30.1.09

l'étoile de Babel

Je rappelle que le dernier billet m'a amené à découvrir les châteaux triangulaires de Sisak et de Wewel (Wewelsburg, "château du Wewel"), dont le nom est probablement lié au Wawel dominant Cracovie, un des principaux sites de l'Europe antique, or le rapprochement entre Wawel et Babel n'a rien d'outré puisque Babel et Babylone se disent en russe вавел et вавилон qui se transcrivent en allemand ou polonais Wawel [vavεl] et Wawilon [vavilon]... Quant à Sisak, s'il est absurde d'en chercher l'étymologie de ce côté, ce pourrait être une transcription valide de SSK (ששך), le codage atbash du mot hébreu trilittère BBL (בבל), Babel ou Babylone, tel qu'il apparaît dans le livre de Jérémie (25,26 et 51,41).
La forteresse de Sisak a été construite de 1544 à 1550, Wewelsburg a été à maintes reprises détruit et reconstruit. Sa forme triangulaire est apparue en 1603.

GoogleEarth m'a offert tous les renseignements désirés sur les deux édifices.
La forteresse de Sisak est un presque parfait triangle équilatéral dont une pointe (à droite ci-dessus) est assez exactement orientée plein sud. Selon la règle de GoogleEarth, la longueur de l'arête opposée, prise à l'extérieur des tours, est de 64 m, tandis que les deux autres arêtes (idem) mesurent 61 m.
Wewelsburg est un triangle bien moins régulier, plutôt isocèle, dont la pointe aiguë soulignée par la large tour Nord n'est pas loin d'indiquer le nord, avec tout de même un écart d'une dizaine de degrés. L'arête opposée mesure 64 m, les deux autres 84 et 90 m (toujours les distances maximales extérieur des tours).
L'orientation inversée et l'égalité des arêtes parallèles m'ont donné l'envie de superposer les deux images GoogleEarth, après une légère rotation de celle du Wewelsburg :

Voici les images GoogleEarth utilisées, avec les grilles de coordonnées permettant de visualiser la rotation effectuée, ainsi que les règles indiquant les longueurs des arêtes nord de Sisak et sud (environ) de Wewel:

Je n'ai découvert rien de comparable à ces deux châteaux. Il a certes existé d'autres châteaux triangulaires dont subsistent des vestiges plus ou moins importants, mais pas de triangles aussi nets avec trois tours d'angle enclosant un espace libre, et je m'émerveille de la possibilité de cette superposition faisant apparaître l'étoile de David, à partir de deux lieux dont les noms peuvent être mis en relation avec Babel, l'antithèse de Jérusalem selon la tradition judéo-chrétienne.
Si Nabuchodonosor a conquis Jérusalem au 6e siècle avant notre ère et déporté sa population, le principal artisan de la solution finale était Himmler, qui rêvait de faire de son Wewelsburg le sanctuaire de l'idéologie nazie après la victoire, le château devenant le centre d'un ensemble architectural Kolossal.
L'hexagone étoilé ou étoile de David était un symbole universel avant de devenir assez spécifiquement associé au monde juif.
La figure symbolise l'union des opposés, fusion d'un triangle pointe en haut (mâle) et d'un triangle pointe en bas (femelle). Cette dualité se retrouve dans le système concentrationnaire nazi, où les différentes catégories de détenus étaient identifiées par des triangles ou hexagones de couleur cousus sur leurs vêtements. Les hexagones ou étoiles étaient obtenus en superposant deux triangles.

J'indiquais dans le dernier billet que la lecture à rebours de BBL donnait LBB, "coeur" en hébreu. SSK se renverse en KSS, qui pourrait se lire ka shesh, "comme six".
"étoile" se dit kokav en hébreu, KKB, mot de forme identique à BBL-SSK, composé avec les mêmes lettres.
C'est une autre curiosité de constater que Himmler dirigeait le commandement (Kommando) suprême des SS (OberKommando der SS), dont le sigle était OKSS.

Ces six et hexagones m'ont rappelé une étude que j'ai relue, et qui aurait donné une autre très bonne raison pour le titre de mon billet précédent, Babel et la Bête.
Lyuben Piperov, par ailleurs chimiste bulgare, poursuit des recherches bibliques, guidé par sa conviction que la Bible est la Parole de Dieu. C'est ainsi qu'il a eu le pressentiment d'un rapport entre les 6 lettres de BBL-SSK et le nombre 666 de l'Apocalypse, qui a excité maintes imaginations.
Selon l'alphabet numéral hébreu, les valeurs des mots BBL et SSK sont 34 et 620, somme 654, à 12 points du Chiffre de la Bête. Lyuben a regardé les occurrences des chaînes de caractères BBL, LBB, SSK et KSS dans le Pentateuque, plus particulièrement saint pour les croyants, en utilisant le logiciel Torah4U2, donnant le texte hébreu sans espaces entre les mots ou versets.
Il y a donc 6 BBL, 72 LBB, 20 SSK et 6 KSS.
Lyuben trouve miraculeux ces écarts, qui le seraient effectivement s'il s'agissait de lettres distribuées au hasard, mais il s'agit d'un texte composé de mots, et les écarts s'expliquent aisément par des raisons linguistiques, ainsi la majorité des LBB sont des formes du mot LBB, "coeur".
Les autres remarques de Lyuben sont recevables. Il est curieux de trouver 2 fois 6 parmi ces 4 nombres, et surtout que les 6 occurrences de KSS fassent toutes intervenir une forme de SS, "six". Je ne vois cependant pas en quoi ces curiosités marqueraient une claire intention divine, de l'ordre de la tautologie puisque ces curiosités ne seraient probantes que si elles étaient intentionnelles, c'est-à-dire qu'il faut admettre au départ que la Bible est bien écrite par Dieu.

Bref la foi se prête peu à la discussion, et j'avoue que je n'ai de mon côté pas d'explication "rassurante" pour les coïncidences rencontrées ici et ailleurs.
Je remarque que la valeur 654 de BBL-SSK reste d'actualité pour les châteaux de Wewel-Sisak, et que le 12 manquant pourrait être diversement trouvé.
Dans les 12 intersections de l'étoile de David, par exemple, ou dans les 12 branches de ce Soleil noir, mosaïque au centre de la salle principale de la tour Nord du Wewelsburg.
J'ai eu la curiosité de regarder quelle distance séparait Wewel de Sisak, ce que GoogleEarth permet aisément, indiquant 887,95 km de la tour Nord de Wewel à la tour Sud de Sisak, autant dire 888 km, nombre étonnant dans le contexte du 666 de l'Apocalypse.
C'est que, si 666 est admis comme le chiffre de l'Antéchrist, 888 est connu comme valeur du nom grec Ιησους, Jésus, et de multiples spéculations jouent sur ces nombres.
Les nombres se prêtent à de multiples interprétations, et j'imagine que certains pourraient lire dans 888 Heil Heinrich Himmler, à la manière dont les néo-nazis reconnaissent dans 88 Heil Hitler. Détail consternant, les recherches pour ce billet m'ont fait passer par un site de vente d'objets nazis où les prix ne sont pas en X dollars 99 cents, mais tous en X dollars 88 cents...

J'ai eu la curiosité de regarder les distances Wewelsburg-Wawel, 812 km, et Wewelsburg-Babil, le nom irakien de Babylone, 3592 km en pointant sur le centre de la ville.

J'ai apprécié l'idée quaternaire de Lyuben de s'intéresser aux 4 formes BBL-LBB-SSK-KSS.
D'autant que mon intérêt pour l'atbash n'est pas récent, et qu'il y a plus de 20 ans j'avais étudié conjointement les valeurs des villes opposées Babel et Jérusalem, et de leurs formes atbash.
BBL = בבל) 34)
YRWSLM = 586 (ירושלם)
total = 620
SSK = 620 (ששך)
MGPBKY = 155 (מגפבכי)

Ainsi Babel + Jérusalem = 620, comme Sheshak, et aussi comme rouhot (רוחות) les "vents" ou (4) "directions" de l'espace.
Le plus beau, pour l'amateur de quaternité que j'étais déjà, est la valeur 155, quart de 620, de l'atbash de Jérusalem, que je n'essaie pas de transcrire.
La nouvelle Jérusalem, vue par Ezéchiel ou par Jean, est une ville quadrangulaire, comme la ziggourat babylonienne.

Lyuben Piperov compare le jeu des lettres BLSK devenant SKBL (et vice-versa) à celui des bases ACTG d'un brin d'ADN devenant TGAC (idem) sur le brin antiparallèle. L'antiparallélisme des deux brins d'ADN lui permet de justifier le choix des 6 occurrences KSS plutôt que les 20 SSK.
Si ce rapprochement me semble hasardeux, je suis depuis longtemps frappé par les pré-dictions de la structure de l'ADN et du code génétique (supposés ici connus) présentes dans Vision, où WB Yeats décrivait en 1925 un symbole de la psyché humaine, qui lui aurait été transmis par channeling... Ce symbole est constitué de deux spirales ou cônes, qu'il représente le plus souvent sous forme de triangles s'interpénétrant. 4 Facultés se présentent selon divers équilibres dans ces cônes, formant deux couples complémentaires, si bien que si telle Faculté A se présente en telle quantité X dans le cône primaire, la Faculté complémentaire B sera présente en même quantité X dans le cône antithétique.
Je m'en tiens là. L'extraordinaire n'est pas que Yeats ait décrit 30 ans à l'avance une structure très proche de l'ADN, mais que l'ADN réponde remarquablement à divers modèles symboliques développés dans toutes les civilisations, essentiellement la quaternité et la double spirale, probablement exceptionnellement réunies par Yeats en un même modèle (ci-contre la Prostituée de Babylone emplissant sa coupe sous un arbre au tronc en double spirale, selon le Beatus de Gérone).
Je mentionne ceci, au-delà de toute hypothèse, ébloui par la coïncidence de trouver d'une part les lettres BBL-SSK homologuées aux triplets de bases de l'ADN, d'autre part des cônes ou spirales représentés par des triangles, tels que si les facultés du triangle primaire était réparties en 2/3-1/3 (AAG ou BBL par exemple...), le triangle antithétique serait TTC ou SSK !

Ce site très complet explore dans le détail (en anglais) le système de Yeats. J'ai été frappé par une illustration de cette page étudiant les sources qui auraient pu l'influencer. C'est un sablier renversé montrant en bas la sefira supérieure Kether, et en haut la sefira inférieure Malkuth.
Il serait fastidieux de tenter d'expliciter, surtout que ce qui me frappe ici est encore un écho à mes anciennes recherches sur la quaternité dans la Bible et la Kabbale, où j'avais vu:
Kether = 620 = 5 fois 124
Malkuth = 496 = 4 fois 124
Il s'agit donc d'un motif 4/5, où 5 correspond à 620, tandis que j'ai décrit plus haut le motif 4/5 de Babel-Jérusalem avec leurs formes atbash, où c'était le 4 qui correspondait à 620...
Il me souvient avoir vu, en feuilletant sa correspondance, Jung mentionner le couple Kether-Malkuth; une note de l'éditeur suggérait qu'il avait ici probablement confondu Kether et Thiphereth.

PS. Ceci mis en ligne, je me suis avisé que j'avais intitulé le premier billet où je mentionnais l'atbash D'un marteau l'autre, pour les raisons données en fin de billet, mais avec en arrière-pensée un titre de Céline, D'un château l'autre. Je n'avais alors aucune idée de l'existence du château de Sisak, et la vague notion que le château de Himmler avait quelque chose de triangulaire, ce qui ne m'est pas revenu immédiatement en découvrant Sisak.
Je n'ai jamais lu ce livre de Céline (ni aucun autre d'ailleurs), mais je sais qu'il y est question des tribulations en 44-45 de ce collabo, réfugié en Allemagne lors de la débâcle du Gross Deutsches Reich.

Note du 25/3/9: Ayant appris l'existence d'un roman nommé Babel 17, de Samuel Delany, je vais voir dans mon rayon SF si je ne l'ai pas. Non, mais j'ai L'Intersection Einstein, du même auteur.
Je feuillette, et découvre parmi les citations ouvrant le dernier chapitre ceci, de WB Yeats, l'homme du double cône:
Par pitié pour la pensée obscurcie de l'homme
Il traversa la pièce et en sortit
Dans l'effervescence galiléenne ;
La lueur des étoiles de Babylone y apportait
Une fabuleuse et informe obscurité.
              WB Yeats, Chant d'une pièce
Delany ayant visiblement de grandes connaissances littéraires, je suppose que son titre Babel 17 fait référence à Arcane 17, écrit en 1944 (!) par André Breton (très beau site ici). Le titre de Breton fait référence à la lame du jeu de tarots, L'Etoile...
Mon exemplaire est l'édition originale Opta, imprimée le 25/3/1977, il y a exactement 32 ans, avec une illustration triangulaire.

26.1.09

Babel et la bête

Mon précédent billet mentionnait l'atbash, ce codage hébraïque utilisé à trois occasions dans le livre biblique de Jérémie, consistant à remplacer les lettres d'un mot par les lettres correspondantes de l'alphabet écrit à rebours:
- deux cas (25,26; 51,41) concernent le mot Babylone ou Babel, bavel en hébreu, s'écrivant par les 3 lettres BBL (בבל), codé SSK (ששך), lu sheshakh, qui ne veut rien dire.
- l'autre cas (51,1) concerne la Chaldée, dont la capitale est Babylone, en hébreu KSDYM (כשדים), codé en deux mots LB QMY (לב קמי), lu lev qamay, qui ne veut pas dire grand-chose, mais lev tout seul est le mot "coeur".

Ces codages ne cachent rien, les mots Babel et Chaldée apparaissant à multiples reprises en clair dans ces oracles. Les désignations codées conjointes appellent quelques remarques :
- il y a en hébreu deux mots pour "coeur", LB et LBB, lev et levav, exacts renversements de Babel et de son dieu principal, Bel, alias Marduk, maintes fois désigné BL, bel, dans les oracles de Jérémie;
- la lettre Beth se prononçant "b" au début d'un mot et "v" à sa fin, lev et levav peuvent être vus comme les exacts renversements phonétiques de bel et bavel;
- il est frappant que le code transforme les deux lettres LB composant les noms de Bel et Babel en KS, les deux premières lettres du nom de la Chaldée (et inversement, puisqu'une réitération du procédé restitue le message original).

Ce dernier point est peut-être la raison qui a conduit à scinder le codage LB-QMY en deux mots, mais il s'agit d'une question extrêmement complexe, le livre de Jérémie tel qu'il apparaît dans le texte massorétique (le dernier état de la Bible hébraïque) ayant été considérablement remanié au cours des siècles. Sa première traduction, en grec dans la Septante au 2nd siècle avant JC, semble indiquer que l'oracle contre Babel du chapitre 25 était à l'origine contre Juda. Quant à celui du chapitre 51 (28 dans la Septante), les mots qui m'intéressent y apparaissent en clair, "Chaldée" et "Babel", soit qu'ils n'aient pas été codés dans le texte source, soit qu'ils n'aient pas posé problème aux traducteurs.
Il n'en a pas été de même lors de la traduction marquante suivante, la Vulgate de Jérôme au 4e siècle. Jérôme, ne semblant pas avoir tenu compte de la Septante, a rendu les deux SSK par Sesach, sans commentaires, et "les habitants de LB QMY" par habitatores eius qui cor suum levaverunt contra me, expression peu claire qui a à son tour dérouté les traducteurs de la Vulgate, la version la plus fidèle étant les hommes qui habitent au coeur de ceux qui s'élèvent contre moi. (Darby)
Jérôme a donc traduit LB par cor, "coeur", et QMY par une périphrase basée sur le verbe QWM, "se lever contre", "résister", traduit par le verbe levo, levas, de radical lev-, employé au parfait, où le radical devient levav- (levavi, levavisti). Ainsi son levaverunt fait apparaître les deux formes lev et levav de "coeur" en hébreu, alors que ce sont peut-être ces deux formes qui ont motivé le codage atbash. On pourrait même soulever l'idée, le codage étant probablement tardif, que son auteur connaissait le latin et avait entrevu cette possibilité...
De fait, si Jérôme a traduit ici QMY par levaverunt contra me, cette exacte forme QMY apparaît dans le psaume 18 (ici Ps 18,39, verset 40 d'autres versions), où il l'a traduite resistentes mihi.
Et dire que la première mention biblique de Babel est celle de l'épisode de la Tour de Babel et de la confusion des langues (Gn 11), où l'hébreu joue sur la ressemblance des mots bavel et balal, "confondre". Ci-dessus une toile de Raoul Giordan.

Le babélisme peut amener à remarquer que Jérôme est souvent associé au lion, une légende lui faisant ôter une épine de la patte d'un lion qui lui serait resté attaché, or "lion" se dit dans plusieurs langues slaves lev ou lvev (лев ou львев), apparenté au latin leo. Le Wiktionnaire indique pour étymologie
Du proto-slave lьvъ lui-même issu de l'indo-européen lewo.
Pour le vérifier, j'ai posé la requête "indo-european lion", qui m'a envoyé à cette page, mentionnant pour "lion" le tokharien A śiśäk, et le tokharien B ṣecake (voir ici ce qu'étaient ces langues indo-européennes).
Il est difficile de ne pas penser au mot SSK, sheshakh ou sesach, sans qu'il me soit envisageable d'approfondir tant mon ignorance en ce domaine est immense.

Et je ne suis pas au bout de mes surprises, la page ci-dessus poursuivant par
En revanche le mot grec leôn, latin leo, qu'on retrouve dans toutes les langues d'Europe, viendrait éventuellement des langues sémitiques (proto-sémitique *labu-).

Ainsi parti du coeur hébreu, LB ou LBB, lecture à rebours de BBL, une suggestion d'une amie m'a conduit à remarquer un semblable redoublement de finale pour le lion slave LB-LBB, et un approfondissement vers l'indo-européen me mène à un lion SSK, codage de BBL dans l'alphabet hébreu écrit à rebours, tandis qu'il faudrait plutôt regarder du côté sémitique pour le lion LB(B)...

Quelques vérifications m'ont amené à des pages très savantes, confirmant en tous points ces dernières infos. Et il y a bien en hébreu biblique un lion lavi, LBYA, moins usité que arye, ARYH.
Je ne soupçonnais pas que Shere Khan, le tigre du Livre de la Jungle, venait de l'urdu sher, qui signifiait "lion" avant "tigre"; Kipling indique que le mot doit se prononcer skere, ce qui est rarement respecté.
Shere Khan, "seigneur lion" donc plutôt que "seigneur tigre", a de multiples échos. Je remarque qu'un des compositeurs de la musique du film de Disney est Lebo M, alias de Lebohang Morake, prédestiné à écrire de la musique léonine.
Khan, "seigneur", serait l'homonyme du titre bel de Mardouk, qui existe aussi en hébreu, mais la désignation du dieu babylonien omet une lettre du mot ba'al, "maître", "seigneur", peut-être pour marquer son inanité, BL en 2 lettres, lu bal, signifiant "rien". Ainsi BL LB(YA) pourrait signifier "seigneur lion".
Dans l'autre mention du SSK biblique (Je 25,26), il s'agit du MLK SSK, se lisant tout aussi bien "roi SSK" que "roi de SSK".

La requête "śiśäk" donne d'abord des réponses pour Sisak en Croatie, où c'est une ville de 50 000 âmes, jadis la celtique Segestica puis la romaine Siscia.
Voici les "tours de SiSaK", dont le site principal est cette forteresse triangulaire, au confluent de la Kupa et de la Sava (initiales K et S !)
Les châteaux triangulaires ne sont pas particulièrement nombreux, or il en existe un autre tout à fait remarquable, le Wewelsburg que Himmler fit restaurer pour en faire le sanctuaire de l'idéologie nazie. Dynamité par les SS à la fin de la guerre, il a été reconstruit pour devenir un musée.
Il semble assez évident que son nom est apparenté à celui du célèbre château du Wawel à Cracovie, or une hypothèse plausible fait dériver Wawel de Babel. Je crains de ne pouvoir apprécier tous les arguments de cet article en polonais, qui reproduit un document de 1450 où l'étymologie Wawel-Babel était déjà privilégiée.
Cette page plus lisible (pour moi du moins) en allemand indique que Babylone se dit en russe Vavilon, et les v russes se transforment aisément en w polonais, ainsi le lion lev est un lew à Varsovie.

Jérôme est natif de Stridon, identifié notamment à l'actuel village Žejane, en Croatie, à 150 km à l'ouest de Sisak ("lion" se dit lav en croate).
Je crois rêver en voyant que ce minuscule village est situé à moins de 10 km à l'est de ROC (cor à rebours), et à moins de 10 km à l'ouest de SUSAK (SSK encore).

Je remarque aussi DANE, au-dessus de ROC, entre les deux localisations de Stridon proposées (voir le Quintett DAEN, avec Charles au Coeur).

Ici la carte Google Earth de Žejane.

Je reviens à présent au fil prévu de mon billet, bouleversé par la découverte du śiśäk tokharien.
Je comptais souligner que le lion était très présent à Babel-Babylone, témoin ce bas-relief de la porte d'Ishtar.
Les lions de Babylone sont particulièrement connus par l'épisode du livre de Daniel, où le prophète est jeté dans la fosse aux lions (Dn 6). Il est certes établi que ce livre est entièrement apocryphe et que son auteur ne savait pas grand-chose de la vie à Babylone aux temps où il place son récit, mais s'il fallait ne tenir compte que des textes bibliques aux contenus rigoureusement avérés, il ne resterait pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Ci-contre, Daniel dans la fosse aux lions selon le Beatus de Saint-Sever.

Le livre de Daniel est écrit en araméen, langue qui ne diffère qu'assez peu de l'hébreu, la plupart des mots étant très proches. On y trouve néanmoins beaucoup de hapax, mots qui n'apparaissent qu'une fois dans la Bible, et dont le sens est parfois incertain.
Ainsi apparaît le mot BL, bal (Dn 6,15 ou 6,14 selon les découpages bibliques), interprété comme "coeur". Et ce mot BL apparaît lorsque Daniel est jeté dans la fosse aux lions ! Ces lions sont ici non LBYA, mais ARYH, dans la forme araméenne du mot.
Jérôme a traduit le mot BL par cor, "coeur" (et pro Daniele posuit cor ut liberaret eum), et c'est pour tel qu'il est donné dans les dictionnaires d'araméen biblique, qui était encore récemment nommé chaldéen, voire babylonien (mon Dictionnaire Guenassia, reprint de 1926, est Chaldéen-Français).
Le mot "coeur" apparaît à quelque 18 autres reprises dans le livre de Daniel, où il est toujours LBB ou LB, les deux formes étant aussi présentes en araméen.

L'épisode de la fosse aux lions est suivi de la vision des 4 bêtes dont la première, un lion ailé, est identifiée à Babylone.
Bel-Mardouk est plutôt représenté par un dragon, un serpent proche du Léviathan. Je n'insiste pas sur le rapprochement lev-leviathan car l'homonymie partielle n'est que phonétique, les mots s'écrivant LB et LWYTN, mais cette homophonie des lettres vet et vav est une réalité de l'hébreu moderne, qui a conduit les Juifs russes à privilégier le prénom Lev pour ses résonances hébraïques.
Mes recherches lev-lion m'ont amené à la chronique Thus spake the 'lion' of Jew-dah du journal Haaretz, évoquant le milliardaire Lev Leviev, ultra de la droite israélienne, né en Russie où il était donc un "Lev fils de Levi". Etrangement, le chroniqueur indique Lev (meaning "lion" in Hebrew) Leviev : sans doute s'agit-il d'un lapsus, pour in Russian, puisque la suite montre qu'il connaît parfaitement l'hébreu.
La forme archaïque Thus spake du titre fait allusion au Thus spake Zarathustra de Nietzsche. Une légende persane fait de Zoroastre un des bâtisseurs de la tour de Babel. Ce tableau d'Ernst Fuchs (renard allemand) se veut un jeu de mot avec Zorro (renard espagnol, cf Zorobabel, héros biblique).

Il me revient avoir été marqué ado par le titre d'un roman d'Henri Troyat, La faim des lionceaux, dont je ne connaissais pas alors le vrai nom, Lev Tarassov, doublement lion car tarass signifie "lion" en ukrainien.

Je n'en ai pas fini avec Babel, dont il sera encore question dans le billet suivant.

8.1.09

d'un marteau l'autre

Dans la réalité, ou tout au moins dans le récit subjectif qu'a fait Jung de sa maladie de 44, sa situation d'alité s'est trouvée échangée le 4/4/44 avec celle du médecin qui l'avait sauvé, le docteur Theodor Haemmerli qui mourrait quelques semaines plus tard.
Haemmer(li), ou Hämmer(li), signifie "(petit) marteau".
Dans la fiction, Ellery Queen a écrit en 1964 Et le huitième jour..., se passant du 2 au 9 avril 44, laissant à ses lecteurs le soin de découvrir qu'il s'agissait cette année-là de la semaine sainte, et que son polar est une étrange transposition de la Passion dans une communauté essénienne ayant mystérieusement traversé pays et siècles pour venir se fixer dans le désert californien.
Le 5/4/44, l'un des membres du conseil des Douze de cette communauté de Quenan est assassiné, d'un coup de marteau, par le jeune Successeur désigné du Maître de la communauté, vieillard sans âge.
Le Maître, calqué partie sur le Maître de Justice essénien, partie sur Jésus, estime nécessaire d'endosser le crime du Successeur, pour sauver Quenan, et il maquille la scène du crime à cet effet, notamment en substituant le marteau du Successeur par un autre, ce qui constituera une preuve décisive lors de son procès par les siens le lendemain, jeudi saint. Selon la loi de Quenan, il est mis à mort le jour suivant, vendredi saint. Ainsi, le lendemain du 4/4/44, un échange de marteaux a conduit à un échange de vies.

Je suis confus de ne pas m'être souvenu aussitôt de ce détail, dès que j'ai appris le nom du docteur Haemmerli, que seuls les proches de Jung pouvaient connaître en 1964, Jung l'ayant nommé "Doktor H." dans Ma vie... ("mon docteur" dans la traduction française), alors que ce marteau était au centre de la couverture de l'édition où j'ai découvert le roman.
Ce blog semble condamné à hoqueter, au gré de mes dessillements et découvertes. J'espère qu'il sera possible un jour d'en présenter une version plus logique, épurée de toutes les redites que nécessite cette progression par à-coups.
C'est ainsi que je me suis avisé d'une possibilité de relier les deux volets de Missions spéciales, le 5e tome des aventures de Fandorine, le héros de Boris Akounine. Je ne m'étais intéressé qu'au second, Le Décorateur, traque pendant la semaine sainte de 1889 de Jack l'Eventreur revenu dans sa Russie natale après ses exploits londoniens de 1888.
Or Jack l'Eventreur est en vo Jack the Ripper, tandis que la première mission spéciale de Fandorine est Le valet de pique, en anglais Jack of spades, Jack des épées...
J'ai été aidé dans ce rapprochement par les deux dernières enquêtes de Fandorine parues en France, qui se passent en même temps en 1900, créant selon l'auteur un effet stéréo inédit.
Le valet de pique est en 9 chapitres comme Le Décorateur, ce qui porte donc le volume à 18 chapitres, alors que j'avais été alerté par les 18 meurtres attribués par Fandorine à Sotski, alias Jack, alias Pakho, en cette nuit pascale du 8 au 9 avril 1889 dans le calendrier julien, du 20 au 21 avril dans le calendrier grégorien, quelques heures après la naissance de Hitler. 18 est un signe de reconnaissance pour les néo-nazis, à lire 1-8, rangs des initiales A-H de leur Führer (mais bien sûr l'utilisation de ce codage ne leur est pas réservée).
J'ai relu ce 5e volume des aventures de Fandorine avec plus de facilité, désormais familiarisé avec les personnages et les noms russes, ce qui m'a permis de voir d'autres choses:
- Chaque chapitre du Décorateur s'achève par une section en italiques laissant la parole au tueur, hormis le dernier, et pour cause puisque Fandorine y brûle la cervelle de Pakho. Ceci induit donc une division des chapitres 8-1, ou H-A, remarquable puisque la dernière intervention en italiques de Pakho, la 8e, se situe le soir du 8 avril julien, ou du 20 avril grégorien où est né Hitler (à 18h30 heure d'Autriche).
- Pakho prend cependant la parole dans le dernier chapitre, le 9 avril, pour une longue tirade de 4 pages, en caractères romains. Il y clame la sainteté de sa mission, ce qui n'éveille pas la clémence de ses juges.
- Pakho ex-Jack s'exprime parfois en anglais dans les sections en italiques, employant à plusieurs reprises l'expression Hide and Seek, le jeu "cache-cache", littéralement "se cacher et chercher" : il se cache de la police, tout en cherchant ses proies, ses "soeurs" dont il entend racheter la dépravation en les "décorant".
Il se dit donc le "frère" des prostituées, et ce mot m'a amené à découvrir cette anagramme anglo-italienne :
ADOLF HITLER = HID FRATELLO
hid : "cachait" (prétérit de to hide)
fratello : "frère" en italien

AH cachait "frère"... S'il me semble périlleux d'envisager l'idée chez Akounine (mais pourquoi pas ?), je l'ai déjà suggérée pour deux auteurs, Queen et George Steiner, et je découvre en écrivant ce billet qu'un autre auteur juif, Thomas Mann, a écrit en 1938 Bruder Hitler, "Frère Hitler".
C'est qu'en hébreu les deux lettres alef-het aïeules de nos A-H forment précisément ensemble le mot "frère". En 1975 George Steiner (ici sa photo par Irmeli Jung...) a écrit un court roman, Le transport de A.H., où il imagine des agents israéliens retrouver Hitler bien vivant dans la jungle sud-américaine.
Des problèmes surgissent lors du retour vers la civilisation du vieillard, si bien que ses gardiens improvisent un procès dans la jungle, où Hitler décide d'assurer lui-même sa défense, comme Jack l'Eventreur dans la nuit pascale de 1889, juste avant son exécution, quelques heures après la naissance de Hitler. Steiner fait dire à Hitler que ses accusateurs devraient plutôt l'honorer, car il a été l'instrument de Dieu permettant la réalisation de sa promesse, le retour des Juifs en Israël.
En laissant de côté la polémique enclenchée par ces propos, les commentaires de Steiner montrent que son texte ne peut être pleinement compris que par les hébraïsants (l'indien "Teku", qui a le dernier mot après Hitler, "Proven", exprime par ce dernier mot le contraire du talmudique teku, signifant qu'une discussion reste non tranchée). Aussi il me semble envisageable que Steiner ait voulu exprimer par ces initiales AH que celui qui a pu incarner le mal absolu au siècle dernier était malgré tout un homme, notre frère, et qu'on ne peut évacuer la part de "bête" qu'il y a en tout homme, "l'ombre" dans la terminologie jungienne.
A noter la présence dans le titre original de "Cristobal", un nom qu'on peut interpréter comme fusionnant Christ (Messie) et Bal ou Bel, le dieu de Babel son antithèse chez les prophètes des deux testaments, ce qui pourrait procéder d'une intention similaire.

Cette intention me semble plus immédiate chez Queen, où le mal est censé ne plus exister à Quenan, depuis que le Maître, il y a bien longtemps, en a banni le tisserand Bélial, coupable d'un menu larcin (Bélial figurait le démon chez les Esséniens).
Le refus du monde extérieur a donc conduit les quenanites à croire retrouver leur livre saint perdu Mk'n ou Mk'h dans le Mein Kampf de Hitler. L'apostrophe est soulignée sans être explicitée, je présume parce que l'apostrophe est le signe généralement utilisé pour translitérer la lettre alef, et donc pour forcer la lecture hébraïque des initiales AH, formant donc le mot "frère".
C'est notamment le cas dans le livre qui me semble avoir été la source essentielle de Queen (Dannay), Les manuscrits de la mer Morte, de Millar Burrows (1955). Il a pu y trouver l'idée génératrice de son livre saint Mk'n ou Mk'h, car il y est question du livre sacré pour les Esséniens HGW, dont l'existence n'est connue que par une allusion dans le Document de Damas, titre qui est probablement un acronyme, indiqué pouvoir aussi bien être HGY, les lettres waw et yod se ressemblant énormément.
J'imaginais dans une étude publiée il y a 12 ans que le bibliophile Dannay aurait pu lire dans l'acronyme HGW H(itler) Gesammelte Werke, "Oeuvres complètes de Hitler". Très curieusement, Google ne donne aujourd'hui (10/1) qu'une réponse à la requête "hitler gesammelte werke", mots apparaissant dans cette référence d'une citation : Thomas Mann, "Bruder Hitler", Gesammelte Werke, (...) C'est le Frère Hitler mentionné plus haut, et c'est la 4e citation d'un article polémique de Jean Gimpel (dont la 1e citation est issue de Mein Kampf), Contre l'art et les artistes (1968).

Je dois en partie ce qui suit à Ariaga, qui a publié le 4/1 un billet sur Jacques Van Herp, initiateur d'un nouveau dessillement.
Une des curiosités du Transport de A.H. est que les agents en charge de Hitler communiquent avec leurs supérieurs en utilisant le code "atbash", code effectivement utilisé dans le livre de Jérémie, au chapitre 51, versets 1 et 41, où sont codés les synonymes "Chaldée" et "Babel" (voir les notes de toute Bible). Il y a dans cet oracle contre Babel un passage d'une rare violence incantatoire, versets 20-23, où Dieu, JHVH, compare la guerrière Babel à un marteau utilisé un temps à Ses fins, dont Il entend maintenant se débarrasser.
Ce marteau (ou "pilon" selon les traductions, mais cette page donne "marteau" pour les 4 traductions françaises citées, et Hammer pour l'allemand) est en hébreu mappets, mot dont les 3 lettres se transforment selon l'atbash en JVH, yod-waw-he, les lettres composant le nom imprononçable de Dieu, JHVH, dont la sacralité s'étend à ses lettres, si bien que les nombres 15 et 16 ne s'expriment pas dans le système numéral hébreu par les formes immédiates JH et JV, mais par d'autres combinaisons de lettres-nombres.
Les initiales JVH de Jacques Van Herp m'ont rappelé dans un premier temps cette curiosité, le marteau-JVH désignant "Babel" ou la "Chaldée" dans un oracle où ces mots sont codés en atbash par JHVH lui-même. Dans un second temps, il m'est venu que, dans L'adversaire paru juste avant Et le 8e jour, le meurtrier connu comme Y faisait exécuter ses crimes, marqués par des envois préalables de messages J-H-W, par un pion docile entre ses mains, John Henry Walt, désigné comme coupable par ses initiales JHW (selon les translitérations, le Tétragramme est aussi bien JHWH que JHVH, YHWH, ou d'autres possibilités).
Queen a d'ailleurs joué avec la diversités des translitérations, puisque, dans ce roman peu banal, le coupable est effectivement le dieu JHWH qui signe aussi de l'initiale Y de Yahweh. Plus subtilement, dans le mandala formé par York Square, les maisons des cousins York se déduisent par symétrie de celle du survivant, qui a la forme d'un yod hébraïque.

L'important pour l'heure est que, juste avant Le 8e jour, Queen a explicitement suggéré la transposition en hébreu des initiales d'un individu. JHWH assassin ? Hitler frère ? je ne me hasarderai pas à interpréter plus avant, restant néanmoins certain que Dannay n'était pas un crypto-nazi.

A propos de Haemmerli, j'avais proposé, Zeus étant le dieu du "ciel", Himmel en allemand, mari de Héra, cette anagramme croisée :
HIMMEL
E
R
A
en ayant alors oublié que Jung citait précisément Zeus (étymologie sanskrit Dyaus, "ciel") et Héra dans le récit de ses visions de 44 :
La vallée se terminait en un amphithéâtre antique (...) Et là, dans ce théâtre, se déroulait l'hieros gamos. Des danseurs et des danseuses apparurent et, sur une couche parée de fleurs, Zeus-père de l'univers et Hera consommaient l'hieros gamos, tel qu'il est décrit dans L'Iliade.
Jung cite juste avant le mariage sacré de Tiferet et Malkhout, que la mystique juive homologue aux deux dernières lettres de YHWH.

Et le marteau dans tout ça ? Je n'imagine guère que Queen ait eu à l'esprit l'oracle de Jérémie et la forme atbash JWH ou JVH du marteau en hébreu, mais ceci a pour moi un écho avec Jacques Van Herp, JVH, auquel j'avais écrit suite à la réédition dans la collection Grama qu'il dirigeait de La fin d'Illa, roman remarquablement prémonitoire où José Moselli décrivait en 1925 une société tyrannique et génocidaire dirigée par un certain Rair (le Führer ?), assisté de son chef de la police Limm, ce qui ressemble plus nettement au nom du futur second personnage de l'état nazi, le Reichsführer Himmler, chef de toutes les polices. Ceci était souligné en postface par JVH, auquel j'avais envoyé mon étude sur Queen mentonnée plus haut.
Himmler, fondu d'ésotérisme, avalisait des projets des plus délirants, parmi lesquels des recherches sur le Marteau de Thor, avec lequel le dieu nordique équivalent à Zeus déclenchait la foudre, espérant doter ainsi ses SS d'une arme invincible...
Le marteau faisait partie des emblèmes nazis, partie pour sa base ouvrière, partie pour sa symbolique païenne. Ci-contre l'épée et le marteau dans les ailes de l'aigle germanique sur une affiche des Jeunesses Hitlériennes.
Il est troublant que les policiers de Limm, imaginé alors que Himmler était encore un jeune éleveur de poulets (!), se servent d'armes électriques foudroyant leurs victimes :
L'infortuné touché par le bâton de verre était instantanément traversé par un courant de plusieurs milliers de volts qui le foudroyait sur place.
Et nos gestapistes d'aujourd'hui ont le Taser...

Le titre de ce message est inspiré par le fait que les mots "un" et "autre" sont "cousins" en hébreu, sinon "frères", puisqu'ils s'y disent ehad et aher, AHD et AHR débutant par les deux lettres AH formant le mot "frère".

Thru the mad mystic hammering of the wild ripping hail
The sky cracked its poems in naked wonder
That the clinging of church bells blew far into the breeze
Leaving only bells of lightning and its thunder


J'ai cité dans un billet précédent Bells of Rhymney, de Pete Seeger. Chimes of freedom, de Bob Dylan, me semble aujourd'hui approprié :

Il y en a aussi une version avec Youssou N'Dour, l'auteur de 4-4-44.

4.1.09

la mer des Indes

Barbara Hannah m'a appris, dans son Jung - sa vie et son oeuvre, qu'au moment de son infarctus de 44 Jung avait déjà écrit les premiers chapitres de Mysterium coniunctionis (dont le premier tome ne parut qu'en 55).
J'ai jeté un oeil sur ces premiers chapitres, et me suis attardé sur le second, La quaternité, où Jung donne parmi ses exemples un passage du Tractatus Micreris :
En la mer des Indes sont les figures du ciel et de la terre, de l'été, de l'automne, de l'hiver et du printemps, le masculin et le féminin. Si tu appelles cette chose spirituelle, ce que tu fais est probable; si tu la nommes corporelle, tu dis vrai; céleste, tu ne mens pas; si tu la dis terrestre, tu as bien parlé.

Une note indique que "la mer" (en général) représente la materia prima pour les alchimistes.
Jung schématise ainsi ce qu'il interprète comme une double quaternité:
Ses commentaires débutent ainsi :
[8] La double quaternité ou ogdoade représente une totalité, un être qui est à la fois céleste et terrestre, spirituel et corporel, et qui se trouve dans la "mer des Indes", c'est-à-dire dans l'inconscient. C'est, à n'en pas douter, le microcosme, l'Adam mystique, l'homme primordial au double sexe considéré en quelque sorte dans son état prénatal où il est identique à l'inconscient. C'est pourquoi, dans le gnosticisme, non seulement le "Père du Tout" est décrit comme masculin et féminin (ou plutôt ni l'un ni l'autre), mais il est en outre appelé βυθός : le fond, l'abîme.

Le chapitre est assez court pour qu'il soit permis de penser que cet exemple, tout à fait frappant, ait figuré dès le premier jet, rédigé avant l'infarctus et les visions où Jung s'est vu contempler la terre de l'espace, à la verticale de Ceylan, baignant comme on sait dans l'océan Indien, ci-devant mer des Indes.
Il n'y a pas que la "mer des Indes" qui fasse signe dans ce commentaire où apparaît aussi Adam, alors que le nom occidental de l'isthme qui unissait jadis Ceylan à l'Inde est le Pont d'Adam, que Jung a peut-être vu avant la récente révélation des photos satellite.
Je me sens encore contraint d'évoquer le roman Léviathan d'Akounine, dont le dénouement se passe précisément au Pont d'Adam, où le paquebot Léviathan manque de se fracasser sur ses hauts-fonds, son capitaine félon l'ayant dirigé à gauche de l'île Mannar, au lieu d'à droite où se situe la passe.

Je me réjouis particulièrement de cette image trafiquée par Krish Ashok, où le Pont d'Adam et l'île Mannar ont été remplacés par la main d'Adam et le doigt de Dieu de la célèbre fresque de Michel-Ange.
Je rappelle que juste après l'échec de sa tentative le capitaine ChARLes est tué, par le commissaire GUSTAVe assassiné à son tour, par la principale criminelle, la JUNGe Schweizerin ("jeune Suissesse") Renata Kléber, qui survit à un grave accident et le héros d'Akounine prédit que la justice lui sera clémente.
Ainsi une "Jung" suissesse survit en "mer des Indes" après la mort de "Carl et Gustav", alors que le texte alchimique fusionnait masculin et féminin. Si cette fausse Suissesse est en fait l'aventurière belge Marie Sanfon, il y a encore des échos dans le commentaire où Jung évoque Bythos, "l'Abîme", le premier éon de l'Ogdoade dans la gnose valentinienne, composée de deux tétrades. Dans mon précédent billet, j'évoquais le "brouillard sans fond" opposé par Jung à la "vraie vie" (Zoé, "la Vie", est un autre éon de l'Ogdoade valentinienne).
Coïncidence ou synchronicité, ce commentaire sur l'ogdoade débute le paragraphe 8 de Mysterium coniunctionis (les références jungiennes utilisent cette numérotation par paragraphes). Le 8 est aussi au coeur de l'aventure de Léviathan, où les protagonistes se disputent un trésor de 512 pierres précieuses de 80 carats, 512 cube de 8 ayant été choisi à cause du symbolisme bouddhique du nombre 8.

Diverses opportunités convergentes m'ont inspiré un pastiche des premières strophes du Lac, de Lamartine, jadis appris par coeur à l'école.
Il faut savoir que LAMARTINE est l'anagramme de A TERMINAL, et qu'un mot alchimique important est AZOTH, issu du fait que les trois alphabets latin, grec, et hébreu débutent par la même lettre A(lpha,leph) et s'achèvent sur des lettres différentes, Z, Oméga, Thaw.

                          LA CLÉ

Ainsi toujours poussés par le Moi qui tout scinde
En contraires trop stricts, dualismes imposés,
Ne pourrons-nous jamais dans l'océan des Indes
              Unir les opposés?

O clé ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et comme l'an neuf voit son quatrième jour,
Regarde ! je viens seul devant la sainte pierre
              Que je creuse à mon tour !

J'inscris profondément dans cette noble roche,
Le secret, à la fois total et relatif,
De la libération qui pourrait être proche
              Si l'on est attentif.

Il me souvient qu'un soir je rêvais en silence,
Laissant bien loin ce monde et son chaos de mots,
Emporté par le flux de l'antique Sapience
              Résolvant tous les maux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Débutèrent leur chant par un Zoth abyssal,
Jusqu'à ce que, sans bruit, ô sublime mystère !
              Advînt A Terminal !