1.6.14

l'affaire Luther Caleb


A BC

  La coïncidence initiatrice du billet précédent, Dis, Seth..., m'avait conduit du film Les pleins pouvoirs, opposant le cambrioleur Luther au flic Seth, au roman Le don des larmes, opposant le criminel Seth au flic Luther, découvert par hasard quelques jours plus tard.  Ces noms Seth-Luther me sont significatifs par leurs valeurs, 52-84, correspondant selon le même principe à Jung-Haemmerli, dont les destins se sont en quelque sorte échangés le 4/4/44, après une vision de Jung où il rencontrait Haemmerli dans l'autre monde, ce qui lui avait fait prévoir cet échange.
  Ce n'est qu'un aspect des coïncidences 52-84, un autre important ici est de retrouver ces valeurs 52-84 pour les noms hébreux Eliyahu et Hanokh, Elie et Enoch, seuls personnages de l'Ancien Testament à n'avoir pas connu la mort terrestre, élevés directement au ciel par Dieu.

  Diverses autres coïncidences Seth avaient émaillé ce billet, et voici que c'est au tour d'un Luther d'arriver en scène, personnage de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, du jeune romancier suisse Joël Dicker, m'ayant paru digne d'intérêt à sa sortie il y a deux ans, mais j'avais attendu sa disponibilité à ma médiathèque, ce qui arriva le 28 mai.
  Je dois révéler ici quelques clés essentielles, aussi ceux qui voudraient découvrir cette belle lecture par eux-mêmes sont-ils invités à la faire au préalable. Qu'il me soit d'ailleurs permis d'énoncer que la solution purement policière de l'affaire ne répond pas aux exigences d'un amateur aguerri de procedural, mais c'est un détail.
  Juin 2008 : Marcus Goldman, la trentaine, a connu le succès littéraire deux ans plus tôt avec un premier roman, mais son inspiration est tarie alors qu'approche la date butoir du 30 juin, où son nouveau manuscrit est exigible par l'éditeur auquel il est lié par un contrat draconien. C'est alors qu'est découvert le cadavre d'une jeune fille dans la propriété de celui qui lui a tout appris 10 ans plus tôt, son professeur Harry Quebert. Nola Kellergan était déclarée disparue depuis le 30 août 1975, 33 ans plus tôt, et les premiers résultats de l'enquête montrent que cette fille du pasteur local, âgée de de 15 ans, avait eu une liaison avec Harry, alors âgé de 34 ans. Cette liaison aurait inspiré le best-seller de Harry, Les origines du mal, publié en 1976, dont on trouve le tapuscrit original avec le cadavre. Harry est arrêté, Marcus se rend sur place pour enquêter et l'innocenter.
 
  Il y a d'abord eu pour moi un écho immédiat. Joël Dicker écrit en français, mais ses protagonistes sont des citoyens US, et il va donc de soi que le best-seller de Quebert serait en VO The Origins of Evil, et c'est bien cette forme qui apparaît dans la traduction anglaise du roman, or en 1951 est paru The Origin of Evil, 21e roman signé Ellery Queen, traduit sous le titre L'arche de Noé.
  Je sais par expérience qu'il y a fort peu d'auteurs anglo-saxons à la cote QUE (813 QUE pour les auteurs US), et l'idée des deux titres similaires à la même cote m'a fait imaginer une couverture pour le titre imaginaire de Quebert, sur le modèle d'une des éditions du Queen :
  Cet exercice n'avait pas pour seules motivations les points communs des titres et des noms des auteurs. L'enquête de Marcus lui révèle vite de nombreux points obscurs autour de la disparition de Nola en 1975, notamment la présence constante dans son sillage du mystérieux Luther Caleb, être disgracié à la suite d'une bagarre de rue, chauffeur du richissime Elijah Stern, propriétaire de la maison louée par Harry pour y écrire son roman.
  Le mois suivant la disparition de Nola, le corps calciné de Caleb a été découvert loin de là dans sa voiture accidentée. Le récit peut laisser des doutes quant à cette identification, suggérant une mise en scène à un lecteur chevronné de polars.
  Il y a de fait bien eu mise en scène, mais Caleb a été assassiné comme Nola la nuit du 30 au 31 août 1975. Cette brute au coeur tendre vivait par procuration l'amour entre Harry et Nola, épiant leurs échanges de courriers, subtilisant parfois une lettre, ou la retardant. De fait deux manuscrits ont été écrits cet été-là, celui de Harry, Les mouettes d'Aurora, sans réel génie, et la troublante réinterprétation par Caleb de l'idylle entre Harry et Nola, confiée pour évaluation par Caleb à l'auteur confirmé Harry.
  Harry, conscient de la médiocrité de son propre texte, s'est approprié celui de Caleb lorsqu'il a eu la certitude que personne ne connaissait l'existence de ce manuscrit, et l'a publié sous le titre Les origines du mal, en allusion à son plagiat.

  Caleb est un important personnage biblique, kalev, dont le nom signifie "chien", d'où le chien sur ma couverture. Ce nom est souvent interprété ka-lev, "comme le coeur" (d'où le coeur et le point d'interrogation).
  Le chien joue un rôle important dans The Origin of Evil de Queen, où la question du plagiat est peut-être aussi très subtilement abordée. Après les couvertures française et anglaise, voici l'édition hébraïque, L'homme qui revient du passé, avec également un chien en couverture.
  Au plus bref, l'affaire touche deux associés, Hill et Priam, à la tête d'une joaillerie. Hill reçoit une série d'animaux morts, ainsi qu'une étrange menace de mort. Il est cardiaque, et meurt d'une crise après avoir trouvé un chien mort sur le pas de sa porte.
  Ellery enquête et découvre que les deux hommes ont jadis été impliqués dans une expédition anthropologique, avec un troisième larron, Adam, qu'ils auraient abandonné dans des circonstances précaires, après la découverte d'un trésor qui leur aurait permis de lancer leur affaire de joaillerie.
  Adam pourrait bien être le secrétaire de Priam, engagé récemment par celui-ci, au passé mystérieux, mais il aurait utilisé le formidable orgueil de Priam afin de se débarrasser des deux associés sans aucun risque pour lui-même. Adam aurait ainsi soufflé à Priam le plan pour éliminer Hill, lui envoyer divers animaux morts selon l'échelle de l'évolution, sans que Priam ait conscience d'avoir été manipulé, doublement car d'une part il fait le jeu d'Adam en éliminant Hill, d'autre part de multiples imperfections du plan soufflé par Adam conduisent Priam à être accusé et condamné, et à se suicider en prison pour rester maître de son destin.
  L'un des indices accusateurs est l'avertissement de mort envoyé à Hill, tapé sur la machine de Priam alors que sa touche T était en panne. Adam a su convaincre Priam que son génie lui permettrait de résoudre la difficulté, mais ceci a conduit à un texte étrange, qu'Ellery a fini par comprendre être un lipogramme en T, accusant Priam. Le titre danois du roman est d'ailleurs Le T manquant, inscrivant Queen parmi les précurseurs de l'Oulipo (Queen a par ailleurs utilisé anagramme, acrostiche, tautogramme, gématrie, structures numériques sophistiquées).

  J'ai décelé dans ces petits jeux des récurrences autour de la lettre T et du nombre 20, son rang dans l'alphabet, ce qui m'a semblé pouvoir être une signature du "Queen principal", Frederic Dannay, né un 20 octobre, et éventuellement faire allusion au mode d'écriture des cousins Queen : Dannay concevait des intrigues que Lee finalisait, avec au départ une parfaite entente.
  Puis Dannay a souhaité s'écarter du polar de détection de leurs débuts pour des intrigues plus profondes, avec de plus en plus de difficultés du côté de Lee, et des relations de plus en plus tendues jusqu'à une rupture en 1958. Dannay reprendra ensuite une écriture totalement libérée avec d'autres auteurs tenant le rôle de Lee.
  J'imagine facilement que des romans tels The Origin of Evil (1951), ou le suivant The King is Dead (1952), basés sur des paires d'associés où l'un se prétend chef incontesté alors que c'est en fait le partenaire introverti qui prend toutes les décisions importantes, décrivaient de manière voilée le mode de fonctionnement selon Dannay des cousins Queen, avec assez d'habileté pour que Lee n'y perçût pas les allusions.

  Le point culminant de ce schéma serait le message sans T, que Priam revendique entièrement alors que c'est vraisemblablement Adam qui en a soufflé chaque mot. J'ai développé le schéma ici, et il est temps de souligner à quel point il ressemble au plagiat littéraire, car un bon plagiaire ne peut convaincre son monde que s'il parvient à se convaincre d'être le réel auteur des textes qu'il a "empruntés".
  Je n'y insiste pas, sauf sur le fait qu'il s'agit pour moi d'un fait acquis depuis plus de 15 ans : Dannay a caché des allusions aux problèmes d'écriture avec Lee dans plusieurs romans, le plus notable étant The Origin of Evil, et il m'a été ainsi immédiat de découvrir le roman The Origins of Evil, volé par Harry Quebert à Luther Caleb. Tout ce que je peux ajouter pour justifier la chose me semble diluer cette immédiateté.

  Il y a encore le "chien", kalev en hébreu, dog en anglais, et le jeu classique dog-God, "chien-Dieu", vraisemblablement présent dans The Origin of Evil où les employés de Priam le surnomment en secret Dieu, en raison de sa propension à tout régenter. Le premier Queen sans Lee, L'adversaire (1963), emploiera explicitement ce jeu dog-god.
  Dannay, né dans une famille juive pratiquante, avait au moins quelques notions d'hébreu, et il est possible que le jeu kalev = ka-lev ("chien" "comme coeur") lui ait inspiré l'idée de faire mourir Hill d'une crise cardiaque après la réception d'un chien mort.
  Joël Dicker, également d'origine juive, a peut-être aussi songé à ce jeu en forgeant le nom Luther Caleb, sachant que le symbole luthérien essentiel est la rose de Luther, une croix dans un coeur dans une rose... Ceci me rappelle les Deux-Roses, York et Lancastre, évoquées précisément à propos de L'adversaire de Queen.

  La découverte du nom Luther Caleb m'a aussitôt évoqué les récents couples Luther-Seth = 84-52. Il m'est immédiat que la valeur du mot hébreu Caleb (kalev) est 52, ainsi Luther Caleb pourrait représenter un trait d'union entre les jeux 84-52 occidentaux (tel Haemmerli-Jung) et sémites (tel Hanokh-Eliyahu, Enoch-Elie).
  Il ne m'est évidemment pas indifférent que Caleb soit patronné par un Elie, explicitement juif, Elijah Stern.

  Un autre nom hébreu, pas nécessairement d'un personnage juif, a attiré mon attention, celui du vieux bibliothécaire d'Aurora, Erne Pinhas, auquel est dédié le livre bouclé en hâte par Marcus Goldman le 31 août 2008, L'Affaire Harry Quebert, correspondant aux deux premières parties de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. Luther Caleb y est présenté comme le probable assassin de Nola, et bien d'autres choses ont échappé à Goldman. La publication du livre permet à Goldman de recevoir de nouveaux témoignages, et à Joël Dicker d'ajouter une troisième partie rétablissant la vraie vérité.
  Si j'ai remarqué Pinhas, aussi appelé Phinéas, Pin'has ou Pinchas, c'est que Caleb et Pinhas sont réunis par la tradition juive qui les identifie aux deux espions venus repérer les défenses de Jéricho, au chapitre 2 du livre de Josué, épisode lu à la synagogue après la section de la Tora Shelach (Nombres 13,1 à 15,41), relatant l'expédition envoyée par Moïse pour reconnaître la terre promise, Canaan, après la sortie d'Egypte et la traversée du désert. Moïse choisit 12 hommes représentant les 12 tribus, qui font à leur retour un rapport à Moïse et Aaron (Nb 13,26) si catastrophique que le peuple d'Israël maudit YHWH de les avoir sortis d'Egypte. C'en est trop pour le Seigneur, qui condamne toute cette génération à mourir dans le désert sans pouvoir entrer en Canaan; seuls Josué et Caleb, qui se sont rebellés parmi les 12 contre l'avis général, sont épargnés.
  40 ans plus tard, alors que toute la génération du désert a disparu et que Josué est devenu le leader du peuple, une nouvelle mission de reconnaissance est nécessaire. L'exégèse juive estime que l'erreur de la première mission a été de choisir 12 membres des tribus profanes, sans y faire participer la 13e tribu sacrée, celle des prêtres lévites, ainsi a-t-il été imaginé que les deux espions étaient Caleb, survivant de la première expédition, et Pinhas, lévite s'étant particulièrement distingué.
  Lors de mes lointaines recherches bibliques, je me suis avisé que :
- les noms hébreux des 12 explorateurs avaient pour somme gématrique 2404, 4 fois la valeur 601 des chefs lévites Moïse-Aaron auxquels ils ont fait leur rapport;
- les deux espions étaient identifiés à Caleb = 52 et au lévite Pinhas = 208 = 4 fois 52;
- 52 est soi-même 4 fois 13, nombre réel des tribus en comptant les lévites, et valeur du mot e'had, "un";
- j'étais déjà alors imprégné du motif 1-4 issu de mes lectures jungiennes, bien que ne pratiquant pas encore la gématrie par rangs dans notre alphabet, où JUNG = 52.

  Je pensais avoir eu l'occasion de parler de Caleb sur Quaternité, à propos de sa lecture "comme le coeur", tant le mot "coeur" y est important (voir récemment ici), composé en hébreu des lettres Lamed-Bet (voir aussi , où il est beaucoup question de Perets et Zerach, qui selon une autre hypothèse seraient les deux espions de Jéricho). Il semble que je n'ai rien dit de Caleb jusqu'ici, mais j'ai parlé de Pinhas à propos d'un épisode de Medium où étaient réunis des personnages nommés Phineas, Joel et Nathan.
  J'y remarquais que dans la tradition juive Pinhas est vu comme une préfiguration de Elie, si bien qu'à la lecture de la section de la Tora Pinhas est associé un texte sur Elie (en hébreu ALYHW, "Dieu est YHWH"), et que Joel (en hébreu YHWAL, "YHWH est Dieu") est vu comme un autre nom de Enoch.
  Dans cet épisode Allison Dubois est confrontée à l'escroc Joel qui prétend avoir reçu l'âme de l'écrivain Nathan à côté duquel il était lors de sa mort. Ceci me paraît suggérer un rebondissement avec l'auteur Joël Dicker qui a imaginé un titre proche de The Origin of Evil de Frederic Dan-nay, lequel a forgé son nom à partir de son nom de naissance Daniel Nathan (nom sous lequel il a d'ailleurs publié un texte très personnel en 1953).

  The Golden Summer, Marcus Goldman enquêtant sur Nola pendant l'été 2008... Je n'y insiste pas mais remarque que les prénoms des auteurs sont en rapport doré :
FREDERIC / JOEL = 68/42, le couple trouvé à diverses occasions proche du couple essentiel 84/52, pouvant correspondre ici à LUTHER caleb (via l'hébreu pour le patronyme).

  A propos d'échos entre ces deux auteurs, j'ai remarqué la date de naissance de Nola, le 12 avril 1960, qui était cette année-là le mardi de la Semaine sainte, de même que le 4/4/44 de l'échange Jung-Haemmerli. Je n'imagine guère que Joël Dicker ait choisi à dessein une date pascale, mais suis en revanche certain que Frederic Dannay a multiplié les allusions pascales dans divers romans, notamment Et le huitième jour... dont les 8 chapitres couvrent exactement la Semaine sainte 1944, avec un chapitre consacré au 4/4/44.
  Le 4 avril 1960 a une certaine particularité, car ce fut le jour de l'indépendance du Sénégal, commémorée le 4/4/2004, 44 ans plus tard, par la chanson 4-4-44 de Youssou N'Dour.

  Que le "chien" Caleb (en hébreu כלב de valeur 52) soit "comme le coeur" me rappelle que l'anglais heart a aussi pour valeur 52, et que son anagramme Thera est un autre nom de Santorin, jadis Strongylé, l'île ronde présentée comme une énigme dans les romans de Sinoué-Halter (Sait-on l'heure ?) qui ont joué un rôle essentiel lors de ma découverte du schéma 4-1 de la vie de Jung.

  C'est donc le 28 mai que j'ai débuté la lecture de La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, achevée le 30 avec l'idée immédiate d'y consacrer un billet, dont un point fort serait les échos avec Queen. J'ai remarqué la proximité du premier juin, ou 1/6, qui est pour moi la "Jour des Queen", la date moyenne de naissance des cousins Queen en l'an 1905, opposée au 6/1, la "Nuit des Rois", ce qui m'a semblé avoir été vu par Dannay, et m'a motivé l'an dernier pour publier le billet Jour des Rois à cette date.
  J'ai donc décidé de dater ce nouveau billet du 1er juin, et ce jour sont survenues deux coïncidences tout à fait spéciales, en rapport étroit avec Caleb. Il faudra pour une part accepter ma bonne foi pour admettre qu'elles sont bien survenues le1er juin, mais le reste, déjà étonnant, est vérifiable.

  Pour la première, il m'est souvenu la veille ou le matin qu'il y avait en arabe une similitude encore plus patente entre les mots "chien" et "coeur". Mon lexique m'a rappelé que les mots correspondants étaient كلب, kalb ou kelb, et قلب, qalb ou qelb.
  Mon lexique était encore ouvert à cette page dans l'après-midi lorsque nous nous sommes accordés une pause cinéma-streaming. Il m'est souvenu qu'il y avait un récent polar avec Isabelle Huppert, Tip Top, qui tardait à être disponible, et voici qu'il l'était. Nous l'avons regardé.
  Ce que j'en ai essentiellement retenu est ceci, le flic Robert Mendès (François Damiens) recrute des indics dans la communauté arabe, et s'efforce d'apprendre la langue. Alors qu'il s'y essaie, un Arabe le reprend et lui indique qu'il a dit kalb, "chien", alors qu'il voulait dire qalb, "coeur".
  Je remarque que le mot "coeur" est prononcé exactement au temps 55:34, 55/34 étant un rapport fibonaccien.

  La seconde coïncidence est à épisodes. Luther Caleb est aussi peintre, et c'est la découverte chez Elijah Stern d'un tableau montrant Nola nue, signé LC, qui persuade Marcus Goldman que Caleb a joué un rôle important.
  Ce tableau LC m'a aussitôt fait penser à "phrère Laurent", Laurent Cluzel, l'ami illustrateur avec qui je corresponds régulièrement depuis deux ans, rencontré en avril à Paris. Laurent signait ses oeuvres LC, mais il a eu récemment l'idée d'une nouvelle manière, et exposera en septembre prochain une série de tableaux signés des chiffres 123, accompagnés de LC stylisés.
  12 et 3 sont les rangs des lettres L et C, mais Laurent lit plutôt cette séquence "cent vingt-trois" ou "un-deux-trois".
  Ma familiarité avec les nombres m'a permis de lui signaler une adéquation dont il a été enchanté :
LAURENT CLUZEL = 91+79 = 170
UN DEUX TROIS = 35+54+81 = 170
  Puis j'ai découvert que l'autre LC était le véritable auteur du bestseller signé Harry L. Quebert, nom complet, à l'américaine avec une initiale intermédiaire, du mentor de Goldman, or
HARRY L QUEBERT = 70+12+88 = 170
  J'ai aussitôt signalé la chose à Laurent, le soir du 31 mai. Il m'a répondu le lendemain assez tard, à 20:39, en m'apprenant une curiosité. Le centre où il va exposer en septembre a fait imprimer un programme de ses activités, et Laurent venait d'en recevoir un exemplaire où son nom est étrangement devenu Alain Cluzel. Selon les mêmes modalités ayant conduit Laurent à signer LC puis 123, Alain Cluzel signerait AC ou 13, or
ALAIN CLUZEL = 37+79 = 116
UN  TROIS = 35+81 = 116

  Difficile d'imaginer erreur tombant plus juste, mais c'est loin d'être tout. Au cours de ce Jour des Queen, il m'était encore souvenu qu'un personnage d'une nouvelle de Queen se nommait Caleb. J'ai vite retrouvé la nouvelle en question, As Simple as ABC, parue en mai 1951 dans EQMM (Ellery Queen's Mystery Magazine), appartenant à une série thématique : chaque numéro du mensuel donnait une enquête d'Ellery associée à un événement du mois en cours (les 12 nouvelles seront ensuite rassemblées dans le recueil Calendrier du Crime).

  Dans As Simple as ABC (anglicisme équivalent à "Simple comme 1+2 = 3"), Ellery passe dans un petit village le jour de Memorial Day, 30 mai commémorant les morts pour la patrie. Le village s'enorgueillissait de compter trois vétérans de la Guerre de Sécession, Caleb Atwell, Zach Bigelow et Abner Chase, 97, 95 et 94 ans. Mais le 30 mai précédent Caleb Atwell est mort en soufflant dans le clairon historique qui joua un rôle dans la bataille de Gettysburg. Tôt le matin de ce nouveau 30 mai Abner Chase est découvert mort, apparemment d'une crise cardiaque, et lorsque Zach Bigelow souffle dans le clairon il s'effondre à son tour, victime d'un poison sur l'embouchure de l'instrument.
  Le reste est trivial, les 3 hommes prétendaient connaître un trésor dont seuls profiteraient les héritiers du dernier survivant, mais la mort de Chase est un réel accident, et c'est son héritière qui avait empoisonné le clairon, ainsi les morts auraient dû se succéder selon la logique A-B-C.

  ABC comme le 123 de Laurent. Je remarque que c'est aussi en 1951 qu'est paru The Origin of Evil, avec sa menace de mort écrite sans T, sans la 20e lettre. Pour donner une idée de la complexité queenienne, Dannay avait concocté en 1958 un chant du cygne, The Finishing Stroke, dont l'une des traductions françaises est titrée L'ABC du crime,  où 12 personnes natives des 12 mois de l'année se trouvent réunies de Noël à la Nuit des Rois dans la demeure de l'imprimeur ABC, Arthur B. Craig, avec une ambiance rappelant AC, la reine du crime Agatha Christie (laquelle a notamment écrit ABC contre Poirot et Un, deux, trois).
  Quelques indices suggèrent que les 12 personnes soient natives de dates géminées, tels le 3/3 ou le 12/12 livrés explicitement, excepté le poète John Sebastian, né le 6/1, la Nuit des Rois, mais il y a en fait deux John, car il a invité son jumeau secret, et Ellery lui-même, que le lecteur sait être double, déclaré natif de juin (que je me suis permis de préciser 1/6, Jour des Queen). De mystérieux cadeaux pour John sont trouvés chaque jour, au total 20 objets en 12 livraisons.
  Il y a eu en fait trois John Sebastian, l'un des triplés étant mort. J'ai étudié sur cette page l'idée que ces triplés auraient pu être identifiés A,B,C, donnant un indice supplémentaire pointant vers John Sebastian BAC(h), or la signature 123 de Laurent menant vers
LAURENT CLUZEL = UN DEUX TROIS = 170
m'avait rappelé le dernier Prélude-Fugue du premier volume du Clavier Bien Tempéré, en
47+76 = 123 mesures écrites,
mais le prélude est à reprises, si bien qu'on a en fait
47+47+76 = 170 mesures exécutées.
  Ce dernier Prélude-Fugue est dans la tonalité si mineur, h selon la terminologie allemande, d'où une possibilité 123h ou ABCh. Sur cette page Bach, je remarque que, parmi les 16 tonalités BACHbach des deux volumes du CBT, les seules à reprises sont dans l'ordre hcaB, envers de Bach (l'endroit aurait nécessité un 3e volume).

  Ceci a un écho avec l'expo 123 de Laurent, en septembre où il fêtera ses 47 ans : 123 + 47 = 170.

  Voici la partie du programme des activités du Centre d'Actions Culturelles du Béon (89100 Soucy) consacrée à l'expo d'Alain Cluzel :

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
Je découvre votre blog suite à une recherche que je faisais sur le 813.
N'avez-vous toujours pas eu la confirmation que Leblanc ai pu fréquenter Crowley ?

J'ai lu avec intérêt plusieurs de vos articles et je voulais vous demander ce que vous faisiez de toutes vos synchronicités ?

Ne pensez-vous pas qu'elles vous signifient quelque chose ?

Personnellement j'ai vécu des synchronicités qui m'ont éveillée à autre chose et je suis passée à l'hypersynchronicité.

Sidonie.
(PS:pour envoyer mon commentaire je dois prouver que je ne suis pas un robot et taper 10440, or mon pseudo lemediademarie=104,
104mn=1h44)

blogruz a dit…

Bonjour Sidonie.
Leblanc a "pu" connaître Crowley qui faisait de fréquents séjours à Paris, et ils avaient vraisemblablement des connaissances communes, mais il semble difficile d'aller plus loin.
Il me semble aussi être passé dans quelque chose qui pourrait être appelé hypersynchronicité.
A propos de 104, je viens à l'instant de lire dans Dieu joue-t-il aux dés ? de Ian Stewart l'expérience informatique de la fourmi de Langton qui, après plus de 10000 pas chaotiques selon une règle très simple, parvient à une progression ordonnée répétitive de 104 pas.