1.6.23

du triangle TRES au losange FOUR (la magie)

à JC et CJ

  J'ai donc vécu en 2023 ma première année où Pâques tombe le 9 avril, de même qu'en 1944 où s'est produit l'événement fondateur de ce blog, l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44, mardi de la Semaine sainte.
  Comme je l'avais expliqué ici, cette Semaine sainte 1944 était loin d'être quelconque, car elle était la première du calendrier grégorien à offrir les conditions exactes de celle de 30, l'année supposée de la crucifixion de Jésus, la veille de la Pâque juive, précisée être un samedi. La prochaine occurrence ne reviendra qu'en 2479.
  JC (Jésus Christ) et CJ (Carl Jung) seraient "ressuscités" en cette rare semaine...

  A souligner que ce n'est sans doute pas par hasard si ce miracle de la résurrection est survenu lors de la fête juive la plus importante. Une nouvelle religion se doit d'utiliser les fêtes de celle qu'elle entend remplacer, et c'est ainsi qu'on a ensuite fait naître Jésus au solstice d'hiver, pour remplacer la fête romaine du Sol invictus, et Saint Jean au solstice d'été.
  A croire qu'on ait comploté pour remplacer le christianisme par le jungisme, mais il est plus facile de vérifier ce qui s'est passé voici 80 ans à la clinique Hirslanden de Zürich que voici 2000 ans en Palestine.

  Je nourrissais quelque espoir qu'il se passe quelque chose en cette semaine si particulière, et le 3 avril a été marqué par une découverte bachienne importante, dont la pleine signification m'est apparue au réveil le lendemain, le 4/4, et elle concernait les 4 lettres BACH.
  J'ai laissé mûrir un autre dessillement survenu le soir du 9 avril, Pâques.
  Il y a longtemps que je m'intéresse à la Zwi Migdal, l'association de proxénètes juifs ayant essentiellement sévi dans la première moitié du 20e siècle en Argentine, mais aussi dans les deux Amériques. C'est le film Meurtres en cascade (1979) qui m'a appris son existence, dans les années 90, mais ce n'est que vers 2007 que j'ai fait le lien avec la nouvelle de Borges La mort et la boussole, où il est question des bordels du quartier juif de Buenos Aires, qu'on appelait couramment des "zwi migdal", ce qui signifie littéralement "cerf tour", et la nouvelle se déroule entre l'Hôtel du Nord (en français dans le texte, et Borges connaissait certainement le film de Carné, dont les personnages essentiels sont la putain Raymonde et son souteneur Edmond), "tour qui a l'apparence générale d'une maison close", où est tué un rabbin, et le mirador de la villa Triste-le-Roy, au Sud, où est tué le détective Lönnrot, tombé dans le piège de son ennemi Red Scharlach qui avait complété le premier crime, purement crapuleux, par deux autres incidents criminels, à l'Ouest et à l'Est, avec des indices métaphysiques propres à faire deviner à Lönnrot qu'un autre crime allait survenir dans la nuit du 3 au 4 mars à Triste-le-Roy.

  Comme le rabbin avait écrit avant sa mort La première lettre du Nom a été articulée, Scharlach a complété ses autres incidents par les messages La deuxième lettre... et La dernière lettre... Un message envoyé à la police signale que les lieux des trois crimes commis le 3 du mois formaient "les sommets parfaits d'un triangle équilatéral et mystique", et qu'en conséquence il n'y aurait pas de nouveau crime le 3 mars.
  Divers indices, en partie subliminaux, comme les costumes d'Arlequins des hommes qui ont enlevé Gryphius le 3 février, amènent Lönnrot a soupçonner que le schéma ternaire est en fait quaternaire. Les incidents ont eu lieu après le coucher du soleil, or "le jour hébreu commence après le coucher du soleil". Par ailleurs, le Nom est la désignation du Tétragramme, JHVH en 4 lettres.
  Ainsi la boussole mène Lönnrot au Sud, au 4e sommet d'un losange.
  Ce schéma avec les noms des victimes

m'avait fait lire MYGDAEL dans leurs initiales, MYGDAL en omettant le prénom Erik.
  Aujourd'hui 30 mai, une consultation du texte original m'a fait remarquer que, dans la description de l'Hôtel du Nord qui réunit "la haïssable blancheur d'une clinique, la divisibilité numérotée d'une prison et l'apparence générale d'une maison close", la dernière proposition est en espagnol
y la apariencia general de una casa mala
et une réorganisation de ces mots livre
una casa Mala Y General De Apariencia La
una casa MYGDAL, une maison migdal, un bordel...


