Je reviens sur mes histoires de triangles du dernier billet, où j'avais essayé de me limiter à ce qui concernait directement Perec.
Au moment où j'ai écrit Sous les pans du bizarre, l'été 1999, je ne connaissais pas le 4/4/44 de Jung, et le 4 avril était essentiellement pour moi une date gémellaire, comme le 3/3 et le 5/5, imposée par mon intrigue basée sur le triangle de Pythagore 3-4-5. Elle avait néanmoins une particularité en 99 où se situait aussi l'intrigue puisque c'était le dimanche de Pâques. Comme les parodies pascales étaient au premier plan de mes préoccupations littéraires, je m'étais amusé à quelques allusions discrètes, sans conséquences pour la compréhension de l'intrigue : Jacques Courtas (JC) mourait ce 4/4 sous la rame conduite par Aleppe Conti (anagramme de Ponce Pilate) à la station Denfert. L'anagramme m'était inspirée par la parodie pascale d'Ellery Queen, Et le huitième jour..., où est assassiné le magasinier Storicai (Iscariot) le 5/4/44, mercredi de la semaine sainte.
Je ne crois pas avoir alors eu une pensée particulière pour Le Triangle d'or, le roman de Leblanc qui commence la nuit du samedi 3 au dimanche 4 avril 1915, qui était également cette année-là le jour de Pâques.
Je ne me souviens pas avoir alors fait le lien avec la rue Franklin, lieu de mon premier meurtre du 3/3, qui n'est devenue importante que pendant l'écriture de mon dernier billet, où j'ai réalisé à quel point le "franc" était présent dans les choix des résidences de mes latinistes, rues des Francs-Bourgeois, Simon-le-Franc, et Franklin.
Or non seulement la rue Franklin est citée dans Le Triangle d'or, mais le personnage historique Benjamin Franklin y joue un rôle...
Avant d'y venir, une autre coïncidence du roman de Leblanc touche son titre, le Triangle d'or étant depuis quelques décennies l'appellation commune du quartier représentatif du haut luxe parisien, formé par les avenues George V, Montaigne et Champs-Elysées, autour de la rue François 1er...
L'un des personnages principaux du roman est l'infirmière Coralie, qui travaille dans un hôpital militaire situé très précisément par Leblanc côté gauche des Champs-Elysées, à 200 pas du carrefour Pierre-Charron en montant vers l'Etoile, soit dans l'actuel Triangle d'or.
Dans le premier chapitre du roman, Maman Coralie, l'infirmière quitte à 7 heures du soir le 3 avril 1915 l'hôpital, et prend la rue Pierre-Charron, traversant donc le Triangle. Au carrefour avec la rue de Chaillot, elle est agressée, mais sauvée par des soldats qu'elle avait soignés...
Plus tard dans la nuit, le 4 avril puisque minuit est passé, Patrice capitaine unijambiste amoureux de Coralie suit une piste qui le fait passer rue Franklin, citée au 3e chapitre, et l'amène à la propriété d'Essarès rue Raynouard.
En examinant les lieux sur la carte Google où j'avais tracé mes triangles de Pythagore, j'ai remarqué qu'un de mes côtés passait par un sommet du Triangle d'or du luxe. Amusant, mais plus curieux est que ce Triangle d'or a un côté commun avec ce qui ressemble le plus à un triangle de Pythagore dans Paris, le triangle formé par les avenues Montaigne, Franklin (!) D. Roosevelt (d'Antin en 1915) et le cours Albert Ier (La Reine en 1915). L'avenue Montaigne commune aux deux triangles a été transformée en Sextus Empiricus dans La Belle Hortense, où Roubaud avait aussi travesti le quartier des Francs-Bourgeois.
J'ai repris ci-dessous le triangle 3-4-5 supérieur de la Google Map publiée dans le dernier billet, avec le contour du Triangle d'or en jaune, et le triangle 3-4-5 mitoyen en transparence. L'outil Règle donne à mon tracé des côtés de 474-632-790 m, soit 3-4-5 fois 158. On peut cliquer sur l'image pour l'agrandir, ou vérifier sur GoogleMaps ou tout autre plan qu'il existe peu de grandes artères se croisant à angle droit à Paris, et que ce triangle 3-4-5 n'a guère de concurrents immédiats.
On peut encore voir sur la carte, en rose le quadrilatère "Capitaine-Crubellier", sous la rue Simon-le-Franc, en bleu le quadrilatère "Simon-Crubellier", au-dessus du Parc Monceau, et en rouge l'itinéraire suivi par Coralie pour rentrer chez elle, de l'hôpital des Champs-Elysées à la rue Raynouard, en passant par la rue Franklin.
Quant à Benjamin Franklin lui-même, le vieux Siméon, l’être incompréhensible en qui venaient se rencontrer, comme des chemins qui aboutissent à un carrefour, toutes les intrigues bonnes ou mauvaises, favorables ou perfides, dont se composait l’inextricable drame, utilise ses Mémoires, où Leblanc a imaginé un passage concernant la propriété d'Essarès, pour envoyer Patrice sur une fausse piste.
L'énigme Siméon vient du fait que l'infâme Essarès a tué le bon Siméon et pris sa place, et l'affaire des Mémoires de Franklin est un exemple de sa perfidie. Amusant encore, sachant que la rue Simon-le-Franc, renommée Simon-le-Cribleur dans Sous les pans du bizarre, était le point de départ de mon précédent billet.
Siméon-le-Menteur ? La suite fait intervenir un rêve de la nuit du 27 au 28 septembre, juste après l'écriture de ce billet. J'y voyais la couverture du livre Mason & Dixon, avec le titre énorme en surimpression sur la table des chapitres. Ceci ne facilitait pas la lecture des titres de chapitres, dont l'un était E = mc2. J'y vis aussi le mot déserteur, ce qui me fit penser qu'il fallait que je lise ce livre.
Là interviennent des éléments qui doivent être précisés. J'ai évoqué dans un récent billet l'oeuvre de Jarry Les jours et les nuits, et découvert que ce Roman d'un déserteur était accessible en ligne. Je n'ai pas tardé à le parcourir, et me suis arrêté à un chapitre intitulé Pythagore, où le personnage principal, Sengle, opère une manipulation sur un thermomètre dans le but de se faire réformer :
C'est ce passage, où Perec répète les nombres 11-43, qui a mené le perecologue Bernard Magné à sa "théorie du 11-43", métonymie de la disparition de la mère de Perec, déportée à Auschwitz le 11 février 43.
Perec, pataphysicien, devait connaître le roman de Jarry. Au moins l'un des quelque 73 noms de Kara-machin est-il Karagidouille.
Voilà au plus bref pourquoi, dans mon rêve ou en me réveillant juste après le rêve, j'estimais important de lire un livre où il était question de déserteur. Je relève au passage le chapitre Pythagore de Jarry, le théorème de Pythagore s'écrivant BC2 = AB2 + AC2, ce qui a pu inspirer le chapitre E = mc2 vu en rêve.
En me réveillant, je savais qu'il existait un livre de Thomas Pynchon ressemblant fort à Mason & Dixon, et je vérifiai bientôt qu'il s'agissait du titre exact, que j'aurais été bien en peine de donner si on me l'avait demandé la veille. J'ai essayé sans succès de lire des livres de Pynchon, probablement ai-je eu celui-ci en main lorsqu'il est paru en 2001, mais j'aurais encore été bien en peine d'en dire quoi que ce soit.
Le lendemain à la médiathèque de Digne je courus au rayon Pynchon. Mason & Dixon y était, et l'examen du rayon me fit découvrir l'auteur qui le précédait, Gérard Pussey, dont le nom ne me disait rien. Par contre l'un de ses deux titres m'était évocateur, Menteur, au Castor Astral (1995).J'ai relaté ici les hasards qui m'ont permis d'assister à la signature de Dominique de Liège, Menteuse inspirée, le 3 décembre 2009, et à découvrir le lendemain, 4/4 du calendrier pataphysique, le carrefour des rues des Ursins et de la Colombe, dans le 4e.
En écrivant le dernier billet, je me suis avisé que le nom de la place Denfert ou d'Enfer, comme elle se nommait jadis, était l'anagramme phonétique de la rue des Francs(-Bourgeois). Ceci m'a rappelé que l'ancien nom de la rue des Ursins était la rue d'Enfer, ce dont témoigne ce détail de la photo ci-dessus.
Cela m'était évocateur, avec l'ours roi des animaux d'Europe, concurrent du Lion (de Belfort et Denfert), mais je l'avais jugé trop éloigné de la rue Simon-Crubellier pour en parler. Or voici qu'un rêve concomitant me fait découvrir le titre Menteur, écho immédiat au Menteuse de Dominique de Liège, en proche rapport temporel de ma découverte de la rue des Ursins ci-devant d'Enfer, alors que le mot "franc" ressortait du dernier billet.
Incidemment, mon habitude d'utiliser un vieux plan de Paris en 1910 m'avait fait découvrir que la rue de Liège était en 1910 la rue de Berlin. Non moins incidemment, j'ai écrit depuis sur Blogruz une étude sur VME où il est question de la contrainte "liège"...
Par ailleurs les livres de Pussey sont à la cote PUS, et j'ai dû, pour écrire la formule E = mc2 vue dans le rêve qui allait m'amener aux cotes PYN et PUS, avoir recours à la balise HTML [sup] pour le "2" en exposant.
Les livres de D. de Liège seraient à la cote LIE, comme "mensonge" ou "mentir" en anglais (lie et to lie).
J'ai lu Menteur de Pussey avec facilité, comme j'avais lu agréablement Menteuse de Dominique, mais je n'y ai trouvé (pour l'instant) aucun écho à mes préoccupations essentielles. Par contre je n'ai pu que survoler les 800 pages de PYN, dont chacune vaut 3 pages de PUS ou LIE (120 pages chacun), n'arrivant toujours pas à accrocher à l'écriture de Pynchon. Son découpage en trois parties n'a rien à voir avec la table des chapitres vue dans mon rêve.
Pourtant je devrais m'y intéresser car l'un des personnages de ce roman historique est Benjamin Franklin lui-même. Nous sommes dans les années 1760 où les astronomes Mason et Dixon ont été chargés de matérialiser sur le terrain la ligne de démarcation entre les états Pensylvanie et Maryland.
On y voit aussi le nom de Mason ("maçon") rapproché de Free-Mason ("franc-maçon"), et, écho aux Pans du bizarre consacrés aux curiosité du calendrier julien, mention du chambardement provoqué dans les colonies anglaises par le passage au calendrier grégorien en 1752, où le lendemain du 2 septembre fut le 14 septembre (il n'y eut donc pas de 1er Absolu – 121 pour les prépataphysiciens cette année-là).
Je remarque que la ligne Mason-Dixon est composée de deux segments franchement rectilignes, comme une bonne partie des tracés délimitant les States, parmi leurs vastes déserts ou prairies. Ceci me rappelle mes tracés des Pans du bizarre.
Ce billet m'a fait réfléchir au fait qu'il y avait eu au 20e siècle 3 occurrences de Pâques le 4 avril, et qu'à chacune d'elles était liée une anagramme littéraire :
– le 4 avril 1915 est donc l'assassinat du Triangle d'or, résolu par Luis Perenna = Arsène Lupin;
– Eric Rohmer a prétendu être né le 4 avril 1920 à Nancy, alors qu'il était né Maurice Schérer 14 jours plus tôt à Ussel; selon lui toujours, son pseudo était une anagramme (de Mori Chérer ?);
– et mon assassinat de J. Courtas le 4 avril 1999 sous la rame d'Aleppe Conti = Ponce Pilate...
Note du 2/2/12 : L'un des deux sommets communs au "triangle d'or" et au triangle pythagoricien 3-4-5 est le rond-point des Champs-Elysées, or il s'agit du principal objectif de la fugue de Perec le 11 mai 1947, où le garçon de 11 ans comptait vendre ses timbres. C'est encore l'un des 12 "Lieux" parisiens choisis pour un projet que la mort interrompra.
Au moment où j'ai écrit Sous les pans du bizarre, l'été 1999, je ne connaissais pas le 4/4/44 de Jung, et le 4 avril était essentiellement pour moi une date gémellaire, comme le 3/3 et le 5/5, imposée par mon intrigue basée sur le triangle de Pythagore 3-4-5. Elle avait néanmoins une particularité en 99 où se situait aussi l'intrigue puisque c'était le dimanche de Pâques. Comme les parodies pascales étaient au premier plan de mes préoccupations littéraires, je m'étais amusé à quelques allusions discrètes, sans conséquences pour la compréhension de l'intrigue : Jacques Courtas (JC) mourait ce 4/4 sous la rame conduite par Aleppe Conti (anagramme de Ponce Pilate) à la station Denfert. L'anagramme m'était inspirée par la parodie pascale d'Ellery Queen, Et le huitième jour..., où est assassiné le magasinier Storicai (Iscariot) le 5/4/44, mercredi de la semaine sainte.
Je ne crois pas avoir alors eu une pensée particulière pour Le Triangle d'or, le roman de Leblanc qui commence la nuit du samedi 3 au dimanche 4 avril 1915, qui était également cette année-là le jour de Pâques.
Je ne me souviens pas avoir alors fait le lien avec la rue Franklin, lieu de mon premier meurtre du 3/3, qui n'est devenue importante que pendant l'écriture de mon dernier billet, où j'ai réalisé à quel point le "franc" était présent dans les choix des résidences de mes latinistes, rues des Francs-Bourgeois, Simon-le-Franc, et Franklin.
Or non seulement la rue Franklin est citée dans Le Triangle d'or, mais le personnage historique Benjamin Franklin y joue un rôle...
Avant d'y venir, une autre coïncidence du roman de Leblanc touche son titre, le Triangle d'or étant depuis quelques décennies l'appellation commune du quartier représentatif du haut luxe parisien, formé par les avenues George V, Montaigne et Champs-Elysées, autour de la rue François 1er...
L'un des personnages principaux du roman est l'infirmière Coralie, qui travaille dans un hôpital militaire situé très précisément par Leblanc côté gauche des Champs-Elysées, à 200 pas du carrefour Pierre-Charron en montant vers l'Etoile, soit dans l'actuel Triangle d'or.
Dans le premier chapitre du roman, Maman Coralie, l'infirmière quitte à 7 heures du soir le 3 avril 1915 l'hôpital, et prend la rue Pierre-Charron, traversant donc le Triangle. Au carrefour avec la rue de Chaillot, elle est agressée, mais sauvée par des soldats qu'elle avait soignés...
Plus tard dans la nuit, le 4 avril puisque minuit est passé, Patrice capitaine unijambiste amoureux de Coralie suit une piste qui le fait passer rue Franklin, citée au 3e chapitre, et l'amène à la propriété d'Essarès rue Raynouard.
En examinant les lieux sur la carte Google où j'avais tracé mes triangles de Pythagore, j'ai remarqué qu'un de mes côtés passait par un sommet du Triangle d'or du luxe. Amusant, mais plus curieux est que ce Triangle d'or a un côté commun avec ce qui ressemble le plus à un triangle de Pythagore dans Paris, le triangle formé par les avenues Montaigne, Franklin (!) D. Roosevelt (d'Antin en 1915) et le cours Albert Ier (La Reine en 1915). L'avenue Montaigne commune aux deux triangles a été transformée en Sextus Empiricus dans La Belle Hortense, où Roubaud avait aussi travesti le quartier des Francs-Bourgeois.
J'ai repris ci-dessous le triangle 3-4-5 supérieur de la Google Map publiée dans le dernier billet, avec le contour du Triangle d'or en jaune, et le triangle 3-4-5 mitoyen en transparence. L'outil Règle donne à mon tracé des côtés de 474-632-790 m, soit 3-4-5 fois 158. On peut cliquer sur l'image pour l'agrandir, ou vérifier sur GoogleMaps ou tout autre plan qu'il existe peu de grandes artères se croisant à angle droit à Paris, et que ce triangle 3-4-5 n'a guère de concurrents immédiats.
On peut encore voir sur la carte, en rose le quadrilatère "Capitaine-Crubellier", sous la rue Simon-le-Franc, en bleu le quadrilatère "Simon-Crubellier", au-dessus du Parc Monceau, et en rouge l'itinéraire suivi par Coralie pour rentrer chez elle, de l'hôpital des Champs-Elysées à la rue Raynouard, en passant par la rue Franklin.
Quant à Benjamin Franklin lui-même, le vieux Siméon, l’être incompréhensible en qui venaient se rencontrer, comme des chemins qui aboutissent à un carrefour, toutes les intrigues bonnes ou mauvaises, favorables ou perfides, dont se composait l’inextricable drame, utilise ses Mémoires, où Leblanc a imaginé un passage concernant la propriété d'Essarès, pour envoyer Patrice sur une fausse piste.
L'énigme Siméon vient du fait que l'infâme Essarès a tué le bon Siméon et pris sa place, et l'affaire des Mémoires de Franklin est un exemple de sa perfidie. Amusant encore, sachant que la rue Simon-le-Franc, renommée Simon-le-Cribleur dans Sous les pans du bizarre, était le point de départ de mon précédent billet.
Siméon-le-Menteur ? La suite fait intervenir un rêve de la nuit du 27 au 28 septembre, juste après l'écriture de ce billet. J'y voyais la couverture du livre Mason & Dixon, avec le titre énorme en surimpression sur la table des chapitres. Ceci ne facilitait pas la lecture des titres de chapitres, dont l'un était E = mc2. J'y vis aussi le mot déserteur, ce qui me fit penser qu'il fallait que je lise ce livre.
Là interviennent des éléments qui doivent être précisés. J'ai évoqué dans un récent billet l'oeuvre de Jarry Les jours et les nuits, et découvert que ce Roman d'un déserteur était accessible en ligne. Je n'ai pas tardé à le parcourir, et me suis arrêté à un chapitre intitulé Pythagore, où le personnage principal, Sengle, opère une manipulation sur un thermomètre dans le but de se faire réformer :
« Quarante-trois », dit l'infirmier. Et Sengle épouvanté d'avoir divulgué en le réussissant jusqu'à l'invraisemblable, son truc, ne put ne pas crier qu'il se trompait. L'autre regarda au jour de la fenêtre :Ceci m'a aussitôt rappelé le roman de Perec, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, où le conscrit Kara-truc cherche divers moyens d'échapper à la guerre d'Algérie. L'hypothèse d'une simulation de suicide, à l'aide de Thanatine achetée à la pharmacie de la rue Boris-Vian, l'envisage examiné par onze psycholonels, avec quarante-trois centimètres de sonde javellisée dans l'oesophage.
« C'est bien cela, quarante degrés et trois dixièmes. »
C'est ce passage, où Perec répète les nombres 11-43, qui a mené le perecologue Bernard Magné à sa "théorie du 11-43", métonymie de la disparition de la mère de Perec, déportée à Auschwitz le 11 février 43.
Perec, pataphysicien, devait connaître le roman de Jarry. Au moins l'un des quelque 73 noms de Kara-machin est-il Karagidouille.
Voilà au plus bref pourquoi, dans mon rêve ou en me réveillant juste après le rêve, j'estimais important de lire un livre où il était question de déserteur. Je relève au passage le chapitre Pythagore de Jarry, le théorème de Pythagore s'écrivant BC2 = AB2 + AC2, ce qui a pu inspirer le chapitre E = mc2 vu en rêve.
En me réveillant, je savais qu'il existait un livre de Thomas Pynchon ressemblant fort à Mason & Dixon, et je vérifiai bientôt qu'il s'agissait du titre exact, que j'aurais été bien en peine de donner si on me l'avait demandé la veille. J'ai essayé sans succès de lire des livres de Pynchon, probablement ai-je eu celui-ci en main lorsqu'il est paru en 2001, mais j'aurais encore été bien en peine d'en dire quoi que ce soit.
Le lendemain à la médiathèque de Digne je courus au rayon Pynchon. Mason & Dixon y était, et l'examen du rayon me fit découvrir l'auteur qui le précédait, Gérard Pussey, dont le nom ne me disait rien. Par contre l'un de ses deux titres m'était évocateur, Menteur, au Castor Astral (1995).J'ai relaté ici les hasards qui m'ont permis d'assister à la signature de Dominique de Liège, Menteuse inspirée, le 3 décembre 2009, et à découvrir le lendemain, 4/4 du calendrier pataphysique, le carrefour des rues des Ursins et de la Colombe, dans le 4e.
En écrivant le dernier billet, je me suis avisé que le nom de la place Denfert ou d'Enfer, comme elle se nommait jadis, était l'anagramme phonétique de la rue des Francs(-Bourgeois). Ceci m'a rappelé que l'ancien nom de la rue des Ursins était la rue d'Enfer, ce dont témoigne ce détail de la photo ci-dessus.
Cela m'était évocateur, avec l'ours roi des animaux d'Europe, concurrent du Lion (de Belfort et Denfert), mais je l'avais jugé trop éloigné de la rue Simon-Crubellier pour en parler. Or voici qu'un rêve concomitant me fait découvrir le titre Menteur, écho immédiat au Menteuse de Dominique de Liège, en proche rapport temporel de ma découverte de la rue des Ursins ci-devant d'Enfer, alors que le mot "franc" ressortait du dernier billet.
Incidemment, mon habitude d'utiliser un vieux plan de Paris en 1910 m'avait fait découvrir que la rue de Liège était en 1910 la rue de Berlin. Non moins incidemment, j'ai écrit depuis sur Blogruz une étude sur VME où il est question de la contrainte "liège"...
Par ailleurs les livres de Pussey sont à la cote PUS, et j'ai dû, pour écrire la formule E = mc2 vue dans le rêve qui allait m'amener aux cotes PYN et PUS, avoir recours à la balise HTML [sup] pour le "2" en exposant.
Les livres de D. de Liège seraient à la cote LIE, comme "mensonge" ou "mentir" en anglais (lie et to lie).
J'ai lu Menteur de Pussey avec facilité, comme j'avais lu agréablement Menteuse de Dominique, mais je n'y ai trouvé (pour l'instant) aucun écho à mes préoccupations essentielles. Par contre je n'ai pu que survoler les 800 pages de PYN, dont chacune vaut 3 pages de PUS ou LIE (120 pages chacun), n'arrivant toujours pas à accrocher à l'écriture de Pynchon. Son découpage en trois parties n'a rien à voir avec la table des chapitres vue dans mon rêve.
Pourtant je devrais m'y intéresser car l'un des personnages de ce roman historique est Benjamin Franklin lui-même. Nous sommes dans les années 1760 où les astronomes Mason et Dixon ont été chargés de matérialiser sur le terrain la ligne de démarcation entre les états Pensylvanie et Maryland.
On y voit aussi le nom de Mason ("maçon") rapproché de Free-Mason ("franc-maçon"), et, écho aux Pans du bizarre consacrés aux curiosité du calendrier julien, mention du chambardement provoqué dans les colonies anglaises par le passage au calendrier grégorien en 1752, où le lendemain du 2 septembre fut le 14 septembre (il n'y eut donc pas de 1er Absolu – 121 pour les prépataphysiciens cette année-là).
Je remarque que la ligne Mason-Dixon est composée de deux segments franchement rectilignes, comme une bonne partie des tracés délimitant les States, parmi leurs vastes déserts ou prairies. Ceci me rappelle mes tracés des Pans du bizarre.
Ce billet m'a fait réfléchir au fait qu'il y avait eu au 20e siècle 3 occurrences de Pâques le 4 avril, et qu'à chacune d'elles était liée une anagramme littéraire :
– le 4 avril 1915 est donc l'assassinat du Triangle d'or, résolu par Luis Perenna = Arsène Lupin;
– Eric Rohmer a prétendu être né le 4 avril 1920 à Nancy, alors qu'il était né Maurice Schérer 14 jours plus tôt à Ussel; selon lui toujours, son pseudo était une anagramme (de Mori Chérer ?);
– et mon assassinat de J. Courtas le 4 avril 1999 sous la rame d'Aleppe Conti = Ponce Pilate...
Note du 2/2/12 : L'un des deux sommets communs au "triangle d'or" et au triangle pythagoricien 3-4-5 est le rond-point des Champs-Elysées, or il s'agit du principal objectif de la fugue de Perec le 11 mai 1947, où le garçon de 11 ans comptait vendre ses timbres. C'est encore l'un des 12 "Lieux" parisiens choisis pour un projet que la mort interrompra.
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