20.7.16

Elias rêvera à revers ailé

Pour Hannah

  Fin mai est paru le nouveau Thilliez, Rêver, au titre palindrome exploité par un ambigramme en couverture, et par la pagination où l'en-tête de chaque page affiche ce titre REVER côté pair, et côté impair son "revers" en miroir, si bien que les mots devraient se superposer exactement en transparence, mais ce n'est peut-être pas si facile à réaliser en pratique, et il y a souvent un léger décalage, horizontal ou vertical (la superposition n'est pas parfaite non plus dans La maison des feuilles où il y a des pavés de texte imprimé à l'endroit d'un côté et en miroir au revers).

  Le 3 juin, feuilletant le livre avant d'en envisager l'achat, j'ai vu qu'il s'achevait ainsi:
Vous voici donc au terme de cette histoire. Ou presque. Pour ceux qui veulent aller jusqu'au bout, vous avez la possibilité de télécharger le chapitre 57 grâce à un code à 7 chiffres qui a été clairement cité par l'un des personnages dans l'histoire.
  Le roman passe effectivement du chapitre 56 au chapitre 58, et l'achat s'imposait car une curiosité qui a abondamment alimenté Quaternité depuis un an est un saut similaire dans la numérotation des chapitres de Deuils de miel, le troisième roman publié de Thilliez, passant du chapitre 29 au chapitre 31 dans l'édition originale Rail Noir de 2006, puis dans les premiers tirages Pocket de 2008 à 2010. C'était une erreur rectifiée dans les tirages suivants.

  Il est évidemment possible que Thilliez, vraisemblablement informé de cette erreur, s'en soit inspiré, et nullement inconcevable qu'il ait connu les développements que j'en ai tirés, publiés sur Quaternité à partir de juillet 2015. Quoi qu'il en soit, c'est le premier roman de Thilliez paru après mes analyses.
  J'y notais que Deuils de miel s'achevait originellement sur un chapitre 34, nombre de Fibonacci, et que le roman comptait bien 34 éléments puisqu'il était conclu par un épilogue, or Rêver s'achève sur un chapitre 89, autre Fibo, et l'édition papier compte encore 89 éléments car il y a un prologue.

  S'il m'était essentiel que Deuils de miel se répartisse en deux nettes enquêtes totalisant 21 et 13 éléments, je n'ai pas vu de répartition évidente des 89 éléments de Rêver en 55-34 ou 34-55, les Fibos précédents, mais il y a tout de même quelque chose d'ahurissant.
  La répartition en 55-34 éléments implique de s'intéresser à la fin du chapitre 54 (55e élément en comptant le prologue), et au début du chapitre 55. Le roman a un déroulement chronologique éclaté, de décembre 2014 à fin juin 2015, impliquant une attention soutenue du lecteur, et le chapitre 55 se signale par un retour en arrière au 11 juin 2015, or relisant mon premier billet sur Deuils de miel je constate que c'est ce 11 juin que j'en ai racheté un second exemplaire, après plusieurs semaines de recherche de celui que j'étais pourtant sûr d'avoir.
  La page (je donnerai le code plus loin) donnant le chapitre 57 donne aussi la chronologie rétablie des 90 éléments, et il est fascinant que le chapitre 55 soit chronologiquement le 35e élément, marquant donc alors une répartition 34-55, ou 34-56 en comptant le chapitre 57.
  Le chapitre 56 se passe aussi le 11 juin 2015. Le chapitre 57 se passe dans la continuité, les 12 et 13 juin.
  Je ne sais si j'aurais vu ce jeu autour du chapitre 55 sans mon implication personnelle du 11 juin, mais le jeu demeure au-delà de cette implication, et il était possible de le découvrir à partir du livre seul, pourvu d'avoir la patience de reclasser ses 89 éléments selon leur chronologie, explicite.
  J'observe que le 34e élément correspond au chapitre 52; ces nombres sont associés pour moi à CARL JUNG. 

  Je rappelle que peu après mon rachat d'un exemplaire récent Pocket de Deuils de miel, j'ai retrouvé mon ancien exemplaire, également Pocket, resté dans un carton non déménagé. Venant de découvrir une répartition 21-13 de ses 34 éléments (33 chapitres et épilogue), j'ai aussitôt regardé si j'avais fait des notes dans les pages de garde, et découvert qu'il s'achevait sur un chapitre 34:
  Je n'avais rien noté, et la lecture du roman m'a conduit à penser que je ne l'avais pas lu précédemment, ce qui m'a surpris car je l'avais acheté après la lecture de L'anneau de Moebius qui m'avait vivement incité à lire d'autres Thilliez. Il y a dès le début de Deuils de miel des échos rousseliens qui auraient dû éveiller mon attention.

  L'intrigue de Rêver est complexe. Son personnage principal, la profileuse Abigaël Durnan, a des problèmes de mémoire, en partie dus à l'accident qu'elle a eu le 6 décembre 2014, où sont morts son père Yves et sa fille Léa. Elle enquête sur un mystérieux kidnappeur d'enfants, et trouve le 11 juin, chapitre 56, des éléments essentiels dans un roman récemment paru, La quatrième porte de Josh Heyman, mais, pour une raison donnée dans le fameux chapitre 57, elle ne se souvient plus ensuite avoir lu ce livre dont des bribes lui reviennent dans ses rêves.
  Au chapitre 10, se passant le 16 juin, Abigaël rêve d'une fillette qui lui donne un papier sur lequel est inscrit un code, 10-15-19-8. C'est le code permettant d'accéder au chapitre 57 en ligne, et il correspond par les rangs des lettres à JOSH (Heyman), l'auteur de La quatrième porte, un titre qui m'est évocateur, mais j'y reviendrai car une fillette associée à un chapitre manquant fait d'abord tilt chez tout perecquien.

  Tout commentaire approfondi de La Vie mode d'emploi signale son chapitre manquant, correspondant à un coin de l'immeuble réparti en 100 cases, chacune d'elles associées à un chapitre. La case 66 est absente, la faute en incombant selon Perec à la petite fille mordant un coin de son petit-beurre à la fin du chapitre LXV (65).
  La marque en est précisée dans le 100e vers du compendium, chapitre LI,
100 La petite fille qui mord dans un coin de son petit-beurre Lu
  Il faut cependant être initié à l'exégèse de l'oeuvre pour le savoir, car la numérotation des chapitres est continue, de I à XCIX, les 34 cases 67 à 100 étant devenues les chapitres 66 à 99, ce qui est noté pour chacun de ces chapitres sur le Cahier des charges. Ceci m'est l'occasion d'ajouter un nouveau cas à ma page consacrée à mon obsession 21-13, car le compendium est constitué de 3 strophes de 60 vers de 60 espaces typographiques, avec des diagonales senestro-descendantes isogrammes composées des lettres A, M, et E; ainsi le 100e vers est le 40e de la seconde strophe, et sa 40e lettre de droite à gauche est le M de "mord", M de rang 13 qui est la 21e lettre dans l'ordre immédiat de gauche à droite.

