7.4.09

Lance et destin

Avec un retard considérable, provoqué par les glissements sur les gouffres Hammer et autres détours de Babel, je peux enfin parler d'une mini-série tv vue les 20 et 27 décembre dernier, La Lance de la destinée, que j'ai regardée à cause des premiers mots du résumé, évoquant la découverte lors de travaux de terrassement du corps en catalepsie du général Dromard, disparu sous Napoléon...
Dromard est le nom d'une personne liée à une coïncidence dont je ne peux rien dire de plus sans son accord.

Je n'espérais pas grand-chose de cette fiction dans la lignée Indiana Jones ou Da Vinci Code. Il s'agit donc de la Lance qui a frappé le Christ en croix, perdue depuis Napoléon, mais des documents retrouvés dans la tombe de Dromard contiennent le secret de sa cache.
L'archéologue Sofia Béranger se lance dans la quête, aidée par de mystérieux Esséniens, un groupe secret veillant sur la Lance.
Les forces du mal sont représentées par l'Axus Mundi, qui veut s'approprier la Lance pour dominer le monde... Il existait une prophétie annonçant que le combat ultime pour la Lance aurait lieu en 2007, entre deux jumeaux, Rachel et Joshua, les fils du grand Maître Essénien, David Lévy.
Après l'enlèvement par l'Axus Mundi une vingtaine d'années plus tôt de Joshua, devenu Erick Engel, le grand Maître a mis sa fille à l'abri en la faisant adopter par son ami Béranger. Et ce sont Erick et Sofia, Rachel et Joshua donc, qui se retrouvent effectivement face à face lors de la découverte de la Lance dans une crypte inconnue de Notre-Dame.
Les mauvais succomberont, mais aussi le grand Maître qui sera enterré dans la propriété des Esséniens, parmi 4 autres tombes, esquissant un mandala, au pied d'un arbre vénérable.
Les dernières images du film montrent Nathan, l'assistant de Sofia/Rachel, qui était aussi un Essénien, venir ranger la Lance dans le tombeau de David Lévy... On peut supposer que c'est Nathan qui succèdera à David à la tête des Esséniens...
Pourquoi des Esséniens ? on n'en saura rien, mais j'avais déjà réagi à la lecture de ces noms David et Nathan, sachant que Et le 8e jour..., parodie d'une semaine pascale dans la communauté de Quenan, calquée sur la Qumran essénienne, est un synopsis de Fred Dannay, né sous le nom de Daniel Nathan, assisté d'Avram Davidson pour la mise en forme de roman.
Mieux, lorsque celui qui pensait s'appeler Daniel Nathan a voulu changer de nom, il a découvert que son état civil réel était David Nathan, le médecin qui s'était chargé de l'inscription ayant préféré ce prénom à celui qu'avait choisi ses parents...

Et il y a ce mythologème de l'affrontement de deux jumeaux, dont les noms m'ont frappé, en cette période où je me préoccupais de la semaine sainte de 1878 dans Léviathan (Lévy-Nathan ?), de Boris Akounine, où:
- le 16 avril, mardi saint, le second du paquebot Charles Reynier se débarrasse à Bombay du capitaine Joshua Cliff. Charle(s) est l'anagramme de Rachel, et ce sont aussi les noms de deux figures des jeux de cartes, le roi de coeur et la reine de carreau, figurant sur les couvertures originales des six premiers Queen (rappel : Reynier ressemble à un palindrome du mot "reine", les figures des jeux de cartes étant le plus souvent représentées tête-bêche). Le roi de coeur Charles est encore Charlemagne, qui passe pour avoir dû ses victoires à la possession de la Lance. Faut-il rappeler que le 4/4/44, jour de l'échange des destins de Jung et de son docteur, était un mardi saint ?
- le 19 avril, vendredi saint, Charles désormais seul maître du Léviathan tente de le saborder, mais il est tué par le commissaire Gustave Gauche, à son tour éliminé par la jeune Suissesse Renata Kléber. Charles-Gustave-jeune, (Carl-Gustav-jung), je suis toujours ébahi par cette séquence, comme par le prolongement du Décorateur, où Fandorine n'aura pas la même clémence envers un criminel dans la nuit de Pâques 1889.

Je ne peux qu'inviter à se reporter aux billets concernés. Un autre rapport avec la Lance de la destinée, c'est le vendredi saint, puisque cette arme aurait acquis ses pouvoirs au contact du sang du Christ, le vendredi de la Passion. Cette Lance et le vendredi saint sont au coeur de La quête du Graal, où Perceval guérit un vendredi saint le Roi Pêcheur, frappé par la Lance un autre vendredi saint.
Dans la version allemande de l'épopée médiévale, Perceval devient Parsifal, interprété comme parsi fal, "le pur fol" (der reine Tor). J'ai utilisé la version wagnérienne pour écrire en 2002 la 3e aventure de Thomas Depic, Ö, qui se passe le vendredi saint 14 avril 1933 à Cologne, où le monde est à deux doigts d'être dominé par des forces maléfiques, convoquées par les nazis, au moyen de la Lance...
On sait que Hitler était fasciné par Parsifal et que juste après l'Anschluss il a fait transférer la prétendue Sainte Lance de Vienne à Nuremberg. Le plan nazi était contrecarré dans ma nouvelle par quelqu'un qui était l'antithèse de "Adolf Hitler", et dont le nom en était l'anagramme, Hardi Follet, au sens proche du "Pur Fol" wagnérien.
J'avais convoqué aussi Arsène Lupin, qui se confondait en fait avec le personnage de mon privé polymorphe l'As Depic, artisan secret du succès de Hardi Follet. J'étais assez satisfait de cette anagramme Hardi Follet, et voici qu'un an plus tard je me suis aperçu qu’une anagramme d’ARSENE LUPIN était LE PUR INSANE, « insane » étant un synonyme immédiat de « fol »...

Cette coïncidence était pour moi un lien avec l'anagramme Rachel-Charle(s) vue précédemment, mais elle prend un nouvel aspect après le dernier billet où j'ai vu une résurrection un vendredi saint dans Dans les bois éternels, le roman de Fred Vargas où plane l'Ombre, la tueuse Claire Langevin, dont je proposais l'anagramme "Carl Jung aliéné" (avec les équivalences I-J et U-V).
Je remarque que le soldat ou centurion qui aurait frappé Jésus de sa lance est supposé s'être appelé Gaius Cassius Longinus, où je retrouve les initiales GC et IUNG dans lonGINUs. Jung avait achevé ses Sept sermons aux morts en 1917 par une anagramme déchiffrée par Aniela Jaffé, avec les J devenus aussi des I : CARL GUSTAV IUNG - IN KUESNACH - IAHR NEUNZEHNHUNDERTSECHZEHN.
Il y a plusieurs autres Caius Cassius Longinus, dont un des assassins de César en -44, qui a été appelé le Dernier Romain, rappelant l'obsession de Fred Vargas pour les vers de Corneille :
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
En être seule cause, et mourir de plaisir.

Et puis mes recherches sur Babel m'ont amené à l'astrologie babylonienne, où Sirius est appelée la Lance (ou plus exactement la constellation dont Sirius est l'étoile la plus brillante), et joue un rôle essentiel dans les prédictions.
En sumérien, cette Lance se dit kak-si-sa, en étroite résonance avec Sisak, le château triangulaire croate rappelant curieusement le codage SeSaK de BaBeL, tandis que l'autre château triangulaire de mon Etoile de Babel, Wewel, symbolisait pour certains le fer d'une lance pointée vers le Septentrion.
Les spécialistes semblent hésiter entre "lance" et "flèche", restant cependant d'accord sur le fait qu'il s'agit de l'arme du héros Ninurta, et que cette étoile est la plus brillante lors du solstice d'été.
Ce livre qui semble très documenté donne page 63 les glyphes correspondant à mul (constellation) kak-si-sa :
Je remarque que mul est un triangle d'étoiles, et que kak est un parfait triangle isocèle, ce qui est d'ailleurs assez logique puisqu'il s'agit de la pointe d'une arme, mais il est tout de même remarquable de trouver ces divers triangles associés à un nom ressemblant si fortement à Sisak.

La requête kak-si-sa livre pour premier résultat (aujourd'hui 17 avril) le pseudo kaksisa du photographe amateur Christopher Hamersley, sur Flickr. C'est encore un formidable écho, puisque c'est le nom du médecin qui a sauvé Jung, le docteur Haemmerli, qui m'a orienté vers Babel, comme je l'explique dans D'un marteau l'autre, après la première piste du meurtre à coups de marteau chez les Esséniens de Quenan, le mercredi 5 avril 1944.

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