4.4.17

Ô PHIL

I believe we are often just as influenced by writers we do not read as we are not influenced by those we do.
Je crois que nous sommes autant influencés par les auteurs que nous ne lisons pas que non influencés par ceux que nous lisons.


  J'ai évoqué à diverses reprises les coïncidences entre le film Pi de Darren Aronofsky (1998) et le roman House of Leaves (2000), de Mark Z. Danielewski, connues depuis près de 10 ans, et je suis confus d'avoir mis tout ce temps pour démontrer que la principale de ces coïncidences ne pouvait être intentionnelle.
  Je rappelle quelques faits. Dans la scène finale de Pi, la petite Jenna pose au héros Max deux colles arithmétiques. Une scène similaire vers le début du film le montrait donner instantanément les résultats, mais Max a dû s'autolobotomiser pour se sortir de la tête un nombre convoité par diverses factions, aussi est-il maintenant incapable de répondre, et c'est Jenna qui doit lui donner le résultat de la première opération,
255 x 183 = 46665
puis elle lui pose la division
748 : 238 ?
qui le laisse encore sans réaction. Le film s'achève là (on peut voir cette fin sur YouTube, avec des sous-titres grecs).

 Il faut comprendre que 748/238 se simplifie en 22/7 = 3.14..., approximation très connue de Pi attribuée à Archimède, ainsi le film boucle sur lui-même...

  Une des multiples fins de House of Leaves est Appendix II-A, Sketches & Polaroids, constitué de 4 documents numérotés, le dernier étant # 081512, série de 30 photos de maisons où les 8e, 12e, et 15e sont spéciales. Il est clair que MZD (Danielewski) a fait allusion ici aux lettres de rangs 8-15-12, soit HOL, initiales du titre original House Of Leaves.
  La formidable coïncidence, c'est que le document précédent est numéroté # 046665, soit le même nombre que l'avant-dernier résultat de Pi, où le dernier résultat est aussi une allusion cachée au titre de l'oeuvre.
  Mon expérience me permettait d'imaginer que ce pût être non intentionnel, mais comment le démontrer, MZD ne répondant à aucune question précise sur son oeuvre?
  J'en ai discuté sur un forum spécialisé, où ma trouvaille a été interprétée selon la logique usuelle, post hoc ergo propter hoc, MZD s'était évidemment inspiré d'Aronofsky.

  Mon enquête m'a conduit à d'autres coïncidences remarquables, n'apportant rien au cas 46665, jusqu'à ce que j'apprenne en décembre 2015 sur le forum français que les forums MZD étaient hébergés par un domaine créé le 4 septembre 1999, avec pour titulaire MZD dont est donnée cette adresse:
MZD (HOUSEOFLEAVES-DOM)
P.O. Box 46665
LA, CA 90046
US
  Je n'ai pas su alors quoi en faire, j'ai demandé sur le forum américain si on pouvait choisir son numéro de boîte postale, je n'ai pas eu de réponse.
  Je me suis avisé ce 12 mars que je pouvais enquêter moi-même, et il ne m'a pas fallu longtemps pour découvrir que ce 46665 se décomposait en 46 et 0665, 46 étant le préfixe propre à toutes les boîtes hébergées par le bureau de poste CA 90046, l'un des 5 bureaux desservant Hollywood (le père de Mark était le réalisateur Tad Z. Danielewski).
  J'aurais pu penser tout seul qu'une boîte postale est un objet réel, avec son numéro figurant dessus, et qu'il était absurde d'imaginer 50000 boîtes en un seul lieu. Le bureau de poste peut laisser choisir le client parmi les boîtes disponibles, mais le préfixe 46 est obligatoire, et MZD n'a donc pu choisir un numéro qui aurait préexisté dans son oeuvre.
  Le texte a d'abord été diffusé en ligne en 1997-1998, puis MZD a supprimé cette première version lorsqu'il a trouvé un éditeur en 1999. Il semble difficile de connaître les différences avec le livre paru le 7 mars 2000, mais il est au moins assuré que la première version ne comprenait pas les appendices (ou annexes dans la traduction française).
  Alors? Le bon sens souffle que MZD voyait souvent ce nombre 46665 sur son courrier, et qu'il l'a utilisé pour un des documents de l'annexe II-A, représentant précisément deux dos d'enveloppes.

