14.10.19

l'ardu X, ambigument le RICARDOU

 
  Le précédent billet m'amenait à ces découvertes:
- les nombres fétiches de Ricardou, 48 et 24, et leurs renversements 84 et 42, se retrouvent dans l'année de sa mort
2016 = 48x42 = 84x24;
- de 1932 à 2016, Ricardou a vécu la 24e période de 84 ans dans l'ère vulgaire, 24 correspondant au rang de la lettre X, symbole essentiel pour lui, l'ayant notamment conduit à écrire L'art du X, ensemble de 8 variations d'un sonnet;
- la dernière de ces variations a pour titre L'ardu X, "lettre au terme d'une CROIX", or ARDU CROI est l'exacte anagramme de RICARDOU.

  Si Ricardou n'a pas choisi de mourir à 84 ans et 36 jours, plusieurs lecteurs ont vu en "ardu x" un jeu péremptoire, mais il y a un précédent troublant. Je souligne la parenté de ce texte avec la grille des Lieux-dits, dont la diagonale programmée BELCROIX s'est trouvée complétée par l'autre diagonale, imprévue, MAADRBRE, cernant de près le personnage Olivier Asilus, "arbre fou".
    Au milieu de ce teXte, au croisement des diagonales, se signalent les lettres CRDR, consonnes de RiCaRDou. Les voyelles sont proches, avec précisément OI de CROIX, et DR peut être complété en ARDU avec AU de CHAUMONT. On conçoit mal qu'il eût omis de le mettre en valeur alors qu'il a consacré plusieurs textes à commenter les curiosités fortuites de cette grille.

  J'étais parvenu à ces dernières découvertes sans lien apparent avec le fil débuté dans le précédent billet, mais j'avais tenu à conserver ce début, car je pressentais des échos à venir.
  Effectivement. L'approfondissement de L'art du X est si riche que je vais consacrer ce billet à son analyse immédiate, et que j'aurai à y revenir.

  C'est un texte en 4 parties, numérotées de I à IV, où sont déclinées 8 variations d'un sonnet. 4 et 8 donc, les nombres fondamentaux, mais les choses vont bien plus loin.
  La première version de 1983 est accessible en ligne.
  L'art du X se présente comme un rendez-vous galant dans un café, le Midi-Minuit, entre un homme et une femme, Epsilon et Marysa, mais leurs noms fluctuent au cours du récit. Hormis les sonnets, et les messages cachés dans les sonnets, distincts typographiquement, toutes les phrases comptent 12 mots. En principe du moins, car il y a quelques exceptions.
  J'ai compté 283 phrases, auxquelles il faut peut-être ajouter l'exergue,
En ses calculs, que ce texte rende hommage au travail de Perec.
  On aurait donc 284 phrases, pouvant faire penser aux "nombres fondamentaux" 4-8-2, les 4 et 8 lettres de JEAN RICARDOU, et le rapport 8/4. Les phrases se répartissent dans les 4 parties en 68-63-58-94. Tout ce que j'y décèle est une décroissance régulière pour les 3 premières parties, 189 chapitres répartis autour du 63 central. La dernière partie a d'ailleurs un statut différent au niveau des codages.

  Car il y a codage, et il est explicité à partir de la phrase 181,
  Tout réside dans le mot initial de la première phrase, dit-elle. C'est par lui que commence le développement de la règle secrète. Ainsi la suite se trouve dans le deuxième mot de la seconde phrase. De proche en proche, il ne reste plus qu'à faire avec.
  Son charme est si labyrinthique que j'en suis proche de bégayer.
  Même envers l'enchaînement des mots de passe, ma négligence s'accentue.
  Marysa a un livre dont la couverture montre deux triangles inversés, évoquant un triangle pubien formant avec son reflet un sablier. Les "mots de passe", ce sont ces mots formant le texte à décrypter, et certains d'entre eux sont en italique, comme "Son" ci-dessus. Il est précisé que tous ces "mots de passe" sont soulignés dans le livre de Marysa, mais "j'en", négligent, n'en a repris qu'une partie (59 sur 283). Je signale au passage que la narration oscille entre le "il" et le "je". Les 6 mots à retenir de l'exemple ci-dessus achèvent la troisième phrase du décodage de cette partie IV, composée de 8 phrases,
X et V sont les deux lettres inscrites à l'horloge immobile.
S'impose donc à lui, de nouveau nécessaire, le principe du reflet.
Il lit une rencontre dans la première: la seconde avec son envers.
Toutefois, cela ne règle en aucune façon les labyrinthiques problèmes du temps.
Comme tout semble minuté, il consulte avec soin sa montre, au poignet.
Quatorze heures, à présent, (il) suppose, car les aiguilles forment un V.
Vite, (il) évite le croisement, et, un instant, il lève le regard.
L'autre cadran désigne douze, et un son net, réitéré, égrène midi.
  A remarquer que le premier "mot de passe" du texte donnant la clef du décodage est première, qui désigne dans le texte décodé la lettre X. Ce décodage est en fait la reprise du premier paragraphe de la partie I, dont j'ai repris la ponctuation, à quelques mots près dans la seconde phrase. Des variantes de ces 8 phrases sont ensuite données, donnant toutes après décodage le premier vers de L'ardu X,
X impose une règle. Il suppose un sonnet,
dont le premier mot est "X".

  8 fois 12 font 96, mais il n'y a que 94 phrases de 12 mots dans la partie IV. Les "(il)" ci-dessus sont les mots manquants, mais le texte montre qu'il ne s'agit aucunement d'inadvertances, et deux astuces permettent de trouver ces "il", je n'y insiste pas.
  Après les nombres fondamentaux 4 et 8 viennent la somme 4+8=12, et le rapport 4/8=1/2.
  A remarquer qu'un des autres textes du recueil est Enterrement d'une île, où ce titre est transformé en Enterrement d'un il.

  Le décodage des 149 phrases en romain des parties I à III donnent 118 mots du sonnet final L'ardu X, puis les 17 mots du grand X formé par les majuscules,
 X expose un sonnet qui s'oppose à ses rêves en retournant  ses vers en sa croix.
puis les 14 mots initiaux de chaque vers, livrant la lecture en colonne
X ajoute ces mots en colonne et puis cesse.
   Il y a en fait 119 mots dans L'ardu X,
X impose une règle. Il suppose un sonnet, 
Au tEXte consacré s'il sait tester les choix,
JOUer POur une lettre au terme d'une CROIX,
TEnir  et  S'Exalter  aux  vertus  de  SA  né-                34

CESsaire désUNion hors la strophe. EN l'étroit
MOT Si clos, il tend SON chemin VERS les sommets.
EN oblique ascendante, NETs, SES vers abymés
COupent la ligne au tourNANT QU'Inflige le trois:       34

LONg  tissage  alenTOUR, qui asSOuplir saura,
NEuf  jusqu'en le REdit  de  ses  aPPOgiatures,
ET le  verbe EN ses rêts, et le texte à SErrure!           25

PUIS le VEStige sûr d'un accent sur le À!
CES RÊves? Il les obtient par abracadabra.
SES sens? Il les détient par effet d'écriture...             26
et le mot omis est "ET" ouvrant le 11e vers, 83e mot du sonnet. La phrase qui y correspondrait est manquante aussi, et on passe directement du mot de passe 9 au mot de passe 11 dans les phrases 82-83. Je ne vois rien dans le texte qui indique que cette absence soit voulue. Peut-être faut-il considérer que cet oubli surgit juste après le Xe vers? que l'oubli concerne la position X?
  Dans la première partie, il y a 40 phrases en italique qui ont un statut particulier dans le codage, elles reprennent, en deux vagues de 17 et 23 mots, le début du sonnet, avec quelques variantes. Il est remarquable que la phrase omise, la 83e en romain, serait la 123e tous styles confondus, 123 étant la valeur de 
GEORGES PEREC = 76+47 = 123,
auquel ce texte est dédié, originellement dans un recueil publié en (19)83, après la mort de Perec en (19)82. A remarquer que le mot omis, ET, débute le 11e vers, nombre perecquien, et commence par un E, comme aurait dû commencer le 60e vers qui aurait dû achever la dernière strophe du compendium.
  A noter une variante du décodage par rapport à la source (ou l'inverse): dans le dernier vers "détient" est remplacé par "obtient".

  Une autre curiosité, évidemment voulue. Dans le décodage des phrases correspondant à "un sonnet qui s'oppose à ses rêves en retournant ses vers", les mots apparaissent aux positions 1-2-3-4-8-6-7-5-9-10-11-12, c'est-à-dire que les positions 5 et 8, correspondant à "oppose" et "rêves", sont interverties. Ceci est évidemment en rapport avec l'inversion des syllabes REV et VER, également convoquée dans Le lapsus circulaire, au début du recueil, qui commence et finit par la syllabe REV.

  Il y a aussi dans la partie I des interpolations en italique, où les "mots de passe" sont en romain. Ceci concerne un premier jet de 17 phrases, codant à nouveau pour les deux premières phrases du sonnet L'ardu X. Viennent ensuite 23 autres phrases, où c'est cette fois sa principale variante qui est convoquée, dont voici la forme finale.
                         L'art d'enlever

X invente une règle. Elle suppose un sonnet.
Au sEXe dédié s'il sait subir l'émoi,
JOUir POur une lèvre, ou bien par une VOIX,
TEnter  leS Expériences au plaisir conSAcrées.

C'ESt le multiple UNiversel. Lu DANS l'étroit
MOT Si bref, qu'offre SON duvet VERS tout lettré:
EN son milieu, un X, NET. SES replis secrets
COmprennent la main, tourNANT, QUI les ouvre aux joies:

LONg  aller et reTOUR, qui asSOuvir saura,
NEuf  jusqu'en le REdit  de  ses  aPPOgiatures,
ET la clef EN vigueur, et le sexe à SErrure!

PUIS l'inVEStissement qui multiplie les Ah!
CES RÊves? Ils sont venus par maints duplicata.
SES spasmes? Elle ne sait pas ce qui dans leurs cris hurle...
  Il faut quand même dire quelques mots des différentes formes du sonnet, qui ont toutes la même ossature de majuscules, révélée par étapes. Selon les deux formes de base, on a  "X" et "croix" dans la lecture textuelle,  "V" et "voix" dans la lecture sexuelle.
  On a d'abord L'art duvet, où les majuscules dessinent un V, "V expose un sonnet: ses vers dans sa voix."
  Puis L'ardent V, où le V est tourné d'un quart de tour, le message devenant "V expose un sonnet, en retournant ses rêves."
  On a les trois branches du Y dans L'art dans le V, avec "V expose un sonnet: ses rêves, en retournant ses vers dans sa voix."
  Dans L'art duel, un Z est formé.
  On passe au X dans Code X, avec le message dans sa forme presque définitive, mais finissant par "voix".
  Le sonnet prend sa forme textuelle dans Ars dux, avec le message finissant par "croix".
  Ces deux dernières formes sont reprises dans L'art d'enlever et L'ardu X, mais toutes les lettres composant la colonne "X ajoute ces mots en colonne et puis cesse." sont maintenant en majuscules, alors que seules les initiales des vers l'étaient auparavant.

  Il y a des exceptions à la règle des 12 mots. J'en ai dénombré 14 (comme les vers d'un sonnet), plus une éventuelle 15e (XVe, une phrase ou le "Midi-Minuit" doit compter pour deux mots pour parvenir à 12, alors qu'ailleurs il est indubitablement vu comme un seul mot, mais le "mot de passe" en fin de phrase valide ce doublement).
 La première irrégularité est la phrase 25 en romain (33 en ne différenciant pas romain et italique) qui a 13 mots, et c'est manifestement voulu car le 13e mot est précisément le "mot de passe", donné en italique, "une". Le mot suivant à trouver est "croix", ce qui pourrait donner une idée de la motivation de cette anomalie (à rapprocher du manque d'un mot après le vers X).

  Je n'ai pas discerné de motif dans l'ensemble des 14 phrases "fautives", et il est fort possible que certaines soient de réelles inadvertances de l'auteur, ou de l'éditeur.
  Il se trouve qu'il y avait lors de mon passage à Cerisy une petite exposition Ricardou, dont le fleuron était le manuscrit de L'art du X. Je regrette maintenant de n'y avoir prêté qu'une attention modérée, ne soupçonnant pas alors la complexité de ce texte. De toute façon, c'était vraisemblablement une mise au propre finale, après bien des brouillons qui auraient été plus instructifs.
  Les nombres de mots des phrases concernées vont de 9 à 14, et c'est précisément la 14e et dernière phrase fautive qui a 14 mots, ce qui pourrait valider un ensemble de 14 phrases. C'est la 4e phrase avant la fin,
Evidemment, superposées, elles permettent que, dans "L'art d'enlever", un net V resurgisse...
"Elles", ce sont les deux poésies jumelles. C'est moi qui ai mis en italique le "mot de passe", qui devrait être en position 10, mais qui est ici le 12e mot parmi 14. 10-12-14, nous sommes en plein dans la problématique du texte, les deux V formés par les aiguilles à 10 heures et 14 heures.

  Une autre anomalie me semblant importante est la phrase 137 (en romain, 177 en confondant romain et italique), qui n'a que 11 mots,
Car, au pire, il suffit d'inventorier jusqu'au nombre quatorze.
  Ceci pourrait valider l'hypothèse que les phrases fautives s'achèvent sur une 14e phrase de 14 mots. Cette phrase suit immédiatement la seconde version du sonnet, L'ardent V; elle donne le second des 14 mots débutant les vers du sonnet,
X-au-jouer-tenir-nécessaires-mots-en-coupent-long-neuf-et-puis-ces-ses
  A remarquer que la "pendule" a été remise à zéro, ou à midi, avant d'entamer cette série de 14. Après 11 séries de 12 phrases de 12 mots en romain, les derniers mots du grand X, "en sa croix", sont codés aux rangs 1-2-3 des phrases 133-134-135, puis on repart au rang 1 pour "X", donné en italique au début de la phrase 136.
  Après cette 12e série avortée, les 14 mots viennent dans les 13e et 14e séries. Peut-être s'agit-il d'illustrer l'expression "chercher midi à quatorze heures", en filigrane dans toute l'affaire.
  Le V formé par les aiguilles à 14 heures pile, la petite aiguille à II sur le cadran, a pour reflet celui formé à 10 heures en face, X sur le cadran. Entre les deux, midi, XII.

  Il faut encore constater que ces 14 phrases devraient contenir 14x12, 168 mots, le nombre de pieds d'un sonnet d'alexandrins, mais il n'y en a que 167, du fait de la déficience de la phrase 137. Faut-il rapprocher ce manque de celui du sonnet décodé, où il manque le mot "et", et donc un pied?

  L'absence de ce mot, et de la phrase correspondante, compense en quelque sorte la phrase surnuméraire 25 dans la seconde série, comptant 13 phrases.

  Après les 14 phrases achevant la partie III, où donc "ces-ses" sont codés aux rangs 1-2 de la 14e série de 12 phrases en romain, le codage reprend au rang 3 de la première phrase de la partie IV, où sont codées 8 phrases de 12 mots. J'ai déjà indiqué que cette partie IV ne comptait que 94 phrases de 12 mots, et non 96, car deux "il" du texte à trouver sont manquants, en conséquence, le "midi" final aurait dû tomber sur le 12e mot de la 21e série, ce qui n'aurait pas manqué de charme.
  En fait, "Midi" est le premier mot de la dernière phrase, entamant une 22e série, parce que le premier "il" n'est pas vraiment manquant, mais bel et bien présent dans le 7e mot de Ars dux, qui constitue en quelque sorte la 7e phrase de la 19e série, laquelle n'a donc que 11 réelles phrases de 12 mots.
  Mais "midi" est bien le 12e mot de la 8e phrase décodée.

  Ricardou a-t-il songé au rang 24 de la lettre X, comme 24 heures, minuit? ou au rang 22 de V? Le X du cadran indique aussi bien 10 heures que 22, le nombre de séries de mots de 12 lettres, complètes ou non.
  Le V du cadran indique aussi bien 5 heures que 17, le nombre de mots du "grand X" du sonnet.

  Les rangs des lettres mènent à la gématrie, et il est loisible de constater que
JEAN RICARDOU = 30+89 = 119,
le nombre de mots du sonnet L'ardu X, où il est lisible que
ARDU CROI(x) = RICARDOU(x).
  Je n'imagine guère que ceci ait été intentionnel, Ricardou ayant son propre système d'équivalence alphabétique, où O vaut zéro, où les lettres suivant O, 15e lettre (XVe), ont leurs valeurs diminuées de 1.

  A propos du paragraphe initial de ce dernier texte du recueil, de 8 phrases et donc de 96 mots, paragraphe repris ensuite sous trois autres formes, je constate que le prix du livre, 96, figurant en 4e de couverture sans F, peut y faire écho. J'imagine que c'est Ricardou lui-même qui a proposé ce nombre réversible, ou au moins l'absence de F. L'autre recueil publié simultanément, Révolutions minuscules, compte 208 pages, 8 de plus que La cathédrale de Sens, et porte lui 98 F.
  Le premier texte du recueil, Le lapsus circulaire, contient une allusion graveleuse au nombre 69.

  Ceci était la limite que je m'étais assignée pour ce billet consacré à l'analyse sage de L'art du X, j'y reviendrai prochainement avec les échos à ma propre recherche.

  J'avais donné pour titre au précédent billet, 290e de Quaternité,
L'art du X, et l'art du Ricardou
de valeur 290, avant d'avoir découvert
ARDU CROI(x) = RICARDOU(x).
  Je proposais en note cette alternative, toujours de valeur 290,
L'art du X, sciemment ARDU CROI ?
  J'ignorais alors la complexité de ce texte, qu'un premier calcul m'avait d'abord mené à voir formé de 282 phrases de 12 mots, avec un codage menant à 8 autres phrases de 12 mots, or
282+8 = 290.
  Pour ce 291e billet, j'ai envisagé divers titres de valeur 291, avant de parvenir à ce total de 290 phrases de 12 mots dans le même corps typographique, qui pourraient devenir 291 en prenant en compte l'exergue, en corps plus petit,
Que ce texte, en ses calculs, rende hommage au travail de Perec.
  J'ai donc opté pour
l'ardu X, ambigument le RICARDOU, d'autres adverbes pouvant convenir, génialement, validement.
  J'aurais aussi pu choisir
l'ardu X, tangiblement ARDU CROI, avec d'autres possibilités, étrangement, intimement.         
ou encore,                      
l'ardu X, licitement l'ARDU CROI, avec aussi exactement, évidemment.
ou enfin
l'ARDUE CROIX ? bref, l'EX-RICARDOU.
 
   En fait, j'avais mal compté, ou plutôt mal numéroté les phrases, et il n'y a donc pas besoin de recourir à l'exergue pour parvenir au total 283 phrases + 8 codées, 291.

  Si je ne suis pas capable de tirer quelque chose des 14 ou 15 phrases irrégulières, d'autres y seront peut-être plus habiles, alors les voici, dans l'ordre où elles se présentent. Les mots de passe y sont soulignés, avec leur typographie originale respectée. Dans trois cas (phrases 6, 13, 15), il faudrait compter à partir du dernier mot, en présumant qu'il soit le 12e, pour obtenir le valide mot de passe. J'ai mis entre parenthèses la phrase 6, qui pourrait être correcte en comptant deux vocables dans "Midi-Minuit", mais il est fort possible que d'autres erreurs ne soient pas intentionnelles.
  En effet, en admettant que Ricardou n'eût pas commis d'erreur dans la réalisation du projet, il eût fallu qu'il recopiât exactement son texte au propre, puis qu'il décelât à relecture des épreuves de probables erreurs de composition. Il y a des erreurs dans d'autres textes contraints de Ricardou, parfois reconnues dans d'ultérieurs commentaires.
- Il suffit simplement, bégayant, d'obtenir toutes les phrases, une à une.
Elle semble subir, d'abord, l'incertitude de la prose.
Vers quels sommets, et quels velours, s'accroît l'excès qui s'accentue?
Elles le déplacent, en volute ascendante, sur l'épiderme.
Alors, ses voluptés, nul doute que le sonnet ne les soumette au V.
(Deux agents sont aux prises, au Midi-Minuit, inaugurant le bal prévu.)
Vertige des sens: inexorables, par dessus, elle en explore les exhaussements, les excavations.
Un peu plus tard, une tendresse qui enveloppe: Epsila, vers midi, l'interroge.
Le secret qui s'est transmis doit-il, maintenant, nous disjoindre
Car, au pire, il suffit d'inventorier jusqu'au nombre quatorze.
Le reflet, au moment voulu, fera, sans nul doute, son exact office velouté.
Et puis le lit, au décryptage, saura exercer diverses surprises...
- Tu te trompes, vieil Eclipson, tu aimes trop les temps révolus
Ce V, dans lèvre, ou bien dans livre, on l'a assez vu.
Evidemment, superposées, elles permettent que, dans "L'art d'enlever", un net V resurgisse...
  A remarquer que les erreurs s'annulent dans l'ensemble de ces 15 phrases, qui comptent en tout 180 mots, 15 fois 12 (13-10-13-9-13-11-13-13-11-13-10-11-13-14).
  En omettant la phrase 6, les mots de passe pourraient permettre un énoncé grammaticalement valide, comme
Un V net, subir une ascendante au reflet qui lit ses sommets, les sens.
NOTE: L'édition des Impressions nouvelles reprend un texte déjà publié dans Littératures, en 1983, pp. 35-48 (48!, et (note de 2023) cet hommage au sonnet occupe 14 pages), accessible en ligne ici. Je n'ai vérifié que les phrases litigieuses, et seule l'une était correcte dans cette première version,
Car, au pire, il suffit d'inventorier jusqu'au précis nombre quatorze.

  Il est donc vraisemblable que le mot "précis" a été oublié lors de la réédition. Par ailleurs le mot "inexorables" de la phrase 7, bizarrement au pluriel, était alors au singulier. La phrase 9, de 11 mots ci-dessus, en avait 13 dans la première version...
  J'ai repéré quelques autres menues différences.

NOTE 2: çoeur dp me signale que le Midi-Minuit était un cinéma parisien spécialisé à partir de 1975 dans les films X. La salle était au 14 boulevard Poissonnière, dans le IXe, en face du Grand Rex.

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