  J'imagine que certains verront dans ces deux MYGDAL et leur contextualité une évidente intention de Borges, ce qui est bien possible, mais difficile à prouver, et pour ma part l'éventuelle intentionnalité ne résoudrait en rien les multiples coïncidences associées à La mort et la boussole, celles déjà vues, j'y reviendrai, et les nouvelles.
  Le soir du dimanche de Pâques, il m'est venu que la traduction de zwi migdal, "cerf tour", était composée des mêmes phonèmes que tserouf, le terme kabbalistique désignant divers procédés métatextuels, comme l'anagramme, ou l'acrostiche dont je viens de donner des exemples, le second étant d'ailleurs un acrostiche anagrammatique.

  Ceci à condition que le F de CERF soit sonore. Ceci a longtemps été le cas, et Littré donnait au 19e siècle les deux prononciations. Ces deux prononciations existent encore actuellement au Canada.
  Ce mot m'est essentiel depuis longtemps, il peut être transcrit de différentes façons, comme serouf, et j'avais ainsi baptisé en 2000 un personnage de roman Michel Sérouf, à partir de mon nom.
  Un auteur qui m'est très proche par certains côtés (et très éloigné par d'autres), Jean Ricardou, a introduit le tserouf dans une nouvelle de 1963, sous forme d'anagramme dans une grille de mots croisés:

Il ne serait point trop malaisé, notamment, de partir des trois groupes ou - sixième rangée, er -sixième colonne -, et tsf - dixième colonne - et de retrouver une combinaison de leurs lettres telle que le vocable hébreu tserouf soit figuré.
  Ricardou, grand amateur d'anagrammes, avait une amie kabbaliste (à qui cette nouvelle était dédiée). Il avait transformé ses initiales JR en une signature en forme de patte d'oiseau. Ursula lui avait elle-dit qu'en hébreu, "oiseau" était l'anagramme de tserouf ?
Ceci m'avait conduit à proposer l'anagramme "très fou" dans ma communication à Cerisy.

  La découverte du 9 avril m'a fait chercher des anagrammes de zwi migdal en hébreu, de "cerf tour" dans des langues plus proches...
  Ce n'est que le soir du 24 mai que l'illumination est venue: si "tserouf" donne "très fou", alors "tserrouf" donne "tres four", en lisant tres comme "trois" espagnol et four comme "quatre" anglais. C'est précisément le point crucial de la nouvelle, où plusieurs langues sont convoquées: Red Scharlach (anglais allemand) doit convaincre Lönnrot (suédois) que les 3 apparents cachent des 4, pour l'attirer à Triste-le-Roy (français), au moyen d'un livre en latin, où le passage sur le jour hébreu a été souligné, et d'un mot grec, Tetragrammaton.
  A nouveau, je ne suis pas sûr du tout, et même je doute fort, que Borges ait pensé à ce passage de "cerf tour" à "tres four", mais ça fait sens, et d'autant plus que cette nouvelle de Borges aurait pu être son premier texte traduit à l'étranger, en anglais.

  J'ai déjà indiqué que Anthony Boucher en avait effectué une traduction pour le Ellery Queen Mystery Magazine dirigé par Fred Dannay (l'un des cousins signant Ellery Queen). J'ai jadis lu la lettre de refus de Dannay à Boucher, proposée il y a bien des années sur eBay, mais je ne m'intéressais pas particulièrement alors à la nouvelle et j'ai négligé de prendre copie de la lettre, où d'ailleurs Dannay ne faisait que déclarer que la nouvelle ne convenait pas aux lecteurs d'EQMM, mais je regrette de n'avoir pas la date exacte. C'était sans doute en 1947, car Boucher fit d'autres traductions de Borges, et Dannay accepta Le jardin aux sentiers qui bifurquent, paru en août 1948 dans EQMM (première traduction en anglais de Borges).
  Or cette nouvelle est bien moins policière que La mort et la boussole,  et le refus de Dannay pourrait bien avoir été motivé par le fait qu'il avait en chantier un roman où un plan criminel faisait intervenir le Tétragrammaton JHWH et l'anagramme, La décade prodigieuse, qui paraîtrait en 1948.

