9.10.11

gamme ogham

J'ai eu envie de rendre un hommage poétique à l'alphabet oghamique. Ses 20 lettres signifiées par des groupes de 1 à 5 encoches m'ont donné l'idée d'épuiser les 120 permutations de 1-2-3-4-5, sous forme de nombres de lettres de mots. Après un départ enthousiaste, diverses circonstances ont ajourné ma tentative, et j'ai fini le poème tardivement, en bâclant quelque peu. Je le donnerai en fin de ce billet, sans aucune fierté, mais quelques coïncidences me semblent justifier sa publication.

C'est loupé, mais ce n'est tout ma faute, avancerai-je d'abord en adoptant la contrainte utilisée (en 1-3-5-4-2 et 1-3-4-2-5 lettres). En effet il faut par exemple savoir que l'un de mes premiers vers, l'être en soi forma, dans le val d'Ebron, est en fait le début inchangé de la traduction d'un poème attribué à Gwion Bach, donné dans La Déesse blanche (page 172).
Je suis particulièrement réceptif à toute mention d'Ebron ou Hébron, car le nom de cette ville, signifiant "réunion", est dans la Bible le second nom de Qiryat Arba, "cité des quatre", supposée réunion d'un ensemble de 4 villages. C'est tout à fait quaternitaire, et c'est encore l'endroit où sont enterrés Adam et Eve, selon la tradition juive. ADAM est selon la gnose grecque un être quaternitaire, formé de la réunion des 4 vents (acronyme des noms grecs Arktos, Dusis, Anatole, Mésêmbria).

Mon poème, outre l'attribution à chacun de ses 20 tercets d'une lettre oghamique, fait de nombreuses autres références aux correspondances envisagées dans La Déesse blanche, mais c'est loin d'être tout.
La correspondance des voyelles AOUEI à 1-2-3-4-5 m'a fait citer les couleurs rimbaldiennes, et leur reprise dans Vocalisations de Perec, sonnet si significatif pour moi.
Perec a d'ailleurs utilisé la combinatoire dans maints textes, épuisant par exemple les 24 permutations de AERT. Il s'est aussi essayé à un jeu similaire à ma tentative, en utilisant le calque 2-1-5-3-4 de la formule Il y avait une fois :
Il y avait une fois
un X barbu mal rasé
il n'avait pas faim
et s'étant cru pâle
il y était pas allé
et l'école lui fila
un 0 houla hou lala
Ge o rgesp ere C278


Merci à Ela Bienenfeld d'avoir autorisé cette citation
(Archives Perec 48,1,6,36)
La formule de départ, Il y avait une fois, a été reprise pour ma 73e permutation, en hommage à la prédilection de Perec pour ce nombre, fusionnant le 7/3 de son anniversaire. Attendu que, pour des raisons de faisabilité, j'ai utilisé deux permutations par vers, la 73e permutation se trouve débuter le 37e vers, et Perec se servait aussi de ce renversement 37.

La fixation sur les énoncés en 5 mots de 1-2-3-4-5 lettres m'a fait songer au titre de Zola, Le voeu d'une morte, intervenant dans l'ahurissante histoire évoquée dans Rionne en noir, où un voisin décédé aurait montré à Jung ce livre dans sa bibliothèque. Il m'a semblé devoir l'utiliser, d'autant qu'il s'agissait d'un livre parmi cinq, et que le héros de ce roman de 1866 se nomme Daniel Raimbault.

Le retard pris à écrire ces 120 permutations, que j'imaginais publier peu après mon billet du 22 septembre, est essentiellement dû à l'annonce du nouveau texte choisi cette année par Zazipo, un paragraphe en 4 phrases de Sainte-Catherine de Harry Mathews (dont voici un portrait onomométrique dû à Thiéri Foulc). Zazipo propose chaque année un texte à récrire à la guise de chacun, toutes les récritures étant données sur le site. Les textes choisis ne m'avaient guère inspiré jusqu'ici, mais celui-ci présentait de remarquables particularités numériques, avec notamment 120 mots répartis en 24 et 96 pour les 2 premières et 2 dernières phrases.
J'ai jusqu'ici proposé 4 versions, la dernière le 6 octobre en 120 mots de 4 lettres.

Sainte-Catherine évoque aisément la quatrine, forme dérivée des quenines de Queneau, généralisant le principe de la sextine. La quenine est un type de permutation qui, selon le nombre n choisi, boucle en n itérations, ou moins, par exemple dans le cas du nombre 4, où la quatrine boucle en 3 itérations :
1234 > 4132 > 2431 (> 1234).
L'un des artistes de la liste Oulipo a ainsi proposé une quatrine de ce type, intitulée Sainte Quatrine.
J'avais remarqué dans le billet précédent les lettres oghamiques à 4 encoches, SCZE, qui m'évoquaient aussi ELSZ, les lettres correspondant à la note mi dans le système d'équivalence utilisé par les musiciens, donné sur mon billet squar' dance, à l'occasion d'une composition poétique en rapport avec la présente tentative (recherche de "mots" composés de 5 lettres en quinte).
J'avais remarqué aussi les lettres oghamiques à 2 encoches, LDGO formant GOLD, "or" qui m'a un peu inspiré pour aborder la composition de ma seconde strophe consacrée à ces lettres LDGO.
Elle n'était pas achevée lorsque hier, 8 octobre, j'ai entendu les mots "gold rush" dans l'émission Concordance des temps, consacrée ce samedi à l'or.
Je me suis souvenu avoir employé le mot RUSH dans mon poème squar' dance, dans la séquence de 5x5 lettres Ce doux rush s'y joua deux à deux, et effectivement RUSH correspond aux notes DGEA selon la convention alphabétique :
la .si .do ..mi .fa .sol

.A . B . C . D . E . F . G
.H . I . J . K . L . M . N
.O . P . Q . R . S . T . U
.V . W . X . Y . Z

La curiosité commence avec mon interrogation sur GOLD, qui se trouve correspondre à GAED, or DGEA (RUSH) est la permutation en quatrine de GAED (1234 > 4132), et il suffisait de trouver un énoncé ADEG pour obtenir une quatrine parfaite, bouclant à l'infini sur elle-même.
La consultation du tableau me livra ORLU, tout à fait satisfaisant, puisqu'une ruée vers l'or est provoquée par la seule évocation du mot "or" :
ORLU
GOLD
RUSH

Ceci m'est venu si facilement que, quelques minutes après avoir entendu les mots "gold rush", je pus passer un message à 10:21 sur la liste Oulipo (l'émission débute à 10:00), or lu, gold rush (lien accessible aux seuls membres de la liste).
Ceci me donna l'énergie pour achever enfin le poème oghamique, essentiellement en prenant une à une les permutations 1-2-3-4-5 inutilisées, leur faisant correspondre à peu près les premiers mots venus.

Puis je réfléchis plus avant. Si ma création antérieure était fondée sur l'idée d'avoir 5 notes en quinte (CGDAE), cette quatrine peut être considérée basée sur 4 notes en quarte (EADG).
Si GOLD correspondait à une même catégorie oghamique (2-2-2-2), qu'en allait-il de RUSH ? Il se trouve que les lettres appartiennent aux 4 autres catégories, dans l'ordre 5-3-4-1. J'ai eu la curiosité de regarder comment j'avais rendu les permutations 25341 et 53412, qui avaient été écrites antérieurement à l'épisode gold rush.
53412 correspond à saler une mine d'or, achevant le vers 24, et la seconde strophe consacrée aux lettres LDGO. A cause de GOLD, j'avais voulu achever la strophe sur le mot OR, une mine d'or m'était venu, puis j'avais pensé à l'opération du "salage" qui consiste à parsemer un emplacement de paillettes d'or, pour en vendre la concession à quelque gogo.
25341 correspond à Il y avait une fois un saule peu plié, S, 37e vers du poème ouvrant la 4e strophe SCZE.

Je reviens sur mon vers en 5x5 lettres de squar' dance,
Ce doux rush s'y joua deux à deux.
Mon association du rush au deux est évocatrice, sachant maintenant que les lettres GOLD forment l'ensemble "deux encoches" dans l'alphabet oghamique.

