20.2.19

La luciole au bout d'un passage


  J'ai découvert Passage de l'auteur de SF Connie Willis lors de mon dernier passage à la médiathèque de Manosque.
  J'aurais certainement lu ce livre bien plus tôt si j'avais connu son existence, car il concerne un de mes centres majeurs d'intérêt, les NDEs ou EMIs, expériences de mort imminente.

  C'est un pavé de plus de 900 pages, dans lequel j'ai d'abord avancé assez rapidement, l'enjeu réel du roman tardant à se manifester. Et puis j'ai été pris au jeu, et espère n'avoir rien manqué d'essentiel dans le début de ma lecture.
  Le roman, dont cette page donne le résumé en anglais, a pour personnage principal Joanna Lander, psychologue au gigantesque hôpital Mercy General de Denver. Elle s'intéresse au phénomène des EMIs, mais a toutes les peines du monde à recueillir des témoignages fiables, car dans le même hôpital sévit Maurice Mandrake, chouchou de la directrice de l'hôpital, auteur d'un best-seller sur la question, La lumière au bout du tunnel.
  On songe évidemment au livre de Raymond Moody, un personnage qui m'intéresse car il est né le 30 juin 1944, le jour de la mort de Theodor Haemmerli, le docteur de Jung qui a refusé de prendre au sérieux l'expérience de Jung de mars 44, peut-être l'un des premiers témoignages détaillés de NDE. Un cas particulièrement intéressant, puisque Jung est revenu de "l'autre monde" avec un avertissement pour Haemmerli, qui en a ri, mais dont la maladie mortelle s'est effectivement déclarée peu après. Rien ne permet cependant de présumer qu'il en aurait été autrement s'il avait écouté Jung.
  Plus de détails sur mon billet d'octobre 2012, NDE & NDO.

  Joanna Lander est donc presque toujours précédée auprès des expérienceurs par Mandrake, lequel pollue leurs témoignages en s'efforçant de les faire coïncider avec sa propre vision de ce qu'il appelle EADI, Expérience de l'Au-Delà Imminent... Elle accepte la proposition de Richard Wright, médecin de l'hôpital qui se propose d'étudier des EMIs artificielles provoquées par une molécule, la dithetamine.
  Il se trouve que ceci n'est plus de la SF depuis quelques mois, car le 15 août dernier a été publiée une étude anglaise d'une équipe dirigée par Christopher Timmermann, sur les effets de la diméthyltryptamine, ou DMT, un hallucinogène connu depuis longtemps, et c'est probablement cette molécule qui a inspiré la dithetamine de Willis, inconnue des chimistes. On trouve l'étude complète ici, en anglais, et un résumé en français.

  Autre coïncidence temporelle. Mes deux derniers billets m'ont fait évoquer, je crois pour la première fois sur Quaternité, l'idée du luthiste Guy Marchand selon laquelle un ensemble tripartite A-B-C peut offrir un rapport d'or valide s'il apparaît un partage doré entre B et A+C.
  C'est précisément le cas pour Passage, dont les 60 chapitres sont répartis en 3 parties de 18-23-19 chapitres, avec 18+19=37, et 23-37-60 appartiennent à la suite additive 1-4-5-9-14-23-37-60... qu'un autre Guy, Guy Bernard, a nommée Suite de Pythagore. Guy Bernard est associé indirectement à une coïncidence rappelée dans le précédent billet.
  J'étudiais dans le billet NDE & NDO des échos entre NDE et Nombre d'Or. Ainsi, après la première approche de Raymond Moody, portant sur quelques centaines de cas, Kenneth Ring a soumis à des milliers d'expérienceurs un questionnaire d'où il a tiré dans Sur la frontière de la vie (1980) un schéma en 5 stades d'une NDE type, d'après les pourcentages recueillis :
1) - sensation de paix et de sérénité (60 %)
2) - séparation du corps physique (37 %)
3) - entrée dans l'obscurité (du tunnel) (23 %)
4) - vision de la Lumière (16 %)
5) - fusion avec la Lumière (10 %)
  La corrélation avec la suite "de Pythagore" est remarquable. Les études suivantes ont affiné les questionnaires, et le troisième point, "entrée dans l'obscurité (du tunnel)", a été abandonné au profit de "environnement étrange" qui fait l'objet d'un bien plus large consensus, et qui vient en première position des études actuelles. Ce tableau de l'étude récente montre les corrélations entre les résultats des questionnaires selon NDE et DMT.

