20.9.19

devine qui vient illuminer


  Une parution récente a attiré mon attention, Le gène Atlantis de AG Riddle. C'est en fait le premier volet d'une trilogie US, originellement paru en 2013.
  Je suis preneur de thrillers génétiques, et feuilleter celui-ci, avec en première attention sa structure, m'a appris qu'il avait 144 chapitres, ce qui me motiva pour débourser le prix plutôt modique de ce pavé de 600 pages. Car 144, c'est un nombre de Fibonacci, et j'examine de près tous les livres chapitrés Fibo...

  Bon, ce bouquin est à mon sens une catastrophe, malgré son n° 1 des ventes annoncé. Les scènes d'action me fatiguent souvent dans les films, mais ça devient franchement assommant dans les livres, surtout quand comme ici les bagarres traînent sur des dizaines de pages...
  J'ai tout de même lu avec un peu d'attention, en zappant les bagarres, après avoir vu le découpage du livre en 3 parties de 39-55-50 chapitres. Des coïncidences récentes m'ont porté à prendre en compte l'idée du luthiste Guy Marchand, pour lequel un rapport d'or valide dans un ensemble A-B-C est B/(A+C). Juste après avoir vu une application de cette idée pour la fugue BWV 544, je suis tombé sur le roman Passage de Connie Willis en 18-23-19 chapitres, avec 23/37 constituant un bon rapport d'or. De plus, les nombres 23-37-60 concernés apparaissent aussi dans les études sur les NDE, sujet de Passage.

    Donc 55/(39+50), ou 55/89 est un parfait partage doré, de plus fibonaccien. Le sujet du livre est en principe la génétique, or Jean-Claude Perez a consacré de nombreux écrits à ses travaux sur une répartition dorée des bases de l'ADN, notamment selon Fibonacci. Comme je l'ai déjà indiqué, j'admire son travail, mais je ne peux le suivre dans son interprétation, d'abord parce que j'ai rencontré des harmonies dorées ailleurs, dans des circonstances qui me semblent totalement ininterprétables. Par ailleurs, j'ai jadis été attiré par la biochimie, mais l'approche de cette science à l'époque était inacceptable pour ma rationalité, et j'ai choisi la voie de la chimie pure, laquelle n'a d'ailleurs pas satisfait mes désirs... J'en ai parlé dans ce billet, à propos d'une nouvelle de Sturgeon prédisant étrangement la théorie de la panspermie dirigée.
  Je suis néanmoins toujours les progrès en biochimie. Les dogmes qu'on m'avait enseignés en 70 ont été balayés, et les nouvelles découvertes ont apporté de nouvelles complexités à la machinerie du vivant, de nouveaux défis à la compréhension de comment tout ceci a pu arriver. Une nouveauté essentielle est ce qu'on a appelé le "génie génétique", l'ingénierie génétique plutôt aujourd'hui, la possibilité de transformer le vivant alors que ce vivant est encore largement inconnu...

  La théorie des mondes multiples peut rendre compte de cette extrême improbabilité que représente la vie. Le monde subatomique est régi par la mécanique quantique où le hasard a une part importante, mais il a été imaginé qu'il n'y avait pas de "pile ou face", mais "pile et face", chaque possibilité étant actualisée dans un nouveau monde, sans qu'un observateur perçoive de discontinuité.
  C'était déjà dingue dans la formalisation d'Everett pour lequel les lois physiques demeuraient constantes dans ces multivers, mais certains théoriciens prévoient maintenant d'autres niveaux de multivers où toutes les lois sont possibles...
  Il paraît que cette théorie a séduit une majorité de théoriciens. Si je n'ai aucun argument logique à lui opposer, je constate qu'elle est désespérante et totalement démotivante. Puisqu'elle résout toutes les questions, à quoi bon s'en poser? Je me désole particulièrement de ce que les découvertes de gens qui comme moi décèlent des anomalies dans l'ancien paradigme, en voie d'être perdu, pourraient être utilisées comme confirmations des multivers.

