5.5.09

Paul & Fred

Paul et Fred, donc, en écho à un film de Fellini, ou Vargas et Halter, pour respecter la préséance féminine, mais il s'agit d'étudier le parallélisme entre les oeuvres de Fred Vargas et de Paul Halter, où l'on verra que c'est le plus souvent Paul qui a précédé Fred.
Qu'il soit bien clair qu'il n'est pas question de supposer qu'un de ces auteurs se soit inspiré des livres de l'autre. Bien au contraire je pense que, dans les cas les plus précis, la connaissance d'une inspiration voisine déjà publiée aurait conduit un auteur à chercher une autre idée.
Mais voyons nos héros, qui ont moins d'un an de différence, Paul étant né en juin 56, Fred en juin 57. Leurs débuts dans le polar ont été pratiquement les mêmes, avec pour une fois la préséance à Fred dont le premier roman, Les jeux de l'amour et de la mort, a obtenu en 86 le prix du festival de Cognac, prix que Paul décrochera l'an suivant pour son second roman, La quatrième porte.
Je remarquais ici la récurrence chez Fred des criminels prénommés ROLAND, ou d'une anagramme ARNOLD ou LORAND, ou d'une autre forme de ces prénoms. J'admettais encore les pseudonymes utilisés par l'assassin, mais ces diverses libertés ne permettent pas d'imputer au seul hasard le fait que, sur les 12 romans publiés par Fred, 8 répondent à ces critères, 3 ROLAND tels quels, 3 ARNOLD (2 Arnold et 1 Arnaud), 2 LORAND (Lorenzo et Lawrence).
C'est d'ailleurs si péremptoire que je supposais que c'était un tic inconscient de Fred, qui aurait eu un problème avec un Roland, mais trêve de suppositions, il est cette fois aisé de démontrer, à partir des deux premiers romans de Paul, que celui-ci est éminemment concerné par un Roland, à savoir Roland Lacourbe, lequel a publié plusieurs compilations d'histoires de chambres closes, et que ses hommages passent par l'anagramme. C'est ainsi que son premier roman publié, La quatrième porte, est dédié à Roland Lacourbe, et que le coupable en est un écrivain de polars nommé Ronald Bowers, RONALD anagramme de ROLAND, et BOW signifie "courber" en anglais. On trouvera ici une analyse de l'oeuvre de Paul par Roland.
Paul adule à ce point John Dickson Carr qu'il aurait souhaité poursuivre les enquêtes de son détective principal, le Dr Gideon Fell, ce qui ne lui fut pas permis. Aussi son héros récurrent est-il le Dr Alan Twist, qui apparaît dès son premier roman écrit en 1985, La malédiction de Barberousse. Peut-être TWIST, "tordre", a-t-il aussi été choisi en référence à LACOURBE, mais il semble significatif que le Dr Twist, devant se rendre à Haguenau (le pays de Paul), en profite pour aller voir son ami Arnold à Mulhouse.
Peut-être Paul a-t-il proposé ce roman au prix Cognac en 1986, où c'est donc Fred qui a été élue pour une histoire où le meurtrier se nomme James ARNOLD Gaylor.
Note du 18 juin : J'ai appris dans la préface de Roland Lacourbe au tome I de l'intégrale Paul Halter que Paul avait effectivement proposé La malédiction de Barberousse au concours de Cognac 86, et que son roman était arrivé second après celui de Fred. Par ailleurs Paul a confirmé que Ronald Bowers dissimulait bien "Roland Lacourbe", ce que je semble être le premier à avoir vu, car il l'avait caché au principal intéressé.

Les deux premiers romans de nos auteurs ont connu des destins remarquablement similaires. L'un a donc obtenu le prix Cognac, l'autre a connu une publication tardive. Ainsi La malédiction de Barberousse n'est paru au Masque qu'en 1995, une fois Paul devenu un auteur confirmé de la maison, tandis que Ceux qui vont mourir te saluent (dont le coupable est Lorenzo Vitelli), refusé par le Masque en 1987, n'est paru qu'en 1994 lorsque Fred a trouvé un nouvel éditeur, Viviane Hamy.
Si je ne suis pas certain que La malédiction de Barberousse fasse allusion à Roland Lacourbe, toujours est-il qu'il apparaît un "Arnold" dans le premier roman de chacun de nos auteurs, et une anagramme (directe ou dérivée) de "Roland" dans le second.

Avant d'aborder les thèmes communs aux deux auteurs, je me dois de préciser que, si j'ai une connaissance acceptable des 12 romans de Fred, je n'ai lu "que" les 30 premiers romans de Paul, l'ayant délaissé depuis 2005, et n'ai relu que certains de ses romans pour cette étude. S'il n'est pas franchement étonnant de trouver des thématiques communes chez deux auteurs utilisant la veine fantastique, il l'est plus de trouver assez systématiquement chez Paul des "plagiats par anticipation" des thèmes caractéristiques de Fred, mais passons à l'examen de détail, révélant d'autres curiosités.

L'accession de Fred au titre de "Reine du polar français" est venue avec L'homme à l'envers (1999), exploitant le thème du loup-garou. Paul a publié en 1990 la nouvelle La nuit du loup, rééditée en recueil en 2000, où pareillement plusieurs meurtres sont attribués au légendaire loup-garou. Si une explication policière est donnée, liée à l'adultère comme chez Fred, un "renversement" final original relance l'hypothèse fantastique.

Le triomphe de Fred a été Pars vite et reviens tard (2001), exploitant un thème plutôt original qu'elle connaissait particulièrement, puisque sous sa casquette d'archéozoologue elle est spécialisée dans la peste. Il s'agit donc d'une prétendue épidémie de peste, avec des cadavres en présentant les prétendus symptômes, alors que les victimes ont été tout bonnement étranglées, les noircissures de leurs visages étant de grossières applications de charbon de bois.
Dans La septième hypothèse (1991), Paul imaginait des "médecins de la peste", habillés à l'ancienne, venir dans une pension de famille de la Londres actuelle et en repartir avec un locataire offrant d'inquiétants symptômes. On le retrouve mort peu après, mais étripé, et ses prétendus symptômes, bubons et paupières noires, n'étaient qu'un grossier maquillage...
Ce n'est que le début de ce roman foisonnant, dont un autre épisode essentiel est un pastiche de Sleuth, de Mankiewicz, Le limier en français, or on sait que le pseudo de Fred vient de Maria Vargas, personnage d'un autre film de Mankiewicz, La comtesse aux pieds nus.
Paul semble à ce point aduler Sleuth qu'il a utilisé les noms des acteurs originaux, Laurence Olivier et Michael Caine, pour forger le nom du principal personnage, Oliver Caine, de son dernier roman, Les meurtres de la salamandre.
Paul semble même avoir prévu que Caine reprendrait en 2007 le rôle interprété par son aîné Olivier en 1972, un auteur de romans policiers qui, dans La pestième hypothèse (tentante contrepesterie), a la manie de jouer avec des billes de verre comme le commandant du Caine (Bogart dans Ouragan sur le Caine) à l'origine du pseudo de Maurice Micklewhite.

Le tueur au trident de Sous les vents de Neptune (2004) m'avait déjà été l'occasion de rapprocher Fred et Paul, qui a aussi doublement utilisé le trident comme arme du crime dans Le géant de pierre (1998). Il s'y ajoutait la coïncidence remarquable que la dernière résidence connue du tueur au trident était un château proche de Haguenau, où est né et vit Paul Halter.
Ce m'était encore l'occasion d'assimiler le trident de Neptune à la foudre de Jupiter et au marteau de Thor, le dieu du ciel nordique, proche de Jupiter.

La récente découverte que le prénom Marcus était identique au latin marcus, "marteau", CI MERLIN CRIMINELm'a fait reprendre Sans feu ni lieu (1997), où c'est Saint Marc, l'un des trois "évangélistes" menant l'enquête aux côtés de "l'Allemand", qui identifie le tueur, Paul Merlin, et l'empêche de commettre un quatrième meurtre parisien. Or un merlin est aussi un marteau.
J'avais noté dans mes relectures récentes de Paul L'image trouble (1995), où la maison des personnages principaux est encadrée par deux voisins, nommés Charles Hamer et Merlin, ce Merlin n'étant autre que le Dr Twist, sur la piste d'un tueur en série... qui pourrait bien être ce Charles Hamer, car l'intrigue dans le présent est entremêlée à un récit parallèle avec des situations et personnages similaires, tel l'inquiétant Charles Haarman, pouvant évoquer Fritz Haarmann, le Boucher de Hanovre, qui dans les années 20 rentabilisait sa pulsion criminelle en recyclant la viande de ses nombreuses victimes (à remarquer que Fritz est le diminutif de Friedrich, comme Fred est celui de Frédérique).
Une stèle a été érigée à la mémoire des 27 victimes connues de Haarmann, dont voici les 5 premières. J'y remarque un Fritz en second, suivi d'un Roland, puis d'un Wilhelm (soit Guillaume, or le super tueur de Fred est Roland Guillaumond, devenu le juge Honoré Guillaume Fulgence).

Paul Merlin avait encore en projet deux crimes inspirés par El Desdichado, rue de la Reine-Blanche, et rue de la Victoire. Lorsqu'il n'enquête pas à Shapwick sous l'identité de Merlin, le Dr Twist réside ordinairement à Londres, Victoria street.

J'avais hésité à mentionner les 44 chapitres (ou sections) de Sans feu ni lieu, en relation avec les 4 et 44 récurrents chez Fred. Je m'en étais abstenu car les autres nombres de chapitres chez Fred ne m'évoquent rien d'immédiat, mais ces 44 chapitres (ou sections) deviennent significatifs par rapport à L'image trouble qui compte 1 prologue, 42 chapitres, et 1 épilogue, soit en tout 44 sections.
Je remarquais de multiples quaternités jungiennes (3+1) dans Sans feu ni lieu, et m'aperçois qu'on y trouve aussi des quintessences (4+1). Ainsi le point fort des 44 chapitres est la dernière tentative de Merlin, qui s'en prend à Julie Lacaize, 5 rue de la Comète, alors qu'elle est en train de regarder Les 55 jours de Pékin.
Saint Marc a identifié Merlin à cause de sa manie de jouer aux osselets, or le jeu comporte 5 pièces, 4 identiques et une, reconnaissable par exemple par une couleur différente, appelée le Père; une paire de paires et un père...
Paul Merlin est démasqué par les "évangélistes", Mathias, Marc, Lucien,
...et Louis : à propos d'autres Paul, j'avais souligné la désignation de l'apôtre en tant que cinquième évangéliste.

C'est ce même Saint Marc, l'historien médiéviste Marc Vandoosler, qui renseigne Adamsberg sur la peste dans Pars vite et reviens tard, or le chef des médecins de la peste dans La septième hypothèse se présente comme Dr Marcus.

Synchronicité exemplaire le 27 avril où j'ai repris L'image trouble pour son Merlin-marteau : les premiers mots du roman sont Le 27 avril 1959, de très bonne heure, (...)
50 ans plus tôt exactement, et le 25 avril, la Saint-Marc, je découvrais la signification du marcus latin. Le lendemain 26 avril j'écrivais le billet précédent sur la pyramide de Pei, apprenant le lendemain 27 qu'il était natif du 26 avril, sur une page où il était prénommé Leoh, m'évoquant le lion de Saint Marc, erreur présente depuis plus de 7 mois mais rectifiée le soir même...

Les thèmes des deux derniers Fred, la recette de la vie éternelle (2006) et le vampirisme (2008), peuvent se retrouver dans un seul Paul, L'arbre aux doigts tordus (1996). Le village de Lightwood a connu au 16e siècle une affaire de vampirisme, soldée par la pendaison d'une femme accusée d'avoir égorgé des enfants pour en boire le sang. L'arbre près duquel elle a été enterrée serait maudit, et impliqué dans une étrange affaire au 19e siècle (l'idée que les vampires contaminent les arbres autour de leurs tombes est aussi présente dans Un lieu incertain). Au milieu du 20e siècle une autre série d'égorgements d'enfants dans la région déroute le Dr Twist; il se laisse berner par le criminel qui a forgé de multiples indices incriminant un coupable idéal; si les fausses pistes sont un lieu commun du polar, il l'est moins que le motif supposé du faux coupable soit le même que celui du vrai tueur du Lieu incertain, la mission sacrée d'éliminer les héritiers du pouvoir maléfique du vampire originel.
En fait le vrai coupable se sert du sang de ses victimes pour confectionner un élixir de jouvence, comme l'assassin de Dans les bois éternels. Cet élixir a un autre pouvoir miraculeux, effectif dans le roman. De même Fred suggère une certaine réalité des croyances magiques des criminels de ses derniers romans.
Si le tueur du Lieu incertain, descendant d'Arnold Paole, se nomme Paul de Josselin, la 4e victime de L'arbre aux doigts tordus est le jeune Fred Hutson.
Juste avant la publication de Un lieu incertain (juin 08) est paru en mars un roman à part de Paul, dans la collection Club Van Helsing. Si cette collection doit son nom à l'éternel adversaire de Dracula, La nuit du Minotaure n'a rien à voir avec les vampires, mais j'y remarque le nom de son héros, Roland Bayard. Un vrai Roland enfin, et Josselin de Cordon aurait été un ancêtre du chevalier sans peur et sans reproche...
Note d'octobre 2011 : Je viens de relire Les Larmes de Sibyl (2005), où Ruth Kendall, comme Ariane Lagarde de Dans les bois éternels (2006), s'applique pour assurer sa survie à réaliser un rituel magique issu d'un vieux grimoire.
Dans les deux romans la récolte des bizarres ingrédients nécessaires à cette mise en oeuvre est un ressort important, mais elle est au premier plan chez Fred alors que ce n'est qu'un élément d'une intrigue foisonnante chez Paul, où Ruth est manipulée par son mari Oliver. Je mentionnais plus haut le personnage Oliver Caine, référence évidente aux noms des deux acteurs du Limier de Mankiewicz, mais les deux prénoms des véritables coupables des romans de Fred et Paul forment ensemble, inopinément bien que le choix du prénom Ariane soit rarement innocent, Ariane Oliver évoquant Ariadne Oliver, personnage récurrent dans l'oeuvre d'Agatha Christie, sa propre auto-parodie.


Voilà. Je pourrais donner d'autres exemples de parallélismes entre les oeuvres de Fred et Paul, qui n'ajouteraient rien, chaque cas semblant témoigner d'une inspiration exploitée dans le style propre à chaque auteur.
Je suis bien en peine d'en tirer quoi que ce soit de définitif, car, si je connais bien les oeuvres de Fred et de Paul, il y a quantité d'autres polardeux dont je ne suis pas régulièrement les parutions. Je constate de plus qu'il ne suffit pas de lire, encore faut-il se rappeler de ce qu'on a lu, ainsi j'ai été le premier surpris en redécouvrant le faux mort de la peste de La septième hypothèse, alors que j'avais applaudi à l'originalité de Pars vite et reviens tard.
Il m'arrive de me demander si tous mes intérêts Carl, mort en juin 61 (FUMER TUE), 5 ans après la naissance de Paul, 4 ans après celle de Fredlittéraires passés n'avaient pas quelque chose à voir avec ma quête actuelle autour de la quaternité jungienne. Je ne peux encore que constater que, si je crois découvrir des choses remarquables dans ce que je connais, je suis bien incapable de préjuger de ce qu'il y aurait à découvrir dans ce que je ne connais pas. La connaissance partagée de mes recherches pourra aider à une appréciation objective.
Je rappelle que ma découverte essentielle du 4/4/44 est liée, plus ou moins directement, aux romans minoens de Paul.
Incidemment, j'ai suivi de près l'oeuvre de Paul à cause de coïncidences avec l'oeuvre d'Ellery Queen, éminemment associée depuis peu à Jung, mais c'est une autre histoire...

J'ai par ailleurs associé Fred Audoin (vrai nom de Vargas) à Fred Dannay (vrai nom de Queen), et des coïncidences onomastiques réunissent étrangement les premiers romans publiés de Vargas et de Halter à la première aventure d'Ellery Queen made in France, le pastiche de Thomas Narcejac Le mystère des ballons rouges (paru en 1947 dans Nouvelles confidences dans ma nuit).
Dans cette nouvelle le banquier Jonathan Mallory développe une machination extrêmement complexe pour se venger du policier qui a abattu jadis un truand dont personne ne savait qu'il était son frère. Après 4 morts balisées par des ballons rouges (et non des cercles bleus), une embrouille cause la mort du secrétaire de Mallory, Bob Seldon, qui avait démasqué son identité, mais qui est abattu par le flic Fred (!) qui protégeait Mallory.
Dans Les jeux de l'amour et de la mort, prix Cognac 86, Robert Saldon est tué par James Arnold Gaylor parce qu'il l'avait reconnu, James Arnold ayant usurpé l'identité de son frère sculpteur R.S. Gaylor.
Bob étant le diminutif de Robert, il n'y a donc qu'une lettre de différence entre ces Saldon et Seldon tués parce qu'ils ont reconnu un frère, mais l'attention portée au nom ROBERT SALDON m'en a fait envisager l'anagramme RONALD BOTERS, correspondant encore à une lettre près à RONALD BOWERS, l'assassin de La quatrième porte, prix Cognac 87. Mieux, le nom complet de la victime de Fred (Vargas) est Robert Henry Saldon, or Ronald Bowers est la nouvelle identité de Henry White, qui s'imaginait volontiers être la réincarnation de Harry Houdini, pseudo de Ehrich Weiss (= white = "blanc").
Pour la petite histoire, c'est grâce à ce roman de Paul Halter que j'ai pu reconnaître en 1996 ce nom Ehrich Weiss parmi la petite liste des pseudonymes utilisés par un personnage de La vie mode d'emploi, Perec ayant choisi les identités réelles de personnes mieux connues par leurs pseudos. Un des 6 autres noms de cette liste est Fred Dannay.
Jonathan Mallory, Ballon rouge, ces noms ont tourné dans ma tête jusqu'à une évidence. La nouvelle de Narcejac (pseudo de Pierre Ayraud) ressemble étrangement à celle de Borges, La mort et la boussole, écrite en 42, que je n'imagine pas avoir été connue de Narcejac avant l'été 45 où il a écrit son pastiche de Queen (qu'on peut lire aussi dans Usurpation d'identité, plus facile à trouver). Le recueil Fictions n'a été traduit en français qu'en 57, et, s'il a pu exister des versions accessibles antérieures de La mort et la boussole, la guerre n'était pas le moment idéal pour la circulation de la littérature.
Chez Borges, 3 crimes semblent former une série et en appeler un 4e et dernier, pour épeler entièrement le Tétragramme JHVH. Le flic Erik Lönnrot est présent au moment voulu à l'endroit voulu pour sauver la dernière victime, mais découvre alors qu'il s'agissait d'un piège tendu par le truand Red Scharlach pour venger son frère arrêté par Lönnrot.
Chez Narcejac pastichant Queen, 3 crimes sont commis, dans des chambres où des ballons rouges étaient attachés aux fenêtres. Après l'apparition du 4e ballon chez Mallory, la police veille, et Mallory s'arrange pour que le flic qui avait abattu son frère soit la victime de sa machination. C'est déjà pas mal, mais :
- Si Narcejac a peut-être pensé à Fred Dannay en baptisant Fred un autre flic de l'histoire, connaissait-il son réel nom de naissance, Daniel Nathan ?
- Le prénom Jonathan attribué au criminel est en hébreu un nom théophore, contenant le Tétragramme sous forme abrégée, signifiant "JHVH a donné".
- Narcejac pouvait-il savoir que Dannay/Nathan écrirait en 63 L'adversaire, où 4 meurtres épelleraient également les lettres du Tétragramme, pour venger un nommé Nathaniel, en hébreu "donné par Dieu".
- Après avoir vu Ehrich Weiss devenir White, et avoir déjà pensé à Erik le Rouge devant le nom Erik Lönnrot (rot "rouge", et red Scharlach, "rouge écarlate"), je m'émerveille du rouge présent dans le titre de la nouvelle, et de la "traduction" de "bal-LON ROUGE" en "bal-LON ROT" !
- Narcejac pouvait-il savoir en nommant son amateur de ballons rouges MALLORY qu'un futur succès du cinéma serait Le ballon rouge, d'Albert LAMORIsse, dont l'interprète principal est son fils, Pascal LAMORIsse ?
- C'est loin d'être tout, La mort et la boussole étant depuis longtemps pour moi un texte essentiel aux multiples résonances, ainsi le Marc = marteau, d'acquisition récente, me rappelle que la première victime de ces meurtres selon les lettres du Tétragramme est un rabbin prénommé Marcel, autre forme de Marc, alors que le marteau hébreu, MPC, équivaut selon la transposition alphabétique atbash aux lettres JVH du Tétragramme...

Encore un petit quelque chose. Je n'étais pas sûr de la pertinence de lier "Paul et Fred" à "Ginger et Fred", et voici que ce 7 mai dp me demande comment se dit ginger, "gingembre", en hébreu. Coup d'oeil au dico, et c'est zangwil, or le premier mystère de chambre close digne de ce nom est un roman anglais d'Israël Zangwill, The Big Bow Mystery (1891).
Ainsi, alors que Paul Halter est le nouveau maître du mystère en chambre close, je le reliais sans le savoir via Ginger au premier grand nom du genre.
Si le Bow est dans le roman de Zangwill le nom d'un quartier londonien, c'est toujours le verbe "courber" déjà évoqué,Cet immeuble dansant construit à Prague par Frank Gehry a été surnommé FRED ET GINGER ainsi Roland Lacourbe, qui a bien entendu étudié ce Grand mystère du Bow, par exemple dans 99 chambres closes, était-il prédestiné à devenir un spécialiste du genre (l'immeuble aux courbes hardies ci-contre, construit à Prague par Frank Gehry, a été surnommé FRED ET GINGER).
Ginger, "gingembre", désigne encore familièrement en anglais les roux, bien que ce soit pour une autre raison que Virginia McMath est devenue Ginger Rogers. Il est encore remarquable que le roman exemplaire du genre soit Le mystère de la chambre jaune, de Gaston Leroux (1907).
Je rappelle que le criminel de Leroux est le policier Frédéric Larsan, couramment nommé Fred dans le roman. Ceci jette un nouvel éclairage sur le titre du premier roman de Paul, La malédiction de Barberousse (il s'agit de l'empereur Frédéric Barberousse).

2 commentaires:

ariaga a dit…

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et je viendrai relire car tes textes ne s'absorbent pas en une seule fois. Amitiés fidèles.

blogruz a dit…

Surtout que je ne les écris pas en une seule fois, et que j'ai déjà fait trois ajouts importants depuis ton passage.
Merci et à bientôt donc.