J'ai parlé dans le précédent billet des romans que je n'ai pas écrits, ou plutôt des projets de romans que je n'ai pas menés à terme. J'y étudiais des coïncidences entre des noms de personnages que j'avais imaginés et ceux de personnages d'autres oeuvres, publiées bien avant, ce qui évidemment demande l'acceptation de ma totale sincérité pour apprécier l'étrangeté de ces coïncidences.
Il y a tout de même eu un roman achevé en septembre 99, publié en octobre 2000, Sous les pans du bizarre, et il s'est trouvé que pendant la rédaction de ce précédent billet j'ai découvert un roman paru le 3 septembre 99, à quelques jours du 7 où a été achevée l'écriture du mien, ce dont j'ai de multiples témoignages. Il y a entre les deux livres une si ahurissante profusion de points communs que je renonce d'emblée à la paternité de mon roman...
...comme je l'espère y renonceront Postel et Duchâtel, auteurs de Pandore et l'ouvre-boîte, ouvrage sous-titré ROMANS, comme La vie mode d'emploi.
C'est un polar très atypique, composé de deux romans basés sur les mêmes faits : De Smalt ou l'histoire vraie, de Philippe Postel, est l'enquête du commissaire chargé de l'affaire, Vitellus ou la vraie histoire, d'Eric Duchâtel, celle d'un protagoniste. Ni l'une ni l'autre enquête n'aboutissent à une solution satisfaisante, mais la juxtaposition des deux récits oriente le lecteur vers un coupable insoupçonné.
Je vais devoir dévoiler ici certains ressorts cachés des enquêtes de Pandore et des Pans, mais les noms des coupables ne sont pas essentiels dans ces affaires.
Le commissaire-poète Gabriel De Smalt enquête sur les morts de 3 académiciens :
- l'écrivain Georges Verdet tué le mardi 7 avril avec son épée d'académicien, quai Voltaire;
- le dramaturge Marcel Péridot tué le soir du 11 avril avenue Victoria, le crâne fracassé par un buste de Molière, pendant la première de sa nouvelle pièce;
- le polygraphe Virgile Grünenwald, auteur notamment de mots croisés, qui s'est semble-t-il suicidé dans l'après-midi du 14, à son domicile de la rue Simon-le-Franc, en se plantant dans la cuisse son stylo chargé d'un poison foudroyant.
Au passage ces trois noms d'académiciens évoquent le "vert" de leur habit, comme d'autres mentionnés dans l'ouvrage, où tous les noms de personnages sont dérivés de couleurs diverses.
A côté des morts sont trouvées trois inscriptions en grec ancien, des citations d'auteurs classiques. Grünenwald s'est-il suicidé après avoir tué les deux autres ? ou les trois ont-ils été assassinés par une quarte personne ?
Dans les Pans il y a aussi trois morts de personnalités littéraires parisiennes, les latinistes Adalin Burnachs, Jacques Courtas et Roland Boulenger, qui pourraient être des morts accidentelles sans quelques détails troublants :
- les dates schématiques des morts, les 3/3, 4/4 et 5/5 de 1999:
- les lieux des morts formant un triangle de Pythagore 3-4-5 sur le plan de Paris;
- les trois victimes venaient de recevoir des mystérieux cartons triangulaires, portant d'étranges messages, des anagrammes des lettres ACDEILMNO.
C'est chez un autre latiniste, habitant 11 rue Simon-le-Franc, que Gondol apprend l'origine de ces lettres, le nom Alcimedon issu d'une Bucolique de Virgile (III,44)
Et nobis idem Alcimedon duo pocula fecit,et c'est à l'origine un nom grec, Ἀλκιμέδων, signifiant "celui qui dirige par la force".
3 morts de lettrés, 3 messages mystérieux en rapport avec le grec, et le Virgile de Pandore habite la rue Simon-le-Franc, plutôt ruelle de 96 m de long qui ne doit guère compter plus d'une douzaine d'immeubles.
Mon latiniste de la rue Simon-le-Franc apprend aux enquêteurs que les 3 morts s'étaient gaussés d'un amateur, Tom Lapnus, lequel prétendait avoir trouvé dans Virgile des secrets liés à Alcimedon et au triangle de Pythagore; ils se rendent aussitôt chez Lapnus, en Essonne, et le découvrent tout juste mort, peut-être suicidé, peut-être pas. Le latiniste de la rue Simon-le-Franc est ensuite arrêté pour la série de meurtres, puis innocenté.
J'avais (ou je croyais avoir) choisi les dates des morts en écho au triangle 3-4-5, et il se trouvait que cette année 99 le 4 avril était le dimanche de Pâques, ce que mon obsession pascale m'a fait utiliser. Le mort du 4/4 était Jacques Courtas, initiales JC, écrabouillé station Denfert par une rame de métro conduite par Aleppe Conti, anagramme de Ponce Pilate. J'étais tout à fait conscient en construisant l'anagramme qu'elle évoquait l'Académie Française quai Conti, et l'épée académique.
L'année où se passe Pandore n'est pas précisée, mais l'action est nettement contemporaine de l'écriture, et c'est en 1998 qu'il y a eu un mardi 7 avril, un samedi 11, un mardi 14, jours des morts, or Pâques tombait le 12 avril en 1998, et Marcel Péridot serait donc mort pendant la nuit de la résurrection (son corps est découvert à 23 h 45 quand on vient le chercher pour saluer à la fin de la première du Miroir d'Hérodiade, un sujet biblique).
Je précise que, dans mon approche des dates pascales littéraires, je considère comme significatifs aussi bien les morts un Vendredi saint et les résurrections dans la nuit ou le jour de Pâques que les renversements de ces situations, et j'évoquais dans le précédent billet un autre assassinat durant la nuit pascale envisagé dans un projet de roman, situation empruntée à un roman de Queen où l'intention était manifeste.
JB Pouy m'a demandé en avril 99 d'écrire le premier roman de la collection Pierre de Gondol, avec des directives très précises : chaque ressort de l'intrigue devait ressortir du domaine de l'écrit... Sans connaître Pandore, je m'en étais acquitté de mon mieux, et c'est ainsi que le nom de la première victime, Burnachs, était un pseudo collectif utilisé par Perec et ses amis au début des années 60, généralement Georges Burnacs. Il y était particulièrement associé son grand ami Marcel Bénabou, en l'honneur duquel Georges a introduit dans ses fictions des personnages nommés Marcel-Emile Burnachs et Marcellus Burnachus.
Quelle résonance avec les prénoms des deux premières victimes, Georges et Marcel ! Ce à quoi il faut ajouter que l'oeuvre la plus connue de l'Oulipien Bénabou est une fantaisie littéraire titrée Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres (des extraits ici, où est notamment cité le nom Martin Burnacs), évident écho au célèbre Comment j'ai écrit certains de mes livres de Roussel.
David Bellos, biographe de Perec, écrivait dans Une vie dans les mots qu'il y aurait "de quoi écrire un livre entier sur la vie de ce Burnacs protéiforme." Un chapitre pourrait en être consacré à son apparition dans les Pans.
Le duo Jacques Courtas-Aleppe Conti était emprunté à un roman de 1985 de Didier Daeninckx, Métropolice, dans lequel Jacques Courtal, jadis victime d'une chute sous une rame de métro à la station Château-Landon, répète le drame dans des stations débutant par C. Sa seconde victime est Enrico Conti à Corentin Cariou. J'avais modifié Courtal en CouRTaS pour me rapprocher du ChRiST, et Enrico en Aleppe pour l'anagramme de Ponce Pilate.
Je me souviens avoir choisi (ou cru choisir) Denfert parce que le 4/4 de cette mort correspondait au DD de Didier Daeninckx, mais je découvre aujourd'hui en reprenant le roman que, après avoir fait 3 victimes, Jacques Courtal est finalement abattu par un policier entre les stations Saint-Jacques et Denfert. Je m'aperçois aussi que toutes les lettres de ENRICO CONTI sont dans CORENTIN CarIOu.
Dans Pandore, De Smalt découvre un point commun entre les trois académiciens : ils faisaient chanter un personnage important de la vie littéraire française, Honoré Sablaud, directeur du journal Chantecler, auquel ils doivent leur élection à l'Académie. En 1964 Sablaud a demandé à un jeune homme de l'aider à ouvrir la sépulture de Rimbaud, soi-disant pour réunir ses restes à ceux de Verlaine au cimetière des Batignolles. Ils ont été surpris par un gardien que Sablaud a tué d'un coup de pioche.