  Dans le genre cerf, je serais plutôt dans l'espèce "cerveau lent", car ce n'est que ce 30 mai qu'il m'est apparu quelque chose que j'aurais pu voir il y a 25 ans, où j'avais remarqué ceci.
  Le Tétragramme JHWH a cette particularité qu'il est interdit de le prononcer, et qu'il est remplacé dans la lecture synagogale par un autre tétragramme, ADNY, adonaï, "Seigneur". Dans l'adaptation en 1945 de Dix petits nègres par René Clair, chaque Nigger est devenu un Indian, un mot composé des mêmes lettres que la translittération ADNI (ou ADNY).
  Or La décade prodigieuse est en quelque sorte une réponse à Dix petits nègres, dont le succès en 1940 avait empêché la parution du nouveau Queen, Il était une vieille femme, également basé sur les comptines. Dannay a donné une dimension métaphysique à son roman en basant son intrigue sur la violation des Dix Commandements, dont la profanation du Nom sacré de Dieu.
  Comment n'avais-je pu voir que DANNAY est aussi formé des lettres ADNY, et comment, lorsque j'en suis venu à associer La décade prodigieuse et La mort et la boussole, que l'instigateur du plan JHVH y est surnommé DANDY?
  Daniel Nathan a choisi à sa majorité de s'appeler Frederic Dannay, le nom étant une sorte d'acrostiche, formé des deux syllabes initiales de ses prénom et nom de naissance. Il est probable que ce nom lui rappelait aussi son diminutif courant, DANNY. A remarquer que la seconde victime chez Borges est Daniel Azevedo, suriné par Scharlach le Dandy (Acevedo était le nom de la mère de Borges).
  Le mot Dandy apparaît deux fois chez Borges, au début de la nouvelle où le second surnom du gangster est dit être Scharlach el Dandy, puis après le 3e incident, l'enlèvement de Gryphius par les Arlequins, où Dandy Red Scharlach fait savoir que de tels crimes ne pourraient se produire dans son district du Sud.

  Deux autres choses à propos de ce nom. L'identité de "Gryphius" est confuse, il est aussi appelé Ginzberg ou Ginsburg, et son rôle était tenu par Red Scharlach, lequel le revendique lors du dénouement: Gryphius-Ginzberg-Ginsburg soy yo. Ces trois noms débutent par la lettre G, originellement gimel, 3e lettre de l'alphabet hébraïque, peut-être pour souligner l'aspect trinitaire des crimes.
  Mais Dandy débute par D, 4e lettre, daleth hébraïque qui signifie "porte", et une "porte", "portière" ou "portail" intervient dans chacun des incidents.
  Seconde chose, Dandy Red Scharlach forme l'acrostiche DRS, drash, correspondant en hébreu à "recherche", 3e des 4 niveaux de lecture traditionnels de la Bible, eux-mêmes résumés par l'acronyme PaRDèS (paradis).
 

  Autre "révélation" de ce 29 mai. Je me suis demandé comment se disait "cerf" dans la langue de Borges, et c'est ciervo, mais un hasard a voulu que je tombe sur le wiktionary anglais, qui en donne l'étymologie
from Latin cervus, from Proto-Indo-European *ḱr̥h₂wós, from *ḱerh₂- (horn) (cf. Latin cornu)
  Ainsi "cerf" est directement lié à "corne", ce qui se comprend, mais n'avait rien d'évident. Or, si c'est un "Dandy" qui a manipulé le détective Erik Lönnrot (EL, "Dieu" en hébreu) avec son plan JHVH, et chez Dannay c'est Diedrich van Horn ("corne") qui manipule le détective Ellery, couramment appelé El, pour lui faire penser que son fils adoptif Howard, a entrepris de transgresser les Dix commandements, alors que son péché essentiel est d'avoir couché avec la femme de Diedrich. Si Howard viole effectivement plusieurs autres commandements, c'est à l'instigation de Diedrich, qui l'a amené à penser que son nom réel est H.H. Waye, anagramme de Yahweh, et à sculpter des dieux du panthéon grec.
  Howard, admiratif de Diedrich, l'a pris pour modèle pour une sculpture de Moïse, mais il n'est pas précisé s'il lui a fait porter réellement les cornes, comme Michel-Ange, selon une erreur de la Vulgate, l'hébreu QRN signifiant aussi bien "être cornu" que "rayonner".
  Or un autre procédé du tserouf est l'atbash, consistant à remplacer les lettres d'un mot par leurs correspondantes dans l'alphabet écrit à rebours, procédé effectivement présent dans la Bible (et à l'origine d'autres contresens de la Vulgate).
  Le mot zwi, dont une translittération tsevi serait plus conforme, s'écrit en hébreu par les 3 lettres צבי, ÇBY, dont l'atbash est השם, HSM, se lisant HaShem, "Le Nom", formule désignant le Tétragramme YHWH dans les usages courants (dans un verset biblique, le Nom interdit est lu adonay à la synagogue et hashem ailleurs) .
  Il se trouve que le renversement des lettres HSM donne MSH, Moshe, Moïse. Ainsi l'homme auquel HSM a transmis sa Loi est MSH, Ainsi Borges a imaginé des meurtres au nom de JHVH, via Dandy, sur fond de ÇBY migdal, ÇBY codant pour HSM, et Dannay de son côté via Horn, apparenté au cerf  ÇBY...

  Une phrase de l'édition originale du roman de Queen a été omise dans la plupart des éditions françaises, excepté celle du Livre de Poche en 1973: 
  Howard straightened a stag head which needed no straightening.
  Howard redressa une tête de cerf qui n'en avait aucun besoin.
  Est-ce Dannay qui a écrit cette phrase, ou son cousin Lee dont la tâche était de développer les synopsis de Dannay, et qui appréciait fort peu ce projet?
  Quoi qu'il en soit, juste après avoir découvert la parenté entre "cerf" et "corne" j'ai dû me rendre au WC, un trône moins divin. Il y a trois WC dans la maison que nous avons acquise en 2014, oeuvre du maçon retraité Pierre Gouillard, l'un au RDC, un autre à l'étage principal d'habitation, entouré d'une terrasse avec un autre WC à l'arrière de la maison, donnant sur la nature, celui que je privilégie.
  Après avoir fait mon affaire, mon oeil est tombé sur un endroit de la porte, bricolée à partir de lames de parquet. Certaines de ces lames (3 sur 6) sont ornées tous les 15 cm environ d'un motif, marqué j'imagine avec un fer rouge, et ce motif est une biche bondissante...
  A bien y réfléchir, j'avais déjà remarqué ces motifs, mais il y a bien longtemps que je n'y avais prêté attention, et il est imaginable qu'un mécanisme inconscient m'ait induit à y poser mon regard après la découverte du lien étymologique.

  Il y a autre chose: deux ou trois jours avant, assez tôt le matin, j'ai vu deux biches traverser en bondissant le terrain de ma voisine, de l'autre côté de la route. Je n'ai souvenir que d'un autre cas de passage de biche près de la maison, la première année de notre installation, et il n'y en avait qu'une.
  Je ne suis pas expert en matière de cervidés, et il doit plutôt s'agir de chevreuils. Bien qu'ils soient assez abondants dans les bois alentour, ils s'aventurent rarement près du village. J'en croise régulièrement dans mes balades, ne faisant le plus souvent que les entendre s'enfuyant dans les fourrés. 

  Ceci me rappelle que Robert Graves a d'abord appelé Le chevreuil dans le fourré le livre qui paraîtrait sous le titre La déesse blanche (The White Goddess, 1948). Dans une postface de l'édition de 1960, il date sa première approche du thème de la semaine pascale de 1944, où il a été saisi d'une telle frénésie d'écriture que sa plume n'arrivait pas à suivre le flux de sa pensée...
  Le livre que je lisais au chiotte hier (j'écris maintenant le 31), était Midnight Runner, de Jack Higgins (2004), un livre vagabond embarqué le mercredi précédent à cause de sa première phrase,
C'est un nom bien irlandais que celui de Daniel Quinn.
parce qu'un billet de 2014, le dernier écrit à Mézel, était intitulé four Daniel Quinn, et que j'attendais quelque chose d'un cinquième Daniel Quinn. Hélas c'est bien un bouquin à chier, et la seule chose à en dire est que Jung est mentionné en page 75, mais que le traducteur a rendu synchronicity par "synchronisme", erreur déjà rencontrée (ainsi que celle inverse).
  La dernière fois que j'avais lu un Jack Higgins, c'était en 2013, parce que j'avais appris qu'il se passait en avril 1944; la seule date qui y était précisée était le 7 avril, 40e anniversaire du héros, et pour moi premier Vendredi saint offrant les conditions exactes du jour souvent admis pour la Crucifixion.

  Et bien sûr Daniel Nathan, alias Dannay, alias Queen, a conçu un polar métaphysique couvrant cette semaine sainte de 1944, souvent commenté, notamment ici.

  En ce 31 mai, une autre découverte que j'aurais pu faire bien plus tôt. Malgré sa brièveté, la nouvelle de Borges est très riche, et je me suis enfin arrêté sur ce passage, où Scharlach explique à Lönnrot
(...) la série des crimes était "triple". C'est ainsi que le comprit le public; moi, cependant, j'intercalai des indices pour que vous, le raisonneur Erik Lönnrot, compreniez qu'elle était "quadruple". Un prodige au Nord, d'autres à l'Est et à l'Ouest réclament un quatrième prodige au Sud (...)
  Le titre original de La décade prodigieuse est Ten days' wonder, "le prodige de dix jours", basé sur l'expression nine days' wonder qui désigne un succès éphémère. J'imagine l'état d'esprit de Dannay, bataillant depuis des mois avec son cousin pour lui faire accepter son synopsis, et découvrant que son idée d'un criminel exploitant la cérébralité d'un détective avait été brillamment utilisée des années plus tôt dans une courte nouvelle, avec bien des points communs: Tetragrammaton, indices numériques disposés par le criminel (des 4 chez Borges, des 10 chez Queen), et jusqu'à ce "prodige" demandant à être dépassé...

 1er juin. Hier soir m'est venue une autre coïncidence "cervicale". Le lexique Strong transcrit le mot ZWI ou ÇBY par tsbiy, avec pour prononciation tseb-ee. Les sons b et v sont rendus par une seule lettre en hébreu, et la translittération de la fricative utilise souvent B, bh, b, ou b- chez Strong.
  L'alphabet espagnol possède les lettres B et V, mais il est fort difficile à un étranger de différencier leurs prononciations, et wiktionary donne ainsi à ciervo pour prononciation (argentine) ˈsjeɾbo.
  Donc si V = B, CIERVO = CIERBO, et la nouvelle de Borges que Dannay accepta de publier pour satisfaire son ami Boucher était Le jardin aux sentiers qui bifurquent, histoire d'un espion allemand en Angleterre pendant la Grande Guerre qui communique à Berlin un lieu stratégique en France, ALBERT, en assassinant une personne de ce nom. Dans la première version de la nouvelle, le lieu et la personne étaient CORBIE, exacte anagramme de CIERBO.

  J'ai encore bien des choses à ajouter, et j'avais promis au début du billet de rappeler les coïncidences déjà vues dans La mort et la boussole... Il y aura donc un autre billet, au moins, et je me contenterai de rappeler la coïncidence du 11 janvier dernier, d'abord contée ici.
  Je venais récemment d'apprendre que Borges faisait allusion à des personnes et des endroits réels dans sa nouvelle, notamment au faubourg mafieux au Sud de Buenos Aires, Avellaneda. Ce mot est dérivé de avellana, "noisette", ce qui m'a fait envisager un jeu avec almendra, "amande", issu du latin amygdala, du grec amygdalê.
  Ce 11 janvier, que je m'avise aujourd'hui être l'anniversaire de Lee, le cousin de Dannay, j'avais repensé à un des premiers romans de Queen, où j'avais vu une première possibilité d'acrostiche du Tétragramme JHWH.
  Je suis parti en promenade vers midi, en réfléchissant à ce roman de 1932, La tragédie de Y, dont une particularité est que l'arme du premier crime est une mandoline.
  Je me suis dit que l'instrument devait fort probablement son nom à sa caisse en forme d'amande, me promettant de le vérifier à mon retour à la maison. J'ai pensé à la lecture "(a)mygdale" des initiales des victimes de La mort et la boussole, me disant que si Dannay avait effectivement JHWH en tête en concevant ce roman, il avait 10 ans d'avance sur Borges.
 J'ai toujours un livre avec moi en balade, je repris sa lecture après cette réflexion, et vis en haut du papier qui me servait de marque-page le mot "Mandel". C'était une feuille de bibliographie d'une thèse de doctorat de physique quantique, en anglais, et je trouvai quelques lignes plus loin une référence à un article de A. Migdall.
 J'avais déchiré en deux la page originale, et ma demi-feuille ne contenait que 9 références. Je découvris de retour à la maison que cette thèse de doctorat de l'Autrichien Christoph Simon était téléchargeable ici, et que la 10e référence était un article de N.J. Cerf:

[61] L. Mandel, Nature 304, 188 (1983).
[62] S. Massar and S. Popescu, Phys. Rev. Lett. 74, 1259 (1995).
[63] N.D. Mermin, quant-ph/9912081.
[64] H.J. Metcalf and P. van der Straten, Laser Cooling and Trapping (SpringerVerlag, New York, 1999).
[65] D. Meyer, Phys. Rev. Lett. 83, 3751 (1999).
[66] M. Michler, H. Weinfurter, and M. Zukowski, Phys. Rev. Lett. 84, 5457 (2000).
[67] A. Migdall, Phys. Today, January 1999, p. 41 (1999).
[68] P.W. Milonni and M.L. Hardies, Phys. Lett. 92A, 321 (1982).
[69] C. Monroe, D.M. Meekhof, B.E. King, W.M. Itano, and D.J. Wineland, Phys. Rev. Lett. 75, 4714 (1995).
[70] N.J. Cerf, Acta Phys. Slov. 48, 115 (1998).

  Mon enquête m'a appris que Leonard Mandel, Alan Migdall, Nicolas Cerf, sont des physiciens renommés, et qu'en conséquence leur présence conjointe dans une bibliographie n'a rien d'exceptionnel, mais la proximité ici de Migdall et Cerf (Zwi!) est probablement unique, car une bibliographie scientifique se doit de respecter l'ordre alphabétique, et cette rubrique aurait dû être la référence [26].
  Tout apprenti kabbaliste sait que 26 est la valeur du Tétragramme JHWH, or j'énonçais supra que l'hébreu zwi, "cerf", est l'atbash de ha-shem, désignation orale du Tétragramme.

  Une thèse de doctorat n'est souvent qu'une formalité du cursus universitaire, et il est rare qu'elle contienne des innovations marquantes. Je suis bien incapable d'apprécier le contenu de celle-ci, n'ayant aucune compétence en physique quantique, mais j'imagine qu'elle n'a dû être imprimée qu'à un nombre très limité d'exemplaires, essentiellement pour les membres du jury, et je laisse apprécier la somme de hasards ayant permis
- qu'un exemplaire atterrisse à la décharge de Quinson;
- que je le récupère peu après, pour utiliser les versos vierges des feuilles;
- que des années plus tard la demi-feuille avec les noms Mandel et Migdall soit tombée sous mes yeux juste après avoir relié "mandoline" et "migdal";
- que précisément ma demi-feuille ne contenait que 9 références, la 10e suivante étant Cerf, alors que La décade prodigieuse est construit en deux parties, Les 9 premiers jours et Le 10e jour, cette dernière partie étant elle-même divisée en 10 sections numérotées de 1 à 10.


  Comme expliqué dans le précédent billet, j'avais d'abord pensé publier celui-ci d'abord, jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'en les intervertissant il aurait le numéro 376, valeur de tserouf. J'avais d'abord prévu de titrer ce billet
du triangle TRES au losange FOUR
dont accessoirement la valeur est 328, et il m'a semblé devoir y adjoindre quelque chose de valeur 48 pour parvenir à 376:
du triangle TRES au losange FOUR (la magie)
  Après coup, je me suis avisé que le titre, choisi pour exprimer tres-four, 3-4, comptait ainsi 34 lettres.



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