4.12.18

Arsène Lupin et Jim Barnett

  J'ai évoqué récemment Le retour d'Arsène Lupin, de Frédéric Lenormand, paru le 10 octobre dernier, faisant notamment coïncidence avec Novel Roman parce qu'il se passe en 1908.

   Un autre roman qu'il m'a semblé devoir lire est paru en octobre 2018 (le 4), le Werber de l'année, La boîte de Pandore.
  J'ai jadis rencontré une curiosité dans ses Thanatonautes, la section 216 donnant quelques noms des 72 anges "de la kabbale", noms que je savais avoir été composés à partir d'étonnants versets bibliques successifs de 72 lettres chacun (Ex 14,19-21), 216 lettres en tout.
  Je connaissais déjà une remarquable coïncidence à propos de ces anges et du nombre 216. Je n'en connais pas de mention antérieure au Zohar, or dans l'édition de référence du Zohar, la liste des 72 combinaisons de 3 lettres est donnée page 216 (ou folio 108b), voir ici.

  Je me souviens de ma première ascension du pic d'Oise, près de Digne, le 23 octobre 2007. En grimpant, je lisais La révolution des fourmis, que je venais d'emprunter à la médiathèque, et y découvrais avec stupéfaction une structure palindrome sophistiquée.
  Le roman se partage en deux récits alternés, chez les humains et chez les fourmis, évoluant de façon parallèle mais passant par des phases en ordre inverse, ce qui permet une remarquable symétrie des 245 sections numérotées (ou chapitres) du livre, avec des titres parfois identiques, et souvent en immédiate corrélation.

  Ceci ne semblait qu'un premier pas, car la répartition de ces sections en 4 parties, Coeur, Pique, Carreau, Trèfle, était visiblement choisie parce que TREFLE est l'anagramme de REFLET, et que le CARREAU reflète...
  Ces 4 parties comptent 60-62-71-52 sections. Le dernier nombre correspond probablement au jeu de 52 cartes, et j'ai tenu pour certain que les 62-71 centraux étaient une signature de l'auteur,
BERNARD + WERBER = 62 + 71, un nom possédant une symétrie partielle, BER...BER (et je crus distinguer des sous-groupes dans ces parties correspondant aux 4 syllabes BER-NARD-WER-BER).
  Pour les 112 autres sections, j'avais envisagé d'en faire 113 en y adjoignant la citation d’Edmond Wells en exergue,
« 1 + 1 = 3 (du moins, je l’espère de tout mon cœur) »,
possible section 0 (113 au lieu de 112, 1+1=3 au lieu de 1+1=2).

  J'ai entrevu d'autres niveaux de sophistication dans le roman, sinon dans la trilogie des Fourmis, et les ai exposés dans Rewerberations, que je pus remettre à l'intéressé quelques jours plus tard.   

  Bien sûr la structure en miroir de La révolution des fourmis était intentionnelle, mais c'est moi qui ai appris à Werber que la valeur de son nom était 71, que les noms des anges de la kabbale venaient d'un passage biblique de 216 lettres, etc., etc.

  Ceci m'a conforté dans mon soupçon qu'un effort de structuration de l'écriture peut entraîner des effets imprévus, et j'ai continué à jeter un oeil sur les parutions de Werber, sans guère y trouver matière à rebondir, jusqu'à aujourd'hui.
  Avant de lire un quelconque livre je regarde d'abord sa structure, en 134 chapitres pour La boîte de Pandore, alors que les romans de Werber dépassent souvent les 200 chapitres (ou sections).
  134 est d'abord pour moi la valeur d'ARSENE LUPIN, significative car un de mes premiers pas dans la gématrie "moderne" a été en 1996 le constat d'une certaine redondance du nombre 134 dans l'oeuvre de Maurice Leblanc, tel quel ou implicite dans les divers cryptogrammes affectionnés par l'auteur