  MZD a probablement vu Pi, mais il n'avait en 1998 aucune raison d'y être frappé par le nombre 46665 qui n'y apparaît qu'un court instant, le film étant saturé de multiples nombres. Un spectateur lambda n'a guère la possibilité non plus de saisir immédiatement le résultat de la division finale 748/238, ou d'en retenir les opérandes pour un calcul ultérieur.

  Le fait que MZD ait créé son domaine en 1999 permet d'éluder l'éventualité d'une connivence entre les deux créateurs qui ont néanmoins quelques points communs. MZD est né le 5 mars 66, moins de 3 ans avant le new-yorkais Aronofsky, né le 12 février 69. HOL et Pi sont leurs premières oeuvres, devenues cultes, dont les premières traces datent de la même année, puisque HOL a commencé à être mis en ligne en juin 1997, mais MZD y travaillait déjà depuis plusieurs années, tandis que Pi a été tourné en novembre 1997, avec un budget de $60,000.
  Il est cependant possible que MZD ait déjà eu sa boîte postale 46665 avant la création de son domaine.

  Je rappelle que Pi est le seul long métrage (à ma connaissance) dont le format est un rectangle d'or, et que le document # 46665 recèle des informations uniques sur la nature de la maison et son rapport au nombre d'or.
  J'y reviendrai, mais voici d'abord du neuf, avec ce qui m'a conduit à reprendre cette affaire 46665, et qui lui ajoute un vertige abyssal...
  Un billet de février m'a conduit à évoquer Double, double, polar de 1950 qui me semble avoir pour "centre irradiant", selon le vocabulaire ricardolien, le nombre 4 et la lettre D. Je me suis alors avisé pour la première fois que Dannay, le concepteur du synopsis du roman, avait alors 44 ans, et me suis encore demandé à quels résultats parviendrait quelqu'un d'un peu plus doué, puisque ça fait environ 20 ans que j'ai repéré cette accumulation quaternitaire.
  Reprenant l'édition française de septembre 1984 en J'ai Lu, Coup double, j'y ai retrouvé une bizarrerie qui ne m'avait pas inspiré grand-chose jusqu'ici. Page 230 apparaît un pataquès à la 16e ligne, 5e ci-dessous:
  La première édition française en 1951, n° 51 de la collection Un Mystère, permet de vérifier que les 4 lettres phil de "philosophe" semblent avoir sauté pour devenir les 4 chiffres 6566 en début de ligne. Pour info, le personnage concerné est Harry Toyfell, surnommé le Philosophe à Wrightsville, le microcosme imaginé par Dannay pour cadre de différentes enquêtes.

  Dans un premier temps, je me suis émerveillé car j'avais failli développer dans des billets précédents le fait que Dannay était né le 20 octobre 1905, soit vers le début de l'année 5666 du calendrier hébraïque (le 21 Tishri s'il était né avant le coucher du soleil, soit le 7e jour  de la fête de Souccot).
  J'ai la conviction que Dannay a utilisé les particularités de sa naissance vulgaire le 20/10/05, avec notamment  Double, double (20 double de 10, double de 5), 20e roman signé Queen, constitué de 20 chapitres non numérotés repérés par des dates, à partir du mardi 4 avril (non millésimé, mais c'est en 1950 qu'il y avait un mardi 4 avril, dans la semaine de Pâques qui me semble un autre intérêt de Dannay). Il ne reviendra à ces chapitres-dates qu'en 1964 avec Et le 8e jour... qui se passe pendant la Semaine sainte de 1944; où le (fameux) 4/4/44 était aussi un mardi; l'expression "Et le 8e jour" apparaît dans la Bible pour le 8e jour de Souccot.
  Il est question dans ce roman du nombre 666 de l'Apocalypse, qui peut aussi désigner l'année 5666 (comme il l'a été vu pour l'an 707 dans le billet précédent), et Dannay, né Daniel Nathan, y montre clairement son origine juive. 666 apparaît au chapitre 4, Wednesday 5 April, le 5/4!
  Bref, il est déjà fabuleux que le pataquès 6566, anagramme de 5666, soit apparu dans ce roman qui pour moi fait référence à la date de naissance de Dannay. Je ne connais pas d'autre exemple du même type, et n'ai aucune idée de comment ça a pu se produire (toute info sera bienvenue, la seule chose me venant à l'esprit est que 65 et 66 sont les codes ASCII pour A et B, ce qui est très queenien).

  Deuxième temps. 6566 est aussi l'anagramme de 6665, et ceci apparaît dans le Queen où le nombre 4 est décliné ad nauseam. J'ai rencontré des coïncidences avec les anagrammes de 46665, 66654 imaginé comme code livrant le mot NIGLA, "Apocalypse", dans un roman de Giacometti-Ravenne, l'épisode 5/4 de Supernatural intitulé Apocalypse 2014, les nombres 46656 = 66 = (Tr(8))3 et son renversement 65664 = (Tr(83))/2, avec en prime une coïncidence autoréférente dans la suite OEIS 46656...
  Ce sont encore les 4 lettres phil qui ont apparemment généré le nombre 6566, enfin en bref c'est cette piqûre de rappel qui m'a fait me lancer le 12 mars dans la recherche sur la boîte postale de MZD; incidemment, Coup double débute sur la réception par Ellery d'une lettre anonyme en provenance de Wrightsville.

  Troisième temps, 14 mars. Je me réveille avec une illumination. Lors de mes premières investigations sur Pi et HOL, je m'étais demandé ce qu'on pouvait faire de ces lettres, et la seule possibilité m'avait semblé être PHILO. Ceci me revient donc au matin du 14 mars, et il m'apparaît aussitôt que c'est le PHIL de PHILOSOPHE que quelque mystérieuse opération a transformé en 6566.
 Troisième temps et demi (ou un peu moins): un message sur la liste Oulipo me rappelle que le 14 mars, 3/14 à l'américaine, est le Pi-Day, le jour des amateurs de 3,14...

  Plus tard dans la journée, la vie POHLItiqe française en PHOLIe est marquée par un événement attendu certes, mais pas ce jour, la mise en examen du candidat à la présidence favori il y a quelques mois, PHILLOn...

  Blague à part, être français prédisposait peut-être aux découvertes précédentes, et j'étudiais dans le billet blogruz Hassid test deux curiosités essentielles.
  La coïncidence 46665  n'aurait pu d'ailleurs être vue si je n'avais connu que la version française de Pi (sorti le 10 février 99 en France), où il n'y a pas de 46665 car l'opération 255 x 183 y est devenue 255 x 1280, avec le résultat modifié en conséquence (326400).
  Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée, mais il est fabuleux que le second document de l'annexe II-A de La maison des feuilles porte le numéro 001280, et qu'il soit de plus exactement de même nature que le document suivant 046665, des dessins sur le dos d'enveloppes postales. Les deux autres documents sont de nature différente.

Note du 4 juin: Je viens d'apprendre, en tentant une traduction en anglais de quelques propriétés de 46665, qu'il y avait une erreur dans le film Pi en VO sur la première opération proposée par Jenna à Max, dans l'escalier de leur immeuble, au cours d'une des premières scènes du film. Au lieu de dire
What's 322 times 491?
la jeune actrice dit
What's 322 times 481?
ce qui n'empêche pas Max de répondre correctement, 158 102. Le nombre 491 correct semble avoir été rétabli dans tous les sous-titres et doublages.
  Cette scène était très proche de la scène finale, avec deux colles posées, une multiplication et une division, et c'est encore une curiosité que la variante française sur le multiplicande 183>1280 fasse écho à l'erreur anglaise sur le multiplicande 491>481.