De Smalt pense que le coupable de la série de meurtres est ce jeune homme, dont il n'a aucune idée de l'identité, alors qu'il ressort clairement du récit de Vitellus, où l'on ignore tout de cette profanation, qu'il s'agit de Martial Moreau. Le croisement entre les deux récits permet de reconstituer la "vraie histoire" : Moreau ne connaissait de l'assassin qu'un surnom, Mozart, parce qu'il est atteint de la même malformation des oreilles que le compositeur; il a voulu publier une relation de la profanation, afin de le retrouver, mais le texte est tombé entre les mains de Verdet, qui y a reconnu Sablaud, et s'en est servi pour le faire chanter, avec son ami Péridot; plus tard Moreau a découvert ce chantage, et ourdi une vengeance à longue échéance, en utilisant pour instrument Virgile Grünenwald, expédié vers Sablaud avec une grille de mots croisés contenant de multiples allusions à la profanation de la tombe de Rimbaud et à "Mozart".
Ainsi le tour de la grille permet de lire : pseudo Mozart, assassin, profanateur de sépulture :
Ici encore apparaissent de formidables échos avec les Pans, où Gondol et sa compagne s'essayaient à résoudre une grille du journal imaginaire Fogar, due à un certain Angel Sévère (anagramme de Serge Valène, pseudo de Perec).
Je n'avais pas conçu une grille complète, et voici restitués en noir les mots explicitement trouvés :
La définition du 2 horizontal était La truie de Mozart (Le porc est là !), celle du 8 Quéquette d'Arthur (il est question d'une "quéquette d'ivoire" dans un poème de Rimbaud).
J'ai aussi donné en gris les solutions aux définitions sur lesquelles ont séché Gondol et Iris, le 4 horizontal Ce n'est pas l'exclusivité de Charleville-Mézières, et le 7 vertical Prodige de Loren : c'est une anagramme de Pierre de Gondol, car Pouy avait d'abord donné à ce plus petit libraire parisien le nom Albert Fnak. La Fnac, informée du projet, exigea un droit de regard préalable sur chaque texte, et Pouy préféra trouver un autre nom.
C'est une des raisons qui a retardé la parution d'abord prévue pour fin 99 des Pans, écrits avec pour personnage principal Albert Fnak. Il va de soi que dans la première version le jeu ne figurait pas, et l'intermède ludique s'y limitait à la potence de la grille. Lorsque Fnak est devenu Gondol, il m'a semblé amusant de le confronter à une définition se rapportant à lui-même, ce qui est le cas de presque toute la grille soumise à Sablaud par Moreau-Grünenwald, et il s'est trouvé que les trois mots ajoutés pour croiser avec ALBERTFNAK avaient tous trait à Mozart ou à Rimbaud !
Si c'était un hasard "pur porc" pour Mozart, Rimbaud était abondamment convoqué ailleurs dans les Pans, avec essentiellement la transposition lipogrammatique de Voyelles proposée par Perec, Vocalisations, dont les 14 vers sont codés dans les 14 chapitres des Pans. Si ce codage, en lettres de corps plus gras, est peu accessible, j'ai donné "en clair" au chapitre 9 l'acrostiche du sonnet, ANAQ CHI DU PSOSO, trouvé par Gondol dans les papiers de Lapnus (la définition de COULEURS dans la grille de Pandore est Le poète en a donné aux voyelles).
Symétriquement, un sonnet en clair est présent dans Pandore, dans la relation de la profanation de Charleville, où il s'agirait d'un poème vu sur une tombe voisine de celle de Rimbaud. En fait c'est une signature de l'auteur de la relation, car l'acrostiche du sonnet livre SCRIPSIT MOREAU.
Il me semble envisageable que De Smalt ait décodé l'acrostiche, et que ce soit pour cela qu'il décide brusquement d'abandonner l'enquête, car il est amoureux de l'ex-femme de Martial Moreau, et enchrister le mari pour 3 meurtres serait mal venu.
Mais De Smalt est un flic peu orthodoxe, et c'est ainsi qu'il découvre La nuit de Charleville grâce à un gribouillage en écriture automatique auquel il s'est livré après le premier meurtre. Il y a d'abord lu la mort dans l'âme, qu'il interprète finalement le mot dans l'arme, ce qui lui permet de découvrir le document à l'intérieur du buste de Molière qui a tué Péridot.
La première partie des Pans a pour titre Vigiles des morts, ce qui a priori a trait aux cartons reçus par les latinistes les veilles de leurs morts, mais ceci signifiait aussi pour moi que ces cartons portaient des mots (de) Virgile, 3 fois le mot Alcimedon en fait. Le mot dans l'arme indique que ce n'est pas Virgile (Grünenwald) qui a écrit cette relation, mais Moreau (Martial, nom d'un autre poète latin).