  La boîte de Pandore, c'est l'accès aux incarnations précédentes d'une personne, et le héros du roman, René Toledano, découvre grâce à l'hypnotiseuse Opale un accès privilégié à ses vies antérieures. L'expérience se présente comme l'ouverture d'une porte, derrière laquelle il y a un couloir, avec des portes numérotées. Dans le cas de René, ces portes sont numérotées de 1 à 111, ce qui signifie que son âme est actuellement dans sa 112e incarnation.
  112 m'est aussi significatif dans le cadre lupinien, car c'est la valeur de JIM BARNETT, l'une des multiples identités d'Arsène. Il y a tant d'identités de Lupin que ceci ne pourrait guère être considéré comme une coïncidence si, 6 jours après la parution de La boîte de Pandore, n'était paru Le retour d'ARSENE LUPIN (=134), où Lupin apparaît en tant que JIM BARNETT (=112).
Note de 2020: Werber conte ici comment une voyante lui a assuré en 1997 qu'il était dans sa 112e incarnation.
  Ceci m'a ouvert a quelque chose que j'aurais pu voir bien avant, mais il y fallait peut-être ce déclic.
  Début 1997, je me suis extasié de constater que le sonnet de Perec Vocalisations, version sans E des Voyelles de Rimbaud, comptait 112 mots de valeur totale 6272, soit 112 fois 56, avec de multiples relations afférentes.
  A l'époque, le nombre 6272 m'a d'abord évoqué
ARSENE LUPIN = 62 72, d'autant que mes premières trouvailles gématriques associaient Perec et Leblanc, avec par exemple l'architecte du 11 rue Simon-Crubellier nommé Lubin Auzère, un nom qui peut rappeler quelqu'un, d'autant que
LUBIN AUZERE = 58+76 = 134 = ARSENE LUPIN.

  S'il m'était alors venu d'associer JIM BARNETT et ARSENE LUPIN, j'aurais pu constater que
JIM+ARSENE / BARNETT+LUPIN = (32+62)/(80+72) = 94/152 = 47/76,
soit PEREC / GEORGES, avec 47 et 76 nombres de Lucas, offrant un excellent rapport doré (47/76 = .618421..., tandis que les premières décimales de Phi sont .618033...) Je remarque au passage que le nombre d'or revient à plusieurs reprises dans l'oeuvre de Werber, avec sa première apparition dans La révolution des fourmis, précisément. L'héroïne de la trilogie des Fourmis, 103 683e (diminutif 103e) a pour numéro d'ordre une permutation ordonnée de ces décimales 618033, mais ce n'était pas intentionnel.

  Le découpage des 112 mots de Vocalisations amène quelques parallélismes avec JIM BARNETT:
- le premier quatrain compte 32 mots, JIM;
- le second quatrain 35, BARN;
- le premier tercet 25, ET;
- le second tercet 20, T.
  Il y a moyen de détacher les initiales JB, car le premier vers, formant un tout (A noir (Un blanc), I roux, U safran, O azur,), compte 10 mots, J. Le sonnet offre par ailleurs un unique enjambement entre les deux quatrains, déjà présent chez Rimbaud, et les 2 premiers mots (Caps obscurs;), B, du second quatrain font partie des correspondances du A noir (qui était suivi chez Rimbaud par l'E blanc, futur créateur d'Arsène, disparu chez Perec).

  Bien entendu, Perec n'a pas plus ici songé à JIM-BARN-ET-T qu'à ARSENE-LUPIN = 62-72 en composant ce sonnet, en probablement pas plus de quelques minutes.
  Et pourtant il y apparaît aussi la valeur complète 134 d'ARSENELUPIN. En calculant pour chaque vers l'écart de la valeur de ses N mots par rapport à N fois 56, on obtient un déficit de 134 pour les 67 mots des quatrains, évidemment compensé par un gain de 134 pour les 45 mots des tercets. Ceci pourrait être souligné par un équilibre unique pour les 16 mots des deux premiers vers des tercets, et on a donc
- 8 vers en 67 mots de valeur 3618 = 67x56 - 134,
- 2 vers en 16 mots de valeur 896 = 16 fois 56,
- 4 vers en 29 mots de valeur 1758 = 29x56 + 134.