  Le roman de Riddle ne dit que quelques mots de ces problèmes essentiels. En bref, ce seraient les "Atlantes" qui auraient amené la vie sur Terre, ou du moins les gènes nécessaires à l'apparition de l'intelligence humaine. Les Atlantes avaient des bases sous-marines, une à côté de Gibraltar, l'autre sous l'Antarctique, mais communiquant ensemble d'une mystérieuse façon. Tout n'est pas révélé dans ce premier volet, j'imagine que l'auteur en a gardé sous le coude pour les suites.
  Il y avait des humains qui partageaient le secret de leur création avec les Atlantes, les Immaru, dont le groupe a perduré jusqu'à nos jours dans l'Himalaya. Un groupe dissident s'est formé, les Immari, lesquels craignent la science des Atlantes et veulent être prêts à les combattre à leur retour. Tout ça est un peu compliqué car dans chaque camp il y a des traîtres et des manipulateurs...

  Le roman suit de près 4 personnes. Du côté des Immari, les "mauvais", leurs chefs Dorian Sloane et Martin Grey (Dorian Gray?, Martin Gray?) entreprennent une vaste opération pour contrôler l'ensemble de la planète.
  Du côté des "bons", il y a Kate Warner (c'est le nom d'une Jack Bauer girl), médecin qui met toute son énergie et sa compassion dans un institut de recherche sur l'autisme à Djakarta, sans savoir que ce programme est commandité par les Immari, en vue de sélectionner des gènes résistants à une arme atlante, la Cloche (qui aurait aussi fait l'objet d'expériences par les nazis). L'autre "bon" est David Vale, le "soldat", qui arrive à échapper aux hordes des Immari, à comprendre leur objectif secret, s'emparer de Kate Warner, et à mettre celle-ci en sécurité.
  Ceci occupe toute la première partie, succession de bagarres diverses. Dans la seconde partie, la narration suit essentiellement Kate et David, le plus souvent réunis, certains chapitres revenant aux Immari, où à des nouvelles du monde. J'ai bien sûr eu la curiosité de dénombrer les types de chapitres, et il y en a 34 Kate-David pour 21 autres, encore Fibonacci parmi ces 55 chapitres au coeur des 89 chapitres des parties 1 et 3.
  Il n'y a pas ici de régularité dans la distribution des chapitres. Après de nouvelles bagarres avec les Immari, Kate et David sont sauvés par les Immaru, en sécurité dans leur sanctuaire de l'Himalaya. Ils y découvrent le journal de Patrick Pierce, un sapeur blessé sur le front en 1917, soigné à Gibraltar, et prié dès sa convalescence de participer à un programme de fouilles sous-marines. Ce journal occupe l'essentiel des 14 derniers chapitres Kate-David de la seconde partie.
  Pierce y conte sa découverte de l'Atlantide méditerranéenne, endroit étrange où temps et espace sont bouleversés. Kate et David s'y rendent dans la dernière partie, riche en révélations. Ceux qui ont visité cette Atlantide vieillissent très lentement, ainsi Pierce est toujours présent sur place, ainsi qu'une compagnie de Waffen SS. David n'est autre que le propre fils de Pierce, né en 1918, et sauvé de la mort par son transport en Atlantide. Sloane et Grey sont aussi des membres de cette première expédition; quant à Kate, elle a des gènes atlantes selon une hérédité que je n'ai pas bien comprise...

  Tout ça est un peu confus, et je n'ai guère envie de lire en anglais les deux autres volets de la trilogie. Si je me suis accroché, c'est que j'ai vite vu certaines ressemblances avec le second thriller de Nicolas d'Estienne d'Orves (NEO), Les derniers jours de Paris, paru en 2009 mais il me semble peu probable que Riddle ait pu s'en inspirer car le roman n'a pas été traduit en anglais.
  Je n'ai pas été tendre non plus avec ce roman où il est demandé d'accepter qu'il puisse exister un continent inconnu sous Paris, la mythique Arcadie, peuplée d'hominidés civilisés envisageant de noyer Paris en restant au sec dans leurs profondeurs...
  On trouve de multiples références sur des parallèles entre Arcadie et Atlantide, voire sur une même origine à ces mythes (pour les hypothèses "raisonnables").

  Il y a deux héros dans ce roman, Sylvain, 34 ans, et la jeune Trinité, 13 ans, lesquels tentent d'enrayer la catastrophe qui menace Paris, et qui s'avèrent tous deux être des hybrides entre Humains et Arcadiens. Le roman est aussi en 3 parties, le première de 55 chapitres, alternant 34 chapitres d'une narration suivant Sylvain et 21 chapitres du récit à la première personne de Trinité. Le dernier chapitre de cette partie est marqué par leur rencontre, et la narration les suit ensemble pendant une seconde partie de 34 chapitres.
  13-21-34-55-89-144: je crois que ni NEO ni Riddle n'ont consciemment utilisé la suite de Fibonacci... L'énigme se drape de vertige en constatant le parallélisme des intrigues obéissant à un même schéma:
- une première partie où l'on suit séparément le héros et l'héroïne, se rencontrant à la fin, alors qu'un péril lié à une race extra-humaine menace;
- une seconde partie où l'on suit le couple maintenant formé, luttant contre ce péril;
- les deux héros ont du matériel génétique commun avec la race extra-humaine.

  J'avais lu Les derniers jours de Paris après le thriller suivant de NEO, L'enfant du premier matin, où j'ai aussi vu une structure remarquable, sans être aussi immédiatement fibonaccienne.
  Certans personnages de ce roman traversent le temps sans vieillir, comme les "Atlantes" de Riddle, et ceci est aussi lié à une communauté de sages installée sous l'Himalaya, comme les Immaru (mais c'est le vieil autre mythe de l'Agarttha).
  Chez Riddle comme chez NEO sont données des interprétations du Onze Septembre en écho à leurs intrigues respectives.

  J'ai étudié sur Quaternité divers romans au chapitrage fibonaccien. Je passe sur divers "34 chapitres", nombre un peu faible qui doit concerner des centaines d'ouvrages,  pour en venir aux seuls 55 et 89 dont je me souviens.
    89, c'est Pilgrim, en 1 Prologue, 6 parties de 21-13-14-13-13-13 chapitres, et 1 Epilogue, 89 éléments en tout donc. C'est çoeur dp qui m'a fait découvrir ce roman en septembre 2008, juste après ma découverte de l'harmonie de la vie de Jung autour du 4/4/44, ce roman dont les deux personnages sont Pilgrim et Jung. Comme je ne connaissais pas alors le nom du médecin qui serait mort à la place de Jung en 1944, je n'avais pu rapprocher ce couple
PILGRIM/JUNG = 84/52 = 21/13 de
HAEMMERLI/JUNG = 84/52 = 21/13.
  Non seulement le roman a-t-il un nombre d'éléments fibonaccien, mais ses deux premières parties ont 21 et 13 chapitres. Je n'y reviens pas, renvoyant à mes précédents commentaires.

  L'autre roman est  Le chemin de la lumière, directement lié à ma découverte de septembre 2008. La lecture en août des Silences de Dieu, polar métaphysique faisant intervenir explicitement le nombre d'or, m'a fait lire d'autres romans de Sinoué, et ma découverte est intimement liée à Des jours et des nuits, dont un personnage est aussi Jung. L'intrigue est liée à la catastrophe de Théra, et à la disparition de la civilisation minoenne, ce qui m'a aussitôt évoqué les polars "minoens" de Paul Halter, notamment Le chemin de la lumière et Le géant de pierre.
  Le premier compte 55 chapitres, répartis en deux parties de 13 et 42 chapitres, la seconde partie offrant une division évidente en 21 et 21 chapitres. Le "chemin de la lumière" y est une réplique d'un objet réel, le Kernos à 34 cupules de Milia.
  J'ai quelques commentaires à ajouter, d'abord que le mythe de l'Atlantide est souvent associé aux diverses catastrophes qui ont frappé la civilisation minoenne. L'Arcadie est aussi vue comme une région de Crète.
  Par ailleurs les Immaru et Immari de Riddle doivent leur nom au mot sumérien immaru, signifiant "lumière".