J'avais en fait travesti la rue Simon-le-Franc en Simon-le-Cribleur, anagramme de Simon-Crubellier, la rue imaginée par Perec pour son immeuble de La Vie mode d'emploi, et il était aisé de le deviner, surtout en sachant qu'un grand ami de Perec habitait cette rue, Marcel Bénabou, celui dont il était question plus haut pour son Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres, mais encore éminent latiniste, professeur des universités. Il était également alors président de l'Association Georges-Perec, et j'avais échangé récemment quelques courriers avec lui.
J'avais sis mon latiniste, Noël Médec, au 2e étage du 11 rue Simon-le-Cribleur, en écho au 11/2 supposé baliser l'oeuvre de Perec, et Virgile Grünenwald habite aussi au 2e étage d'un immeuble de la rue Simon-le-Franc dont le numéro n'est pas précisé, mais il est indiqué que son gardien a loupé les entrées et sorties au moment crucial parce qu'il était en train de s'occuper des poubelles du 7, ce qui peut laisser supposer que l'immeuble de Virgile est le 5, celui où habitait Bénabou, ou le 9, voisin du 11.
Il est alors difficile d'imaginer qu'il soit fortuit que, parce qu'il se murmure de façon de plus en plus insistante que Grünenwald a un nègre, le Secrétaire de l'Académie lui demande
Alors, mon bon Virgile, paraît-il que vous n'auriez écrit aucun de vos livres ? (page 472)mais la quantité de coïncidences époustouflantes déjà vues et à venir me permet d'imaginer que tout est possible. Au moins Postel et Duchâtel pourront-ils éclaircir cette question.
Note du 23/9 : 15 jours après avoir posté ce billet je n'ai aucune réaction de Postel et Duchâtel, les premiers prévenus de cette publication. J'ai tendance à interpréter ce silence comme une confirmation qu'ils ignoraient la domiciliation de Bénabou (sinon son existence). Celui-ci, également contacté, m'a aussitôt fait part de son ahurissement.
Note de mai 2018 : toujours pas de réponse de Postel et Duchâtel.
J'ai conté ici comment j'ai découvert, dans un livre paru après l'écriture des Pans, que Perec avait d'abord situé sa rue Crubellier dans ce quartier Beaubourg, 100 m au sud de la rue Simon-le-Franc, avant de l'établir définitivement dans la Plaine Monceau, où un immeuble haussmannien est mieux à sa place.
Il n'est pas obligatoire qu'une première visite à un personnage s'attarde sur son seuil, et les premières phrases du chapitre du second roman de Pandora où Vitellus va chez Grünenwald ont un petit air de famille avec celles du chapitre où Gondol se rend chez Médec :
Le nom rutilait sur une plaque de cuivre vissée au-dessus de la sonnette de l'unique appartement du deuxième étage. Vitellus sonna et attendit.(j'ai exagéré ci-dessus le corps des lettres caps par rapport au livre; dans ce chapitre les lettres codant le sonnet de Perec sont groupées selon les mots du 5e vers, et c'est donc là où l'anomalie est le plus facilement repérable)
Le nom Noël Médec est encapsulé sans fioritures à côté d'un bouton de sonnette, au second étage du 11 rue Simon-le-Cribleur. Je sonne.
A propos de 5, la première partie des Pans se composait de 5 chapitres, répartis en 4+1 conformément à la 1e strophe du chant d'Alphésibée de la 8e Bucolique. Les 4 premiers chapitres, Décès-Céder-Essais-Aider (DC-CD-EC-ED) se passaient rue Beautreillis à la librairie de Gondol, le 5e Cesser (CC) rue Simon-le-Cribleur. Une curiosité de la traduction espagnole est que ce chapitre Cesser y est devenu César, soit "César", alors que "cesser" se dit cesar en espagnol.
C'est Noël Médec qui apprend à Gondol que, selon Lapnus, Virgile aurait composé ce chant d'Alphésibée en hommage à l'année de 365 jours instaurée par César.
De multiples échos ponctuels peuvent encore être relevés entre Pandore et les Pans, par exemple :
- De Smalt constate que Sablaud a été un "père Noël" pour Verdet, Péridot et Grünenwald. Une des raisons du choix du nom Noël Médec était le prénom de l'architecte de la rue Simon-Crubellier côté pair, Noël.
- Mon 3e mort Roland Boulenger était emprunté tel quel au Crime de Rouletabille de Gaston Leroux, lequel a imaginé dans Le fauteuil hanté une enquête sur les morts mystérieuses de trois académiciens. Sablaud, d'abord principal suspect de De Smalt, est roux, et désigné à Vitellus comme "l'homme roux".
