22.7.15

Rutile, ô, Kansas !


  En environ 6 semaines j'ai lu (ou relu) trois livres en 34 chapitres où je distingue clairement une répartition 21-13, mes Fibos fétiches notamment associés au couple Haemmerli/Jung (valeurs 84/52 = 21/13).
  Je me réserve de traiter du premier, lu début juin, dans mon billet du 31 août prochain, ou 21/13 du calendrier pataphysique.
  Le suivant est Deuils de miel, de Franck Thilliez. J'ai entrepris de lire ou relire tout Thilliez, soit 15 romans et quelques nouvelles, après la découverte, relatée ici, d'allusions au nombre d'or dans Gataca. J'étais sûr d'avoir déjà Deuils de miel, et de l'avoir mis de côté après le déménagement, mais pas moyen de le retrouver... Malgré que je me sois débarrassé d'un bon millier de livres, donnés ou vendus, il en reste pas mal, et le déménagement a quelque peu perturbé mes vagues repères à Mézel.
  Toujours est-il que c'était le dernier Thilliez qui manquait à mon programme, et que j'en ai racheté un trouvé d'occase le 11 juin. Les interrogations ont débuté dès les premières pages, où une femme exécutée dans d'horribles conditions est découverte dans une église, avec un obscur message du tueur mentionnant entre autres le tympan de la Courtisane, et un papier calque est trouvé dans l'oreille de la femme, portant des signes incompréhensibles.
  L'inspecteur Sharko apprend que, dans le langage de l'Apocalypse, la Courtisane est le nom de l'Eglise dévoyée, ce qui permet de découvrir un autre calque dans le tympan de l'église. La superposition des deux calques livre un message en clair, menant à l'endroit où est prisonnier, encore dans d'abominables conditions, le mari de la femme, Olivier Tisserand, mais Sharko arrive trop tard pour le sauver.

  Tympan à Courtisane peut constituer une "équation de faits", le procédé selon lequel Raymond Roussel aurait écrit certains de ses livres, l'exploitation de doubles homonymies. Or le Gématron livre
Olivier  Tisserand = 90+109 = 199
Raymond Roussel = 90+109 = 199
  Il se trouve que Thilliez utilise le codage alphanumérique dans certains de ses livres, sous cette forme exacte dans Vertige, où les mots Voleur-Menteur-Tueur conduisent au chiffre d'un cadenas, 93-96-85 (somme 274 renversement de 472, "chiffre de la queue" qui est le second exemple d'équation de faits donné par Roussel,  après "Les lettres du blanc sur les bandes du billard/pillard").

  J'étais intrigué de ne pas me rappeler avoir vu ça à première lecture. J'ai poursuivi. Le criminel avait donc enlevé le couple Tisserand, Viviane et Olivier, ainsi que leur fille Maria, et tout porte à croire qu'il lui a réservé un sort aussi peu enviable que celui de ses parents. C'est l'enjeu de la suite du récit, via de nouveaux messages codés.
  C'est au chapitre 21 que Sharko et son équipe trouvent la jeune Maria, encore vivante mais gardée dans une pièce à basse température. Son corps a été lardé de multiples plaies, suturées avec du miel qui commence à fondre lorsque la chaleur de juillet 2004 se répand dans la pièce. Il est trop tard lorsque les flics comprennent ce qui se passe et ce chapitre 21 s'achève sur les mots "tout était fini."
  Je me rappelais ce plan barbare, mais dans mon souvenir la jeune fille était sauvée. Ce climax apparaît donc au 21e de 33 chapitres, suivis d'un épilogue situé 4 ans après cet été 2004. 33+1 = 34 parties, et je suis à nouveau abasourdi de ne pas me rappeler ce motif 21-13, alors que la lecture de mon premier Thilliez date de février 2009, juste avant que le motif 21-13 devienne pour moi vertigineux (avec notamment trois publications presque simultanées en mai portant les numéros 13-21-34).

  L'exécution de la famille Tisserand n'était qu'une première étape pour le tueur, et on découvre une liste de 52 autres victimes potentielles, 52 prénoms suivis chacun d'une initiale. 3 Tisserand + 52 = 55, le Fibo suivant 13-21-34...
  L'enquête mène à un village très isolé au-dessus de Grenoble, La Trompette Blanche, où a jadis vécu la grand-mère du tueur. Celui-ci y a lâché des nuées de moustiques porteurs du paludisme, espérant anéantir le village, mais l'identification précoce de la maladie permet d'envisager des soins efficaces.
  Il y avait en fait 55 personnes au village, avec 3 visiteurs, et 32 présentent les symptômes du palu. Deux personnes sont introuvables, celles à qui en voulait le plus le tueur, lequel les a enlevées pour leur administrer une punition plus sévère, mais Sharko arrive à temps.
  32+2 = 34 parmi les 55, encore un parfait équilibre fibonaccien... Il me devenait de plus en plus inconcevable d'avoir raté tous ces échos à première lecture, et donc de plus en plus important de retrouver le premier exemplaire du roman, car je note souvent mes trouvailles dans les pages de garde des livres concernés. Pas moyen de le dégoter à Esparron, et il se trouvait en fait dans l'un des derniers cartons de livres restés à Mézel. Je n'y avais rien noté.
  Je suis parvenu à la conclusion que je ne l'avais pas lu. Parmi les livres que j'avais mis de côté pour les relire en arrivant à Esparron, il y avait d'autres Thilliez, et un Jean-Christophe Grangé, La ligne noire (2004), ce roman pouvant avoir inspiré Thilliez car la technique du meurtre de Maria Tisserand dans Deuils de miel (2006) y est abondamment employée, et elle me semble relever de l'imaginaire.
  Toujours est-il que la dernière victime préparée pour perdre tout son sang par fonte de ses sutures de miel est ici sauvée. Ce roman aurait pu s'appeler Deuils de miel et j'imagine que ce sont les souvenirs inconscients que j'en avais qui m'ont conduit à la confusion avec le Thilliez. Les ressemblances entre les deux intrigues ont été vues par d'autres, avec par ailleurs une même origine aux psychoses des criminels.

  Curieusement Sjef Houppermans, spécialiste de Roussel, a vu son procédé utilisé par Grangé, ce que j'ai commenté dans ce billet étudiant Les rivières pourpres de Grangé.
  Enfin je me soucie peu d'un éventuel plagiat, ce qui serait amusant car le tueur de La ligne noire est dit ne subir aucune influence (ch. 40, p. 289) :
Jamais il ne se serait inspiré des crimes d'un autre. Et surtout pas issus d'un roman.
  Je suis avant tout rasséréné par ma conviction de n'avoir pas lu Deuils de miel jadis, et donc de n'avoir pas la cervelle aussi ramollie que je le craignais.
  Cet autre exemplaire est l'édition Pocket de mars 2010, avec un détail ahurissant. En le feuilletant pour écrire le présent billet, je m'aperçois que son dernier chapitre est intitulé Chapitre trente-quatre, au lieu de Chapitre trente-trois dans l'édition de février 2015 ! Je connais d'autres exemples de mauvaise numérotation, mais celui-ci m'est particulièrement significatif puisque je déplorais d'avoir à ajouter l'épilogue pour parvenir au total de 34 sections, et voici que cet exemplaire que j'aurais pu lire bien plus tôt s'achève sur un chapitre 34 ! J'aurais du mal à le croire si je ne les avais sous les yeux, aussi voici un scan des pages 331 des deux exemplaires:
  Les divergences de numérotation débutent après le chapitre 29, l'édition de 2010 passant directement ensuite au chapitre 31. Les textes sont identiques, et rien ne me permet de supposer que les anomalies résultent d'une fusion de deux chapitres. Si quelqu'un a l'édition originale 2006 La vie du rail, merci de m'informer de ce qu'il en était.

  Une autre erreur analogue m'a été significative dans l'édition française de My heart laid bare, où il y a un saut dans la numérotation des sections du 8e chapitre de la 3e partie. Je rappelle que les deux premières parties en 21-13 chapitres s'achèvent sur la mort de HARWOOD-LICHT (84/52 = 21/13).
  Je rappelle encore ma récente découverte, difficilement concevable car j'avais déjà lu deux fois Pilgrim et remarqué ses deux premières parties en 21-13 chapitres, que ses deux personnages principaux sont PILGRIM et JUNG (84/52 = 21/13).


  J'en ai fini (ou presque) avec Deuils de miel, et peux passer à la plus récente découverte. Le 12 juillet se tenait la brocante annuelle à Mézel, et j'y ai trouvé un thriller "ésotérique" dont j'ignorais l'existence, bien qu'il soit paru en français en 2008, juste après l'édition originale anglaise. L'édition de la brocante est celle du Livre de Poche en avril 2010.
  Après un prologue apparaît le carré magique de Jupiter, arrangement des 16 premiers nombres tel que chaque alignement de 4 nombres a pour somme 34. J'avais étudié dans Dürer toujours comment la variante de Dürer est construite autour des nombres 13-21; il s'agit ici de la forme traditionnelle d'Agrippa :
  Comme dans le cas de la variante de Dürer, j'ai coloré en bleu les paires verticales sommant 13, en rouge celles sommant 21, avec les 4 paires bleues totalisant 52, les 4 rouges 84, les valeurs de JUNG-HAEMMERLI.
  Le roman est fait d'un prologue, de 34 chapitres, et d'un épilogue. Il est clair que la construction en 34 chapitres est intentionnelle, car la constante du carré de Jupiter y est déclinée ad nauseam, et il est probablement aussi voulu que les héros découvrent le carré magique de 16 nombres parmi divers parchemins supposés provenir de John Dee, à la fin du chapitre 16. Le carré est à nouveau reproduit au chapitre 17.
  J'ai bien sûr été voir ce qui se passait chapitre 21, et surtout à sa fin. Les héros y découvrent un autre symbole magique formé des 16 premiers nombres, accompagné du dernier vers du chant 34 de l'Enfer de Dante. Ce sont deux carrés imbriqués, tels encore que chaque alignement de 4 nombres donne 34.
  Je dois avouer que je ne connaissais pas cet arrangement, et suis ébahi de constater que les nombres s'y répartissent en 52-84 de façon encore plus nette que dans le carré magique. Les 8 nombres extérieurs, aux sommets des carrés, totalisent 52 (avec 26 pour chaque carré), les 8 nombres intérieurs, aux intersections des côtés, totalisent 84 (avec 21 pour chaque couple symétrique par rapport au centre).

  Il n'y a qu'une seule autre figure dans le livre, le carré SATOR au chapitre 10. L'auteur n'a pas l'air à l'aise avec les chiffres, et les commentaires sur le carré magique chapitre 17 me semblent peu acceptables, du moins dans la traduction française. Quant à l'étoile ci-dessus, il n'en est dit qu'un mot chapitre 26 pour l'assimiler au "carré dont la somme est 34".
  Je ne crois pas que l'auteur ait été sensible au découpage de 34 en 21-13, même s'il est mentionné que 34 est un nombre de Fibonacci. Il me semble plutôt qu'elle ait consulté quelque part une liste de propriétés du nombre 34 et pioché dedans. L'intrigue s'en ressent et j'ai peiné à y discerner une réelle logique.

  Voici au plus bref. Lucy King a été greffée du coeur le 22 septembre 2003. L'immunologue Alex(ander) Stafford, qui fêtait ce jour ses 34 ans, devait assister à l'opération, mais il en a été empêché par la mort brutale de son frère, Will, détenteur d'un secret transmis depuis 17 générations, remontant au mage John Dee. C'est son coeur que reçoit Lucy...
  Il est question dans le secret d'une dame de lumière, à la fois soeur et épouse, et ce semble être Lucy (du latin lux, lucis) qui tombe amoureuse d'Alex avec le coeur de son frère Will. Une mémoire cellulaire lui permet des intuitions permettant de retrouver la piste du secret perdu...
  Mais une secte du Kansas est sur la piste aussi. C'est elle qui a fait tuer Will et son chef imagine que le secret pourrait précipiter l'Apocalypse, et permettre aux vrais croyants la Rapture, l'élévation directe aux cieux... Je pense aussitôt à Elie et Enoch, les deux "ravis" de l'Ancien Testament, et à leurs valeurs (en hébreu) 52-84.

  Tiens, le plus grand mystère de l'oeuvre de John Dee semble être son étude du langage énochien. S'il a figuré des lettres énochiennes en carrés, les carrés magiques de nombres lui semblent inconnus, et il semble y avoir été associé par l'auteur du fait de la valeur de son nom, calculée par Alex avec les valeurs réduites des lettres :
JOHN DEE = 1+6+8+5+4+5+5 = 34
  L'auteur attribue encore à Alex la découverte de la fameuse "signature" de Shakespeare dans la traduction du psaume 46 de la King James Bible, et c'est cette fois Lucy qui calcule :
WILLIAM = 5+9+3+3+9+1+4 = 34
  Shakespeare est dit avoir introduit cette signature à 46 ans et être mort à exactement 52 ans, le 23 avril 1616. Ceci me rappelle que 46 et 52 sont les valeurs des deux graphies d'Elie en hébreu, et je remarque que c'est un ALEXANDER = 84, valeur du nom hébreu Enoch, qui est censé faire ces découvertes sur Shakespeare. D'ici à voir en Shakespeare et Dee les avatars d'Elie et Enoch...

  L'auteur utilise plutôt Shakespeare pour placer son dénouement dans la nuit du 23 au 24 avril, 34e degré du calendrier zodiacal. ayant débuté à l'équinoxe, le 21 mars. C'est ce 21 mars 2004 qu'Alex a découvert l'arrangement étoilé des 16 premiers nombres, 21 mars qui pourrait être une raison pour laquelle l'auteur a situé ces événements au chapitre 21.
  En fait le secret de John Dee ne répondait pas aux attentes des partisans de l'Apocalypse (dont je rappelle que les "deux témoins" sont identifiés à Elie et Enoch) et le dénouement est heureux, pour Alex et Lucy du moins.

   Si ce fatras ésotérique est quelque peu indigeste, je suis grandement reconnaissant à l'auteur d'avoir ouvert mes yeux sur de nouvelles pistes.
  Ainsi Lucy aussi a 34 ans en 2004, le 3 février, 34e jour de l'année vulgaire, or je sais que Paul Auster est né un 3 février (1947), Auster dont les deux premiers romans, Fausse balle et Cité de verre, ont 21 et 13 chapitres. Le 3 février est aussi selon Gaignebet le jour de la naissance de Pantagruel, nouvel Elie.

  Il intervient aussi dans l'intrigue le 34e élément chimique, le sélénium, dont les protagonistes s'émerveillent qu'il évoque la Lune, importante dans l'affaire. Ceci m'a fait regarder quels étaient les éléments 13 et 21, soit l'aluminium et le scandium dont les poids atomiques sont très proches d'entiers, 27 et 45, ce qui indique qu'il n'en existe qu'un isotope largement majoritaire.
  Or 45 et 27 sont les valeurs de PHIL DICK, et je m'étais émerveillé que cet auteur très concerné par le nombre d'or et la suite de Fibonacci, dont il considérait comme significatif le rapport des termes 5/3, ait eu son diminutif courant de valeurs 45/27 = 5/3.
  Il n'existe qu'une plage restreinte d'éléments où de telles approximations se rencontrent, et la plus remarquable est celle entre fluor et phosphore, numéros atomiques 9 et 15 (rapport 3/5 Fibo), poids atomiques 19 et 31 (19/31 bon rapport doré); elle est remarquable en ce que les valeurs des noms français (72/120) sont aussi dans le rapport 3/5.
  Je rappelle que c'est grâce à l'élément 36 krypton que les héros du Dernier homme bon découvrent que 34 des 36 Justes sont morts, bien que seules 21 morts aient été repérées.

  La secte est établie dans le Kansas parce qu'il a été le 34e Etat à rejoindre l'Union (d'où les 34 étoiles sur son drapeau). De plus son symbole est le tournesol, et Alex remarque qu'un tournesol a généralement 34 pétales, et 34 spirales de graines.
  Je remarque pour ma part que le Kansas a été le dernier état à rejoindre l'Union, en janvier 1861, juste avant que ne débute la Guerre de Sécession. Les choses ont ensuite été gelées jusqu'à la fin de la guerre, en 1865, sinon qu'une partie de la Virginie, sudiste, a rejoint le Nord en 1863 pour devenir un autre état, la Virginie Occidentale.
  Cette carte montre la curieuse position du Kansas, avec en bleu clair les Etats nordistes frontaliers avec le Sud sécessionniste (11 Etats) :
    Je sais qu'au départ l'Union était formée de 13 colonies s'étant libérées de la tutelle anglaise, et apprécie donc que cet autre événement essentiel de l'histoire américaine soit survenu "21 Etats plus tard".
  Les 13 premiers Etats sont au Nord, et lorsque la Virginie Occidentale a rejoint le Nord le bloc de la côte Est est passé à 21 Etats (en laissant de côté les 3 Etats de la côte Ouest).
  Je rappelle les curiosités fibonacciennes de la première capitale de l'Union, Philadelphia.

  Les héros ne connaissent que la gématrie réduite, générant plus facilement des coïncidences. L'utilisation des rangs des lettres conduit à d'autres curiosités.
LUCY KING = 61+41 = 102 = 3 fois 34, pour cette femme qui a 34 ans le 34e jour de l'année.
  Elle a pour amie intime GRACE = 34, dont seul est connu le prénom.
  Des documents importants sont détenus par un ami de Will, habitant 34e rue  à New York (tiens NEW YORK doré en gématrie par rangs, 42/69 =14/23, l'est aussi en gématrie réduite, 15/24 = 5/8, Fibo). Le nom de cet ami est
ROLAND BROWN = 64+72 = 136 = 4 fois 34, ou somme des 16 nombres du carré de Jupiter, se répartissant en 8 impairs = 64 et 8 pairs = 72.
  Lucy King (=102) connaît par mémoire cellulaire le nom par lequel Will appelait son frère, SANDY = 63. 102/63 = 34/21, Fibo.
  L'auteur elle-même a un nom doré,
TITANIA / HARDIE = 74/45
  La valeur totale 119 a un rapport avec 34, et les amateurs de curiosités arithmétiques savent que le 119e nombre triangulaire (somme des 119 premiers entiers) est égal au 34e nombre tétraédrique (somme des 34 premiers triangles), 7140. On ne connaît que 6 cas de ce type.

  D'autres échos ne sont peut-être significatifs que pour moi.
  Ainsi les héros parviennent à élucider au chapitre 30 les énigmes menant au secret séculaire le dimanche de Pâques 2004 (soit le 11 avril). Au fameux chapitre 21 ils avaient trouvé une Bible portant la date du baptême d'Alex, dimanche des Rameaux 1970 (soit le 22 mars).
  C'est une formidable affaire déjà évoquée à diverses reprises, constituant notamment le cas 87 de ma récapitulation des coïncidences 13-21. Dans Face à face d'Ellery Queen (1967), il est tendu un piège à l'assassin le dimanche des Rameaux d'une année qui n'est pas précisée. Le roman s'achève le lendemain à l'aéroport de New York, autour de tasses de café.
  La dernière femme de sa vie (1970) débute là où Face à face s'achevait, mais il n'y est fait aucune allusion explicite à la semaine pascale, si bien qu'un lecteur non obsessionnel ne peut deviner que la nuit du samedi au dimanche 29 mars suivant, où est commis un crime, est la nuit pascale. Les indices ne manquent cependant pas, car la victime est un fils de charpentier, et l'année ne peut être antérieure à 1970, où le 29 mars est bien un dimanche, mais il est plutôt impossible que Face à face se soit passé en 1970...
  J'ai ajouté en 2003 ma graine à cet imbroglio en imaginant une intrigue où un homme est tué à son 21e anniversaire, lors de la nuit de Pâques 2004, dans des circonstances analogues au meurtre survenu  34 ans (13+21) plus tôt. Si la graine n'a pas germé, il en existe de multiples traces, bien antérieures au roman de Titania Hardie.
  Donner plus de détails ne changerait rien au fait qu'il m'était inimaginable de trouver réunis dans une même fiction le dimanche des Rameaux 1970 et celui de Pâques 2004.

  Queen & King... Lucy King a le coeur de Will(iam). Dans Halfway House (1935),  Ellery vient en aide à William Angell et à sa soeur Lucy, injustement accusée. Le secret de John Dee est finalement un tour de passe-passe permettant de faire apparaître des anges...

  Cette King qui a 34 ans le 34e jour a reçu le coeur de Will, greffé par le Dr Azziz (valeur réduite 34), et je pense à la forme levav pour "coeur" en hébreu, de gématrie 34. Depuis janvier 2009 le couple coeur-lion m'est plein d'échos, et le précédent billet y a vu s'adjoindre les mot "roi" et "Charles", roi de coeur (sans oublier CARL = 34).
  Lucy King va épouser un Alexandre, comme le roi de Macédoine et de trèfle, et une recherche m'a mené à ces armes imaginaires du héros grec.

  Les recherches sur le Kansas m'ont amené à son point culminant, le mont Tournesol, à 1231 m.
  Mon dossier 13-21 débute par des coïncidences sur le nombre 1231, s'étant imposé à moi peu avant mon 35e anniversaire (j'avais donc 34 ans). Lorsque je me suis intéressé plus tard à la suite de Fibonacci, j'ai remarqué le renversement de 1231 en 13-21.

  Le titre original du livre est
THE ROSE LABYRINTH = 33+57+109 = 199
qui permet le même découpage 90-109 vu pour la victime "rousselienne" de Deuils de miel, ces nombres 90-109 étant précisément ceux de Raymond Roussel.
  La coïncidence tient essentiellement à ma lecture rapprochée de ces deux romans de 34 chapitres, et il y a d'autres échos.
  Le titre accompagné du nom de l'auteur Titania Hardie (=119) livre la somme 318, un nombre que je suis tenté de lire 31/8, 31 août, jour qui a eu une grande importance pour moi avant que j'apprenne qu'il était aussi le 21e jour du 13e mois pataphysique.
  Tiens TRENTE ET UN AOUT = 199...
  Mon édition du Labyrinthe de la rose est celle du Livre de Poche, dont c'est le volume n° 31809, que je suis pareillement tenté de lire 31/8/09, 31 août 2009.  Le 31 août est la seule date à laquelle j'ai publié chaque année un billet sur Quaternité, en commençant par le 31/8/09. Le billet du 31/8/15 montrera le lien avec le roman en 34 chapitres relu début juin.
  31/8/09 pourrait aussi être le 31 août à 9 heures. Dans La Jangada de Jules Verne, un innocent va être pendu un 31 août à 9 heures si la confession codée l'innocentant n'est pas décryptée. Le pianiste Ricardo Viñes a été marqué par ce livre, et a codé selon le même principe les pages intimes de son journal. Il a choisi son chiffre à partir du nom de sa bien-aimée, MARIA = 13-1-18-9-1, en éliminant les dizaines, soit 31891. J'ai remarqué ici la similitude avec la date clé de La Jangada, mais je suis sidéré de n'avoir pas vu qu'il s'agissait d'un couple doré :
RICARDO / MARIA = 68/42 = 34/21 (Fibo)
  D'autant que j'ai souvent rencontré ce couple 68/42 en relation avec le couple 84/52 (Haemmerli/Jung). Une autre sidération récente, mentionnée en commençant ce billet, est le couple PILGRIM/JUNG = 84/52, personnages principaux du roman Pilgrim dont les deux premières parties ont 21-13 chapitres. Pilgrim a été dans un de ses avatars un artisan des vitraux de la cathédrale de Chartres, vitraux dont il est question dans Le labyrinthe de la rose.

  Dans ces affaires de coeur je remarque les anagrammes
CARDIO-R et
CARD ROI (= 26/42 = 13/21)
Card est aussi la "carte à jouer" anglaise, et on retrouve le "roi de coeur"...
...mais c'est bien Richard qui est un Coeur-de-Lion.

  Je remarque encore qu'en anglais le coeur est
HEART = 52,
et que Lucy qui a reçu le coeur de Will épouse son frère
ALEXANDER = 84 (aussi roi de trèfle).

  Le prénom de la jeune fille qui meurt au 21e chapitre de Deuils de miel est Maria. L'édition Pocket a pour numéro 13121, que je suis tenté de réarranger en 13-21, ou même 21-13-1, 21 chapitres sur l'exécution des Tisserand, 13 chapitres selon la numérotation de 2010 sur l'opération palu, 1 épilogue.

   Le labyrinthe de la rose s'achève, chapitre 34, avec le mariage d'Alex et Lucy, descendant l'un de John Dee, l'autre de Shakespeare, au solstice 2004, soit à peu près au moment où commence Deuils de miel, dont le déroulement chronologique est imprécis.

  Le coeur a ses raisons... Lucy reçoit donc le coeur de Will dans Le labyrinthe de la rose, et avec lui une part de sa personnalité. Il se trouve que l'avant-dernier roman de Thilliez, Angor (2014), a pour personnage important Camille, jeune femme qui a également reçu le coeur d'un homme, ainsi qu'une part de sa personnalité. Dans les deux romans est évoquée la "mémoire cellulaire".


  Une autre coïncidence est remarquable par sa quasi-simultanéité. J'ai donc trouvé Le labyrinthe de la rose le 12 juillet, et l'ai lu le jour suivant. Le 14 était diffusé aux USA le 5e épisode de Proof, série où la chirurgienne Carolyn "Cat" Tyler enquête sur la survie après la mort. Je m'y étais penché dans le précédent billet, remarquant le rapport 21/13 des deux formes de son nom.
  Dans cet épisode Sofia, la fille de Cat, âgée de 16 ans, se sent attirée par le jeune Charlie soigné dans l'hôpital où travaille ses parents. Elle lui trouve des points communs avec son frère Will mort un an plus tôt; on apprend ensuite que Charlie avait reçu un poumon de Will. La mère de Lucy King se nomme aussi Sofia.

  Le titre de ce billet, Rutile, ô, Kansas !, est le début de l'hétérogramme 84 d'Alphabets. Pas d'or dans celui-là, mais il y en a dans le 52, singe ou rat si l'or s'engluait, et le 136 qui s'achève sur l'or au Twins !
  Le retour à ce corpus a été l'occasion d'une nouvelle trouvaille. Parmi les poèmes "or", les seuls formant par leurs rangs une triade dorée sont les 65-105-170, triade déjà significative par les nombres de mesures des 3 R de Das Wohltemperirte Clavier, et par son écriture palindrome en base 4, 1001-1221-2222.

Quelques approfondissements sur les échos rousseliens dans Deuils de miel (note du 3/1/2016):
  Après le "tympan de la courtisane", le premier message du tueur donne cette phrase: Au son de la trompette, le fléau se répandra et, sous le déluge, tu reviendras ici, car tout est dans la lumière.
  Ceci ne reçoit un début d'éclaircissement que lorsque Sharko découvre la péniche La Courtisane, où est séquestrée Maria, chapitre 21. Les 52 prénoms des victimes programmées du tueur sont là, parsemées sur une reproduction du Déluge de Géricault. L'association d'une trompette avec un tableau de Géricault évoque fortement les trompettes de Jéricho (et je remarque au passage que ce nom signifie "lune" en hébreu, alors que le tueur est obsédé par la nouvelle lune).
 Géricault-Jéricho est une homophonie éminemment rousselienne, et le nom du tableau rappelle aux connaisseurs un épisode de Locus Solus, où il est question d'un dé dont
l’ensemble des six faces, numérotées en angle de 1 à 6, montrait isolément ces trois formules : L’ai-je eu ? l’ai-je ? l’aurai-je ? une fois en rouge, l’autre en noir.
  Ce dé fait partie d'un processus divinatoire, et le tirage de la face rouge L’ai-je eu ? envoie à un alinéa où il est question d'une courtisane (!!!).
  Roussel révèle dans Comment j'ai écrit certains de mes livres qu'il a employé la forme  L’ai-je eu ? parce que  L’eus-je ? aurait été selon lui trop immédiat pour le lecteur, le "dé l'eus-je" cachant le "déluge", mais il n'en dit pas plus...

Aucun commentaire: