26.10.18

de voir Cybèle en mon miroir...



  En vue d'écrire le chapitre 15 de Novel Roman, se passant à Marseille en 1908, j'ai emprunté deux des Nouveaux mystères de Marseille, de Jean Contrucci, se passant environ 100 ans avant leur écriture.
  Le spectre de la rue Saint-Jacques (2006) se passe donc en 1906, et débute le 4 avril, précisé dans l'incipit:
La nuit était tombée en ce 4 avril 1906.
  Une lettre anonyme envoyée à la Préfecture signalait la présence d'un corps enterré dans le parc de la bastide La Mitidja, propriété du riche Honoré Castellain.
  On découvre effectivement le squelette d'une jeune femme, dans une croûte de chaux. Les enquêteurs supposent que celui qui l'a enterrée comptait ainsi complètement décomposer le corps, mais il a omis d'ajouter de l'eau à la chaux vive, si bien que le squelette est bien conservé.
  Précisément, la soeur de Castellain, Marthe, est morte exactement 10 ans auparavant, le 4 avril 1896, ce qui a laissé à Honoré tout l'héritage de leur mère. Marthe est officiellement morte de maladie, mais il y a quelques indices contradictoires.
  Raoul Signoret, le journaliste héros de Contrucci, se trouve avoir été à l'école avec le fils de Castellain, Edouard, lequel le convie à des séances de spiritisme. L'esprit de Marthe se manifeste pendant ces séances, et accuse son frère de l'avoir assassinée...
  Bien entendu, ces séances sont truquées, par Edouard persuadé que son père a assassiné Marthe. C'est aussi lui qui avait signalé la présence du cadavre à La Mitidja, comptant qu'il serait pris pour celui de Marthe, mais le bon état du squelette permet de montrer qu'il s'agissait d'une femme plus jeune (c'était une jeune fille qu'Edouard avait tuée "accidentellement").
  Honoré Castellain n'avait pas l'âme d'un assassin, aussi avait-il organisé une fausse mort de sa soeur folle le 4 avril 1896, et l'avait fait interner sous un autre nom. Elle est toujours en vie.
  Si ce n'est pas dit dans le roman, le 4 avril 1896 était un Vendredi saint, ainsi cette femme morte le jour de la Crucifixion ressuscite 10 ans plus tard...

  Je ne crois pas que l'auteur ait choisi ces deux 4 avril dans des buts aussi tortueux. Je n'ai d'ailleurs même pas remarqué que la similitude des dates était explicite dans le roman, alors que ce sont deux des trois seules dates mentionnées (mais j'ai un peu survolé le récit).
  L'autre date mentionnée est le 15 avril, explicitement le Dimanche de Pâques, parce que c'était l'inauguration officielle de l'Exposition Coloniale, qui a effectivement eu lieu à Marseille.

  Je n'ai pas réussi à finir l'autre Contrucci que j'avais emprunté, malgré son écriture alerte et sa profonde connaissance de Marseille. Il me semble que la narration primesautière empêche de prendre au sérieux l'intrigue policière, mais je ne vais pas conseiller l'auteur, lequel a trouvé un public.
  Toujours est-il qu'à ma visite suivante à la médiathèque j'ai examiné les autres Mystères de Marseille,  histoire de voir s'il y avait d'autres 4 avril, où si certains opus concernaient "mon" année 1908.

  Pas moins de trois Mystères se passent en 1908, année la plus utilisée. Il feront l'objet du prochain billet, mais il y a plus étonnant avec Le Vampire de la rue des Pistoles (2009), lequel débute par la découverte d'un cadavre dans le quartier du Panier dans la nuit du 5 au 6 avril 1907. L'enquête révèle ensuite que la mort a eu lieu le soir du 4 avril, et la date n'a ici rien d'aléatoire.
  L'autopsie amène de curieux détails. Le ventre du cadavre a été ouvert, du pubis au sternum, les viscères ont été pas mal chamboulés, le coeur a été déchiré, il manque une partie du foie... L'incision a été soigneusement recousue, et le corps lavé, puis emmailloté dans un drap blanc, aspergé de sang.
  L'enquête cerne vite un immeuble, le 14 de la rue des Pistoles, un bordel tenu par Léonie Viacca, et le mort serait un certain Cléophas, un guérisseur qui venait souvent voir Léonie, et qui est précisément venu la voir le 4 avril, vers six heures, et qu'on n'a pas vu ressortir.
  Le vrai nom de Cléophas est Antonin Soubeyran, on le surnomme aussi l'empirique. Sa femme Cybèle reconnaît le corps.
  Léonie et les pensionnaires du bordel sont assassinées l'une après l'autre. On soupçonne Bernard Passeron, disparu depuis le drame, amant de Léonie et demi-frère de l'empirique. On découvre qu'il y avait dans la cave du bordel un très ancien sanctuaire dédié par les Phocéens, fondateurs de Marseille, à Cybèle et Attis, leurs dieux. Cléophas, s'imaginant être la réincarnation d'Attis, y organisait des réunions, où il prélevait du sang des participants, car il en avait besoin pour confectionner ses remèdes.
  Un érudit apprend à Raoul Signoret que le 4 avril était une date importante pour les Galles, les anciens prêtres du culte d'Attis, car c'était le solstice de printemps, la date où était rejouée la mort et la résurrection du dieu.

  Raoul étudie la question. La semence de Zeus tombée sur la terre engendra un hermaphrodite, Agdistis. Zeus le sépara en deux, la partie femelle devint Cybèle et les organes génitaux mâles donnèrent naissance à un amandier. Une amande de cet arbre féconda une naïade, Nana, qui mit au monde un très beau garçon, Attis.
  Attis devint berger, et fut remarqué par Cybèle qui en tomba amoureuse. Amour platonique, mais elle exigea qu'Attis demeurât chaste à jamais.
  Attis promit, mais céda à la nymphe Sagaritis. Il expia sa faute en s'émasculant, et mourut de sa blessure. Les représentations d'Attis le pourvoient de vêtements largement ouverts pour montrer la disparition du phallus. Son sang engendra un pin, et Cybèle obtint de Zeus que le feuillage de cet arbre demeurât toujours vert.
  Lors donc du solstice de printemps, un pin était coupé, enveloppé dans un drap blanc, aspergé du sang des Galles, et porté en procession jusqu'au temple consacré à Cybèle.

  Raoul comprend qu'il y a un rapport avec la mort de Cléophas, encore que tout soit loin d'être clair. Un piège est tendu à l'assassin, lequel s'avère être Cléophas lui-même. Le 4 avril, les deux demi-frères s'étaient querellés, et Bernard était mort dans la bagarre. Cléophas a alors entrepris de le ressusciter en utilisant une recette des Galles, faire manger au malade un morceau de son foie...
  Comme ça n'a pas marché, il a fait passer le mort pour lui-même, sans trop de peine puisque tous les témoins, sous sa coupe, accréditeraient cette version. Mais comme c'est un fou, il a ensuite tué ces témoins...

  J'ai relu le roman, avec un peu plus d'attention, pour préparer ce billet, et je tempère le jugement porté plus haut. C'est assez bien fichu, quoique les indices menant à une possible substitution des demi-frères soient par trop clairs...
    Il y a probablement des choses un peu plus subtiles. Cléophas a deux femmes principales sous sa coupe, d'abord sa complice Léonie, au prénom léonin, or Cybèle est presque toujours représentée avec ses fidèles lions, ainsi qu'avec une cymbale.
  Le nom de Léonie est Vaccia, forme de vacca, "vache" en italien, mais aussi "putain". Début 2016, j'ai donné écho à l'idée de Guy Trévoux selon laquelle les colonnes Jachin et Boaz du Temple représentaient les deux animaux accompagnant la Déesse Mère (dont Cybèle est un exemple), un animal sauvage et un domestique, le plus souvent un lion et une vache, ainsi Léonie Vaccia aurait été prédisposée à garder un sanctuaire dédié à la Déesse Mère..
  Il y a encore la femme de Cléophas, Marianne née Rigord, qu'il a rebaptisée Cybèle. Or Marianne est aussi le symbole de notre république, représentée coiffée d'un bonnet phrygien, comme Attis.
  Le 4 avril donné comme solstice du printemps est étrange, ce solstice étant pour les Romains le 25 mars. Quid?
  J'imagine que Contrucci a ici volontairement déformé le mythe, peut-être parce qu'il s'est souvenu avoir utilisé le 4 avril 1906 dans le roman publié trois ans plus tôt.
  Toujours est-il que le 4 avril est bien le jour où débutaient à Rome les Megalesia, fêtes en l'honneur de Cybèle, mais c'était une date purement romaine, liée à un événement très précis, sans rapport avec Attis, qui lui était effectivement fêté au solstice.
   J'ai trouvé toutes les précisions souhaitables dans le livre du très estimable Henri Graillot, Le culte de Cybèle mère des dieux à Rome et dans l'Empire Romain (1912), disponible en ligne. On trouve plus court dans l'article Cybèle du Daremberg et Saglio.

  Les choses vont mal pour Rome en l'an -205, lors de la seconde Guerre Punique. Malgré quelques succès romains, dont la bataille du Métaure (-207) où était mort Hasdrubal, Hannibal est toujours "aux portes de Rome", et on hésite à affronter directement ce stratège qui a infligé des défaites cuisantes aux Romains. Par ailleurs des pluies de pierres ravagent les récoltes.
  La sibylle aurait alors délivré un oracle, que voici selon la version de Tite-Live:
Quand l’ennemi de race étrangère aura porté la guerre sur le sol italien, pour le chasser et le vaincre il faudra d’abord amener de Pessinonte à Rome la Mère Idéenne. 
  La Mère Idéenne, c'est Cybèle, adorée en Phrygie, par chance chez un allié de Rome, le roi Attale. L'objet sacré était une statuette d'argent ayant pour visage une pierre noire, un aérolithe suppose-t-on. Une ambassade est envoyée à Attale, lequel accepte de livrer l'idole, embarquée vers Ostie, puis conduite à Rome, où elle arrive le 4 avril -204, accompagnée de quelques prêtres phrygiens. La date sera ensuite célébrée chaque année, car l'arrivée de la déesse a confirmé les prédictions de la sibylle. En -204 les moissons sont les plus abondantes depuis 10 ans. En -205 Hannibal quitte définitivement l'Italie.

  Le culte d'Attis n'a été introduit à Rome que bien plus tard, sous Claude, au début de notre ère. Cybèle était fêtée du 4 au 10 avril, et Attis à l'équinoxe, du 22 au 26 mars. Le 22 était donc coupé un pin dans le bois sacré de Cybèle, enveloppé d'un drap blanc, et porté en procession jusqu'au temple de la Magna Mater.
  Le lendemain était une journée de deuil, sans manifestation particulière. Le troisième jour, on se rassemblait devant le temple, au fond duquel apparaissait le soir venu une lueur, signe de la résurrection d'Attis.
  Tiens, ça rappelle quelque chose, mais le christianisme n'invite pas à se couper les choses (dont il ne faut cependant se servir que pour assurer la perpétuation de l'espèce).

  Ainsi Contrucci a confondu, ou fait semblant de confondre, les cultes de Cybèle et Attis en une seule date, le 4 avril, alors que cette date est purement romaine, alors que l'empirique et ses disciples ont repris le culte dans la lignée des fondateurs de Marseille, bien avant l'occupation romaine.
  Pourquoi? je compte le lui demander, mais en attendant une éventuelle réponse je constate que le 4 avril de son roman est un jour d'échange. Cléophas tue son demi-frère et maquille le cadavre pour que ce soit lui qui passe pour mort, et le demi-frère disparu passe pour être l'assassin.
  Le 4 avril 1944 est aussi un jour d'échange. C'est le premier jour de la convalescence de Jung, et ce même jour le médecin qui l'a sauvé doit s'aliter pour ne plus se relever.