- De même que j'ai emprunté les circonstances de mes assassinats à des polars divers, la mort de chaque académicien met en scène un épisode tiré de son oeuvre. Pandore aurait ainsi pu paraître dans la collection Gondol, à condition que le second enquêteur Vitellus se fût nommé Gondol, or le livre favori de Vitellus est Gondoles d'amour (je rappelle que Pandore est paru avant le choix du nom Gondol).
Au-delà de tous ces échos d'autres questions me turlupinent, et notamment celle-ci : comment ne m'en suis-je pas aperçu plus tôt alors que j'ai Pandore depuis plusieurs années ? Et je l'avais en principe lu avec une certaine attention, comme tous les polars se déroulant dans une période pouvant être pascale. J'aurais dû sauter en plafond devant un Virgile habitant rue Simon-le-Franc, et le nom de la rue est mentionné à au moins 3 reprises.
Il ne semble pas d'après mes notes à la fin du livre que j'avais alors compris que l'année de l'action était 1998, et qu'il y avait donc un meurtre avec un buste de Molière pendant la nuit de Pâques. Ceci aurait aussi dû me faire bondir car il y a un assassinat dans la nuit de Pâques 1970 dans La dernière femme de sa vie de Queen, commis avec une statuette des trois singes, et j'avais pastiché cette scène dans mon Parfum de l'amant d'Anouar, évoqué dans le billet précédent, où un littérateur était assassiné la nuit de Pâques 2004 avec un buste de Lessing - les sing(es) -, lequel a dû appartenir à l'Académie allemande.
Je pense que j'aurais montré plus d'attention si j'avais lu Pandore après juillet 2008, où j'ai défini un nouveau type de polar pascal, celui couvrant exactement la Semaine sainte, des Rameaux à Pâques. J'en connaissais alors 3, et j'en découvris un 4e en septembre, peu après ma découverte du motif 4-1 de la vie de Jung, avec pour pivot le 4/4/44, mardi de la Semaine sainte.
Le motif 4-1 me fit me demander ce que serait un 5e texte de ce type, sans en espérer une proche découverte puisque celle des 4 autres s'étalait sur plus de 12 ans, mais un effarant hasard m'amena quelques jours plus tard au Décorateur, d'Akounine. Il y avait une légère différence avec le type canonique, car si ce roman s'achevait bien dans la nuit pascale de 1889, il débutait le mardi précédent, mais que ce mardi fût un 4/4 dans le calendrier julien me parut une circonstance encore plus significative.
Je n'avais pas non plus considéré comme propre à l'écarter du modèle idéal que Les quatre coins de la nuit, découvert quelques jours plus tôt, s'achève, après l'essentiel du roman consacré aux 8 jours fatidiques de 1996, avec quelques paragraphes sur l'enterrement de l'homme disparu pendant la nuit pascale, le mercredi suivant.
Or De Smalt ou l'histoire vraie est constitué de 10 sections consacrées aux 10 jours du mardi 7 au jeudi 16 avril, soit du Mardi saint au jeudi suivant Pâques en se fiant au calendrier de 1998, tandis que Vitellus ou la vraie histoire débute le dimanche 5, soit les Rameaux, et s'achève le mercredi 15, 3 jours après Pâques.
Septembre 99, septembre 08, septembre 13. Si l'importance de ce qui s'y passe après Pâques écarte Pandore de mon modèle type, ce "romans" redécouvert presque exactement 5 ans après mérite quelques accessits; je précise que pendant ces 5 ans aucune autre Semaine sainte canonique n'est venue s'ajouter au groupe des 5.
Je ne peux donner aucune raison précise à ma relecture de Pandore, laquelle résonne avec mes préoccupations récentes, sujet du précédent billet, des coïncidences onomastiques imprévues entre mes projets inaboutis et d'autres oeuvres. Je ne crois pas que j'aurais écrit ce billet si Kerbellec ne m'avait pas rappelé le personnage de Locus Solus Eveline Bréger, probablement choisi comme belle-et-bonne parmi d'autres variétés de POIRES, en relation avec l'ESPOIR.
Or Martial Moreau semble être l'organisateur secret de la série académique de macchabs, et le prénom Martial évoque à tout amateur de littérature marginale Martial Canterel, le propriétaire de Locus Solus. Le hobby de Martial Moreau (dont le nom est probablement choisi d'après "more" ou "maure", synonyme de "noir", "nègre") est précisément l'étude des variétés de poires disparues, et l'espoir de Vitellus le fait s'installer à l'hôtel de l'Espérance...
