1.1.11

uosʇɐʍ ɹɐǝp ʎɯ ʎloɥ (jplg 2)

Je poursuis ici mon hommage à Jean-Pierre Le Goff, JPLG, débuté dans le billet Arisu n'est plus ici qu'il est plutôt nécessaire de lire d'abord.
Il était donc motivé par la présence de LE GOFF dans l'album Demi-tour de Boilet-Peeters (1997), reparu il y a peu au format manga avec LE GOFF devenu ARISU, mot qui était apparu parmi les solutions d'un programme calculant les carrés magiques gématriques obtenus à partir de la formule
IESUS NAZARENUS REX IUDEORUM
J'en avais tiré en 1996 un texte, Le carré Iuras, qui avait intéressé JPLG, lequel avait à son tour proposé une analyse du carré Sator dans un texte de 2002.
En fait la formule comporte généralement une ligature Æ dans IUDÆORUM, et j'imaginais dans mon texte un croisement des deux éléments de la formule, comportant chacun un A presque central, à la manière dont on propose une construction du carré Sator à partir de deux PATERNOSTER croisés sur le N central :
IESUS NAZARENUS + REX IUDAEORUM
Je savais aussi que la ligature Æ est souvent rendue par E en bas latin, et ai ensuite rencontré maintes formes rex iudeorum, ce qu'il est facile de vérifier maintenant sur la toile, la plus curieuse étant sur cette amulette où se croisent Jesus Na-zarenus et Rex Ju-deorum.

Le carré Iuras me semblait si harmonieux que je n'ai ressenti aucune culpabilité en tentant de lui attribuer une certaine antiquité. Mon histoire de son déchiffrage était si belle que j'étais même tenté d'y croire... Et puis est venu un réel écho antique avec un carré Iurasa, composé par Raban Maur dans ses Louanges de la Sainte Croix, vers 813 :Raban a construit à l'intérieur d'un texte en vers de 36x36 lettres 5 carrés de 6x6 lettres décrivant chacun l'un des livres du Pentateuque. Le Lévitique occupe le centre de ce quinconce avec Iura sacerdotis Leviticus optime psallit ("Le Lévitique chante au mieux les lois de la prêtrise").
J'avais remarqué la 5e colonne, donnant la lecture de bas en haut IESUOS, presque le Iêsous grec, et au moins IESU que j'envisageais être une clé du carré Iuras, composée par ses 4 coins.
Retrouvant cette bizarrerie j'ai cherché IESUOS sur Google, qui m'a envoyé à un livre de JK Watson, Le christianisme avant Jésus-Christ, où l'auteur avance que les hellénophones ne percevaient pas le sens étymologique de Iêsous ("sauveur"), qu'ils ne pouvaient comprendre que comme Fils-de-Dieu, ies-uos, avec ies exprimant l'idée divine et uos proche de uios ("fils" grec).
Quoi qu'il en soit de la validité de cette hypothèse, je suis frappé par cet uos = "fils", alors qu'un demi-tour transforme uos en son, "fils" anglais, d'autant que l'hypothèse vient d'un Watson (qui écrit en français).
J'ai déjà indiqué être depuis longtemps profondément frappé par ces "ambigrammes", notamment le logo des vêtements New Man, dessiné en 69 (année ambigramme également) par Raymond Loewy, également créateur du logo LU dont il était question dans le précédent billet.
Ceci intéressait aussi JPLG, et l'une de ses interventions, la dernière à laquelle j'ai assisté, le 1er avril 2006, s'est tenue à Trans-en-Provence (83), où un ingénieur belge a construit en 1930 un curieux puits aérien, destiné à condenser l'humidité atmosphérique (tiens, cet Achille Knapen est mort le 26 juillet 41, 66e anniversaire de Jung, fête de Joachim héros de Demi-tour).
JPLG a marqué son passage en laissant dans l'USINE à ROSEE deux objets en plastique polymère fabriqués par un ami, ne se différenciant que par leurs couleurs, complémentaires, le VERT et le ROUGE qui étaient une obsession de longue date de JPLG.
Les objets étaient conçus pour permettre la lecture aussi bien de dew, "rosée", que de map, "carte" (les reconstitutions ci-dessus ne sont qu'approximatives).

J'ai écrit en gras plus haut USINE et ROSEE car se sont, à une lettre (O pour U) et à l'ordre près, les deux "mots" les plus importants du carré Iuras, avec 3 (ISNUE, SENIU en diagonales, USNIE 2e colonne) et 2 occurrences (USREE UERSE 2e et 5e rangées).
I U R A S
U S R E E
D N N X O
M I A U Z
U E R S E

Dans son étude de 2002 La magie du carré SATOR, à ma connaissance non publiée, JPLG proposait une nouvelle approche constituant à numéroter de 1 à 11 les lettres de la formule PATERNOSTER,
P1 A2 T3 E4 R5 N6 O7 S8 T9 E10 R11
et à reporter ces homologations sur les 13 lettres du demi-carré SATOR, en doublant A2 et O7 en sus dans le carré, ce qui conduit à ceci :
S8 A2 T3 O7 R5 = 25
A2 R11E4 P1 O7 = 25
T9 E10N6 = 25

Un résultat assurémént curieux, mais dont JPLG ne déduisait rien, sinon qu'une telle cohérence s'accordait mal avec l'hypothèse purement rationnelle de la création du carré SATOR à partir de PATERNOSTER, ce avec quoi je suis parfaitement en accord, mais ce qui me semble plus important ici est la construction symétrique de JPLG qui, après un demi-tour du demi-carré ci-dessus, plaçait le TENET central au milieu d'un 50-50 (ou d'un 25-25-25-25), alors que jusqu'à l'apparition de Arisu il aurait été fort téméraire d'imaginer un lien entre Demi-tour et les carrés Sator ou Iuras.
Le Goff indique que c'est mon Carré Iuras qui l'a mené à s'intéresser au carré Sator, et y fait référence à maintes reprises dans son étude.

Cette étude lui donne l'occasion de mentionner son déménagement récent, et la découverte près de chez lui du square du Regard de la Lanterne, où se dresse une étrange construction ronde, dont la photo ci-contre, première trouvée par GoogleImages, est empruntée à Suri (IURAS/ARISU !)
C'est un accès à l'ancien acqueduc qui alimentait Belleville. JPLG, examinant le mur de la rotonde, y vit un emplacement rectangulaire semblant correspondre à une plaque disparue, et à cet endroit une main malhabile avait inscrit un mot en capitales, RIEИ.
Ce qu'il a lu RIEN, avec un N inversé, et googler "N inversé" lui a vite appris que le N inversé apparaissait dans certains carrés Sator. Je rappelle qu'il habitait précédemment 97 rue Jouffroy, où une plaque indiquait qu'était né là Jacques Chailley, auteur (avec Jacques Viret) d'une théorie sur le carré Sator examinée dans mon étude.
Un hasard a voulu que je visse peu après à RIEZ (04) une inscription où les U ressemblaient fort à des И, et, sachant par ailleurs que rieu signifie "rivière" en occitan, j'émis l'hypothèse que l'énigme RIEИ correspondît au constat trivial d'un provincial de passage, en m’émerveillant d’avoir découvert cette solution à RIEZ, qu’un quart de tour du Z transforme en RIEN.
Le 99e carré découvert par mon programme en 1995 avait en première rangée UEIRO, soit "ô rieu" après un demi-tour, suivi de IUSAR anagramme d'Arusi.

JPLG s'est donc installé début 2002 au 9 rue Arthur-Rozier (19e), qu'on peut voir vers 1900 sur une carte postale, en vis-à-vis d'une photo actuelle, sur le site ParisAvant. Le hasard a voulu que je lusse peu après La double mort de Frédéric Belot (1932), de Claude Aveline.
Dans ce roman qui aurait selon Boileau-Narcejac "donné au genre policier ses lettres de noblesse", on découvre un 4 novembre celui qu'on croyait être Frédéric Belot assassiné chez lui, et dans la chambre voisine un sosie inconnu, mortellement blessé d'une balle dans la tête.
C'est que l'inspecteur Belot n'avait accepté quelque temps plus tôt une promotion à un poste purement administratif que pour mieux traquer les criminels, grâce à ce sosie providentiel, un Frédéric Belot II qui trompait son monde à la préfecture, tandis que Frédéric Belot I poursuivait incognito son activité...
Je suis abasourdi par ce nom, Frédéric Belot I, parfaite anagramme de Frédéric Boilet, celui qui s'est inspiré de JPLG pour créer le personnage de Le Goff/Arisu.
Frédéric Belot s'est servi d'une particularité de son domicile, correspondant au réel immeuble du 26 rue de Crimée qui a une sortie discrète au 43 ter rue Arthur-Rozier, franchissant par un pont la rue de Crimée.
Je m'étais demandé si Claude Aveline, C-A de rangs 3-1 dans l'alphabet, n'avait pas choisi les initiales du héros de sa Suite Policière en doublant les siennes, F-B ou 6-2. Il est en tout cas frappant que CA soit mort un 4 novembre (1992), 60 ans après la double mort de FB.
Je rappelle que je me suis intéressé récemment à ce 4 novembre, saint Charles...
Le cas de la Suite Policière est probablement unique dans la littérature, puisqu'elle a débuté par la mort de son héros, les 4 enquêtes de Belot parues ultérieurement (jusqu'en 1970) étant bien entendu supposées se passer avant cette tragédie.

Le filet s'est encore resserré autour de JPLG puisqu'en 2003 est sorti le film Tristan, de Philippe Harel, où l'inspectrice Emmanuelle Barsac soupçonne ce Tristan d'être un tueur en série d'un nouveau genre. Il se trouve habiter 9 rue Arthur-Rozier, la propre adresse de JPLG. Lorsque je lui en ai fait part, celui-ci s'est souvenu qu'il y avait lors de son emménagement une consultation des habitants de l'immeuble à propos d'un film en préparation, à laquelle il n'avait guère prêté attention.
Si l'entrée du 9 rue Arthur-Rozier apparaît dans le film, elle ne correspond aucunement à l'immeuble réel. Par contre l'appartement de Tristan a en commun avec celui de JPLG d'être encombré de piles de livres.
Si l'enquête sur l'étrange Tristan est prenante, le dénouement du film est déconcertant et pourrait lui justifier le sous-titre La double vie d'Emmanuelle Barsac, l'inspectrice cachant une seconde personnalité criminelle...
JPLG est né à Douarnenez, dans l'anse du Port-Rhu, en face de l'île Tristan. La découverte d'une boîte de sardines décorée d'une marine montrant Port-Rhu et l'île Tristan, avec sa maison natale visible à droite, fut l'occasion d'une de ses dernières interventions, le 20 janvier 2007. Elle consista à fixer sur sa maison une plaque SARDINES cela va SANS DIRE (anagramme de SARDINES).C'est en partie le fait d'avoir trouvé une carte postale montrant l'immeuble où JPLG a passé ses dernières années productives, en écho à cette boîte de sardines, qui m'a fait explorer les fictions autour de la rue Arthur-Rozier.

Je vais essayer d'en finir en revenant au principal écho de ROMER évoqué dans le billet précédent. Mon dernier billet de 2010, daté de la veille de ces billets du 1/1/11 consacrés à JPLG, était consacré à une de mes découvertes bibliques quaternitaires, celle qui a le plus tardé à trouver un écho.
Une autre découverte essentielle à mes yeux concernait les deux arbres du paradis, l'arbre de vie et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Les expressions ont en hébreu les valeurs 233 et 932, soit 4 fois 233, ce qui m'avait semblé éminemment significatif dans le contexte quaternitaire du jardin d'Eden, et s'accordant avec les commentaires traditionnels, notamment celui du Zohar selon lequel les deux arbres n'en sont en fait qu'un seul.
J'ai été près de 10 ans à m'étonner de ne trouver nulle mention de cette belle adéquation, et puis le plus pur hasard m'a fait jeter les yeux sur des pages dispersées dans une décharge d'un village voisin : c'était un cours polycopié d'un kabbaliste hollandais, et l'une des premières pages mentionnait la relation 233-932 des deux arbres... J'ai donné plus de détails ici, et indiqué comment j'avais contacté celui qui avait jeté ces documents, un thérapeute rebirth nommé Römer.
J'ai été ébahi en retrouvant en 2007 le mot ROMER parmi les solutions magiques de la formule du Titulus de la croix du Christ, puisque selon la tradition chrétienne cette croix aurait été formée du bois de l'arbre de vie. Je me sens une nouvelle fois au bord de l'abîme depuis que j'ai rejeté un oeil sur mon article paru dans Connaissance des Religions, où il a tenu à un fil que je pusse y développer mon histoire du carré Iuras, mon article qui était immédiatement précédé par Hénoch et Elie. La mosaïque romane de Cruas.
Selon Francis Laget, auteur de l'article, cette mosaïque unique en son genre montre Elie et Hénoch gardiens des deux arbres d'Eden, le lignum (l'arbre de vie) et le ficus (le figuier, l'arbre de la connaissance).Je ne vais pas revenir sur mon parallèle entre Elie-Hénoch et Jung-Haemmerli, me bornant à remarquer que si j'avais eu conscience de cette relation immédiate entre Elie-Hénoch et un motif Quatre-Un aussi essentiel pour moi, je n'aurais pas manqué de la mentionner bien plus tôt.
Il y a par ailleurs tant d'échos numériques avec mes recherches passées ou récentes que je renonce à les explorer pour l'heure, attendant que les choses se décantent un minimum.

Je ne crois cependant pas devoir éluder un dernier point, un rêve de la nuit du Nouvel An, entre donc les dates choisies pour mon billet Et cetera (parce que 31/12 est le renversement de 21/13, relation fétiche qui m'a mené à poster ce billet, en cours d'écriture depuis longtemps, à 21:13), et le(s) billet(s) en hommage à Le Goff, parce qu'il m'a semblé que le 1er janvier était plus honorifique qu'une date ultérieure.
Bref ce rêve fut extrêmement flou, et tout ce qui en subsistait à mon réveil était un nom, vu clairement orthographié Claude Exquier.
Ce nom ne me disait absolument rien. Je googlai "Claude Exquier", aucun résultat. Une centaine de résultats pour "Exquier" seul, l'un des premiers étant une page d'un annuaire californien contenant :
EXQUIER Ezequiel. 1111 ALASKA AV FRFLD. Vallejo , CA. (707)429-2502.
L'écriture de Et cetera m'avait fait penser à l'affaire des deux arbres de valeurs 233 et 932, or l'une des curiosités majeures de ce dossier est pour moi un oracle du livre d'Ezéchiel (verset 37,9), dont la traduction la plus immédiate de l'hébreu serait
Des quatre souffles viens, le souffle !
Ceci s'écrit en hébreu en 4 mots dont les gématries sont
mearba' ruhot = 313 + 620 = 933
bai haruah = 13 + 219 = 232
soit un 933-232 pour ce motif 4-1, presque le 932-233 idéal.
L'adresse 1111 de cet Ezequiel me sembla justifier de noter ceci sur mon "carnet des coincs", que je tiens depuis 6 ans. J'utilisais d'abord des fichiers trimestriels, intitulés 115, 145, 175 et 1105, puis ils devinrent semestriels, et enfin depuis 2 ans annuels, soit 119 et 1110. La nouvelle année imposait un nouveau fichier, 1111 on l'aura deviné, mais ce n'est qu'en créant ce fichier que je me suis avisé que le premier jour de 2011 était en abrégé un 1/1/11, ce dont je ne suis guère fier en tant que spécialiste du 4/4/44 et subséquemment du 1/1/11...

Et voici que, alors que les deux habitants dans la fiction policière de la rue Arthur-Rozier sont un Frédéric (Belot) et un Tristan (sans plus), Frédérick Tristan a écrit en 1970 Les premières images chrétiennes, du symbole à l'icône, où il émet l'idée que les rotas du carré Sator correspondent aux roues de la vision d'Ezéchiel.
Frédérick Tristan fut un temps responsable, avec Antoine Faivre, de la publication française des oeuvres de Jung, et c'est à eux qu'on doit l'excellent choix d'Etienne Perrot comme traducteur.

J'ai précisé plus haut 813 comme date de composition des Louanges de la Sainte Croix, avec quelques arrière-pensées.
J'avais apprécié la bizarrerie qui avait conduit mon programme de 1995 à imprimer correctement les 104 premiers carrés magiques, en 8 rangées de 13, s'achevant sur le carré Iuras proprement dit, de loin le plus harmonieux.
JPLG avait un talent pour jongler avec les nombres qui m'a toujours sidéré, tant il semblait guidé par de mystérieuses intuitions. C'est ainsi que, confronté au fameux 813, il lui avait suffi de pianoter quelques instants sur sa calculette pour annoncer que, si un nombre de 5 chiffres était divisible par 813, les permutations circulaires de ce nombre l'étaient aussi.
Il s'est trouvé que les deux permutations non triviales de 00813 m'étaient toutes deux significatives :
- 13008 (16x813) parce que j'ai eu en 1998 un grave accident dans le 8e arrondissement de Marseille, code postal 13008.
- 30081 (37x813) parce que c'est le numéro de visa de L'enfant sauvage, film tourné à 37 ans par Truffaut, obsédé par le nombre 813 qui apparaît dans au moins 10 de ses films.

Sur la liste des carrés magiques, j'avais noté 1 les carrés 104 et 105, pour leurs multiples symétries numériques. Ensuite venait en 2 le carré 6, pour des raisons bien moins claires.
L'idée m'a traversé que les 10 lettres DOUARNENEZ étaient présentes dans la formule IESUS NAZARENUS REX IUDEORUM, et l'examen de la liste me semble pointer vers ce carré 6, où ces 10 lettres sont symétriques par rapport à l'axe central.
Lors de l'intervention à Douarnenez où il avait posé la plaque SARDINES cela va SANS DIRE sur sa maison natale, JPLG avait posé une autre plaque en un autre lieu qui lui était cher, portant une anagramme de DOUARNENEZ, RUE DE AN NOZ (rue de la nuit).

M I D U U
R A U O N
S U N E I
R R E X E
A S Z E S

1 commentaire:

blogruz a dit…

Si la Toile ne donnait aucun "Claude Exquier" en 2011, elle en connait un aujourd'hui, un avocat suisse au 18e siècle.