Ce 2-2-2-2 offre une autre curiosité. Avant mon message gold rush du 8 octobre, mon précédent message à la liste Oulipo avait été envoyé la veille, en réponse à un sujet concernant une analyse numérique du Coup de dés de Mallarmé, où un universitaire avait dénombré 714 mots et une prédominance du nombre 7.
Sans préjuger des intentions de Mallarmé, j'avais vérifié ces comptes, et remarqué que les 28 mots de la partie en petites majuscules de ce texte mélangeant de multiples typographies pouvaient se découper en 7-7-7-7 mots :
QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES CIRCONSTANCES / 7
ÉTERNELLES / DU FOND D'UN NAUFRAGE / SOIT / 7
LE MAÎTRE / RIEN / N'AURA EU LIEU / 7
QUE LE LIEU / EXCEPTÉ / PEUT-ÊTRE / UNE CONSTELLATION / 7
Ce n'était qu'une constatation sans prétention, et la curiosité en l'occurrence est que ce message parlant d'un 7-7-7-7 est selon les archives de la liste le message numéro 20222 (lien toujours réservé aux membres de la liste). Un vrai coup de D propre à abolir le hasard (les lettres L-D-G-O correspondant à 2-2-2-2).

En écho à toutes ces questions d'anagrammes, de permutations, de quenines, je rappelle que le billet que j'avais publié juste après squar' dance un billet intitulé quatterine, anagramme de quaternité, le 9 octobre 08, il y a exactement 3 ans (j'ai choisi de publier ce billet-ci à 07:08 le 09-10-11, sans penser plus avant). Il avait trait à l'anagramme de Catherine's son dans l'épisode de Barnaby vu un mois plus tôt, juste avant mon intuition du motif 4-1 de la vie de Jung, fait qui me semble de plus en plus important et sur lequel je reviendrai prochainement.

Après toutes ces tergiversations, les 5 strophes du poème :
- - - - -

Tout d'abord fut ce mot dans un livre, B,
l'un créa les dieux, la lune est l'autre,
de Babel à Sin City, des airs à la glèbe.

Puis c'est le hêtre, avec son si grand H,
l'être en soi forma, dans le val d'Ebron,
le rouge Adam, l'Eve née d'alef et dalet.

Du mem enfin, lors l'arbre fut dans le M,
mais l'arbre de vie, dit l'arbre de mort,
joint le croc d'Ubu, l'abîme près du but.

L'hiver au plus bas, le temps pour cet A,
de s'unir par désir à la nuit, venue tôt,
jusqu'à ce que vive la lune, l'astre pur.
Deux raies, et c'est une si haute tour L,
borde-t-elle un lac? avant quel âge d'or?
l'hier est passé, le futur n'en sera gré.

Bhima, fils d'un roi bien Pandu par le D,
a connu son sort, au pied d'un cèdre sec,
à son crime miré, la loi prit de l'écart.

On vit l'herne, gold rush de cet ample G,
voler sur l'onde, au gré de n'être libre,
jusqu'à quel mot, le nom du tréma d'ouïe?

Ciel azuré, l'air vu de son oeil clair O,
lui vint l'envie de céder, en l'art brut,
d'errer sans fin, de saler une mine d'or.D'un trois noté fin, en très grand âge F,
d'une rune celte, il est né l'agile dieu,
qui joue grave, et s'ébat non su d'élire.

Bach Gwion a su Tal Iesin pur de sang, T,
son front pâle a le don, rare comme l'or,
de s'avoir plus que tous, l'if des têtes.

S'évasa le pin fier, quand un anis eut P,
tout passe par l'un, sur l'un règne tout,
l'être vil se drape, il y dit leur poème.

Sans foi, j'ai connu les vices de vert U,
Elie et Enoch m'ont parlé d'eau, de mers,
d'une paix du pâtis, où l'ovin pisse dru.Il y avait une fois un saule peu plié, S,
seul il s'est battu, seul il a bouté bas,
les vélos et l'auto, le bus avec l'avion.

L'air de faux jeton, m'ira comme un gant,
j'ai brisé mon orme, pour une fille en C,
j'avais que ce bois, mon camp j'ai foutu.

Trois donc à bis un, parmi cinq il est Z,
Emile a tôt bien su, le voeu d'une morte,
qui échut à Carl, il rêva d'un dos rouge.

Le verbe d'Eden est celé, en perce est E,
vent sec d'éther né, l'elfe de cette fée,
le blême rex s'émet, vers est de l'ébène.Tel un faux aigle, c'est cette fois le N,
né d'une autre aire, en une paire d'yeux,
c'est un merle noir de mer, l'indu crâne.

Par l'Erèbe béni, ce pâle astre de mon Q,
roux sel médit, l'on ouïra son de l'aube,
que l'ange conte, en fin d'un cher récit.

Où sont les roses d'antan, se dit hier R,
n'être enfin que le Soi, de tête à corps,
morts qui s'en sont allés, de l'hier fui.

S'il est sang versé, rouge jour vif en I,
une lèvre d'en rire, soûle du vin d'août,
l'assis sait ce Soi, Idris apex de l'âme.


- - - - -

Voici dans l'ordre de leur apparition les 120 permutations de 12345 :
41532 34251 12435 24315 25134 34125
41325 43251 14235 42315 25413 31425
23541 53421 41523 31524 52413 14523
15243 25431 21435 12453 51234 24153
45213 32541 51423 54312 14352 51243
54123 45321 15342 41253 13542 34215
23154 42351 53142 32145 51432 32514
45132 23451 34152 52134 15432 53412
12543 24531 13452 32154 34521 43215
45123 53241 35412 34512 21543 41235
15234 52431 45312 31254 14325 21345
43125 35241 42513 51324 13425 21453
21534 25341 42135 42153 35214 23415
13245 13524 12534 43521 15324 34125
54132 54231 51342 24135 35142 12354
25143 42531 43152 14253 25314 43215
32451 35421 21354 23514 13254 23145
31542 45231 43512 53214 31452 31245
24351 52341 14532 32415 53124 52143
12345 54321 35124 52314 15423 54213

22.9.11

Vendémiaire

Il me faut d'abord revenir sur mon billet Des blancs et des noirs et ma vision en août 2009 de Des jours et des nuits, téléfilm adapté du roman de Gilbert Sinoué, dont la lecture le 31 août 08 était intimement liée à ma découverte du 8 septembre 08 sur le 4/4/44.
L'indice permettant à Ricardo/Richard d'imaginer que la femme de ses rêves vit actuellement en Grèce est qu'il la voit en vêtements modernes lire un journal grec, dans le roman Eleftheria Vima ("Tribune libre"), journal aujourd'hui disparu que les scénaristes du téléfilm ont eu à coeur de remplacer par un titre actuel voisin, To Vima ("La Tribune"), en lettres grecques TO BHMA.

J'avais regardé attentivement cette rediffusion, et j'avais encore cette image en tête quelques jours plus tard lorsque j'ai consulté Lettres, chiffres et dieux, de Guy Trévoux (1979), un livre original sur l'origine de l'alphabet, où Trévoux enchérit sur les hypothèses de Robert Graves dans La Déesse blanche (1948, traduit par Trévoux en 1979 et reparu sous le titre Les Mythes celtes).
Graves y développait de formidables intuitions sur l'écriture oghamique, d'origine divine pour les Celtes des premiers siècles de notre ère, composée de 4 groupes de 1 à 5 encoches, différenciés par leurs positions par rapport à une ligne verticale :
Graves imaginait que la main aurait servi de support mnémonique à cet alphabet, avec les lettres à une encoche BHMA correspondant au pouce, les lettres du journal TO BHMA que j'avais encore en mémoire.
Je suis particulièrement frappé par le fait qu'aux premières phalanges correspondent les lettres HDTCQ, initiales des nombres de 1 à 5 en gaélique, hoine duou ttri ccetuor qquenque, ainsi la représentation des lettres serait directement issue de la numération; Jung voyait dans les premiers entiers, particulièrement de 1 à 4, des archétypes essentiels, propres à déclencher les phénomènes synchronistiques.
L'illustration ci-dessus est extraite de La Déesse blanche, et Trévoux compare page 31 de Lettres, chiffres et dieux l'hypothèse de Graves à un autre système mnémonique imaginé par Trévoux lui-même, à partir des 5 noms des Pandavas, dieux indiens :
Je reproduis aussi sa conclusion, que je ne partage guère car la coïncidence essentielle entre les deux tableaux est la première colonne B/H/M/A-B/Hi/Ma, or le rapprochement est bien moins immédiat qu'il n'y paraît car le nom sanskrit ne comporte que deux consonnes : भीम se décompose en भी, Bhi, la consonne भ, Bha, vocalisée en I, म, la consonne Ma vocalisée par défaut en A.
Si la réelle coïncidence sur deux lettres "ne peut être due au hasard", que dire de l'exacte correspondance avec le grec BHMA ?
Que dire encore du contexte jungien, puisque le roman de Sinoué fait intervenir Jung en personne, alors que l'enquête de Graves est née d'une intuition pendant la semaine sainte de 1944 (où le Mardi saint était le 4/4) ?