  A propos d'Atlantide, j'ai commenté en décembre dernier le roman de Bernard Werber, La Boîte de Pandore, dont le héros découvre que sa première incarnation a été un Atlante. Le roman est en trois parties, dont une de 55 chapitres qui m'avait fait évoquer Le chemin de la lumière.
  J'avais pu trouver un sens à chacune des répartitions de ses 3 parties de 37-42-55 chapitres. Je vois aussi une possibilité fibonacienne au partage 39 et 55+50 chapitres du Gène Atlantis:
39 = 3x13
105 = 5x21 (3+5=8; 13+21=34; encore 6 Fibos consécutifs).

  L'an dernier est paru un thriller basé sur la génétique, La Séquence, de Stefan Catsicas, neurobiologiste suisse. J'avais acheté, mais en avais rapidement interrompu la lecture, lassé par les longues scènes de bagarre.
  Je l'ai repris après le Gène Atlantis, et il y a des ressemblances entre les deux romans. Il est d'ailleurs tout à fait possible que Catsicas ait lu Riddle, qui a tardé à être traduit en français, mais les ressemblances tiennent surtout à l'abondance des bagarres.

  L'argument est un peu plus scientifique que chez Riddle. Daniel Fox vient de recevoir le prix Nobel pour sa découverte de la séquence d'ADN qui aurait permis l'hominisation, le passage à la pensée évolutive, à la civilisation... Cette Séquence agirait d'abord par sa structure tertiaire possédant une activité enzymatique, ce qui rejoint certaines hypothèses sur l'énigme de l'apparition de la vie que je ne développerai pas.
  Le prologue montre la Séquence être venue de l'espace, dans un nuage de lumière...
  Cette Séquence de quelque 3000 bases est remarquable en ce qu'elle est invariante, alors que les séquences codant pour des protéines sont soumises à des mutations. Fox a cependant gardé pour lui une information dont il n'est pas sûr qu'elle n'ait pas été un artéfact, la découverte d'un échantillon avec une base thymine remplaçant la cytosine. Or le moment où il reçoit le Nobel coïncide avec la révélation qu'il existe d'autres cas, avec T remplaçant C en même position, concernant de plus des personnalités de premier plan, avec de l'ADN d'Akhenaton, de Jésus...
  Le roman s'achève sur un coup de théâtre, mais ici encore une suite est prévue...

  Pas de structure fibonacienne, mais j'ai remarqué la composition de l'équipe de Fox, 21 personnes, dont 5 doctorants et 8 postdoctorants (page 79).

  J'ai tilté en repérant sur une même page (137) de La Séquence les mots "Ciénaga" et "taxi".
   J'ai parlé ici d'une coïncidence survenue à Jacques Vallée alors qu'il se préoccupait de groupes soucoupistes se réclamant de Melchizedeq. Devant donner une interview à la station KABC, 3321 S La Cienega Blvd, Los Angeles, il prend un taxi et conserve le reçu du chauffeur; il le regarde plus tard et voit qu'il est signé Melchizedek.
  Ceci a eu une profonde influence sur Jacques Vallée, lequel montre souvent le reçu lors de ses conférences.
  Je suis certain de ne pas avoir vu depuis 2013 le mot cienaga, ou cienega  autre orthographe d'un mot signifiant "marais", et il s'agit chez Catsicas d'une ville de Colombie, tandis que son taxi emmène un protagoniste à l'hôtel Waldorf de New York.
  Pas de Melchizedek ici, mais un peu plus loin, page149, il est émis l'idée que Akhenaton et Abraham aient été un seul et unique personnage. C'est une thèse rejoignant l'idée que les Juifs aient emprunté le monothéisme aux Egyptiens, ou du moins à Akhenaton.
  Un curieux épisode biblique est la rencontre entre Abraham et Melchizedek. Une recherche que je n'ai guère envie d'approfondir mène à ce livre où Melchizedek semble identifié à Meryre, prêtre d'Akhenaton.

  Voilà pour ce 289e billet de Quaternité, dont le titre a comme il se doit la valeur 289 (avec une allusion à l'anglais riddle, "devinette". C'est aujourd'hui le 11e anniversaire de la création du blog.

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