Lundi 16 février dernier j'ai acheté 3 polars au marché de Forcalquier.
J'y ai consacré cette page, mais j'entends développer un point concernant éminemment Quaternité.
Il s'agit du dernier Fred Vargas, Un lieu incertain, où un homme est assassiné et découpé en menus morceaux. L'indice essentiel est un petit billet que l'homme voulait envoyer à une Allemande, qui partagera la même infortune, billet s'achevant sur un mot écrit en cyrilique,
Кислова.
Soit Kislova, et les enquêteurs découvrent qu'il s'agit d'un petit village de Serbie, également nommé Kiseljevo, au bord du Danube frontière avec la Roumanie. C'est dans ce village qu'est né le vampirisme, avec une troublante affaire qui a fait le tour de l'Europe en 1725.
Comme par hasard Danglard, le fidèle adjoint du commissaire Adamsberg, avait un oncle originaire de ce minuscule village, Slavko Moldovan.
Je remarque aussitôt que toutes les lettres de SLAVKO se trouvent dans KISLOVA. Il y a un "I" en plus, mais curieusement le vrai nom de Vargas est AUDOIN (Frédérique), qui contient toutes les lettres du nom allemand du Danube, DONAU, avec encore un "I" surnuméraire.
Je trouve très rapidement en me renseignant sur les vampires qu'un de leurs noms est VLKOSLAK, composé des mêmes lettres que SLAVKO. C'est la page Wikipédia sur Dracula qui me l'apprend, et je vais consulter le début du roman Dracula, où, avant son rendez-vous avec le Comte, Jonathan Harker se trouve dans une auberge dont les hôtes le considèrent avec effroi et pitié, se signant en proférant des paroles en de multiples langues:
Les enquêteurs interprètent d'abord Kislova comme un mot secret entre amoureux, à comprendre kiss (of) love, "baiser d'amour", or la morsure du vampire est souvent appelée "baiser", et souvent aussi désirée par sa victime, avec des connotations érotiques présentes dès le roman de Stoker, où Jonathan est fasciné par les lèvres gorgées de sang des créatures de Dracula :
La requête Kiss of love Dracula amène quantité de résultats, dont j'extrais cet immortel kiss of love. L'expression n'apparaît pas dans le roman original, mais les deux mots clés avoisinent dans le dernier chapitre, lorsque Van Helsing découvre les cercueils des vampiresses:
Je suis toujours sidéré de ma découverte des châteaux triangulaires de Wewel et Sisak, permettant la superposition que j'ai nommée Etoile de Babel.
La lettre bet/vet hébraïque devient souvent В en russe, se prononçant "v", et se transcrivant "w" en polonais ou allemand.
Cette page parlant de Каббала, Kabbale, confirme la parfaite adéquation du jeu en russe, avec ceci:
J'ai découvert les assonances SLaVKo-KiSLoVa-VLKoSLaK à cause de mon intérêt pour les lettres BLSK en hébreu ou VLSK en slovak au moment où j'ai lu Un lieu incertain.
Les échos ne se sont pas arrêtés là, ainsi j'ai eu la surprise de découvrir une étoile de David sur l'image en fond d'écran du principal site en français sur les vampires.
Je remarque les initiales SH au centre de l'étoile, en bas à gauche (en fait IHS, monogramme de IHSOUS, à l'envers), qui me rappellent Sherlock Holmes, magnifiquement interprété par Peter Cushing dans le Chien des Baskerville (1959), le même Cushing qui a interprété l'éternel adversaire de Dracula, le docteur Van Helsing, dans les productions Hammer Films, face à Christopher Lee qui demeure mon dracul, diable, favori (la plupart des films sont visibles sur YouTube).
La Hammer : je rappelle que c'est le marteau de Jérémie 51 qui m'a conduit à évoquer Babel et l'atbash. Mon enquête sur les morts associées aux marteaux m'avait fait passer par la Hammer, avec une brève nostalgie de mes émois d'adolescent, et voici qu'en cherchant une illustration pour ce billet, je choisis la pochette de disque donnée plus haut, pour son HAMMER sanglant, et j'y découvre que la musique composée par James Bernard est dirigée par Philip Martell.