  Il est donc curieux de trouver une possibilité de structure 23-37-60 dans Passage qui a été écrit lorsque le "tunnel" faisait encore partie des éléments clés des NDEs. Il y a davantage encore car mon billet d'octobre 2012 se penchait sur les premiers artisans du phénomène NDE, y constatant une surabondance de "noms dorés", avec notamment les deux acteurs principaux,
KEN RING = 30/48 et
RAY MOODY = 44/72, de moyenne 37/60 = (30+44)/48+72).

  J'en viens au contenu de Passage, où dans les deux premières parties la narration suit essentiellement Joanna, et dans quelques chapitres Richard. Dans la première partie, ils ont du mal à recruter quelques volontaires pour leurs expériences, et les résultats sont si peu significatifs que Joanna décide de participer elle-même au programme. Après quelques essais peu concluants, où elle se trouve dans un "passage" qu'elle sait connaître, sans arriver à l'identifier, elle parvient enfin dans le dernier chapitre de cette partie à sortir du passage, à rencontrer d'autres gens, et les indices récoltés l'amènent à identifier l'endroit.
  Elle était à bord du Titanic, non pas du vrai Titanic, mais d'une reconstruction de son cerveau à partir de ses connaissances, comme le film de Cameron. Si ceci ne fait pas de doute pour elle, elle a le sentiment que le fait cache une vérité profonde qu'elle cherche à élucider.
  Dans le premier chapitre du livre, Joanna a assisté un homme en train de mourir, Greg Menotti, lequel juste avant sa fin a proféré quelques paroles incohérentes, "58. Ils n'arriveront jamais à temps." En se renseignant sur le Titanic, Joanna apprend que le plus proche navire lors du naufrage était le Carpathia, à 58 miles, trop loin pour arriver avant que le Titanic ait coulé.

  Emerge alors l'idée que le Titanic jouerait un rôle dans les NDEs. Joanna qui est une "vraie" scientifique tente de dissocier ce qui dans son expérience vient de ses connaissances antérieures de ce qui pourrait être un accès transcendantal à l'événement réel. Diverses pistes sont suivies dans la seconde partie, tandis qu'elle continue ses expériences, se retrouvant chaque fois sur le Titanic.
  Enfin, l'un des patients qu'elle suivait, Carl Aspinall, dans le coma depuis si longtemps qu'on l'appelait Carl Coma, se réveille, et elle est la première à recueillir son témoignage. Carl n'était pas sur le Titanic, mais en Arizona, dans une histoire digne d'un western où il finissait seul avec un sac de courrier après l'attaque d'une diligence par les Indiens, et l'obsession de faire connaître sa situation. Il lui venait l'idée de communiquer par signaux de fumée, comme les Indiens.
  Joanna perçoit le point commun avec ses expériences, au fil desquelles il se dessinait la nécessité de parvenir, parmi les méandres des coursives du Titanic, à la cabine du radio. Elle comprend que la NDE serait un SOS envoyé par le cerveau mourant à tout l'organisme, ce que la conscience interprète de manière propre à chaque individu.
  Joanna veut aussitôt faire part de sa découverte à Richard, lequel était fort dubitatif devant ses excursions sur le Titanic. Nous sommes encore à l'époque où les portables étaient interdits dans les hôpitaux, et elle doit courir parmi les différents services pour trouver Richard. Il se dirigeait vers les urgences aux dernières nouvelles, mais elle y tombe sur un drogué en crise qui la poignarde mortellement.
  Dans le dernier chapitre de la seconde partie, Richard absorbe aussitôt une dose de dithetamine dans l'espoir d'entrer en contact avec Joanna agonisante, sur le Titanic, mais il se trouve devant les locaux de la White Star à New York, deux jours après l'annonce du naufrage.