  Par ailleurs, dans la traduction française de HOL, parue en 2002, La maison des feuilles, le nom d'un personnage principal, Johnny Truant, est devenu Johnny Errand. On peut comprendre pourquoi Truant était mal venu en français, mais il n'était pas obligatoire de le remplacer par une anagramme de Darren, prénom d'Aronofsky.

  MZD a passé plusieurs années en France, alors qu'il était en train de travailler à HOL. Je me suis demandé ici s'il avait pu y être informé de la Quine des bâtisseurs romans, fantaisie qui a reçu un tel accueil en France qu'elle a contaminé des manuels scolaires:
  Un chanoine a décrété que le Moyen-Age, voire une tradition antérieure, connaissait un système de 5 mesures en rapport d'or, centrées sur l'empan d'exactement 20,00 cm. Il est évident que ces mesures ont été imaginées à partir du récent Modulor proposé par Le Corbusier, et des approximations de la série d'or, 0,382, 0,618, 1,000, 1,618, 2,618, multipliées par 20.

  Une trace dans HOL pourrait être le livre cité dans la note 150, Concatenating Le Corbusier, dont l'auteur (imaginaire bien entendu) Aristides Quine étudie la maison Navidson (HOL) selon les critères du Corbusier.
  L'autre trace est le document 046665, où Navidson a noté l'équivalence de la mesure extérieure de sa maison, 32' 9 3/4" (32 pieds et 9,75 pouces) avec 20 cubits, "20 coudées".
  Le mot cubit n'apparaît jamais dans le texte imprimé, il n'y est pas non plus question des calculs annexes sur l'enveloppe, où Navidson établit la mesure de la coudée (X):
393 3/4"/20 = X "
ou 393.75/20 = X "
soit X = 19.6875"
  Le pouce vaut aujourd'hui exactement 2.54 cm, et la conversion donne un résultat d'une telle précision qu'on peut la supposer intentionnelle:
19.6875 x 2.54 = 50.00625 cm, soit aussi exactement 50 cm que le permettait la mesure.
  Je rappelle encore, mais là je n'avais pas besoin d'être français pour émettre cette hypothèse, que les 20 coudées m'ont fait identifier la maison Navidson à la Maison de YHWH, le temple construit par le fils de David. Le nombre trouvé par Max Cohen dans Pi aurait été la formule qui permettait au Grand Prêtre d'Israël (cohen gadol) de communiquer avec YHWH dans le Saint des Saints du temple.

  J'en viens à mon implication plus personnelle. Les billets de décembre à février dernier concernaient peu ou prou Léo Malet, et c'est parce qu'une adaptation TV d'un de ses romans a été réalisée par Joël Séria que j'ai été amené à refeuilleter Coup double.
  Je mentionnais notamment ici que Léo Malet (32-51) était un nom doré, la somme 83 se répartissant selon le nombre d'or en 51-32, en arrondissant aux nombre entiers, or j'avais créé en décembre 2007 un nouveau sujet sur le forum américain HOL pour partager ma découverte sur 46665, et ce sujet avait reçu le numéro 5132.

  Ce n'est qu'en décembre 2015, en lançant une recherche sur le forum pour voir si mon 46665 avait trouvé des échos ailleurs, que j'ai trouvé le sujet Chez Mark sur le forum français, débuté le 17 février 2003 (l'anniversaire de Bruno Duval mentionné dans le billet précédent).

  L'auteur du message #6 de ce même sujet, Nash, toujours le 17 février, a recherché quel était le premier membre du forum américain, en-dehors des administrateurs, et a trouvé "Inanna (membre n°7) un fan de la France qui s'est enregistré le 7 Juin 2001."
  Inanna ! L'indice essentiel qui m'avait conduit à voir en février dans le carré de lettres de Cyril Epstein une allusion au livre d'Esther était la colonne RAMANNANI, à lire Inanna Mar(duk), les dieux principaux de Babylone devenus Esther et Mardochée dans la Bible.
  Le seul sujet créé par Inanna est Tlon, Uqbar etc... really interesting!!, introduisant l'évidente influence de Borges sur MZD. Pour ma part, c'est à l'occasion de la transformation de Uqbar en Baruq par Perec que j'ai été conduit à évoquer la fête de Pourim, où la commémoration du retournement de situation est évoquée par les formules baruq mordechai, "béni soit Mardochée", arur aman, "maudit soit Aman", répétées jusqu'à ne plus distinguer l'une de l'autre...
  La première réponse au sujet est due à Claro, qui sera le traducteur de HOL et fréquentait MZD lors de son séjour en France.

