27.9.17

Ana Mor, mords-moi à mort


  J'évoquais dans un récent billet ma lecture du dernier NEO, La gloire des maudits, et la liste de ses oeuvres m'a appris qu'un autre roman m'avait échappé, La dévoration (2014).
  Mettez un tigre dans votre auteur...
  Enfin j'ai fait des économies avec la version Poche, et sa lecture a été riche en échos.

  Le roman met au premier plan un écrivain, ce qui est presque une constante chez NEO, et l'écrivain se nomme ici Nicolas Sevin, ce qui suggère une certaine part d'identification de NEO.
  Sevin est un auteur à succès, spécialisé dans le morbide; Le Culte du sang conte les états d'âme d'un gardien de Buchenwald, Les Joies du mal ceux d'un éventreur letton...
  Les chapitres numérotés, constitués par le récit à la première personne de Sevin, sont d'abord entrecoupés de 9 épisodes contant l'histoire de la famille de bourreaux Rogis, depuis 1278 où des circonstances exceptionnelles ont conduit le condamné à mort Rogis à devenir le bourreau de Rouen, jusqu'à 1977, date de la dernière exécution capitale en France.
  Si NEO a fondu en une seule famille divers bourreaux ou lignées de bourreaux historiques, les Thérage, Sanson, Deibler et autres Obrecht, les détails des exécutions commentées sont authentiques, et le nom même Rogis semble issu de Louis Rogis, assistant d'Anatole Deibler.
  L'épisode de 1872 montre le père Rogis s'interroger sur l'avenir de son fils Louis, atteint d'hématophobie, peu recommandée dans l'exercice de la profession familiale. Ceci fait allusion au réel cas de Louis Deibler, père d'Anatole.

  Sevin est une autre forme de Sabin, et Henri Sabin a été l'assistant du bourreau Desfourneaux lors de la dernière exécution capitale en public, le 17 juin 1939.
  J'ignore si ces Rogis ou Sabin ont un quelconque lien de parenté avec NEO, mais dans le roman Nicolas Sevin apprend à la fin du chapitre 11 que le vrai nom de son père est Marcel Rogis, dernier bourreau de France (le réel dernier bourreau était Marcel Chevalier, neveu par alliance d'André Obrecht).
  Après cette révélation vient le dernier volet de la saga des Rogis, l'exécution à Marseille en septembre 1977 de Djandoubi.

  La date exacte n'est pas donnée, mais une coïncidence est venue souligner ce que je n'aurais peut-être pas songé à creuser sinon.
  Dans la matinée du 10 septembre, Anne consultant sa tablette me signalait que ce jour était le 40e anniversaire de la dernière exécution capitale en France, celle de Hamida Djandoubi le 10 septembre 1977. Un peu plus d'une heure plus tard, ma lecture en cours de La dévoration m'amenait à ce cas.
  Mieux, NEO est natif du 10 septembre (1974), et il fêtait ce jour ses 43 ans.

  Si Nicolas d'Estienne d'Orves est né un 10/9, Nicolas Sevin est né un 10/6 (1981). Son père avait résolu de ne pas avoir d'enfant pour interrompre la lignée des bourreaux, mais l'évolution abolitionniste et la charmante Lucie Metcalf ont eu raison de sa décision.

  Les chapitres 12 à 17 continuent la confession de Nicolas Sevin, entrecoupés désormais d'un autre récit à la première personne, celui de Hojime Morimoto, scrupuleusement calqué sur le "Japonais cannibale", Issei Sagawa, lequel a tué le 11 juin 1981 l'étudiante canadienne Renée, et a entrepris ensuite d'en déguster diverses parties de son corps, crues ou cuites.
  Sagawa, ou Morimoto, n'a guère été puni pour son crime, dont il a tiré parti pour écrire des ouvrages à succès après sa libération le 13 août 1985.

  Sevin se passionne pour son cas, dont il projette de faire le sujet de son prochain livre. Son obsession est telle qu'il en vient à mordre à pleines dents dans l'intimité de sa maîtresse du moment...

  Un épilogue surprenant mais logique fait se rencontrer à la fin du printemps 2013 Sevin, âgé de 32 ans, et Morimoto, 64 ans.

  Le cannibale MORimoto m'a rappelé les 3 polars "scandinaves" parus en mars dernier, étudiés dans Rom Ana Mor, le plus évocateur pour moi ayant été Mör, de Johana Gustawsson, laquelle est en fait une Marseillaise mariée à un Suédois, et qui vit à Londres. Ce titre évoque le cannibalisme, thème principal du roman, mör désignant en suédois la tendreté de la viande.
  Le cannibalisme m'a dessillé les yeux sur ce que j'aurais pu voir bien plus tôt. La richesse du second roman de Johana m'avait conduit à lire le premier, Bloc 46, et à y trouver un criminel Adam Berg qui m'avait rappelé le commissaire Adamsberg de Fred Vargas, mais comment avais-je pu oublier alors que l'enquête précédente d'Adamsberg avait aussi trait au cannibalisme.
  Mieux, les faits de cannibalisme sur lesquels Adamsberg enquête dans Temps glaciaires, le précédent Vargas paru en mars 2015, se sont produits en Islande, alors qu'un des autres polars scandinaves parus en mars dernier est Mörk, de l'Islandais Ragnar Jónasson, le premier roman islandais que j'ai lu en entier.
  Je n'y avais rien vu de particulier, hormis une structure en 40 chapitres numérotés entrecoupés de 25 extraits d'un journal intime. 40/25 se simplifie en 8/5, rapport fibonaccien, et ceci m'avait directement évoqué la première partie des Derniers jours de Paris, de NEO, en 34 chapitres numérotés où la narration suit Sylvain, entrecoupés de 21 sections du récit de Trinité à la première personne; la seconde partie réunit Sylvain et Trinité pour 34 autres chapitres.
  Moins directement, j'ai rencontré des possibilités fibonacciennes chez Vargas et Adler-Olsen.


  Je suis éberlué de ne pas avoir pensé tout de suite à Temps glaciaires lors de la découverte du cannibalisme de Mör et de l'islandisme de Mörk.  Ce n'est pas la première fois que je déplore mes faiblesses, enfin la presse récente est moins sévère à mon égard.
  Plus sérieusement, je suis mentionné, via le gématron de Gef, dans le dernier roman de Yolande Villemaire, Le rose des temps.
Elle a de nouveau changé le nom de l'héroïne de Le rose des temps. Après consultation intensive du Yi King et du gématron d'un site de calcul kabbalistique, elle revient au prénom qu'a porté longtemps le personnage du manuscrit qu'elle écrit depuis des années. La chercheuse en génétique textuelle l'a en effet mise en contact avec un blogueur kabbaliste qui a créé ce gématron, qui peut "sonder la profondeur d'un texte" de la même façon que "la géométrie s'occupe de mesurer la superficie d'un terrain." (page 274)

  De toute manière, le blogueur kabbaliste aurait eu besoin de revenir à Vargas après la lecture des récents NEO, et je vais donc pouvoir faire l'économie de quelques redites.

  Temps glaciaires débute par quelques morts suspectes, réunies par la présence sur les lieux d'un même dessin. Adamsberg décrète qu'il s'agit d'une guillotine, ayant eu connaissance d'une anecdote selon laquelle la machine de Guillotin aurait été présentée à Louis XVI; le couperet était alors convexe, et ce serait le roi qui aurait choisi la forme trapézoïdale...
  De fait, toutes les victimes font partie de l'étrange Association d’Étude des Écrits de Maximilien Robespierre, laquelle rejoue en costumes les grandes séances de l'Assemblée Nationale pendant la Révolution. L'Association compte des centaines de membres, protégés par un strict anonymat, ce qui ne facilite guère la tâche des enquêteurs.
  Les victimes ont de plus en commun d'avoir toutes participé à un voyage en Islande 10 ans plus tôt. Lors de ce voyage 12 personnes se sont trouvées bloquées sur une île isolée, où se trouve une pierre réputée magique. 2 personnes du groupe y sont mortes, et Adamsberg découvre qu'elles ont été assassinées, et que l'assassin a cuit leur chair pour la survie du groupe...
  De retour en France, l'assassin s'est débrouillé pour que tous les témoins de ses crimes, dont ils sont en partie complices, adhèrent à l'Association, afin de garder un oeil sur eux... Là j'avoue que, malgré tout l'art de Fred pour faire passer la pilule, je n'ai pas réussi à l'avaler.
 
  Un premier point est que la guillotine joue un rôle important dans La dévoration, où elle est présente dans 5 des épisodes "Rogis", à commencer par celui de 1792 où le bourreau se désole d'être réduit au rang de mécanicien. Le roman de NEO est paru en août 2014, 7 mois avant celui de FAR (Frédérique Audoin-Rouzeau), laquelle a travaillé longtemps dessus, ainsi les deux auteurs écrivaient en même temps leurs romans offrant deux thèmes communs, cannibalisme et guillotine qui n'ont rien d'immédiatement complémentaire.

  Le mot "dévoration" apparaît dans Temps glaciaires, chapitre 47, de façon figurée, à propos du président de l'Association, François Château, obsédé par Robespierre au point de s'identifier à Lui.

  François Château, initiales FC, un autre thème récurrent sur Quaternité. Elles ont notamment joué un rôle dans le billet Queval-Utu, où les palindromes de Rapilly (Robert) m'ont conduit au roman de Férey (Caryl) Utu, puis au "voyage poèmes" de Robert, El Ferrocarril de Santa Fives, et à sa grille de 9x10 lettres aux Formidables Coïncidences avec la grille 9x9 de Cyril Epstein.
  Peu après les palindromes de Robert sur l'oulipien Queval et sur le dieu solaire Utu, mon oeil est tombé le 7 juin à la médiathèque de Gréoux sur un nombre significatif parmi les rayonnages, 4444, numéro en 10-18 d'un roman islandais, Le cheval soleil.
  L'Islande fait un lien avec Mör-Mörk d'une part, avec Temps glaciaires d'autre part, et le titre déjà coïncidentiel a un écho avec les bourreaux ayant utilisé la guillotine, de Charles-Henri Sanson, le bourreau de la Terreur qui n'a pas chômé, jusqu'à Marcel Chevalier, notre dernier exécuteur qui n'a présidé qu'à deux décapitations.
  Sanson est une forme de Samson, du héros biblique dont le nom hébreu shimshon signifie "solaire", de l'hébreu shemesh, "soleil".

  La seconde victime de Temps glaciaires se nomme Henri Masfauré, propriétaire d'un haras et mécène de l'Association Robespierre. Les chevaux de son haras ont des noms de dieux grecs. J'ai remarqué les lettres MAS débutant ce nom qui semble avoir été forgé par Vargas. Je rappelle que ces lettres m'évoquent les 3 lettres mères de l'alphabet hébreu, A-M-S, formant notamment le mot SMS, "soleil".

  Les voyelles O et U sont souvent interchangeables, si bien que le début du nom Sigurðardóttir de l'auteur du Cheval soleil, SIGUR ("victoire" en islandais), peut être considéré comme le renversement de ROGIS, la lignée de bourreaux de NEO qui intègre donc les Chevalier et Sanson. J'apprends qu'un groupe islandais mondialement connu se nomme Sigur Rós.
  Le renversement exact SIGOR signifie aussi "victoire" en vieil anglais.

  Le lecteur de Temps glaciaires n'apprend le nom de l'assassin qu'une fois celui-ci démasqué, Charles Rolben. Les enquêteurs le connaissaient déjà sous le pseudo Lebrun, secrétaire de l'Association, et, toujours en admettant l'interchangeabilité de O et U, ROLBEN est l'anagramme de LEBRUN.

  ROLBEN est aussi l'exacte anagramme de BLERON, et Patrick Bléron est un récent lecteur de Quaternité, m'ayant appris la mort d'Etienne Cornevin dans les circonstances synchronistiques relatées dans Eberluant anniversaire., mon 233e billet, où je remarquais la valeur de son nom,
PATRICK BLERON = 78+66 = 144, le Fibo précédant 233.
  En cours d'écriture de ce billet, une demande d'un autre lecteur, Pietro de Palma, m'a fait relire le billet A point nommé, et à y retrouver que j'avais procédé à un jeu sur ETIENNE CORNEVIN, dont les lettres communes au nom et au prénom sont EINN, formant notamment NINE, "neuf". Une grande partie de ce qui m'occupe depuis mars est la présence des anagrammes NOM-PRENOM dans les colonnes centrales des grilles de Cyril et Robert, de 9 lettres de largeur.

  Lebrun peut encore évoquer Michel Lebrun, plusieurs fois cité sur Quaternité, dernièrement en mai en tant que traducteur des romans d'Andrew Bergman, et je soulignais l'équivalence de "brun" et "maure" (moro). Lebrun a aussi été le fondateur de l'association 813, dont est membre Fred Vargas, sous le numéro 640 (tiens, c'est la valeur de l'hébreu SMS, shemesh, "soleil").
  Fred a peut-être pensé à 813 avec son Association Robespierre, comptant plus de 700 membres, en tout cas j'y ai vu de claires allusions dans d'autres romans, comme les 812 cassettes de la Vierge de Dans les bois éternels.

FRANCOIS CHATEAU = 85+59 = 144 aussi. Avant de faire le lien entre la firme GMA & FAF du RAIL NOIR n° 1 et les lettres gamma et waw ancêtres de nos C et F, j'avais vu la valeur des majuscules
GMA/FAF = 21/13, les Fibos d'ordres 8 et 7,
tandis que les minuscules correspondantes sont
randes achines gricoles et / abrications açon = 233/144, Fibos d'ordres 13 et 12.
   Je suis revenu sur ces lettres CF avec un personnage du premier livre publié par NEO,
FELICIEN / COUDERCHET = 63/102 = 21/34, Fibos d'ordres 8 et 9.
  C'est le personnage principal d'une nouvelle dont le thème a été repris dans Les Derniers jours de Paris, où apparaît aussi un rapport 21/34 pour les éléments entrecoupant les chapitres numérotés, de façon très similaire au rapport 25/40 du roman islandais Mörk.
  Je me suis interrogé sur les velléités fibonacciennes de NEO en retrouvant ce nom Couderchet pour un personnage secondaire de La Gloire des maudits, où la romancière Sidonie Porel est pendant 21 ans membre puis présidente du jury Goncourt de 34 à 55, date de sa mort et année où enquête sur elle Gabrielle Valoria, habitant 34 rue de Montpensier. Il y a ici un jeu avec Colette, une voisine du 9 rue de Beaujolais, dont le vrai nom était Sidonie-Gabrielle Colette, membre puis présidente du jury Goncourt de 45 à 54.
  Les deux "34" devraient être des "36", car Sidonie Porel est dite avoir pris en 34 le fauteuil de Léon Hennicque, mort fin 35 et remplacé en 36; NEO a lui-même habité un an au 36 rue de Montpensier.

  Une autre coïncidence "médiathique"... Je suis bibliothécaire bénévole à la petite médiathèque d'Esparron, qui n'héberge que quelques centaines d'ouvrages, mais qui donne accès aux 500 000 documents du réseau DLVA. Lors d'un retour, mon oeil a accroché le nom Johana Gustawsson. C'est la coauteure de On se retrouvera, un polar de 2013 dont la couverture ne porte que le nom de Laëtitia Milot, actrice de Plus belle la vie. Sur la page intérieure de titre, Laëtitia Milot et Johana Gustawsson sont imprimés dans le même corps.
  J'avais vu mention de ce roman, et n'avais pas ressenti le besoin de le lire, pressentant que Johana n'y avait livré que sa plume, mais, comme je l'avais sous la main, j'ai fini par le regarder de plus près, puis le "dévorer", juste après La dévoration.

  La mère de l'héroïne Margot Bellaud lui confie avant de mourir qu'elle a été conçue lors d'un viol collectif 30 ans plus tôt, le 20 mars 1981. Margot enquête, non pour faire justice elle-même, mais 3 des 4 violeurs meurent par légitime défense, accident provoqué, ou suicide, après qu'elle les a démasqués. Ceci peut faire un point commun avec La dévoration, où Nicolas Sevin enquête sur le crime de Morimoto en juin 1981, 32 ans plus tôt, et redevient un Rogis pour l'exécuter.
  Un indice pour le meneur des violeurs est les initiales JB, que Margot interprète "Jean-Baptiste". C'est le dernier des violeurs démasqués, celui qui se suicide après avoir tenté de tuer Margot. Son prénom est en fait Roland, et on l'appelait jadis JB à cause de son goût pour certain whisky.
  Dans son premier polar signé de son seul nom, Johana Gustawsson a choisi de nommer son criminel Adam Berg, succédant donc au Jean-Baptiste du roman cosigné avec Milot pour former presque parfaitement le nom du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg.
  Que ce "Jean-Baptiste" se prénomme en fait Roland m'est encore évocateur, car il m'a semblé discerner un tic d'écriture chez Vargas, prénommer ses criminels Roland (ou ses anagrammes Arnold et Lorand). J'ai communiqué à Fred mes supputations, dont elle a accusé réception, tout en signalant qu'elle se refusait à tout commentaire sur les analyses de ses oeuvres.

  Dans son roman suivant, L'armée furieuse, j'ai identifié le criminel dès la vue de son nom, le gendarme Emery. Puis vient Lebrun alias Charles Rolben dans Temps glaciaires, or le Schulz le plus connu a pour prénom Charles, devenu celui de son héros Charlie Brown, Charles Le Brun ?
  Enfin, dans le tout récent Quand sort la recluse, le violeur d'une intrigue annexe se nomme Rémy Marllot (en fait pseudo de Sylvain Bodafieux). Un suspect pour l'intrigue principale se prénomme Roland...

  Je transmets mon hypothèse à çoeur dp, laquelle m'informe que Charles Le Brun a été le peintre officiel du Roi-Soleil, auteur notamment de ce dessin, Louis XIV à cheval, couronné par une victoire (je repense à sigor, "victoire" en vieil anglais).

  Le premier assassin Roland chez Vargas est Roland Vinteuil, dans Les quatre fleuves. Il y a dans le dernier NEO, La gloire des maudits, un personnage d'homo nommé Vineuil qui se livre à de louches agissements vers l'urinoir devant la prison de la Santé, et je me suis demandé s'il ne fallait pas y voir VinTeuil sans T, nom d'un personnage de Proust (l'épisode Vineuil fait allusion à la manie des soupeurs, auprès de laquelle le cannibalisme semble nettement plus tentant). Vinteuil est l'auteur de la fameuse Sonate (ô Santé !)
  Concernant Sevin, je me suis aussi demandé si le mélomane NEO n'avait pas forgé ce nom en songeant au pianiste Ricardo Viñes, dont le journal intime était codé selon le chiffre MARIA (3-1-8-9-1).
  Une autre possibilité est un déguisement de SEVEN, à partir de estienNE orVES, en pensant à la décapitation du film Se7en qui a inspiré des esprits faibles...

Note : çoeur dp m'a appris que le collabo Lucien Rebatet utilisait comme signature le pseudo Vinneuil, précisément en référence au Vinteuil de La Recherche. NEO le sait certainement, car son roman Les fidélités successives mêle des personnages réels de la France de Pétain, tel Rebatet, à des personnages fictifs, tel Marco Dupin, qui réapparaît dans La gloire des maudits, et qui est un ami de Roger Vineuil. Mais si ce nom n'est pas innocent, il est clair que NEO vise, à travers les personnages de Licht, fondateur de la firme Luks, et de son secrétaire Vineuil, Eugène Schueller, L'Oréal, et André Bettencourt, lequel a épousé Liliane, fille de Schueller, décédée ce 21 septembre...
  La très érudite dp a encore soulevé, à propos du nom Rogis, la piste de l'illustre Jean Rogissart, écrivain lancé par Robert Denoël, autre personnage des Fidélités successives.
  Tiens, les premiers mots des Inconnus dans la maison, de Simenon, sont Allô! Rogissart?, ce qui conduit à une curiosité: dans l'adaptation de Lautner en 1992, le procureur Rogissart est interprété par Jean-Louis Richard, lequel a aussi joué dans Le dernier métro le collabo Daxiat, figurant clairement Laubreaux, autre personnage des Fidélités successives.

  Au moment où j'écris ceci, le 21 septembre, les tenants de la fin des temps débutant le 23 septembre, selon le signe apocalyptique de la Femme dans le ciel nimbée du Soleil et de 12 étoiles, voient un nouveau signe confortant l'hypothèse, la fusion des ouragans JOSE et MARIA (les parents terrestres de Jésus) prévue pour cette date...
Note du 26 : Finalement, Jose a perdu de sa puissance mais a tout de même influencé la trajectoire de Maria. Le monde semble par ailleurs continuer à tourner, et je me risque à prédire que les évangélistes ne vont pas tarder à trouver une autre proche date pour la fin des temps...

  On se retrouvera a été adapté à la TV en 2015, avec Laëtitia Milot elle-même dans le rôle de Margot. La réalisation en a été confiée à une JB, Joyce Bunuel, mais la loi Evin (et non Sevin) a imposé une autre interprétation de JB (initiales du premier amour de Roland).

  Le retour des initiales FC m'a conduit à lire le premier volet de la Saga maorie de Caryl Férey. J'ai conté dans Queval-Utu comment le palindrome UTU de Robert Rapilly m'avaient conduit au moment de la lecture de Mör à Utu, roman de Férey (Caryl), puis au Ferrocarril de Santa Fives du même Rapilly (tiens, On se retrouvera a été composé par Nord Compo Multimédia, 7 rue de Fives, 59650 Villeneuve-d'Ascq). J'y avais découvert sa grille de 90 lettres au double acrostiche FIVES-LILLE, et à la colonne centrale offrant une anagramme de NOM-PRENOM, comme la grille de 81 lettres de Cyril Epstein; ces 81-90 m'avaient envoyé au personnage ELISABETH LOVENDALE de Leblanc, lequel m'avait fait découvrir le jeu ROMAN AMOR que le roman MÖR de johANA m'avait conduit à transformer en ROM ANA MOR. Le couronnement était la découverte de LOVEN-DALE dans les diagonales de ma grille pandiagonale publiée dans le numéro de Formules où figuraient aussi les premières contributions de Cyril et Robert.

  L'anthropophagie de Mör était alors un point sans résonance immédiate, mais le couple guillotine-cannibalisme dans Temps glaciaires et dans La dévoration change la donne, et le retour à Férey me rappelle que Utu s'achève sur une cérémonie cannibale d'un groupe de Maoris, au milieu de têtes coupées plantées sur des pics. Un personnage essentiel du roman est la MaORie hANA.
  Il y a aussi des scènes de cannibalisme chez les Maoris dans Haka, le premier roman de Férey, et son personnage féminin principal se prénomme Ann. L'autre est Eva White, et le billet Eve & Adam m'a conduit à ces 5 têtes de l'Eve américaine (Evelyn Nesbitt) dans un photomontage de son amant White. Eve White est aussi l'un des Trois visages d'Eve (le livre qui a fait connaître le syndrome des personnalités multiples, évoqué dans Quaternité à propos de L'Adversaire de Queen).
  Dans les deux volets de la saga apparaît le sobriquet Moorie pour Maori. Moor signifie "Maure", et est employé aussi pour tous les teints sombres (cf mörk, "sombre" en islandais), et le nom commun moor signifie "marais", comme ana en celtique. Je n'avais pas encore songé à cette seconde rencontre, après mor signifiant "mère" dans les langues scandinaves, comme ana en turc.

  Têtes coupées... Un thème auquel je pourrais consacrer un billet de Quaternité, avec le décapiteur de The Egyptian Cross Mystery, le Queen qui a suivi les 21-13 chapitres de The Greek Coffin Mystery, avec  le SAINT-GRAAL (= 63/39 = 21/13) découvert un 31 août (ou 21/13 pataphysique) dans Graal, avec les deux parties en 21-13 chapitres de Mon coeur mis à nu qui s'achèvent sur la tête coupée de HARWOOD / LICHT = 84/52 = 21/13 offerte dans un carton à chapeau à son père.

  Je pourrais discerner une structure 21-1-13 dans La dévoration, en forçant un peu, mais en m'appuyant sur les 21 éléments du récit de Trinity entrecoupant les 34 chapitres numérotés "Sylvain" de le première partie des Derniers jours de Paris. En laissant de côté Prologue et Epilogue, les 12 premiers chapitres "Sevin" sont entrecoupés des 9 épisodes "Rogis", avec donc le chapitre 12 consacré à la prise de conscience de Sevin que sa carrière d'écrivain du mal est la conséquence de son sang Rogis.
  Après ces 21 éléments viennent les 9 épisodes "Morimoto" entrecoupés de 5 chapitres "Sevin", 14 donc en tout. Si 21-14 = U-N n'est pas à négliger, 21-1-13 s'obtiendrait en classant à part le premier épisode "Morimoto", Naissance, et 21-13-1 le dernier, Aujourd'hui.
  Après ces deux récits à la première personne vient l'épilogue ou une narration extérieure montre Sevin devenu Rogis aller au Japon pour exécuter Morimoto, avec sa complicité bienveillante.

  Je remarque les 699 ans séparant 1278, l'année où le décès inopiné du bourreau de Rouen a conduit le premier Rogis à le remplacer, de 1977, l'année de la dernière exécution capitale attribuée à Marcel Rogis. 699 c'est 3 fois le 13e Fibonacci, 233, et c'est aussi le nombre de lettres d'un poème que j'avais appris par coeur dans mon adolescence, Ballade à propos de deux ormeaux qu'il avait, de Verlaine (dédiée à un Léon, Léon Vanier).
  Il n'existe plus beaucoup d'ORMes en Europe, victimes de la graphiose qui n'a rien à voir avec une maladie propre à l'écriture. Je pense aussi à la "Coupure de l'Orme", la prétendue scission des Templiers entre une branche exotérique et l'Ormus, autre nom du Prieuré de Sion imaginé par Plantard, lequel soulignait la possibilité de lire les mots OR et OURS, contenus dans le M symbolisant MARIE, sur l'emblème supposé de ce non moins supposé ORMUS.
  MOR, où est ta SIGOR (victoire) ?

  Le plus long saut entre deux épisodes "Rogis" est le premier, de 1278 à 1551, 273 ans, 13x21. Viennent ensuite des sauts de 81 ans, 126, puis 34, 13+21, avant l'instauration de la guillotine en 1792.
  En comptant 2013 comme retour à la besogne des bourreaux Rogis, 36 ans après la dernière exécution de 1977, on obtient un total de 735 ans, 35x21, ou (13+22)x21 que je ne vois pas comment arranger en (13+21+1)x21. Qu'aurait-il pu se passer en 1992 justifiant ce partage?

  Lors de ma première analyse des parutions Mör-Mörk-Mørck de mars dernier, j'avais omis de m'intéresser à la 7e enquête de Carl Mørck effectivement parue en mars, Selfies.
  J'ai relaté plus haut ma découverte du roman islandais Le cheval soleil dans des circonstances ahurissantes (entre autres numéro 4444 de la collection 10-18). J'ai alors pensé à une chanson de Dylan, All the tired horses, dont les uniques paroles se limitent à deux vers, répétés ad libitum par des choeurs,
All the tired horses in the sun
How'm I supposed to get any ridin' done 
  Je n'ai pas jugé opportun d'en parler alors, mais depuis il m'est venu que cette chanson est la première du double album Self Portrait (un terme équivalent récent est Selfie), et que précisément Selfies m'avait fait penser à Bob Dylan, dont le vrai nom est Robert Zimmermann. Le département V y enquête sur la mort de Rigmor Zimmermann (une autre mor, "mère"), et un suspect est un Américain revenu à Copenhague après un exil en Suède. J'ai pensé au prix Nobel de Dylan, difficilement prévisible début 2016 lors de la parution originale de Selfies.

  Parmi les petites choses laissées en cours de route, il me semble encore que la réunion en huis clos de 12 personnes dans Temps glaciaires peut évoquer la Cène et le miracle de la transsubstantiation, le pain de l'Eucharistie se transformant en corps du Christ, Prenez et mangez car ceci est mon corps.
  J'ai commenté ailleurs comment le sang d'Adamsberg permet de ressusciter Violette Retancourt dans la nuit suivant le Vendredi saint 2004. Les mots hébreux adam, "homme", dam, "sang", edom, "rouge", adama, "terre", procèdent d'une même racine. Prenez et transfusez...

  La couverture de La dévoration  étant un détail d'un tableau de Salvador Dali (Rêve provoqué par le vol d'une abeille autour d'une grenade une seconde avant le réveil, 1944), j'ai songé pour le titre à l'anagramme NEOvator Dali.
  Pour l'auteur, sachant que Dali était influencé à cette époque par la section dorée (qui correspond ici horizontalement au nombril du modèle), je proposerais
Nicolas d'Estienne d'Orves
= Nicolas Sevin s'étend, doré
= Nicolas Sevin est Eden d'or
et en songeant à son penchant libidineux
Nicolas Sevin, détendre os.

  Le nombre 273 m'est important pour deux raisons essentielles, le produit 13x21 des deux Fibos qui m'obsèdent, et la gématrie de l'hébreu arba', "quatre". Jung disait ne connaître qu'une relation mathématique, 3+1 = 4, et je remarque que la période de 273 ans de 1278 à 1551 sépare donc les premiers 1278 ans, 3 x 426, de notre ère, des 426 ans où les Rogis resteront les bourreaux officiels de France, de 1551 à 1977.
  J'ai rencontré récemment ce nombre 273, dans un contexte éminemment quaternaire. Un Américain a décidé récemment de mettre en ligne tout un corpus jungien, avec jusqu'à 574 articles postés en mars dernier. Il a donné le 7 mai la réponse de Jung à une carte de Kos de Armin Haemmerli en 1955, où il lui dit se rappeler la date du 4/4/44 où il a été autorisé à s'asseoir sur son lit, tandis que son frère Theodor Haemmerli devait s'aliter pour ne plus se relever.
  J'ai cité la version française de cette lettre ici, mais j'ignorais qu'elle occupait dans l'édition anglaise la page 273 du tome II de la correspondance de Jung.

6 commentaires:

Patrick Bléron a dit…

Bonsoir Rémi,
J'ai lu l'article mis en lien du 12 mars 2009 consacré à Fred Vargas, et je me suis arrêté sur l'évocation de la tuerie du château d'Escoire, en Dordogne. Il se trouve que l'histoire est racontée par Maître Maurice Garçon, dans son Journal 1939-1945, que j'ai cité plusieurs fois ces temps derniers (L'avocat est aussi l'auteur d'un livre sur le Diable). Georges Girard, l'homme assassiné ainsi que sa soeur et leur domestique, était un ami fidèle de Garçon. Il était par ailleurs archiviste des Affaires étrangères et écrivait des livres d'histoire "excellents". Le 31 octobre, Garçon indique qu'Henri, le fils, a été inculpé, ses explications ayant présenté de graves contradictions. "C'est horrible, écrit Garçon. J'aimais mieux l'hypothèse d'un crime de cupidité paysanne. Tout de même, quand on pense que Girard était attiré par les récits ténébreux de drames judiciaires anciens. Quel retour du sort et quel ironie !"
L'affaire ne s'arrête pas là. C'est Maurice Garçon lui-même qui défend Henri Girard, et le 3 juin 43, il revient chez lui après dix jours de procès intense à Périgueux, où il avait contre lui l'opinion publique tout entière.Il parvient à faire acquitter le jeune homme. Son récit est assez savoureux :
"La vérité est que la foule a besoin de justice. Si un crime a été commis, il faut qu'un coupable soit découvert et puni. D'instinct, la masse a un besoin d'équilibre : la morale outragée demande un châtiment. Si j'avais seulement sorti mon client d'affaire, on eût été content pour lui mais déçu. Comprenant cette déception, j'ai fini par haranguer la foule. Après avoir démontré qu'il fallait acquitter Henri Girard, j'ai dit qu'on ne devrait pas s'arrêter là, qu'il fallait découvrir le coupable, que je m'emploierais à le chercher et que je ferais l'impossible pour le découvrir. Lorsque j'ai terminé en disant :"Le procès commence...", j'ai répondu au désir secret de chacun. Ce fut un soulagement, la justice ne serait pas déçue et la foule qui, trois jours avant, m'eût écharpé, m'a fait taire sous les acclamations.
La psychologie des foules est au fond assez simple."

EL CLUZEL a dit…

A l'EON CHIC,

natif du 10 septembre 1967, je suis toujours aussi impressionné par les pans du bizarre qui soufflent dans ces posts !

Bien vu le NOM-PRENOM,
où le NOM qui se prononce pas vaut la réponse de l'ordinateur galactique...

L'ANE CHICO

Patrick Bléron a dit…

Bonjour Rémi,

Aujourd'hui nuit du Polar à Châteauroux
https://nuitpolarblackberry.com/

Et quelques prolongements dans l'affaire Vargas :
https://alluvions.blogspot.fr/2017/10/246313-du-quai-de-lhorloge-au-vert.html

Beau week-end !

blogruz a dit…

Patrick, pour les noms des flics et criminels divers, rendez-vous très bientôt sur ton blog.
La tuerie d'Escoire était au centre d'une série de plus-que-coïncidences en 2006, hélas SFR a supprimé mes pages perso l'an dernier, et je n'ai pas encore tout remis en ligne. L'actu s'en mêle, car une panne de web m'a conduit à écouter France-Cul à midi 45, et à y entendre Philippe Jaenada qui vient de sortir une bio de Girard, La serpe, où il défend son innocence.

blogruz a dit…

Tiens, La serpe consacrée à Henri me rappelle que la Perse est devenue Iran.

blogruz a dit…

C'est pas fini; avant la bio de Jaenada parue en août est paru le 6 juillet (mon anniversaire) un polar d'un nouvel auteur nommé Henri Girard... Alors que le premier Henri Girard avait emprunté son pseudo Georges Arnaud à un futur auteur polar et sf prolifique, contraint de signer G.J. Arnaud, je me demande si le nouvel Henri Girard est un pseudo...
Le titre de son polar, Sous l'aile du concombre, me rappelle la parution de Sous l'aile du bizarre concomitamment à mon Sous les pans du bizarre. Qui va se dévouer pour écrire Sous les pans du concombre ?