  La dernière partie se répartit en une alternance de chapitres, où l'on suit d'une part les efforts de Richard pour découvrir ce que voulait lui annoncer Joanna, d'autre part ce qui se passe dans l'esprit de Joanna en perdition. J'ai été décontenancé par la fin du récit, car divers indices m'avaient conduit à l'idée que le Mercy General était lui-même une métaphore du cerveau mourant.
  Ainsi la première impression de Joanna après son incursion dans le "passage" est qu'il s'agit d'un couloir ou d'une passerelle de l'hôpital, un hôpital labyrinthique où l'on s'échange des recettes complexes pour se rendre d'un service à l'autre, au gré des réfections condamnant tel ou tel ascenseur, telle ou telle passerelle entre les différentes ailes. Ceci ressemblance fort aux errances de Joanna parmi les coursives et les ponts du Titanic.
  Il y a une cafétéria à l'hôpital, mais elle semble toujours fermée. De fait Joanna ne semble pas se préoccuper de faire de vrais repas, et elle est nourrie par les provisions que Richard trimballe dans ses poches.
  Joanna et Richard semblent être des personnes séduisantes. Le lecteur a accès à leurs pensées, mais il n'est jamais question d'un attrait charnel entre eux, ni envers quiconque.
  Enfin il y a cette mise en abyme de Joanna mourant alors qu'elle cherche à transmettre un message, lequel est précisément que la NDE serait une métaphore du SOS du cerveau mourant.

  Je n'ai trouvé aucun indice corroborant mon hypothèse dans la dernière partie, si ce n'est que Richard a l'idée d'établir une cartographie de l'hôpital, ce qui lui permet enfin de circuler entre les services sans avoir à demander son chemin. Il m'aurait semblé que la moindre des choses aurait été que ce plan fût accessible à tous (mais je fréquente hélas beaucoup les hôpitaux depuis deux ans, et j'ai ainsi erré lamentablement dans l'hôpital tortueux d'Aix avant d'établir mes petites recettes).
  Comme déjà dit, Passage compte plus de 900 copieuses pages, et je ne peux assurer avoir lu chacune en détail.

  Il y a tout de même une curiosité chapitre 41. Avant de commencer les expériences, Joanna a placé dans la pièce un objet qu'elle seule connaît, au sommet d'une armoire, invisible à moins de faire une décorporation. Lors de son unique expérience, Richard se sent quitter son corps, voir le sommet du crâne de l'assistante qui vient de lui injecter la dithetamine, et lui-même gisant sur le lit. Il distingue l'objet au-dessus de l'armoire, et s'en approche pour l'identifier.
Il faudra que j'en parle à Joanna. Mais elle ne le croirait pas. Elle penserait qu'il avait grimpé sur une chaise pour jeter un coup d'oeil. 
    Il n'est jamais question ensuite de cette décorporation, ni de cette vision qui viendrait étayer l'un des aspects les plus fantastiques de la NDE. Il est loisible d'imaginer que la narration suivait ici Richard en direct, mais que celui-ci ne se rappelait plus de sa décorporation à son réveil.  De fait, certains hôpitaux ont installé des objets cachés dans les salles de réanimation, dans des conditions plus scientifiques, mais aucun expérienceur jusqu'ici ne les a remarqués, sinon dans la fiction, notamment dans Le dernier homme bon dont j'ai parlé ici.

  J'ai pris la décision de consacrer un billet à Passage en arrivant au chapitre 55. Chaque chapitre a en exergue une citation, presque toujours les dernières paroles de quelqu'un. Voici la citation de ce chapitre 55:
Dans très peu de temps, je serai parti, même si je ne sais pas pour où. Nous venons de nulle part et nous n'allons nulle part. Qu'est-ce que la vie? Le papillotement d'une luciole dans la nuit.

