22.2.18

sa Révélation majuscule


  Le billet La marelle, arbre des sefirot? était essentiellement consacré à Gravitation, l'une des nouvelles du recueil Révolutions minuscules (1971) de Ricardou.
  Ayant appris qu'il en existait une seconde édition de 1988, révisée et augmentée d'une longue préface, il m'a paru devoir me la procurer.
  Cette préface, Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, occupe 98 pages d'un seul tenant contre 92 pour les nouvelles, avec quelques pages blanches, mais les réelles révélations sur les procédés d'écriture des nouvelles s'y laissent désirer, perdues dans la prose de cet "inadmissible propagateur d'extravagantes minuties", selon le mot d'un supposé critique.

  Je m'intéresse avant tout aux points communs entre nos écritures, et il y a encore ici un formidable écho avec la façon dont Ricardou a détourné l'ancien logo de l'éditeur, Les impressions nouvelles, logo qui était en principe présent sur tous les ouvrages, dans sa forme en lettres ci-dessus, comme dans sa forme stylisée qui découpe les couvertures en 4 secteurs.
  Je rappelle donc que, près de 30 ans avant que je conçoive une table des chapitres formant un carré permettant de lire ROSENCREUTZ dans sa diagonale principale, Ricardou avait fait de même dans son roman Les lieux-dits, avec 8 titres de chapitres en 8 lettres permettant de lire BELCROIX dans la diagonale principale. J'ai vu ceci en 2012, mais ce n'est qu'en juillet dernier que je me suis avisé que le projet où apparaissait ma table était intitulé Novel Roman, tandis que Ricardou est connu plus comme chef de file et théoricien du Nouveau Roman que comme auteur de fiction.
  Ce n'était évidemment pas sans penser au Nouveau Roman que j'avais choisi mon titre, mais il était d'abord fondé sur une curiosité découverte entre les lignes d'une nouvelle de Leblanc portant sur la disparition du tome XIV d'une édition en 18 volumes des romans de Richardson.
  Je n'y reviens pas, ayant notamment développé le sujet ici et . J'y ai souligné que Ricardou avait publié en 1973 l'essai Le Nouveau Roman, et je remarque aujourd'hui que sur la portion choisie en couverture d'un tableau de Mondrian peut apparaître le logo stylisé, renversé verticalement ou tourné d'un quart de tour à gauche, des Impressions nouvelles, la maison d'édition n'étant née qu'en 1985.
  Voici donc ce que donnerait le quart de tour gauche, mais voici surtout la façon dont Ricardou a détourné le logo, devenu Les romances nouvelles, de telle façon que les lettres roman novel apparaissent dans le rectangle que j'ai figuré en rouge:

  Ricardou n'a bien sûr pas volontairement écrit ici roman novel, il s'est servi du logo de la maison Les impressions nouvelles, en pensant à ses nouvelles et au Nouveau Roman, utilisant le demi-tour du n de roman(ces) pour en faire le u de nouvel(les).
  Pour quelqu'un qui tomberait par hasard sur ce volume, il convient de signaler qu'il aurait peu de chances de comprendre ce dont il est question, car le logo de la maison n'y figure exceptionnellement nulle part, alors qu'on le rencontre usuellement en couverture et dans les pages de garde. J'imagine que cette absence a été voulue par Ricardou.
  De toute manière, un lecteur naïf tombé par hasard sur ce volume aurait eu du mal à arriver à cette page 47 où figure le logo détourné, car tout ce qui précède est du style de cette longue phrase.

  En fait la nouvelle édition de Révolutions minuscules est parue exactement en même temps que La cathédrale de Sens, recueil de 7 nouvelles totalement inédites, et ce volume offre le logo de l'éditeur en 4e de couverture (ci-contre en haut à droite). Les deux volumes ont été imprimés le 24 mars 1988 et ont chacun pour numéro d'éditeur 008, ce qui a dû ravir Ricardou (à moins que ce ne soit lui qui ait insisté pour obtenir ce chiffre fétiche).
  Toujours est-il que les deux volumes offrent de multiples complémentarités dans leur présentation, comme l'échange des couleurs des différentes zones de texte des couvertures. Ricardou entend que sa préface se situe au milieu des deux séries de 7 et 9 nouvelles, dont il ne manque pas de souligner la moyenne, 8. Alors deux volumes de numéro 008 édités en 88 et contenant 8+8 nouvelles, est-ce un complet hasard ? Je rappelle que Ricardou a écrit le numéro 48 de la collection Fiction & Cie, avec en couverture les 48 pièces de sa Barbarella dénudée.

  Révélations minuscules est présenté comme un dialogue entre Ricardou et sa soeur, et c'est elle qui signe finalement, Noëlle Riçoeur... Il faut probablement comprendre que "cardou" a été transformé en "coeur", puis "coeur" en "çoeur". "Noëlle" pourrait faire allusion à "nouvelle".
  J'y vois encore un écho très personnel, car en 2012 la fantastique coïncidence Daumal m'a conduit à agrandir ma "phamille", et à décréter que Laurent qui y avait joué un rôle important serait désormais "phrère Laurent", comme Daumal et ses amis simplistes se nommaient entre eux. Pour dp qui y avait joué un rôle non moins important, j'ai imaginé la forme "çoeur dp", que je n'ai vue nulle part ailleurs depuis 2012.
  Et voici donc une autre "çoeur", et chez Ricardou, à nouveau mon précurçoeur. "çoeur Noëlle" emploie elle-même le mot "phrère", page 69, sans que ce soit une nécessaire référence à Daumal, lequel a probablement emprunté cette phacétie à Jarry (la "phynance"); d'autres mots de Révélations minuscules sont orthographiés avec ph à la place de f, Phreud par exemple.

  A peu près à la moitié de Révélations minuscules, Ricardou (ou sa çoeur) revient sur plusieurs phrases antérieures de son texte, parfois légèrement modifiées, 6 en tout. Ces phrases ont toutes des nombres de mots impairs, et Ricardou les écrit en précédant chaque mot, à partir du début et de la fin, de son numéro d'ordre. Le mot central sera donc encadré de deux fois le même nombre.
  Le plus simple est de donner un exemple, avec la phrase la plus courte, page 87, reprise de la page 14:
  Pour cette petite phrase le commentaire de Ricardou se limite (presque) à remarquer que (1) Du et assidus (1) commencent et finissent par la même syllabe qui se retrouve encore dans le central (14) du (14).

  La plus longue phrase ainsi numérotée est précisément celle donnée in extenso plus haut, couvrant désormais les pages 99-100, je n'en donne que les quelques lignes encadrant le logo:
  Les commentaires s'étendent sur trois pages, avec d'abord la constatation que le mot central de cette phrase est (99) centre (99), et qu'il se trouve page 99 (tiens, la première version de la phrase donnée plus haut, avec son central (14) du (14), était page 14).
  Ricardou note que les (51) romances (50) nouvelles (49) répond à (49) telle (50) sempiternelle (51) préface, ainsi cette préface qu'il a voulue au centre des deux séries de nouvelles se voit mise en relation avec le logo stylisé figurant aux rectos comme aux versos des deux volumes des (24) nouveaux (25) imprimeurs qui publient cet auteur (25) révolu (24).
  Un autre commentaire montre jusqu'où peut aller la sophistication du procédé avec "l'idée selon quoi l'(79) écriture pourrait bien être un (58) je avec (79) la lecture (58)"...

  Je commence par remarquer que ce procédé offre de telles latitudes dans son interprétation qu'on pourrait l'appliquer à n'importe quelle phrase naïve et y trouver du sens caché, ainsi je me demande si ce dernier exemple était calculé au départ ou si Ricardou l'a imaginé après coup.

  Se reporter aux phrases originales amène à constater des différences. Il y en a beaucoup dans ce cas, avec notamment 3 mots en plus page 47, en plus précisément dans la première moitié, et close dans la seconde.
  Comme ces mots sont assez proches du centre, ceci ne perturbe pas les symétries ci-dessus, mais la phrase n'a désormais plus de mot central, le juste centre se situant entre les mots (100) juste centre (100), et il ne semble encore pas un hasard que CENTre occupe cette 100e position.

  Une fois connu le procédé, l'examen du texte montre que les phrases auxquelles il est susceptible de s'appliquer sont bien plus nombreuses que les 6 cas analysés par l'auteur. Si le critère essentiel est une même syllabe débutant et achevant la phrase, des dizaines de phrases sont dans ce cas, y compris les phrases de commentaires du procédé... Ceci pourrait inviter à un épuisant décorticage de ces phrases, mais je vais me limiter aux deux dernières phrases du texte, essentiellement à leurs centres.
  L'avant-dernière phrase a 183 mots, elle commence par (1) Du (2) coup et s'achève par exact (2) compte-rendu (1). Son mot central est (92) coeur (92), ce qui ne semble encore pas un hasard, mais ceci peut aller plus loin que "coeur-centre" puisque la signature Noëlle Riçoeur après la dernière phrase semble suggérer que COEUR = CARDOU.
  La dernière phrase peut justifier cette interprétation, voici ses début, milieu, et fin, numérotés:
  (1) M' (2) endormir (3) dans (4) cette (5) histoire, (6) la (7) mienne, (8) peut-être, (9) au (10) terme (11) d' (12) un (13) excessif (14) cumul (15) d' (16) illusoires (17) feuillets (...)
(113) j'en (113) (...)
comment (14) vouliez- (13) vous (12) que (11) je (10) (φ) (9), proche (8) le (7) déléatur (6), divers (5) vagues (4) demi-mots (3), nus (2), mentalement (1) ?
  La phrase a 226 mots, donc son centre tombe entre les mots (113) j'en (113), qu'il convient vraisemblablement de comprendre JEAN, complétant le COEUR-CARDOU de la phrase précédente.

  Le mot (φ) (9) peut faire problème. Si la proposition doit évidemment se lire comment vouliez-vous que je fis, se pose la question si cette forme particulière compte pour un mot. J'ai opté pour l'affirmative en constatant que (φ) (9), symbole du nombre d'or, faisait pendant à (9) au, Au étant le symbole de l'or, élément 79 de la classification périodique (tiens, l'ensemble des 16 nouvelles est réparti en 7-9 dans les deux volumes).
  Ceci ne fait pas nécessairement de Ricardou un précurçoeur de la Phrance Insouciante, mais m'est encore évocateur, puisque le nombre d'or est une de mes obsessions, et que j'y associe le nombre 226, mesure en cm de l'outil Modulor de Charles-Edouard Jeanneret (valeur 226), alias Le Corbusier.
  J'y suis revenu dans mon 226e billet, d'abord intitulé Des lions jusqu'au coeur, comme en témoigne son URL. Je suis ébahi de trouver ces deux phrases finales de 183 et 226 mots, car 183 et 226 sont deux des mesures du Modulor, correspondant à la taille de l'homme jusqu'à la tête, et jusqu'à son bras levé. Ce dernier point est approximatif, l'important pour les tenants du système étant la section d'or idéale des 183 cm tombant au niveau du nombril, à 113 cm.

  Je ne sais si ceci était dans l'esprit de Ricardou, mais il me semble que ma lecture CARDOU JEAN des milieux des deux dernières phrases est pertinente, et j'en trouve confirmation dans un commentaire de l'auteur, page 101 à propos de la phrase déjà donnée in extenso:
  Doit-on encore, sous Dieu sait quel prétexte, l'obscure coalescence réitérée par une signature, il me semble, consentir un quelconque crédit (d'autres disent un "credo") à la rencontre d'"(28) émergence" et de "prénom (28)", j'en doute, puisqu'à l'exact instant où l'identité fait naufrage, en général on oublie, sauf penchant avéré pour la science, de bien compter avec ses doigts.
  Cette phrase de 64 mots (ou 8x8, le carré sur lequel est construit Les lieux-dits) débute par Doit et finit par doigts. En comptant sur les doigts, les 10 mots au centre de ces 64 sont (...) à la rencontre d'"émergence" et de "prénom", j'en (...) Doute-t-on encore?
  Toujours comptant sur les doigt, 1-2-3-4-5 mène à partir du début à Dieu, un mot qui apparaît souvent dans ce texte, et à partir de la fin à bien; "Dieu" et "bien" sont presque homonymes dans diverses langues, God-good, Gott-gut... Plusieurs phrases du texte sont encadrées par "bien" et "mal" (ou l'inverse).

  Peu importent finalement les intentions de Ricardou, car, selon la formule de V. Legrand que lui-même cite, Une fois un texte publié, ce qu'en pense son auteur n'a pas plus de valeur que ce qu'en pense quiconque.

  Je reviens sur l'approche dorée des deux phrases finales qui me semble précisément beaucoup trop féconde pour être attribuable au seul calcul.
  Je ne sais si (113) J'en (113) avait son prénombril à 113 cm, mais il est fascinant que ces mesures 113 et 226 cm du Modulor correspondent dans le système anglais à 89 demi-pouces et 89 pouces, or 89, nombre de Fibonacci, est la valeur de RICARDOU (et de SCHULZ).
  Cependant, comme je l'ai déjà indiqué, il y a dans la première nouvelle de La cathédrale de sens des équivalences entre les lettres et leurs rangs alphabétiques qui témoignent d'un autre alphabet que celui à 26 lettres, sans qu'il soit possible de déterminer l'exact système employé, ces équivalences ne touchant que 4 lettres. Il est troublant que dans cette nouvelle Jean Ricardou soit présenté au grand écrivain Noël Ryvéla en lequel on pourrait reconnaître le V. Legrand dont il était question trois paragraphes plus haut.
  Ce même V. Legrand écrivait dans sa lettre d'introduction au Nombre d'or de Ghyka:
  Car je prétends qu'il y a, dans l'ordre de l'esprit, des puissances de passion et de "sentiment" aussi fortes, - quoique plus rares, - que dans l'ordre du "coeur"...
  Toutefois je ne puis pas ne pas observer que ce nombre Phi, aux merveilleuses propriétés, pourrait séduire les artistes à s'en servir en négligeant la grandeur d'exécution, la matière, et la localité des ouvrages.
  Je ne puis pas ne pas observer que les deux dernières phrases de Noëlle Riçoeur mettent en relief les mots "coeur" et "Phi".
  Je remarque aussi que Le Corbusier et Ricardou sont morts dans les mêmes conditions, à la suite d'un malaise cardiaque (!) pendant un bain en Méditerranée.

  Cette nouvelle, Le lapsus circulaire, qui serait donc selon la volonté de Ricardou la première des 16 nouvelles éditées en deux volumes, développe quelques variations autour du mot "monumentalement", lequel est le premier mot de Révélations minuscules, et se retrouve dans ses derniers mots, demi-mots, nus, mentalement. De fait Ricardou utilise dans son texte l'expression préface circulaire.

  J'ai encore un soupçon d'une autre utilisation du procédé ricardolien dans cette dernière phrase, dont le 87e mot à partir du début est "centre", tandis que le 78e à partir de la fin est "choeur".
  Après le mot "coeur" au centre de la phrase précédente, l'intentionnalité de ce 87-78 me semble d'autant plus probable qu'un nouvel examen du texte, pour y déterminer une éventuelle proportion de phrases codées, me révèle que ce sont vraisemblablement toutes les phrases qui le sont, Ricardou ayant utilisé des variantes de la première forme de son procédé, commencer et achever une phrase par la même syllabe.
  L'une de ces variantes est le renversement de la syllabe, par exemple (1) Or > numéros (1), pages 27-28, mais on trouve aussi
- contraires, (1) Or > vil (2) plomb (1), page 86;
- complémentaires, (1) Or > art (2), Jean (1), page 83 (il me semble que c'est la seule occurrence en clair du prénom associé à l'auteur dans le texte, confortant la lecture (9) au > (φ) (9) de la dernière phrase);
- anagrammes, (1) Nier > rien (1), page 23;
- associations diverses, ainsi, revenant sur les phrases 2 et 3 que j'avais écartées avant de conclure à l'omniprésence du procédé, je crois distinguer un couplage de ces deux phrases formant un même paragraphe, pour avoir (1) La (2) circonférence (...) commencer (1). (1) Fin (...) un (2) rond (1).

  Il ne s'agit donc plus de dizaines de phrases, mais de centaines (329 selon un dénombrement rapide), dont il faudrait pour chacune compter les mots afin de révéler de minuscules ou majuscules finesses de l'ordre de celles déjà exposées.
  J'y renonce, pour passer à quelques remarques sur les nouvelles formes des deux nouvelles précédemment commentées.

  Je m'étais borné à citer un passage de Sur la pierre, pour la grotesque précision de l'angle de 48° formé par les jambes d'un skieur nautique. Eh bien Ricardou semble avoir prévu ma réprobation, car il a renoncé à cette précision (alors que cette nouvelle avait d'abord été la première fiction publiée de Ricardou, et qu'il s'agissait déjà d'une réédition dans le premier recueil).

  J'avais consacré tout un billet à la 7e nouvelle, Gravitation, laquelle a subi ici de profondes modifications, à commencer par son titre, devenu L'enlèvement.
  C'était un texte avec différents niveaux de mise en abyme, d'une complexité difficile à saisir. Un homme lit un journal, où il y a des mots croisés résolus et la nouvelle Gravitation, montrant une petite fille jouer à la marelle après une pluie qui a mouillé un journal, où il y a des mots croisés résolus...
  La narration procédait à la fastidieuse énumération des mots horizontaux et verticaux de deux grilles, mots pour la plupart présents dans le texte de la nouvelle.
  Il était probablement difficile en 1971 d'inclure des grilles dans un livre à diffusion restreinte, ce qui était devenu aisé en 1988 et qui a donc été fait pour cette édition. Je l'avais aussi fait pour mon compte-rendu, prenant soin de noter en rouge les capitales BP de l'annonceur, déjà données sur la grille. Ricardou a dû renoncer à cette précision de couleur pour la nouvelle version (pour ma part ce B rouge initiale de Bleus me rappellent les séries rouge et bleue du Modulor, auxquelles appartiennent les nombres 183 et 226).
  Dans la première version, la narration voyait les ensembles OU, ER, et TSF pouvoir former le vocable hébreu TSEROUF, qui m'est très significatif, mais qui avait peu de chances d'être connu d'un lecteur lambda en 1971, et ce mot צרוּף appartenant au vocabulaire kabbalistique n'apparaît même pas dans un dictionnaire hébreu usuel, du moins dans son sens ésotérique, touchant à la combinatoire de l'alphabet.
  Il en allait de même en 1988, et Ricardou semble avoir encore prévu mes observations 30 ans plus tard car il n'est plus question de vocable hébreu, pas directement du moins. La référence au tserouf semble avoir été remplacée par l'interprétation des lettres US, que le lecteur du journal voit être les initiales de Ulrica Suphira, la dédicataire de L'enlèvement.
  Il s'agit en fait, dans Gravitation comme dans L'enlèvement, de Ursula Sephira, dont le nom correspond à un concept kabbalistique plus connu, l'arbre sephirotique dont le tracé est proche de celui de la marelle.

  Le lecteur remarque que le titre de la nouvelle change selon les pages, ce qui peut rappeler La prise de Constantinople, devenant La prose de Constantinople sur les pages paires. Ici c'est tantôt L'enlèvement, tantôt L'élève ment, et le lecteur observe que cette seconde forme est obtenue par l'enlèvement d'un n.
  Il y a encore ici quelque chose d'ahurissant. La nouvelle débute page 171 de cette seconde édition, 171 étant le nombre qui m'a conduit à supputer que la 14e Lettre d'amour disparue dans la nouvelle de Leblanc était la lettre n, voir Label 171 pour mes dernières vues sur l'affaire.
  Comble de l'éplapourdissement, si l'on suit les directives de Ricardou, selon lequel les 7 nouvelles de la Cathédrale de Sens sont les premières de la série de 16, L'enlèvement est la 14e des 16 nouvelles.
  Je rappelle que, dans ce même volume, le n de roman(ces) est retourné pour devenir le u de nouvel(les).

  Question retournement et tserouf, quelque chose m'est venu depuis l'écriture du billet précité, où je signalais diverses coïncidences personnelles concernant le tserouf.
  Le billet précédent était consacré à une autre coïncidence entre Ricardou et Schulz qui  ont tous deux imaginé (moi bien après lui) de coder un sonnet par des lettres éparses dans un texte.
  J'avais donc choisi de coder les 497 lettres de Vocalisations de Perec, un sonnet qui me fascinait par ses multiples coïncidences numériques, concernant notamment les mots BLANC et NOIR.
  Le 5e vers du sonnet avait précisément pour valeur 497, et comme l'original rimbaldien ses 3 premiers pieds achevaient les correspondances du A NOIR, tandis que les 9 suivants débutaient celles du (E) BLANC. Les valeurs correspondantes étaient 136 et 361, deux nombres figurés (triangle de 16 et carré de 19 (16+3)) dont les chiffres sont les mêmes.

  J'avais appris peu après ma découverte des harmonies du sonnet l'existence d'un polar de Donald Westlake, L'assassin de papa, dont le titre original était 361, ce qui m'avait rendu curieux de la signification de ce nombre.
  Le Roget's Thesaurus est un dictionnaire de synonymes très prisé des anglo-saxons; les rubriques y sont numérotées, ainsi 361 correspond à Death, "Mort".
  J'avais lu l'ouvrage sans y découvrir de quoi rebondir, mais il m'est donc revenu, après la découverte du tserouf chez Ricardou, que le premier titre français était tiré d'un sonnet bien connu de Georges Fourest, Le Cid, s'achevant sur les vers
le héros meurtrier à pas lents se promène :
« Dieu ! » soupire à part soi la plaintive Chimène,
« qu’il est joli garçon l’assassin de Papa ! »
  Alors 361 est l'anagramme, ou le tserouf puisque c'est le sens principal du mot, de 136, et FOUREST est aussi l'anagramme de TSEROUF, ou mieux encore, son exact retournement phonétique.
  Je rappelle qu'une autre translittération du vocable hébreu est SEROUPH, anagramme d'un autre poète, SEUPHOR, lequel a lui-même forgé son pseudo par anagramme d'ORPHEUS.

  Reprenant aujourd'hui L'assassin de papa, j'y découvre que le héros du roman tente de retrouver l'assassin de son père, lequel avant de mourir a pu articuler un obscur mot, "cap" (il s'agira en fait d'un gangster nommé Kapp).
  Je me demande à nouveau comment j'ai pu jadis manquer de suivre ce "cap", car le 5e vers du sonnet est
Caps obscurs. = 136
                      Qui, cristal du brouillard ou du Khan, = 361
  Comme la somme 497 est aussi le nombre de lettres du sonnet, il peut venir l'idée d'en examiner le partage 136-361, qui tombe précisément dans ce vers, après le P de CAP.

  Comme ce billet est le 246e de Quaternité, je lui ai donné un titre de valeur 246, se découpant de plus en 20+226, car les 226 mots de la dernière phrase contenant (φ) m'interloquent au plus haut point. C'est le seul signe étranger qui apparaisse dans tout le texte.
  Je n'avais pas choisi ce numéro, c'était celui du billet qu'il me semblait s'imposer d'écrire après la réception de l'ouvrage le 17 février. Je m'avise en relisant le texte que le titre de la préface, Révélations minuscules, en guise de préface, à la gloire de Jean Paulhan, a 12 mots répartis en 2-4-6 (alors qu'on aurait plutôt attendu de JEAN RICARDOU une répartition 4-8).

Note du 24/2 (ou 24x2): J'ai avancé plus haut 329 phrases symétriques pour la totalité du texte. Le dénombrement est assez difficile, pour diverses raisons, par exemple les cas où deux phrases sont couplées pour obtenir la symétrie en initiale et finale. Il est plus aisé de dénombrer les paragraphes débutant dans le même corps typographique, soit 220. A l'intérieur de ces paragraphes apparaissent parfois des citations, en corps plus petit, selon diverses modalités. Je remarque que parmi ces citations il y a les 6 phrases reprises avec numérotation des mots, et 220+6 = 226, le nombre de mots de la dernière phrase, et la mesure en cm de l'outil Modulor.
  Après approfondissement, l'intentionnalité des 226 mots de la dernière phrase me semble de plus en plus douteuse, j'y reviendrai dans le prochain billet. 

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