6.6.12

le grand Jeu Hanalogue

à JL, JFD, TDP, JR, BM, GEF, YV, etc.

Lors de mon séjour à Paris en mai j'ai lu pas mal de choses sur Daumal et le Grand Jeu, matière à plusieurs futurs billets.
Pour l'heure je vais explorer une piste qui aurait pu m'apparaître bien plus tôt si ma cervelle n'était pas en inquiétante déliquescence, à tel point que je m'interroge sur mon aptitude à continuer ce travail. Mais où est la relève ?
Donc j'ai pu dans les précédents billets avancer que le roman de Jean Lahougue Le domaine d'Ana (1998) avait des points communs avec Le Mont Analogue, mais comment n'ai-je pu illico me souvenir que le texte de Daumal était une source essentielle pour Lahougue, ce qu'il revendique explicitement dans les Clés du domaine, publiées en même temps que le roman, et Le domaine d'Ana lui-même est construit comme le roman doublement imaginaire qui entraîne ses lecteurs dans un monde virtuel, La pyramide analogue, de Jean-François Dutertre (avatar de Lahougue signifiant "hauteur" en picard, lequel avance dans les Clés que l'analogue francisé de son nom pourrait être Lemont...)
Le domaine d'Ana est de loin mon roman contraint préféré, d'abord pour lui-même, ensuite pour ses nombreuses coïncidences, si fantastiques que la Santa Ana est devenue pour moi l'analogue de la Sainte Chronicité d'Etienne Perrot, alors que je n'avais pas conscience que la Sainte Anne était fêtée le jour de naissance de Jung, le 26 juillet.
Ces coïncidences trouvent de nouveaux échos, avec notamment le personnage de Théo frère du professeur Brideuil calqué sur le savant du Voyage au centre de la terre de Verne, devenu inexplicablement Theodore dans un téléfilm tourné au moment même de l'écriture du roman de Lahougue, Theodore dont le neveu se nomme non moins inexplicablement Jonas, autre personnage additionnel de Lahougue. Le nouvel écho, dont je n'avais pas conscience lors de l'écriture de mon billet du 5/3/8, est donc que l'un des deux principaux aventuriers en quête du Mont Analogue se nomme Théodore, le narrateur.
J'étais pourtant alors parfaitement conscient des liens entre Le domaine d'Ana et Le Mont Analogue car j'avais intitulé le_mont_analogue mon scan de l'illustration centrale du roman, dont la case centrale (parmi 15) est une anamorphose de l'illustration en exergue du roman, elle-même composée par les 15 illustrations des chapitres. Dans ce centre en abîme se reconnaît aisément le mont de Vénus, ou du moins son entrée vers d'essentiels mystères.
On pourra le vérifier en passant la souris sur l'image... Ces points de suspension car le Clos Ana, autre fantasmagorie étudiée dans le même billet, est aussi pour son inventeur un "trou de souris" comparé au sexe féminin.