J'ai encore eu la curiosité de me renseigner sur Kislova/Kiseljevo, pour découvrir la réalité historique de son "vampire", Peter Plogojowitz. Cette page wikipédia a été recopiée mot pour mot ici, par un certain valsacha, où je peux voir la forme (Se)sach donnée par Jérôme pour Sesakh.
J'ai été voir sur GoogleEarth l'endroit, pour découvrir qu'il semble y avoir en fait deux villages, Kisiljevo, au bord d'un bras mort du Danube nommé Lac d'Argent, et Kisilova, dans l'île ou presqu'île formée par ce bras mort.
Le lieu est réellement incertain, dans le roman de Vargas du moins où il n'est question que d'un seul village qui a plusieurs noms, et Wikipedia n'éclaircit pas la question. Vargas confirme dans cette interview qu'elle ne s'est pas rendue sur place.
Du moins Kisiljevo est-il le village principal, et je suis éberlué par la latitude donnée par le repère affiché par GoogleEarth,
44° 44' 00" N
Il semble que ces repères soient placés à des coordonnées entières exprimées en minutes, ainsi celui pour Kisilova est à 44° 46' N, les longitudes correspondantes étant 21° 25' et 21° 27' E.
Je rappelle que la longitude est une donnée subjective, dépendant du choix d'un méridien d'origine, tandis que la latitude reflète une réalité absolue, pourvu que soit admise la mesure en degrés et minutes, héritée précisément du système sexagésimal babylonien...
Bien sûr je suis émerveillé de voir apparaître un 44 44 alors que ce blog a débuté autour du 4/4/44, alors que mes déambulations diverses m'ont mené au jeu Babel-Sesak ou Wewel-Sisak, alors que je me suis souvenu dans le billet précédent que j'avais dès ma première approche associé Babel à la quintessence jungienne... Et puis le 4/4/44 est la date décrite par Jung comme pivot entre vie et mort, où il a commencé sa convalescence tandis que son médecin le docteur Haemmerli se couchait pour ne plus se relever. Les vampires, ou non-morts, se situent aussi au-delà des oppositions usuelles entre vie et mort.
Il apparaît cependant aussi un écho interne au vampirisme dans le double 44 de cette latitude, car 44 s'exprime en hébreu par les lettres-nombres mem-dalet, qui, ensemble, forment le mot DaM, "sang", et le sang, hein, chez les vampires...
Le commissaire Adamsberg vient en personne enquêter à Kiseljevo, bien qu'il ne parle ni serbe ni aucune langue étrangère semble-t-il. Son nom signifie "montagne d'Adam", or adam, "homme" en hébreu, et nom du premier homme, est de la même famille que dam, "sang", adom, "rouge", adama, "argile", entre autres.
Adamsberg et Danglard enquêtent aussi à Highgate, cimetière de la banlieue londonienne où aurait été dans le récit transféré le cercueil de Plogojowitz, et où des affaires "vampiriques" ont effectivement défrayé la chronique dans les années 1870 et 1970. La première réponse à une requête highgate Plogojowitz est encore une page écrite (ou plutôt recopiée) par le même valsacha rencontré plus haut, que je suis tenté de lire BaLSaKa.
Or high gate, "haute porte", pourrait être rapproché de Babylone, dont l'étymologie serait "la porte de Dieu", ou "des Dieux", et dont l'ambition aurait été caractérisée par la "hauteur" de la tour de Babel.
J'attendais avec une certaine impatience de lire ce nouveau Vargas à cause d'une remarquable coïncidence dans le précédent, en 2006.
Un autre hasard babélien m'a fait mentionner récemment ce poème, composé pour le mariage d'un ami en avril 2005. 2005 a été la première année depuis 1932 où le jour traditionnel de l'Annonciation, le 25 mars, a coïncidé avec le Vendredi saint (mais selon des dispositions particulières propres au catholicisme romain, récusées par les traditionalistes, l'Annonciation a été déplacée en 2005 au 4 avril).
J’ai pré-texté cette coïncidence pour tenter une imitation d'un poème figuré de Raban Maur, en latin, qui avait inscrit dans un carré de 35 vers de 35 lettres 4 croix de 69 lettres, porteuses de vers indépendants, leurs 276 lettres correspondant aux 276 jours passés par Jésus dans le ventre de Marie, du 25 mars de l’Annonciation au 25 décembre.
Après le mariage, le poème a été mis en ligne, sur mon site et ailleurs. Doutant fortement que Fred Vargas l'eût lu, j'ai été surpris en découvrant une vierge au premier plan de Dans les bois éternels, paru l'an suivant, où j'ai relevé deux dates essentielles:
- le 25 mars, où se tient un Concile, réunion de tous les inspecteurs de la brigade; c'est au cours de ce Concile qu'Adamsberg apprend à ses hommes que la prochaine victime du tueur qu'ils traquent sera une vierge;
- le lundi 4 avril, les enquêteurs ont établi une liste de 29 vierges susceptibles d'intéresser le tueur.
Ce seul jour précisé nominalement, lundi 4 avril, est l'un des indices permettant de situer le récit en 2005, où ce 4/4 était donc l'Annonciation, tandis que le concile se tenait le Vendredi saint... Je donnais plus de détails ici, évoquant la possibilité de liens intentionnels avec le fondement ésotérique de l'intrigue, mais Vargas consultée indirectement n'y a pas reconnu ses petits...
J'avais oublié ce 4/4/5, alors que le 4/4/4 avait été la date où un hasard m'avait fait découvrir le 4/4/44 de Jung.
Je remarque une possibilité de lien avec le roman suivant, dans les vers marmonnés par Violette Retancourt dans le coma, pour dénoncer l'assassin, les vers de Corneille finissant par Et mourir de plaisir, et ces 4 mots sont repris dans Un lieu incertain, sous un prétexte dérisoire. On sait que c'est aussi le titre de l'adaptation par Vadim de Carmilla, la première histoire littéraire de vampire, dont Bram Stoker n'a pas nié s'être inspiré (intégral sur YouTube). A noter que Carmilla est un avatar de Marcilla et de Mircalla, préfigurant le Slavko d'Audoin à Kislova sur la Donau ? La Hammer a aussi produit sa version, The vampire lovers, avec le fidèle Peter Cushing.
Au plus bref, j'avais noté des éléments quaternaires dans les précédents romans de Vargas, de la geste Adamsberg:
- Les quatre fleuves (2000): pas besoin d'aller plus loin que le titre...
- Pars vite et reviens tard (2002): un certain Damas (de la famille Adams ?) trace des signes ressemblant à des 4...
- Sous les vents de Neptune (2004): en cette année 04 s'est peut-être révélé un aspect méconnu de l'auteur, fille de Philippe Audoin, spécialiste de Maurice Fourré, écrivain qui a attiré mon attention quaternitaire, parce qu'il est l'auteur de 4 romans, parce que son nom se décompose en four-ré, soit 4-d; sa Marraine du sel (1955) se passe dans la ville de Richelieu, dont la structure quadrangulaire est constamment invoquée, or les vents de Neptune mènent Adamsberg à Richelieu, 4 ans avant de le pousser vers la latitude 44° 44'...
Si les romans se passant dans un petit hôtel près de la gare Montparnasse sont sans doute plus nombreux que ceux évoquant la ville "cardinale", il est néanmoins remarquable que ce soit le cas des romans immédiatement antérieurs dans les oeuvres des deux auteurs. Dans La nuit du Rose-Hôtel (1950), cet hôtel fourréen est situé rue Delambre, tandis que, dans Pars vite et reviens tard, Adamsberg surveille à un saut de puce les occupants du Decambrais (dont le Damas qui trace des 4) sis à ce que Vargas nomme carrefour Edgar-Quinet-Delambre (place Fernand-Mourlot depuis peu), où elle a soin de mentionner une colonne Morris (qu'on y cherchera en vain), alors que sur la couverture du roman de Maurice se dressait hardiment la colonne Saint-Cornille...
...et la citation de Corneille, Et mourir de plaisir, est déjà présente dans Pars vite et reviens tard, où le criminel est appréhendé sous un panneau portant ces mots que Corneille avait placés dans la bouche de Camille, Camille qui était déjà l'aimée d'Adamsberg dans L'homme à l'envers, comme si Vargas avait conçu dès 2000 un jeu Corneille-Cornille-Carmilla-Camille.
Le mile nautique a été originellement défini comme la longueur d'un arc d'une minute sur un méridien, soit environ 1852 m, ce qui donne une idée de la probabilité pour un petit village de se trouver exactement à la latitude 44° 44' .
Ma curiosité m'a fait suivre cette latitude jusqu'en France. Elle passe à proximité de lieux divers, le plus notable étant peut-être Crest, dans la Drome, où subsiste la plus haute tour médiévale d'Europe, mais celui qui m'a le plus frappé est la petite commune de Cessac, en Gironde, où je me suis rappelé dans mon dernier billet avoir fait les vendanges en 1972, notant la ressemblance avec la Sesach de Jérôme.
Me demandant si Cessac s'écrirait Сесак en cyrillique, comme cette Sesach, j'en trouve confirmation sur cette page (où je subodore qu'il doit s'agir de généalogie) :
Pierre de Bérail de Cessac - Пьер дё Берай дё Сесак
Comme beaucoup de communes du bordelais, Cessac est éclatée en propriétés viticoles. J'ai reconnu ici celle où j'ai vendangé, aux coordonnées
44°44'34" latitude N
0°10'40" longitude O
Je me demande si j'ai alors vendangé les pieds de vigne sis exactement latitude 44°44', ou 44°44' 44"...
Wikipédia donne des coordonnées très voisines pour la commune.
Si je n'ai pas entendu parler de vampire à Cessac, il y a eu le fameux Vampire du Sussex, aventure imaginée par Conan Doyle et résolue par SH, Sherlock Holmes.
A propos du nombre 4 vampirique, mes recherches sur Plogojowitz m'ont amené à l'album de Stage Four, Love Finds Peter Plogojowitz, paru en novembre 2007, quelques mois avant Un lieu incertain, dont l'essentiel était évidemment déjà écrit. Ce monsieur "Scène 4" indique qu'il s'est intéressé au cas de Plog lorsqu'il a appris en avril 05 qu'il était atteint d'un mélanome le condamnant à brève échéance. Je suppose que, idéalement, la pochette montrerait le Danube vers la latitude 44°44'.
Le titre de ce billet fait allusion au prix Goncourt 1927, Jérôme 60° latitude nord, de Maurice Bedel.
Je conseille à nouveau la consultation de ma page sur les autres polars lus juste après Un lieu incertain, ainsi que le billet sur The Fountain d'Aronofsky, en étroit rapport avec la quaternité.
J'y ai consacré cette page, mais j'entends développer un point concernant éminemment Quaternité.
Il s'agit du dernier Fred Vargas, Un lieu incertain, où un homme est assassiné et découpé en menus morceaux. L'indice essentiel est un petit billet que l'homme voulait envoyer à une Allemande, qui partagera la même infortune, billet s'achevant sur un mot écrit en cyrilique,
Кислова.
Soit Kislova, et les enquêteurs découvrent qu'il s'agit d'un petit village de Serbie, également nommé Kiseljevo, au bord du Danube frontière avec la Roumanie. C'est dans ce village qu'est né le vampirisme, avec une troublante affaire qui a fait le tour de l'Europe en 1725.
Comme par hasard Danglard, le fidèle adjoint du commissaire Adamsberg, avait un oncle originaire de ce minuscule village, Slavko Moldovan.
Je remarque aussitôt que toutes les lettres de SLAVKO se trouvent dans KISLOVA. Il y a un "I" en plus, mais curieusement le vrai nom de Vargas est AUDOIN (Frédérique), qui contient toutes les lettres du nom allemand du Danube, DONAU, avec encore un "I" surnuméraire.
Je trouve très rapidement en me renseignant sur les vampires qu'un de leurs noms est VLKOSLAK, composé des mêmes lettres que SLAVKO. C'est la page Wikipédia sur Dracula qui me l'apprend, et je vais consulter le début du roman Dracula, où, avant son rendez-vous avec le Comte, Jonathan Harker se trouve dans une auberge dont les hôtes le considèrent avec effroi et pitié, se signant en proférant des paroles en de multiples langues:
Je pris mon dictionnaire polyglotte, et cherchai la signification de tous ces mots étranges. J'avoue qu'il n'y avait pas là de quoi me rendre courage car je m'aperçus, par exemple, que ordog signifie Satan; polok, Enfer, stregocia, sorcière, vrolok et vlkoslak quelque chose comme vampire ou loup-garou en deux dialectes différents.La version originale est plus précise:
'vrolok' and 'vlkoslak' - both of which mean the same thing, one being Slovak and the other Servian...Décidément... Si je ne connais rien aux langues slaves, je suppose qu'il y existe d'autres consonnes que SLVK, ces lettres que j'ai vues correspondre à celles du jeu en hébreu entre BaBeL et SeSaK, le nom de la ville de la confusion des langues, et son codage alphabétique employé dans le livre de Jérémie. En fait, il semble bien qu'il y ait eu une erreur dans le texte original de Dracula, reprise dans toutes ses éditions, et que le vrai nom serbe du "vampire" soit vlkodlak.
Les enquêteurs interprètent d'abord Kislova comme un mot secret entre amoureux, à comprendre kiss (of) love, "baiser d'amour", or la morsure du vampire est souvent appelée "baiser", et souvent aussi désirée par sa victime, avec des connotations érotiques présentes dès le roman de Stoker, où Jonathan est fasciné par les lèvres gorgées de sang des créatures de Dracula :
Oui, je brûlais de sentir sur les miennes les baisers de ces lèvres rouges.
La requête Kiss of love Dracula amène quantité de résultats, dont j'extrais cet immortel kiss of love. L'expression n'apparaît pas dans le roman original, mais les deux mots clés avoisinent dans le dernier chapitre, lorsque Van Helsing découvre les cercueils des vampiresses:
Then the beautiful eyes of the fair woman open and look love, and the voluptuous mouth present to a kiss, and the man is weak. And there remain one more victim in the Vampire fold. One more to swell the grim and grisly ranks of the Undead!...
Je suis toujours sidéré de ma découverte des châteaux triangulaires de Wewel et Sisak, permettant la superposition que j'ai nommée Etoile de Babel.
La lettre bet/vet hébraïque devient souvent В en russe, se prononçant "v", et se transcrivant "w" en polonais ou allemand.
Cette page parlant de Каббала, Kabbale, confirme la parfaite adéquation du jeu en russe, avec ceci:
посредством этого способа (он называется ат-баш) слово Сесак у Иеремии, значение которого неизвестно, читается как Бабель, т.е. Вавилон;J'y ai souligné Sesak et Vavil(on); il faut peut-être préciser que, si la Bible hébraïque n'emploie que le mot BBL pour Babel et Babylone, la traduction synodale russe n'utilise que Vavilon; voici la traduction proposée par Google:
par le biais de cette méthode (on l'appelle At-Bash) Sesak mot de Jérémie, dont la valeur est inconnue, se lit comme Babel, qui est Babylone
J'ai découvert les assonances SLaVKo-KiSLoVa-VLKoSLaK à cause de mon intérêt pour les lettres BLSK en hébreu ou VLSK en slovak au moment où j'ai lu Un lieu incertain.
Les échos ne se sont pas arrêtés là, ainsi j'ai eu la surprise de découvrir une étoile de David sur l'image en fond d'écran du principal site en français sur les vampires.
Je remarque les initiales SH au centre de l'étoile, en bas à gauche (en fait IHS, monogramme de IHSOUS, à l'envers), qui me rappellent Sherlock Holmes, magnifiquement interprété par Peter Cushing dans le Chien des Baskerville (1959), le même Cushing qui a interprété l'éternel adversaire de Dracula, le docteur Van Helsing, dans les productions Hammer Films, face à Christopher Lee qui demeure mon dracul, diable, favori (la plupart des films sont visibles sur YouTube).
La Hammer : je rappelle que c'est le marteau de Jérémie 51 qui m'a conduit à évoquer Babel et l'atbash. Mon enquête sur les morts associées aux marteaux m'avait fait passer par la Hammer, avec une brève nostalgie de mes émois d'adolescent, et voici qu'en cherchant une illustration pour ce billet, je choisis la pochette de disque donnée plus haut, pour son HAMMER sanglant, et j'y découvre que la musique composée par James Bernard est dirigée par Philip Martell.
J'ai encore eu la curiosité de me renseigner sur Kislova/Kiseljevo, pour découvrir la réalité historique de son "vampire", Peter Plogojowitz. Cette page wikipédia a été recopiée mot pour mot ici, par un certain valsacha, où je peux voir la forme (Se)sach donnée par Jérôme pour Sesakh.
J'ai été voir sur GoogleEarth l'endroit, pour découvrir qu'il semble y avoir en fait deux villages, Kisiljevo, au bord d'un bras mort du Danube nommé Lac d'Argent, et Kisilova, dans l'île ou presqu'île formée par ce bras mort.
Le lieu est réellement incertain, dans le roman de Vargas du moins où il n'est question que d'un seul village qui a plusieurs noms, et Wikipedia n'éclaircit pas la question. Vargas confirme dans cette interview qu'elle ne s'est pas rendue sur place.
Du moins Kisiljevo est-il le village principal, et je suis éberlué par la latitude donnée par le repère affiché par GoogleEarth,
44° 44' 00" N
Il semble que ces repères soient placés à des coordonnées entières exprimées en minutes, ainsi celui pour Kisilova est à 44° 46' N, les longitudes correspondantes étant 21° 25' et 21° 27' E.
Je rappelle que la longitude est une donnée subjective, dépendant du choix d'un méridien d'origine, tandis que la latitude reflète une réalité absolue, pourvu que soit admise la mesure en degrés et minutes, héritée précisément du système sexagésimal babylonien...
Bien sûr je suis émerveillé de voir apparaître un 44 44 alors que ce blog a débuté autour du 4/4/44, alors que mes déambulations diverses m'ont mené au jeu Babel-Sesak ou Wewel-Sisak, alors que je me suis souvenu dans le billet précédent que j'avais dès ma première approche associé Babel à la quintessence jungienne... Et puis le 4/4/44 est la date décrite par Jung comme pivot entre vie et mort, où il a commencé sa convalescence tandis que son médecin le docteur Haemmerli se couchait pour ne plus se relever. Les vampires, ou non-morts, se situent aussi au-delà des oppositions usuelles entre vie et mort.
Il apparaît cependant aussi un écho interne au vampirisme dans le double 44 de cette latitude, car 44 s'exprime en hébreu par les lettres-nombres mem-dalet, qui, ensemble, forment le mot DaM, "sang", et le sang, hein, chez les vampires...
Le commissaire Adamsberg vient en personne enquêter à Kiseljevo, bien qu'il ne parle ni serbe ni aucune langue étrangère semble-t-il. Son nom signifie "montagne d'Adam", or adam, "homme" en hébreu, et nom du premier homme, est de la même famille que dam, "sang", adom, "rouge", adama, "argile", entre autres.
Adamsberg et Danglard enquêtent aussi à Highgate, cimetière de la banlieue londonienne où aurait été dans le récit transféré le cercueil de Plogojowitz, et où des affaires "vampiriques" ont effectivement défrayé la chronique dans les années 1870 et 1970. La première réponse à une requête highgate Plogojowitz est encore une page écrite (ou plutôt recopiée) par le même valsacha rencontré plus haut, que je suis tenté de lire BaLSaKa.