Voici pour le rappel, et j'en viens à ce qui s'est passé ce 7 septembre. Je serais en peine d'expliquer pourquoi j'ai visité ce jour le site Anagrammy, comment je suis arrivé à cette page montrant les prix attribués à Mike Keith, et comment mes yeux ont découvert ce carré de mots, dont le premier vertical est BIMAH.
L'écho est immédiat avec les tableaux de Trévoux, et leurs deux premiers mots verticaux, "BHMA" et Bhima.
Ce carré fait partie d'un ensemble utilisant toutes les 98 lettres du Scrabble anglais :Mike Keith a réussi à obtenir cette grille où tous les mots horizontaux et verticaux sont présents dans le dictionnaire du Scrabble. De plus le dernier carré incomplet permet l'ajout des deux jokers, avec les valeurs E et S permettant d'obtenir un autre carré 5x5 où tous les mots sont valides :
B A T C H
I V O R Y
M I X U P
A S I D E
H O N E S

Je suppose que ce résultat doit beaucoup à la programmation, ce qui ne diminue en rien l'exploit, dont Keith revendique la primeur, car les myriades de possibilités à étudier doivent être filtrées par des algorithmes (cette page donne 8636 mots de 5 lettres).
Ce résultat a probablement été choisi parmi d'autres possibilités, ce qui m'importe ici est que le carré BIMAH est celui qui présente une particularité, celui où interviennent ou non les jokers. C'est aussi le carré où figure un réel acronyme, C.R.U.D, alors que HDTCQ correspond à une sorte d'acronyme dans l'alphabet oghamique.
J'ai d'abord pensé que bimah était une autre forme pour le dieu Bhima, mais les noms propres sont interdits au Scrabble, et il s'agit d'un mot hébreu (בימה) désignant l'estrade, la tribune où est lue la Tora dans la synagogue. C'est en fait un emprunt au grec ancien βῆμα (BHMA en majuscules) dont la forme moderne vima est à l'origine de mon premier billet. La fiche wiki m'apprend que la désignation antérieure de cette tribune était migdal, "tour", un mot évocateur pour le jungien.

Il y aurait des petites choses à dire sur certains des 40 mots de la grille, mais je vais plutôt développer une synchronicité marquante qui a accompagné sa découverte le 7 septembre, dernier jour de l'année pataphysique 138.
Ce même jour, je me suis rendu à la médiathèque de Digne, et ai vu parmi les nouveautés vidéo Enquêtes Extraordinaires, série de 5 excellents reportages de Stéphane Allix diffusés par M6 en 2009. J'en ai emprunté deux, dont 6ème sens, que nous avons regardé le 12.
Nous l'avions déjà vu en 2009, mais la qualité des témoignages et de leur écoute méritait d'y revenir, et je me suis dit, en écoutant un psychologue spécialiste de ces phénomènes, qu'il faudrait que je prenne contact avec ces gens pour témoigner de mon expérience.
Je m'étais probablement dit la même chose à ma première vision, sans donner suite. Peut-être avais-je aussi remarqué le numéro de la voiture avec laquelle Allix franchit le Golden Gate dans la séquence suivante, 444-ZCZ, mais seule sa première partie pouvait m'être alors signifiante, n'ayant pas encore découvert l'alphabet oghamique, où j'ai vu que les lettres correspondant à 4 encoches, SCZE, étaient toutes présentes dans mon nom, qui pourrait se traduire 5415 441324.
Le bimah de Mike Keith, découvert quelques jours plus tôt, m'avait fait réviser le dossier, et je perçus aussitôt la correspondance du numéro avec 444-444.

Allix se rendait avec cette voiture dans le laboratoire du parapsychologue Dean Radin, où il se soumettait à une expérience intrigante : le cerveau semble anticiper des stimuli aléatoires...
Je suis toujours abasourdi par ce type d'expériences, et par le fossé qui sépare la parapsychologie de la science "officielle", résolument sceptique. Ici c'est d'abord le nom de Radin qui me marque, en relation avec Mike Keith que je peux indiquer maintenant être l'un des trois poètes qui avaient proposé avant moi des anagrammes de Vocalisations (je rappelle que c'est la valeur 6272 des 112 mots de ce sonnet qui m'avait conduit à en proposer une anagramme en 14 vers de valeur 448, avant de découvrir les 5 fois 6272 jours vécus par Jung, et leur équilibre 4-1 autour du 4/4/44).
En fait, les anagrammes anglaises de Vocalisations ont été créées en avril 2001, et je pourrais prétendre avoir inauguré l'entreprise puisque ma fascination pour ce sonnet m'avait fait coder ses 14 vers dans les 14 chapitres de mon roman Sous les pans du bizarre, écrit en 1999. Pour le 13e vers, Soupirs ahurissant Nadir ou Nirvana, une facétie m'avait conduit à coder radin au lieu de Nadir, puis à anagrammatiser un autre mot du 8e vers.
Je ne pensais qu'au français "radin", et n'aurais pu penser à Dean Radin qui n'a commencé à être connu en France qu'avec la parution de son livre La conscience invisible en novembre 2000, le mois même où paraissait mon roman.
Les pans du bizarre sont décidément abrupts, et si un tenant américain d'un nouveau paradigme scientifique est ce RADIN, le sceptique le plus célèbre est probablement RANDI, James Randi, ex-illusionniste reconverti en pourfendeur des pseudo-sciences, qui a fondé le One Million Dollar Challenge, promettant $1,000,000 à qui démontrerait la réalité d'événements paranormaux.
Que personne n'ait jusqu'ici pu décrocher le jackpot pourrait faire douter des prétentions des parapsychologues, mais ceux-ci rétorquent que le défi est un leurre, aux exigences exorbitantes, ainsi Radin lui-même se montre "radin" sur son blog en calculant que, pour parvenir aux résultats statistiques demandés, le coût des expérimentations nécessaires dépasserait largement la récompense éventuelle.

Incidemment, ce blog m'a appris que Radin avait une relation privilégiée au nombre 4, puisqu'il est né un 29 février et ne peut fêter son anniversaire réel que tous les 4 ans.

J'ai posé la requête Radin Randi anagram pour voir si quelqu'un avait commenté ce fait, et le premier résultat exploitable vient d'un blog où la question du défi de Randi est débattue. Ce commentaire remarque l'anagramme Radin-Randi, et la compare à Santa-Satan (Santa est le raccourci familier pour Santa Claus, le Père Noël).
Le rapprochement est pertinent, puisqu'il touche deux paires de noms de 5 lettres où la bascule de la même lettre N entre les 3e et 5e positions provoque un changement de sens drastique.
Par ailleurs ce commentaire se trouve être le 31800e du blog, ce qui m'évoque aussitôt le BlogDay, le 31/8, jour de publication de mes billets des blancs et des noirs et de jour comme de nuit, aux titres intentionnellement antinomiques (et complémentaires). Si ce jour est aussi le 21/13 du calendrier pataphysique, le dernier de ces billets m'amenait à m'intéresser au calendrier républicain, et au 4/4 dans ce calendrier, jour du Soufre satanique, et dans notre calendrier le 24 décembre, le grand jour d'activité du Père Noël (et surtout la nuit associée).
Dans mon autre billet du 31/8, St Erbrand, je remarquais la similitude des 13 mois de 28 jours du calendrier pataphysique et du calendrier des arbres, conjecturé par Graves à partir de l'alphabet oghamique, mais le début de ce calendrier au 24 décembre ne me disait rien alors.
Les 13 mois du calendrier de Graves suivent l'ordre de l'alphabet en 15 consonnes, en en omettant 2, ainsi le premier mois débutant le 24 décembre est celui de B, Beth, le bouleau, 5 mois plus tard vient H, Huath, l'aubépine, 4 mois plus tard M, Muin, la vigne, et ça tombe en septembre où débute Vendémiaire, mois des vendanges, le 22 septembre, jour du Raisin.
C'est une bonne raison pour publier ce billet aujourd'hui, 1er jour de ce qui serait l'an révolutionnaire 220 (et il y en a une autre, plus intime, qu'un blogueur amateur d'anagrammes de "quaternité" saisira; merci à lui de prendre contact avec moi).
Quant aux 5 voyelles oghamiques, elles correspondent selon Graves aux 4 jours solsticiaux ou équinoxiaux de l'année, à commencer par le 24 décembre pour A, et la dernière voyelle I correspondait au jour solitaire en dehors des 13 mois et 52 semaines, le 23 décembre.

Pour essayer d'en apprendre plus sur la façon dont Mike Keith avait trouvé ses 4 carrés de 25 lettres, j'ai cherché sa première intervention sur le forum Anagrammy, le 28 février 06 :
31845 The 98 Scrabble letters (+) - Mike Keith February 28, 2006 at 00:20:58
Je n'ai rien appris de neuf, sinon qu'il s'agissait d'un autre message 318**, comme le commentaire 31800 vu plus haut. Ceci m'a rendu curieux de ce qu'était le message 31800, plus significatif, et le voici :
31800 Chernobyl disaster = Ostensibly charred. (+) - Mey K. February 26, 2006 at 08:25:51
L'anagramme concerne Tchernobyl, qui en ukrainien signifie "noir-blanc", nom d'une variété d'absinthe.
Je rappelle mon billet Des blancs et des noirs d'un 31/8. Il y a un jour de l'Absinthe dans le calendrier républicain, le 9 Messidor ou 27 juin, jour déjà remarqué ici, pour diverses coïncidences.

A propos d'anagrammes, la TRIBUNE bimah me rappelle que j'avais illustré ma première approche de l'affaire Jung, sur mon autre blog, par une abeille du 04 en train de BUTINER des capitules de tournesol, juste après avoir remarqué que THERA, l'île essentielle dans mon rapprochement Halter-Sinoué, était l'anagramme de EARTH comme de HEART. Je n'avais nullement remarqué alors le nom du journal Eleftheria Vima et n'avais aucune idée de la signification de vima.
L'irruption du calendrier républicain dans l'avant-dernier billet est due au fait que le 4 avril ou 15 Germinal y est le jour de l'Abeille, rapport à Tania Vläsi devenant le 4 avril 1959 la reine d'une ruche humaine.

Il y a encore un rapport immédiat entre les anagrammes de RADIN et le dieu indien Bhima puisque le roi des dieux INDRA est son oncle, géniteur de son frère Arjuna ("Blanc").

Tenter d'autres possibilités m'amène à ARDIN, commune des Deux-Sèvres dont le maire actuel se nomme Jean-Pierre Rimbeau, nouvel écho aux Vocalisations rimbaldo-perecquiennes.
Si l'étymologie du lieu signifie "sur la colline", une autre étymologie du nom Ardin variante d'Arden (évoquant aussi Rimbaud) est "forêt", ce qui me fait me souvenir du grec où c'est le sens premier de hylé, υλη; parmi les multiples rebonds que permet ce billet, j'y remarque notamment ma traduction sauvage de Strongylé, στρογγυλή, l'île "ronde" aujourd'hui Théra, en FORTE FORET.
Sa relecture me remémore les références Strong 444 (anthropos, "homme") et 4444 (purgos, "tour") : comme vu plus haut le mot d'origine grecque bimah a remplacé le mot purement hébreu migdal, "tour".
Ceci m'a rendu curieux de la référence Strong de bêma-βημα-BHMA, et c'est 968, 8e multiple du carré de 11 (11x11), bien venu en songeant aux lettres oghamiques B-H-M-A correspondant à 1 encoche. Je rappelle que le jeu nadir-radin de mon 13e vers, d'abord innocent, a été complété ensuite par un jeu alcool-loocal au 8e vers, parce que Rimbaud est né dans le 08 (ARDENnes !) et mort dans le 13 (et aussi parce que j'étais membre de l'association 813).

Lorsque je me suis avisé de la corrélation de Vocalisations avec Jung, j'ai songé à mon petit jeu nadir-radin, et, plutôt qu'à Dean RADIN (dont j'ai néanmoins le livre), pensé à Paul RADIN, anthropologue américain qui a co-développé avec Jung le concept d'enfant intérieur.

La multiplication des anagrammes de NADIR me porte à conjecturer que le défi de RANDI pourrait être recalculé en DINARs, plus susceptibles de DRAINer les amateurs...


La décision de dater ce billet du Premier Vendémiaire, 22/09 par ailleurs, ne m'est pas sans échos après coup.
2209 est le carré de 47, valeur de Perec. Gilles Tostivint a proposé dans son roman La vie évidente d'Elizabeth Berg (1995) une création en 2209 lettres où les mots clés sont BLANC et NOIR, voir ici. Le billet précédemment mentionné m'avait fait passer par un rapprochement étymologique entre la référence Strong 4444, purgos, "tour", et Berg, "montagne".
Le 1er août dernier j'ai découvert le plan idéal de Philadelphie en 22 + 9 rues, dessinant un damier de 21 x 8 cases où la situation de la place "centrale" semble avoir été choisie par un obsédé de la suite de Fibonacci. Voir le billet précédent, daté du premier de l'an d'un autre calendrier.

8.9.11

Naccipolis

  8 septembre 2011 ou 1er Absolu 139 de l'ère pataphysique, 3e anniversaire de ma découverte du motif 4-1 dans la vie de Jung.
  C'est mon 101e billet, et ce nombre 101 m'a décidé à aborder un dossier récent dont certains aspects ont été décrits sur mes autres blogs, mais dont toute la bizarrerie me semblait trop complexe pour être exposée.
  Elle l'est toujours, et je suis contraint d'abréger d'éventuelles explications qui n'expliqueraient d'ailleurs pas grand-chose, mais trêve de bavardages...

  Les récents développements du dossier Elie-Enoch m'ont conduit en juillet à étudier Isaac Luria, kabbaliste du 16e siècle. Le 30 juillet, j'ai appris par ailleurs l'existence d'un site consacré aux codes bibliques, sujet qui m'intéresse pour son aspect synchronistique plutôt que pour d'éventuelles révélations divines.
  Je ne me suis essentiellement préoccupé que d'un exemple touchant Luria, en deux temps. Le responsable du site, le rabbin Glazerson, a d'abord trouvé un cas remarquable de "carré" contenu dans 2 versets de la Genèse, où Isaac apparaît en clair (en bleu ci-dessous), Luria avec un saut de 16 lettres en rose, et qabala, kabbale, avec le même saut, en beige orangé.
  De plus croise avec ce carré le code zohar, avec un saut de 3 lettres, en vert (Luria s'inscrit dans la continuité du Zohar).  Dans un second temps, le tableau a été transmis à Eliyahu Rips, le mathématicien pionnier de l'étude informatique des codes bibliques, qui y a décelé un message éminemment kabbalistique en 12 lettres, avec le même saut 16 (ou plutôt -16 puisqu'il se lit de bas en haut) : "ma se purifiera dans le vase 'av".
  Là il est fort difficile d'expliquer l'inexplicable, à savoir pourquoi la kabbale, essentiellement le Zohar et l'école de Luria, a retenu 4 formes d'écriture développée du nom YHWH, les noms de valeur 45, 52, 63 et 72. Parmi ces noms, deux présentent une même logique :
YWD HA WAW HA = 45, ma en hébreu qui est aussi le mot "quoi ?"
YWD HY WYW HY = 72, 'av en hébreu qui est aussi le mot "nuage"
  Il faut probablement un niveau kabbalistique élevé pour comprendre comment la méditation sur ces noms peut conduire au but suprême, voir ce traité, tout ce que je peux dire est que la terminologie de la formule lue par Rips est caractéristique de ces écrits.
  Ce qui me retint dans cette formule énigmatique était les nombres 45-72, rencontrés quelques mois plus tôt avec Enoch Soames, voyageur temporel de la nouvelle éponyme. Après ma découverte de la voyageuse temporelle
Marina Sloty = 56/91 = 8/13, rapport fibonaccien,
un ami me signala cette nouvelle, et je m'aperçus que
Enoch Soames = 45/72 = 5/8, le rapport fibonaccien précédent.

  Au-delà de ces curiosités numériques, je remarquais le prénom Enoch, alors que j'avais rencontré peu avant le nom réel du Père Elijah dans le roman éponyme :
DAVID SCHAEFER = 40/65 = 8/13.
  Ce Père Elijah (Elie) n'avait rien d'un voyageur temporel, et j'ai imaginé devoir en rencontrer un prénommé Elie, permettant un jeu analogue, en écho au rapport entre les noms Elie-Enoch en hébreu
Eliahu/Hanokh = 52/84 = 13/21 ( חנוך/אליהו )
identique à JUNG/HAEMMERLI = 52/84 = 13/21.
  Ce personnage ne s'est pas encore manifesté, mais voici que c'est un réel Elie israélien, Rips, qui pointe vers le couple 45-72.

  Je connaissais ces variantes sur les noms divins qui ne m'intéressaient guère, ne reposant apparemment sur rien de solide, mais cette nouvelle perspective m'a rappelé quelque chose. Le nom ma, "quoi ?", serait en anglais what?, or un hasard m'a fait constater que le code usuel rot-13 transforme WHAT en JUNG, et vice-versa.
  Le rot-13 a un équivalent en hébreu, l'albam, qui est plutôt un rot-11 puisque l'alphabet hébreu a 22 lettres. Je me suis demandé ce que deviendrait ma selon l'albam, et la translittération MH devient BO, soit le renversement de OB, translittération de 'av, le "nuage".
  Si cette forme n'a pas de sens en hébreu, elle a même valeur 72, et OB se transforme de même en HM, de valeur 45.

  C'est avec le souvenir pleinement présent de cette découverte plutôt nébuleuse, je l'avoue volontiers, que j'ai entamé la lecture le lendemain d'un polar choisi pour son titre, 7, de Richard Montanari. Je ne connaissais pas l'auteur, mais je suis irrésistiblement attiré par les titres numériques.
  Celui-ci est en fait dû à la traduction française, l'original étant Badlands qui n'avait rien pour me séduire, et je me rends assez vite compte qu'il s'agit d'une énième histoire de serial killer, tentant de surenchérir sur les multiples horreurs déjà publiées. Ce n'est plus ma tasse de thé depuis pas mal de temps, mais diverses circonstances me font néanmoins lire le roman :
- Le premier meurtre associe le livre biblique de Jérémie au "coeur"; j'ignorais cette corrélation qui semble acquise chez plusieurs protagonistes, pour lesquels Jérémie est le "prophète du coeur", or pour moi Jérémie est d'abord le prophète de l'atbash, utilisé pour les mots Babel et lebab, "coeur";
- Le roman compte trois parties, introduites par des citations de 3 poètes
1 Walt Whitman
2 Virginia Woodward Cloud,
3 Carl Sandburg
  Les 2 premiers me rappellent les what et cloud ("nuage") rencontrés la veille, et Carl évidemment Jung (soit what en rot-13).
- Les 3 parties ont 15-52-42 chapitres, et à l'approche ci-dessus est associée une répartition 67/42, partage doré optimal de 109, ou mieux en comptant le prologue 68/42 = 34/21, rapport fibonaccien.

  Une autre caractéristique des histoires de serial killer est la surenchère dans la dinguerie, afin de faire partager la course contre la montre des enquêteurs pour comprendre le programme du tueur et l'interrompre.
  Ici le fils du magicien Karl Swann a entrepris de présenter à Philadelphie un récital de 7 tours de magie, s'achevant chaque fois sur la mort atroce de l'assistante, et il utilise la géométrie de la ville pour y inscrire sa signature, par les 7 pièces du Tangram composant la figure du cygne (swan).
  L'auteur ne s'est pas trop cassé la tête, et les détails de l'opération ne sont pas explicités. Tout ce que sait le lecteur est que les 6 premiers meurtres ont été commis dans des lieux superposables à 6 pièces du Tangram, et qu'il est crucial pour les enquêteurs d'identifier le dernier lieu correspondant au carré.
  Le chapitre 86 m'apprend alors que quand William Penn avait planifié le développement de Philadelphie au XVIIe siècle, il avait conçu cinq places (en anglais squares, "carrés") - une centrale et quatre autres équidistantes de celle du centre.

  J'ai aussitôt été curieux de voir à quoi ressemblait ce mandala, et ai appris que Philadelphie avait été la première ville américaine à avoir été conçue selon un damier rectangulaire, dont voici un premier état en 1682, année de la fondation (le 27 octobre) :  J'ai été frappé par une dissymétrie : Center Square était bien au milieu de l'axe est-ouest, mais pas à celui de l'axe nord-sud, et si les 4 autres places en étaient bien équidistantes, leur disposition soulignaient la dissymétrie.
  J'ai essayé d'approfondir la question, ce qui m'a conduit à trouver plusieurs cartes du 18e siècle, toutes d'accord pour confirmer cette dissymétrie, et en ajoutant une autre. Philadelphie n'y est plus un damier de 8 x 22 (dessiné par 9 + 23 rues) mais de 8 x 21, nombres de Fibonacci, et Center Square partage idéalement ce damier en 3-5 blocs du nord au sud et 8-13 blocs de l'ouest à l'est, témoin cette carte de 1764 :  Ceci semble absurde, la suite de Fibonacci étant alors fort loin de sa popularité actuelle, mais il en va néanmoins ainsi, et je suis confus de n'en avoir trouvé aucune explication.
  En fait ces premiers "plans" sont plutôt des projets, et une carte plus utile de 1777 montre que la ville s'est d'abord développée à l'est, du côté du Delaware, et a dépassé ses limites premières au nord et au sud avant même que la zone correspondant à Center Square soit construite. Les 9 rues du nord au sud y sont bien présentes avec leurs noms choisis dès 1682.
  Néanmoins les schémas antérieurs n'étaient pas erronés, et sur ce plan de 1842 les axes Market Street et Broad Street se croisent à la place pas si centrale maintenant nommée Penn Square, et on compte bien 8 rues principales à l'est de Broad Street, et 13 à l'ouest :   Si la ville s'étend maintenant largement au nord et au sud, s'il y a au moins une autre rue de chaque côté à l'est et à l'ouest entre Front Street et le cours d'eau, la numérotation des rues nord-sud indique qu'il y a bien eu d'abord 8 rues ouest et 13 rues est, témoin ce détail tourné de 90 degrés (Front Street est de chaque côté la 1e rue).
  L'anomalie Fibonacci continue pour la partie historique de la ville, car quelques nouvelles rues importantes sont apparues de l'ouest à l'est, si bien qu'il n'y a plus de part et d'autre de Market Street 3 et 5 rues, mais 5 et 8 rues croisant Broad Street.
Nous sommes donc passés de projets de damiers 8 x 22 et 8 x 21 à un état final 13 x 21, idéalement divisé par Penn Square.

  J'ai trouvé cette carte du début du 20e siècle, où les 21+13 rues principales de part et d'autre de Broad Street et Market Street apparaissent plus clairement. Les 21 rues nord-sud sont désormais numérotées de 1 à 22 (sauf 1 qui est toujours Front Street et 14 Broad Street), les 13 rues est-ouest ont leurs noms en gros à gauche. Penn Square est devenue City Hall, l'hôtel de ville prévu lors de sa conception pour être le plus haut et plus grand édifice du monde, mais déjà surpassé lors de son achèvement, par la tour Eiffel notamment.
  Ce plan se prêtait à l'application de PhiMatrix, l'outil développé par Gary Meisner, webmestre du site goldennumber (cliquer pour agrandir).

  Sans absolue surprise les lignes d'or principales (en bleu) suivent Broad St, presque au milieu, et Market St, vers sa limite au nord, cette petite imperfection donnant une étrange conséquence. L'intersection des deux lignes, soulignée d'une croix jaune, tombe sur City Hall à un point très proche de la tour au sommet de laquelle, à 548 pieds (167 m), une statue de William Penn a longtemps dominé la ville.
  William Penn est un nom doré, donnant une bonne approximation du nombre d'or :
WILLIAM / PENN = 79/49 = 1.612...
  En regardant la page Wikipédia sur William Penn, mon oeil a été attiré par le nombre 5284, m'évoquant les valeurs 52-84 de Elie-Enoch ou Jung-Haemmerli; Penn a eu le rare privilège de devenir Citoyen honoraire des Etats-Unis, ce qui fut promulgué par la Proclamation Présidentielle 5284 (rappel : 52/84 = 13/21).

  Ceci se conjugue avec une coïncidence connue depuis longtemps, qui m'a fait douter de ma raison lorsque je me suis avisé que le centre historique de Philadelphie pouvait être constitué de 21 x 13 blocs.
  J'ai déjà mentionné à multiples reprises les coïncidences touchant les nombres de Fibonacci 13-21(-34). L'une d'entre elles concerne les 21 et 13 chapitres de The Greek Coffin Mystery, énoncé en acrostiche dans la première partie du roman, tandis que la seconde épelle By Ellery Queen.
  La découverte de ce livre en VO dans la bibliothèque de mon père est probablement pour beaucoup dans mes recherches sur la structure des romans d'Ellery Queen, lesquelles m'ont révélé que ses 9 premiers romans, aux titres de même forme, totalisaient 233 chapitres, Fibo, et que ce 4e roman très particulier partageait les 8 autres en 3-5, Fibo encore, selon le même premier partage qui allait attirer mon attention sur Philadelphie.

  Queen a changé de style avec son 10e roman, Halfway House (1936). Un homme est découvert assassiné à Trenton, et on découvre que sa maison de Trenton était un relais entre ses deux vies. Il vivait la moitié de la semaine à Philadelphie, avec sa femme Lucy, l'autre à New York avec son autre femme Jessica.
  Je me suis avisé que, si Trenton n'était pas géographiquement exactement à mi-route entre les deux villes, elle l'était gématriquement :
PHILADELPHIA = 101
NEW YORK = 111
et TRENTON = 106 (101+5 or 111-5)
Vérification sur le Gématron.
  J'ai remarqué le découpage syllabique de Phi-la-del-phia, où Phi peut se lire φ, le symbole du nombre d'or, 1.618… Les syllabes suivantes donnent des Fibos successifs :
LA = 13
DEL = 21
PHIA = 34
  On comprendra mon ébahissement en découvrant l'ossature de Philadelphie autour de ses deux axes principaux, en 13 et 21 rues.

  Ces Fibos particuliers 13-21-34 permettent une curiosité arithmétique unique. En utilisant l'arrondi populaire 1.618 pour Phi, on a
1.618 x 13 = 21.034
qui peut encore être écrit
Phi x LA = DEL. PHIA

  Par ailleurs j'ai vu des liens entre ce premier roman de la seconde période Queen et celui qui a achevé la collaboration entre les cousins qui signaient Queen, Lee et Dannay nés les 11 janvier et 20 octobre 1905, soit en moyenne le 1er juin.
  L'homme menant une double vie dans Halfway House est assassiné le 1er juin 1935, 30e "anniversaire moyen" des Queen. C'est à l'occasion de la sortie de ce roman que les cousins ont dévoilé leur identité.
  C'est au contraire deux hommes, deux jumeaux, qui vivent une vie unique dans The Finishing Stroke (1958), et l'un d'eux est assassiné le 6 janvier 1930, jour de son 25e anniversaire, Jour des Rois. C'est un écrivain ami d'Ellery Queen, ce dernier étant déclaré natif des Gémeaux, ce qui est compatible avec le 1er juin, 6/1, qui y apparaît significativement renversement du 1/6, ce qui m'a fait appeler le 1er juin Jour des Queen.
  J'avoue me sentir dépassé par la complexité de ce roman, où il m'a semblé voir l'indice le plus révélateur de préoccupations dorées de l'auteur :
Huit boîtes, 13 objets. Un rapport mathématique existait-il ?
  Pendant les 12 nuits suivant Noël, 12 boîtes contenant en tout 20 objets apparaissent mystérieusement. 20/12 = 5/3, le premier rapport Fibo significatif (selon Phil Dick = 45/27 = 5/3), et Queen a trouvé moyen d'introduire le bien meilleur rapport 13/8.
  Les 20 objets mystérieux correspondent aux 20 lettres de l'alphabet acronymique sémitique, et une curiosité de ce roman aux multiples références juives est que l'enquêteur local soit le lieutenant Luria.
Certes Luria n'est pas un nom juif rare, mais a priori on ne s'attend guère à ce qu'un flic du comté de la petite ville d'Alderwood (imaginaire) soit juif, ni surtout qu'il porte le nom d'un fameux kabbaliste dans une affaire liée à l'alphabet hébreu.

  Tout ceci peut sembler totalement décousu, et l'est certainement en partie, mais je demande d'admettre que mes recherches queeniennes sont anciennes (comme en témoignent mes articles publiés sur papier), ainsi le 11 septembre 2001 j'étais en train de réfléchir sur les nombres de Fibonacci et les jumeaux chez Queen, au cours d'une balade en vélo; de retour à la maison j'appris ce qui se passait du côté des tours jumelles...
  Le lien entre les deux romans précités a fait l'objet d'un article publié fin 2001. Je n'y étudiais pas la gématrie, mais étais déjà fasciné par l'harmonie commune aux deux titres :
en 2 mots et 12 lettres HALFWAY HOUSE = 144 = 2 x 72 = 12 x 12
en 3 mots et 18 lettres THE FINISHING STROKE = 216 = 3 x 72 = 18 x 12
  A remarquer que 144 est aussi le 12e Fibo, et que 216 est entre autres la valeur de Ha Ari, "le lion", acronyme désignant Luria (Ashkenazi Rabbi Isaac). Sur le tableau ayant ouvert ce billet, Eliyahu Rips a aussi repéré cet acronyme, ici en rose croisant avec l'énigmatique formule "ma (45) se purifiera dans le vase 'av (72)".

  Je suis désolé d'être aussi concis, mais davantage de tentatives d'explications n'expliqueront jamais tous les hasards qui semblent jeter des ponts entre divers dossiers n'ayant a priori rien de commun.
  Je n'aurais certainement jamais regardé 7 s'il avait eu un titre plus conforme au titre original.
  Je n'aurais probablement pas poursuivi sa lecture si elle n'avait éveillé des échos immédiats avec toute une chaîne de préoccupations récentes.
Sans donc toute une série d'échos divers, je ne serais pas arrivé à cette anomalie stupéfiante en soi, les plans du 18e (un autre ci-contre de 1752) où Center Square divise Philadelphie selon 3-5-8-13, et je n'ai trouvé aucune trace que quiconque ait relevé précédemment le fait, ni même aucun questionnement sur cette extrême bizarrerie.

  A propos de Philadelphie, cité de l'amour fraternel devenue un ambigramme de John Langdon, il est amusant que j'y ai été conduit, tortueusement, par un code biblique contenu dans les deux derniers versets de Gn 25, où Jacob et Esaü se disputent le droit d'aînesse, et les deux premiers versets de Gn 26, où Isaac présente Rebecca comme sa soeur.

  J'ai donné plus de détails de mes recherches philadelphiennes sur mes autres blogs, d'abord en français ici, puis en anglais , de manière un peu mieux élaborée.
  On y trouvera notamment les mesures précises effectuées grâce à GoogleEarth. Ci-contre une autre application de PhiMatrix sur la carte précédente, avec des lignes plus épaisses (cliquer pour agrandir).
  Un autre point remarquable découvert grâce à PhiMatrix est l'intersection entre 6th Street et Walnut Street, entre Washington Square et Independence Hall, là où fut jadis signée la Déclaration d'Indépendance, puis où fut votée la Constitution. Ce carrefour, dans la partie de 13 blocs à l'est de Broad Street, les divise en 8-5, et le partage du nord au sud est aussi fibonaccien, soit 5-3 selon le plan original en 8 blocs, soit 8-5 selon l'état ultérieur en 13 blocs.

  Je ne dirai ici que quelques mots du film Philadelphia, de Jonathan Demme (1993), qui dure environ 115' sur DVD, se répartissant assez idéalement selon le nombre d'or en deux parties de 44' et 71', l'exposé du cas d'un avocat gay viré parce qu'il est sidéen, et le procès qui s'ensuit, qui se tient à City Hall.
  Entre ces deux parties un long travelling aérien survole City Hall, commençant par la statue de William Penn.
  J'ai abrégé les points étudiés ailleurs pour en venir à de l'inédit.
  C'est le billet précédent, initié par une nouvelle approche de la valeur 56-91 de la voyageuse du temps Marina Sloty, qui a achevé de me décider à tenter d'expliquer comment ma découverte philadelphienne était liée à la valeur 45-72 du voyageur du temps Enoch Soames.
  J'avais choisi de publier ce billet le 21/13 pataphysique, essentiellement parce que ma nouvelle approche datait de quelques jours plus tôt, et j'avais songé précédemment à cette date pour présenter les 21+13 rues de Philadelphie.
  Parmi les multiples coïncidences 13-21(-34) déjà exposées, il y a le cas des numéros 13-21-34 de la collection Le Cabinet Noir, dont les deux premiers me semblent avoir des échos avec 7, titre français tentant de profiter du film Se7en, série de crimes basée sur les 7 péchés capitaux :
13 - La cage de verre (1966), de Colin Wilson, probablement l'un des premiers romans sur le thème du serial killer;
21 - La clairière des Eaux-Mortes (1979), de Raoul de Warren, où un jeu oulipien touche aux 7 péchés capitaux, dont 3 autres séries d'homonymes ou antonymes sont proposés, afin de donner en acrostiche les anagrammes de 3 mots de 7 lettres; le Tangram peut être assimilé à l'anagramme en 2 dimensions.

