18.9.12

Ma drôle de morale

à dp & bd
Deux coïncidences récentes.

Je suis membre du forum Autour de Carl, créé par Jean Bissur en début d'année, pari risqué car divers forums jungiens en français ont dû fermer ces dernières années, mais la patience et la fermeté de Jean semblent avoir triomphé des premières difficultés.
Je ne visite pas le forum tous les jours. Ce fut le cas samedi 25 août, où parmi les nouveaux messages j'en découvris un de Kélilan, auteur/dessinateur de BD (notamment de Quadrata, au titre évocateur), qui offrait le 23 août ce tableau en illustration d'un commentaire de Jung sur un rêve de Pauli.
Le peintre n'était pas nommé, mais j'y reconnus un préraphaélite, et le style me semblait plus proche de Burne-Jones que de Rossetti, les plus éminents représentants de cette école anglaise de la fin du 19e.
Quoi qu'il en soit, je pensai aussitôt au couronnement des fantastiques coïncidences entre le roman de Raoul de Warren L'insolite aventure de Marina Sloty (1981), et la nouvelle de Philippe Claudel Tania Vläsi (2003), dont deux éditions ont en couvertures des tableaux de Burne-Jones :Avant d'apprendre ceci, j'avais vu d'étonnants points communs entre les deux textes :
- Tania Vläsi est une vieille fille qui change brutalement de vie le 4 avril 1959, où elle devient reine sous le n° 5691 et est possédée sans trêve par de jeunes mâles tout en expulsant des bébés à tire-larigot.
- Marina Sloty est une jeune étudiante qui fait un saut dans le passé le 7 mars 1959, puis trouve le moyen de regagner son époque le 4 avril 1959 où elle perd sa virginité. J'ai eu la curiosité de calculer les valeurs de son nom :
MARINA-SLOTY = 56-91

J'ai donné plus de détails ailleurs, mais voici ce qui se passa le lendemain de cette remémoration, que je ne comptais pas laisser sans suite (j'avais l'intention d'intervenir sur le forum, et de demander des précisions sur le tableau).
Le matin du dimanche 26 août, j'avais un mèl de Bruno, récemment évoqué à propos de Madrolle, qui me disait qu'il avait acheté le vendredi précédent un livre de Félicien Marceau sur les quais, L'homme du roi, et découvert ensuite qu'il avait un envoi de l'auteur, à Annette Colin-Simard.
Or, parce que je n'avais trouvé sur le net que de très mauvais scans de la couverture originale du roman de Warren, j'avais emprunté à mon amie dp son exemplaire, qui se trouve avoir aussi un envoi, à la même Annette Colin-Simard !
Il faut savoir que les envois à cette Annette ne sont pas d'une extrême rareté, car elle tenait une rubrique littéraire dans Le Journal du Dimanche. Si l'envoi de Marceau est on ne peut plus concis, celui de Warren semble témoigner d'une certaine familiarité, bien qu'il n'ait pas orthographié son nom correctement:
A Annette Colin-Simart
dans l'espoir qu'elle sera convaincue par ce livre de l'existence des fantômes de l'avenir
En témoignage de vive sympathie
Annette Colin-Simard a encore écrit divers livres, dont celui-ci évocateur a contrario des cas de Marina et Tania qui auraient perdu leur virginité le 4/4/59.

J'ai donc partagé ces curiosités dès le 26 août sur Autour de Carl (qui n'est accessible qu'à ses membres), et Kélilan a alors identifié son tableau, Hylas et les nymphes de John Waterhouse (1896).
Je m'absous volontiers de ma première attribution fautive, lisant ici que ce tableau se hisse au niveau des chefs-d'oeuvre de Burne-Jones.
Par ailleurs Kélilan n'avait donné qu'un détail du tableau, dont une reproduction donnée ici est un parfait rectangle d'or. J'en ai tracé ci-dessous les principales lignes d'or :En fait le tableau n'est peut-être pas si parfaitement doré, cette reproduction semblant légèrement rognée sur la droite. Diverses dimensions sont données sur la toile, incompatibles entre elles...
Quoi qu'il en soit, je relève comme une authentique coïncidence que le détail choisi par Kélilan ait été coupé selon une ligne d'or du tableau.

J'ai en écrivant ce billet découvert une autre coïncidence entre moi et mes amis parisiens dp et Bruno, que j'ai connus indépendamment, qui se sont rencontrés par mon intermédiaire, et qui maintenant se voient plus souvent que je ne les vois, reclus dans mon réduit bas-alpin.
Leur rencontre fut l'occasion d'une étonnante constatation : dp habite le n° 131 d'une artère parisienne, or Bruno, qui vit dans un quartier éloigné, venait chaque jeudi dans l'immeuble voisin, au n° 129.
Je n'aurais pas donné ces numéros sans un écho immédiat : j'ai annoncé que mes deux billets précédents étaient les 129e et 130e de Quaternité, ce qui a d'ailleurs orienté leur contenu, mais à ma grande honte c'était une erreur, et il s'agissait en fait des numéros 127 et 128.
Ainsi ce billet que j'imaginais être le n° 131 est en fait le n° 129.

Voici pour la première coïncidence, la seconde fait aussi écho à un mèl de Bruno du 30 août, où il me parlait d'une éventuelle prophétie de André Maurois, un AM comme Antoine Madrolle. Il citait aussi Mauriac (François), débutant par MAUR comme MAURois. Encore à ma grande honte, j'avoue une certaine confusion dans ma tête entre André Maurois et André Malraux; je n'ai rien lu ni de l'un, ni de l'autre, ni de Mauriac d'ailleurs.
Deux jours plus tôt, j'avais fait une balade traditionnelle de l'été, le tour en vélo du lac de St-André. Il y a deux ans, j'avais fait cette balade le 31 août, pour moi le 21/13 du calendrier pataphysique, et j'avais eu la chance de trouver au brocanteur de Castellane le n° 34 de la collection La Mauvaise Chance, significatif pour moi, de même que son auteur, Anthony Berkeley.
L'an dernier j'ai eu à coeur de refaire cette balade le 31 août, et j'aurais fait de même cette année si diverses circonstances ne s'y étaient opposées. J'ai choisi de la faire le 28.
Chez le brocanteur de Castellane, j'ai remarqué un lot de la revue Lire, dont je ne suis pas un lecteur assidu. Il y avait une trentaine de numéros parmi les 70 premiers, et la présence des 13-21-34 m'a semblé justifier leur achat. Ceci faisait écho à mon achat un autre 31 août des numéros 13-21-34 de Planète, parce qu'ils figuraient dans un échantillonage restreint. Il y a encore mes publications de mai 09 associées aux numéros 13-21-34, les numéros 13-21-34 des collections L'empreinte-Police et Le Cabinet noir (dont un Raoul de Warren), etc.
Et bien sûr ma découverte le premier jour de l'an pataphysique 136 = 4 fois 34 du cas Jung/Haemmerli, de valeurs 52 et 84 = 4 fois 13 et 21, découverte qui doit beaucoup à ma lecture le 31/8 précédent, ou 21/13 pataphysique, d'un roman de Sinoué.

J'ai attendu le matin du 31/8 (ou 21/13) pour examiner les Lire, en commençant par le n° 13.
J'y ai été frappé par la notice consacrée au livre sur la compagne d'André Malraux, Josette Clotis, morte le 11/11/44 écrasée sous un train. Etant donné ma confusion entre Maurois et Malraux, mon intérêt résultait pour une bonne part de l'écho avec le mèl de Bruno la veille, où j'imaginais qu'il avait rapproché MALRO DE MADROLE, selon les jeux de mots dont nous sommes familiers. Ainsi j'avais rapproché DORMAEL de MADROLE, auteur de la Théologie des chemins de fer préfacée par Bruno.
J'ai donc répondu à Bruno en croyant qu'il avait fait un parallèle entre André Malraux et Antoine Madrolle... J'ai commencé par lui rappeler que André et Antoine sont les deux saints associés aux lettres-croix, X et T, ce qui constituait un point essentiel de mon billet précité, sain Antoine. Ceci me rappelait aussi le Anthony Berkeley (n° 34) trouvé lors d'un autre tour du lac de St-André.
J'avais aussi été frappé par les dessins de Kélilan autour de la croix et la rose, en écho à mes récentes préoccupations sur la Rose-Croix (prolongées dans mon billet 129 du 31 août, du moins ce que j'imaginais être le billet 129).

J'ai donc signalé ainsi mes trouvailles à Bruno ce 31/8 ou 21/13 :
J'ai attendu ce 21/13 pour voir, et un point commun est la présence de l'année 44 dans les 3, ce qui n'est probablement pas exceptionnel, mais je vais pas consulter toute la série pour étudier la question.
Toujours est-il que
13 : mort de Josette Clotis compagne de Malraux en 1944 (le 11/11 !!), après être passée sous un TRAIN (ils vécurent d'abord 44 rue du Bac)
21 : Claude Mauriac parle des USA qui ont reconnu le gouvernement Pétain jusqu'en 1944, et cite Malraux parmi ses "grands hommes"
34 : participation d'Evita Peron à la campagne électorale de 1944, et début de ca carrière ciné (morte le 26/7/52, 77e anniversaire de Jung)
+ Jean d'Ormesson "Le seul moment où j'ai un peu flanché, c'est en 44 : tous ces vainqueurs..."
Voilà. Je sous-entendais donc des échos à Malraux et Mauriac (père) que je croyais présents dans le mèl de la veille de Bruno. Si j'avais été conscient qu'il s'agissait de Maurois plutôt que de Malraux, je lui aurais signalé la naissance de Maurois le 26 juillet 1885, 10e anniversaire de Jung.

Mon étourderie Malraux/Maurois ôte probablement une bonne part de la pertinence de ces coïncidences, mais mes diverses bévues font partie du problème, telle mon erreur sur ce billet 129/131 qui fait écho aux numéros 129-131 de Bruno-dp.

Evita Peron a pour moi un autre écho, à cause d'une dame PERON ou Péronne qui est probablement le premier exemple connu de gématrie française. Au 14e siècle Dame Péronne était la mie de Guillaume de Machaut, lequel lui a écrit un rondeau au refrain énigmatique:
Dix et sept cinq trese quatorse et quinze
M'a doucement de bien amer espris
Il fallait voir dans ces nombres 17-5-13-14-15 les rangs ou valeurs dans l'alphabet d'alors des lettres RENOP formant le nom de Péronne.

"Ma drôle de morale", c'est donc une allusion au faux calembour "Madrolle de Malraux", et ma conclusion, morale ou non, sera une formule attribuée à Malraux : La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie.
Je la connais grâce à un oulipote, Basile Morin (Bise un Malraux ?), qui en a réalisé un magnifique ambigramme, un dessin qui reste inchangé une fois retourné de 180°:

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