Il y a de multiples messages codés dans Le domaine d'Ana, ce qui pouvait être considéré comme abusif car il est hors de question de demander au lecteur de décoder ces messages, impliquant par exemple de dénombrer les mots de toutes les phrases du roman. Si les Clés du domaine donnent tous les décodages, elles ne rendent pas compte de la richesse du travail de Lahougue, et je rêve d'une édition électronique qui soulignerait les différents codages (et corrigerait les erreurs de la seule édition existante à ce jour).
Lahougue déclare avoir voulu utiliser comme base d'un de ses cryptogrammes un passage central du Mont Analogue, mais y avoir renoncé faute de centre identifiable dans ce roman inachevé. Ce jugement est plutôt hâtif, car les notes de Daumal montrent qu'il avait un plan clair en 7 chapitres, avec un centre nettement identifiable :
- 3 chapitres de préparatifs et de voyage vers le Mont Analogue
- le chapitre d'arrivée à l'île du Mont Analogue
- 3 chapitres d'ascension
Or le chapitre 4 a été le dernier achevé, et il débute par une belle phrase :
Une longue attente de l'inconnu use les ressorts de la surprise.
J'ai eu la curiosité d'y appliquer le seul code révélé explicitement dans Le domaine d'Ana, où il est appliqué précisément au chapitre central de La pyramide analogue : ne retenir que les médiales des mots contenant un nombre impair de lettres. Il y a 6 mots de ce type parmi les 12 de la phrase de Daumal
une attente l inconnu use les
et le décodage livre les lettres NELOSE, permettant une lecture intelligible, "Ne l'ose !"
J'ai osé. J'invite à prendre n'importe quel texte, excepté Le domaine d'Ana, pour y vérifier à quel point il est exceptionnel d'obtenir un résultat intelligible avec ce procédé.
J'ai googlé "nelose", 85000 réponses sans écho immédiat parmi les premiers résultats.
J'ai googlé "esolen", Lahougue utilisant aussi des codages fonctionnant à rebours, 140000 réponses concernant d'abord un professeur de Providence qui a traduit Dante. Amusant car un des premiers sonnets palindromes a été Etna de Dante, de Jacques Perry-Salkow.
Enfin j'ai googlé ensemble "esolen" "nelose", et là il n'y avait que 3 résultats, dont un en provenance du même site qui m'avait appris que Cassiel était l'anagramme du latin salices, "saules", et c'est une page donnant les 360 anagrammes du latin leones, "lions".
Fantastique, mirobolant, car les cartes médiévales indiquaient pour les régions inexplorées Hic sunt leones, "Ici il y a des lions", or l'île du Mont Analogue est précisément un territoire inconnu de toutes les cartes existantes...

Bien évidemment j'ai ressorti Le domaine d'Ana, et ai été intrigué par deux papiers insérés tous deux entre les pages 214 et 215, cette dernière non foliotée correspondant à l'illustration du chapitre 12.
Voici les deux papiers par-dessus l'illustration :Après quelques tâtonnements, j'ai pu identifier ces documents, et comprendre comment ils avaient atterri dans le roman, l'un en 1999, l'autre en 2008.
En 1999, en déménageant l'appartement familial à Paris, j'ai découvert tout un lot de Je sais tout et Lectures pour tous, revues du début du siècle dont j'ignorais la présence. Hélas, car mes recherches m'avaient conduit à consulter en bibliothèque les numéros de Je sais tout où figuraient les parutions originales des aventures d'Arsène Lupin. Précisément le fragment trouvé vient du dos du n° 24 deuxième année, du 15 janvier 1907, et j'y ai trouvé un signet à la page où débute un épisode de Lupin, signet qui n'est autre qu'un découpage d'une photocopie à plus grande échelle d'une des illustrations du Domaine d'Ana.
J'avais fait des photocopies de toutes les illustrations pour étudier leurs remarquables contraintes graphiques. Je présume que l'unique rapport avec les Je sais tout était temporel : comme j'avais les déchets découpés sous la main, je les ai utilisés comme signets pour marquer les numéros "lupiniens", et comme j'avais Le domaine d'Ana ouvert sur une illusration, il a pu s'y glisser un fragment d'une couverture en mauvais état.
L'autre document, plié en 4, est un bordereau de facturation extrait d'un carnet à souche. La date du 25/02/2008 et le mot "veilleurs" m'a rappelé les faits. J'ai mis en ligne en mars 2003 deux pages sur Le domaine d'Ana, dont le rapprochement avec le Clos Ana du fantasque Weysen. Ceci a attiré l'attention d'un passionné de cette affaire du Verdon, TeeDeePee, qui a pris contact avec moi, et je l'ai emmené au Clos Ana. Quelques années plus tard, il m'a fait envoyer par les éditions Arqa une enquête sur l'affaire, L'Île des Veilleurs, où j'ai appris que Weysen aurait pu tirer le nom Ana de La race à venir de Bulwer-Lytton, où les habitants du domaine souterrain se nomment les Ana.
Incidemment ma page est mentionnée dans le livre, ainsi que Le domaine d'Ana.
J'ai probablement ressorti le roman à cette occasion, et j'ignore si j'y ai placé délibérément le bordereau à côté du fragment du Je sais tout dont je n'ai aucun souvenir. J'estime plus probable que le livre se soit ouvert à cette page où il y avait déjà quelque chose.