  Le billet suivant (et précédant celui-ci) me faisait mentionner l'autre publication de Cyril Epstein, Les deux tours, dans le recueil Théorie-Rébellion réunissant divers auteurs sous la bannière des "sans-philosophie", parmi lesquels Bruno Duval et diverses autres connaissances.
  Cyril est néanmoins professeur de philo.
  Je me demande si ces "sans-philosophie" pourraient s'abréger en "sans-phil", dont le patron tout désigné serait alors Harry Toyfell, l'osophe de Wrightsville dans Coup double.

  Ce nom me rappelle que j'ai créé le nom Hardi Follet, anagramme d'Adolf Hitler, pour ma nouvelle lupino-wagnerienne Ö, écrite en 2002, devant beaucoup à une idée de Bruno Duval. Il était encore question dans le billet précédent de l'inscription de WAGNER dans le carré d'Epstein, et de celle d'ARSENE LUPIN dans un de mes carrés.
  Tofell serait l'anagramme exacte de Follet, et Harry diffère d'une lettre de Hardy. J'évoquais plus haut les points communs entre Coup double et Et le huitième jour..., qui ont notamment chacun un chapitre intitulé Mardi 4 avril, et il me semble remarquable que l'un des points forts du roman de 1964 est le livre saint MKN, que la communauté de Quenan recherche désespérément, et qu'elle croit retrouver dans MKH, le Mein Kampf d'Hitler, conservé dans l'arche sainte du Sanquetum...
  Dans l'esprit de Dannay, MKN était vraisemblablement l'acronyme de Moshe (5 livres de Moïse), Ketuvim (les Ecrits, autre partie du corpus biblique), Nevi'im (les Prophètes, la dernière partie), et le jeu MKN-MKH inspiré par un livre saint essénien qui n'est connu que par un acronyme dans les manuscrits de Qumran, HGW ou HGY, les lettres hébraïques W (ו) et Y (י) se confondant facilement.
  Pour Harry-Hardy, les lettres hébraïques R (ר) et D (ד) se confondent tout aussi facilement, et il y a des exemples d'erreurs dans la Bible elle-même.

  Ceci dit, j'ai beaucoup de mal à imaginer en quoi Harry Toyfell pourrait représenter Hitler dans Coup double, mais il n'est certes pas indifférent que "toyfell" soit la prononciation anglaise de l'allemand Teufel, "diable", aussi toyfel en yiddish.
  Ce n'est encore qu'après 20 ans de réflexions queeniennes qu'il me vient que ce diable philosophe peut faire la paire avec le "chef" du roman, la dernière victime désignée par la comptine Rich man, Poor man, Beggarman, Thief, Doctor, Lawyer, Merchant, Chief. Les lettres de l'espagnol jefe, "chef", correspondent exactement dans notre alphabet à JHWH dans l'alphabet hébreu, le Tétragramme divin que j'ai vu dans les initiales des victimes paires, HJHW, Hart, Jacquard, Holderfield, Waldo (ou Winship, puisque l'assassin ne parvient pas à tuer le "chef", et sera selon Ellery condamné à mort pour ses crimes). Ces 8 victimes programmées limitées à 7 préfigurent étrangement les 4 cousins York de L'adversaire, où "Diable" et "JHWH" forment une autre paire indissociable.
  Si le Teacher, le Maître, est une figure christique dans Et le huitième jour..., le Diable y est aussi présent avec un voleur jadis expulsé de la communauté de Quenan, Belial, qui était un nom de démon à Qumran.
  Les dernières victimes de Winship sont les jumeaux Jonathas et David Waldo, mais l'aîné David survit. La dernière victime est donc Jonathas, "don de JHWH".
  Je soumets au Gématron la comptine des 2x4, et en apprécie le total, 546, soit 2 fois 273, valeur de l'hébreu arba', "quatre" (et 273 = 13x21, les Fibos qui me hantent).
  Attendu que dans tous ces textes, la dernière victime a un statut particulier, je remarque aussi la factorisation
546 = 21x26, ou JHWxJHWH, selon la gématrie hébraïque. 