  Il n'y a besoin d'aucune lecture complémentaire pour voir qu'il manque un chapitre de La disparition, où la table donne une ligne blanche entre les chapitres 4 et 6 (parmi 26):
4 Où nonobstant un « Vol du Bourdon » il n’y a pas d’allusion à Nicolas Rimsky-Korsakov

6 Qui au sortir d’un corpus compilant nous conduira tout droit au zoo
  Le chapitre 5 correspondant à l'E blanc est donc absent, divers jeux équivalents apparaissant dans le roman. Il y est également fait allusion à la nouvelle Parmi les noirs de Roussel, et à sa conclusion "Les lettres du blanc sur les bandes du billard", devenue "L'inscription du blanc sur un bord du billard". J'ai vu dans Deuils de miel des jeux ressemblant fort aux homophonies rousseliennes, sans être assuré que l'idée en venait de Roussel.

  Perec est plus connu que Roussel, et il me semble voir une intention assez nette dans le nom Georges Péresse, personnage de peu d'importance dans Le syndrome [E], le roman marquant la réunion des deux héros de Thilliez, Franck Sharko et Lucie Hennebelle.
  J'indiquais dans mon billet sur Deuils de miel que je pensais l'avoir lu parce que le titre fait référence à un mode d'assassinat très particulier, mais ce mode avait déjà été imaginé par Grangé dans La ligne noire, que Thilliez s'est bien gardé de citer.
  C'est peut-être une autre réminiscence de Grangé, dont un personnage essentiel des Rivières pourpres est Judith Hérault, qui a influencé le nom du docteur Fabien Hérault au chapitre 45 de Rêver. L'Hérault est le département 34, et je rappelle que dans le roman étudié avec Deuils de miel, Le labyrinthe de la rose intentionnellement en 34 chapitres, la saturation des 34 fait apparaître le Kansas, 34e état de l'Union.
  Note du 30/03/17: En fait, Fabien Hérault est une personne réelle, l'un des 10 membres du fan club de Franck ayant été tirés au sort pour apparaître en tant que personnages de REVER. D'où c'est bien un hasard qui a fait apparaître ce département 34, ce qui me ravit.

  Le syndrome [E] me semble aussi faire des emprunts, conscients ou non, au superbe roman de Theodore Roszak, La conspiration des ténèbres, dont j'ai déjà parlé ici
  Il y est question du cinéaste disparu Max Castle/Castell, dont les trucages divers, de l'ordre du subliminal, ont été utilisés par un groupe à des fins apocalyptiques. Le roman de Thilliez est aussi centré sur un film d'un cinéaste disparu, Jacques Lacombe, dont les trucages de l'ordre du subliminal rendent aveugles ceux qui le visionnent. Un colonel de la DGSE s'en sert à ses propres fins, Bertrand CHASTEL (autre forme de CASTLE).
  Dans les deux romans, les enquêteurs trouvent quelqu'un possédant les films du cinéaste, ZIP LIPSKI chez Roszak, LUC SZPILMAN chez Thilliez. J'admets que la ressemblance est loin d'être décisive, et elle donne une idée de la mentalité de Thilliez si elle est intentionnelle.

   Le nom JACQUES LACOMBE ouvre une piste complexe. Il est difficile de ne pas penser à Georges LACOMBE, le personnage incarné par François Truffaut dans Rencontres du troisième type, inspiré par l'ufologue JACQUES Vallée, également théoricien des coïncidences dont il a été question ici, pour le fantastique cas du taxi Melchizedeq.
  
  Paul Auster, également très concerné par les coïncidences, s'est émerveillé que deux créateurs qui lui sont essentiels, aux courtes vies se superposant presque, Truffaut (1932-1984) et Perec (1936-1982), aient eu un lieu en commun, le moulin d'Andé, où est notamment tournée la dernière scène de Jules et Jim. On y distingue sur un plan la chambre où Perec écrira quelques années plus tard La disparition.
  Si SZPILMAN a des lettres en commun avec LIPSKI, ce dernier nom est particulèrement proche de celui de la propriétaire du moulin d'Andé, Suzanne LIPINSKA, mais il est difficile d'imaginer cette intention chez Roszak.
  Dans cette affaire de cinéastes, il est plus immédiat de voir dans les deux amis cinéphiles de Thilliez, SZPILman et RotenBERG, une allusion à SPIELBERG, le seul réalisateur qui ait réussi à convaincre Truffaut de faire l'acteur en-dehors de ses propres films. A noter que Thilliez montre Rotenberg allumer un feu avec un Zip (Zip Lipski ?)

  Je ne vois pas comment démêler ce puzzle sans l'aide de Thilliez...
...lequel a d'ailleurs écrit Puzzle, roman en 64 chapitres débutant chacun par une pièce de puzzle. La résolution du puzzle apporte au lecteur la confirmation du dénouement. Le perecquien pense aux 100 chapitres de La Vie mode d'emploi, dont le report sur le diagramme de l'immeuble permettrait de découvrir la logique ayant présidé à leur ordonnancement.
  Voyant qu'il manque une pièce sur la résolution du puzzle donnée par le lien ci-dessus, j'ai la curiosité de chercher à quel chapitre la pièce correspond. C'est le chapitre 56, mais je découvre ce faisant qu'une même pièce est donnée en en-tête des chapitres 40 et 61, en conséquence la résolution du puzzle à partir de cet exemplaire Pocket de mars 2015 mènerait aussi à un manque, un blanc auquel ne s'adapte pas la pièce résiduelle, correspondant non au coin inférieur gauche comme dans VME, mais à la case voisine en diagonale...  Nouveau mystère car la pièce est bien présente sur la résolution en ligne; je remarque
THILL-IEZ = 61-40
  Si l'erreur est au chapitre 61 de Puzzle, c'est au dernier chapitre de VME que Bartlebooth meurt avec en main une pièce en forme de W qui ne s'adapte pas au dernier espace vacant de son puzzle, en forme de X, et l'indicatif du chapitre est 61, signifié par les 61 boîtes contenant les puzzles que Bartlebooth n'ouvrira plus.

