16.6.23

tout frais, mon poisson, très fou ?

à Stéfur et Sérouf

  Un mot prédomine depuis quelque temps sur Quaternité, tserouf, "anagramme" en hébreu, et je me suis notamment intéressé aux anagrammes de tserouf.
  Le vocable hébraïque est formé de 4 lettres, ÇRWP (צרוף), dont il existe de multiples translittérations, la première lettre pouvant être notée ç, ts, tz, s, z, la troisième ou, u, o, la dernière f, ph...
  Une translittération très courante est tseruf, et dans la nuit du 8 au 9 juin il m'est venu qu'un personnage de Thilliez en était l'anagramme, Stéfur dans L'anneau de Moebius (2008).

  C'est le premier roman de Thilliez que j'ai lu, en février 2009, à cause de la 4e de couverture commençant par
Lamorlaye, Oise.
  Je m'intéressais beaucoup alors au Lebensborn de Lamorlaye, et, s'il n'en était pas question, j'avais trouvé d'autres raisons de m'intéresser à ce polar, et à l'auteur.

  Cette nouvelle raison m'a fait le relire, et je vais commencer par le premier commentaire donné sur Decitre:
Dans ce thriller 2 personnes vont se croiser lors d'une affaire terrifiante.
Stéphane fabricant de masques, de monstres pour le cinéma. Il fait des rêves très étranges. Tout le monde le prend pour un fou.
Victor quand à lui est un jeune flic qui sort juste de l'école. La première affaire sur laquelle il travaille est vraiment sordide.
  C'est moi qui ai souligné les mots "très" et "fou", l'anagramme de tserouf que j'ai vue il y a quelques années, et c'est précisément ce Stéphane Kismet qui deviendra plus tard "Stéfur". Non seulement on le pense très fou, mais lui-même doute fortement de sa raison, et se croit maudit par le destin, ayant commis de multiples actes irrationnels parfois associés à des morts. Ainsi deux mois plus tôt, il a freiné brutalement sur la route, si brutalement qu'il a perdu le contrôle de sa voiture qui est partie dans le décor et a tué une promeneuse.
  Il a dit avoir vu un cerf ou un sanglier, mais lui sait qu'il avait obéi à une impulsion impérieuse, pressentant un accident, comme dans d'autre cas.
  En mai 2007 où se passe l'action, il fait des rêves donc, et s'aperçoit que des détails très précis de ses rêves coïncident avec la réalité.
  Ainsi il a rêvé de la cave de la maison où ils viennent d'emménager, où il n'a jamais été, et des 8 marches qui y descendent: il y a bien 8 marches.
  Son rêve suivant lui a montré une maison et une Porsche immatriculée 8866 BCL 92: il parvient à identifier le propriétaire, et sa maison est exactement semblable à celle du rêve...
  Sa femme Sylvie s'inquiète de son exaltation devant ces rêves, mais Stéphane persiste:
Je suis peut-être sur le point de comprendre ce que je n'ai jamais compris de toute ma vie, de prouver que je ne suis pas un taré.
  Le mot tserouf dérive du verbe TSaRaP, "purifier", dont les trois lettres en hébreu se renversent en PaRaTS, "briser", "cambrioler", "enfreindre les règles", et la recherche de Stéphane va le conduire à maintes actions de ce type. "Pas taré" est pratiquement l'anagramme de PaRaTSe...
  J'ignore complètement s'il a des connaissances hébraïques, mais je crois pouvoir démontrer que ce roman, comme d'autres de Thilliez, cache maintes subtilités d'écriture.
  Stéphane découvre que le Stéphane de ses rêves est lui-même 6 jours et 20 heures dans le futur, d'où il nomme ce Stéphane du futur "Stéfur". Il espère que les renseignements qui lui sont donnés vont lui permettre d'éviter quelques catastrophes, mais un ami physicien le détrompe. Il serait sur un anneau de Moebius, une boucle temporelle où rien ne peut changer, anneau qu'il décrit ainsi:
Une espèce de huit torsadé et couché.
  C'est souvent ainsi qu'on représente le ruban de Moebius, sous forme d'un 8 couché qui est aussi le symbole de l'infini,  .
  Ce n'est qu'à ma 3e lecture que j'ai compris que ce 8 était omniprésent dans le roman, écrit en 2008, 08, imprimé en août 08, 8e mois, dépôt légal en octobre, october, jadis 8e mois romain.
  Les deux personnages principaux sont Vic Marchal, surnommé V8 par ses collègues parce qu'il devrait son affectation à la Criminelle a du piston (Un moteur V8, c'est plein de pistons.), et Stéphane, prénom de 8 lettres, de valeur 88:
S T E P H A N E = 19+20+5+16+8+1+14+5 = 88.

  Thilliez utilisera explicitement ces équivalences alphanumériques dans Vertige et d'autres romans, et elles apparaissent implicitement dans celui-ci, ainsi la bizarre période de 6 jours 20 heures correspond aux initiales de l'auteur,
F = 6, T = 20.
  Stéphane imagine pouvoir communiquer avec Stefur via la boîte postale 101, or c'est la valeur des 8 lettres de Thilliez,
T H I L L I E Z = 20+8+9+12+12+9+5+26 = 101.
  Pour qui trouverait ça compliqué, il existe depuis longtemps des logiciels permettant d'obtenir en quelques secondes tous les mots de 8 lettres de valeur 88, et l'informaticien Thilliez pouvait un programmer un en quelques minutes...

  Il y a encore le tirage gagnant du loto du 9 mai, 4-5-19-20-9-14, vu en rêve par Stéphane Kismet. Ces nombres correspondent à D-E-S-T-I-N, et kismet signifie "destin" en turc.
  Avant d'avoir compris l'omniprésence du 8 dans le roman, j'avais pensé que le prénom de Kismet était un hommage à l'un des auteurs favoris de Thilliez, Stephen King. Par ailleurs les initiales SK sont connues pour être celles de Serial Killer (bien avant ce film, S.K. était en 2002 un épisode de la série Eloïse Rome). Le comportement bizarre de Kismet le rend d'ailleurs principal suspect des meurtres dont s'occupe l'équipe de Vic.
  Si une raison a prévalu pour le choix du prénom Stéphane, Thilliez a pu envisager d'autres possibilités, ayant conforté ce choix.
  Une autre circonstance favorable est l'origine du prénom, le grec stephanos, "couronné". Existe-t-il des couronnes de Moebius?
  Du moins existe la trilogie BD Le coeur couronné, de Moebius et Jodorowsky, publiée de 1992 à 1998.
  A propos de la boucle de 6 jours 20 heures, le mot "couronne" est en hébreu keter, de valeur 620.

  Le texte numérisé de L'anneau de Moebius révèle 161 occurrences du chiffre "8", dont 153 choisies par l'auteur en laissant de côté celles présentes dans les numéros de chapitres, et 31 occurrences de "huit" en toutes lettres.
  Certaines occurrences sont étroitement associées à l'intrigue, par exemple les 8 marches et l'immatriculation 8866 des premiers rêves de Stéphane, mais d'autres semblent tout à fait gratuites, comme
Vic se retourna vers le lieutenant Joffroy, qui bossait à la première division depuis 88. Joffroy, il avait connu les locaux de Beaujon, dans le 8e, puis ceux du boulevard Bessières en plein 17e.
  Il n'est pas question d'examiner tous ces 8 en détail, d'autant qu'il y en a probablement des cachés, ainsi l'indice qui permet à Stéphane d'identifier l'assassin est, via un film Super 8, une photo d'une fillette tératoïde, née avec 4 bras et 4 jambes, ce qui me semble totaliser 8 membres.
  Alors, si l'on passe du 8e au 17e dans la citation ci-dessus, est-ce par un calcul apparenté à celui de Jean Ricardou pour associer les 4 et 8 lettres de ses prénom et nom à sa date de naissance, le 17 juin 1932?
Si l'on ajoute les deux chiffres du nombre 17, on obtient une valeur de huit. Si l'on compte les lettres du mot "juin", on en découvre quatre.
  Selon le même principe, la valeur 71 de DESTIN se réduirait-elle au 8 de l'anneau de Moebius sur lequel Stéphane est piégé?