Dernières paroles de Crowfoot, chef des Indiens pieds-noirs
  Patrick Bléron nomme "luciole" une coïncidence isolée, en attente peut-être de se joindre à une constellation. C'est l'un des tags de son blog Alluvions. Parmi les neuf articles concernés je remarque la luciole du 18 octobre 2017, ayant trait à la rencontre du 11 septembre 2001 dans deux livres. Il est question d'autres grandes catastrophes dans Passage, publié en avril 2001, et j'imagine que, si la thèse de Joanna avait quelque validité, nombre d'expérienceurs ultérieurs se trouveraient bloqués dans le World Trade Center en flammes.
  Parmi les coïncidences associées au 11 Septembre, en écho à Joanna, je pense à John O'Neill, "l'homme qui savait", l'agent du FBI qui, faute d'être écouté sur la dangerosité d'Al Qaida, a démissionné et a été engagé comme chef de la sécurité du WTC quelques jours avant l'attentat, où il est mort héroïquement.

  Le chapitre 55 débute ainsi:
  Il y avait des lucioles. Elle les voyait apparaître et disparaître dans les ténèbres qui l'entouraient. Je suis au Kansas, pensa Joanna. C'est sans doute un élément du récapitulatif de la vie. La fin devrait être proche, si elle se rappelait son enfance, lorsqu'elle allait rendre visite à ses parents campagnards, courir dans la nuit en compagnie de ses cousins en emportant un bocal pour les lucioles [...]
  Le Titanic a coulé, mais Joanna surnage sur un piano flottant dans l'eau...
  L'apparition du Kansas dans un contexte 55 m'évoque Le labyrinthe de la rose, où intervient le Kansas parce que c'est le 34e état incorporé à l'Union (note: dp me signale que le Je suis au Kansas de Johanna fait écho à une célèbre réplique de Dorothy dans The Wizard of Oz). La luciole tend vers la constellation ici, car les nombres de Fibonacci 55 et 34 sont aussi les valeurs des prénoms des deux expérienceurs qui ont conduit à l'hypothèse SOS,
JOANNA /  CARL = 55/34.
  Je remarque aussi le nom de Carl,
ASPINALL = 84, de même que WILLIS, l'auteur du roman, de même que HAEMMERLI, le docteur qui n'a pas écouté Carl (Jung), de même que PILGRIM, d'abord pour Jonathan Pilgrim, personnage du roman Veil, de George Chesbro (1986), ce colonel Pilgrim ayant créé un Institut pour étudier des NDEs provoquées artificiellement...  Il m'a fallu attendre 2015 pour calculer cette valeur de PILGRIM, alors que je connaissais dès 2008 le roman Pilgrim de Timothy Findley (1999), dont les deux principaux personnages sont Jung et Pilgrim, le roman débutant par le suicide de Pilgrim le 17 avril 1912, mais ce Pilgrim est un être spécial, un ange qui ne peut mourir. C'est l'annonce du naufrage du Titanic qui a fait envier à Pilgrim le sort des victimes.
  Je passe très vite sur le rappel JUNG/HAEMMERLI = 52/84 = 13/21 (identique donc à JUNG/PILGRIM) pour remarquer que c'est le jour de la sortie du coma de Carl que Joanna meurt, avec donc CARL/JOANNA = 34/55, les deux Fibos suivant 13-21. Carl Jung a commencé sa convalescence le 4/4/44, le jour où Haemmerli s'alitait pour ne plus se relever.

  La luciole apparaît au chapitre 55 parmi 60, et ceci me rappelle la prodigieuse coïncidence qui a précédé de quelques jours mon 60e anniversaire, la découverte du mot infini de Fibonacci dont les 60 premiers éléments sont codés par 5 séries de 12 dans une BD:
  Je découvris ensuite que ce mot infini correspondait à la suite A005614 du site de référence OEIS, et qu'il y figurait un commentaire d'une connaissance, daté du 6 juillet 2005, mon 55e anniversaire. Je pus proposer un commentaire le 6 juillet 2010, qui fut accepté.
  Les chiffres composant l'identifiant de la suite, 1-4-5-6, m'étaient significatifs, et je constate aujourd'hui que le dernier commentaire, du 10 novembre dernier, associe cette suite A005614 à A014565.