  Le dernier livre publié de Jung était Psychologie et Alchimie, paru début 1944 à Zürich, et Jung travaillait sur sa suite, Mysterium coniunctionis, lorsqu'il a eu son infarctus en février.
  Je suis ébahi de trouver ce passage dans l'introduction de Psychologie et Alchimie (paragraphe 26):
L'évolution de la conscience vers l'aspect masculin, d'une telle importance pour l'histoire du monde, est tout d'abord compensée par l'aspect chthonien et féminin de l'inconscient. Dans certaines religions préchrétiennes déjà, on voit apparaître une différenciation du principe masculin sous la forme d'une spécification père-fils, transformation qui atteint à sa plus haute signification dans le christianisme. Si l'inconscient était seulement complémentaire, il aurait accompagné cette métamorphose de la conscience en mettant en relief la mère et la fille, et il aurait pu trouver toute la matière nécessaire dans le mythe de Déméter et Perséphone. Mais, comme le montre l'alchimie, il a préféré le type Cybèle-Attis sous la forme prima materia - filius macrocosmi (fils du macrocosme), témoignant par là qu'il n'était pas complémentaire, mais compensateur.
  Je ne vais pas commenter ces assertions, adressées à des érudits connaissant à fond la mythologie, et me borne à souligner le rôle essentiel attribué au couple Cybèle-Attis. Il en est à peine question ensuite dans l'épais volume, avec seulement deux allusion à Attis.
  Je préfère citer les deux premiers paragraphes, bien plus clairs, du livre d'Henri Graillot, historien passionné sur qui on trouvera quelques détails ici.
   Une quinzaine de siècles avant notre ère, les Crétois adoraient une divinité féminine qui nous apparaît comme le prototype de Rhéa-Cybèle. C'était la souveraine des montagnes. Lointaine et redoutable, elle réside sur les pics aigus, sur les cimes boisées, dans les profondeurs des grottes. Elle y est gardée par des lions. Quand elle parcourt ses domaines, un fauve l’accompagne. Déesse guerrière ou peut-être simplement chasseresse, elle brandit une arme, javeline, épieu ou double hache. On la figurait volontiers dans une attitude de combat. Mais elle est aussi la reine assise qui, une fleur à la main, reçoit les hommages et les actions de grâces de ses sujets. Car elle est bienveillante aux humains qui vivent sur son territoire et la révèrent selon les rites. Elle protège leurs foyers et leurs cités. On lui a réservé sa chapelle dans le palais de Cnossos. Sur les portes des palais, sur les portes des villes, ses lions se dressent autour d'un pilier bétylique ou d’un autel, en signe de possession et de protection.
   Au moment où la dame aux lions entre dans l'histoire, en plein âge du bronze, elle est le produit d’une évolution déjà longue. Avant de s’entourer de fauves, elle fut une bête fauve. Avant de se fixer sur la pointe des rochers, elle fut le rocher sacré. Avant d’être le pilier de pierre ou de bois, elle avait été la pierre brute ou l’arbre feuillu. Longtemps même, à côté de l’image anthropomorphe, subsista ce type intermédiaire du pilier aniconique. Le totémisme primitif laissait de très nombreuses survivances. Ses traditions singulièrement tenaces vont se prolonger au delà de l’ère mycénienne. Mais, dès la période finale du minoen, dans la religion naturaliste qui s'édifie sur les bases du polydémonisme, les antiques fétiches se groupent autour de quelques divinités supérieures. La plus importante paraît être la Terre, considérée dans ses forces productrices, principe féminin de vie, déesse de fécondité et de fertilité, mère et nourricière de tout ce qui naît et meurt ici-bas. « La terre fait sortir les fruits du sol », chantaient d’après un vieil hymne les prêtresses de Dodone ; « appelons donc la Terre du nom de Mère ». C'est elle que l’on adore sur les montagnes, qui sont ses trônes, dans les cavernes, qui sont ses premiers temples, dans les bois et près des sources, manifestations de sa mystérieuse et bienfaisante énergie.
  C'est beau, non?

  Je reviens au Vampire de la rue des Pistoles, dont la lecture m'aurait été significative dès sa parution, 2009, un an après ma découverte du schéma de la vie de Jung autour de l'échange du 4/4/44, mais qui aujourd'hui offre de multiples autres résonances.
  D'abord, sa date officielle de parution est le 09/09/2009, ou 09/09/09, un an exactement après le premier billet relatant ma découverte de la veille, Sur la route du mandala. J'y rapprochais la "résurrection" de Jung le 4/4/44 de la mort de Ruth Roman le 9/9/99. Je mentionne souvent ailleurs que c'est le 04/04/04 que je me suis avisé du schématisme du 4/4/44.
  Aujourd'hui, c'est donc 10 ans après ma découverte du 8 septembre que je découvre un aspect insoupçonné du 4 avril, et pour cause, puisque cet aspect n'est probablement présent que dans le roman de Contrucci (à moins que la confusion ne vienne d'une autre source dont il se serait inspiré). Je rappelle que c'est parce qu'il y avait deux 4 avril à 10 ans d'écart dans Le Spectre de la rue Saint-Jacques que je me suis intéressé aux autres romans de Contrucci.
  Je n'ai pas noté le jour exact où j'ai débuté la lecture du Vampire, c'était vers la fin septembre.

  Une autre curiosité est qu'au début de l'année, j'ai lu un autre roman où il y avait un assassinat le 4 avril 1907, L'effet domino. J'en ai parlé dans mon billet du 4 avril dernier. Le 4 avril n'y était pas un hasard, car c'était le 4e meurtre d'un esprit dérangé, ses autres meurtres étant commis les 1/1, 2/2, et 3/3. J'avais noté la proximité de 1907 et 1908, l'année de mon projet Novel Roman contenant aussi un programme criminel arithmétique. J'avais abandonné en 1999 ce projet pour écrire Sous les pans du bizarre, où des meurtres étaient commis les 3/3, 4/4, et 5/5 de cette année 99. Leur modus operandi était calqué sur un roman d''Ellery Queen, or j'étudierai dans le prochain billet certains échos entre Queen et Contrucci.
  Dans L'effet domino, le mort du 4/4 est un médecin de Fontenay-sous-Bois, Bernard Chabany. Si le marseillais assassiné le même jour est d'abord supposé être le guérisseur Cléophas, on apprend ensuite que c'était son demi-frère, Bernard.
  Dans Sous les pans du bizarre, que m'avait commandé Jean-Bernard Pouy, le mort du 4/4 se nomme Jacques Courtas, initiales JC, pas par hasard car ce 4/4 était en 1999 le dimanche de Pâques. Tiens, ce sont aussi les initiales de Jean Contrucci.
  Ce JC a baptisé son héros Raoul Signoret, au prénom très lupinien (dans plusieurs pseudos de Lupin, Raoul d'Andrésy par exemple), et aux initiales RS, comme moi qui ai imaginé un JC tué un 4 avril, tandis que le RS de Contrucci est confronté à plusieurs énigmes du 4 avril.

  A propos de dimanches de Pâques tombant le 4 avril, c'était aussi le cas en 1915, l'année où se passe Le Triangle d'or, de Leblanc. Là aussi, il y a un meurtre le 4/4, et là aussi la victime n'est pas celui qu'on croit. Ce n'est pas Essarès, mais Belval, qu'Essarès avait déjà cru tuer le 14 avril 1895, un autre dimanche de Pâques, et qui était "miraculeusement" revenu à la vie.
  Luis Perenna, alias Arsène Lupin, éclaircit cette ténébreuse affaire. Une de mes premières applications de la gématrie aux oeuvres récentes a été la constatation de l'abondance dans l'oeuvre de Leblanc du nombre 134, valeur d'ARSENE LUPIN. Il se trouve que ce billet est le 268e de Quaternité, 268 ou deux fois 134 (je lui ai trouvé un titre de valeur 268).

  J'ai été mené à Contrucci par l'écriture du chapitre 15 de Novel Roman, roman dont l'idée est issue d'une nouvelle lupinienne.
  C'est pendant l'écriture du chapitre 17 que j'ai lu le Vampire, chapitre où l'alchimiste Nolven Amor meurt en tentant de réaliser le Grand Oeuvre. Une coïncidence relatée dans le précédent billet m'avait conduit à faire de ce Grand Oeuvre un retour à un supposé état androgyne primitif de l'homme, or ceci est loin d'être étranger au couple Cybèle-Attis, issu d'un androgyne primitif, Agdistis.
  Agdistis n'a pas été séparé(e) directement en une déesse et un dieu, mais en Cybèle et un amandier dont naît Attis, d'où la passion de Cybèle pour Attis apparaît motivée par le désir de retrouver sa partie perdue.

  Comme je l'ai souvent rappelée, mon intuition sur le schéma de la vie de Jung autour du 4/4/44 m'est venue avant l'aube du 8 septembre 2008, jour qui était aussi le premier jour de l'an pataphysique 136. Par la suite, j'ai appris le nom du docteur qui avait en quelque sorte échangé sa vie avec celle de Jung, Haemmerli, avec
JUNG + HAEMMERLI = 52+84 = 136,
et aussi 52/84 = 13/21, deux nombres de Fibonacci.
  Je découvre que
JEAN CONTRUCCI = 30+106 = 136,
avec deux nombres qui me sont significatifs, car mon choix de l'année 1908 pour Novel Roman est motivé par 1908 égale 18 fois 106, et j'y ai privilégié le partage 30-76 de ce nombre à cause du personnage JEAN-LOUIS (30+76) de Leblanc.

  L'émule d'Attis, Cléophas, a renommé sa femme Cybèle. Pour les enquêteurs, il est le Vampire, or
CYBELE + VAMPIRE = 52+84 = 136.
  J'avais remarqué il y a 4 ans le couple VAMP/VAMPIRE = 52/84.

  La suite de Fibonacci peut apparaître chez Contrucci, car il a à ce jour publié 13 Nouveaux mystères de Marseille, dont Le Vampire est le 8e. 8 et 13 sont consécutifs dans la suite de Fibonacci, et il est appréciable que le 4 avril y soit à l'honneur car le 4 avril est aussi le 13 Clinamen, 13e jour du 8e mois du calendrier pataphysique.
  Voici leurs 13 titres:
    L'Énigme de la Blancarde
    La Faute de l'Abbé Richaud
    Le Secret du Docteur Danglars
    Double Crime dans la rue bleue
    Le Spectre de la rue Saint-Jacques
    Les Diaboliques de Maldormé
    Le Guet-apens de Piscatoris
    Le Vampire de la rue des Pistoles

    L'Inconnu du Grand Hôtel
    La Somnambule de la Villa aux Loups
    Rendez-vous au Moulin du Diable
    L'Affaire de La Soubeyranne
    La Nuit des blouses grises
  Ils comptent 313 lettres, réparties en 193 et 120 pour les 8-5 titres, ce qui correspond au partage d'or idéal de 313.
  Aux 193 lettres des 8 premiers titres correspond le partage d'or 119-74, effectivement réalisé pour le partage fibonaccien 5-3. Je rappelle que les titres 5 et 8 sont ceux où apparaissent les 4 avril.

  Je m'en tiens là pour cette analyse des titres, en soulignant que s'il n'y a rien d'extraordinaire à ce que des titres d'un même auteur aient des longueurs à peu près équivalentes, il n'est pas du tout donné d'obtenir de tels équilibres.
  Je remarque encore le nom du héros de Contrucci,
RAOUL SIGNORET = 67+107 = 174, dont le partage d'or 107,54-66,46 s'arrondit plutôt à 108-66. J'ai parfois recours au rapport voyelles/consonnes, et là on a bien
RLSGNRT / AOUIOE = 108/66.
  J'y note la présence de LNRST / AEIOU = 83/51, le partage d'or des 10 lettres les plus fréquentes en français, magnifié par le recueil Alphabets de Perec.
  J'avais noté un partage analogue des consonnes et voyelles de Sinoué et Halter, les deux auteurs qui ont joué un rôle essentiel dans ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du midi du 4/4/44,
SNHLTR / IOUEAE = 91/56 (= 13/8, et le 4 avril toujours 13/8 du calendrier pataphysique).
  J'avais trouvé plusieurs passages d'Alphabets constituant des anagrammes exactes de Sinoué-Halter, dont certaines sont des énoncés clairs, avec notamment le fabuleux Sait-on l'heure?
  Ici, les lettres du nom du JOURNALISTE (c'est un hétérogramme AEIOULNRST+J) correspondent à un vers d'un onzain en G, + OR, le mot non trivial le plus fréquent dans le recueil. On trouve ainsi plusieurs anagrammes de Raoul-Signoret dans Alphabets, sans énoncé absolument clair, mais Perec lui-même invitait chacun à effectuer ses propres lectures des grilles proposées.
  Plutôt que ELARGITNOUS OR(GUEIL) de la grille 55, je construirais plutôt, à partir du premier vers de la grille 53, Ta guérison, l'or!.

  De passage à Marseille le 22 octobre, je suis allé pour la première fois au Panier, et bien sûr rue des Pistoles, jadis une étroite ruelle, aujourd'hui élargie après l'abattage des maisons côté impair.
  Les petits immeubles aux numéros 14-16 (le 16 joue aussi un rôle dans le roman) ont été érigés avant 1900, et ils sont depuis 1998 occupés par l'atelier de poterie de la charmante Agnès, laquelle ne savait rien du passé imaginé par Contrucci pour son honorable adresse.

  Je rappelle que le prochain billet sera consacré à d'autres romans de Contrucci.

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