Suite au précédent billet j'ai lu, ou relu plus attentivement, un recueil de nouvelles d'Aveline en ma possession, et suis tombé en arrêt devant les deux premières phrases de la troisième nouvelle, de la série Trois nuits en une (1931) :
Ce quartier du Marais ne convenait guère pour l'immeuble haussmannien envisagé par Perec, et le choix final livrait une belle possibilité JKLM, à la condition de transformer le Ch de Chazelles en K, comme Charles devient Karl outre-Rhin.
Ce n'était qu'une hypothèse, dont la réelle pertinence importe assez peu face aux coïncidences rencontrées hier 27 juin après la découverte du quadrilatère d'Aveline.
Après avoir aussitôt regardé les initiales des villages concernés, Brenay, Rimbault, Servières, Saint-Jacques-le-Vengeur, j'ai remarqué les lettres finales, YTSR, pouvant correspondre à une séquence consécutive dans l'alphabet grec, RSTY ou Ro-Sigma-Tau-Ypsilon, sans imaginer d'intention d'Aveline en ce sens.
Je reviendrai sur les noms des villages, pour m'arrêter d'abord sur une circonstance que je demande d'admettre. Je donnerai en fin de billet quelques éléments d'explication, qui de toute façon ne peuvent démontrer pourquoi, en montant me coucher peu après la découverte du quadrilatère RSTY d'Aveline, j'ai aussi pris un petit texte que j'avais écrit en 2000, Ellery Queen généticien et prophète.
J'ai donc regardé ce texte avant de lire la nouvelle d'Aveline, et j'y mentionnais des considérations tenues à WB Yeats par Ezra Pound sur ses Cantos, alors prévus au nombre de 100, comparés à l'Art de la Fugue de Bach, faisant apparaître des structures ABCD ou JKLM réapparaissant ensuite selon cet ordre ou à rebours.
Je remarquais pour ma part que si ABCD correspond à 1-2-3-4 dans notre alphabet, JKLM avait été utilisé par les gnostiques hellénisants pour désigner les 4 Evangiles, de Jôannes-Kephas-Loukas-Matthias, en admettant que Markos (Marc) avait consigné le témoignage de son père spirituel Kephas (Simon-Pierre). JKLM correspondent dans l'alphabet numéral grec aux nombres 10-20-30-40, de somme 100.
Dans l'alphabet hébreu aussi, et je le remarquais à propos de l'éventuel quadrilatère JKLM des 100 chapitres de VME, sans m'être alors souvenu de la structure JKLM évoquée par Pound à propos des 100 Cantos. Je n'avais pas non plus pensé que, dans l'alphabet grec, RSTY (ou RSTU) = 100-200-300-400.
J'aurais bien sûr mentionné ces correspondances dans Franc-Cribleur si elles m'étaient alors venues à l'esprit.
Je rappelle que le billet précédent, où Jean-Marc Berger était à l'honneur, m'avait fait évoquer l'évangile de (Jean-)Marc.
Franc-Cribleur parce que le quadrilatère initialement choisi par Perec était très proche de la rue Simon-le-Franc, que j'avais rebaptisée dans mon roman Sous les pans du bizarre Simon-le-Cribleur, anagramme de Simon-Crubellier bien sûr.
Je suis frappé par le nom d'un des villages du quadrilatère d'Aveline, (Saint-)Jacques-le-Vengeur, un nom de la même forme que Simon-le-Cribleur, mais la coïncidence ne s'arrête pas là.
D'abord aucun village de ce nom n'existe, je m'en doutais un peu, mais aucun "Jacques le Vengeur" non plus. Le Jacques usuel est plutôt fataliste...
Ensuite "le venjeur" est pour moi une vieille connaissance, en tant qu'anagramme de Jule(s) Verne, très probablement exploitée consciemment par celui-ci.
Puisqu'il y a une diagonale Rimbault-Servières, l'autre diagonale est nécessairement Saint-Jacques-Brenay, ce dernier nom étant l'anagramme, à une licence autorisée près, de Barine, or Jacques Barine est le pseudonyme d'un ami plusieurs fois évoqué, notamment dans le récent Disparitions, auteur sous ce nom des enquêtes de Jonathan Gibbey.
Il habite un village nommé Sermiers, que j'ai souvent tendance à écrire Serviers. Quant à Rimbault, comment ne pas penser à Arthur ? Je rappelle que lorsque j'ai voulu procéder à des calculs sur un poème symboliste, j'ai aussitôt pensé à Voyelles de Rimbaud, et que c'est sa version lipogrammatique Vocalisations, réduite à 4 voyelles, qui s'est révélée d'une grande richesse numérologique.
En décembre dernier, ma passion pour tout ce qui touche à Voyelles m'a fait lire un polar récemment paru, Mortelles Voyelles de Gilles Schlesser, qui ne m'a guère convaincu. J'y ai cependant remarqué un personnage nommé Paul Mistraki, habitant rue Michel-le-Comte. C'est dans un livre de Paul Misraki que j'ai remarqué, le 4/4/4, le schématisme de la date 4/4/44 dans le récit de l'expérience de Jung.
J'ai eu un instant d'émoi devant cette rue Michel-le-Comte proche de Beaubourg, me demandant si l'auteur n'avait procédé à un autre travestissement de la rue Simon-le-Franc, mais la rue existe, 200 m au nord.
Reprenant mes notes sur le livre, j'y vois que l'enquêteur se nomme Oxymor Baulay, ce que j'avais oublié en écrivant mon billet sur Bello, dont j'envisageais une lecture beau-laid. Des personnages de Schlesser se nomment Jacques Blot et Monica Bellochi, ce qui commence à dessiner une constellation avec Belot, Bello, Bialot...
J'en viens enfin à ce qui se passe dans le quadrilatère d'Aveline, choisi pour sa désolation par le personnage central de la nouvelle, Armand Duval, qui a choisi après une trahison amoureuse de cesser tout contact avec les hommes. Il a quitté Paris et roulé vers le sud jusqu'à ce plateau de Servières où, sur cette diagonale désertique, il a trouvé une maison isolée correspondant à son projet, la maison Lethuillier (si ce n'est pas Crubellier, ce pourrait en être plus différent).
Il achète donc la maison, et organise sa vie pour ne plus avoir à en sortir et ne plus voir personne. Cette solitude dure 5 mois, jusqu'au soir du 12 octobre où un cycliste se réfugie dans sa maison, au milieu d'un orage diluvien. C'est un représentant en mercerie nommé Mouton, et le mercier de Rimbault lui avait assuré qu'il pourrait rejoindre Servières avant le début de l'orage...
Duval dont le désarroi a plutôt crû pendant ces 5 mois de solitude absolue s'imagine que c'est la Providence qui lui envoie cet homme, lequel ne peut être que celui qui lui a volé sa femme, et il fracasse la tête de cet innocent Mouton (qu'il a cru bélier, si je peux me permettre).
Un Mouton représentant en mercerie, étrange écho anticipant dans cette nouvelle de 1931 la rivalité des amants de la dame à l'oeil-de-chat, Berger et Mercier.
Le climat de cette nouvelle m'a rappelé celui d'un roman de Pierre Benoit, Erromango (1929), où se présente pratiquement la situation inverse. Un homme vivant dans la solitude s'imagine que son voisin, seul contact avec la civilisation, est le mari d'une femme dont il a jadis été l'amant, et cette obsession l'envahit au point de ruiner sa vie.
Cherchant plus avant que mes vagues souvenirs, ce blog me rappelle que l'homme était un ingénieur agronome du nom de Fabre, et que son travail consistait à acclimater une race de moutons aux Nouvelles-Hébrides, les pauvres bêtes pâtissant de la déchéance de leur berger.
Fabre, du latin faber, c'est l'ouvrier, et je retrouve l'opposition évoquée lors du dernier billet entre producteur et commerçant, à propos de berger-mercier.
Peut-être le Mouton de la nouvelle (hybride ?) d'Aveline est-il inspiré des moutons crevés de Benoit, mais il y a plus extraordinaire.
J'ai achevé le billet précédent dans la matinée d'hier 27 juin, et avant de le poster à 13:04 heure propice (pour 13/04, 13 avril où commence L'oeil-de-chat), j'ai commencé à lire les Nouvelles nocturnes... Les 3 premières, Trois nuits en une, se présentent comme un dialogue entre le vieux docteur Madeline et un prétentieux jeune homme, que divers indices indiquent être tous deux des avatars de l'auteur.
J'en parlais vers midi au télephone avec mon érudite amie dp, qui m'apprit que le prix Goncourt 1932 avait échu à un Mazeline (Guy) pour un roman depuis longtemps oublié, Les loups, les jurés n'ayant pas osé primer Céline et son sulfureux Voyage au bout de la nuit.
Une heure plus tard, j'écoutais comme à chaque fois que j'y pense Le jeu des 1000 euros, à 12:45, et la question banco était : Quel célèbre ouvrage a été éclipsé au prix Goncourt de 1932 par Les loups de Guy Mazeline ?
Je n'étais pas au bout de mes surprises car voici que je découvre, en enquêtant sur ces Trois nuits en une, qu'elles étaient précédemment parues en 1931 sous le titre Trois histoires de la nuit, et que ce recueil faisait partie de la sélection pour le Goncourt 1932 !
Il va de soi qu'Aveline a dû y penser avec son docteur Madeline, mais n'a-t-il pas quelque peu retouché les nouvelles originales ? Ainsi c'est une certaine Louise F... qui a trahi le pauvre Duval, F comme Ferdinande ? Et ce Mouton tué n'est-il pas victime des Loups ? Il est de toute manière ahurissant qu'aient figuré trois ...ELINE dans cette sélection 32, et que les deux titres non primés se soient finis par ...DE LA NUIT.
Il est encore ébouriffant de trouver ce lien avec Voyage au bout de la nuit car on peut lire çà et là que les deux principaux livres manqués par les jurés Goncourt ont été ce Voyage... (que j'avoue n'avoir jamais lu) et VME.
Je suppose que l'incipit de la 3e Histoire de la nuit était le même que dans Trois nuits en une, et il est connu que l'incipit de VME,
Celui de VME y est aussi donné, et il est encore extrêmement curieux que le chapitre 13 de VME mentionne un roman imaginaire, L'Or africain de Rémi Rorschash, paru en 1932 :
A propos du Duval tueur de Mouton dans la maison Lethuillier, il est à signaler qu'Aveline avait pour proche amie Simone Duval, sous l'identité de laquelle il a tenté de faire publier L'abonné de la ligne U, pendant l'Occupation. J'ai pu accéder à une page en cache (qui ne sera donc pas longtemps accessible), sur un site ayant vendu un article de la revue d'extrême-droite Gringoire avec un envoi d'Aveline montrant qu'il avait signé Simon cet article en pensant à elle :
Les Loups de Mazeline appartient à un cycle de 5 romans, Les Joncourt (pour gagner le Goncourt ?), ce qui me rappelle les 5 LOUP de Bialot, et les 5 Belot débutés en 1932.
Il me semble qu'Aveline a voulu laisser une bibliographie exemplaire, et l'a peaufinée en retravaillant certains textes, comme ces Trois histoires de la nuit de 1932 rééditées en 1956 avec des compléments et une 4e nouvelle, La nuit de Piètremont, sous le titre général L'amour de la nuit, puis rééditées en 1989 avec 10 autres nouvelles fantastiques.
L'oeuvre romanesque d'Aveline compte 12 titres, répartis en
- la trilogie La vie de Philippe Denis, 3 romans composés de 1930 à 1955;
- La Quadrature du Sort, 4 romans composés de 1928 à 1977;
- la Suite Policière, les 5 Belot écrits de 1932 à 1970.
3-4-5, je ne peux qu'entrer en résonance puisque mon roman était construit selon ce schéma, qui était notamment responsable du nom Noël Médec de mon personnage habitant la rue Simon-le-Cribleur.
Hier, j'avais besoin pour achever ma page d'une illustration montrant Sainte Emma. J'ai choisi d'en emprunter une à ce site, proposant un assez petit nombre de saints, et en cherchant la bonne icône je suis tombé sur Eliott, qui serait une autre forme d'Elie.
Je ne suis pas très sûr de la pertinence de cette identification, Eliott étant ailleurs donné pour une forme d'un vieux nom écossais, mais elle est assez générale et m'ouvre de nouvelles perspectives, notamment avec la disparition d'un Elliott Whitter au 4311 Claridge (Carl-idge n'avais-je pas osé écrire), discutée sur mon autre blog.
Ceci m'a aussitôt fait poser la requête Carl Eliott, avec diverses orthographes, puisque je vois une certaine relation entre Jung et Elie, sans résultat immédiat, or voici que sur la page consacrée aux Cantos j'aperçois le nom Charles Eliot Norton, traducteur de la Divine Comédie de Dante (dont les 100 chants ont probablement inspiré Pound).
Il y a un lien indirect entre Jung et Pound, car celui-ci a reçu en 1949 le premier prix Bollingen de poésie, fondé par Paul Mellon admirateur de Jung. Cette nomination a fait scandale car Pound avait épousé la cause fasciste et passé la guerre en Italie, où il a été arrêté en 45. Son cas a quelque ressemblance avec celui de Céline, qui a suivi Pétain en Allemagne après la Libération.
Ce billet ayant donné lieux à des développements imprévus, je sens qu'il serait trop long de tenter d'expliquer pourquoi je suis monté me coucher hier avec Ellery Queen généticien et prophète, et pourquoi j'y parlais des figures JKLM dans les Cantos de Pound. Ce sera pour un autre billet.
Je suis interloqué, entre autres faits, par celui que ma recherche sur Aveline m'ait mené à Erromango, dont la figure féminine est Alice. Or je ne crois pas que je me serais lancé dans cette recherche si Belot n'avait habité rue Arthur-Rozier, à quelques dizaines de mètres de mon ami Jean-Pierre Le Goff.
J'ai consacré mon premier billet de l'année à Jean-Pierre, Arisu n'est plus ici, ainsi nommé parce qu'il apparaît dans une BD de Boilet-Peeters, Demi-tour, récemment réédité dans sa version manga, avec Le Goff devenu Arisu, soit la forme japonaise d'Alice.
J'y remarquais aussi que le dessinateur (Frédéric) Boilet était à une lettre près (Frédéric) Belot, je pourrais maintenant le voir à une lettre près de Benoit (et le prénom du scénariste Peeters est Benoît). Il y a un autre livre dans lequel j'ai retrouvé le climat d'Erromango, le premier prix Médicis en 1958 La mise en scène de Claude Ollier (incidemment un autre nom de corporation, indiquant qu'un de ses ancêtres fabriquait de l'huile).
Benoît Peeters m'a confié avoir emprunté à ce roman le nom de Lessing, pour La Bibliothèque de Villers (1980), évoqué à plusieurs reprises, la dernière fois en rapport avec Le Goff. S'il est hypothétique que les quadrilatères perecquiens (et encore plus l'avelinien) répondent à une exigence alphabétique, cette volonté est parfaitement évidente ici, avec 4 meurtres commis aux 4 coins d'un carré parfait dans Villers, les victimes livrant les initiales successives IVRE; la dernière victime sera Lessing, conservateur de la bibliothèque au centre du carré.
J'ai envie d'achever ce billet avec Jean-Pierre. Je me souviens d'un repas en 2003 chez nos amis communs DUVAL où il nous avait fait part d'un fait survenu quelques jours plus tôt. Sortant de chez lui, rue Arthur-Rozier, le soir du 20 février, il remarqua au croisement avec la rue des Solitaires le curieux manège d'une femme qui prenait des photos. C'était un acte artistique, une "intervention", dont l'idée venait d'un ami chilien ayant écrit un texte sur La rue des Solitaires, titre d'un tableau de Rouault.
La démarche de Francisco Sanfuentes parut à Jean-Pierre si proche de la sienne qu'il lui proposa une action en commun : le même jour, le 11 mai 04, à la même heure, des documents identiques furent disposés sur les murs de la rue des Solitaires, à Paris, et sur ceux de la Calle Estrella Solitaria à Santiago. Je remarque sur ce plan que cette rue de l'Etoile Solitaire croise avec l'Avenida Ortúzar, où je reconnais des lettres d'ART(h)UR ROZ(ie)R.
La construction géométrique de La bibliothèque de Villers est inspirée par celle de La mort et la boussole, où Borges a donné des noms français à des rues et des lieux qui ont été reconnus comme appartenant à Buenos Aires. Ces deux résonances entre France et Amérique du Sud me semblent soulignées par un détail du roman de Peeters, où les victimes sont retrouvées avec des étoiles gravées dans le dos, à des positions calquant celles des meurtres dans la ville.
Le quadrilatère compris entre les villages de Brenay, Rimbault, Servières et Saint-Jacques-le-Vengeur est formé d'un long et triste plateau sans arbres, sans cultures, sans habitations. Une route le traverse en diagonale, de Rimbault à Servières; ligne droite de vingt kilomètres, qui n'est même pas ornée de poteaux télégraphiques, dont cette région pauvre n'a pas besoin.Les mots "quadrilatère" et "diagonale" interpellent le familier de Perec, qui connaît notamment la rue où se passe La Vie mode d'emploi (VME), traversant en diagonale un quadrilatère formé par 4 rues parisiennes. Dans la version publiée de VME en 1978, c'est
la rue Simon-Crubellier, qui partage obliquement le quadrilatère que forment entre elles, dans le quartier de la Plaine Monceau, les rues Médéric, Jadin, de Chazelles et Léon-Jost.mais dans une dactylographie de 1975 des premiers chapitres, il s'agissait de
la rue du Capitaine-Crubellier, qui partage obliquement le quadrilatère que forment entre elles les rues de la Verrerie, du Renard, St-Merri et du Temple.La comparaison de ces deux lieux, bien réels, m'a conduit à une hypothèse, étudiée dans Franc-Cribleur (et le billet suivant) : Perec obsédé par les jeux alphabétiques aurait pu chercher un quadrilatère formé par quatre artères aux noms au mieux séquentiels, et je n'ai rien trouvé de mieux que son premier choix de 1975. Les initiales RSTV des 4 rues sont 4 consonnes consécutives (ou éventuellement 4 lettres consécutives dans l'alphabet latin), et un énoncé géométrique définit un quadrilatère par 4 lettres consécutives correspondant à ses sommets, ABCD par exemple.
Ce quartier du Marais ne convenait guère pour l'immeuble haussmannien envisagé par Perec, et le choix final livrait une belle possibilité JKLM, à la condition de transformer le Ch de Chazelles en K, comme Charles devient Karl outre-Rhin.
Ce n'était qu'une hypothèse, dont la réelle pertinence importe assez peu face aux coïncidences rencontrées hier 27 juin après la découverte du quadrilatère d'Aveline.
Après avoir aussitôt regardé les initiales des villages concernés, Brenay, Rimbault, Servières, Saint-Jacques-le-Vengeur, j'ai remarqué les lettres finales, YTSR, pouvant correspondre à une séquence consécutive dans l'alphabet grec, RSTY ou Ro-Sigma-Tau-Ypsilon, sans imaginer d'intention d'Aveline en ce sens.
Je reviendrai sur les noms des villages, pour m'arrêter d'abord sur une circonstance que je demande d'admettre. Je donnerai en fin de billet quelques éléments d'explication, qui de toute façon ne peuvent démontrer pourquoi, en montant me coucher peu après la découverte du quadrilatère RSTY d'Aveline, j'ai aussi pris un petit texte que j'avais écrit en 2000, Ellery Queen généticien et prophète.
J'ai donc regardé ce texte avant de lire la nouvelle d'Aveline, et j'y mentionnais des considérations tenues à WB Yeats par Ezra Pound sur ses Cantos, alors prévus au nombre de 100, comparés à l'Art de la Fugue de Bach, faisant apparaître des structures ABCD ou JKLM réapparaissant ensuite selon cet ordre ou à rebours.
Je remarquais pour ma part que si ABCD correspond à 1-2-3-4 dans notre alphabet, JKLM avait été utilisé par les gnostiques hellénisants pour désigner les 4 Evangiles, de Jôannes-Kephas-Loukas-Matthias, en admettant que Markos (Marc) avait consigné le témoignage de son père spirituel Kephas (Simon-Pierre). JKLM correspondent dans l'alphabet numéral grec aux nombres 10-20-30-40, de somme 100.
Dans l'alphabet hébreu aussi, et je le remarquais à propos de l'éventuel quadrilatère JKLM des 100 chapitres de VME, sans m'être alors souvenu de la structure JKLM évoquée par Pound à propos des 100 Cantos. Je n'avais pas non plus pensé que, dans l'alphabet grec, RSTY (ou RSTU) = 100-200-300-400.
J'aurais bien sûr mentionné ces correspondances dans Franc-Cribleur si elles m'étaient alors venues à l'esprit.
Je rappelle que le billet précédent, où Jean-Marc Berger était à l'honneur, m'avait fait évoquer l'évangile de (Jean-)Marc.
Franc-Cribleur parce que le quadrilatère initialement choisi par Perec était très proche de la rue Simon-le-Franc, que j'avais rebaptisée dans mon roman Sous les pans du bizarre Simon-le-Cribleur, anagramme de Simon-Crubellier bien sûr.
Je suis frappé par le nom d'un des villages du quadrilatère d'Aveline, (Saint-)Jacques-le-Vengeur, un nom de la même forme que Simon-le-Cribleur, mais la coïncidence ne s'arrête pas là.
D'abord aucun village de ce nom n'existe, je m'en doutais un peu, mais aucun "Jacques le Vengeur" non plus. Le Jacques usuel est plutôt fataliste...
Ensuite "le venjeur" est pour moi une vieille connaissance, en tant qu'anagramme de Jule(s) Verne, très probablement exploitée consciemment par celui-ci.
Puisqu'il y a une diagonale Rimbault-Servières, l'autre diagonale est nécessairement Saint-Jacques-Brenay, ce dernier nom étant l'anagramme, à une licence autorisée près, de Barine, or Jacques Barine est le pseudonyme d'un ami plusieurs fois évoqué, notamment dans le récent Disparitions, auteur sous ce nom des enquêtes de Jonathan Gibbey.
Il habite un village nommé Sermiers, que j'ai souvent tendance à écrire Serviers. Quant à Rimbault, comment ne pas penser à Arthur ? Je rappelle que lorsque j'ai voulu procéder à des calculs sur un poème symboliste, j'ai aussitôt pensé à Voyelles de Rimbaud, et que c'est sa version lipogrammatique Vocalisations, réduite à 4 voyelles, qui s'est révélée d'une grande richesse numérologique.
En décembre dernier, ma passion pour tout ce qui touche à Voyelles m'a fait lire un polar récemment paru, Mortelles Voyelles de Gilles Schlesser, qui ne m'a guère convaincu. J'y ai cependant remarqué un personnage nommé Paul Mistraki, habitant rue Michel-le-Comte. C'est dans un livre de Paul Misraki que j'ai remarqué, le 4/4/4, le schématisme de la date 4/4/44 dans le récit de l'expérience de Jung.
J'ai eu un instant d'émoi devant cette rue Michel-le-Comte proche de Beaubourg, me demandant si l'auteur n'avait procédé à un autre travestissement de la rue Simon-le-Franc, mais la rue existe, 200 m au nord.
Reprenant mes notes sur le livre, j'y vois que l'enquêteur se nomme Oxymor Baulay, ce que j'avais oublié en écrivant mon billet sur Bello, dont j'envisageais une lecture beau-laid. Des personnages de Schlesser se nomment Jacques Blot et Monica Bellochi, ce qui commence à dessiner une constellation avec Belot, Bello, Bialot...
J'en viens enfin à ce qui se passe dans le quadrilatère d'Aveline, choisi pour sa désolation par le personnage central de la nouvelle, Armand Duval, qui a choisi après une trahison amoureuse de cesser tout contact avec les hommes. Il a quitté Paris et roulé vers le sud jusqu'à ce plateau de Servières où, sur cette diagonale désertique, il a trouvé une maison isolée correspondant à son projet, la maison Lethuillier (si ce n'est pas Crubellier, ce pourrait en être plus différent).
Il achète donc la maison, et organise sa vie pour ne plus avoir à en sortir et ne plus voir personne. Cette solitude dure 5 mois, jusqu'au soir du 12 octobre où un cycliste se réfugie dans sa maison, au milieu d'un orage diluvien. C'est un représentant en mercerie nommé Mouton, et le mercier de Rimbault lui avait assuré qu'il pourrait rejoindre Servières avant le début de l'orage...
Duval dont le désarroi a plutôt crû pendant ces 5 mois de solitude absolue s'imagine que c'est la Providence qui lui envoie cet homme, lequel ne peut être que celui qui lui a volé sa femme, et il fracasse la tête de cet innocent Mouton (qu'il a cru bélier, si je peux me permettre).
Un Mouton représentant en mercerie, étrange écho anticipant dans cette nouvelle de 1931 la rivalité des amants de la dame à l'oeil-de-chat, Berger et Mercier.
Le climat de cette nouvelle m'a rappelé celui d'un roman de Pierre Benoit, Erromango (1929), où se présente pratiquement la situation inverse. Un homme vivant dans la solitude s'imagine que son voisin, seul contact avec la civilisation, est le mari d'une femme dont il a jadis été l'amant, et cette obsession l'envahit au point de ruiner sa vie.
Cherchant plus avant que mes vagues souvenirs, ce blog me rappelle que l'homme était un ingénieur agronome du nom de Fabre, et que son travail consistait à acclimater une race de moutons aux Nouvelles-Hébrides, les pauvres bêtes pâtissant de la déchéance de leur berger.
Fabre, du latin faber, c'est l'ouvrier, et je retrouve l'opposition évoquée lors du dernier billet entre producteur et commerçant, à propos de berger-mercier.
Peut-être le Mouton de la nouvelle (hybride ?) d'Aveline est-il inspiré des moutons crevés de Benoit, mais il y a plus extraordinaire.
J'ai achevé le billet précédent dans la matinée d'hier 27 juin, et avant de le poster à 13:04 heure propice (pour 13/04, 13 avril où commence L'oeil-de-chat), j'ai commencé à lire les Nouvelles nocturnes... Les 3 premières, Trois nuits en une, se présentent comme un dialogue entre le vieux docteur Madeline et un prétentieux jeune homme, que divers indices indiquent être tous deux des avatars de l'auteur.
J'en parlais vers midi au télephone avec mon érudite amie dp, qui m'apprit que le prix Goncourt 1932 avait échu à un Mazeline (Guy) pour un roman depuis longtemps oublié, Les loups, les jurés n'ayant pas osé primer Céline et son sulfureux Voyage au bout de la nuit.
Une heure plus tard, j'écoutais comme à chaque fois que j'y pense Le jeu des 1000 euros, à 12:45, et la question banco était : Quel célèbre ouvrage a été éclipsé au prix Goncourt de 1932 par Les loups de Guy Mazeline ?
Je n'étais pas au bout de mes surprises car voici que je découvre, en enquêtant sur ces Trois nuits en une, qu'elles étaient précédemment parues en 1931 sous le titre Trois histoires de la nuit, et que ce recueil faisait partie de la sélection pour le Goncourt 1932 !
Il va de soi qu'Aveline a dû y penser avec son docteur Madeline, mais n'a-t-il pas quelque peu retouché les nouvelles originales ? Ainsi c'est une certaine Louise F... qui a trahi le pauvre Duval, F comme Ferdinande ? Et ce Mouton tué n'est-il pas victime des Loups ? Il est de toute manière ahurissant qu'aient figuré trois ...ELINE dans cette sélection 32, et que les deux titres non primés se soient finis par ...DE LA NUIT.
Il est encore ébouriffant de trouver ce lien avec Voyage au bout de la nuit car on peut lire çà et là que les deux principaux livres manqués par les jurés Goncourt ont été ce Voyage... (que j'avoue n'avoir jamais lu) et VME.
Je suppose que l'incipit de la 3e Histoire de la nuit était le même que dans Trois nuits en une, et il est connu que l'incipit de VME,
Oui, cela pourrait commencer ici, comme ça, d'une manière un peu lourde et lente (...)fait quelques emprunts à deux incipits de Céline, dont celui du Voyage :
Ça a débuté comme ça.C'était le premier incipit donné dans le blog de même titre, découvert en écrivant le dernier billet, grâce à l'incipit de L'oeil-de-chat.
Celui de VME y est aussi donné, et il est encore extrêmement curieux que le chapitre 13 de VME mentionne un roman imaginaire, L'Or africain de Rémi Rorschash, paru en 1932 :
L'unique critique qui en rendit compte le compara au Voyage au bout de la nuit qui était sorti à peu près au même moment.
A propos du Duval tueur de Mouton dans la maison Lethuillier, il est à signaler qu'Aveline avait pour proche amie Simone Duval, sous l'identité de laquelle il a tenté de faire publier L'abonné de la ligne U, pendant l'Occupation. J'ai pu accéder à une page en cache (qui ne sera donc pas longtemps accessible), sur un site ayant vendu un article de la revue d'extrême-droite Gringoire avec un envoi d'Aveline montrant qu'il avait signé Simon cet article en pensant à elle :
Don Quichotte ressuscité. Gringoire, 12 avril 1935.C'est le 5e article de cette page, dont les deux premiers ont trait à Céline (Louis-Ferdinand).
Article paru dans Gringoire, relatif à une traduction inédite du Don Quichotte par F. de Miomandre. Il a été collé sur des ff. in-12, sous chemise rose, avec envoi à Simone Duval (Simone Martin-Chauffier) "tu auras été ma marraine pour me permettre de louer Berthold dans cette ordure de "Gringoire" - idée qui ne me serait d'ailleurs pas venue toute seule : j'avais écrit l'article sur l'initiative de son éditeur. Tortueusement tien, Simon" [en fait, Claude Aveline].
Les Loups de Mazeline appartient à un cycle de 5 romans, Les Joncourt (pour gagner le Goncourt ?), ce qui me rappelle les 5 LOUP de Bialot, et les 5 Belot débutés en 1932.
Il me semble qu'Aveline a voulu laisser une bibliographie exemplaire, et l'a peaufinée en retravaillant certains textes, comme ces Trois histoires de la nuit de 1932 rééditées en 1956 avec des compléments et une 4e nouvelle, La nuit de Piètremont, sous le titre général L'amour de la nuit, puis rééditées en 1989 avec 10 autres nouvelles fantastiques.
L'oeuvre romanesque d'Aveline compte 12 titres, répartis en
- la trilogie La vie de Philippe Denis, 3 romans composés de 1930 à 1955;
- La Quadrature du Sort, 4 romans composés de 1928 à 1977;
- la Suite Policière, les 5 Belot écrits de 1932 à 1970.
3-4-5, je ne peux qu'entrer en résonance puisque mon roman était construit selon ce schéma, qui était notamment responsable du nom Noël Médec de mon personnage habitant la rue Simon-le-Cribleur.
Hier, j'avais besoin pour achever ma page d'une illustration montrant Sainte Emma. J'ai choisi d'en emprunter une à ce site, proposant un assez petit nombre de saints, et en cherchant la bonne icône je suis tombé sur Eliott, qui serait une autre forme d'Elie.
Je ne suis pas très sûr de la pertinence de cette identification, Eliott étant ailleurs donné pour une forme d'un vieux nom écossais, mais elle est assez générale et m'ouvre de nouvelles perspectives, notamment avec la disparition d'un Elliott Whitter au 4311 Claridge (Carl-idge n'avais-je pas osé écrire), discutée sur mon autre blog.
Ceci m'a aussitôt fait poser la requête Carl Eliott, avec diverses orthographes, puisque je vois une certaine relation entre Jung et Elie, sans résultat immédiat, or voici que sur la page consacrée aux Cantos j'aperçois le nom Charles Eliot Norton, traducteur de la Divine Comédie de Dante (dont les 100 chants ont probablement inspiré Pound).
Il y a un lien indirect entre Jung et Pound, car celui-ci a reçu en 1949 le premier prix Bollingen de poésie, fondé par Paul Mellon admirateur de Jung. Cette nomination a fait scandale car Pound avait épousé la cause fasciste et passé la guerre en Italie, où il a été arrêté en 45. Son cas a quelque ressemblance avec celui de Céline, qui a suivi Pétain en Allemagne après la Libération.
Ce billet ayant donné lieux à des développements imprévus, je sens qu'il serait trop long de tenter d'expliquer pourquoi je suis monté me coucher hier avec Ellery Queen généticien et prophète, et pourquoi j'y parlais des figures JKLM dans les Cantos de Pound. Ce sera pour un autre billet.
Je suis interloqué, entre autres faits, par celui que ma recherche sur Aveline m'ait mené à Erromango, dont la figure féminine est Alice. Or je ne crois pas que je me serais lancé dans cette recherche si Belot n'avait habité rue Arthur-Rozier, à quelques dizaines de mètres de mon ami Jean-Pierre Le Goff.
J'ai consacré mon premier billet de l'année à Jean-Pierre, Arisu n'est plus ici, ainsi nommé parce qu'il apparaît dans une BD de Boilet-Peeters, Demi-tour, récemment réédité dans sa version manga, avec Le Goff devenu Arisu, soit la forme japonaise d'Alice.
J'y remarquais aussi que le dessinateur (Frédéric) Boilet était à une lettre près (Frédéric) Belot, je pourrais maintenant le voir à une lettre près de Benoit (et le prénom du scénariste Peeters est Benoît). Il y a un autre livre dans lequel j'ai retrouvé le climat d'Erromango, le premier prix Médicis en 1958 La mise en scène de Claude Ollier (incidemment un autre nom de corporation, indiquant qu'un de ses ancêtres fabriquait de l'huile).
Benoît Peeters m'a confié avoir emprunté à ce roman le nom de Lessing, pour La Bibliothèque de Villers (1980), évoqué à plusieurs reprises, la dernière fois en rapport avec Le Goff. S'il est hypothétique que les quadrilatères perecquiens (et encore plus l'avelinien) répondent à une exigence alphabétique, cette volonté est parfaitement évidente ici, avec 4 meurtres commis aux 4 coins d'un carré parfait dans Villers, les victimes livrant les initiales successives IVRE; la dernière victime sera Lessing, conservateur de la bibliothèque au centre du carré.
J'ai envie d'achever ce billet avec Jean-Pierre. Je me souviens d'un repas en 2003 chez nos amis communs DUVAL où il nous avait fait part d'un fait survenu quelques jours plus tôt. Sortant de chez lui, rue Arthur-Rozier, le soir du 20 février, il remarqua au croisement avec la rue des Solitaires le curieux manège d'une femme qui prenait des photos. C'était un acte artistique, une "intervention", dont l'idée venait d'un ami chilien ayant écrit un texte sur La rue des Solitaires, titre d'un tableau de Rouault.
La démarche de Francisco Sanfuentes parut à Jean-Pierre si proche de la sienne qu'il lui proposa une action en commun : le même jour, le 11 mai 04, à la même heure, des documents identiques furent disposés sur les murs de la rue des Solitaires, à Paris, et sur ceux de la Calle Estrella Solitaria à Santiago. Je remarque sur ce plan que cette rue de l'Etoile Solitaire croise avec l'Avenida Ortúzar, où je reconnais des lettres d'ART(h)UR ROZ(ie)R.
La construction géométrique de La bibliothèque de Villers est inspirée par celle de La mort et la boussole, où Borges a donné des noms français à des rues et des lieux qui ont été reconnus comme appartenant à Buenos Aires. Ces deux résonances entre France et Amérique du Sud me semblent soulignées par un détail du roman de Peeters, où les victimes sont retrouvées avec des étoiles gravées dans le dos, à des positions calquant celles des meurtres dans la ville.
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