  Reprenant le billet où j'avais évoqué ce cas, je m'aperçois qu'il est daté du 8/9/10, il y a exactement un an. Dans ce même billet je parle du problème policier n° 13, proposé en 1936 aux lecteurs de la collection L'Empreinte, dont la solution fut proposée 8 numéros plus tard, accompagnant le problème n° 21. Il me semble tout à fait fabuleux que ce problème, publié le mois suivant la parution aux USA de Halfway House, ait concerné Trenton, avec quelques échos additionnels (la traduction Le mystère de l'allumette fut proposée l'année suivante dans la même collection). Je ne crois pas m'être rappelé alors que la lecture du roman m'avait amené au calcul (PHI-)LA-DEL(-PHIA) = (φ-)13-21(-34).
  Je ne sais pas comment j'aurais alors accueilli quelqu'un qui m'aurait asséné tout de go la structure fibonacienne de la ville en parfaite concordance avec ce découpage. Il me vient en soulignant les syllabes LA-DEL qu'un personnage du polar américain est Della Street, secrétaire de l'avocat Perry Mason héros de 82 romans publiés à partir de 1933.
  Le film Philadelphia débute par la chanson du "Boss" Streets Of Philadelphia. Le clip débute par l'extrait du film montrant City Hall, vers la section d'or :

  J'ai titré mes premières approches sur mes autres blogs Philadelphia Exphiriment. Pour celui-ci, 101e de Quaternité, j'ai d'abord songé à Philadelphia tout court, puisque Philadelphia = 101.
  Puis il m'est passé par la tête Naccipolis. Dans les pages centrales (145 à 216) du roman expérimental Only Revolutions, à deux lectures, un personnage se nomme dans une lecture Via----nacci (une vingtaine de formes, de Viabobonacci à Viazozonacci), et dans l'autre Via----polis. Il me semblait évident qu'il y avait là une allusion à Fibonacci, que je n'ai pas cherchée à approfondir car le livre n'est pas d'un accès aisé, déjà exploitée en 2008 en nommant deux oeuvres Fiorenacci et Fiorepolis.
  Il m'est donc venu que Naccipolis nommerait volontiers cette ville (polis) si joliment fibonaccienne, et mon intuition m'a paru judicieuse lorsque je me suis avisé que
NACCIPOLIS = 101 = PHILADELPHIA
  Ceci m'a conduit à jouer avec les lettres et à trouver qu'en ne tenant compte que des lettres différentes dans chaque mot :
NACIPOLS = 89
PHILADE = 55
  55 et 89 sont les nombres de Fibonacci suivant 13-21-34 (LA-DEL-PHIA). Sachant par ailleurs que DEL-PHIA = 55 (21+34), ceci m'a fait prendre conscience que le nom de la ville présente une belle symétrie : φ-la-DE-la-φ.
  Attendu que les lettres D-E correspondent aussi aux notes ré-mi, n'étais-je pas quelque peu prédestiné à découvrir les harmonies fibonaciennes autour du centre de Phila-DE-lphia ?
  Sans m'appesantir sur le fait que REMI = 45, je remarque que le plus petit multiple commun à 45 et 72 est 360, nombre de pages de Only Revolutions, chacune comptant en principe 360 mots. Le livre se découpe en 45 sections de 8 pages, et c'est dans les 9 sections centrales, ou 72 pages, qu'apparaît le personnage Via----nacci/Via----polis.
  Celui qui a imaginé ces noms a lui-même un nom doré exceptionnel, constituant une "quine" à lui seul :
MARK Z / DANIELEWSKI = 69/112, partage doré de 181
MARK / Z = 43/26, partage doré de 69
  Une des multiples curiosités de Only Revolutions est que 76 de ses pages comptent 273 mots, 21 x 13.

  Commencer ce billet le 1er Absolu pataphysique m'a aussi fait prendre conscience qu'on pouvait écrire cette date 1/01, en écho au 101 de Philadelphia ou Naccipolis.
  L'année 139 de l'Ere Pataphysique peut également être signifiante, car 139 est la valeur de Ellery Queen, et sa section d'or approchée est 86, valeur de Carl Jung.
  L'an 86 EP a débuté le 8 septembre 1958, l'année du dernier "vrai Queen" (écrit par les cousins), avec le lieutenant Luria...

  En marge de cette affaire, la publication française du Livre Rouge, longtemps retardée, a été enfin fixée, précisément à aujourd'hui, 8 septembre ou 1er Absolu...
  Elle s'accompagne d'une exposition du manuscrit original de Jung, au musée Guimet, jusqu'au 7 novembre.

31.8.11

de jour comme de nuit


31 08 : Blog Day pour certains, pour moi d'abord le 21e jour du 13e mois pataphysicien, anniversaire de plusieurs coïncidences, notamment de ma lecture il y a trois ans de Des jours et des nuits, le roman jungien de Gilbert Sinoué, qui me rappela aussitôt les polars minoens de Paul Halter.
Je relus ces polars les jours suivants, ce qui remua tant mes neurones qu'il me vint dans la nuit du 7 au 8 septembre l'intuition du 4/4/44 aux 4/5es de la vie de Jung, dont la vérification m'amena au nombre unitaire de 6272 jours, pour moi valeur fétiche d'un sonnet de Perec, dont j'avais composé une anagramme en 2006.
Voir notamment mes billets du 31/08 2009 et du 31/08 2010.

Ma lecture de Sinoué était un prolongement de ma première lecture d'un de ses romans le 2 août précédent, Les silences de Dieu, polar où l'énigme touche au nombre d'or. Ce fut une première occasion de relier Sinoué à mes recherches perecquiennes, car son héroïne est une auteur de polars nommée Gray, et le couple GRAY-SINOUE livre selon la numérologie usuelle (d'ailleurs abordée dans le roman) les valeurs 51-83, en rapport doré optimal particulier car
- l'angle dont le cosinus correspond au nombre d'or est 51,83°, aussi dit "angle de Kheops", évoqué dans le roman;
- les 10 lettres les plus fréquentes en français ont pour valeur 134, en rapport d'or avec les 16 autres lettres de l'alphabet, et ces 10 lettres se subdivisent en 5 voyelles AEIOU = 51 et 5 consonnes LNRST = 83;
- Perec semble avoir magnifié cette curiosité avec son recueil Alphabets, dont chacun des 1936 (44x44) "vers" contient ces 10 lettres AEIOU-LNRST, + 1 autre lettre.
- l'enthousiasme de ces découvertes en avril 2005 m'a conduit à un hommage en forme de sonnet d'abord intitulé L'art si noué, puis L'art noué (si...), sans aucune pensée pour l'auteur Sinoué dont je n'avais jamais rien lu.

En novembre dernier, la démarche contée dans le billet on sait l'heure... me faisait constater que le couple HALTER-SINOUE contenait les 10 lettres AEIOU-LNRST, + HE, ce qui rendait extrêmement probable la présence de séquences anagrammes correspondantes parmi les poèmes en H d'Alphabets, sinon d'énoncés significatifs. De fait le premier poème débutait par Hélas ni route (...), mais c'est surtout le Sait-on l'heure ? du 4e poème qui m'enthousiasma, puisque c'est grâce à Sinoué-Halter qu'on sait l'heure d'un événement crucial du siècle dernier (à mon avis du moins), le 4/4/44 à midi.
Je n'ai pas souvenir d'avoir alors constaté que les lettres additionnelles EH correspondent aux nombres de Fibonacci 5-8, et qu'en conséquence le partage voyelles/consonnes de Sinoué-Halter livre un autre rapport doré optimal, AEEIOU/HLNRST = 56/91 = 8/13 (Fibonacci encore).
C'était un fabuleux prélude à ma découverte 4 mois plus tard d'une coïncidence ahurissante, contée ici :
- Dans la nouvelle de Philippe Claudel Tania Vläsy, cette vieille fille Tania Vläsy change brutalement de vie le 4 avril 1959, où elle devient reine sous le n° 5691 et est possédée sans trêve par de jeunes mâles tout en expulsant des bébés à tire-larigot.
- Dans le roman L'insolite aventure de Marina Sloty, de Raoul de Warren, cette jeune étudiante fait un saut dans le passé le 7 mars 1959, et trouve le moyen de regagner son époque le 4 avril 1959. Le 7 mars dernier j'ai eu la curiosité de calculer les valeurs de ce nom :
MARINA/SLOTY = 56/91 = 8/13

En préparant ce billet j'ai cherché une illustration montrant le recueil de nouvelles de Philippe Claudel, et découvert son édition Folio (2004) avec en couverture un tableau de Burne-Jones, Laus Veneris (1870). C'est une nouvelle coïncidence ébouriffante puisque la première édition du roman de Warren à L'Herne (1980) est aussi illustrée par un tableau de Burne-Jones, La tête funeste (1887).
Il est encore fascinant qu'il s'agisse d'un tableau de 1870, l'année vers laquelle s'est ouverte une porte temporelle en 1959 dans le roman de Warren. C'est du moins la première date que j'ai trouvée pour le tableau sur la page ci-dessus, également donnée ici, mais il est plus généralement donné de 1873-78; des versions antérieures à l'aquarelle expliquent peut-être ces divergences.
Le personnage principal de chaque tableau semble de plus issu du même modèle, peut-être l'égérie des préraphaélites tôt disparue Lizzie Siddal : J'ai envie de récapituler les coïncidences entre les deux oeuvres:
- Nom féminin slave présent dans le titre;
- Même date du 4 avril 1959, qui est peut-être dans les deux cas celle de la perte de virginité de l'héroïne;
- Nombre 5691 explicitement associé à Tania, tandis que le numérologue discerne 56-91 en Marina Sloty;
- Couverture de Burne-Jones;
- Eventuel contexte fibonaccien...

Sans préjuger de la pertinence de ces allégations, The Golden Stairs de Burne-Jones (L'escalier d'or, 1880) est souvent cité comme un tableau aux multiples rapports dorés.
Je note que ce livre l'associe particulièrement au rapport 8/13.

