31.8.22

et in altaria ego

à Raymond & Jacques

  Depuis longtemps, plus de 50 ans, je m'interroge sur ce qui pourrait différencier le hasard de la coïncidence, comme dirait Claude Lelouch, la coïncidence de la plus-que-coïncidence, comme dirait Robert Graves, la plus-que-coïncidence de la synchronicité, comme dirait Carl Jung. Et il existe d'autres distinctions...
  Si j'ai tendance à privilégier les approches non matérialistes, en partie parce que le matérialisme aveugle est responsable de la ruine annoncée de ce monde, et que l'espoir d'y échapper se situe "ailleurs", j'ai cependant un esprit profondément rationnel et je reviens souvent sur les coïncidences qui m'ont marqué, pour trouver des points communs entre elles, par exemple, ou pour me faire l'avocat du diable.
  Ainsi il m'a fallu près de 40 ans pour relativiser deux coïncidences qui m'ont marqué, et qui ont marqué ceux qui les ont vécues, Jacques Vallée et Raymond Abellio.

  Je citais en 2013 que dans OVNI : La grande manipulation (1979), Vallée conte ses investigations parmi les cultes soucoupistes parisiens, notamment l'Ordre de Melchizedek, selon lequel "Le Seigneur est un extraterrestre"... Peu après, de retour en Californie, il découvre une petite annonce conviant aux offices de l'Ordre de Melchizedek à San Francisco.
  Le 21 février 76, Vallée prend un taxi et conserve le reçu du chauffeur, qu'il regarde plus tard et voit qu'il est signé Melchizedek. La consultation de l'annuaire de LA lui apprend qu'il s'agit du seul Melchizedek de la ville...
  Vallée a été très marqué par l'événement, et il produisait souvent le reçu dans ses conférences, comme celle-ci. Il verse ceci à l'appui d'idées précédemment exprimées dans ses livres antérieurs, à savoir que le phénomène OVNI échappe à l'espace et au temps tels que nous les concevons ordinairement.

  Il m'est apparu ensuite que ce Melchizedek n'est pas surgi ex nihilo pour prendre Vallée dans son taxi. Cette page répertorie 30 personnes nommées ainsi aux USA, plus quelques variantes orthographiques. Si l'un de ces Melchizedek exerçait une activité publique, et un taxi peut effectuer plusieurs dizaines de courses par jour, plusieurs milliers par an, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il ait eu pour client quelqu'un de très concerné par Melchizedek, personnage biblique objet de maintes supputations, pas seulement chez les soucoupistes... La tradition juive l'identifie à Sem, survivant du Déluge, encore en vie du temps de Jacob, identifié à l'un de ses instructeurs (Jacob, "Jacques", s'est établi dans la "vallée" de Sichem lors de son retour en Canaan, puis a conduit les siens vers la "vallée" du Nil).
  Un gourou du New Age a publié ses révélations sous le pseudo Drunvalo Melchizedek, mais peut-être a-t-il choisi ce pseudo à cause de Vallée, ou des cultes soucoupistes...
  Au-delà de Vallée et Melchizedek, on peut penser à toute personne qui serait obsédée par un nom rare, propre ou commun, et qui le rencontrerait dans un autre contexte. Les possibilités sont telles que ça doit arriver relativement souvent, et il est compréhensible que les personnes concernées puissent y voir une influence supérieure, validant leurs thèses.

  C'est la lecture de l'essai d'Abellio, Introduction à une théorie des nombres bibliques (1984), qui m'a conduit à étudier l'hébreu, la Bible, et la tradition juive. J'imaginais alors, naïvement, que Gallimard était un éditeur sérieux, et que des personnes compétentes avaient validé ce texte avant sa publication...
  Mon étude m'a mené à conclure que le système d'Abellio n'avait aucune réalité, mais entretemps je m'étais intéressé à tout ce qu'il avait écrit, et avais été frappé par une anecdote contée dans le Cahier de l'Herne n° 36.
  Abellio se promenait dans un bois proche de Genève en réfléchissant aux propriétés du nombre 13861. Il arriva à un carrefour où était garée une voiture, et son immatriculation était 13861...
  J'ai longtemps considéré ceci comme une "coïncidence absolue", un non-hasard évident, et lorsque le système d'Abellio m'est apparu comme fumeux j'en ai déduit que les coïncidences ne validaient pas les démarches de ceux à qui elles survenaient (ce qui est d'ailleurs proche des conceptions de Vallée qui voit la coïncidence comme une caractéristique du fonctionnement de l'univers).
  Mais on peut relativiser l'anecdote, en supposant qu'Abellio n'avait certainement pas le seul nombre 13861 en tête pendant sa balade, et surtout en ne se limitant pas au seul cas Abellio-13861. Comme vu plus haut pour les mots, il existe quantité de personnes obnubilées par des nombres particuliers, et il y a de multiples possibilités d'apparition de nombres dans la vie quotidienne, d'où la loi des grands nombres prévoit que de telles rencontres peuvent se produire.

  Il serait cependant outrecuidant de conclure que ces deux cas sont obligatoirement de purs hasards. J'ai juste montré qu'une approche rationnelle peut en rendre compte, mais s'il existe de "vraies coïncidences" toute certitude devient problématique.
  Une qualité additionnelle d'une coïncidence pourrait être sa prédiction. Il m'est arrivé à diverses reprises, après une première collision entre deux éléments apparentés, d'attendre une autre occurrence, et de la voir se produire. Je n'ai pas de souvenir précis de ce type, mais trois cas me reviennent d'attente d'un événement improbable qui s'est réalisé :
- je raconte ici comment, après avoir décrété deux ans plus tôt qu'il serait fort improbable que je rencontre une voiture immatriculée 4666 ** 05 dans mon département (04), une telle voiture est venue se garer sous mes yeux devant la poste de mon village;
- et ici comment, étant sûr que je n'avais aucune chance de voir apparaître le mot "trut", je l'ai rencontré le lendemain dans une vieille chanson française;
- ce cas pourrait être proche d'une réelle prémonition : à un moment où j'étais obnubilé par le mot "ana", la lecture d'un roman où une question, posée en bas de page dans une langue inventée, Ne penjh ka ehn ?,  m'a fait penser que "ana" pourrait apparaître dans cette langue; j'ai tourné la page, et trouvé la réponse, Do, kojh ito anah (kojh ito fait probablement allusion au cogito cartésien).

  On peut d'ailleurs se demander si la prémonition n'est pas en rapport avec la synchronicité, définie par Jung comme la concomitance d'un état mental et d'un phénomène extérieur. Le phénomène extérieur vient-il en résonance avec l'état mental, ou celui-ci est-il une intuition du phénomène ?

  La vérifiabilité est un critère important. Il existe des tas d'ahurissantes coïncidences qui ne reposent que sur les dires d'une seule personne. Si un état mental intervient, c'est fort difficile à prouver...

  La rareté est un autre critère, et mieux encore la rareté d'une coïncidence entre deux éléments eux-mêmes rares, sinon uniques. Je m'explique avec le cas Epstein-Rapilly sur lequel je suis souvent revenu.

  En février 2017, j'ai remarqué dans la revue Formules n° 9 (2005) le texte Ecrire en colonne de Cyril Epstein, s'achevant sur un "roman", une grille de 9x9 lettres dont la lecture horizontale, fort obscure, n'est guère éclairée par les 7 pages d'introduction.
  Les première et dernière colonnes livrent des messages immédiats, Girare Roi et Anagramme. Ceci m'a conduit à examiner la colonne centrale, et voir que ses lettres OMNNMREOP étaient l'anagramme parfaite de Nom Prénom. Contacté, Cyril m'a affirmé que cette anagramme n'était pas intentionnelle, alors qu'il était important pour lui que la lecture horizontale contienne un prénom, Manon, et un nom, Wagner.

  4 mois plus tard, en juin 2017, j'ai été conduit à rouvrir un livre d'un colistier oulipote, El Ferrocarril de Santa Fives de Robert Rapilly (2011), et à y prêter attention à l'un des poèmes, repris dans le rabat de la couverture. C'est une grille de 9x10 lettres, construite pour faire apparaître des messages en première et dernière colonnes, mais j'y ai vu dans la colonne médiale NOMOPINMRE l'anagramme de NOM-PRENOM + I. Robert a aussi démenti toute intentionnalité ici, mais le prénom et le nom du presque unique personnage du livre sont de première importance pour lui, Manuel Mauraens.
 
  Il faut lire entre les lignes du texte de Cyril pour comprendre qu'il fait allusion à la Shoah, et aux wagons des déportés. Je présume qu'il n'existe que ces deux grilles "ferroviaires" de 9 lettres de largeur conçues pour faire apparaître des messages dans leurs rails latéraux. Et ces deux grilles font involontairement apparaître dans leurs colonnes centrales les lettres NOM PRENOM, significatives dans chaque cas. Voici pour le cadre unique; quant à la coïncidence supplémentaire de l'anagramme de NOM PRENOM dans les colonnes centrales, involontaire qui plus est, il est fort peu probable de trouver dans un texte linéaire, horizontal, une telle séquence anagramme, hormis bien sûr cette forme immédiate NOM PRENOM. Il n'y a donc que dans un texte à contrainte, une grille par exemple, que cette séquence puisse apparaître (j'avais évalué à 1 chance sur 30000 pour la grille de Cyril).

  Il y a quelque peu davantage, car dans ce numéro 9 de Formules où Epstein a signé sa seule collaboration, il y a aussi la seule participation de Rapilly à la revue, avec trois grilles de lettres, mais Robert m'a assuré n'avoir fait que survoler le texte de Cyril, et n'avoir pas regardé de près sa grille.

  Incidemment, le texte de Cyril, commentaire d'une carte postale de la Grande Guerre (14-18), se conclut par une réconciliation entre Allemands et Français grâce à la musique, aux opéras de Wagner et à Manon de Massenet. J'écris ceci le 24 août, et l'épisode de ce matin de Un été avec Jankélévitch, sur France-Inter, concernait le refus du philosophe-musicologue de pardonner le peuple allemand dans son ensemble, jusqu'à renier la philosophie allemande.

  Mon expérience m'a enseigné qu'une "vraie coïncidence" a de multiples échos, en aval avec les autres grilles sur lesquelles je suis souvent revenu, et aussi en amont. J'expliquais en juin 2017 ce qui m'avait amené à rouvrir le Ferrocarril de Robert, et je le reprends en bref:
- Mon billet précédent était en partie consacré à un roman d'Adler-Olsen où une secte était dirigée par un gourou nommé Atu Abanshamash, "Atu" étant une autre forme du dieu sumérien du soleil, Utu.
- Le 2 juin, Robert a donné sur la liste Oulipo un palindrome centré sur Utu (autre version sur son blogue). Il ne devait rien à mon billet de mai, qu'il n'avait pas lu.
- La coïncidence me fit enquêter sur Utu, et découvrir que c'était le titre d'un polar de Caryl Ferey (ou utu signifie vengeance en maori).
- Ferey Caryl me fit penser à ferrocarril, et au roman de Robert.
- Utu a eu le prix SNCF du polar, alors que le roman n'a aucun rapport avec les chemins de fer...

  Bref de multiples possibilités auraient pu me conduire à la reprise du roman de Robert, mais elle s'est faite grâce à la conjonction du Atu d'Adler-Olsen et du Utu de Robert, et ce peu après la découverte du NOM-PRENOM dans la grille de Cyril. Avant, ç'aurait été inutile, et quelques mois plus tard je n'aurais peut-être pas fait le lien entre les deux grilles.
  Il s'y ajoute que le mot SOLEIL est présent dans la grille de Robert, MOON dans celle de Cyril. Ceci m'a conduit à divers échos, dans d'autres grilles notamment.

  Il y a du nouveau, avec les aelindromes évoqués dans le précédent billet, imaginés par l'Anglais Anthony Etherin. Etherin a publié en 2021 The Utu Sonnets, une série de 7 sonnets contraints, accessible en ligne.
  Y sont mentionnés 43 divinités issues de divers panthéons, sumérien, égyptien, grec, latin. Les premiers noms donnés sont Utu, dieu du soleil, et Inanna, autre nom d'Ishtar, déesse de la beauté correspondant à Aphrodite ou Vénus.
  Il se trouve que j'avais vu la 3e colonne de la grille de Cyril, RAMANNANI, pouvoir se renverser en Inanna Mar(duk), Marduk étant le parèdre d'Ishtar. La communication est difficile avec Cyril, lequel, d'après ce que j'ai compris, n'a pas non plus programmé cette lecture.

  Les sonnets d'Etherin sont introduits par un palindrome monovocalique débutant et se terminant par Utu (qui ne doit évidemment rien au palindrome de Robert) :
Utu, sun rubs us.
Dusk cuts.
Dumb mud, stuck, suds us.
Burn us, Utu....
    Les sonnets sont tous anagrammes l'un de l'autre, composés des mêmes 384 lettres. Les deux derniers sonnets sont un palindrome normal, Lost Sol, et un palindrome de digrammes (ou 2-aelindrome), Rest, Luna Lustre.
  Lorsque la liste Oulipo a abordé les aelindromes en 2019, Robert a proposé les 8 et 9 février (voir le billet suivant sur ces nombres 8 et 9) deux 2-aelindromes basés sur les mots soleil et lune (qui ne doivent évidemment rien aux futurs palindromes d'Anthony) :
Duo ramille s’ourle, vole
de Dior à soleil émergé.
Erg ! mêlée Io la sordide,
le voleur soleil a mordu.

L’âne Lubin a
de l’océane lune de dune
lancé l’ode nabi :
lune là !
  J'y remarque dans le premier Io, aussi présente dans la grille de Cyril.

  Le premier des sonnets Utu a une contrainte assez simple, chaque vers débute par la lettre O :
 

  J'ai livré tout le sonnet pour donner une idée de l'art d'Etherin, mais ce qui m'y a frappé est Utu's altar au vers 12, "l'autel d'Altar".
  Le mot "autel" m'est devenu important en novembre dernier, lorsque je me suis intéressé à l'interprétation du carré SATOR par Nicolas Vinel, lequel y distingue, après une translation des lettres,


ara aerea, "autel d'airain" et serpens aerea, "serpent d'airain", deux formules éminemment significatives dans le judaïsme.

  Le même mois, je me suis avisé qu'un roman de Tobie Nathan débutait par la dépose de débris humains sur l'autel de l'église Ste Rita, ce qui pouvait se lire ara Rita, évoquant l'acronyme hébraïque ARARITA, avec de nombreux échos.
  Quelques jours plus tard, je m'avisai que ARARITA était composé des mêmes lettres que TAR-I, une coïncidence que j'ai remarquée après coup entre deux de mes créations à contraintes, le SONÈ de 2004, composé de deux carrés de lettres, où le mot TARI du message principal se partageait en TAR-I entre les deux carrés, et les dix grilles 10x10  ESARTULINO de 2010, reposant sur une formule de départ gouvernant l'ensemble de la série, SONLIEURAT, son lieu, rat, allusion à une définition de l'écrivain à contrainte, un rat qui construit le labyrinthe dont il lui faudra sortir. Mes contraintes imposaient des diagonales SONE, et une symétrie dans la formule de départ, où SON est séparé de E, la symétrie étant donc TAR-I.
  Le jour même, le 8 décembre, où je fis ce rapprochement entre ARARITA et TAR-I, Robert publia un texte sur la liste Oulipo, un carré de 16 lettres,
C A N A
L T A R
I C I A
M O R T
dont la lecture horizontale livre canal tari, ci à mort, où le partage en deux moitiés coupe TARI en TAR-I.
  La lecture verticale, climat con, air à rat, s'achève sur AIRARAT, parfaite anagramme de ARARITA, formule qui selon Crowley désigne l'anagramme.
  Si j'avais mentionné la possibilité de lire altar, "autel" anglais, je n'avais pas souligné que le nouveau partage amenait au mot can, "boîte", "contenant", toujours en anglais. Originellement, l'autel d'une église chrétienne contenait une relique sacrée, un os de saint souvent (ICI il y A un MORT).

  Bien qu'étant revenu peu après sur cette coïncidence ARARITA-TARI, je n'ai pas pensé à citer mon carré 11x11 de 1998, dont chaque ligne était ESARTULINO plus une lettre, débutant par Raison-autel. Au départ, les lettres R et A étaient imposées aux rangs 1 et 7, débuts des lectures diagonales ROSENCREUTZ et ARSENELUPIN, et j'avais été satisfait de ce Raison-Autel, calqué sur Santé-Palace, titre d'un chapitre de 813, et sur l'expression "sacrifier sur l'autel de la raison".
  Ce n'est qu'aujourd'hui que je m'avise que cet autel peut faire écho à la valeur totale du carré, 1604, année de découverte du tombeau de Rosencreutz, et total de la valeur des inscriptions de son autel (Rosen-autel ?).

  Je ne comprends pas comment je n'ai pas pensé illico au lien RAT entre son lieu rat et air à rat. J'ajoute que Rat signifie "conseil" en allemand, donnant Rathaus, "hôtel de ville" ("maison du rat"...).
  Air à rat peut s'entendre "aire à rat" ("lieu du rat"), ou "aire ara"; "aire" vient du latin area, et Varron liait les mots ara et aera.
  Râ est l'un des dieux choisis par Etherin, équivalent égyptien de Utu.

  Et in altaria ego devait être le titre du précédent billet, prévu pour être consacré aux échos entre les créations de Robert et mes élucubrations, mais les rebonds provoqués par ses textes de valeur 666 ont été tels que j'ai modifié mon plan.
  Je n'ai même pas épuisé ces textes, et voici le palindrome de 66 lettres de valeur 666 que Robert a posté sur la liste Oulipo le 20 octobre 2010 :
Ana ta sorte
Réda vénéra le diable
Tua osso
Autel bai de l'arène
Vade retro Satana !
  A noter l'autoréférence Vade retro... Ce Réda est-il l'écrivain Jacques Réda, notamment préfacier du Cachet de la poste de mon ami Le Goff, ou le chanteur Réda Caire, dont ce spectacle Ma vie à l'envers augure d'une propension au palindrome ?

  J'ai remarqué le mot autel dans ce texte, et un autre palindrome de 66 lettres de valeur 666 a été posté par Robert le 23 août 2018, contenant le mot ara (mais il s'agit de l'oiseau tupi plutôt que de l'autel latin) :
L’ara bélître
fera perpétuel bloc :
net effet en col bleu
te prépare fertile bar, Al !
  Le mot ana débutant l'autre palindrome de Robert me rappelle quelque chose. Gef, dont il était question dans le précédent billet, teste les contraintes logiques sur quelques textes sources, dont la Bible, selon la traduction de Louis Segond (auquel nous devons la valeur 666 de la phrase de l'Apocalypse évoquant le nombre, citée dans le précédent billet). Les résultats significatifs sont évidemment rares, et limités, mais j'ai remarqué ce verset de l'Exode (40,8), livrant selon le code Ana (seules sont considérées les médiales des mots contenant un nombre impair de lettres) :
Tu placeras le parvis à l'entour, et tu mettras le rideau à la porte du parvis.
  Les médiales forment le mot ALTAR ("autel" en anglais ou latin tardif), et le passage concerne les autels du tabernacle dont il est question dans les versets précédents, et c'est bien le mot altar qui apparaît dans la version anglaise.

  Il y a quelques jours, Gef a trouvé le mot ETRE codé en morse dans le poème de Hugo Ame, Etre c'est aimer :
Limités, vous prenez Dieu pour l'autre hémisphère.
Mais lui, l'Etre absolu, qu'est-ce qu'il pourrait faire
D'un rapport ? L'innombrable est-il fait pour chiffrer ?
Non, tout dans sa bonté calme vient s'engouffrer.
  Les points et traits de la ponctuation coderaient, vers par vers:
. E - T ?-? R . E
  Le quatrain trouve un sens autonome, et il contient le mot ETRE.

  Hugo est une mine pour les chercheurs, et Robert a trouvé il y a près de 10 ans que le quatrain initialement prévu pour ouvrir Feuilles d'automne, juste avant Ce siècle avait deux ans, avait pour valeur 1802.

  Il serait intéressant d'étudier les occurrences du mot "autel" chez Hugo (Pas un autel sur terre, hélas! n'est sans remords.), mais je veux conclure avec un cas plus personnel.
  J'ai abandonné en 1999 l'écriture de Novel Roman, pour lequel j'avais prévu le Raison-autel, lorsque JB Pouy m'a proposé d'écrire un roman pour une collection inadaptée à mon projet, aussi j'ai exploité dans Sous les pans du bizarre mes découvertes sur les Bucoliques de Virgile.
  J'avais notamment vu un schéma numérique quaternaire des 9 premières Bucoliques dont l'architecture symétrique autour de l'églogue centrale 5 avait déjà été remarquée. Mon idée s'appuyait sur une formule de cette églogue centrale:
En quattuor aras : ecce duas tibi, Daphni, duas altaria Phoebo. Voici quatre autels, deux pour toi, Daphnis, deux autels pour Phébus.
  Pourquoi deux autels pour chacun ? Le Daphnis honoré dans cette églogue de 90 vers serait Caesar, dont la valeur numérique en latin est 45. Deux autels pour Caesar = 90.
  Phébus est un autre nom d'Apollon, dont le vocatif grec, Απολλον, a pour valeur numérique 331. Deux autels pour Apollon = 662, et les 8 autres églogues totalisent 662 vers.

  Selon l'anagramme d'Olivier Garcia,

l'œuvre à contraintes = nous raconte la vérité
mais l'anagramme nous apprend aussi que
LA VERITE est RELATIVE...

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