  Sur son blog, Werber indique qu'il a structuré son roman selon le modèle du tétraèdre (lequel était aussi présent dans La révolution des fourmis, avec les 8 triangles formés par 6 allumettes disposées en tétraèdre et son reflet dans le miroir).
  Je ne sais ce qu'il entend par cette structure. Peut-être est-ce les trois parties bien distinctes du roman, formant un triangle, unies par le personnage central, René.
  Toujours est-il que les nombres de sections (ou chapitres) des trois parties peuvent m'être significatifs, 37-42-55.
  Dans la première partie, Hypnos, René apprend à contrôler son accès à ses vies antérieures, et découvre que sa première incarnation a été un Atlante qui vivait il y a 12000 ans, âgé de 800 ans et haut de 10 mètres...
  Dans les deux autres parties, Sauver l'Atlantide et L'Egypte, René se mêle de modifier le passé, ou d'actualiser le rôle qu'il n'a pas manqué d'y avoir eu... Sachant le cataclysme qui va frapper l'Atlantide, il demande à sa première incarnation d'en devenir le Noé, et un groupe d'Atlantes parvient en Egypte, où leur arrivée est à l'origine de divers mythes et croyances.
  Bref, le découpage de 134 en 37-97 m'est significatif, depuis que j'ai vu la correspondance avec
DIX MILLIARDS = 37 97,
la fortune de Lupin telle qu'elle est évaluée dans le dernier roman publié par Leblanc, Les milliards d'Arsène Lupin, où ces milliards sont convoyés par 18 camions (sauf le 14e camion qui contient autre chose, écho à la 14e lettre parmi les 18 de Jim Barnett).

  Ceci m'a conduit à trouver une anagramme de ARSENE LUPIN répondant à ce partage 37-97, et je l'ai fait dans la nouvelle C'était avant l'horreur..., avec le diplomate Inn Alpurèse, réel auteur des aventures d'Arsène.
  J'ai appris ensuite que 37 et 97 étaient des termes de la suite "de Pythagore", une des premières suites additives de type Fibonacci, 1-4-5-9-14-23-37-60-97..., ainsi le rapport 97/37 = 2,62... est-il proche du carré du nombre d'or, 2,618...
  Le découpage de 97 en 42 (deux fois 21) et 55 m'est significatif, selon l'aspect fibo puisque 21 et 55 sont deux termes de la suite de Fibo, avec 55/21 = 2,619..., et selon l'aspect chapitrage car j'ai été frappé par la répartition des 55 chapitres du Chemin de la lumière, de Paul Halter, un roman qui a joué un rôle essentiel dans ma découverte de la répartition de la vie de Jung en 4+1 fois 6272 jours autour du 4/4/44, en deux parties de 13 et 42 chapitres. Cette seconde partie peut se subdiviser en deux épisodes de 21 chapitres, le saut temporel de l'héroïne en Crète minoenne, et sa participation à une expédition en Egypte...
  Il est fortement supposé que la légende de l'Atlantide a pour origine la ruine de la civilisation minoenne, provoquée par la catastrophe de Santorin.

  Je n'insiste pas sur les développements fibo qui pourraient m'entraîner très loin.
  Le partage 55-79 des 134 chapitres de Werber évoque aussi Lupin, car une autre anagramme (après Paul Sernine et Luis Perenna) apparaît dans Les milliards d'Arsène Lupin,
PAULE SINNER = 55 79,
et ce sont les 5 lettres P-A-U-L-E qui forment le chiffre de la combinaison des coffres abritant les dix milliards.
  Le dernier partage 42-92 est encore évocateur, car au moins quatre auteurs ont eu recours à l'anagramme
RENE PAULINS = 42 92.

  Tiens, René est le prénom du héros de ce Werber, choisi pour son sens plutôt que pour son nombre, mais il y a encore ici un écho numérique.
  Mon étude de La révolution des fourmis m'avait conduit à calculer la somme des numéros de section correspondant aux 112 sections des première et dernière partie, soit 13244, qui correspond à 42x43x44/6, un nombre tétraédrique, correspondant au nombre d’éléments d’un tétraèdre dont un côté serait constitué de 42 éléments.
  Les recherches pour ce billet m'ont fait découvrir le blog de Jean-Pierre Goux, pour lequel La révolution des fourmis et la rencontre de Werber ont été décisives. Un ami à lui a créé cette projection du tétraédre pour illustrer la formule 1+1=3 que j'avais imaginée pouvoir constituer la section 0 du roman, qu'on pouvait ajouter aux 112 sections pour obtenir 113, sans modifier la somme tétrédrique 13244.

  Je remarque encore le titre de la partie centrale de La boîte de Pandore en 42 chapitres (RENE):
SAUVER L ATLANTIDE = 86+6+86 = 184, ou deux fois 92 (PAULINS),
tandis que la première partie en 37 chapitres (DIX, INN) est
HYPNOS = 97 (MILLIARDS, ALPURESE, les 97 chapitres suivants).

  Pour ce 271e billet s'imposait le titre
ARSENELUPIN ET JIMBARNETT = 134+25+112 = 271.

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