Quoi qu'il en soit, la découverte du fragment "N° 24 deu" et du bordereau 48 m'a été immédiatement évocatrice d'une belle coïncidence, avant d'avoir identifié les documents.
Je crois n'en avoir jamais parlé. Ça se passe dans le n° 5 de Formules, revue des littératures à contrainte, en mars 01. Il y a eu dans ce numéro une prise de bec, assez regrettable à mon sens, entre Bernard Magné, spécialiste de Perec, et Jean Ricardou, ex-star du nouveau roman reconverti en théoricien de la "textique". A la suite d'une polémique ouverte dans le n° 3 de Formules, Magné avait préparé pour ce n° 5 une critique incendiaire de la textique, et la revue avait offert à Ricardou un droit de réponse de même longueur.
Ce dernier avait pris la mouche, et entrepris de démontrer que l'éminent spécialiste n'avait aucune compétence littéraire en prenant pour exemple une des rares compositions à contrainte de Magné, numéro 24, suite de 24 lignes de 48 espaces typographiques mettant en évidence un grand X dessiné par des lettres X, en majuscules dans la première version publiée en 1983, en minuscules graissées dans une seconde version de 1988 (où en fait le X central est majuscule, ce que ne semble pas avoir vu Ricardou).
Ricardou a jugé bon de présenter ces deux "24" sur une même page, et il s'agit de la page 224 de la revue :Magné s'était livré à cet exercice pour montrer que l'écriture ludique de Perec était émulatrice, et y montrer trop de talent aurait été contraire à ce but, néanmoins il s'en est à mon avis bien tiré, et les sarcasmes abscons de Ricardou omettent tout ce qui est essentiel pour un perecquien.
Ce n'est pas par hasard si Magné a choisi d'honorer la lettre X, numéro 24 dans l'alphabet, car X fait partie des lettres VWX de la géométrie fantasmatique décrite dans W (!) et le souvenir d'enfance, chapitre XV (!!). C'est au numéro 24 de la rue Vilin (XXe !) qu'habitait la famille Perec, et au-dessus de la porte du n° 24 (en couverture de la 1e édition de W) est longtemps restée l'inscription COIFFURE du modeste salon de Cécile/Cyrla Perec, dont le mari se nommait André/Icek (X est la croix de Saint-André).
C'est probablement parce que le premier recueil d'hétérogrammes carrés de Perec, La Clôture, accompagné de photos de la rue Vilin (dont bien sûr la porte du n° 24), compte 2448 lettres que Magné a choisi une matrice de 24x48.
Ce n'est pas le lieu ici de détailler l'importance des XW dans l'oeuvre de Perec, mais, en superposant les deux numéro 24, Ricardou magnifie une curiosité de W où Perec prétend se rappeler
avoir été frappé par le fait que Charlie Chaplin, dans Le Dictateur, a remplacé la croix gammée par une figure affectant la forme de deux X entrecroisés.
Au moins en écrivant cela, Perec ne pouvait ignorer que l'emblème de la Tomania est en réalité formé de deux X superposés (en anglais double cross, expression signifiant "trahison").

Et bien sûr il y a cette page 224 pour les 2 n° 24, vraisemblablement pur hasard de composition, mais qui admet encore un écho perecquien. La page 224 est le verso de la feuille 112 de la revue, ce serait le folio 112b d'un codex (un code X ?), or 112 apparaît à 3 reprises (au moins) dans le corpus perecquien, avec deux occurrences identiques, Dix-huit leçons sur la société industrielle abandonné page 112 par L'homme qui dort comme par l'étudiant Grégoire Simpson s'abolissant dans La Vie mode d'emploi. J'y ai envisagé une allusion au 11 février, date de la déportation de Cyrla Perec, conforté par l'achevé d'imprimer du livre de Raymond Aron, le 11 février 1962.

On comprendra maintenant pourquoi les documents 24 et 48 m'ont rappelé le cas des 2 n° 24 page 224, et à bien y regarder le fragment "N° 24 deu" du Je sais tout est prodigieux puisque la lettre suivante serait un "x"; par ailleurs ce numéro achevait effectivement la deuxième année de la revue mensuelle dont le N° 1 était paru en février 1905.

Le n° 5 de Formules contient une autre paire d'articles, bien moins polémique. Il s'agit de 26 arguments contre l'Imitation, de Jean Lahougue (tiens), auxquels répondent 26 arguments en faveur de l'Imitation, de Gilles Esposito-Farèse, alias mon ami Gef déjà mentionné à diverses reprises sur Quaternité. Dans ce texte, en ligne sur son site, il se livre à divers jeux incluant notamment des anagrammes de "Jean Lahougue", dont la meilleure me semble "jeu hanalogue".
C'est du moins celle qui me frappe, puisque Daumal m'a mené à Lahougue, qui m'a mené à Formules, où il apparaît travesti en deux mots JEU et (h)ANALOGUE qui, ensemble, sont au premier chef évocateurs de Daumal co-créateur du Grand Jeu et auteur du Mont Analogue.

Cette anagramme à une lettre près m'incite à indiquer que la source de la polémique Magné-Ricardou était un RAPT, un Récrit Avisé Par la Textique, d'un passage de La Disparition, où Ricardou avait malencontreusement placé un SELON, malgré la contrainte du lipogramme en E. NE L'OSE !, aurait-on pu lui conseiller.

Ce numéro 5 de Formules mentionne la parution récente de mon roman, Sous les pans du bizarre (novembre 2000). Mon admiration pour Lahougue m'y avait conduit à y introduire un énoncé dont un décodage alternatif utilisait le code des médiales du Domaine d'Ana (voir ici le cas 49). Par ailleurs, pour mon codage quasi subliminal du sonnet de Perec (en 112 mots je le rappelle), j'avais eu à coeur de modifier le corps de lettres médiales pour les vers 13-14, dans mes chapitres 13-14 (rangs dans l'alphabet des lettres centrales m et n, convoquées notamment dans les règles graphiques de Lahougue).

Ces contraintes graphiques participent pour moi grandement à ma fascination pour le Domaine d'Ana. J'indiquais donc comment mon enthousiasme m'avait conduit à réaliser des agrandissements des 15 illustrations, avec pour objectif le découpage de chacun en 15 carrés pour vérifier leur remarquable construction.
Cruelle désillusion ! Le maquettiste avait rogné les illustrations, ôtant une bande constante à droite ou à gauche, et une bande inférieure variable selon la longueur des légendes. Tous les centres sont décentrés, et certains détails essentiels sont perdus (ce qu'on peut vérifier dans les Clés donnant la plupart des illustrations, en format réduit mais exact). Je fus le premier à en informer Lahougue et induire une rogne plus légitime.
Une première belle coïncidence découlait cependant de cette mutilation : la seule illustration ayant conservé son format de 3 x 5 était celle du chapitre VIII, la plus contrainte, formée par la juxtaposition des carrés centraux de toutes les illustrations. C'est probablement parce que que c'est la seule dont la légende occupe une seule ligne, elle aurait donc servi pour le calibrage de l'ensemble.
Ses dimensions sont 95 x 159 mm. La largeur est identique pour les autres illustrations, mais la hauteur passe à 156 mm environ lorsque la légende occupe 2 lignes, à 153 mm environ lorsque la légende occupe 3 lignes.

Lorsque plus tard m'est venu un certain intérêt pour le nombre d'or, je me suis avisé que le format 5/3 choisi par Lahougue correspondait au premier rapport fibonaccien donnant une approximation acceptable de Phi (1.618). C'était du moins un rapport acceptable pour Phil Dick (dont je rappelle les valeurs, 45/27 = 5/3), qui avait vu dans un état second (ou plus) un seuil en forme de rectangle d'or vers un autre monde...
De fait l'illustration centrale du Domaine d'Ana représente bien la "ténébreuse entrée" qui permettra aux héros de regagner le monde réel.
Si 5/3 = 1.667 ne peut être confondu avec 1.618 par un spécialiste, il est remarquable que les modifications des autres images conduisent à une amélioration du point de vue doré, frappante lorsque la légende occupe 3 lignes (6 cas) :
153/95 = 1.611, et il faudrait mesurer chaque illustration avec plus de précision que le millimètre. 95 mm semblant acquis pour la largeur, la hauteur idéale serait 153.7 mm, et les illustrations 10 et 12 semblent les mieux placées, avec environ 153.5 et pas loin de 154, mais il m'est difficile de les départager.