L'autre personnage clé du précédent billet était Jane Tudor dans Cette hideuse puissance, désignation pour Lewis de Babel, une nouvelle Babel recréée à Belbury, cité imaginaire.
Mon étude franc-cribleur m'a fait aller voir ce qu'il y avait au 11 rue Simon-le-Franc, où j'avais installé Noël Médec, et c'est un hôtel proche du centre Pompidou, l'hôtel Beaubourg.
Or en français "bel" est équivalent à "beau", et "bourg" est la traduction de bury (ou borough). Curieux sachant que Pandore comme La Vie mode d'emploi sont sous-titrés ROMANS, anagramme de RANSOM, le héros de la trilogie de Lewis, grâce auquel la nouvelle Babel s'écroule.
Une recherche Simon-Crubellier Babel amène divers résultats, dont une dissertation où je trouve cette phrase, à propos de La Vie mode d'emploi :
Il y a eu d'autres curiosités éditoriales liées à la parution des Pans, ainsi en avril 2000, alors que mon manuscrit était depuis plusieurs mois chez l'éditeur, sa publication ayant connu divers atermoiements jusqu'en octobre, est paru Sous l'aile du bizarre, traduction du Emotionnally Weird de Kate Atkinson.
"aile du bizarre" est une expression aussi inhabituelle que "pans du bizarre", et googler les expressions mène massivement à l'un et l'autre roman.
Je n'avais pu commencer à rédiger mon roman qu'après lui avoir trouvé un titre satisfaisant, dérivé du Sur les bandes du billard de Roussel.
Il y a eu aussi au moins une curiosité éditoriale associée à la parution de Pandore, en septembre 99, et là encore je m'interroge sur mon manque de réaction lors de sa première lecture.
La traduction de You can't catch me (1995) de Rosamond Smith (alias JC Oates) est aussi parue en septembre 99, mais je n'ai découvert Une troublante identité qu'en janvier 03.
Le noeud de Pandore est donc que Martial Moreau est le nègre de Virgile Grünenwald, or ceux qui auraient lu en septembre 99 les deux romans auraient pu percevoir quelques similitudes. Tristram Heade vient à Philadelphie voir le libraire Virgil Lux, mais au lieu de descendre à son hôtel habituel, le Sussex, Rittenhouse Square, une irrésistible impulsion lui fait choisir l'hôtel de l'autre côté de la place, le Moreau, où le personnel semble bien le connaître, mais sous le nom d'Angus Markham.
Il est aussi parfaitement reconnu par une amie d'Angus, Fleur Grunwald, qui lui confie les méfaits de son méchant mari. Tristram-Angus se trouve entraîné dans une spirale hallucinatoire s'accompagnant de plusieurs morts, notamment Virgil Lux et Otto Grunwald. A noter que dans Pandore Virgile Grünenwald nomme Vitellus "Varilux".
Je vois une intrigante ressemblance entre la couverture de la seule édition de Une troublante identité et celle de l'édition originale de Métropolice.
Peut-être n'avais-je plus en tête Une troublante identité à ma première lecture de Pandore, mais j'ai relu récemment le roman quand j'ai découvert le quinconce des 5 places du plan original de Philadelphie, et son inimaginable structure fibonaccienne, la place "centrale" divisant en fait le damier de 8 x 21 blocs en 3-5-8-13.
J'essaye de ne pas me laisser emporter par ma marotte numérique, mais je dois tout de même signaler un rapport doré (jaune d'oeuf plutôt) entre les noms des deux enquêteurs de Pandore :
VITELLUS / DE SMALT = 120/74
Ce rapport se simplifie en 60/37, la COUPE D'OR de Sérusier sur laquelle s'achevait le précédent billet.
Note du 1er octobre : Il me passe sous les yeux le quotidien La Provence du 26 septembre dernier (n° 5948), avec la définition Quête d'Arthur dans les Mots Fléchés :
- De même que j'ai emprunté les circonstances de mes assassinats à des polars divers, la mort de chaque académicien met en scène un épisode tiré de son oeuvre. Pandore aurait ainsi pu paraître dans la collection Gondol, à condition que le second enquêteur Vitellus se fût nommé Gondol, or le livre favori de Vitellus est Gondoles d'amour (je rappelle que Pandore est paru avant le choix du nom Gondol).
Vitellus est un candide, et son nom ("jaune d'oeuf") a peut-être été choisi en (fausse) opposition à candidum. Il y a diverses allusions dans Pandore à Voltaire, à qui l'habit vert à été jadis octroyé à l'unanimité, probablement pas parce qu'il était anagrammatiquement "olivâtre".
Il est bien plus sûr que la verte vérité issue de la juxtaposition des enquêtes de De Smalt et Vitellus ait à voir avec le bleu de smalt.
En cette année 1998 est mort le 13/8 un réel académicien au nom vert, Julien GREEN (pas du GENRE à avoir un NEGRE).
Il est bien plus sûr que la verte vérité issue de la juxtaposition des enquêtes de De Smalt et Vitellus ait à voir avec le bleu de smalt.
En cette année 1998 est mort le 13/8 un réel académicien au nom vert, Julien GREEN (pas du GENRE à avoir un NEGRE).
Au-delà de tous ces échos d'autres questions me turlupinent, et notamment celle-ci : comment ne m'en suis-je pas aperçu plus tôt alors que j'ai Pandore depuis plusieurs années ? Et je l'avais en principe lu avec une certaine attention, comme tous les polars se déroulant dans une période pouvant être pascale. J'aurais dû sauter en plafond devant un Virgile habitant rue Simon-le-Franc, et le nom de la rue est mentionné à au moins 3 reprises.
Il ne semble pas d'après mes notes à la fin du livre que j'avais alors compris que l'année de l'action était 1998, et qu'il y avait donc un meurtre avec un buste de Molière pendant la nuit de Pâques. Ceci aurait aussi dû me faire bondir car il y a un assassinat dans la nuit de Pâques 1970 dans La dernière femme de sa vie de Queen, commis avec une statuette des trois singes, et j'avais pastiché cette scène dans mon Parfum de l'amant d'Anouar, évoqué dans le billet précédent, où un littérateur était assassiné la nuit de Pâques 2004 avec un buste de Lessing - les sing(es) -, lequel a dû appartenir à l'Académie allemande.
Je pense que j'aurais montré plus d'attention si j'avais lu Pandore après juillet 2008, où j'ai défini un nouveau type de polar pascal, celui couvrant exactement la Semaine sainte, des Rameaux à Pâques. J'en connaissais alors 3, et j'en découvris un 4e en septembre, peu après ma découverte du motif 4-1 de la vie de Jung, avec pour pivot le 4/4/44, mardi de la Semaine sainte.
Le motif 4-1 me fit me demander ce que serait un 5e texte de ce type, sans en espérer une proche découverte puisque celle des 4 autres s'étalait sur plus de 12 ans, mais un effarant hasard m'amena quelques jours plus tard au Décorateur, d'Akounine. Il y avait une légère différence avec le type canonique, car si ce roman s'achevait bien dans la nuit pascale de 1889, il débutait le mardi précédent, mais que ce mardi fût un 4/4 dans le calendrier julien me parut une circonstance encore plus significative.
Je n'avais pas non plus considéré comme propre à l'écarter du modèle idéal que Les quatre coins de la nuit, découvert quelques jours plus tôt, s'achève, après l'essentiel du roman consacré aux 8 jours fatidiques de 1996, avec quelques paragraphes sur l'enterrement de l'homme disparu pendant la nuit pascale, le mercredi suivant.
Or De Smalt ou l'histoire vraie est constitué de 10 sections consacrées aux 10 jours du mardi 7 au jeudi 16 avril, soit du Mardi saint au jeudi suivant Pâques en se fiant au calendrier de 1998, tandis que Vitellus ou la vraie histoire débute le dimanche 5, soit les Rameaux, et s'achève le mercredi 15, 3 jours après Pâques.
Septembre 99, septembre 08, septembre 13. Si l'importance de ce qui s'y passe après Pâques écarte Pandore de mon modèle type, ce "romans" redécouvert presque exactement 5 ans après mérite quelques accessits; je précise que pendant ces 5 ans aucune autre Semaine sainte canonique n'est venue s'ajouter au groupe des 5.
Je ne peux donner aucune raison précise à ma relecture de Pandore, laquelle résonne avec mes préoccupations récentes, sujet du précédent billet, des coïncidences onomastiques imprévues entre mes projets inaboutis et d'autres oeuvres. Je ne crois pas que j'aurais écrit ce billet si Kerbellec ne m'avait pas rappelé le personnage de Locus Solus Eveline Bréger, probablement choisi comme belle-et-bonne parmi d'autres variétés de POIRES, en relation avec l'ESPOIR.
Or Martial Moreau semble être l'organisateur secret de la série académique de macchabs, et le prénom Martial évoque à tout amateur de littérature marginale Martial Canterel, le propriétaire de Locus Solus. Le hobby de Martial Moreau (dont le nom est probablement choisi d'après "more" ou "maure", synonyme de "noir", "nègre") est précisément l'étude des variétés de poires disparues, et l'espoir de Vitellus le fait s'installer à l'hôtel de l'Espérance...
L'autre personnage clé du précédent billet était Jane Tudor dans Cette hideuse puissance, désignation pour Lewis de Babel, une nouvelle Babel recréée à Belbury, cité imaginaire.
Mon étude franc-cribleur m'a fait aller voir ce qu'il y avait au 11 rue Simon-le-Franc, où j'avais installé Noël Médec, et c'est un hôtel proche du centre Pompidou, l'hôtel Beaubourg.
Or en français "bel" est équivalent à "beau", et "bourg" est la traduction de bury (ou borough). Curieux sachant que Pandore comme La Vie mode d'emploi sont sous-titrés ROMANS, anagramme de RANSOM, le héros de la trilogie de Lewis, grâce auquel la nouvelle Babel s'écroule.
Une recherche Simon-Crubellier Babel amène divers résultats, dont une dissertation où je trouve cette phrase, à propos de La Vie mode d'emploi :
Le « romans » apparaît ainsi comme une tour de Babel.
Il y a eu d'autres curiosités éditoriales liées à la parution des Pans, ainsi en avril 2000, alors que mon manuscrit était depuis plusieurs mois chez l'éditeur, sa publication ayant connu divers atermoiements jusqu'en octobre, est paru Sous l'aile du bizarre, traduction du Emotionnally Weird de Kate Atkinson.
"aile du bizarre" est une expression aussi inhabituelle que "pans du bizarre", et googler les expressions mène massivement à l'un et l'autre roman.
Je n'avais pu commencer à rédiger mon roman qu'après lui avoir trouvé un titre satisfaisant, dérivé du Sur les bandes du billard de Roussel.
Il y a eu aussi au moins une curiosité éditoriale associée à la parution de Pandore, en septembre 99, et là encore je m'interroge sur mon manque de réaction lors de sa première lecture.
La traduction de You can't catch me (1995) de Rosamond Smith (alias JC Oates) est aussi parue en septembre 99, mais je n'ai découvert Une troublante identité qu'en janvier 03.
Le noeud de Pandore est donc que Martial Moreau est le nègre de Virgile Grünenwald, or ceux qui auraient lu en septembre 99 les deux romans auraient pu percevoir quelques similitudes. Tristram Heade vient à Philadelphie voir le libraire Virgil Lux, mais au lieu de descendre à son hôtel habituel, le Sussex, Rittenhouse Square, une irrésistible impulsion lui fait choisir l'hôtel de l'autre côté de la place, le Moreau, où le personnel semble bien le connaître, mais sous le nom d'Angus Markham.
Il est aussi parfaitement reconnu par une amie d'Angus, Fleur Grunwald, qui lui confie les méfaits de son méchant mari. Tristram-Angus se trouve entraîné dans une spirale hallucinatoire s'accompagnant de plusieurs morts, notamment Virgil Lux et Otto Grunwald. A noter que dans Pandore Virgile Grünenwald nomme Vitellus "Varilux".
Je vois une intrigante ressemblance entre la couverture de la seule édition de Une troublante identité et celle de l'édition originale de Métropolice.
Peut-être n'avais-je plus en tête Une troublante identité à ma première lecture de Pandore, mais j'ai relu récemment le roman quand j'ai découvert le quinconce des 5 places du plan original de Philadelphie, et son inimaginable structure fibonaccienne, la place "centrale" divisant en fait le damier de 8 x 21 blocs en 3-5-8-13.
J'essaye de ne pas me laisser emporter par ma marotte numérique, mais je dois tout de même signaler un rapport doré (jaune d'oeuf plutôt) entre les noms des deux enquêteurs de Pandore :
VITELLUS / DE SMALT = 120/74
Ce rapport se simplifie en 60/37, la COUPE D'OR de Sérusier sur laquelle s'achevait le précédent billet.
Note du 1er octobre : Il me passe sous les yeux le quotidien La Provence du 26 septembre dernier (n° 5948), avec la définition Quête d'Arthur dans les Mots Fléchés :
1 commentaire:
Le texte choisi par Zazipo cette année est un extrait de Pourquoi je n'ai écrit aucun de mes livres, et j'en ai proposé une anagramme basée sur la coïncidence "Simon-le-Franc".
Enregistrer un commentaire