   L'accumulation des 8 m'avait cependant échappé lors de mes premières lectures, sinon j'aurais probablement fait le lien avec un autre roman, lu et commenté en 2012, où les 8 s'affichent ostensiblement, et je m'aperçois que Le syndrome Copernic, de Henri Loevenbruck, a été publié en janvier 2007, l'année précédant la parution de L'anneau de Moebius (imprimé en 08/2008).
  Le roman s'ouvre sur l'attentat commis à 8:08 le 8/8 (peut-être de l'année 08) contre la plus grande tour de La Défense qui s'effondre en faisant 2634 victimes. Le seul rescapé est le narrateur, Vigo Ravel, qui a pressenti l'événement et a quitté précipitamment la tour.
  Comme Stéphane, Vigo doute de sa raison, jusqu'à ce qu'il comprenne que les mystérieuses voix qu'il entend dans sa tête sont les pensées des autres. Il a participé à une expérience militaire, le Protocole 88, destinée à augmenter les capacités télépathiques, puis ses souvenirs de l'expérience ont été effacés... Nous sommes encore en plein Stephen King...

  Thilliez et Loevenbruck sont tous deux membres de La Ligue de l'Imaginaire, et il est fort possible que l'emprunt, s'il faut parler d'emprunt, ait été consenti. Thilliez y a peut-être fait allusion en nommant son second personnage principal Victor Marchal, proche de Vigo Ravel...
  Les idées totalement neuves deviennent rares, et les écrivains sont bien obligés de se copier les uns les autres, comment leur en vouloir quand c'est fait avec talent?

  Le chapitre 61 de L'anneau de Moebius m'enchante, quelle que soit son origine (ça me rappelle un peu quelque chose). Stéphane se désespère car il n'a pu empêcher la mort de sa femme, et c'est même sa tentative de déjouer le destin qui a provoqué cette mort.
  Il écrit une lettre désabusée à Stéfur, pour la déposer dans la boîte postale 101. Après avoir accompli les formalités de location de la boîte, il découvre qu'il y a déjà une lettre, et son texte est exactement celui qu'il vient d'écrire. Par exemple:
  Je suis l'un de tes prédécesseurs. Moi aussi j'ai rêvé d'un Stéfur, tout comme ce Stéfur a nécessairement lui-même rêvé d'un Stéfur, et ainsi de suite. Nous sommes tous des Stéfur, des reflets piégés dans le miroir de notre propre existence. Nous nous succédons sans cesse, avec un intervalle de six jours et vingt heures, et tous nous menons chaque fois cette même vie. (...)
  Stéfur, c'est nous-mêmes dans six jours, ça ne sert à rien d'écrire des choses que nous savons déjà. D'ailleurs, quelle est l'utilité de cette lettre, au fond, puisque tu viens d'écrire la même, j'en suis certain. (...)
  Qui nous a déposés sur ce fichu anneau de Moebius? Pourquoi rien ne change jamais, quoi qu'on fasse? (...)
PS 1 : Je voudrais que tu remettes cette lettre à sa place, pour les suivants. Mais auparavant, fais quelque chose pour moi, pour les Stépas qui te suivront. Retourne cette feuille et fais une petite croix. Tu sauras ainsi combien de Stéfur t'ont précédé.
PS 2 : Je relis cette lettre, et de plus en plus, je pense que je suis fou.
  Stéphane (ou Stépas, Stéphane du passé) retourne la feuille, et trouve le verso "noir de croix, une infinité de croix."...

  La structure même du roman peut évoquer le croisement en 8 (ou en ) des destins de Stéphane et Vic. La narration les suit alternativement (16 chapitres chacun), puis les fait se rencontrer au chapitre 34, et à partir de là il y aura 16 chapitres Stéphane, 14 Vic, 13 les réunissant, toujours en alternance.
  Parmi cette tresse 4 chapitres suivent d'autres personnages, dont les victimes du tueur, Cassandra Liberman, la 2e, Sylvie Kismet, la 3e et dernière victime, la femme de Stéphane. Le choix du prénom Cassandra, la prophétesse de Troie (3!) qui n'était jamais crue, n'est évidemment pas innocent, et deux autres personnages importants ont des prénoms issus de l'Iliade, Hector (Ariez) héros des Troyens, frère de Cassandre, et Achille (Delsart), héros des Grecs, vainqueur d'Hector.
  Toujours pas innocemment, un lieu essentiel du roman est l'auberge des Trois Parques, divinités maîtresses de la destinée.

  Chapitre 64 (8 fois 8), Vic est maintenant convaincu de la réalité des presciences de Stéphane qui l'avait informé du danger menaçant son bébé, qui vient de mourir. Vic parle à sa femme de la théorie des mondes multiples, selon laquelle il existe d'autres mondes dans lesquels leur bébé vit.
  Et Stéphane, revivant une journée antérieure, maintenant décidé à tenter les actes les plus extrêmes, parvient à empêcher cette mort. 
  C'est la seule catastrophe qu'il permet d'éviter, mais lorsqu'il meurt au dernier chapitre, victime de sa propre malédiction, il dit à Vic:
— Je sais qu'un jour... tout ceci n'aura pas lieu... Je sais qu'un jour... toi et l'un des Stépas, vous réussirez et que Sylvie vivra...

  Le roman de Loevenbruck a 88 chapitres, peu subtilement (mais j'avais vu de possibles sophistications ici).
  Celui de Thilliez en a 79, mais il y a un épilogue, soit 80 éléments en tout, 0 et , le zéro et l'infini?

  L'épilogue montre Vic, sa femme, et leur bébé, sur le point de prendre un avion à Roissy, le 9 juillet 2008. Vic est encore marqué par un récent cauchemar,
dans lequel il avait vu ce nombre, 880, incrusté dans le sol avec le chiffre des unités qui tournait lentement. Quand le 0 était devenu 8 de manière à former 888, une gigantesque bourrasque de flammes surgie du ciel était venue carboniser son visage et celui de sa femme, le réveillant dans un cri.
  La famille attend d'embarquer lorsque Vic voit un homme portant un tee-shirt avec une pub pour un site de poker, www.888.com. Une soudaine impulsion le fait aussitôt entraîner sa famille vers la sortie, et ils ont à peine le temps de s'abriter qu'à 18 h 08 une énorme explosion ravage le bâtiment.
  Le roman se termine sur ces phrases:
  Il comprit alors pourquoi il avait été mêlé à toute cette histoire.
  Il avait toujours été comme Stéphane. Et aujourd'hui, les flashes se réveillaient.
  Un don. Une malédiction.
  Ceci m'avait frappé lors de ma première lecture en février 2009, par un écho avec le second billet de mon premier blog, Nombre et nom.
  J'y relatais la découverte d'un site consacré au nombre d'or, goldennumber.net, dont le webmestre, Gary Meisner, a ses prénom-nom de valeurs 51-83 en rapport d'or, et pas n'importe lequel puisqu'un de ses articles concerne l'angle d'or supposé de la pyramide de Khéops, 51,83° (on peut ainsi écrire cos(51,83)≃51/83).
  Gary Meisner y affirmait sa foi chrétienne, ce qui m'avait amené à constater qu'en latin comme en grec, le sieur Jésus Christ avait ses prénom-nom en rapport fibonaccien:
IESVS / CHRISTVS = 70 / 112 = 5 / 8;
IHSOUS / XRISTOS = 888 / 1480 = 3 /5.
  Je cite le billet publié le 22 avril 2007:
J'ai commencé ce billet le 17 avril. Je n'étais pas loin de comparer la relation d'or 51/83 de Gary Meisner à celles de Jésus Christ en latin et grec lorsque, recherchant une page à partir du site goldennumbers (57/92 !), il s'est produit un incident sur Internet Explorer qui m'a fait perdre toutes les pages en cours, et donc le début de mon billet.
J'ai relancé Explorer qui a affiché la page d'accueil Messengers, et là je ne sais pas ce qui s'est passé, mais il s'est affiché la page
alors que la valeur de Jésus en grec est 888, valeur harmonieuse qui a suscité bien des gloses dès le début de l'ère chrétienne.
Je ne sais donc pas ce qui s'est passé, mais il m'est déjà arrivé de voir s'afficher des pages intempestives, sans songer au miracle. Je précise encore que j'ai depuis peu un nouvel ordi dont le maniement du pavé digital (touchpad) ne m'est pas encore familier, d'où de multiples fausses manoeuvres (mais l'exploration de la page d'accueil ne m'a livré aucune piste vers cette page 888).
Je suppose que certains pourraient voir des signes divins dans ce double incident, la panne alors que je m'apprêtais à parler de façon peu respectueuse de Jésus, l'apparition de cette page débutant par un énorme 888, son nombre même, mais ma mécréance est difficile à ébranler.
  83 jours plus tard, le 9 juillet, çoeur dp me parlait de Hurrah 888 ou la Révolution par les cosaques, mais il s'agissait d'une erreur due au Mac, où une même touche correspond à "!" et "8", et le vrai titre était Hurrah !!!...
  Ceci m'avait fait dire que je me convertirais s'il survenait une autre coïncidence "888" 51 jours plus tard (51-83 de Gary Meisner), mais le seul événement notable du 29 août fut la découverte de l'étui d'un CD d'Hélène Ségara au bord de la route.
  Entre Achille et Hector, une Hélène aurait pu s'égarer dans L'anneau de Moebius (Au bon dieu Ménélas, anagramme), se passant en partie à Pâris, mais je m'émerveille surtout de l'incident www.888 du 9/7/8, un an exactement après le Hurrah 888... Ce n'est qu'en écrivant le présent billet que j'en prends conscience.

  C'est loin d'être la première coïncidence que je constate entre les oeuvres de Thillez et ma démarche, ainsi le cas Stéfur-tseruf est proche de mon attribution du nom Michel Sérouf au Mérou, le détective imaginé pour le second roman que j'envisageais dans la collection Pierre de Gondol. Ce nom faisait intentionnellement allusion au tserouf, car c'était une anagramme de mon nom.
  Ma découverte de l'anagramme Stéfur-tseruf, la nuit du 8 au 9 juin, me semble liée au rêve de la veille, où m'était apparu le nom Farastier, en lequel j'avais vu TSaRaF, "purifier" (racine de tserouf), dont les trois lettres en hébreu se renversent en PaRaTS, "briser". En hébreu P et F sont une seule lettre, prononcée P en début de mot, et F en fin (pour simplifier).

  Le nom Pierre de Gondol avait été choisi par Pouy. Mon roman publié faisait beaucoup intervenir le latin, aussi j'avais fait parler Pierre ainsi (page 124 de Sous les pans du bizarre)
Sum Petrus, et habeo rasus le bolus des sommes de carrés, et je vais plutôt faire un bon somme dans ma carrée.
sans penser à PETRUS anagramme de TSERUP, ni au jeu de mots de rabbi Yeshua, "Tu es Pierre, et sur cette pierre  je bâtirai mon église."

  Dans mon projet Pierre Gondol vivait une vie parallèle sous le nom Léon Pridegor (anagramme).
  Dans le roman de Michel Leiris Aurora le narrateur assassin se nomme Damoclès Siriel, le nom étant clairement le renversement de Leiris.  Damoclés précise après une vision léonine qu'il ne se prénomme pas Léon. Or un personnage important de L'anneau de Moebius, complice du tueur, se nomme Noël Siriel, exact renversement de Leiris Léon, mais je n'imagine guère que Thilliez ait lu Aurora.

  Aujourd'hui, 16 juin (Bloom's day, ce qui nous fait passer de L'Iliade à L'Odyssée), j'ai la curiosité de chercher si "pridegor" existe, en-dehors de mon projet. Les seules autres occurrences viennent d'un livre slovène de poèmes illustrés, dont un passage est donné ici. Le voici, amputé de quelques lignes en amont et aval:
napostaji pridegor svinjski pa stir. prime šmezaroko, vmojemsrcu nemir. MRÓŽNIK travnik, póln zlati hróš, nanjempo čiva méjhn mŕoš. kobó umrl, tambózgnil, vzemljo sebó spreme nil. spo mladi róžic bómna bral, vtvojo jihbóm vazodal, smr délo bópo mróžuv se, radtej mamko čenih če. BAJKER La hkotnost mojega perésa sučese ‘krógtvojga srca, zunaj, vparku, sodre vésa, enmulc druzgav jajcabrca. Révež čistma ote čena, - tebóžam néžno poo brazu - »abipo stala mojažena?« Zdejgaješe zbajkomzgazu. BAJKER La hkotnost mojega perésa sučese ‘krógtvojga srca, zunaj, vparku, sodre vésa, enmulc druzgav jajcabrca. Révež čistma ote čena, - tebóžam néžno poo brazu - »abipo stala mojažena?« Zdejgaješe zbajkomzgazu. BESNRIS Besnris Jebral časo pis Jenótr pisal Dasogadal V ZÓÓ Kjérsvaseméla lepó Onpa tesnó Čepróvga vresnic sploh tmni bló (vsajzglédal nitkó) SMÓKVE smókve svatrgala, vsaraz capana, révna, premlatena, sama, i zdana. kopadla jenóč, svaza spala, rekóč: »Ljubimte, mojamala podgana.« ODPOTO VANJE Zazadnji nóvček Bisikupil kóvček Bidalnótr stólček Intvójko molček Patvojo ramo Intvojo glavo Razen, čegréš prostovóljno zmano. KÓČAV GÓZDU  Gondo ljerin
   Dans ce texte où figure PRIDEGOR apparaît aussi GONDO L... Le traducteur Google n'aide guère, donnant "gondole" pour gondo, "montez" pour pridegor, et pour la totalité du poème concerné:
 LE TRAM
la nature des deux est sauvage,
le chien à côté de la porte de bouleau.
chikeka diva, zanama et les rails meurent.
nastaji vient avec le sauté de porc.
attrape un marteau, une perturbation dans son cœur.
  Je vois aussi que napostaji qui précède pridegor est traduit "nastaji", et tout seul "se produire". Je pense à l'éon Napol évoqué dans le précédent billet...

  Dans le texte slovène apparaît aussi le mot révež, "pauvre homme", mais qui peut faire sens en français.
  Le 12 juin je me suis éveillé avec quelques réminiscences d'un rêve. Je regardais un livre exposant les bases d'une langue extraterrestre (du moins c'est ce que je pensais au réveil, rapprochant ce livre de celui sur UMMO, lequel avait attiré ma curiosité parce que les Ummites étaient censés avoir atterri sur Terre à proximité de Digne, dans mon département).
  Le texte était plein de mots en italique, et j'y repérais la récurrence de enne et nusun, deux concepts essentiels dans la langue concernée, mais je ne feuilletais pas en arrière pour comprendre de quoi il s'agissait. J'allais à la fin du livre pour y consulter une éventuelle table des matières, mais le texte semblait s'interrompre brutalement.
  J'ouvrais le livre au début, et il commençait par le chapitre 34, ou, du moins, par du texte précédé d'une ligne
- 34 -
sans aucune page de garde ou de titre. Mon seul autre souvenir est un petit papier collé, avec erratum page 34...
note du 17 juin: Il me semble que ceci peut faire écho à l'erreur de chapitrage de Deuils de miel, sur laquelle je suis revenu récemment. Les premières éditions s'achevaient sur un chapitre 34 (ensuite corrigé en 33), ce qui m'avait fait penser à Fibonacci. C'était une erreur ne devant rien à Thilliez, mais celui-ci a écrit ensuite des romans en 89 et 55 chapitres, en référence patente à Fibonacci.

  Mon dada numérologique m'a fait chercher les valeurs de enne et nusun, soit 38 et 89. 89 m'a rappelé que j'avais cherché un peu plus tôt la valeur de Stépur, et trouvé 89, également valeur de mon nom, Schulz, également en 6 lettres.
  Les deux mots ont en commun les lettres SU (ou US, "nous", lettres clés dans Only Revolutions de Danielewski), également présentes sans NUSUN. Les ôter conduit à NUN, or je sais que enne est le nom italien de la lettre N, nun en hébreu ou arabe. En araméen, nun signifie "poisson", et cette signification est souvent associée à la lettre.

  Ainsi j'ai nommé Sérouf mon "mérou", d'après mon nom, et le Stéfur rêvé de Thilliez a même valeur que Schulz, donc que tseruf, et un rêve me conduit à associer tseruf et nusun, "su poisson"...
  Si j'ai abandonné Indécente L', avec Pridegor et Sérouf, j'ai mené à terme mon projet antérieur, Novel Roman, construit autour de la lettre N, et l'enne italien y apparaît dans un chapitre. L'N y est associé au poisson dans un autre.

  Après ces lignes, je suis parti promener, l'esprit toujours accaparé par ces idées.
  Il m'est venu que MICHEL SEROUF avait pour anagramme LE MEROU, FISCH, Fisch étant "poisson" en allemand. Je me suis souvenu l'avoir aussi vu à l'époque où j'ai forgé le nom, mais c'était un plus, car c'était mon nom qui était à l'origine de celui du détective (j'expliquerai prochainement pourquoi Z est devenu FOE).

  Bien des choses me viennent encore, mais le billet est déjà bien long. 
  Comme Stéfur, je me demande souvent si je ne suis pas dingue. Sinon, si d'autres arrivent à comprendre ce dont je parle (et il y en a au moins quelques-uns), c'est le monde qui l'est...

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