Les 2 papiers se trouvaient insérés au niveau d'une de ces illustrations idéalement dorées, la 6e et dernière, chapitre 12 (6-12-24-48).
En dépliant le bordereau des éditions Arqa, j'ai été saisi de ses proportions, et ai pris les mesures au vernier :
91.9 mm de large
148.6 mm de haut
148.6/91.9 = 1.617
Il faudrait pouvoir aller au-delà du 10e de millimètre...
Une autre curiosité est qu'on peut envisager de compter en carreaux, auquel cas une bonne approximation me semble être
18 carreaux 1/3
29 carreaux 2/3
et la somme des deux est 48, précisément le numéro du bordereau !

Je n'y insiste pas. J'ai rencontré des curiosités plus frappantes sur les formats d'or au 19e, alors qu'il n'existait aucune théorisation sur le nombre d'or dans l'art. Je ne sais si le format de ce bordereau est intentionnel, mais je suis certain de ne l'avoir aucunement remarqué lorsque j'ai reçu L'Île des Veilleurs en 2008. Je me suis probablement servi du bordereau comme marque-page, mais je ne pense pas qu'il ait atterri intentionnellement entre ces deux pages, parmi 288, du Domaine d'Ana, où se trouve une illustration rectifiée en un format parfaitement doré, alors qu'elle était originellement au format 5/3.

Voilà. J'avais décidé de publier ce billet le 6/6, pour diverses raisons, le 51e anniversaire de la mort de Jung entre autres. Le 5, j'étais de passage à Marseille, et j'ai cherché à l'Alcazar, la médiathèque centrale, un roman de 1932 que m'avait signalé Laurent, Les Formiciens de Raymond de Rienzi, ressemblant à un plagiat par anticipation de Werber, qui selon ses dires avait donné par hasard à son héroïne 103 683e un numéro correspondant à une permutation logique des 6 premières décimales du nombre d'or, lequel apparaît à diverses reprises dans son oeuvre.
Le roman était là, non dans l'édition Néo de Laurent, mais dans la plus récente EONS. Je l'ai feuilleté très rapidement, sans rien y repérer de spécial jusqu'à l'annexe où Rienzi donne les références scientifiques sur lesquelles il s'est basé. J'y vois qu'il existe chez les fourmis le genre Ana, dont une reine pond 50 oeufs par jour, selon le spécialiste suisse Auguste Forel.
Ceci m'intéresse vivement, car Lahougue a écrit un remarquable pastiche où Fabre se penche sur les étonnantes moeurs de la fourmi Atta bellifera. Si l'espèce est imaginaire, le genre Atta existe bel et bien, or
- ana signifie "moi" en arabe et araméen, atta "toi" en hébreu;
- ana et ata signifient "mère" et "père" en turc;
- parmi les 7 chakras, le chakra central est celui du coeur, nommé Anahata en sanskrit; je suis depuis quelque temps fasciné par cette translitération en 7 lettres, avec ce H central qui pourrait maintenant être celui du "jeu Hanalogue"; à ce chakra est associé le symbole du Sceau de Salomon, union de deux triangles représentant le féminin et le masculin, merveilleux écho aux ana et at(t)a précédents.

J'ai fait quelques recherches le 6/6. Auguste Forel est une personnalité suisse, figurant sur un billet de 1000 francs, il a notamment été le directeur du Burghölzli jusqu'en 1898, deux ans avant l'arrivée de Jung.
Aucune trace cependant d'un genre de fourmi Ana, ce qui me fait soupçonner que le genre Ana des Formiciens soit une coquille, peut-être d'ailleurs une mauvaise lecture d'un Atta manuscrit (ce que pourrait confirmer ceci).
Ma recherche fourmi "ana" n'a cependant pas été vaine, avec le 10e (Xe) résultat de la première série. Comme la publication de mon billet modifiera probablement l'ordre des résultats, j'ai fait cette capture de la 1e série de résultats le 6/6; le résultat intéressant sera vraisemblablement maintenant sur la 2e série (c'en est effectivement aujourd'hui 11 juin le 4e, après avoir publié mon billet).
Il s'agit d'un document pdf reproduisant les pages 19 à 53 du n° 12 de la revue féministe canadienne La vie en rose de juillet 1983, consacrées à une série de 10 nouvelles demandées à 10 "écrivaines" ou "auteures" sur le thème "Une fourmi flottait dans sa margarita".
Voilà pour "fourmi", "ana" apparaît dans la 10e nouvelle (X !), Dana Khan de Yolande Villemaire, qui commence page 48 (24+24 = XX, paire chromosomique déterminant la féminité) de la revue (page 30 du pdf).
Il y s'agit précisément du mot arabe ana, "moi", la jeune californienne Dana Khan (12 ans) se trouvant au Caire et cherchant sur son Apple III tous les mots arabes contenant "ana".
Je n'essaierai pas de résumer cette nouvelle échevelée, qui s'achève d'ailleurs en abîme, on pourra la lire sur le lien précité, ou encore ici, où figure le pdf de toute la revue.
Les échos avec mes préoccupations actuelles sont ébaubissants, selon un mot cher à Lahougue, et je ne les explorerai pas tous.
- Les jeux avec la langue sont multiples ("Ah, langue joue ?" anagrammatisait Gef), et il est presque explicite que le nom de l'héroïne est un anacycle syllabique, Khan-na-da.
- Le texte débute par une phrase en langue inconnue, Can talmac yinko hobike ugh om ulak lock?, supposée plus loin être du vénusien. C'est le bris d'une statue de Vénus qui amène les héros du Domaine d'Ana au code des médiales, et à l'appliquer d'abord au mot véNus.
- La gématrie est utilisée, de façon peu explicite mais rigoureuse, à la phrase "vénusienne" puis au nom de l'héroïne, selon ce que le Gématron de Gef nomme "Français classique", puis à la formule génératrice "une fourmi (...)" selon la gematria simplex (simple X ?). Il est amusant que la valeur 371 de cette formule subisse deux réductions arithmologiques
3 7 1 = 1 1: the force
1 1 = 2 : the high priestess
livrant le 11/2 perecquien, mis en correspondance ici avec les arcanes du tarot.
- La valeur 371 est encore transformée en CGA, correspondant aux initiales de Contact Gebel Alahram, "contact au mont des Pyramides", et ceci conduit Dana dans la pyramide de Chéops, dont elle cherche le centre exact (!) Arrivée à ce centre, elle sent une présence, c'est un jeune Egyptien qui l'embrasse.
- La nuit précédente un rêve a conduit Dana à New York, où des hommes flottaient dans les airs, bras étendus, comme s'ils volaient. Puis elle s'est retrouvée à San Francisco, et s'est réveillée avec un mot brillant derrière ses paupières, ATTA. Elle reconte son rêve à la compagne de son père Suzanne, qui lui dit que ATTA lui rappelle quelque chose, mais elle ne voit pas quoi avant la fin de la nouvelle :
Sue ajoute qu'elle s'est rappelée en plein coeur du désert arabique ce que lui rappelait le mot Atta. C'est le nom d'un personnage d'un roman de Jean Ricardou intitulé Les lieux-dits. Je ne me rappelle plus très bien, mais je crois que c'est une jeune femme qui fait des recherches sur les fourmis.

!!!!! Je rappelle que je suis parvenu à cette nouvelle à partir des seuls mots "fourmi" et "ana", parce qu'il existe une fourmi Atta, et j'y trouve des échos des plus ébaubissants, comme le centre de la pyramide de Chéops (le décodage de la Pyramide analogue mène au mot ANA), le mot ATTA, qui s'avère être une héroïne de Ricardou (Ana est l'héroïne du roman de Lahougue).
Les lieux-dits a un sous-titre, Petit guide d'un voyage dans le livre, et une brève enquête montre que le roman use de multiples procédés autoreprésentatifs, comme Le domaine d'Ana. Détail amusant, cette page montre que Magné était jadis un lecteur attentif et respectueux de Ricardou.

Il y a tant de choses à dire et ce billet est déjà bien long. L'irruption de Chéops m'incite à rappeler que les adorateurs du nombre d'or le voient au coeur de son architecture. C'est à mon sens un hasard simple à expliquer, mais lié à des coïncidences personnelles que je peux relier à Je sais tout via Arsène Lupin.
Comme je l'ai détaillé ici, j'ai baptisé un personnage de mon roman d'une anagramme d'Arsène Lupin, Irène Lapnus.
Plus tard je me suis avisé que les valeurs simplex de ce nom 51-83 correspondaient au partage doré idéal de 134, et que par ailleurs 51.83° était "l'angle d'or", l'angle dont le cosinus est 0,618, effectivement présent dans la grande pyramide.

Dana Khan et son père David logent dans les chambres 808 et 809 du Hilton du Caire. Ceci m'a rappelé le "jumeau 0.809" des Silences de Dieu de Sinoué, où cette énigme est un indice désignant Dieu, via la Divine proportion 1.618 = 2 x 0.809.
Ce roman lu début août 2008 m'avait fait lire d'autres Sinoué, et Des jours et des nuits avait joué un rôle essentiel dans ma découverte du 8 septembre. Cette date peut s'écrire 08/09.

Les dates de septembre m'amènent à une autre bizarrerie. Dana rêve au Caire d'hommes volant au-dessus de New York, puis du mot ATTA. Or, 18 ans plus tard, des personnes se jetteront les bras étendus du haut du World Trade Center, pour échapper à l'enfer déclenché par l'attaque dirigée par l'égyptien Mohammed Atta, lui-même aux commandes du premier Boeing ayant percuté l'édifice.
Atta a passé sa jeunesse à Gizeh, à côté du Gebel Al Ahram, du plateau des pyramides.
Le 11 septembre est connu mondialement selon l'appellation américaine 9/11, et il est frappant que les deux phrases gématrisées par Dana, de valeurs 2151 et 371, soient aussi réduites aux sommes de leurs chiffres, 9 et 11.
Le numéro 808 de la chambre où Dana rêve peut aussi trouver écho. J'indiquais ici que l'ELS biblique mihabel atta, "terroriste Atta", envisagée comme prémonition du 9/11 par son croisement avec "Egyptien", avait pour valeur en hébreu 80-80, se réduisant à 8-8.
En cherchant sur GoogleImages une illustration qui aurait clairement montré l'angle 51.83° de Khéops, par la requête Khéops "51.83", j'ai d'abord trouvé des images issues de mes blogs, puis en 17e position ceci qui m'a intrigué :Elle provient d'un forum "zarbi", où un intervenant expose une théorie que je n'ai pas eu le courage de tenter de comprendre, dans un sujet commencé le 8 août dernier, 8/08 !
Il s'agit d'une photo, prise selon un angle évidemment choisi, de la fresque du hall du GE Building, qui était lors de son achèvement en 1933 le 5e plus haut gratte-ciel de New York.
Les avions à proximité de deux piliers (le hall en compte bien plus) peuvent effectivement être évocateurs, comme d'ailleurs d'autres détails de cette fresque, commentés sur ce post.
Je relève que la fresque est due à Jose Maria Sert, qui selon Dali habitait "l'endroit le plus paubre et le plus luxueux de l'Erope, le Mas Jung" (avec une orthographe qui ne dépare pas à côté de celles des intervenants du forum précité):




Yolande Villemaire était prédestinée pour écrire dans La vie en rose, car elle avait publié en 1976 La vie en prose, dont le titre avait à voir avec le nom de jeune fille de sa vile mère, Larose.
Danielle Constantin, que je connais par l'Association Georges Perec, a publié un essai sur la genèse de ce roman, comparée à celles de La Vie mode d'emploi de Perec, et de Marelle de Cortazar.

On trouve sur GoogleBooks de larges extraits du Domaine d'Ana comme de Ecriverons Et Liserons donnant les clés du Domaine.

Relisant ce billet je pense à une curiosité numérologique, en écho à la valeur remarquable de Phil/Dick = 45/27 = 5/3.
Jean/Lahougue = 30/90 = 1/3 offre une autre harmonie, en belle résonance avec un commentaire vu je ne sais plus où. L'évangile de Jean débute par "Au commencement était le Verbe", en arkhè èn ho logos, et il était vu significatif le rapport du nom de l'évangéliste au Verbe, selon l'alphabet grec :
Iohannês/logos = 1119/373 = 3.
Il va de soi que le résultat serait identique pour Sogol, dont un des compagnons se nomme Hans (Jean allemand).

3 commentaires:

Yolande Villemaire a dit…

Quelle lecture fascinante en ce lundi matin que celle de votre blog "Quaternité"! Wow! J'ai déjà voulu écrire un roman sur le Grand Jeu, mais le nombre de romans que je n'ai finalement pas écrits dépasse largement la dizaine de romans que j'ai publiés jusqu'à maintenant. Je suis en train d'écrire "La rose des temps" un roman sur le Temps et vous me faites drôlement voyager dans le temps ce matin!
Le chiffre 44 m'a fascinée pendant des années (je prenais l'avion porte 44, il était 4h44, j'avais un siège 44 etc..) Je n'y avais pas repensé depuis longtemps, mais au Festival de la Poésie de Montréal la semaine dernière au lancement de la revue Lèvres urbaines de mon ami Claude Beausoleil, poète de la Cité, numéro dont je partage le sommaire avec le jeune champion international de slam David Goudreault, j'ai quand même souri quand j'ai vu que c'était le numéro 44! Vous pouvez voir la couverture ici: http://bit.ly/LuQHQW Depuis mes conversations avec le romancier Jacques Renaud au salon du Livre de Québec circa 1982, je n'ai pas beaucoup reparlé de numérologie et de cabale. Mais étrangement, hier, si, avec une jeune Montréalaise d'origine juive azkénaze et un Haïtien dans la soixantaine qui sont venus m'écouter dans mon cubicule de la Halte Poésie au cours de l'événement Nuit blanche sur tableau noir de l'avenue du Mont-Royal. J'ai reconnu en eux deux condisciples du rabbin avec qui on étudiait la cabale à Paris à la fin des années 30. Et je suis allée entendre une conférence extraordinaire sur Maïmonide et son "Guide des Égarés" dans une synagogue sépharade de Montréal début mai ce qui m'a inspiré mon poème "Nuit violette" que vous pouvez lire et entendre sur mon blog: http;//yolandevillemaire.com
Danielle Constantin pourra aussi vous témoigner de ma démence avancée:) Le plus étonnant de tout ça, c'est qu'en relisant avec grand plaisir ma nouvelle écrite en 1983 (je revenais d'un voyage en Égypte à ce moment-là), j'ai retrouvé presque intacte la mémoire de ce rêve oublié depuis longtemps mais que j'avais noté dans cette nouvelle. En fait, la partie intacte, c'était l'ankh. En 1997, Alia Khalaf, une jeune Égyptienne étudiante à Montréal est venue me porter un mémoire de maîtrise dans lequel elle analyse brillamment "La vie en prose" . La première chose que je lui ai dite c'est que je reconnaissais en elle Sabada Dabasa. Elle m'a répondu quelle était Sabada Dabasa :) Je l'ai perdue de vue il y a quelques années quand, peu de temps après le 11 septembre 2001, elle a épousé un certain M. Atta...La vision des hommes volant dans le ciel de New York et le surgissement du mot ATTA derrière les paupières de Dana Khan, m'ont donné la chair de poule. Dans mon roman "Des petits fruits rouges", lancé quelques jours après le 11 septembre, je relate un autre rêve où des anges volent au-dessus du World Trade Center, ce qui, rétrospectivement , semble prophétique. La regrettée romancière Nelly Arcan voyait quant à elle des "édifices de milliers d'étages s'effrondrer sur eux-mëmes" dans son roman "Putain" paru à peu près en même temps que le mien. Je suis persuadée, comme la romancière Doris Lessing qu'il nexiste pas "des" auteurs mais un AUTEUR dont nous ne serions que des étincelles. C'est dans "Briefing for a Descent into Hell" je crois.

blogruz a dit…

Merci Yolande.
Il n'existe pas "des" auteurs mais un AUTEUR dont nous ne serions que des étincelles, ce sont des mots qui me parlent mais dont je cherche une autre formulation (ou quelqu'un la cherche pour l'exprimer à travers "moi").
Cet AUTEUR serait plutôt le TOUT AUTRE.
A propos du 9/11, j'en avais vu une préfiguration aussi dans Cité de verre de PAUL AUSTER, et lui on sait qu'il n'est PAS L'AUTEUR de ses livres (anagramme trouvée par Elisabeth Chamontin).

Ariaga a dit…

Elle me plait bien ta mascotte et ce que tu as pu extrapoler à partir de son nom est vraiment remarquable. Je ne sais comment tu fais ... Amitiés.