Or high gate, "haute porte", pourrait être rapproché de Babylone, dont l'étymologie serait "la porte de Dieu", ou "des Dieux", et dont l'ambition aurait été caractérisée par la "hauteur" de la tour de Babel.
J'attendais avec une certaine impatience de lire ce nouveau Vargas à cause d'une remarquable coïncidence dans le précédent, en 2006.
Un autre hasard babélien m'a fait mentionner récemment ce poème, composé pour le mariage d'un ami en avril 2005. 2005 a été la première année depuis 1932 où le jour traditionnel de l'Annonciation, le 25 mars, a coïncidé avec le Vendredi saint (mais selon des dispositions particulières propres au catholicisme romain, récusées par les traditionalistes, l'Annonciation a été déplacée en 2005 au 4 avril).
J’ai pré-texté cette coïncidence pour tenter une imitation d'un poème figuré de Raban Maur, en latin, qui avait inscrit dans un carré de 35 vers de 35 lettres 4 croix de 69 lettres, porteuses de vers indépendants, leurs 276 lettres correspondant aux 276 jours passés par Jésus dans le ventre de Marie, du 25 mars de l’Annonciation au 25 décembre.
Après le mariage, le poème a été mis en ligne, sur mon site et ailleurs. Doutant fortement que Fred Vargas l'eût lu, j'ai été surpris en découvrant une vierge au premier plan de Dans les bois éternels, paru l'an suivant, où j'ai relevé deux dates essentielles:
- le 25 mars, où se tient un Concile, réunion de tous les inspecteurs de la brigade; c'est au cours de ce Concile qu'Adamsberg apprend à ses hommes que la prochaine victime du tueur qu'ils traquent sera une vierge;
- le lundi 4 avril, les enquêteurs ont établi une liste de 29 vierges susceptibles d'intéresser le tueur.
Ce seul jour précisé nominalement, lundi 4 avril, est l'un des indices permettant de situer le récit en 2005, où ce 4/4 était donc l'Annonciation, tandis que le concile se tenait le Vendredi saint... Je donnais plus de détails ici, évoquant la possibilité de liens intentionnels avec le fondement ésotérique de l'intrigue, mais Vargas consultée indirectement n'y a pas reconnu ses petits...
J'avais oublié ce 4/4/5, alors que le 4/4/4 avait été la date où un hasard m'avait fait découvrir le 4/4/44 de Jung.
Je remarque une possibilité de lien avec le roman suivant, dans les vers marmonnés par Violette Retancourt dans le coma, pour dénoncer l'assassin, les vers de Corneille finissant par Et mourir de plaisir, et ces 4 mots sont repris dans Un lieu incertain, sous un prétexte dérisoire. On sait que c'est aussi le titre de l'adaptation par Vadim de Carmilla, la première histoire littéraire de vampire, dont Bram Stoker n'a pas nié s'être inspiré (intégral sur YouTube). A noter que Carmilla est un avatar de Marcilla et de Mircalla, préfigurant le Slavko d'Audoin à Kislova sur la Donau ? La Hammer a aussi produit sa version, The vampire lovers, avec le fidèle Peter Cushing.
Au plus bref, j'avais noté des éléments quaternaires dans les précédents romans de Vargas, de la geste Adamsberg:
- Les quatre fleuves (2000): pas besoin d'aller plus loin que le titre...
- Pars vite et reviens tard (2002): un certain Damas (de la famille Adams ?) trace des signes ressemblant à des 4...
- Sous les vents de Neptune (2004): en cette année 04 s'est peut-être révélé un aspect méconnu de l'auteur, fille de Philippe Audoin, spécialiste de Maurice Fourré, écrivain qui a attiré mon attention quaternitaire, parce qu'il est l'auteur de 4 romans, parce que son nom se décompose en four-ré, soit 4-d; sa Marraine du sel (1955) se passe dans la ville de Richelieu, dont la structure quadrangulaire est constamment invoquée, or les vents de Neptune mènent Adamsberg à Richelieu, 4 ans avant de le pousser vers la latitude 44° 44'...
Si les romans se passant dans un petit hôtel près de la gare Montparnasse sont sans doute plus nombreux que ceux évoquant la ville "cardinale", il est néanmoins remarquable que ce soit le cas des romans immédiatement antérieurs dans les oeuvres des deux auteurs. Dans La nuit du Rose-Hôtel (1950), cet hôtel fourréen est situé rue Delambre, tandis que, dans Pars vite et reviens tard, Adamsberg surveille à un saut de puce les occupants du Decambrais (dont le Damas qui trace des 4) sis à ce que Vargas nomme carrefour Edgar-Quinet-Delambre (place Fernand-Mourlot depuis peu), où elle a soin de mentionner une colonne Morris (qu'on y cherchera en vain), alors que sur la couverture du roman de Maurice se dressait hardiment la colonne Saint-Cornille...
...et la citation de Corneille, Et mourir de plaisir, est déjà présente dans Pars vite et reviens tard, où le criminel est appréhendé sous un panneau portant ces mots que Corneille avait placés dans la bouche de Camille, Camille qui était déjà l'aimée d'Adamsberg dans L'homme à l'envers, comme si Vargas avait conçu dès 2000 un jeu Corneille-Cornille-Carmilla-Camille.
Le mile nautique a été originellement défini comme la longueur d'un arc d'une minute sur un méridien, soit environ 1852 m, ce qui donne une idée de la probabilité pour un petit village de se trouver exactement à la latitude 44° 44' .
Ma curiosité m'a fait suivre cette latitude jusqu'en France. Elle passe à proximité de lieux divers, le plus notable étant peut-être Crest, dans la Drome, où subsiste la plus haute tour médiévale d'Europe, mais celui qui m'a le plus frappé est la petite commune de Cessac, en Gironde, où je me suis rappelé dans mon dernier billet avoir fait les vendanges en 1972, notant la ressemblance avec la Sesach de Jérôme.
Me demandant si Cessac s'écrirait Сесак en cyrillique, comme cette Sesach, j'en trouve confirmation sur cette page (où je subodore qu'il doit s'agir de généalogie) :
Pierre de Bérail de Cessac - Пьер дё Берай дё Сесак
Comme beaucoup de communes du bordelais, Cessac est éclatée en propriétés viticoles. J'ai reconnu ici celle où j'ai vendangé, aux coordonnées
44°44'34" latitude N
0°10'40" longitude O
Je me demande si j'ai alors vendangé les pieds de vigne sis exactement latitude 44°44', ou 44°44' 44"...
Wikipédia donne des coordonnées très voisines pour la commune.
Si je n'ai pas entendu parler de vampire à Cessac, il y a eu le fameux Vampire du Sussex, aventure imaginée par Conan Doyle et résolue par SH, Sherlock Holmes.
A propos du nombre 4 vampirique, mes recherches sur Plogojowitz m'ont amené à l'album de Stage Four, Love Finds Peter Plogojowitz, paru en novembre 2007, quelques mois avant Un lieu incertain, dont l'essentiel était évidemment déjà écrit. Ce monsieur "Scène 4" indique qu'il s'est intéressé au cas de Plog lorsqu'il a appris en avril 05 qu'il était atteint d'un mélanome le condamnant à brève échéance. Je suppose que, idéalement, la pochette montrerait le Danube vers la latitude 44°44'.
Le titre de ce billet fait allusion au prix Goncourt 1927, Jérôme 60° latitude nord, de Maurice Bedel.
Je conseille à nouveau la consultation de ma page sur les autres polars lus juste après Un lieu incertain, ainsi que le billet sur The Fountain d'Aronofsky, en étroit rapport avec la quaternité.
2 commentaires:
Je suis toujours là mais pour le moment ma source est tarie...
J'ai retrouvé un sonnet composé lors des vendanges à Cessac. Je n'en cite que les deux derniers vers
Et cryptique le glaive en son aire assigné
Coupe en toute raison de l'oubli la mémoire.
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