Je reviens maintenant aux rapports de Sinoué-Halter, via 56/91 (8/13), essentiellement avec Marina Sloty. Leurs intrigues sont des dichronies, réelles pour Des jours et des nuits et Le chemin de la lumière, artificielles pour les deux autres polars minoens de Halter, où les prétendues résonances entre l'actualité et un lointain passé sont truquées, faisant partie d'un plan criminel.
Pour les deux autres romans, de même que Marina aime en 1959 un homme vivant en 1870, Ricardo et Michel sont obnubilés par une femme ayant vécu quelque 3500 ans plus tôt, à l'époque minoenne. S'il semble y avoir un réel saut dans le passé chez Halter, d'Andrée finalement rejointe par Michel, c'est dans le présent que Ricardo trouve sa Dora, mais dans des circonstances démontrant la réalité de leur lien avec un couple archétypal marqué par une tragédie hélas récurrente.

L'importance de la gématrie dans cette affaire m'a poussé à quelques autres investigations, et à découvrir que les substantifs du titre de SINOUE = 83 sont aussi des mots de valeur 83
JOURS = NUITS = 83 = SINOUE
Ainsi nous avons des nuits égales aux jours, et l'égalité vaut aussi pour les singuliers, étranges en l'occurrence :
JOUR = NUIT = 64 = HALTER
La gématrie est loin d'être une science exacte, aussi je ne suis pas sûr qu'il faille en tirer de conclusion définitive, néanmoins je note la parenté avec la transformation via l'hébreu et l'atbash du blanc héraldique, argent, en noir, sable.

Quant au titre de Halter, ses deux substantifs livrent
CHEMIN = 52 LUMIERE = 83
Ce n'est pas un excellent rapport doré, mais c'est néanmoins le partage optimal de la somme 135. C'est assez curieux, car ce "chemin de la lumière", l'objet magique qui permet le saut dans le temps, est un disque de terre creusé de 34 cupules sur son pourtour.
34 est un nombre de Fibonacci, mais Halter ne l'a pas imaginé, car c'est le réel nombre de cupules du kernos de Milia, ci-contre, qui a servi de modèle à l'auteur.
C'est en revanche lui qui a choisi de donner 55 chapitres à son roman, le nombre de Fibonacci suivant, sans d'ailleurs en avoir conscience, et je rappelle que l'année 1870 des Sloty se factorise en 34x55.
L'escalier d'or de Burne-Jones vu plus haut aurait pu être une idée d'illustration, car c'est à Moni Chryssoskalitissa, le "monastère de la Marche d'Or", que Michel retrouve la piste d'Andrée. Selon une légende, une des 90 marches des escaliers du monastère serait en or, mais uniquement visible par ceux qui ont le cœur pur. 90 moins 1, reste 89, le nombre de Fibonacci suivant 34 et 55, qui est encore le nombre d'années sautées par Marina Sloty, de 1959 à 1870, et inversement.

Je me suis demandé si les mots jour ou nuit figuraient dans un titre de Halter, oui avec La nuit du loup (août 2000), peu après Le chemin de la lumière (janvier).
C'est son 24e Masque, recueil de 8 nouvelles, Fibo.
Tania Vläsi est la dernière nouvelle d'un recueil de 13, la plus longue après la 8e. J'avais noté le prix de l'édition originale de 2003, 13 € 80.
NUIT = LOUP = 64 = HALTER, tiens...

J'ai rejeté un oeil rapide sur ces nouvelles dont plusieurs sont excellentes, notamment la nouvelle-titre, 8e et dernière du recueil. Je remarque surtout son numéro dans la collection, 2439, soit 3 x 813.
Ceci vaut surtout par rapport au numéro attribué à Tania Vläsi, 5691 = 7 x 813, en songeant que le 7 mars, 7-3, est la première date de translation temporelle chez Warren, avant le 4 avril, et à tous les jeux 7-3 ou 3-7 auxquels cette date a donné lieu dans l'oeuvre de Perec.
5691 + 2439 = 8130

Incidemment, les deux derniers romans de Warren parus à L'Herne, Le village assassin et Et le glas tinta trois fois, avaient pour numéros chez l'éditeur 812 et 813, ici dans le champ correspondant des numéros ISBN.
Un beau clin d'oeil du sort envers Raoul de Warren pour lequel l'influence de l'auteur de "813" semble avoir été primordiale, d'ailleurs explicitement revendiquée à diverses reprises.

Question numéro dans une collection, Des jours et des nuits est sorti en poche Folio sous le numéro 3883, palindrome évocateur. On peut notamment songer que l'héroïne de SINOUE = 83 y est DORA = 38.
Note du 18/6/17: En fait, Des jours et des nuits est sorti en Folio sous le numéro 3731, et c'est un autre Sinoué, Lettre à mon fils à l'aube du troisième millénaire, qui a le numéro 3883. Je ne sais comment j'ai pu faire cette erreur, mais un autre Sinoué a un numéro éminemment significatif, 2965 (BLACK=29, WHITE=65).

L'un des titres des polars minoens de Halter, Le géant de pierre, a pour valeur un nombre de Fibonacci, 144, de même que L'insolite aventure de Marina Sloty (377). Il se décompose en deux syntagmes
LE GEANT = 64 DE PIERRE = 80
J'ai déjà rencontré cette combinaison 64/80 = 4/5 à diverses reprises (ici par exemple à propos de Jean-Pierre, géant aujourd'hui terrassé). J'avais presque vu un signe, lors de la fondation de Quaternité, dans son numéro identificateur (blogID) débutant par 8064...

Toujours à propos de nuit, le premier hétérogramme en H de Perec commence par
Hélas ! Ni route ni salut hors la nuit héroïne.
J'ai relu cette série en H, et trouvé les mot Hosannah ! Route lisse. dans le 5e poème, ce qui m'a rappelé mes récentes lectures de Claude Amoz/Ozanam.

Des jours et des nuits a fait l'objet d'une adaptation télévisée, avec Caterina Murino dans le rôle de Dora, antique Minoenne et moderne Grecque.
Je remarque l'anagramme
Caterina Murino = Marina "cet or uni" (Sloty signifie "or" en polonais).
Le dernier avatar de Marina Sloty dans le roman de Warren est Marina Catherina.

Rapport à Tania Vläsi devenant la reine d'une ruche humaine un 4 avril, un hasard m'a appris récemment que le 4 avril ou 15 germinal était dans le calendrier républicain le jour de l'Abeille.
Incidemment, ce calendrier était quaternitaire, avec pour chaque décade
- 4 jours voués aux végétaux ou minéraux saisonniers,
- 1 jour voué à un animal,
- 4 autres jours voués aux végétaux ou minéraux,
- 1 jour voué à un outil forgé par l'homme.
Et après le 30 fructidor, jour du Panier (16 septembre), l'année s'achevait sur les 5 jours sansculotides... Hélas ça n'a guère duré, pas plus que la journée de 10 heures de 100 minutes de 100 secondes.

Il n'y a donc jamais eu de 4/4/44 révolutionnaire, ou 4/4/XLIV, mais j'ai regardé sur cette seule page détaillant les mois républicains que j'ai trouvée, curieusement datée du 4 décembre dernier, soit le 4/4 pataphysique, à quoi correspondait le premier quatridi du 4e mois, ou 4 Nivôse : c'est le 24 décembre, jour du Soufre, ce qui intéressera probablement l'alchimiste.
Jésus serait né pendant cette nuit sulfureuse, ce qui est plutôt jungien (et numérologique car JESUS = LUCIFER = 74), et il est assez remarquable que le tableau Laus Veneris illustrant Tania Vläsi ait d'abord été inspiré par un poème de Swinburne où la naissance du Christ était évoquée:
Knights gather, riding sharp for cold; I know
The ways and woods are strangled with the snow;
And with short song the maidens spin and sit
Until Christ's birthnight, lily-like, arow.

Je rappelle mes approfondissements Marina 1870 et Sloty 1959, entre autres.

Jour et Nuit d'Escher me semble approprié pour conclure :
PS : Après avoir achevé ce message je me suis souvenu que j'avais Le livre des fleurs, de Burne-Jones, qui s'avère être un ensemble de 38 médaillons s'achevant par Day and Night.
Cette page m'apprend que Burne-Jones avait en 1870 (sans conteste cette fois) peint des illustrations Night et Day pour un recueil de poèmes de William Morris, et voici sur ce montage les images de 1870 encadrant la vignette ultérieure :
PPS : J'avais imaginé sur mon billet on sait l'heure... quelques autres anagrammes de Sinoué-Halter, mais je n'avais pas alors pensé à Marina Sloty (en polonais "or", dont le symbole chimique est Au), paru chez L'Herne :
Herne Au Sloti