  Cherchant "Hardi Follet" sur la toile, j'ai la surprise d'y découvrir ce pseudo sur Google+, et l'avatar de l'individu qui le porte laisse peu de doute sur les motivations de son choix. Peut-être m'a-t-il emprunté le jeu, mais les courtes anagrammes sont faciles à trouver.


  Le billet Wow! m'a aussi apporté la surprise de trouver le pseudo Inanna Mar sur Google+. Esther (Inanna) et Mardochée sont représentatifs de toutes les communautés juives, tandis qu'Aman est assimilé à tous les tyrans antisémites, tel Hitler.
  

  Il y avait eu récemment une autre raison me donnant envie de revenir à l'affaire des anagrammes de 46665.
  Je me suis inscrit il y a quelques mois au forum Synchronicity créé par David Spenn. Il lui a pris à partir du 19 février la lubie de partager les vidéos de Marty Leeds, auteur des 3 volumes de Pi & The English Alphabet, développant un système gématrique de son invention:
  Je suis réticent devant toute approche systématique, qu'elle soit "traditionnelle" ou non, et pour moi les relations gématriques sont des échos synchronistiques ne pouvant être utilisés comme des arguments démontrant quoi que ce soit. Par ailleurs plus un système est simple, tel celui de Leeds qui n'utilise que des nombres de 1 à 7, plus les équivalences sont nombreuses et plus il est possible à un esprit naïf de s'y fourvoyer.
  Mais je suis toujours curieux de toutes les tentatives, et j'ai remarqué l'un des chevaux de bataille de Leeds, l'équivalence des lettres de JESUS dans son système à 45666.
  J'emploie "cheval" de bataille à dessein, car en hébreu "cheval" se dit סוס, translittéré SUS, lettres de valeurs 60-6-60, ou 6-6-6 en employant les "petits nombres".
  Ce qui m'a d'abord retenu est 45666 pour JESUS alors que le renversement 66654 a été utilisé par Giacometti-Ravenne pour coder NIGLA, "apocalypse" en araméen. Le fin mot du roman est l'existence d'une association mondiale chargée de repérer les individus atteints de "messianisme", persuadés d'être choisis pour sauver l'humanité... Les plus dangereux sont envoyés dans une institution spécialisée, mais quelques-uns ont réussi à s'en évader, Lénine, Hitler...

  Peu inspiré pour trouver un titre au précédent billet, 221e de Quaternité, j'avais choisi 2+2=1, très jungien mais pas vraiment adapté au contenu. J'ignorais alors que Double, double allait me conduire au "philo" de sa version française réparti en "pi" + "hl" et "o", le titre d'Aronofsky, les initiales significatives de celui de Danielewski, et "o" au rôle à part.
  De plus le "phil" transformé en 6566 apparaît à une position très quaternitaire, la fin du 16e chapitre parmi 20. 2+2=1 deviendrait plutôt 8+8=4, et il se trouve que Double, double est le 20e roman signé Queen, avec une immédiate répartition 16-4 car c'est la 4e enquête d'Ellery à Wrightswille, ces derniers points n'étant pour moi pas des coïncidences, puisque je pense que ce sont ces 4 et 20 qui ont déterminé la structure du roman.

  Ce 222e billet me semblait avoir un numéro favorable pour évoquer Double, double, mais l'apparition d'Hitler qui n'était pas prévue au départ m'a rappelé quelque chose, et le vertige était encore au rendez-vous.
  Le 4 avril 2003, j'ai posté le message gamme sur la liste Oulipo (le lien n'est pour l'instant accessible qu'aux membres de la liste, mais les archives devraient prochainement être ouvertes à tous).
  C'était une série d'anagrammes à partir d'un vers de Soubira, étrange prophète des années 1840 qui composait des poésies gématriques selon un code peu intuitif, et j'étais séduit par ce vers:
666 = En ut, ré, mi, fa, sol, la, si,
  En annexe je livrais une remarque. J'avais vu que selon le code Soubira:

HITLER = 8 + 9 + 100 + 20 + 5 + 80 = 222
or je venais de découvrir dans Merveilleux nombres premiers, de JP Delahaye, une autre égalité Hitler 222, mais utilisant la correspondance ordinale des lettres avec les nombres premiers:
HITLER = 19 + 23 + 71 + 37 + 11 + 61 = 222
(les codes complets des 26 lettres sont inclus dans les liens ci-dessus, permettant toutes les explorations)

  Tiens, la gamme c'est aussi C D E F G A B, à quoi il correspond les 7 premiers nombres premiers, et juste après HITLER = 222, seul exemple de ce codage, Delahaye donne la somme des carrés des 7 premiers nombres premiers, 666 (cette propriété est aussi citée dans Apocalypse).

   La série "En ut, ré, mi, fa, sol, la, si" me semblant encore riche en possibilités, je mélange les lettres et arrive à ces mots:
maison - feuilles - art
  C'est décidément merveilleux d'être français, parfois du moins...

  Je ne pense pas avoir posté à dessein ce message un 4/4, et ce n'est en tout cas qu'en 2004 que je me suis avisé du schématisme du 4/4/44 de Jung, le 4/4/4 précisément.
  Le 21e siècle tournerait-il rond ? C'est le 4/4/03 que j'avais posté ces anagrammes, et j'en trouve une autre 14 ans plus tard:
3-14...

Notes du 18/09/20: Mon désir de trouver des coïncidences mirobolantes m'a peut-être fait négliger une hypothèse raisonnable.
  Il est fort possible que MZD ait su que le numéro de sa boîte postale, 46665, apparaissait dans le film Pi, qu'il l'ait repéré lui-même ou que quelqu'un l'en ait informé.
  On peut lui faire confiance pour avoir compris que ce nombre faisait partie d'une série de 4 colles arithmétiques, dont la dernière, irrésolue, achève le film, 748/238, et que sa solution 3.14... faisait allusion au titre du film.
  Il n'est en rien absurde qu'il ait exploité cette coïncidence en créant pour l'édition papier de 2000 l'annexe II-B, avec ses 4 documents numérotés, le numéro du dernier faisant allusion au titre du roman, et le numéro précédent étant 46665. Ce n'est alors plus un hasard si ce document contient des éléments communs aux deux oeuvres, le temple de Salomon et le nombre d'or.
  Enfin, puisqu'il a des amis français, il aurait pu leur communiquer la présence du numéro de sa boîte postale dans Pi, et ceux-ci auraient pu lui signaler qu'ils n'y avaient pas vu 46665, car l'opération 255 x 183 est devenue 255 x 1280 dans la version française, ce que MZD aurait pu exploiter en donnant au document 2 le numéro 1280.

  Il subsiste des coïncidences irréductibles, mais loin d'être aussi fantastiques que la présence d'un même nombre de 5 chiffres juste avant un nombre codant pour le titre de l'oeuvre, dans les deux seules oeuvres s'achevant sur cette énigme, à ma connaissance.

  Je profite de la mise à jour de ce billet pour mentionner une réelle coïncidence déjà signalée ailleurs. Je citais plus haut l'énigme 66654 dans le roman Apocalypse de Giacometti-Ravenne. Elle se rapporte à un texte où les chiffres codent pour le mot NIGLA, "apocalypse" en hébreu. Il m'a fallu pas mal d'années pour enfin réaliser que c'était le titre du roman... (mais l'énigme y est résolue, et le cas est donc quelque peu différent de Pi et HOL)

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