable est leurré par plus malin que lui, le signataire du contrat lui ayant cédé son âne plutôt que son âme...
Le nom SOAMES pourrait résulter d'un autre jeu français, car la perte de son AME le transforme en ironique SOS, Save Our Souls, Sauvez Nos Ames...
Le prénom Enoch a pu être choisi d'après l'épisode biblique de l'enlèvement par Dieu.

A part ça, la nouvelle m'en rappelle une autre, de celui qui a longtemps été mon auteur favori, Philip K. Dick. L'Orphée aux pieds d'argile montre un célèbre auteur de SF, Jack Dowland, dont la carrière a été abolie justement parce qu'il avait rencontré un voyageur venu du futur pour lui annoncer qu'il serait considéré comme un auteur essentiel de SF. De retour dans son temps d'origine, le voyageur y trouve les notices sur Dowland modifiées : il n'a publié qu'un seul récit de SF, sous le pseudonyme de Philip K. Dick, L'Orphée aux pieds d'argile, histoire d'un écrivain recevant la visite d'un prétendu voyageur du futur... Dick a publié cette nouvelle sous le nom de Jack Dowland...

Les nouvelles de Beerbohm et Dick sont loin de se limiter à ces aperçus, et celle de Dick est si riche qu'elle ne peut être considérée comme un simple contrepied de Enoch Soames, que Dick a cependant pu lire, ce texte étant un classique outre-Manche et éventuellement outre-Atlantique.
Le nom du voyageur du temps Jesse Slade n'a rien de doré, mais celui du réel auteur peut l'être, sous la forme usuelle
PHIL / DICK = 45/27 = 5/3, deux nombres de Fibonacci toujours, mais dont le rapport est trop approximatif du nombre d'or pour rester longtemps optimal parmi leurs multiples, ainsi si le meilleur partage de 64, 8x(5+3) est toujours 40-24, celui de 72, 9x(5+3), est 44-28.
Il se trouve que Dick n'était pas un plumitif banal, et qu'en 1974 il a vécu une expérience spirituelle qui a grandement influé sur son oeuvre ultérieure. Certains traduiront "expérience spirituelle" par "délire total", délire peut-être, mais Dick avait gardé du recul par rapport à sa "révélation", lui permettant de la faire partager à ses plus fidèles lecteurs, dont j'étais.
On parle donc des "visions de 74" de Dick, comme Jung avait nommé son expérience de 44 "Visions", et il y a des points communs entre les deux. Comme Jung, qui au terme d'un périple spatial est arrivé à un grand rocher noir flottant dans l'espace, dans lequel était bâti un temple où il n'a pu entrer, rappelé sur terre par le docteur Haemmerli, Dick, après une "averse d'étincelles" multicolores vue comme une succession extrêmement rapide de tableaux abstraits, est arrivé à un calme paysage nocturne, ressemblant à la Grèce antique, vu derrière un seuil rectangulaire, un seuil qu'il n'a pu franchir. Dick relata d'abord cette expérience dans A scanner darkly (1977, Substance mort), en l'attribuant à un certain Tony Amsterdam. Le seuil y est alors dit de proportions harmonieuses, que Tony retrouve dans de multiples rectangles vus dans sa vie quotidienne, lui rappelant à chaque fois le seuil spatio-temporel qu'il n'a pas osé franchir, ce qui finit par le rendre fou.

Dick écrivit ensuite Valisystem A (1979), que son agent littéraire jugea impubliable et qui ne fut publié qu'en 85, 3 ans après sa mort, sous le titre Radio libre Albemuth. Il s'agit du récit de son expérience de 74, partagé entre deux narrateurs prenant tour à tour la parole (avec une particularité littéraire, le passage de l'un à l'autre récit se faisant au cours d'une même phrase), le disquaire Nicholas Brady sujet de l'expérience, et son ami le très rationnel écrivain de SF Phil Dick, qui conteste la réalité des visions de Brady, les attribuant aux diverses substances psychotropes absorbées par celui-ci.
La vision de l'averse d'étincelles menant au seuil vers la calme antiquité est présente, mais ce seuil y est explicitement un Rectangle d'or.
Le récit est intégré dans un cadre fictionnel, Nicholas et Phil complotent contre le président totalitaire Ferris F. Fremont (à lire F-F-F pour 6-6-6). Leur complot échoue, Nicholas est tué tandis que Phil est emprisonné, les sbires de FFF ayant besoin de conserver en vie l'auteur des livres qui continueront à paraître sous le nom Phil Dick, mais dont le caractère subversif sera peu à peu édulcoré jusqu'à épouser les vues du Parti.
Si PHIL / DICK = 45/27 peut être considéré comme un nom doré, il correspond en tous cas à un nom "Fibo", 5/3 = 1.666... tandis que
NICHOLAS / BRADY = 81/50 = 1.62, meilleure approximation à 3 chiffres du nombre d'or, 1.618033...