  J'ai depuis utilisé à diverses reprises cette représentation en A et B pour comparer diverses structures de récits alternés au modèle fibonaccien. La troisième partie de Passage obéit à une telle structure alternée irrégulière, avec 8 chapitres Joanna pour 11 chapitres Richard. Si le partage doré de 19 est 7-12, il se trouve ici que les 5 derniers chapitres ont une structure BABBA identique au modèle (avec B pour Richard et A pour Joanna).
  Le roman s'achève donc auprès de Joanna, qui a recueilli sur son piano une fillette, qu'elle identifie d'abord à la Demoiselle 1565 du cirque de Hartford. C'est un incendie qui a fait 167 victimes le 6 juillet 1944 (mon -6e anniversaire), dont une fillette non-identifiée connue comme Little Miss 1565 (oserai-je pointer la ressemblance avec la suite 14565?).

  Tout s'arrange pour Joanna et la fillette qu'elle a nommée Helen, car un navire approche pour les secourir, le porte-avions Yorktown dont il avait été question à maintes reprises dans le roman, ses marins leur faisant des signes. Tiens, le Yorktown a été lancé le 4 avril 1936 (et il me souvient que le WTC a été inauguré le 4 avril 1980, ce qui me rappelle que Perec et sa compagne, nés en mars 36 et mars 44, ont remarqué en mars 80 qu'ils avaient 44 et 36 ans).
  Passage s'achève sur une réplique de Joanna à Helen:
- Tous les navires finissent par couler, dit-elle en levant la main pour répondre aux signes de bienvenue. Mais ce n'est pas pour aujourd'hui. Pas pour aujourd'hui.
  Le jour même où j'achevais cette lecture, je m'inscrivis sur le groupe privé FB Les trouveurs de Rennes-le-Château, en grande partie par hasard. J'allais y jeter un oeil, et l'un des derniers messages postés, le 11 février, était un partage d'un compte public, avec cette illustration:
  Quelques jours plus tôt, le 9 février, s'inscrivit sur le groupe Synchronicity, où j'ai fait la connaissance de Patrick Bléron, une Amy Schulz à laquelle je souhaitai la bienvenue, et qui répondit qu'aux USA la graphie Schultz était prépondérante. Certes, mais il y a au moins Charles M. Schulz dont la célébrité est mondiale.

  Au naufrage du Titanic sont associées diverses coïncidences, et voici ce que j'écrivais dans ce billet:
J'ai une implication personnelle dans ce sujet, car en 2006, deux amis que je connais indépendamment et qui eux ne se connaissent pas, Bertrand Meheust et Jean-Pierre Le Goff, ont chacun écrit un livre sur la question, alors qu'il n'existait jusqu'ici aucun ouvrage français uniquement consacré à ces étrangetés. Celui de Jean-Pierre, Les abymes du Titanic, est paru 6 mois après celui de Bertrand, Histoires paranormales du Titanic, que Jean-Pierre a pu consulter, ce qui lui a permis d'ajouter un parallèle entre leurs vies, relatif aux naufrages.
  Hélas ce fut le dernier livre de Jean-Pierre, victime du naufrage Alzheimer.

  Je reviens à Passage, où Richard parvient finalement à comprendre le message de Joanna, grâce notamment à Amelia Tanaka, une volontaire du programme dithetamine qui avait abandonné après quelques séances. Cette étudiante avait déclaré n'avoir rien ressenti, mais elle avoue chapitre 56 avoir quitté le programme parce qu'elle avait connu une expérience traumatisante qu'elle ne voulait pas réitérer.
  Pour elle, le passage était la salle longue et étroite où elle effectuait ses TP de biochimie. Elle devait ouvrir un placard pour y prendre des produits, mais n'en trouvait pas la clé. Les tiroirs portaient des inscriptions absurdes, des lettres et chiffres mélangés, des formules chimiques où les chiffres n'étaient pas en indice comme il se doit, mais alignés avec les symboles atomiques.
  Ce dernier point m'est évocateur. J'ai rencontré des formules chimiques erronées dans le bizarre chapitre N du Procès-verbal de JMG Le Clézio, étudié dans ce billet d'octobre 2012, le seul autre billet du mois étant NDE & NDO:
CH4 + Cl2 = CH3Cl + ClH
CH3Cl + Cl2 = CH2CL2 + ClH
CH2Cl2 + Cl2 = CHCl3 + Cl4
CHCl3 + Cl2 = CCl4 + Cl4
  Les caractères en rouge sont erronés, et il faudrait ainsi lire ClH au lieu de Cl4 dans les deux dernières lignes.
  C'est le principal personnage du roman, Adam Pollo, qui se remémore ces équations. J'observais que son nom correspond au Fibo 89, tandis que la fille qui occupe ses pensées est connue par son seul prénom,
MICHELE = 55, le Fibo précédent.
ADAM POLLO = 19+70 = 89 a même valeur que
AMELIA TANAKA = 41+48 = 89.
  Ainsi, après CARL et JOANNA, 34 et 55, les expérienceurs clés sont tous des Fibos, pourvu d'avoir recours au nom complet pour cette dernière.
  Le Fibo suivant correspond au nom de l'auteur,
CONNIE WILLIS = 60+84 = 144,
comme à
PATRICK BLERON = 78+66 = 144.
  A propos de clé manquante, je rappelle qu'un personnage "clé" du précédent billet était
MICHELE (de) KLEF = 55/34 (comme JOANNA/CARL).