Note du 23/07: Le cas me titillait à tel point que j'ai été en médiathèque ce matin consulter l'édition originale de Puzzle, en septembre 2013 au Fleuve Noir. C'est bien le chapitre 61 qui est en cause, et la bonne pièce était bien présente dans cette édition, à gauche ci-dessous:
  C'est une nouvelle bizarrerie, super-bizarrerie plutôt, car, s'il arrive d'avoir des erreurs dans l'édition d'un livre, et s'il est normal de les corriger dans les éditions ultérieures, la réciproque est déroutante, et que ce soit précisément le chapitre 61 qui ait été revisité invite à se demander si un émule de Gaspard Winckler ne sévirait pas chez Pocket.
  Je crois qu'il me faudra y revenir après relecture, mais il y a une autre curiosité immédiate. GoogleBooks donne quelques extraits de l'e-book Puzzle chez 12-21, façade numérique de Pocket, et la rubrique À propos de ce livre envoie à une page où, en descendant, on trouve le champ Pages sélectionnées, avec deux pages, le début du chapitre 32, et le début du chapitre 61, avec la pièce de puzzle absente de l'édition papier Pocket.

  Avant Rêver, Thilliez avait exploré l'expérimentation chronologique avec L'anneau de Moebius, où Stéphane Kismet ("destin" en turc) est informé par des rêves de son futur 6 jours et 20 heures plus tard (6-20 correspond aux initiales F-T de l'auteur). De ses futurs plutôt, car il découvre qu'il peut modifier le cours des événements.
  Ainsi dans un futur le psychopathe Noël Siriel meurt en détruisant un indice crucial pour les enquêteurs, mais le savoir permet de modifier la trame temporelle et de récupérer l'indice.
  Siriel est évocateur pour le perecquien, sachant que dans Un cabinet d'amateur, court texte reprenant les structures de La Vie mode d'emploi, l'acheteur du tableau n° 93 se nomme Stephen Siriel. Le perecologue Bernard Magné y a décodé des allusions aux deux auteurs convoqués chapitre 93 de VME par son jeu de contraintes, Joyce pour son personnage Stephen Dedalus, Leiris pour le renversement en Siriel.
  Magné déduit de cette lecture en arrière de "LEIRIS" que c'est un appel au lecteur pour faire lui-même un retour en arrière vers VME. Peut-être, mais Google n'existait pas lors de cette analyse, et il m'a appris que Damoclès Siriel était le personnage principal du seul roman qu'ait écrit Leiris, Aurora (écrit en 1928, publié en 1946).
  C'est un roman si "littéraire" qu'il est vain d'en esquisser un résumé. Son narrateur Damoclès Siriel a des aspects de serial killer, car il égorge ses amis et confectionne avec leur sang séché un diadème qu'il porte jour et nuit... Il y est encore question de cadavres se transformant en miel (deuils de miel ?)

  Damoclès a une vision de quatre lions, quatre lions égaux qui lui évoquent le latin ego, "moi", lui-même. Puis vient ceci:
Je pourrais encore faire remarquer que le prénom Léon vient du latin leo, qui veut dire lion; mais je ne m’appelle pas Léon. Aussi, plutôt que de m’attarder à de tels rapprochements, tous plus ou moins fallacieux, dirai-je tout de suite que ces quatre animaux me ressemblaient parce qu’ils portaient chacun à la place du coeur l’image d’un roi de cartes bicéphale. 
  Léon Leiris conduirait au Noël Siriel de Thilliez, mais j'ai du mal à imaginer que ce jeune auteur se soit inspiré d'un roman aussi impénétrable. Siriel est aussi une orthographe de prénom, et je l'ai vue notamment dans une page titrée De l'autre côté du miroir, sans lien avec Leiris.
  Je note l'association dans un même paragraphe des mots "coeur", "lion", et "roi", qui me sont essentiels et que j'ai été amené à réunir dans ce billet de Quaternité.

  Le vertige peut venir avec la suite. Il se trouve que Jacques Vallée a écrit des romans de SF sous le pseudo Jérôme Sériel. Je n'en avais jamais lu, jusqu'au 5 avril 2015 où il y avait une minuscule brocante au bord du lac d'Esparron. L'un des rares vendeurs avait 3 Masque-Science-Fiction, les numéros 15-21-34, que j'ai achetés, déplorant que ce n'eût pas été 13-21-34.
  Le n° 21 est donc Le sub-espace de Sériel/Vallée (Lacombe/Truffaut...) Je l'avais alors feuilleté et n'avais pu m'y intéresser, de même qu'aux 2 autres romans.
  Le reprenant, je vois que son narrateur se nomme Lenoir, et qu'il est le pionnier de l'exploration d'un autre univers, très voisin du sien, à l'exception qu'il en est l'image dans le miroir. Prenant un livre de sa bibliothèque, il constate que les caractères en sont imprimés à l'envers. S'il lui est donné pour titre ESYLANAHCYSP AL A NOITCUDORTNI, c'est que l'imprimeur ne s'est pas donné la peine de trouver des caractères en miroir, mais le texte ne laisse pas de doute sur l'exacte spécularité du titre.
  Je frémis à l'idée que Vallée aurait aussi bien pu choisir L'INTERPRETATION DES REVES, et que l'imprimeur aurait parfaitement réalisé sa mise en miroir.

  Le 5 avril 2015 était le dimanche de Pâques, et c'est la date donnée pour le chapitre 49 de REVER. Aucune allusion n'est faite à l'aspect religieux du jour, mais le chapitre débute par les grâces rendues à Dieu par la mère de Victor, un des enfants enlevés par le malfaisant de l'histoire, et Victor a réussi à lui échapper la veille.
  La veille, c'était le 4 avril, date du chapitre 44, s'ouvrant sur le retour de Victor parmi les vivants, on aurait pu écrire "résurrection".
  Bien entendu, le chapitre 44 daté du 4/4 m'évoque le 4/4/44 jungien, mardi de la Semaine sainte, et je me demande à nouveau si Thilliez ne se serait pas aventuré sur Quaternité, s'y inspirant de mes obsessions pour le 4/4/44, les dates pascales, Fibonacci... Sinon, c'est bien entendu encore plus ahurissant.
  Il y a de même dans L'anneau de Moebius des diagrammes en tête de chapitre montrant leur positionnement dans la double chronologie du roman.

  A propos de "quatre", j'ai mentionné à diverses reprises sa traduction en hébreu, arba', en 4 lettres de valeur 273, soit 13x21. Damoclès Siriel se livre dans Aurora à des considérations numérologiques sur le nombre 273, valeur négative en degrés Celsius du zéro absolu.
  Né le 20 avril 1901, Leiris qui décrivait ce 273 comme un absolu impossible à connaître de son vivant, est mort le 30 septembre 1990, 273e jour de l'année

  Raymond Roussel fréquentait la famille de Michel Leiris, et celui-ci a laissé une biographie inachevée de "l'homme aux quatre cerveaux".
  J'évoquais plus haut le tableau n° 93, acheté 7500 $ par Stephen Siriel, après des enchères épiques avec la star Anastasia Swanson, également présente dans le chapitre 93 de VME, impli-citation de La disparition, troisième contrainte littéraire du chapitre. Anastasia est dans le roman lipogrammatique la compagne d'Albin, le brigand "blanc" demeurant au "bordj du pillard" (autre forme du "bord du billard" en écho au procédé rousselien).
  La citation de Leiris dans ce chapitre est issue de Biffures, rimant avec Stéfur, le nom que Stéphane Kismet donne à ses doubles du futur, tandis que ceux du passé sont Stépas. Le prénom Stéphane est vraisemblablement emprunté à Stephen King plutôt qu'à Stephen Siriel.
  Le chapitre 93 décrit une pièce vide, et est essentiellement consacré à 21 gravures disposées en 3 rangées de 7. C'est celle du brigand albanais aux pieds de la star d'Hollywood qui en occupe le centre.
 
  Je note encore qu'un critique d'art du Cabinet d'amateur se nomme Lester Nowak, auteur notamment de la formule "Toute oeuvre est le miroir d'une autre". L'un des personnages principaux du second roman publié de Thilliez, La chambre des morts, se nomme Vigo Nowak.

  Je reviens au 11 juin 2015, au soir duquel Abigaël lit La quatrième porte de Josh Heyman, et y découvre de surprenantes corrélations avec l'affaire sur laquelle elle enquête, tandis que dans la "vie réelle" je découvrais au même moment dans Deuils de miel des jeux évoquant le procédé rousselien.
  Le titre La quatrième porte n'est pas explicité, or c'est le titre du premier roman publié de Paul Halter, cité à de multiples reprises sur Quaternité, essentiellement pour Le chemin de la lumière qui a joué un rôle essentiel dans ma découverte du motif 4-1 dans la vie de Jung autour du 4/4/44.
  Je rappelle qu'il s'agit d'un roman en 55 chapitres, et que l'objet qui lui donne son titre est un disque de terre cuite sur le pourtour duquel 34 cupules sont creusées, inspiré par le réel kernos de Malia. Il est divisé en deux parties de 13 et 42 chapitres, et j'ai vu une subdivision de la seconde partie en 21-21 chapitres.

  Je rappelle encore que ma découverte jungienne est liée aux échos entre Le chemin de la lumière et le roman jungien de Sinoué Des jours et des nuits lu le 31 août 2008. J'avais entamé une lecture de ses oeuvres après la découverte de son polar métaphysique Les silences de Dieu où intervient le nombre d'or, et ma lecture suivante a été Le Livre de saphir, que je possédais depuis longtemps mais n'avais pas lu.
  Je n'avais alors pas pris garde à ses 34 chapitres offrant une possibilité de partage 21-13, que je n'ai vue que début juin 2015, juste avant de découvrir un autre 21-13 dans Deuils de miel, que je possédais également depuis plusieurs années mais n'avais pas lu.
  L'édition originale du Livre de saphir présente une erreur bizarre, corrigée dans les tirages ultérieurs, l'écriture en lettres inversées dans le miroir du tétragramme יהוה, erreur que j'ai rapprochée de l'absence du chapitre 30 dans les premières éditions de Deuils de miel.
  L'impression spéculaire est plutôt rare, et il ne me vient à l'esprit que deux autres exemples, venant tous deux d'auteurs au nom doré eux-mêmes intéressés par le nombre d'or, MARK Z DANIELEWSKI (69/112) pour House of Leaves déjà signalé, et GEORGES PEREC (76/47) pour cette illustration du chapitre 47 de VME. Je rappelle que la lecture ou relecture de tous les Thilliez était motivée par la mention dans [Gataca] de l'essai sur la présence du nombre d'or dans l'ADN Les codes cachés de l'ADN, en lequel j'ai reconnu l'ouvrage réel de Jean-Claude Perez, Les 13 codes de l'ADN (2009). 

  A propos du motif 4-1, la petite fille qui a communiqué à Abigaël le code 10-15-19-8 lui a aussi transmis dans le même rêve une référence à la bande dessinée XIII. Sachant que son père adorait la série, elle enquête et découvre qu'il menait une autre vie, sous le nom Xavier Illinois, ce qui lui permettait de signer du paraphe X Ill proche de son héros.
  10+15+19+8 = 52 = 4 fois 13 ou XIII.

  J'ai mentionné à diverses reprises le premier roman publié de Halter, d'abord pour signaler qu'il avait proposé en 1986 au Masque son premier roman, La malédiction de Barberousse, lequel cette année-là était arrivé second au prix de Cognac, derrière Fred Vargas. Néanmoins son manuscrit avait attiré l'attention et on l'invita à concourir à nouveau l'an suivant, ce qu'il fit avec succès.

  La quatrième porte de Josh Heyman est aussi le second roman de l'auteur, lequel avait publié trois ans plus tôt Les pierres noires, dont rien n'est dit de l'intrigue. Le perecquien pense à "53 jours", où la comtesse Pietranera de La chartreuse de Parme est utilisée pour créer les personnages Pierrette Lenoir et Blackstone. La comtesse se remarie chez Stendhal avec Mosca, "mouche", qui devient chez Perec l'ancien catcheur Fly... Tiens, au chapitre 50 de Rêver, qui se passe le 5 avril, dimanche de Pâques, il est question de la mimique de Jeff Goldblum dans La Mouche.

  Abigaël trouve donc dans La quatrième porte de Heyman de multiples indices d'une connaissance intime de l'affaire sur laquelle elle enquête.
  La quatrième porte de Halter se présente comme un récit à la première personne d'un ami de Henry White, dans l'entourage duquel sont commis des assassinats très mystérieux. Ce récit occupe plus des trois quarts du roman, et on apprend ensuite qu'il s'agit d'un manuscrit soumis au criminologue Twist, défi lancé par un écrivain de polars qui y a accumulé à plaisir les incohérences, mais Twist leur trouve aisément une solution rationnelle.
  Il assure qu'il n'y a eu aucun mérite, car il a reconnu dans le récit l'affaire White, sur laquelle la police s'était cassée les dents 30 ans plus tôt, mais le nouvel éclairage lui a permis de l'élucider. De fait le manuscrit était l'oeuvre de Henry White, devenu amnésique, mais que son subconscient avait conduit à restituer toute l'affaire.

  Pour la petite histoire, Henry White se prenait pour la réincarnation de Harry Houdini, né Ehrich Weiss, dont la mention dans La quatrième porte m'avait permis de trouver l'origine de ce nom dans le chapitre 87 de VME, toujours à l'époque où Google n'existait pas.

  Donc, les deux Quatrième porte sont des romans dans le roman permettant aux enquêteurs de résoudre une affaire. Ce sont loin d'être des cas uniques dans la littérature policière, mais il est beaucoup plus rare que ce soit masqué, avec à un stade avancé de la lecture un retournement annonçant au lecteur que tout ce qu'il vient de lire est un "livre", un manuscrit qu'il va maintenant s'agir de décoder.
 
  L'exemple immédiat est "53 jours", qui débute par une première partie, 53 jours, récit à la première personne d'un enquêteur chargé d'élucider la disparition de l'écrivain Robert Serval, faisant intervenir le manuscrit en cours de Serval.
  Perec n'a rédigé que 11 chapitres de cette première partie, et les notes qu'il a laissées montrent que la seconde partie s'ouvrait en dévoilant que 53 jours était un manuscrit trouvé à côté du cadavre de l'industriel Serval. Il semble qu'un retournement final était prévu, amenant à l'idée que tout ce qui précédait était un texte commandé à l'écrivain Georges Perec, mais le dénouement réel restera inconnu.

  Ce texte inachevé n'a été publié qu'en 1989, et Paul Halter n'a pu s'en inspirer pour sa Quatrième porte. Pierre Lemaitre, s'avouant fan de Perec, a repris l'idée du roman débutant de façon masquée par un manuscrit, de façon novatrice, dans Travail soigné, prix Cognac 2006, 19 ans après La quatrième porte.

  Je n'aurais sans doute pas parlé de la "pierre noire" dans "53 jours" sans les ricochets avec les Quatrième porte de Paul Halter et Josh Heyman. A nouveau je me refuse à toute tentative d'interprétation, ayant rencontré tant de coïncidences abasourdissantes par ailleurs, et je me borne à énumérer les faits avec l'espoir, réel ou chimérique, de susciter quelques échos.

  Retrouvant le planning de nos activités en juin 2015, j'y constate que ce n'est pas le 11 juin que j'ai acquis un nouvel exemplaire de Deuils de miel, comme je l'écrivais sur le billet précité, mais le 10, lors d'un déplacement à Aix où j'ai aussi trouvé Aurora de Leiris. Une panne d'ordi m'a hélas fait perdre mes premières réactions à la lecture de ces livres, partagées avec mes correspondants réguliers. J'imagine que j'étais d'abord plus pressé de lire Aurora, et qu'il est probable que j'étais le lendemain soir en train de découvrir Deuils de miel, au moment où Abigaïl découvrait La quatrième porte de Josh Heyman.
  De toute manière c'est la date du 11 juin qui était donnée sur Quaternité, la seule accessible pour quelqu'un qui s'y serait aventuré.

1.7.16

code ad hoc


  J'ai de plus en plus l'impression d'être assailli par des coïncidences de plus en plus précises, de plus en plus ciblées sur mes obsessions intimes, déjà nées d'autres coïncidences...
  Ainsi une coïncidence fertile en rebondissements a été la découverte, dans de rares circonstances, d'un saut de la numérotation des chapitres dans Deuils de miel de Franck Thilliez. Dans l'édition originale Rail Noir de 2006, puis dans les premiers tirages Pocket de 2008 à 2010, le chapitre 29 était suivi du chapitre 31. L'erreur a été rectifiée dans les tirages suivants.
  Un nouveau Thilliez est paru fin mai, et voici qu'il y apparaît un autre saut dans la numérotation des chapitres, mais il est cette fois voulu, et le chapitre 57 manquant peut être lu en ligne pourvu d'avoir résolu une petite énigme.

  Ce sera le sujet d'un prochain billet, et celui-ci est consacré à une chaîne de coïncidences plus stupéfiante encore, mais nécessitant d'admettre pour la première ma parfaite sincérité. Si les faits objectifs sont vérifiables, c'est leur synchronisme qui est en cause.
  J'ai tout de même un témoin, lequel ne serait peut-être pas admis devant une cour de justice, ma femme Anne, hospitalisée le 4 juin dernier.
  Le 13 en début d'après-midi, je suis allé la voir au CH de Manosque. Comme elle avait déjà une visite, j'ai été faire un tour en ville, d'abord en librairie bien sûr.

  Un poche a attiré mon attention, par la mention Préface Giacometti-Ravenne.
  C'est Le secret dévoilé, sous-titré Enquête sur les mystères de Rennes-le-Château, de Christian Doumergue, que j'avais rencontré il y a quelques années, j'y reviendrai. La rencontre ne m'avait pas donné envie de lire les ouvrages de ce Doumergue, mais la mention Giacometti-Ravenne m'a fait ouvrir le livre, et voir des titres de chapitres numériques, 8113 et 4 8 15 16 23 42. Le second est la séquence énigmatique de la série Lost, dont il était question dans le précédent billet pour son apparition dans Lux tenebrae de Giacometti-Ravenne, précisément, et 8113 a quelque chance d'avoir un rapport avec 813 de Maurice Leblanc... J'ai acheté le bouquin pour étudier ça plus à loisir.

  Retour à l'hôpital où Anne est maintenant seule, en train de lire. Nous échangeons quelques mots tandis que j'ouvre mon acquisition au chapitre 8113: Leblanc est bien mentionné, mais anecdotiquement, et je ne tarde pas à y repérer quelques lettres éparses en gras, par exemple les lettres t et i dans ce paragraphe de la page 369:
  J'étudie l'anomalie sur quelques lettres et découvre qu'elles forment une séquence cohérente, et c'est à cet instant qu'Anne me dit qu'il faudra que je regarde le livre qu'elle est en train de lire, où elle a repéré certaines lettres accentuées!
  Il s'agit d'un roman de David Foenkinos, Le mystère Henri Pick, paru en mars dernier. Je le regarde et l'anomalie est aussi nettement perceptible. Sur ce paragraphe de la page 236, Anne a souligné un l et un i:

  Je livre illico les résultats de mon enquête. C'est un défaut d'impression, qui ne touche sur chaque page concernée qu'une fine bande verticale large de moins de 1 mm, où les surfaces imprimées sont accentuées. Lorsque une lettre à jambage unique vertical tombe dans cette fine bande, elle se distingue clairement. Une fois ceci compris, j'ai vu qu'un autre i était concerné, deux lignes plus bas, et le côté droit d'un o, deux lignes plus bas encore.
  La même exacte anomalie apparaît toutes les 32 pages, ce qui confirme le défaut d'impression (en grandes feuilles qui sont ensuite pliées en cahiers de 32 pages).
  Ultime confirmation, le défaut est absent d'un tirage récent (l'exemplaire que lisait Anne a pour  achevé d'imprimer le 4 mars 2016).

  Exit Foenkinos, retour à Doumergue. Les échos se poursuivent bien au-delà de cette coïncidence que je me devais d'exposer, bien qu'elle ne repose que sur nos témoignages.
  J'ai donc rencontré Doumergue le 16 avril 2011, lors d'un dîner-conférence organisé par Phil Marlin, dans un restaurant proche de Rennes-le-Château (RLC), où j'étais monté pour la première fois dans l'après-midi. Ce fut l'occasion de découvrir que la première borne à la sortie de Couiza indiquait le km 34 de la départementale 52, ce qui fait écho pour moi à CARL-JUNG = 34-52.

  J'avais eu auparavant l'occasion de relier Jung à RLC, d'abord par le billet de juillet 2009 CARL A RLC, où j'étudiais les coïncidences éditoriales de mai. Quelques mois après mes découvertes sur Jung-Haemmerli, mettant en jeu les nombres de Fibonacci 13-21-34, j'avais en l'espace de quelques jours 3 textes publiés dans des revues ou livres portant les numéros 13-21-34.
  Le numéro 34 était celui de la collection OdS, dirigée par Phil Marlin, lequel avait fait 3 ans plus tôt un appel en vue d'éditer un recueil de nouvelles consacrées à RLC.
  Ceci fit écho pour moi avec les numéros 13-21-34 de Planète, que j'avais achetés quelques années plus tôt à un bouquiniste de Digne, parce que ces 3 Fibos figuraient parmi un échantillonnage restreint de numéros. Reprenant le n° 34, datant de 1967, j'eus la surprise d'y découvrir le nom de mon éditeur Phil, qui alors tout jeune homme avait gagné un abonnement d'un an à la revue. Plus de détail sur le billet.

  J'ai poursuivi le mois suivant avec Signé AL RC, où je remarquais que CARL = 34 pouvait se scinder en AL = 13 et RC = 21, initiales évoquant Arsène Lupin et Rose+Croix.

  Précisément, ma nouvelle publiée dans l'OdS n° 34 voyait le fameux abbé Saunière de RLC y découvrir le tombeau du chevalier Rose+Croix.

  Si la "belle histoire" de RLC, comme dit Phil Marlin, est une manipulation dont on peut se demander comment elle a pu avoir un tel retentissement, je m'y intéresse parce qu'elle fait intervenir des codages sophistiqués, en résonance avec les créations oulipiennes notamment. Ceci m'a été confirmé par les allusions à RLC du roman de François Caradec Le doigt coupé de la rue du Bison.

  Le dîner du 16 avril 2011 a donc été suivi d'une intervention du co-auteur du best-seller international L'énigme sacrée, Henry Lincoln, lequel continuait à soutenir Plantard, le principal artisan de la manipulation. Je l'avais interrogé avant sur ses assertions à propos du nombre d'or dans un autre ouvrage, mais je m'étais alors rendu compte qu'il était enfermé dans ses théories et rétif à toute nouveauté.

  Ensuite venait l'intervention de Doumergue, parti d'une idée: qu'est-ce qui avait pu réunir un trio aussi improbable qu'un facho notoire, Plantard, un gaucho non moins notoire, Gérard de Sède, et un pataphysicien déjanté, Philippe de Chérisey ? Sa réponse est que Plantard avait (ou croyait avoir) découvert quelque chose, quelque chose de si important qu'il a créé la "belle histoire" du Prieuré de Sion soit pour détourner l'attention, soit pour préparer le monde à la Vérité...

  Cette thèse, développée dans Le secret dévoilé, me laisse dubitatif. Il me souvient d'une phrase lue dans je ne sais plus quel roman, exprimant en substance "Vous pouvez me demander n'importe quoi dans ma spécialité, mais ne me demandez pas pourquoi les gens font ce qu'ils font."
  Comme Doumergue avait parlé du côté pataphysicien de Chérisey, je lui ai fait part après son exposé de la piste oulipienne que j'avais envisagée.

  Ainsi ma rencontre avec Doumergue ne me prédisposait guère à acquérir ses oeuvres, mais elle fait partie de la coïncidence survenue dans la chambre 240 du CH de Manosque, d'autant que j'ai probablement été l'un des premiers à proposer un message caché en lettres spéciales dans un livre imprimé selon les techniques modernes. 
  Les 14 chapitres de Sous les pans du bizarre m'avaient donné en 1999 l'idée d'y coder les 14 vers de Vocalisations de Perec, sonnet dont les harmonies numériques m'obnubilaient. Au plus bref, la valeur 6272 de ses 112 mots se factorise en 112 x 56, et 6272 m'évoquait ARSENE-LUPIN = 62-72, Lupin que je voyais comme une clé de l'écriture perecquienne.

  J'avais choisi de coder mes lettres en utilisant le corps immédiatement supérieur au corps normal du texte, tandis que Doumergue les accentue en gras. Ces messages en gras apparaissent dans 5 parties du livre, et il m'a été à chaque fois nécessaire de recourir au web pour les élucider.
  Le premier codage est dans le premier chapitre, La Puissance et la Mort, énonçant
Ma Dame adorée dans l’heure fleurie dissout les ombres ténébreuses
  Le web m'a donc appris qu'il s'agit d'une adaptation en français moderne de vers de Jehan l'Ascuiz figurant en exergue de L'énigme sacrée.
  Sans doute est-ce Doumergue qui a effectué cette adaptation, car la seule trace trouvée en ligne est une référence directe à son livre, postée sur un forum le lendemain même de sa parution originale, le 6 juin 2013.
  J'ai eu la curiosité de passer la formule au Gématron, et d'apprendre ainsi qu'elle comptait 11 mots et 56 lettres de valeur 616 = 11 x 56...
  Belle harmonie qui m'aurait éplapourdi si je l'avais découverte lorsque j'imaginais que celle du sonnet de Perec ne pouvait qu'être intentionnelle. J'ai dû ensuite me rendre à l'évidence que ce n'était pas le cas, mais l'harmonie demeure quoi qu'il en soit, et elle a singulièrement rebondi lorsque j'ai découvert que la vie de Jung se répartissait selon un motif 4-1 avec pour unité 6272 jours autour du 4/4/44.
  Le nouveau rebond est encore vertigineux, puisque mon codage du sonnet de Perec était motivé par la valeur moyenne de ses mots, 56, valeur de NOIR, adjectif devenu extrêmement significatif dans l'adaptation lipogrammatique de Voyelles de Rimbaud, où l'E BLANC a disparu, et voici qu'un auteur que j'ai rencontré a codé de même manière un message, où il est question de dissoudre les ténèbres, message dont les mots ont encore pour valeur moyenne 56.

  Le second message est dans le 25e chapitre, 8113, et sa première lettre apparaît dans la phrase qui suit celle évoquant Maurice Leblanc:
villa quae vocatur Constantianum
soit "le village appelé Constantine".  Le net m'apprend que ceci désignerait Coustaussa, village proche de RLC.
  Le chapitre discute effectivement de l'identification d'un lieu nommé Constantine que Nostradamus situait vers Aix-en-Provence, mais les exégètes ont imaginé qu'il pouvait se trouver ailleurs, de même que Leblanc a créé le château de l'Aiguille dans la Creuse pour écarter de l'Aiguille creuse d'Etretat...

  Coustaussa n'est pas cité dans le chapitre. Il y est beaucoup question d'un sanctuaire souterrain éclairé par une lumière surnaturelle, ou par un procédé dont le secret a été perdu. Doumergue a trouvé dans la littérature plusieurs exemples de tels lieux, comme le Temple de la Dive de Rabelais ou le tombeau du chevalier Rose+Croix de la Fama Fraternitatis, ce qui lui fait supposer que ces écrits ont pu être influencés par un lieu réel...
  Il semble ignorer que la description du Temple de la Dive est décalquée parfois mot pour mot de l'Hypnerotomachia Poliphili, notamment pour la lampe perpétuelle, laquelle a vraisemblablement aussi inspiré l'auteur de la Fama.

  Je rappelle que l'Hypnerotomachia est célèbre pour l'acrostiche formé par les lettrines ouvrant ses 38 chapitres,
POLIAM FRATER FRANCISCVS COLVMNA PERAMAVIT,
l'un des premiers messages secrets de la littérature.
  Je m'émerveille que ce message en lettres spéciales soit en latin, de même que le message du chapitre 8113, où l'Hypnerotomachia devrait être cité.
  Toujours dans le billet Signé AL RC, j'étudiais la valeur numérique de l'acrostiche, selon les rangs de l'alphabet latin, et son découpage selon les deux livres de l'Hypnerotomachia livrait
POLIAM FRATER FRANCISCVS CO = 252 = 12 x 21
LVMNA PERAMAVIT = 156 = 12 x 13
soit le rapport 21/13 déjà trouvé pour RC/AL. Je rappelle que  le chapitre 8113 mentionne Arsène Lupin et Rose+Croix.

  Je rapprochais aussi dans Signé AL RC l'Hypnerotomachia d'un polar publié en 1932 par Ellery Queen, divisé en deux books, "livres", de 21 et 13 chapitres, dont les initiales donnent le titre du roman et le nom de son auteur:
THE GREEK COFFIN MYSTERY
BY ELLERY QUEEN
  Ci-contre le début de la première page de la Table, donnée in extenso ici. Les initiales sont en gras, pour souligner l'acrostiche, de plus marqué par un intervalle entre les mots le composant, intervalle qui a disparu dans une édition récente.

  L'éclairage surnaturel était présent dans la tombe rosicrucienne de ma nouvelle de l'OdS n° 34, bien sûr inspiré par celui de la Fama.
  Il y a mieux. Dans mon roman de 1999 figurait un petit poème parsemé de majuscules sauvages, ce qui était en partie destiné à suggérer que les lettres en corps plus gros ailleurs pouvaient avoir une signification. J'ai expliqué ici les contraintes réglant ce poème, et je n'insiste ici que sur son dernier vers,
la faim des printemps
que j'ai désiré scinder par les majuscules en 2-1-3-8 minuscules, soit B-A-C-H. La première possibilité était 
La fAiM des Printemps
avec les majuscules LAMP bien venues pour éclairer le lecteur. Ceci contrevenant à une autre contrainte, j'ai opté pour l'autre solution
la FaIm deS printempS
laquelle s'est avérée plus tard riche en conséquences, mais c'est une autre histoire.

  En 2001, j'ai écrit une nouvelle où je faisais élucider par Arsène Lupin le mystère du mausolée d'un sultan arabe, mausolée sans fenêtres éclairé par un dispositif ingénieux que je ne prenais pas la peine d'expliquer. La clé résidait dans un quatrain livrant l'acrostiche PALM, ce qui était intentionnel, mais il m'avait échappé alors que c'était l'anagramme de LAMP qui avait été envisagé dans Sous les pans du bizarre.

  A propos d'Arsène, si le titre 8113 est bien inspiré du 813 de Leblanc, il est amusant que mon codage contenait un second niveau, avec des erreurs volontairement introduites aux vers 8 et 13 du sonnet. Ceci était en rapport avec l'association 813 dont j'étais membre, mais aussi avec les départements 08 et 13 où est né et mort Rimbaud, prétendu signataire du sonnet dans La disparition dont il est extrait.
  Incidemment, la maladie d'Anne nous a conduits mercredi dernier à consulter un spécialiste à Marseille, à l'hôpital de la Conception, là où Rimbaud a terminé sa mission terrestre le 6 novembre 1891, 46 jours après que Saunière notait dans son carnet découverte d'un tombeau.

  J'arrive au troisième codage, dans le 34e chapitre, "Si je réussis, je n'aurai pas le droit d'en parler". C'est ainsi que s'achève une lettre de Chérisey datée du 6 novembre 1964, 73 ans après la mort de Rimbaud. C'est un document qui conduit à envisager que Chérisey croyait réellement à ce que fricotait Plantard à RLC...
  Le message caché énonce
nicolas de Rosa
  Le net m'apprend que c'était le pseudo de Gérard de Sède pendant la Résistance, je n'ai rien de plus à en dire.

  Quatrième codage dans la Conclusion, ou 40e chapitre, sous-titré  4 8 15 16 23 42 (la séquence de Lost). Tiens, la séquence 1-25-34-40 somme 100.
  Le message énonce
nous sommes ici pour (un)e raison
  Même en m'armant d'une loupe, je n'ai pas réussi à trouver les lettres grasses un, mais le sens est clair et la phrase semble justement issue d'un épisode de Lost (6/15). Je ne connais pas la série et n'ai nulle envie d'approfondir ses 121 épisodes...

  Peut-être l'absence des lettres un vient-elle du passage du grand format au format poche, à moins qu'elle ne soit voulue, pour quelque (obscur)e raison. Je ne peux m'empêcher de penser à l'énigmatique titre 8113, et à mon surcodage du sonnet de Perec, visant à mettre en avant 8 et 13. Ici un éventuel surcodage livrerait un, 1...
  8-1-13 me rappelle que l'affaire du Pocket n° 13121, Deuils de miel, m'a conduit à faire évoluer le motif fibonaccien 13-21 en 13-1-21. A l'échelon inférieur, ce serait 8-1-13.
  Ceci m'a conduit à une recherche "8113", et à découvrir que le 28 mai 8113 doit être ouverte une capsule temporelle scellée dans les sous-sols de l'université d'Atlanta, décidée en 1936, alors qu'on imaginait que le premier calendrier (égyptien) avait été instauré 6177 ans plus tôt, aussi l'ouverture de la crypte était-elle planifiée à 6177 ans plus tard, soit 1936+6177 = 8113.
  Il est bien question de cette crypte dans le chapitre 8113, en écho à la tombe Rose+Croix destinée à être ouverte 120 ans plus tard, mais, comme c'est la date d'achèvement des travaux qui est donnée, 1940, et que les 6177 ans sont devenus 6117, il était malaisé d'arriver au bon résultat.
  Je remarque que 1936 (44x44) est aussi l'année de naissance de Perec.

  Il y a enfin un message caché dans l'abondante bibliographie:
JRe1IaGNA9Cn68
  Il m’a semblé devoir réarranger les éléments en Jean RIGNAC 1968, et wikipédia m’a appris qu'il s'agit d'un astrologue dont le premier livre en 1968 était Le réveil des Titans. Rignac a développé une astrologie particulière, utilisant un 13e signe, le Serpentaire.
  Ceci me rappelle que dans le roman 813 de Leblanc, ce nombre mystérieux n'a de sens que par la somme de ses chiffres, 8+1+3 = 12, relié aux duodénaires classiques tel le Panthéon grec. Selon la même logique, 8+1+1+3 = 13.

  C'est le 13 juin qu'Anne et moi avons découvert des lettres accentuées dans les Mystères de Foenkinos et Doumergue. Le roman de Foenkinos avait été amené par notre fille Aurélie, documentaliste dans un collège de la région. Elle prend son métier à coeur et lit tous les livres proposés par le CDI, et voici ce qu'elle trouva quelques jours plus tard dans un roman d'Yves Grevet, Celle qui sentait venir l'orage (2015):

  Le 13 juin, 13/6, m'évoque le nombre 136, et le premier jour de l'an pataphysique 136 où j'ai découvert le motif des 4+1 fois 6272 jours de Jung autour du 4/4/44.
  J'appris plus tard le nom du médecin qui serait mort en 44 à la place de JUNG = 52, HAEMMERLI = 84. 52-84-136 sont les nombres de Fibonacci 13-21-34 multipliés par 4.
  J'ai déjà fait part ici de ma décision de vendre une partie de mes livres, d'abord pour alléger le déménagement de 2014. J'ai gardé depuis ma boutique en ligne, vendant quelques livres par mois. Les 3 ventes du mois de juin m'ont été significatives, notamment par les dates, données sur ce scan de ma boîte mail:
  Le 6/6 un acheteur de 26700 Pierrelatte me commandait 6 livres d'un coup, c'était la première fois que ça m'arrivait. Je rappelle que Jung est né un 26/7 (1875) et mort un 6/6 (1961).
  La plupart des livres commandés me semblaient du genre invendables, le seul pour moi digne d'intérêt étant La signification symbolique de la Visitation, dont j'avais hésité à me séparer.
  J'ai étudié ici les échos entre d'une part La vie mode d'emploi et Un cabinet d'amateur de Perec, et d'autre part la belle histoire de RLC, avec notamment la visite de l'agente immobilière du premier chapitre de VME, d'indicatif 6/6, devenu une Visitation dans UCDA. J'y indiquai que la date du 6 juin semblait importante pour Plantard, qui avait pour alias Frère Norberto (saint du 6 juin).

  Le 13/6 un acheteur de Zurich me commandait le Cahier Pour la Science Bourbaki. C'est dans un hôpital de Zurich que Jung a été soigné par Haemmerli, avec JUNG+HAEMMERLI = 136.
  Je rappelle que ce 13/6 était le jour des lettres accentuées découvertes au CH de Manosque.

  Le 27/6 un acheteur de l'Oise me commandait le Cahier Pour la Science Fermi. Je ne crois pas avoir vendu plus d'un autre Cahier Pour la Science parmi mes quelque 300 ventes.
  C'est le 27/6 que j'ai publié le précédent billet, en hommage au 50e anniversaire de JJ Abrams, qui y fait volontiers allusion par le nombre 627 que j'observais se renverser en 726 ou 7/26, le 26 juillet à l'américaine.
  Il était question de Michel-Ange dans ce billet, et l'unique auteur du Cahier Pour la Science Fermi est Michelangelo De Maria (la visitationneuse...)