Plutôt que remanier Valisystem A, selon la suggestion de son agent littéraire, Dick écrivit un autre roman, avec une approche totalement différente, Valis (1980, Siva en français).
On y retrouve Phil Dick en narrateur, mais qui préfère attribuer son expérience à son double Horselover Fat, à la troisième personne. C'est Fat ("gras", comme dick en allemand) qui a vu l'averse d'étincelles et le seuil doré, mais son expérience est partagée par deux amis, et ils découvrent qu'ils ne sont pas seuls grâce au film Valis, où un certain Nicholas Brady affronte le président Ferris F. Fremount, et en triomphe, en partie grâce à certaine Synchronicity Music...
Il existe d'autres contactés par VALIS, acronyme de l'intelligence extraterrestre Vast Active Living Intelligence System, qui se reconnaissent entre eux en échangeant des décimales du nombre d'or, ou des nombres de Fibonacci...
Ironiquement, surtout sachant que Phil Dick pouvait être désormais une marionnette entre les mains de FFF, Valis a été originellement publié par Bantam Books, dont le siège était alors au 666 de la 5e avenue.

Ce fut un autre éditeur qui publia Valis Regained (1981, L'invasion divine), où il est encore question d'une porte menant à un territoire merveilleux, qu'on peut trouver partout où existe la Proportion d'or. Le rapport géométrique est 1 : 0.618034 (= 1.618034) mais Fibonacci l'a développé en tant que nombre pur. Le rapport donné en exemple est celui qu'on utilise pour jouer aux cartes, 3 contre 5; je ne vois pas trop ce que ça signifie, mais constate que c'est le rapport correspondant à DICK contre PHIL.
Un important personnage s'y nomme Elias Tate, explicitement présenté comme un avatar du prophète Elie, revenu sur terre à l'approche de la fin des temps.

Dick travaillait à sa mort sur un 3e (ou 4e) volet de Valis, The Owl in Daylight, dont je ne sais pas grand-chose.

La principale motivation du dernier billet était la double coïncidence du 4 avril 59 et du nombre 5691 entre L'insolite aventure de Marina Sloty et Tania Vläsi, nouvelle de Philippe Claudel, et dans ma réaction en 2003 à sa lecture je remarquais que VLASI était l'anagramme de VALIS, ce à quoi j'ai repensé en écrivant le billet, me disant qu'il faudrait me résoudre à parler de Dick ici, ce que j'avais déjà fait sur mon autre blog, à propos d'une coïncidence dans l'adaptation ciné de A scanner darkly, compensant l'omission de la vision du seuil doré. Ce n'est qu'après sa mort que Dick a connu la reconnaissance hollywoodienne, d'abord avec Blade Runner, puis avec de nombreuses autres adaptations, pas toujours fidèles.
Encore ironiquement, le roman Valisystem A, qui a failli être perdu, a fait l'objet d'une adaptation récente, Radio Free Albemuth. Le film n'est pas encore visible en France, on trouvera bande annonce, interview de l'auteur, et autres sur l'incontournable blog de Dickien. La distribution offre une jolie coïncidence : le personnage de Nicholas Brady (81/50 = 1.62), à qui est prêtée la vision du seuil doré, est interprété par un acteur au nom doré :
JONATHAN / SCARFE = 83/52 = 1.596...
J'ai choisi de faire figurer les 3 premiers interprètes de la fiche IMDb pour deux raisons :
1 - Si Shea Whigham (33 69) n'est pas particulièrement intéressant, bien qu'il joue Phil Dick = 45/27 = 5/3, Katheryn Winnick = 102/83 jouant la femme de Brady correspond au double de 51/83, relation d'or aux multiples échos abordés ici.
Par ailleurs le format du double rectangle d'or est reconnu par certains théoriciens de la peinture, tel Paul Sérusier. Mon cousin peintre Romain Souverbie m'a confirmé que les peintres "dorés" appréciaient pour cette raison le format standard de châssis "40 figure", 100x81 cm, soit un double rectangle d'or 81x50, Nicholas Brady !
2 - Dick et Perec ont au moins deux points communs objectifs, être passé dans l'autre monde à peu près au même moment (les 2 et 3 mars 1982), avoir mentionné le nombre d'or et la suite de Fibonacci dans leur oeuvre.
S'il n'est pas avéré que Perec ait nourri les mêmes fantasmes que Dick envers le nombre d'or, du moins les coïncidences sont au rendez-vous avec le film Les jeux de la comtesse Dolingen de Graz de la compagne de Perec, Catherine Binet, où Perec est intervenu à de multiples niveaux.
Non seulement les deux principaux acteurs ont des noms dorés, mais c'est une adaptation de Sombre printemps (qui débute aujourd'hui) d'Unica Zürn, qui est aussi un nom doré, et une erreur sur une page du Forum des images, aujourd'hui inaccessible, a voulu que les 3 premiers interprètes donnés pour le film soient ces 3 noms dorés.

Il se pourrait encore que Dick et Perec aient eu en commun les jeux gématriques autour du nombre 6. J'ai mentionné plus haut le 666 pour FFF chez Dick, et le dernier jeu proposé par Perec au magazine Ça m'intéresse consistait à dénicher l'intrus parmi 5 mots dont 4 avaient la valeur 66. Je n'ai toutefois pas réussi à obtenir de confirmation absolue qu'il ait été le réel auteur de ce jeu, unique dans sa production.

Mardi 15, j'étais à Digne où j'ai repris Père Elijah à la médiathèque, suite à la coïncidence avec Enoch Soames. J'avais survolé plutôt rapidement ce pavé catho, et sentais qu'une lecture plus attentive s'imposait. Je serais bien en peine d'expliquer pourquoi, peut-être à cause du mandala de couverture, j'ai aussi emprunté Les arcanes du chaos (2006), de Maxime Chattam, dont je n'avais jamais rien lu, et rien eu envie de lire.
Eh bien c'est plus à mon goût que Père Elijah, et part d'une idée intéressante.
L'héroïne Yael Mallan est amenée à enquêter sur les coïncidences du type Lincoln-Kennedy, ou Titan-Titanic, je n'y insiste pas, on trouvera aisément des dossiers sur le net.
Si Chattam s'est borné aux aspects rapidement énonçables de ces coïncidences, qui sont souvent ceux qui peuvent être démystifiés plus ou moins aisément, peu importe ici car, coïncidences réelles ou non, Chattam en rend compte en imaginant l'histoire humaine façonnée par quelques êtres vivant dans l'ombre, fabriquant ces coïncidences en partie pour mieux asseoir leur domination, en partie comme signatures artistiques.
Cette domination est telle qu'ils mettent du piquant dans leurs vies en s'affrontant entre eux, selon certaines règles.
Ceci ressemble un peu au monde de L'histoire secrète, dont il a été question ici pour l'apparition de Jung dans un contexte de résurrection, mais avec la magie en moins, ces maîtres cachés utilisant les prodiges de la technologie la plus avancée. On peut penser aussi aux Falsificateurs d'Antoine Bello.
Toujours est-il que Yael est manipulée, depuis des années, et que son enquête est canalisée pour l'amener à penser que c'est un de ces maîtres, James Goatherd, qui est responsable de l'assassinat de son père, François Mallan, afin de l'amener à se venger, selon le plan tortueux d'un autre maître.
C'est ainsi que, si elle accomplit la vengeance qui lui a été assignée, on découvrira que son prénom Yael est l'anagramme de Yale où a étudié Goatherd, que c'est un mot hébreu signifiant "chèvre" alors que goatherd signifie "chevrier"...
Mais Goatherd déjoue ce plan, et la laisse libre après lui avoir longuement expliqué les agissements de sa clique, et l'envoie aux premières loges de la manipulation à laquelle il travaille depuis longtemps. Il se débrouille pour lui faire prendre son petit déjeuner au restaurant panoramique en haut du World Trade Center, le 11 septembre 2001...
Si cet autre témoin d'une autre apocalypse a un prénom qui pourrait avoir pour autre anagramme Elya, j'ai été surpris de trouver deux noms dorés avec
JAMES / GOATHERD = 48/78 = 8/13 ;
FRANCOIS / MALLAN = 85/53, rapport doré optimal ne se simplifiant pas.
Il se trouve que le roman a 85 chapitres, et que c'est dans la dernière phrase du chapitre 53 qu'apparaît pour la première fois ce nom François Mallan.

Peut-être ces nombres ont-ils été choisis par l'auteur, ou par ses créatures, mais j'ai du mal à imaginer comment j'aurais pu être manipulé pour emprunter ce roman et Père Elijah 8 jours après avoir calculé la gématrie de Marina Sloty. Car le père Elijah a pour nom civil David Schäfer, soit "berger" en allemand, sens explicitement donné dans le roman. Pour calculer les valeurs des noms avec Umlaut, il existe deux possibilités, soit ne pas en tenir compte, soit utiliser l'orthographe normalisée, ce que j'ai fait hier 19 mars :
DAVID / SCHAEFER = 40/65 = 8/13
Incidemment, ce nom sous cette forme est assez courant pour qu'on trouve plus de 500 David Schaefer aux USA, dont un psychiatre, un philosophe, un sculpteur, un peintre réalisant des mandalas, dont le Crimson mandala ci-contre.

J'avais proposé une opération similaire lors de ma première approche de mon expérience de septembre 08, avant de débuter ce blog. Les noms JUNG et ZÜRN m'étaient venus parallèlement, et j'avais calculé juste avant que me vienne l'intuition de l'équilibre 4-1 autour du 4/4/44 :
JUNG / ZUERN = 52/84 = 13/21

J'ai donc, en l'espace de 13 jours, découvert 3 noms dorés de même rapport prénom/nom 8/13 :
MARINA SLOTY = 56 + 91 = 7 x (8 + 13)
JAMES GOATHERD = 48 + 78 = 6 x (8 + 13)
DAVID SCHAEFER = 40 + 65 = 5 x (8 + 13)
Cette succession a pour suite logique 32 + 52 = 4 x (8 + 13), or ma page précitée m'avait conduit à mentionner, juste après
JUNG / ZUERN = 52/84 = 13/21,
EMMA / JUNG = 32/52 = 8/13.

En m'émerveillant ce matin de mon emprunt de Père Elijah et des Arcanes du chaos 8 jours après ma découverte de Marina/Sloty = 8/13, un 7 mars doublement significatif (sinon triplement mais j'y reviendrai dans le prochain billet), j'ai un peu déploré d'avoir découvert hier David/Schaefer = 8/13, et non aujourd'hui 20 mars, 13 jours après le 7.
C'est cependant ce matin, en notant les différents noms remarquables, que je me suis avisé qu'ils avaient tous un sens, significatif et voulu pour les personnages de fiction, et Jung se réjouissait d'être un "jeune", lui qui avait prôné l'archétype du Puer Aeternus, ou Enfant intérieur. Or les traductions immédiates en français de ces noms présentent une harmonie numérique fabuleuse, plus particulièrement significative en couplant hommes et femmes :
goatherd / Schaefer = CHEVRIER / BERGER = 88/55 = 8/5
jung / sloty = JEUNE / OR = 55/33 = 5/3
Confirmation du Gématron :
CHEVRIER88 / BERGER55 [143]
JEUNE55 / OR33 [88]

[Ce texte de 21 lettres a une somme gématrique de 231.]

Un vertige me gagne en constatant les multiples échos :
- l'égalité 55 est entre les deux mots traduits de l'allemand;
- le rapport 8/5 correspond aux deux noms originels de 8 lettres auxquels sont associés des prénoms de 5 lettres;
- la somme 231 (11 x 21), et son partage en 88-143 (8-13) correspond aux deux couples originels envisagés,
JAMESDAVID GOATHERDSCHAEFER = 88 143
EMMAMARINA JUNGSLOTY = 88 143
- les rapports 8/5 et 5/3 se fusionnent pour donner 85/53, correspondant à François Mallan, le nom qui apparaît à la fin du 53e chapitre des 85 des Arcanes du chaos...

Je n'ai pas réussi à trouver un sens à mallan, que Chattam n'a cependant pas dû choisir innocemment. Je peux imaginer un M allan(t) de soi après un F(ranc) dans cette intrigue dominée par les sociétés secrètes, F-M évoquant la Franc-Maçonnerie...

7.3.11

l'insolite affaire de stylo

7 mars : Georges Perec aurait aujourd'hui 75 ans.
Deux coïncidences sont survenues ces derniers jours, liées à Perec et au 7 mars.
Depuis quelques jours, la liste Oulipo s'intéressait à divers reclassements de l'alphabet. Le 4 mars à 8:17, l'érudit Alain Chevrier signala un poème d'Aragon de 1920, adressé à Picabia, consistant en un abécédaire complet, mais dans un désordre éventuellement calculé :

D F A L B C O E H G
I K J M Q R P X S U
W T N Y V Z

J'y jetai un oeil, et repérai que les seules lettres à leurs places étaient S et Z, ce qui me fit penser à S/Z, essai de Roland Barthes que je n'ai jamais lu, mais que je sais vaguement concerner Balzac.
Sans trop réfléchir, je commençai à taper une réponse, remarquant que Perec avait aussi utilisé un alphabet complet dans le désordre, pour numéroter les sections du dernier texte paru de son vivant, « Penser/Classer » (republié ensuite dans le livre de même titre), indiquant dans l'antépenultième section qu'il s'agissait de l'ordre d'apparition des lettres dans le 7e chapitre de Si par une nuit d'hiver un voyageur, d'Italo Calvino.
Il y remarquait que trois lettres restaient à leur place usuelle, I, Y et Z.
Plus avant, il écrivait que « Penser/Classer » lui faisait penser à « Passer/Clamser »...

J'écrivais mon message en écoutant d'une oreille France-Inter, où Alain Rey parlait de son Dictionnaire amoureux des dictionnaires récemment paru. A l'instant exact où j'écrivais le nom Perec, l'intervieweur disait que beaucoup d'écrivains y étaient répertoriés, "évidemment Georges Perec, Roland Barthes, beaucoup d'autres" (...)
Je l'ai signalé dans mon message, posté à 8:35, sans d'abord y voir quelque chose d'extraordinaire, car la loi des grands nombres veut que, des millions d'auditeurs étant probablement à l'écoute, il n'y ait rien d'étonnant à ce qu'au moins l'un d'eux ait été à l'instant même préoccupé par Perec et Barthes.
Un peu plus tard, il me vint à l'esprit que la coïncidence marquait deux textes aux titres proches, de par la présence du signe "/". Je ne vois à première vue pas d'autre titre de ce genre, et il est d'ailleurs assez probable que Perec ait emprunté la forme à Barthes, qu'il respectait profondément.
Je n'étais plus très sûr de ce que j'avais entendu, et ai réécouté l'émission ici. Effectivement, vers le temps 8:40 de l'interview, les noms Georges Perec, Roland Barthes sont articulés distinctement sans séparation aucune, et ce sont les seuls noms cités.
Me renseignant sur le poème d'Aragon, j'appris qu'il avait pour titre la pensée ! Et qu'il avait écrit peu après un alphabet exactement ordonné, avec pour titre Suicide (passer/clamser !)

Ce même 4 mars, j'ai commencé à lire L'insolite aventure de Marina Sloty, de Raoul de Warren (1980), déjà lu il y a un certain temps, une dizaine d'années, et que je n'avais alors guère apprécié.-- Une coïncidence de date est venue booster ma lecture : le 1er novembre 1943 apparaît dans le récit, alors que je venais de le trouver ailleurs dans des conditions plutôt énigmatiques dont je ne peux parler pour l'instant, car il s'agit d'une expérience littéraire en cours (ce sera pour le prochain billet).
Je crois que je n'aurais pas eu besoin de ça pour trouver un grand intérêt au roman, dont je reparlerai, mais voici la coïncidence touchant au 7 mars.
Le 7 mars 1959, Marina Sloty, 25 ans, est prise dans un dérèglement temporel qui l'expédie 89 ans plus tôt, le 7 mars 1870. Elle parvient à identifier les causes de cette faille temporelle, qui se reproduisent le 4 avril suivant, ce dont elle profite pour regagner son époque, le 4 avril 1959.
Je me suis souvenu d'une nouvelle lue en 2003, par hasard car Philippe Claudel n'est pas mon genre d'auteur. Elle est intitulée Tania Vläsy, 13e et dernière nouvelle du recueil Les petites mécaniques (2003). Cette Tania Vläsy âgée de 36 ans mène une vie insipide dans une ville non nommée, jusqu'au 4 avril 1959, 13 heures, où deux hommes viennent la chercher et lui font passer des tests sous le numéro 5691. Elle est déclarée être "La Reine". C'est ensuite un défilé perpétuel d'une part d'hommes nus qui la possèdent, d'autre part d'employés qui viennent emporter les bébés qu'elle éjecte sans trêve. Dans la dernière phrase on apprend qu'elle s'est tiré une balle dans la tête peu après 13 heures ce 4 avril.
J'avais remarqué ce numéro 5691 = 7 x 813 dans ce recueil où les deux nouvelles les plus longues occupaient les rangs 8 et 13; la 8e, L'autre, imagine un autre Rimbaud, celui qui serait mort à sa place à Marseille. J'avais exploité dans mon roman le fait que Rimbaud soit né dans le 8 et mort dans le 13.
Je reviens à Marina Sloty, dont j'ai achevé la lecture le 6 mars, peu avant minuit. J'ai éteint ma lampe de chevet, et entendu la cloche sonner les 12 coups. C'est donc dans les premières minutes du 7 mars qu'il m'est venu l'idée de calculer les valeurs numériques de ces prénom-nom, soit
MARINA-SLOTY = 56-91
56 91, alors que Tania Vläsi était devenue "5691" ce même 4 avril 1959, et que j'avais scindé de moi-même ce nombre en 56-91, en résonance avec 8-13. Pourtant, malgré cette parfaite correspondance, malgré les noms slaves, présents dans le titre des textes, de ces deux personnes dont le destin a basculé le 4/4/59, je n'imagine pas de lien rationnel entre ces fictions, et je verrais plutôt dans ces rencontres un écho à cette phrase issue de l'insolite stylo de Raoul de Warren :
Ne trouvez-vous pas extraordinaire que dans cette affaire les volontés humaines semblent ne compter pour rien et que les événements se produisent avec une sorte de fatalité désespérante ?
8 et 13 sont encore des termes de la suite de Fibonacci, 1-1-2-3-5-8-13-21-34-55-89-..., où le rapport de deux termes consécutifs tend vers le nombre d'or.
Marina Sloty est ce que j'appelle un nom doré, correspondant au partage doré optimal de sa somme 147 en 56-91, appréciable car ces nombres sont proportionnels aux termes 8-13-21. Il se trouve que Marina Sloty réalise aussi l'opération 1959 = 1870, or
1870 = 34 x 55
1959 = 34 x 55 + 89
34-55-89 sont les termes suivant 8-13-21 dans la suite de Fibonacci. Bizarre...
Plus curieux encore, le nom Sloty est d'évidence apparenté au polonais zloty, qui signifie "or" ou "doré" (et c'est aussi le nom de la monnaie polonaise).
Sloty/Zloty, et j'avais commencé la journée où j'ai entamé la relecture de Marina Sloty par l'évocation du S/Z, de Barthes (plutôt que de Barthez).

On reconnaît dans d'autres langues slaves les consonances de zloty pour le mot "or", et je me suis souvenu que Perec avait fréquenté en 1956-57 des membres d'un mouvement artistique serbe nommé Zlatni Rez, "Section Dorée", étant tombé amoureux d'une fille du groupe, ce qui lui inspira son premier roman, L'atttentat de Sarajevo, refusé par les éditeurs.
J'ai la curiosité de vérifier par le traducteur Google comment se dit "section dorée" en serbe, et j'obtiens златни пресек, qui se lit zlatni presek, presque Perec qui vient de l'hébreu perets signifiant précisément "brèche", "coupure". C'est d'ailleurs le mot рез, rez, que Google donne pour "coupure". Et "brèche" c'est раскорак, raskorak (Perec a signé Parac son lipogramme What a man !).

Je me suis intéressé ailleurs aux noms dorés, le plus cher à mes yeux étant probablement Georges Perec (= 76-47). Je laisse de côté mes études sur le nombre d'or dans son oeuvre pour m'attacher à la collision de ces derniers jours entre Perec et Sloty (47+91 = 138, alors que le rapport Sloty/Marina est 13/8).
Les rapports prénom/nom étant inversés, on pourrait imaginer un couple idéal Georges Sloty et Marina Perec dont les valeurs 167 et 103 (76+91 et 56+47) sont encore en rapport d'or optimal.
Une recherche sur la toile ne livre aucun Georges Sloty, mais la première "Marina Perec" (aujourd'hui 7 mars) est la directrice d'une compagnie californienne nommée Oro Loma ("colline d'or" en espagnol).
La suivante est une jeune artiste moscovite, née un 31/8 (1988), une date qui m'est chère car correspondant au 21/13 dans le calendrier pataphysique. Ses oeuvres rappellent fort la période psychédélique, et après avoir hésité entre divers mandalas j'ai choisi cette composition qui pourrait illustrer La Vie mode d'emploi :
Google ne signale pour l'heure aucune autre Marina Perec que cette moscovite et la californienne d'Oro Loma.

167/103 : les noms parfaitement dorés sont rares, 1 chance sur 100 environ. Il en existe d'autres ou le rapport est moins parfait, par exemple entre les nombres 103/64, le rapport précédent dans la même série additive : 64 est bien l'entier le plus proche de 103/Phi, mais 64 x Phi serait plus proche de 104.
Ces derniers noms sont moins rares, 1 chance sur 60 environ, néanmoins je ne connais en chair et en os qu'une seule personne remplissant ce critère (du moins parmi celles dont j'ai calculé les valeurs), Roland Brasseur = 64-103 (167) précisément, perecophile auteur de divers livres et articles sur Perec, dont ce 54e jour dans la collection Gondol.
Précisément, Roland est intervenu en février sur la liste Perec, après la mention d'une critique d'un ouvrage récent de Denis Cosnard, Dans la peau de Patrick Modiano, où le parallèle entre Perec et Modiano est développé :
Ainsi, pour les deux écrivains, les chiffres 11 et 43 résonnent de façon particulière. Nombre de chapitres ou numéros de téléphone, ils cachent une date terrible et une coïncidence : la mère de Dora Bruder et celle de Perec ont quitté Drancy pour Auschwitz par le même convoi de novembre 1943.
Plusieurs participants de la liste ont rappelé que ce convoi 47 n'était pas parti de Drancy en 11/43, mais le 11 février 43, et Roland Brasseur a rappelé qu'il avait fait une communication en 99 sur les cousinages Perec/Modiano, soulignant un autre niveau de coïncidence : les deux mères originaires de Pologne à qui Hitler et Pétain ont imposé un tragique retour au pays des zlotys se prénommaient toutes deux Cécile.
Je rappelle que ma relecture de Marina Sloty a été pleinement attentive après la découverte du 1er novembre 43 apparu le matin même dans des circonstances que j'espère pouvoir révéler dans le prochain billet, lequel sera bien entendu daté du 4 avril.

Si je ne connais pas personnellement David Bellos, auteur de la première biographie de Perec, il m'a cependant aidé à chaque fois que je lui ai demandé quelque chose, notamment pour ma page Spenser / classer ? au titre évidemment inspiré de Perec.
Il se trouve que David Bellos a un nom doré, avec un rapport prénom/nom identique à celui de Marina Sloty
DAVID/BELLOS = 40/65 = 8/13
Bellos pouvait se sentir particulièrement concerné par l'écriture de Perec du fait de ses origines polonaises.

Dernière petite curiosité :
PENSER/CLASSER = 77/77 = 1
L'INSOLITE AVENTURE DE MARINA SLOTY = 377
soit le 14e terme de la suite de Fibonacci.