  Je rappelle encore que Le Clézio est l'auteur de Hasard, court roman en 20 chapitres titrés ou non. Le titre du roman fait référence au dé, et les 21 titres ou non-titres de l'ensemble se répartiraient logiquement selon leur alternance en 1-3-5-2-6-4, correspondant aux 6 faces du dé, avec de plus des partages d'or pour chaque face.
  Et je crois que c'est un "hasard"...
  Dans le roman, le Azzar est le yacht du cinéaste Moguer, et il coule à la fin du roman, à l'instant même de la mort de Moguer.

  EN OR... J'ai utilisé cette anagramme pour Sylvie RENO, l'un des membres "Golden Numbers" de l'association 813 étudiés dans mon premier billet de l'année. Je me suis alors rappelé d'un personnage nommé Lenny Nero dans le film Strange Days (1995) de Kathryn Bigelow, découvert en cherchant des oeuvres ayant pour thème la survie de l'âme après la mort. J'en avais parlé dans ce billet de mai 2010, que j'ai alors relu, sans ressentir la nécessité d'y renvoyer.
  Or le couple du film est formé par le blanc NERO et la noire MACE, engagés dans une ROMANCE qui est l'anagramme du scénariste du film, James CAMERON, réalisateur deux ans plus tard de Titanic, au succès planétaire.

  Sylvie Réno est une plasticienne, spécialisée dans la réalisation en carton d'objets courants, notamment d'armes à feu, et ceci fait écho au revolver que j'ai pu voir dessiné par un itinéraire d'un personnage de Belletto dans le précédent billet.

  Sylvie RENO a aussi un nom de valeur 144, comme Patrick blERON, lequel a rendu hommage à Bruno Ganz, disparu récemment, dans un article où il dit son admiration pour son rôle de Damiel dans Les ailes du désir.
  Ce film et ses avatars ont été aussi au coeur de mes préoccupations, voir notamment L'ange de la médiathèque.
  Les mortels qui recherchent la survie dans l'au-delà, les anges qui souhaitent devenir mortels... Après l'échange Jung-Haemmerli du 4/4/44 et l'échange Archer-Nomen du 6/6/66 de Hors la loi, je me demande s'il s'est passé quelque chose d'analogue le 8/8/88. Ce jour mourut Félix Leclerc, et naquit à Bucarest (bombardée le 4/4/44) une fille qui écrivit à 13 ans un roman à succès (a Romanian novel). Tiens, 4/4, 6/6 et 8/8 sont des dates du Doomsday rule de John Conway, et Connie Willis a écrit Doomsday Book.
  Je ne sais si Flavia Bujor a hérité quelque chose de Félix Leclerc, mais j'achèverai ce billet avec la fin d'une chanson de ce dernier :
Les humains, les pauvres humains
Sont bien à plaindre à la fin
Pourtant les anges du ciel
Échangeraient leurs deux ailes
Pour porter nos têtes folles
Danser notre farandole
Et puis finir comme des chiens
J'y comprends rien, rien, rien !

Aucun commentaire: